La crise du rouble : Quelles incidences sur les marchés mondiaux?

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La crise du rouble : Quelles incidences sur les marchés mondiaux?
LA CRISE DU ROUBLE :
QUELLES INCIDENCES SUR
LES MARCHÉS MONDIAUX?
17 décembre 2014
SOMMAIRE
Le 16 décembre 2014, la banque centrale de la Russie a annoncé une hausse aussi étonnante
qu’importante des taux d’intérêt dans le but de stabiliser sa monnaie, le rouble. La banque a
en effet augmenté son taux directeur de 10,5 à 17 %. Il s’agit de la sixième hausse cette année.
En réponse à cette hausse, le rouble s’est effondré davantage de près de 20 %, atteignant un
plancher record d’environ 80 roubles le dollar américain, soit sa plus forte baisse depuis 1998.
Le rouble a maintenant perdu plus de 50 % de sa valeur au cours de cette année.
Face à la dégringolade du rouble, nous avons posé deux questions à Todd Mattina, notre
économiste en chef. Primo, cette hausse des taux d’intérêt sera-t-elle suffisante pour enrayer
le déclin record du rouble? Secundo, quelles en seront les incidences sur l’économie russe en
particulier et le système financier mondial en général?
La cause de la déstabilisation du rouble
Le rouble a fait l’objet de pressions de plus en plus appuyées. Cela
s’explique essentiellement par deux phénomènes : d’abord, la
forte baisse du prix du Brent, se trouvant en-dessous de 60 $ pour
la première fois de puis plus de cinq ans; et ensuite l’impact des
sanctions imposées principalement par les États-Unis et l’Union
européenne en réponse aux actions de Moscou à l’égard de l’Ukraine.
Les marchés émettent certaines hypothèses, notamment que la
banque centrale pourrait recourir aux mesures de contrôle strictes
pour endiguer la vague de capitaux sortants, car les politiques
traditionnelles, notamment les interventions sur le taux de change et
la hausse des taux d’intérêt ont eu aucun effet sur l’effondrement de
la monnaie.
Le contexte macroéconomique
Le resserrement de la politique monétaire n’a pas réussi à stabiliser
la monnaie et ralentira la croissance l’année prochaine. Une
politique budgétaire plus restrictive semble probable étant donné
la dépendance du gouvernement à l’égard des recettes pétrolières,
soit près du tiers de la recette totale; et l’insuffisance des réserves
budgétaires pour compenser la chute libre des prix du pétrole
tombant en-dessous de 60 $ le baril. La banque centrale prévoyait
que la croissance réelle du PIB en 2015 pourrait baisser jusqu’à
4,7 % si le prix du pétrole demeure en dessous de 60 % le baril;
mais l’inflation est déjà élevée à 9 % par rapport au taux cible de
4,5 % fixé par la banque.
Les sanctions imposées par les pays occidentaux ont rendu plus
difficile les problèmes de financement externe, ce qui a augmenté
les coûts de financement à la charge des grandes entreprises
russes. La dollarisation par les dépositaires russes a aussi joué un
rôle important à cet égard. Malgré ces défis, la Russie possède
d’importantes réserves FX de 416 milliards de dollars, représentant
environ 250 % de dette externe à court terme alors que la dette
publique demeure faible, ne s’élevant qu’à 15 % du PIB. Le principal
suite
risque lié à l’endettement concerne le refinancement de la grande
dette extérieure privée libellée en dollar américain.
Les répercussions
La Russie aura du mal à préserver la confiance du marché dans sa
monnaie et dans ses politiques macroéconomiques, particulièrement
si le prix du pétrole demeure bas pendant longtemps. Le
ralentissement de la croissance et les perturbations des marchés
financiers russes pourraient avoir un effet de contagion dans les
économies de la région, principalement dans certaines parties de
l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale. Par ailleurs, un certain nombre
de banques européennes pourraient en souffrir. Les écarts de crédit
dans les autres marchés émergents ont aussi pris des proportions
plus importantes en raison de la crise du rouble russe. Même si les
perturbations récentes que connaît la Russie constituent un exemple
extrême, la crise de change souligne les turbulences potentielles qui
pourraient menacer les marchés émergents exportateurs de matières
premières en termes de la baisse des prix des matières premières et
du resserrement des modalités de financement externe.
Conclusion
Pour ce qui est des incidences plus globales sur la répartition de
l’actif, les perturbations économiques provoquées par la crise
du rouble se limiteront à la région, car les liens commerciaux et
financiers tissés par la Russie avec d’autres grandes économies ne
laissent pas entrevoir en ce moment une transmission à grande
échelle du krach du rouble. Les principaux risques seraient l’effet de
contagion du sentiment négatif du risque sur les autres économies
émergentes vulnérables et le contexte plus difficile dans lequel la
Russie devra rembourser ses importantes dettes extérieures privées.
00795 12/14
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