politique d`achat durable

Transcription

politique d`achat durable
Vers une politique d'achat durable
Document réalisé par :
François BLARD Ucanss (scribe)
Brigitte BOSC Cnamts
Christophe CADEAU Caf Annecy
Stéphane DIZZY Cnaf
Lionel FERRARIS Ucanss
Serge HOMBERT Ugap (animateur)
Daniel MERLIN Air France
Stéphane SPITZ Dexia
Céline THOYON Certi Nantes
Dominique VEUILLET Ademe
Muriel VOISIN
Véolia propreté
Objectif : guider un acheteur (public ou privé) dans la mise en place d’une politique
d’achat durable
I – les arguments pour convaincre
Plusieurs arguments sont susceptibles d’être avancés pour convaincre de l’intérêt,
voire de la nécessité, de mettre en place et de mener une politique d’achat durable.
Ils peuvent varier selon que l’acheteur est public ou privé.
A. l’argument citoyen
La mise en place d’une politique d’achat durable constitue un moyen d’action
important en vue de permettre aux générations du présent de répondre à leurs
besoins sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
B. l’argument économique
Avancer cet argument consiste avant tout à combattre le lieu commun selon lequel
un achat « durable » a un coût plus élevé qu’un achat traditionnel.
Dans ce but, il convient d’insister sur le fait que c’est le coût global d’un achat qui doit
être pris en compte, c'est-à-dire l’ensemble des coûts inhérents à celui-ci :
acquisition, utilisation, élimination.
Un produit respectueux de l’environnement peut être plus cher qu’un produit
ordinaire à l’achat mais moins cher sur le long terme.
A titre d’exemple, il est possible d’évoquer le cas des véhicules moins gourmands en
carburant.
En outre, certains dispositifs fiscaux et des systèmes tels que le bonus - malus
existant pour les voitures particulières peuvent s’avérer intéressants financièrement.
C. l’argument « communication »
Conduire une politique d’achat durable est susceptible d’avoir des retombées
positives en terme d’image de marque.
2 octobre 2008 – Un rendez vous durable
-1-
Clients, usagers et électeurs sont de plus en plus attentifs aux efforts faits par les
différents acteurs économiques, politiques et sociaux en terme de protection de
l’environnement.
Des campagnes de marketing mettant en avant les mesures prises en la matière se
font d’ailleurs de plus en plus nombreuses.
C’est également un moyen de sensibiliser le personnel aux différents enjeux du
développement durable.
D. l’argument légal
Le Code des marchés publics fait peser sur les acheteurs publics une obligation en
matière de développement durable. Ils doivent, en effet, sur la base de l’article 5
dudit code « prendre en compte des objectifs de développement durable » lors de la
détermination de leurs besoins.
Il existe donc en la matière une contrainte réglementaire dont le non-respect est
susceptible d’être sanctionné lors des différents contrôles dont font l’objet les
acheteurs publics.
Les acheteurs privés disposent encore pour le moment d’une plus grande liberté.
Toutefois, il leur appartient d’anticiper les réglementations qui seront adoptées dans
ce domaine sur la base des discours politiques actuels.
II - Les préalables à la mise en œuvre
Pour élaborer et mettre en place une politique d’achat durable, il convient au
préalable de collecter des informations et d’impliquer différents acteurs.
A. la recherche d’informations
Elle doit se faire auprès des fournisseurs mais également auprès d’organismes
officiels ou non impliqués dans le développement durable.
Une veille « fournisseurs » est indispensable car elle permet de prendre
connaissance de ce que les entreprises proposent et de mesurer la maturité d’un
marché.
Elle peut notamment se faire lors des salons professionnels. Le salon Pollutec est un
lieu approprié. Au sein de celui-ci s’est développé le salon Buy and care (Salon des
Achats Professionnels Responsables) qui a pour but de mettre en relation les
acheteurs publics et privés et les entreprises offrant des produits ou services
répondant aux exigences des labels officiels ou présentant un bénéfice écologique
ou social.
Différents organismes peuvent également être sollicités :
- l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie),
établissement public assurant notamment un rôle de conseil dans les
domaines de l’énergie, l’air et le bruit, les déchets et les sols et le
management environnemental pour orienter les choix des acteurs socioéconomiques;
2 octobre 2008 – Un rendez vous durable
-2-
-
-
-
-
-
le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie , du Développement durable et de
l’Aménagement du territoire qui dans le cadre d’une Stratégie nationale de
Développement durable actualisée a mis en place un Plan national d’action
pour des achats publics durables (il fixe des objectifs, présente des
référentiels, des outils de formation…) ;
le Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi présente sur son site
Internet les guides élaborés par les GEM (Groupes d’Etude des Marchés) dont
certains traitent de l’achat éco-responsable (exemples : la qualité
environnementale dans la construction et la réhabilitation des bâtiments
publics, l’efficacité énergétique dans les marchés d’exploitation de chauffage
et de climatisation pour le parc immobilier existant, l’achat de papier à copier
et de papier graphique, l’achat de produits) ;
les réseaux territoriaux « commande publique et développement durable ». Ils
ont pour objet la diffusion d’expériences menées par des collectivités
territoriales et disposent d’une plate-forme d’échange électronique
(www.achatsresponsables.com);
un site écolabels.fr a été créé pour présenter les différentes catégories de
produits et de services certifiés, leurs caractéristiques ainsi que les entreprises
qui les proposent ;
l’Unea (Union Nationale des Entreprises Adaptées) est un groupement qui
rassemble et fédère les entreprises adaptées. Son site Internet (www.unea.fr)
permet à un acheteur de trouver les entreprises adaptées existant dans
chaque secteur d’activité.
B. l’implication de différents acteurs
Tous les services d’un acheteur public ou privé doivent être impliqués dans la
politique d’achat durable. Il va de soi que l’impulsion doit venir du plus haut niveau.
Il importe également que des moyens humains y soient consacrés. Il est par exemple
souhaitable qu’existe un interne un référant développement durable chargé de faire
le lien entre les différents intervenants à l’acte d’achat.
Un programme de formation et de sensibilisation peut, par ailleurs, être mené.
Il visera en premier lieu les membres du service achats, ceux qui rédigent les pièces
marchés, et ceux qui attribuent les marchés.
Il peut bien évidemment être recouru à des consultants extérieurs spécialistes du
domaine.
III – La mise en œuvre de la politique d’achat durable
Un acheteur dispose de plusieurs leviers d’action pour mettre en place une politique
d’achat durable.
Les possibilités de recourir à ces derniers sont, pour les acheteurs publics,
encadrées par le Code des marchés publics.
A. Lors de la définition des besoins
Avant tout achat, il convient bien évidemment de définir ses besoins. A cette
occasion, peuvent être prises en compte des considérations environnementales et
sociales.
2 octobre 2008 – Un rendez vous durable
-3-
Si les acheteurs privés disposent d’une grande liberté en la matière, les acheteurs
publics sont assujettis à une réglementation très précise.
L’article 6 du Code des marchés publics dispose qu’un acheteur public peut fixer des
caractéristiques environnementales lorsqu’il décide de définir ses besoins en termes
de performances ou d’exigences fonctionnelles.
Dans cette hypothèse, il est possible de faire référence à tout ou partie d’un écolabel.
Un écolabel est un label attribué à un produit par une organisation certifiante
garantissant que celui-ci a un impact négatif sur l’environnement réduit en
comparaison d’autres produits de la même catégorie.
Le recours aux écolabels est encadré par l’article 6 VII du CMP ; quatre conditions
doivent être réunies :
- l’écolabel est approprié pour définir l’objet du marché ;
- ses mentions sont établies sur la base d’une information scientifique ;
- il a été adopté au terme d’une procédure ayant associé des représentants des
organismes gouvernementaux, des consommateurs, des fabricants, des
distributeurs et des organisations de protection de l’environnement ;
- il est accessible à toutes les parties intéressées.
Le pouvoir adjudicateur doit admettre tout moyen de preuve apporté par un candidat
et tendant à établir que sa solution est conforme aux spécifications définies au
moyen de l’écolabel.
Le CMP permet aussi aux acheteurs publics d’inviter les candidats à présenter des
variantes. Il convient dans cette hypothèse d’orienter les entreprises vers des
solutions techniques par exemple plus respectueuses de l’environnement.
B. Les clauses sociales et environnementales
Un achat peut être rendu « durable » par la fixation dans le cahier des charges de
clauses d’exécution sociales ou environnementales.
En la matière, le Code des marchés publics oblige les acheteurs publics à respecter
des règles auxquelles ne sont pas assujettis les acheteurs privés.
En vertu de l’article 14 du CMP, « les conditions d’exécution d’un marché ou d’un
accord cadre peuvent comporter des éléments à caractère social ou environnemental
qui prennent en compte les objectifs de développement durable en conciliant
développement économique, protection et mise en valeur de l’environnement et
progrès social ».
De telles clauses doivent réunir deux conditions :
- être mentionnées dans l’avis d’appel public à la concurrence ou dans les
documents de la consultation.
- ne pas avoir d’effet discriminatoire à l’égard des candidats potentiels.
Il convient que les conditions d’exécution fixées soient raisonnablement accessibles
pour les différentes entreprises susceptibles d’être intéressées par le marché.
Il est possible de citer comme exemples :
- une clause imposant que les déchets produits lors de l’exécution du marché
soient collectés et recyclés ;
- une clause prévoyant qu’il soit fait appel pour l’exécution du marché à un
certain pourcentage de chômeurs de longue durée (pour ne pas être
discriminatoire, cette obligation doit être d’ampleur limitée).
2 octobre 2008 – Un rendez vous durable
-4-
C. Les marchés réservés
Un acheteur peut décider de réserver un marché à une entité oeuvrant en faveur de
l’insertion professionnelle des publics en difficulté.
Pour les acheteurs publics, cette possibilité est encadrée par l’article 15 du CMP. Il
dispose que « certains marchés ou certains lots d’un marché peuvent être réservés à
des entreprises adaptées ou à des établissements et services d’aide par le travail
mentionnés aux articles L.323-31 du code du travail et L.344-2 du code de l’action
sociale et des familles, ou à des structures équivalentes, lorsque la majorité des
travailleurs concernés sont des personnes handicapées qui, en raison de la nature
ou de la gravité de leurs déficiences, ne peuvent exercer une activité professionnelle
dans des conditions normales ».
Dans cette hypothèse, une condition doit être remplie: le fait que le marché est
réservé aux structures précitées doit être mentionné dans l’avis d’appel public à la
concurrence.
D. Les critères d’attribution
La concrétisation d’un achat suppose que les offres des fournisseurs potentiels
soient examinées au regard de critères parmi lesquels peuvent figurer des critères
environnementaux ou sociaux.
En la matière, les acheteurs privés disposent d’une plus grande liberté et souplesse
Les acheteurs publics doivent respecter l’article 53 I 1°) du CMP qui dispose que
« pour attribuer le marché au candidat qui a présenté l’offre économiquement la plus
avantageuse, le pouvoir adjudicateur se fonde [en principe] sur une pluralité de
critères non discriminatoires et liés à l’objet du marché, notamment la qualité, le prix,
[…], les performances en matière de protection de l’environnement, les performances
en matière d’insertion professionnelle des publics en difficulté ». Ces critères doivent
en principe être pondérés et indiqués dans l’avis d’appel public à la concurrence ou
dans les documents de la consultation. La pondération doit être établie au cas par
cas.
IV- L’évaluation et la valorisation
Une politique d’achat durable doit bien évidemment être évaluée.
Ceci permettra de la valoriser par la suite.
A. L’évaluation
L’évaluation d’une politique d’achat durable passe par un reporting spécifique.
Il permettra de déterminer si les objectifs fixés en amont ont été atteints et de réaliser
des comparatifs dans le temps.
Il s’agira notamment de comptabiliser le nombre de marchés ayant été contractés
avec une clause environnementale et ou sociale, les volumes que ceux-ci
représentent…
Il conviendra avec le temps d’être de plus en plus précis.
Des audits pourront également en la matière être réalisés par l’acheteur ou un
consultant extérieur.
2 octobre 2008 – Un rendez vous durable
-5-
B. La valorisation
La valorisation d’une politique d’achat durable passe par une communication en
externe et en interne sur ce qui a été réalisé.
Elle doit également se traduire par la fixation d’objectifs toujours plus ambitieux en la
matière
Les erreurs commises et les difficultés rencontrées devront permettre à l’avenir d’être
plus efficace.
2 octobre 2008 – Un rendez vous durable
-6-