La Bourgogne sur les planches : du manga didactique au thriller de

Transcription

La Bourgogne sur les planches : du manga didactique au thriller de
Fred Bernard
Dessin original pour Chroniques
de la vigne
Aquarelle
2013, Glénat
Collection de l’artiste
© Musées de Beaune
La Bourgogne sur les planches : du manga didactique au thriller de terroir !
« Mosaïques. Les Climats du vignoble de Bourgogne. Des Hommes, des vignes et des
arômes » consacre une partie de l’exposition au regard que portent les artistes sur le
vignoble bourguignon. Le vin étant un marqueur culturel prééminent dans notre société, il
était évident que la bande dessinée devait s’en saisir. Du pays du Soleil-Levant à la Côte
de Beaune, la bande dessinée et ses différents genres ont beaucoup à dire sur le vin de
Bourgogne et ses usages.
Véritable phénomène de société, Les Gouttes de Dieu, manga né au Japon en 2004, a
relancé l’engouement des Japonais pour les vins français et en particulier les vins de
Bourgogne. Ecrit par Tadashi Agi et dessiné par Shu Okimoto, cet ouvrage est destiné à
mieux connaître le vin et l’œnologie. Les différents tomes citent des crus réputés, des
producteurs reconnus, évoquent les techniques pour déguster un vin de manière optimale.
Si les effets dramatiques et les rebondissements sont inévitables pour maintenir le
suspense, l’aspect pédagogique n’est pas négligeable, permettant ainsi par exemple de
mieux comprendre le système des appellations bourguignonnes décrit dès le premier
volume.
Publiée à partir de 2008 par Glénat, la version française du manga compte déjà plus de
quarante tomes et est également un succès dans notre pays.
Toutefois, si les mangas ont ouvert la voie, la quête de soi à travers les rites initiatiques
autour du vin n’est pas l’apanage des Japonais. Des auteurs français se saisissent de la
question pour offrir au public de grandes sagas viticoles ou des ouvrages plus intimistes
tournés vers leurs souvenirs d’enfance, leur famille ou leur terroir.
Le scénariste français Eric Corbeyran, reconnu pour ses sagas mystiques ou ses thrillers
en particulier, s’attaque depuis quelques années aux récits sur le vin. Après le succès de
Châteaux Bordeaux, il vient de publier, toujours chez Glénat, Clos de Bourgogne.
Si le domaine en question – le clos du Pré Pentu – est purement fictif, tous les ingrédients
sont réunis pour asseoir l’authenticité du récit : fine observation du milieu viticole, de ses
conflits, ses problèmes de succession et la conviction des hommes attachés au terroir. Avec
le coup de crayon talentueux de Francisco Ruizgé, Eric Corbeyran mène, sur fond de
Bourgogne viticole, un thriller de terroir didactique et bien ficelé.
Ode à la simplicité, aux racines bourguignonnes et à l’amour filial, l’ouvrage de Fred
Bernard, intitulé Chroniques de la vigne, conversation avec mon grand-père, est paru chez
Glénat en 2013. Il faut dire que l’auteur est bien placé pour évoquer la question puisqu’il est
né à Beaune et passe la majeure partie de son enfance à Savigny-lès-Beaune. Il étudie les
beaux-arts dans sa ville natale. Ses chroniques évoquent son double attachement à son
terroir de Savigny et à son héritage familial, puisque l’ouvrage est un hommage à son grandpère vigneron. La famille de Fred produit du Crémant de Bourgogne et son récit tout en
douceur met en valeur la tradition, la terre et l’authenticité qu’il oppose au snobisme. Le
grand-père dit d’ailleurs que « le snobisme, c’est la classe des cons », se moquant ainsi des
collectionneurs de grands vins ou des dégustateurs qui découvrent des arômes de queue
de renard dans leur verre…
Si Fred Bernard est un globe-trotteur comme en témoignent les aventures de son héroïne
Jeanne Picquigny, il revient ici aux sources rendant un hommage vibrant à sa famille, son
village et ses figures marquantes mais également et surtout au vin de Bourgogne. Ne
mâchant pas ses mots, Fred Bernard fait aussi l’apologie d’un vin authentique et dénonce
les scandales qui ont entaché la profession. Pour l’auteur, le vin est, là encore, le produit de
l’alliance de l’homme et de la nature que la chimie et les trafics ne doivent pas venir
détériorer.
Enfin, issus des collections du musée des Beaux-arts de Beaune, les dessins de Gérard
Dorville (1933-1976) envisagent le vin, synonyme d’ivresse et de joie de vivre, de manière
plutôt humoristique au sein du neuvième art.
A travers ces exemples qui sont loin de former un corpus exhaustif, nous avons tenté de
montrer combien le vin de Bourgogne est présent au sein de la bande dessinée, qu’elle soit
européenne ou asiatique. D’accessoire anecdotique servant au burlesque du récit, le vin et
son terroir sont devenus des personnages à part entière des récits d’auteurs de bandes
dessinées, avec la mise en valeur de préoccupations très actuelles comme la recherche de
la qualité et les préoccupations environnementales. Les récits contemporains montrent un
attachement des auteurs à leurs racines ou une production viticole débarrassée de ses
travers, ne recherchant pas la quantité mais la qualité dans le respect de la terre qui l’a vu
naître. Les œuvres mettent en valeur le travail de l’homme, l’alliance avec la nature
rejoignant ainsi des problématiques chères au consommateur du début du XXI e siècle.
Pour plus d’informations sur l’exposition, n’hésitez pas à consulter le site internet de
la Ville de Beaune : www.beaune.fr