2014 06 04 MEM Conférence élections européennes H GROUD

Transcription

2014 06 04 MEM Conférence élections européennes H GROUD
« Et maintenant ? »
Conférence avec Hervé Groud
Le MEM a organisé, le mercredi 4 juin dernier, une conférence consacrée aux élections européennes
du 25 mai 2014, et dont l’invité était Hervé GROUD, professeur de droit public et politologue.
Ce dernier a présenté une analyse complète des élections, en particulier du score du Front National dont il
convient de relativiser la « victoire », en raison :
1) de l’abstentionnisme, réel vainqueur des élections, avec 57% des électeurs qui ne se sont pas
déplacés aux urnes. Il est donc faux d’affirmer qu’un Français sur quatre a voté FN.
2) des marges de manœuvre limitées des dirigeants FN pour constituer, avec d’autres partis
d’extrême-droite européens, un groupe politique au Parlement, compte tenu de leurs nombreuses
divergences sur la construction européenne et leur incapacité à proposer un projet alternatif
sérieux.
Cependant, l’élection de 24 eurodéputés frontistes risque d’affaiblir, non seulement, au niveau national,
l’UMP et le PS, tous les deux perdants lors de ces élections, mais également, au niveau européen, la
position de la France dans l’Union. Par le passé, les députés du Front National se sont en effet souvent
distingués par un engagement quasi inexistant dans le processus législatif européen, se contentant d’un
simple vote en séance plénière -souvent contre- alors qu’ils ont refusé de participer, en amont, à leur
rédaction lors des travaux en Commission…
Par ailleurs, suite aux élections du 25 mai, la composition du Parlement Européen tend à relativiser la
prétendue vague eurosceptique qui aurait frappé l’Europe, puisque plus de 70 % des eurodéputés
appartiennent à des partis pro-européens, ce qui isole d’autant plus la France, dont les résultats électoraux
se singularisent par rapport à la tendance générale.
Autrement dit, l’élection d’eurodéputés FN n’altérera pas fondamentalement le processus de construction
européenne, pas plus que l’abstention, que les électeurs justifient par la supposée absence de démocratie
au sein des institutions européennes, mais à laquelle ils contribuent paradoxalement en n’allant pas voter.
Pourtant, les pouvoirs d’un député européen sur la Commission Européenne sont plus importants que ceux
d’un député français sur le Gouvernement. Quant à la fonction publique européenne, dont les
eurosceptiques jugent les effectifs technocratiques et pléthorique, celle-ci ne compte « que » 40 000
fonctionnaires, soit à peine les 2/3 de la fonction publique territoriale parisienne.
De quoi remettre en question certains préjugés à l’égard de l’Union Européenne, et les promesses sans
lendemain des eurosceptiques !