Emancipation féminine : Alger à la traîne de Rabat (Courrier

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Emancipation féminine : Alger à la traîne de Rabat (Courrier
Emancipation féminine : Alger à la traîne de Rabat (Courrier International, 8/8/7)
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Emancipation féminine : Alger à la traîne de RabatLe Matin (Algérie) via Courrier International, 8/8/7Par Hassane
ZerroukyPour le quotidien Le Matin, le statut des femmes algériennes est le moins favorable du Maghreb. Les
démocrates doivent se battre pour lutter contre cette injustice.
Le 10 octobre 2003, devant le Parlement marocain, le roi Mohammed VI a prononcé un discours consacré
essentiellement à la révision du Code de la famille. Le souverain marocain estimait qu'il était temps d'accorder aux
femmes marocaines les mêmes droits et devoirs que les hommes, tranchant un débat opposant les partisans d'une
émancipation de la femme aux partisans du maintien de cette dernière dans un statut de mineure à vie. Les principes
énoncés par Mohammed VI ont été intégralement repris dans le texte de loi adopté par le Parlement marocain le 23
janvier 2004. Les amendements apportés au texte ont plus porté sur la forme que sur le fond. Certes, ce texte ne
s'écarte pas de certaines prescriptions religieuses. Mais, en matière de responsabilité civile, de mariage, de divorce, de
tutelle parentale, d'héritage et de gestion des biens, c'est un texte qui modifie fondamentalement le rapport entre les
femmes et les hommes. Concernant la responsabilité familiale, celle-ci est placée désormais sous la responsabilité
"conjointe des époux", et non plus sous celle de l'homme. Les droits de l'épouse et ceux du mari ne sont plus séparés.
La femme n'est plus tenue comme dans l'ancien texte de loi au principe de "l'obéissance de l'épouse au mari". L'âge
légal du mariage pour une femme passe de 15 à 18 ans. Qui plus est, la femme, majeure bien sûr, peut signer ellemême son contrat de mariage. Elle n'est plus soumise à la tutelle masculine. Enfin, la polygamie, sans être tout à fait
interdite, est soumise à des conditions draconiennes qui, en pratique, l'interdisent de fait. En effet, une femme a le droit
de conditionner juridiquement son mariage à l'engagement du mari de ne pas prendre de seconde épouse. Ce n'est donc
plus un droit pour le mari. En matière de divorce, le texte de loi interdit pratiquement la répudiation. Désormais, celle-ci
est soumise à l'autorisation préalable d'un tribunal. De fait, le texte de loi consacre le divorce judiciaire. Et, en cas de
divorce, la femme a le droit de garder les enfants, et le mari est contraint d'assurer une pension à son ex-épouse.
Nouveauté encore, la femme peut demander le divorce. Enfin, le texte de loi consacre la reconnaissance de paternité
pour des enfants nés hors mariage. Autre nouvelle disposition, le Code de la famille consacre le principe de la séparation
des biens. Il introduit la possibilité pour le couple de se mettre d'accord, dans un document séparé de l'acte de mariage,
de définir un cadre pour la gestion des biens acquis durant le mariage. Ce faisant, en cas de divorce, c'est au juge
qu'échoit le droit d'évaluer ce qui revient à l'un et à l'autre. De manière générale, comme l'analyse Nadia Naïr, une
universitaire marocaine, "ses principes fondateurs ne se basent plus sur des rapports hiérarchisés, de domination et de
servitude". Le Code de la famille est "désacralisé". Et "la loi familiale devient, enfin, une affaire de société". Dans la
pratique, une juridiction spécialisée - des tribunaux de la famille - sera mise en place pour mettre en application la
nouvelle loi. Ces nouvelles dispositions sont le fruit du débat, très vif au sein de la société marocaine et en cours depuis
quelques années, sur la question du statut de la femme. En 1999, un projet dit "d'intégration de la femme au
développement", consacrant l'égalité juridique entre les femmes et les hommes, avait provoqué l'hostilité des
mouvements islamistes et conservateurs. En mars 2000, ils étaient plusieurs centaines de milliers d'islamistes Ã
manifester sur le boulevard des Forces armées royales de Casablanca en signe de protestation contre un projet qui
devait être examiné par le Parlement marocain. Faisant marche arrière, le gouvernement du socialiste Abderrahmane
Youssoufi a fini par retirer le projet, et son auteur, le ministre Saïd Saadi, a dû démissionner. Cette reculade des
autorités marocaines avait été enregistrée comme une victoire par les mouvements islamistes, Al-Adl Wal-Ihsan de
Cheikh Yassine et le Parti de la justice et du développement (PJD) d'Abdelilah Benkirane, alors au faîte de leur
puissance. Il n'empêche, le souverain marocain a pris le projet de révision du Code de la famille sous sa propre
responsabilité. Il a nommé une commission chargée de lui présenter un projet de loi. Pour autant, étant donné la rela
victoire des islamistes du PJD aux élections législatives de septembre 2002, qui deviennent la troisième force
parlementaire du royaume, et malgré la série d'attentats à Casablanca - qui ont fait plus de 40 morts et une centaine de
blessés -, d'aucuns avaient pensé que le roi Mohammed VI allait se résoudre à modifier sa ligne de conduite et prendre
en compte la réalité d'un mouvement islamiste de plus en plus entreprenant. Or il faut lui reconnaître qu'il est allé Ã
contre-courant et prendre soin de rappeler qu'il ne peut en sa qualité de commandeur des croyants "autoriser ce que
Dieu a prohibé, interdire ce que le Très-Haut a autorisé". Cela étant, après la Tunisie, le Maroc est le second pays
arabe à disposer d'un Code de la famille répondant aux normes universelles. L'Algérie, malgré son passé révolutionna
reste à la traîne. La commission mise en place par le pouvoir a rendu son rapport. Rien n'a filtré des recommandations
faites. Et rien ne dit que le pouvoir actuel est prêt à le modifier avant ou après l'élection présidentielle. C'est donc aux
femmes et aux démocrates de se battre pour que les choses changent et que l'Algérie ne soit pas à la traîne du
Maghreb.
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