LE FIGARO Race : quelque chose de DSK - Théâtre de Saint-Malo

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LE FIGARO Race : quelque chose de DSK - Théâtre de Saint-Malo
LE FIGARO
Race : quelque chose de DSK
Par Nathalie Simon
publié le 23/01/2012
À l'affiche de la Comédie des Champs-Élysées, mercredi, la pièce
de David Mamet rappelle l'affaire du Sofitel.
Impossible de ne pas penser à l'affaire DSK en lisant Race, la pièce de
l'Américain David Mamet que s'apprête à jouer Yvan Attal. Le manuscrit
de 68 pages raconte l'histoire d'un homme célèbre soupçonné d'avoir violé
une jeune femme noire dans une chambre d'hôtel à New York. «C'est un
énorme concours de circonstances, explique Stéphanie Fagadau, directrice
de la Comédie des Champs-Élysées où la pièce sera présentée à partir de
demain. Mais je ne l'ai pas montée par rapport à cette affaire et je n'allais
pas la déprogrammer à cause de cela.»
D'autant que toute ressemblance avec des personnages ayant existé est
vraiment fortuite : la pièce a été créée à l'Ethel Barrymore Theatre, à
Broadway, en novembre 2009, avec James Spader dans la distribution.
« Elle a été jouée trois cents fois, bien avant l'affaire DSK», précise Pierre
Laville, traducteur, metteur en scène et coproducteur avec Yvan Attal qui
joue le rôle d'un avocat, un certain Jack Lawson.
«Un Américain blanc de base, ambitieux, brillant, charismatique, qui ne
pense qu'à gagner de l'argent», décrit l'acteur heureux de défendre une
pièce de David Mamet. En 1994, sa compagne, Charlotte Gainsbourg,
avait déjà joué une pièce de l'auteur américain, Oleanna, sous la direction
de Maurice Bénichou et déjà d'après une traduction de Pierre Laville. Au fil
des ans, le projet d'une pièce de David Mamet avec Yvan Attal a resurgi,
«mais je n'avais pas l'âge du rôle ou je n'étais pas disponible», raconte-til. Race avait d'abord été programmé au Théâtre de La Madeleine avant
qu'il ne change de direction.
«La coïncidence avec l'affaire DSK est très troublante, admet Pierre
Laville. J'ai reçu le texte de David Mamet en juin 2009, mais depuis,
l'affaire DSK a pris d'autres proportions et a largement dépassé le cadre
du Sofitel. Dans Race, on retrouve la situation de base: un Blanc puissant
accusé d'avoir eu un rapport sexuel non consenti avec une jeune femme
noire, mais c'est tout.»
Paranoïa et discrimination
Un Blanc charismatique, Charles Strickland (interprété par Thibault de
Montalembert) qui, selon le manuscrit, «a régressé et est retourné à un
état primitif» avec une «fille deux fois plus jeune que lui». Défendu par
deux avocats, Jack Lawson, un Blanc (Yvan Attal) et Henry Brown, un
Noir (Alex Decas). L'accusé parle d'un «malentendu», mais a « donné de
l'argent » à la victime.
«La pièce parle surtout de discrimination et de paranoïa quand on traite
de différence de races et des rapports hommes-femmes, insiste Yvan
Attal. C'est aussi un thriller avec du suspense et une réflexion sur la
manipulation, le mensonge et la justice.» «Nous avons travaillé sans faire
aucune allusion à DSK, précise de son côté Pierre Laville. Le texte est
porté par une grande force d'écriture. Il n'est ni démagogique, ni
intellectuel, il veut juste séduire et étonner.»

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