Atelier d`écriture 14 mars 2014
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Atelier d`écriture 14 mars 2014
Le vendredi des mots Un vendredi par mois, à la médiathèque de Barbezieux, un moment libre pour écrire, découvrir & partager des textes Le 14 mars 2014, en écho au Printemps des Poètes chacun des participants a pu développer ses talents de poètes au moyen de deux jeux d’écriture : # Un cadavre exquis de poésie : Chacun débute un poème avec une rime imposée, puis chacun fait passer la feuille à son voisin : résultats à la lecture, une tendance poétique bien éloignée des canons de versification habituels ! # Poèmes à compléter Des extraits de poèmes écrits par un vrai poète et complétés par les membres du groupe ! Merci à tous les participants et à monsieur Serge d’avoir retapé les textes 1 Exercice n° 1 Cadavres exquis ou pas, décomposés à souhait même si à rimes imposées – (première, dernière et titre du même auteur). 1/ Amis de la poésie, bonsoir, ne vous déplaise… [rime en aise] Je suis avec vous, avec Blaise et à l’aise Me sustentant agréablement enfoncée dans ma chaise En attendant de ce balèze de Blaise une bonne baise Je suis dans la fournaise, ok ça manque un peu de poéz Irrévérencieux j’erre sans avoir l’R de glisser dans la glaise Car à trop de recherches on n’écrit que foutaises Et glisse l’esprit dans le malaise De la venue de Blaise, je suis bien aise Et qu’il ait daigné quitter le fin fond de sa Corrèze. 2/ Sans titre ni quand ni où … [rime en ou] « Le gars d’Havre est texi au texan » dit Balou Moiteur de la jungle, bruits assourdis, atmosphère chelou « Plus de chemin » cria-t-il, « plus de chemin, hors clous ! Savez-vous planter les choux à la mode de chez nous ? » Y sommes arrivés laborieusement, l’écriture se tissait malgré tout Et, tout ou partie, soyons jeunes, soyons fous … Dans un frôlement s’enfuit le hibou Pourquoi toujours se chercher des poux ? 2 Quelle honte et quel désespoir toute cette fange et cette gadoue ! Un gars danse – du Havre - avec ou sans boubou. 3/ Du vent dans la voilure… [rime en ure] Tout à coup dans le ciel ce fut une déchirure J’ai distingué une masse partielle qui dans un murmure Est descendue sur le pot de confiture. Sentimentalement, chaque atome d’écriture Bien cuit, bien sucré, comme un fruit au cœur nous dure Pour se glisser dans le pot jusqu’à la fêlure. Les comètes provoquèrent dans le ciel une zébrure Et c’est un cataclysme qui transperça l’azur Pour nous mener tout droit et plus face au mur. C’est la fin cette fois, jamais nous ne nous relèverons de nos blessures. 4/ Eloge de l’officine de ma tante [rime en ine] Ô vent, fou de vitesse et pourvoyeur d’angine Et cette toux qui te taquine La muse, et bientôt ce sera la quine Nuit coquine ou nuit câline, nuit bédouine ou nuit de Chine, Que pouvais-je choisir de mon âme si opaline Les vagues me murmurent de leur voix sibylline Soif d’écriture, soif de trouvailles, soif d’aspirine Pourvu que soit charmante la préposée à l’officine (Qui) doucement se glissa dans la bassine O rage, ô désespoir, re-voilà ma tantine ! 3 5/ Tout par terre [rime en erre] En ce jour malheureux, mon père ombrageux monta l'étagère, J'ai rangé mes vestes au vestiaire C'est ici que fut retrouvé le manteau du libraire, Du linéaire, de l'atrabilaire, du vulgaire, les trois font la paire . L'aube se réveilla sur un ciel clair Je ne puis plus rien faire Et faire et défaire, c'est toujours à refaire Le dur chemin qui nous ramène amères, Tes larmes se tariront et tu apprendras à te taire. Rester, puis disparaître en ne laissant plus que son étagère. 6/ La folle cavale [rime en al] Ce soir, je me sens sentimentale Et me demande bien avec laquelle pédale … A force de rager ou à force de jarret, normal ! C'est alors que vint l'idée de monter à cheval, Une aurore boréale, ce n'est pas banal Ce qui n'est pas le cas ici au final Feu d'artifice tout près du vieux chenal Au trot, au galop, sur la place incendiée, il cavale Encore et encore cette cavale 4 Je chevaucherai sans fin dans des dédales bancales 7/ A coup d'Oire, pas plié … [rime en oir] C'est un cadavre dont on peut bien se demander quelle sera la poire Et à la fin de la bouse, on comptera les foires … Marcher dedans apporterait bien des déboires Au final ce qu'il faut c'est un coup à boire Et tirer des coups avec une vieille pétoire Mais surtout ne rien prendre en pleine poire Ecrire sur le fil du rasoir Et au delà du fébrile espoir, dandiner sa future gloire, Eviter qu'elle ne dure qu'un an et un soir… Conclusion bien dérisoire. 8/ La ruée vers l'or [rime en or] Son visage éclatait comme son bracelet d'or De le voir, son image rebondit dans mon corps Je repense à Sodome et Gomorrhe Qu'allez-vous penser encore et encore Volupté sans aucun remords Vérité de se savoir en tort Quel mal y a t-il à chercher un peu de réconfort ? Chevauchant des écrits et sans cris et sans cors Qu'à votre santé je finisse ce Nabuchodonosor ! 5 Et ensuite j'irai promener Médor. 9/ Ouille, ouille, ouille [rime en ouille] L’interjection fusa à l'énoncé du problème pataphysique : cornegidouille ! Et les mots filent comme laine sur quenouille Par delà les terres du bassin minier de houille Et comme ça rouille Et murs éventrés, la maison en quenouille, File la laine, jour et nuit, petite princesse grenouille Qui ne saute pas n'a pas d'embrouilles. Des sommets des gratte-ciel aux plus hautes gargouilles, Du sommet de la tour, où Notre-Dame gazouille, A la fin du fatras, Ubu se lance et tout écrabouille. *********** Exercice n° 2 Compléter quelques strophes fournies de poèmes - D’ABORD UNE STROPHE DE YVES BONNEFOY (ECRITS EN CARACTERES NORMAUX, LES TEXTES EN ITALIQUE SONT UNE CREATION DES PARTICIPANTS A L’ATELIER D’ECRITURE)) 1- Après une soirée de folie, La nuit nous avait réunis, Le silence venait de descendre 6 Le sommeil partout se glissait. J’aimais sortir à l’aube. Le temps dormait Dans les braises, le front dans la cendre. Dans la chambre d’en haut respiraient en paix Nos corps que découvrait la décrue des ombres. Des draps, je sortais doucement Aimablement le jardinier attendait La rosée, les parfums si présents, Dans mon corps s’imprégnaient Et mon esprit s’envolait. 2- J’aimais sortir à l’aube. Le temps dormait Dans les braises, le front dans la cendre. Dans la chambre d’en haut respiraient en paix Nos corps que découvrait la décrue des ombres. Alors, le point du jour ravivait En mon âme les fulgurances Des songes tissés de la nuit Pour un redevenir nouveau. 3- J’aimais sortir à l’aube. Le temps dormait Dans les braises, le front dans la cendre. Dans la chambre d’en haut respiraient en paix Nos corps que découvrait la décrue des ombres. J’ai des souvenirs de boîte de nuit De musique et de bruit 7 D’un DJ plein d’énergie D’une jeune fille qui a rougi Et l’odeur des bonheurs enfuis. J’ai des souvenirs d’un cake aux fruits, D’un surprenant cadavre exquis Duquel on a bien ri De tous ces mots d’esprit Et l’odeur des bonheurs enfuis. 4-Toute la nuit, nous avions chanté ; le sommeil Avait fini par nous étreindre à son tour. Et ces quelques heures redonnaient du vermeil A nos teints hâves et salis au long cours. J’aimais sortir à l’aube. Le temps dormait Dans les braises, le front dans la cendre. Dans la chambre d’en haut respiraient en paix Nos corps que découvrait la décrue des ombres. Nous les laissions là, nous n’en n’avions que faire Nous n’existions que dans notre transcendance Nos pieds ne faisaient qu’effleurer la terre Et la nuit revenait et avec elle la transe. - UNE AUTRE ET ANTEPENULTIEME DE FRANCIS BELLIARD (AJOUTS EN ITALIQUE) Je partirai à Compostelle Puis je voguerai vers Santiago Sur le sépulcre de St Jacques Pour redécouvrir l’Amérique ; 8 Je ferai comme l’hirondelle Je ferai comme les Wisigoths Mais non, comme elle, avec mon frac. Oui, comme eux, avec mon fric. Par les lieux sacrés séculaires Par vœux et voies imaginaires, Comme jadis les pèlerins Comme jadis les Espingouins, Le long des prés et des rivières Tout au long des cordillères, Je marcherai sur les chemins. Je charmerai les lendemains. Les faucons et les tourterelles Les vieux cons et les pucelles Me guideront par les collines Me guideront dans ma débine ; La nuit les étoiles du ciel La nuit des émois l’isocèle Comme autant de fleurs d’aubépine. Comme les fleurs d’aubes divines. - Une troisième et donc avant-dernier de Francis Belliard Si tu es un arbre, Si tu es un luth, Je suis le lierre Je suis les doigts Qui t’enserre. Qui en caressent tes cordes. Si tu es le feu, Si tu es perdue, Je suis l’âtre, Je suis le toit Qui t’accueille. De ta maison. Si tu es le soleil …. PROPOSITION 1 Si tu es le soleil, Je suis la peau Que brunissent tes rayons. Si tu es le soleil, Je préfère être le dard Pour te transpercer la peau. 9 Si tu es cagouille, Si tu es fleur de lys, Ne compte pas sur moi Je m’appelle limace Pour être salade. Et je te fais baveuse. Si t’es oh la la Si tu es Satan, Moi j’suis olé olé Je suis St Roch Et j’dis au lit au lit ! Et je t’empale. Si tu es le bon Dieu, Si tu as dit peu, Je suis une coupe vide C’est que trop tu pensais Que tu vas bientôt remplir. De nos mensonges pieux. Si tu es parti, C’est que je dois vivre En me passant de toi. PROPOSITION 2 Si tu es le soleil Si tu es la rivière, Je serai le nuage Je suis les cailloux Qui viendra te cacher. Que tu polis. Si tu es un pré, Si tu es le vent, Je suis la fleur Je suis la feuille Qui te parfume. Que tu emportes. Si tu es une pomme, Si tu es souffrant, 10 Je suis la bouche Je serai le lit Qui te dévore. Pour te reposer. Si tu es menacé, Si tu es joyeux, Je serai ton bras Je vais crier, Pour te défendre. Chanter et danser. Mais si tu me quittes, Mais si tu me quittes, Je serai la houle, Je serai le vide, Pour te balayer. Pour t’y entraîner. Mais si tu me quittes, Je serai une arme Pour te poignarder … Proposition 3 Si tu es le soleil, Si tu es l’océan, Je suis l’arc en ciel Je suis goéland Que tu fais naître après la pluie. Et te parcours à longueur de temps. Si tu es glaise, Si tu es oiseau, Je suis sculpteur Je suis ton chant Qui te façonne voluptueusement. Qui salue la vie chaque matin. Si tu es rivière, Si tu es cime, Je suis ton lit Je suis neige éternelle Qui te retient entre ses draps. Et te coiffe toute l’année. 11 Si tu es fleur, Si tu es champagne, Je suis la rosée du matin Je suis bulle Qui ravive ta beauté. Inséparable de ta saveur. Si tu es triste, Si tu es mienne, Je suis le rêve longtemps oublié Cette nuit Te sortant de la mélancolie. Tu me fais renaître à la vie. UNE DERNIERE DE FRANCIS BELLIARD, CHOISIE PAR UNE SEULE PERSONNE. J’ai des souvenirs de perdrix De lièvres au pelage gris De grands chênes au feuillage qui bruit Dans les cours de ferme des cris Et l’odeur des bonheurs enfouis. Le cerf qui brame au fond des bois Les chiens de chasse aux abois Tout cela constitue mon moi A l’aube de ma vie, je n’ai pas le choix. Résonnent encore dans mon esprit Les cloches de la messe du dimanche midi Avec ce souvenir, je pars pour la Roumanie Sans trop, je l’espère, de nostalgie. 12 C’est avec joie que depuis l’avion Je surplombe cette région Ces animaux cachés par la forêt sombre Vite, vite, j’ai hâte de m’y fondre. Et qu’ainsi revivent les perdrix Dans les chênes aux branches grises Abritant des lièvres couleur de souris Et mon jumeau enfantin qui me sourit. 13