Pétition réforme contrôle fiscal
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Pétition réforme contrôle fiscal
PETITION POUR LA REFORME DU CONTROLE FISCAL Introduction La sécurité fiscale n’existe pas. Les spécialistes du droit déplorent un pouvoir arbitraire dont les fondements sont hors-la-loi. Le contribuable ne peut que subir. Le pouvoir discrétionnaire de l’administration fiscale relève d’un autre temps, d’un autre régime. Robert Matthieu, dans Le racket fiscal, décrit « le maquis des injustices, des mesquineries, des abus de droit, des illégalités. » « Le vérificateur, pour répondre aux exigences des statistiques, se rabat sur des prises faciles : commerçants, artisans, professions libérales, agricoles, PME, etc., victimes des interprétations fausses et souvent contradictoires de la loi. Ruine pour les uns, dépressions nerveuses pour les autres, décès ici, suicides là, n’empêchent pas le contrôle fiscal de suivre son train-train quotidien ; fondé sur l’intimidation, l’exploitation de l’ignorance, de la naïveté et de la peur, ce système inquisitorial désespère les français. Il contribue grandement à dissuader de travailler et d’entreprendre. » Fort de ces constats, la CGPME Alsace demande à ce qu’une véritable réforme du contrôle fiscal soit examinée par le pouvoir législatif. Il serait grand temps que les procédures fiscales s’inscrivent dans le cadre des règles les plus élémentaires de notre droit. Pour orienter ces travaux, la CGPME Alsace propose dix mesures simples et concrètes qui paraissent être un préliminaire indispensable à une réflexion globale. 1. Pas de rejet de comptabilité sans l’avis d’un expert indépendant Dans l’état actuel, l’inspecteur décide de sa propre initiative et sur sa propre conviction de rejeter la comptabilité ; il est juge et partie. Cette situation ne peut pas perdurer. L’appréciation de la qualité de la comptabilité de l’entreprise ne peut pas être laissée à la seule charge du contrôleur. Il faut impérativement l’intervention d’un expert indépendant qui appréciera si les faits relevés par l’inspecteur sont de nature à entraîner un rejet de comptabilité. Ces experts seraient choisis sur les listes d’experts près les cours d’appel et ne prononceraient un avis de rejet que dans les cas d’irrégularité les plus graves. Ces experts seraient choisis sur les listes d’experts près les cours d’appel et ne prononceraient un avis de rejet que dans les cas d’irrégularité les plus graves. -1- 2. Délai de réponse La loi de finances pour 2008 porte de trente à soixante jours le délai dont dispose le contribuable pour faire parvenir son acceptation ou ses observations en réponse à la proposition de rectification de l'Administration s'il le demande expressément. La prorogation bénéficie à tous les contribuables et s'applique aux observations formulées en réponse à des rectifications proposées dans le cadre de la procédure de rectification contradictoire. Elle est accordée sur demande expresse reçue avant l'expiration du délai de réponse général de 30 jours. Ces dispositions sont applicables aux propositions de rectifications adressées à compter du 1er janvier 2008. Cette mini évolution est bien peu de chose face à l’Administration qui a pour elle le temps de la prescription de 3 ans. Le respect des droits élémentaires du contribuable commande des délais identiques pour tous et il serait logique que l’absence de réponse de l’Administration soit désormais, considérée comme un accord tacite et non un rejet. 3. Intervention d’un contribuable tiers en cas de désaccord avec l’inspecteur chargé du contrôle En cas de litige avec l’inspecteur chargé du contrôle, l’entreprise contrôlée peut saisir le supérieur hiérarchique de l’inspecteur. Il nous paraît essentiel qu’un représentant des contribuables assiste à cet entretien. L’intervention d’un tiers indépendant est également souhaitable en cas de conflit survenant lors du contrôle sur place. 4. Ni paiement ni garantie avant l’intervention d’un juge Aux termes de l’article L 277 du Livre des Procédures Fiscales : « le contribuable qui conteste le bien-fondé ou le montant des impositions mises à sa charge peut, s'il en a expressément formulé la demande dans sa réclamation et précisé le montant ou les bases du dégrèvement auquel il estime avoir droit, être autorisé à différer le paiement de la partie contestée de ces impositions et des pénalités y afférentes. Le sursis de paiement ne peut être refusé au contribuable que s'il n'a pas constitué auprès du comptable les garanties propres à assurer le recouvrement de la créance du Trésor ». Le contribuable doit donc fournir des garanties pour des sommes dont il n’est même pas avéré qu’il en soit débiteur et cela sans passer devant un juge. -2- Cette situation est source d’abus qui sont de nature à compromettre la survie de l’entreprise contrôlée. La présomption d’innocence doit aussi être applicable en matière fiscale. 5. Renforcement des pouvoirs de la commission départementale Il serait souhaitable de procéder à un élargissement de ses compétences afin qu’elle puisse résoudre les litiges, notamment en tentant de régler bon nombre de conflits avant des procédures longues et coûteuses. Aussi, pour que la Commission ait un réel impact et devienne un organe incontournable, son avis devrait lier l’Administration. Par ailleurs, sa composition est également à revoir, étant donné que l’Administration y est majoritaire. En cas de partage des voix, c’est le Président de la Commission qui tranche. Certes, il s’agit d’un magistrat de l’ordre administratif dont l’impartialité ne peut être mise en doute, mais il siège en tant que Président de la Commission et pas en tant que juge et puis surtout dans l’esprit du contribuable il ne s’agit que d’un fonctionnaire de plus. Il faudrait prévoir que la Commission puisse statuer elle-même sur le point de savoir si elle est compétente ou non et cela dans tous les cas. En effet, il peut arriver que l’inspecteur refuse d’aller devant la Commission car selon lui elle ne serait pas compétente. La Cour de cassation, à la différence du Conseil d’Etat, estime à ce sujet que si le contribuable contrôlé demande à ce que la Commission soit saisie, l’inspecteur n’a pas de faculté d’appréciation quant à la compétence de la Commission pour statuer. 6. Prise en compte des positions prises par l’administration L’Administration doit être engagée par une prise de position d’un de ses agents quand bien même celui-ci n’aurait pas les pouvoirs nécessaires. En effet, il est fréquent qu’à la suite d’une demande d’information l’Administration accepte la position du contribuable. Mais cela n’exclut pas, lors d’une vérification ultérieure de comptabilité que l’inspecteur remette en cause la position acceptée par son collègue. En prétextant par exemple que ce dernier n’avait pas le grade requis pour engager l’Administration Il est trop facile de se prévaloir de sa propre erreur, surtout que le contribuable n’a aucune obligation de vérifier si l’agent est bien compétent. L’apparence doit bénéficier au contribuable. En outre, les normes les plus élémentaires prescrivent que le signataire doit avoir l’autorité et la compétence pour engager la structure qu’il représente. -3- 7. Interdiction de réaliser un contrôle sur pièce sur une période ayant déjà fait l’objet d’une vérification de comptabilité Il serait nécessaire de prévoir en matière de contrôle fiscal ce que prévoit déjà le Code de la Sécurité Sociale (R. 243-59) concernant les contrôles URSSAF c'est-à-dire qu’un redressement ne peut porter sur des éléments qui, ayant fait l’objet d’un précédent contrôle dans la même entreprise, n’ont pas donné lieu à des observations de la part du premier vérificateur. Cela ne ferait que renforcer la sécurité juridique propice au monde de l’entreprise 8. Revirements jurisprudentiels Un texte serait utile afin d’habiliter le juge fiscal à moduler dans le temps les effets de ses revirements jurisprudentiels. A ce sujet, le Conseil d’Etat ne semble pas favorable à l’application au plein contentieux fiscal de la jurisprudence dégagée pour l’annulation des actes administratifs. Il est fréquent que l’administration invoque une précision jurisprudentielle pour des faits antérieurs à ladite décision. Comment l’entreprise aurait-elle pu prendre en compte une décision qui lui était inconnue ? Dans bien des cas, le législateur est venu confirmer de telles situations (ex. : arrêt Quemener). 9. Rétroactivité des lois En France le législateur dispose du pouvoir de modifier rétroactivement la loi fiscale ce qui engendre une insécurité contestable. Ainsi, il devrait être constitutionnellement interdit d’adopter des dispositions fiscales rétroactives défavorables aux contribuables. 10. La composition du tribunal administratif Il n'est pas normal que seuls les fonctionnaires statuent sur des positions prises par des collègues mêmes si ceux ci sont d'un autre ministère. Ainsi, il serait souhaitable que des contribuables puissent siéger lors des contentieux fiscaux. -4-