échosud 10 - ARES - Coopération au développement
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échosud 10 - ARES - Coopération au développement
BULLETIN TRIMESTRIEL DE LA CUD MARS 2006 LA CUI AVEC LE CENTRE UNIVERSITAIRE DE FORMATION DES PERSONNELS DE SANTÉ DE HO CHI MINH VILLE (VIET NAM) UN HOMME, UNE VOCATION : JEAN-PHILIPPE PLATTEAU PROJET PIC : BIODIVERSITÉ ET BIOTECHNOLOGIE À MADAGASCAR RÉFORME DE BOLOGNE : LE « LMD » S’IMPOSE EN AFRIQUE FRANCOPHONE : UN COLLOQUE A FAIT LE POINT SUR LA QUESTION À DAKAR, EN JUILLET 2005 OUVERTURE : L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES D’OUTRE-MER VOUS OUVRE SES PORTES ÉTUDIANTS SUR LE TERRAIN : LE TRAFIC D’ORGANES D’ORIGINE HUMAINE AU MEXIQUE CUI : LA MAÎTRISE EUROPÉENNE EN MÉCANIQUE DES CONSTRUCTIONS EN VOIE DE « VIETNAMISATION » ÉVÉNEMENT : LE GOÛTER DE NOËL DES BOURSIERS DE LA CUD échosud (10) É D I T O R I A L COOPÉRATION SCIENTIFIQUE ET DÉVELOPPEMENT : QUADRATURE DU CERCLE ? La recherche scientifique et l’enseignement supérieur sont de plus en plus empreints de la globalisation des échanges. Ce vaste mouvement prétend, à travers les innovations technologiques, rendre le monde à la fois plus accessible à tous et toujours plus compétitif et concurrentiel. L’Europe universitaire vit au jour le jour cette « révolution ». Système « Bologne » à l’appui, les étudiants peuvent, par l’équivalence des diplômes, se mouvoir d’un pays à l’autre, d’une université à l’autre, choisissant l’institution correspondant le mieux à leur projet personnel et offrant, « rankings » à l’appui, les meilleurs professeurs, les meilleurs chercheurs, les meilleures infrastructures. La réalité que l’on connaît ne correspond pas tout à fait à cet idéal ; les restrictions budgétaires empêchent bon nombre d’universités de jouer cette carte de l’internationalisation des études et de la recherche et les contraintes financières sont un frein à la mobilité des étudiants. Mais la tendance est là et personne ne peut la nier. Jean-Claude BOLAY École polytechnique fédérale de Lausanne, Suisse [email protected] Dans ce vaste chantier de l’université du 21e siècle, plusieurs constats peuvent être faits sur la contribution de la coopération Nord-Sud au développement durable dans les pays du Sud. D’abord, il faut reconnaître que cette compétitivité scientifique interpelle également nombre de pays émergents. La Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil, le Chili et le Mexique sont autant d’exemples de pays qui calquent leurs modèles universitaires sur des critères semblables. Une minorité de ces pays émergents joue désormais « dans la cour des grands » : sélectivité des étudiants, priorités thé- matiques et disciplinaires dans les financements publics, renforcement de la recherche de pointe, accroissement des formations doctorales. Par ailleurs, on constate que, face à cette tendance, nombre de pays en développement restent confrontés à de graves problèmes de qualification de leurs élites intellectuelles et scientifiques. Le fossé se creuse aussi désormais à travers l’accès à la connaissance. La coopération universitaire a un rôle prépondérant à jouer dans ce contexte, dès lors qu’elle mise sur l’excellence de la formation et de la recherche, et que ses objectifs visent à affronter les questions clés de développement dans les pays du Sud. Les liens entre chercheurs, enseignants et étudiants des universités du Nord et du Sud sont le ciment de cette collaboration. Mise en place de formations adaptées, en Europe comme dans les pays partenaires, bourses pour étudiants, thèses « sandwichs », échanges de chercheurs, élaboration de programmes communs, appui au renforcement des institutions du Sud, animation de réseaux scientifiques, sont autant d’initiatives qui donnent sens à ces actions de coopération internationale. Mais pour que ce « village global scientifique » ne soit pas une illusion, la coopération universitaire doit reposer sur quelques principes simples et efficaces : partenariat effectif entre institutions du Sud et du Nord, choix conjoints des actions à entreprendre, clarté dans les buts à atteindre et les moyens pour ce faire, répartition équitable des financements, valeur ajoutée de ces actions pour tous les partenaires concernés. COOPÉRATION UNIVERSITAIRE INSTITUTIONNELLE La CUI avec le Centre universitaire de Formation des Personnels de Santé de Ho Chi Minh Ville (Viet Nam) La coopération universitaire belge avec le Centre universitaire de Formation des Personnels de Santé de Ho Chi Minh Ville (CUF) remonte au début des années 1990. Elle se caractérise dans un premier temps par des collaborations privilégiées avec certains départements comme celui d’Histologie (UCL) ou celui de Santé Mentale (ULB). Entre 1998 et 2002, un premier plan quinquennal de Coopération universitaire institutionnelle (CUI) s’articule essentiellement sur la santé mentale tout en permettant des actions ponctuelles en hépatologie, pédiatrie et économie de la santé. En 2003, la définition d’un deuxième plan quinquennal (2003-2007) est l’occasion d’un élargissement du projet qui comporte initialement trois volets : santé mentale (ULB et UMH), biochimie (FUNDP) et anatomie (ULB), auxquels est associée une action d’appui aux ressources documentaires et aux bibliothèques du CUF. Le principe fédérateur de la CUI est le renforcement de la formation de base des futurs médecins au travers de la consolidation locale de l’enseignement et de la recherche. L’année 2005 a vu l’ouverture d’un projet de déontologie médicale (UCL) en collaboration avec l’Association des Médecins de Ho Chi Minh Ville. Quant à l’année 2006, elle voit la naissance d’un projet d’oncologie-hématologie (UCL et ULB) à forte composante clinique, en collaboration avec le département de Biochimie. S’il est trop tôt pour parler de ces deux nouvelles activités, c’est loin d’être le cas pour la santé mentale et la biochimie, dont les retombées, à la fois locales et régionales – de même qu’universitaires et extra-universitaires – sont déjà bien palpables. Santé mentale Les responsables belges du projet santé mentale sont les Professeurs Isy Pelc (ULB) et Henri Boon (UMH). Le responsable local est le Docteur Lam Xuan Dien, Directeur de l’Hôpital psychiatrique et Chef du Département de Psychiatrie et de Psychologie médicale au CUF, avec la collaboration, pour la période 1998-2002, du Docteur Nguyen Thi My Chau. La première période (1998-2002) a eu pour objet l’installation de programmes en santé mentale, plus particulièrement en psychologie médicale. La seconde période (2003-2007) apporte un soutien au département de psychiatrie et de psychologie médicale du CUF, dans l’installation d’un département « Assuétudes ». Michel HÉRIN Professeur aux FUNDP, Faculté de Médecine [email protected] 2 échosud(10) La demande initiale étant de mettre en place un programme pour toute la sous-région du Sud-Est asiatique, ce programme a associé des collaborateurs du Nord, du Centre et du Sud du Vietnam, ainsi que du Laos et du Cambodge. PÉRIODE 1998-2002 Ce premier programme a vu le développement de tous les aspects académiques de la psychologie médicale : enseignement et recherche, ainsi que séminaires internationaux de perfectionnement à l’intention des médecins de la sousrégion. Des centres de documentation ont été installés dans chacune des régions et des systèmes d’enseignement à distance ont été initiés, les liaisons par Internet autorisant en effet des échanges en temps réel (réponses presque immédiates aux questions envoyées par les étudiants ou les chercheurs vietnamiens). Le premier manuel de psychologie médicale traduit en vietnamien est né de la coopération belgo-vietnamienne. Il s’agit d’une publication de 730 pages rassemblant les chapitres importants des matières enseignées au cours de ces années : • • • • • Les assuétudes dans la région du Mékong (1998) Toxicomanie et violence urbaine en Asie du Sud-Est (1999) Les troubles psychosomatiques (2000) Soins de santé mentale primaires en Asie du Sud-Est (2001) La relation médecin-malade (2002) Malgré le recours aux technologies de l’information et de la communication, les contacts humains ont toujours été privilégiés. Le contact permanent entre les partenaires ne cesse d’enrichir les expériences respectives. Des étudiants stagiaires séjournent régulièrement en Belgique et cette période a vu la réalisation de la thèse de doctorat de Nguyen Thi My Chau, aujourd’hui devenue adjointe au Doyen pour la pédagogie. PÉRIODE 2003-2007 Le deuxième programme s’est d’abord attaché à l’approfondissement des aspects psychologiques des problèmes d’alcoolisme. Au cours de la deuxième année, ont été abordées toutes les problématiques en rapport avec l’usage du tabac et le bon usage des médicaments sédatifs, anxiolytiques et hypnotiques dans les traitements des problèmes d’anxiété, de stress et des troubles du sommeil. Une attention particulière est accordée aux formateurs académiques dans leur contact avec les prestataires de soins de santé primaires. L’objectif est non seulement d’apporter une aide dans la mise au point de recherches épidémiologiques et du recueil de données mais aussi dans l’exploitation et l’analyse de ces dernières. P R O J E T C U I LA COOPÉRATION UNIVERSITAIRE INSTITUTIONNELLE (CUI) A POUR OBJECTIF DE RENFORCER LES COMPÉTENCES ACADÉMIQUES PROPRES D’UN NOMBRE LIMITÉ D’INSTITUTIONS UNIVERSITAIRES SITUÉES DANS DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT. LA CUI ENTEND AINSI APPUYER LES PARTENAIRES DU SUD DANS LES L’ambition d’Isy Pelc et Henri Boon est de contribuer à la mise en place d’équipes de professionnels qui, à l’issue de ces programmes, soient à même de poursuivre de façon tout à fait autonome, de nouveaux projets. Ces tests doivent impérativement répondre à une double condition : rencontrer l’intérêt des médecins partenaires du CUF et assurer rapidement au laboratoire un important degré d’autonomie financière. DIFFÉRENTES DIMENSIONS Biochimie À l’heure actuelle, plusieurs médecins de Ho Chi Minh Ville espèrent pouvoir obtenir de cette façon des résultats d’analyse fiables sans devoir faire appel à des laboratoires privés qui facturent ces tests à un prix exorbitant, sans toujours offrir une garantie de résultat. AUSSI DANS LES SERVICES Le programme biochimie, dont le responsable local est le Professeur Do Nhu Hien, vise essentiellement trois objectifs : (1) introduire la biologie moléculaire dans l’enseignement ; (2) créer un laboratoire de diagnostic moléculaire médical ; (3) établir le lien entre recherche et enseignement. L’ENSEIGNEMENT Côté enseignement, Michel Jadot et Pascale Hilbert (FUNDP) ont progressivement introduit la biologie moléculaire dans les programmes du CUF. C’est pourquoi ils ont mis au point, dès 2004, un cours théorique et pratique, principalement axé sur les techniques d’analyse des acides nucléiques. L’objectif à court terme est de permettre au CUF de prendre lui-même en charge ce nouveau volet de la formation et de créer de nouveaux cours et exercices. L’enthousiasme des étudiants a largement encouragé les professeurs dans ce sens. Le projet prévoit également la formation de formateurs par la réalisation d’un doctorat mixte et l’accueil en Belgique de plusieurs stagiaires pour des périodes de trois mois. LE LABORATOIRE CLINIQUE A côté de l’enseignement, le projet vise à développer les activités du laboratoire de biochimie. Le but est de mettre au point quelques tests diagnostiques faisant appel à la biologie moléculaire et de contribuer à leur insertion dans la pratique médicale des institutions hospitalières. QUI CARACTÉRISENT L’UNIVERSITÉ (ACADÉMIQUES, SCIENTIFIQUES ET ADMINISTRATIVES) MAIS QU’ELLE REND À LA SOCIÉTÉ. DE L’ENSEIGNEMENT À LA RECHERCHE Convaincus qu’enseignement et recherche sont indissociables, Michel Jadot et Pascale Hilbert ont choisi de promouvoir une recherche de type épidémiologique, à relativement bas bruit et faible coût, exploitant dans le cadre de la réalisation de mémoires de fin d’études les données générées par l’activité diagnostique du laboratoire. Cette stratégie contribue au renforcement des contacts indispensables entre le laboratoire universitaire et le milieu hospitalier mais aussi à donner du CUF l’image d’un centre moderne et dynamique. Pour conclure, les groupes de pilotage belge et vietnamien, ainsi que les divers responsables d’activité, font preuve d’un dynamisme tel que la perspective d’un troisième plan quinquennal est envisageable pour autant qu’un rapprochement sensible se marque au niveau des différents acteurs universitaires du monde médical de Ho Chi Minh Ville. Ce nouveau défi institutionnel sera étudié dans les prochains mois. échosud(10) 3 U N H O M M E , U N E V O C A T I O N Jean-Philippe Platteau « On comprend mieux les choses qu’on ne les comprenait il y a trente ou quarante ans. Surtout, on mesure mieux la complexité des processus et donc la difficulté du changement. » échosud : D’où est né votre intérêt pour la coopération au développement ? Mon intérêt pour les pays en développement s’est manifesté très tôt, par une insatisfaction vis-à-vis d’un aspect de mes études. Les trois quarts de l’humanité vivaient déjà dans l’hémisphère sud. Le retard de ces pays était quelque chose de frappant dont on nous parlait pourtant peu et que les théories existantes avaient du mal à expliquer. Tout se passait comme si ce qu’on nous enseignait ne s’appliquait qu’à vingt-cinq pourcents de la population, sans que l’on nous dise qu’à côté de cela, il y en avait septante-cinq autres qui vivaient dans des situations difficilement explicables. Ça a donc commencé pour moi comme un défi intellectuel : j’avais envie de comprendre les causes du retard d’un grand nombre de pays sur le plan technico-économique. Jean-Philippe PLATTEAU Professeur aux FUNDP, Département des Sciences économiques, Centre de recherches en Économie du Développement, DES en Économie internationale et Développement [email protected] Dès mon mémoire de fin d’études et surtout mon doctorat, je me suis donc penché sur la pensée des économistes du 19e siècle, qui avaient en fait accordé une importance presque centrale à la situation des pays qu’on appelait alors « arriérés ». J’étais impressionné par le fait que cette attention pour les problèmes des PED se soit progressivement estompée et qu’il ait fallu attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour qu’un nouvel intérêt se manifeste chez les économistes. Est alors née l’économie du développement moderne. J’avais retrouvé ses racines dans l’économie politique classique du 19e siècle… échosud : Vos expériences de terrain dans le sud ont-elles influencé votre façon de voir la recherche universitaire, de voir la coopération universitaire ? C’est au contact des populations et en vivant des expériences à l’extérieur qu’on change sa manière de voir le monde. Un prisme culturel, tout simplement. J’ai eu la chance de vivre en Inde juste après mon doctorat. Cette expérience a été pour moi un tournant décisif. L’Inde m’a littéralement « retourné ». J’y menais un projet de recherche et mon séjour sur place a soulevé des questions que je ne soupçonnais même pas. Des questions qui, à l’époque, n’étaient pas étudiées, pas enseignées, mais qui ont pris aujourd’hui beaucoup plus d’importance. La discipline a évolué… échosud : Vous coécriviez en 1977 « le développement des pays pauvres : quelques aspects d’un problème actuel ». Avez-vous le sentiment, près de 30 ans après, que la situation ait aussi évolué ou que les problèmes persistent ? Je crois qu’on comprend mieux les choses qu’on ne les com- 4 échosud(10) prenait il y a trente ou quarante ans, incontestablement. Surtout, on mesure mieux la complexité des processus et donc la difficulté du changement. Dans les années 1960 ou 1970, on vivait dans une sorte d’optimisme naïf. On croyait qu’il y avait des solutions toutes faites pour faire « décoller » les PED. On croyait posséder les outils et les solutions et que le reste n’était qu’une affaire de temps… échosud : Contribuer à une meilleure compréhension des processus, c’est notamment l’affaire des universités…Comment voyez-vous dans ce contexte le rôle de l’Université du sud comme moteur du développement de sa région ? L’Université du nord, elle aussi, a son rôle à jouer ! Je crois qu’on ne mesure pas assez, en particulier en Belgique, la contribution que peuvent faire les universitaires à la conception d’un politique de développement. Nous vivons dans un des pays où la connexion entre le politique et la réflexion universitaire est très insatisfaisante. Il y a une sorte de méfiance vis-à-vis de l’universitaire. On le voit comme quelqu’un d’uniquement intéressé par la pensée théorique, c’est-à-dire coupée de la réalité. échosud : C’est la raison pour laquelle vous vous êtes engagé dans les Projets en Appui aux Politiques de Coopération (PAP)(1) Oui, et finalement, toute ma carrière a été une tentative de connecter l’université au monde de l’action. Bien avant de travailler dans le cadre de la CUD, j’ai beaucoup travaillé avec des ONG. J’ai moi-même été cofondateur d’une ONG internationale dans le domaine de la pêche artisanale et j’ai travaillé en ONG pendant longtemps. J’ai tout un passé dans lequel j’ai voulu me confronter avec les problèmes du terrain. La CUD a été une étape ultérieure à l’occasion de laquelle je me suis dit : « Comment peut-on influencer le politique ? ». Ma participation aux PAP répondait à cette ambition. Il est important que notre savoir soit mis à la disposition des hommes et des femmes qui élaborent la politique. Je l’ai fait à travers les PAP mais je le fais aussi à l’échelle européenne. échosud : Vous êtes en effet Président de l’European Development Network (EuDN). Quelle est la continuité entre cette participation et vos activités à la CUD ? L’esprit est le même. Mon activité à l’EuDN consiste précisément à faire passer au niveau de la politique européenne de coopération au développement les apports des sciences du développement et, en particulier, ceux de ma discipline, l’économie du développement. Jean-Philippe Platteau lors d’une enquête sur le terrain dans la région de Niono, au Mali (décembre 2005) Il s’agit d’un espace d’échanges organisé sous forme de conférences. Des académiques du monde entier font état d’une question devant les politiques qui posent ensuite leurs questions. Et le débat s’engage. Il me semble qu’il est assez rare aujourd’hui de susciter un vrai débat entre les gens chargés de la politique et le monde universitaire. Et ce n’est pas chose facile ! Cela demande de l’ouverture de la part des uns et des autres... Chaque programme a ses spécificités mais il est certain que la coopération institutionnelle est l’outil le plus novateur. Elle est aussi la plus difficile à réussir. On veut en effet d’abord centrer son action sur les pays qui en ont le plus besoin, qui sont les plus démunis en matière d’infrastructures universitaires. Malheureusement, parce qu’ils sont démunis, ce sont les pays qui aussi ont le plus de mal à rencontrer nos exigences en matière de partenariat. échosud : Que pouvez-vous nous dire sur ce que vous ont apporté les différents mandats que vous avez exercés à la CUD ? On est ainsi souvent pris dans un piège. Nous rêvons d’un partenariat égalitaire mais nous nous trouvons face à des partenaires qui, souvent, n’ont pas encore les moyens qui permettent de le concrétiser. Je trouve que ça peut être frustrant… U N U N E H O M M E , V O C A T I O N DANS CHAQUE NUMÉRO, NOUS VOUS PRÉSENTONS UNE ENTREVUE AVEC UNE PERSONNALITÉ DE LA COMMUNAUTÉ UNIVERSITAIRE FRANCOPHONE DE BELGIQUE, QUI MARQUE LES Au niveau de la recherche, la réponse est assez évidente. Dans le cadre d’un projet PIC, comme par exemple le projet dans lequel je suis impliqué aujourd’hui au Mali(2), on apprend énormément des enquêtes de terrain. Et même quand il est question de problèmes que l’on connaît déjà, on découvre de nouvelles réalités. C’est très stimulant ! Du point de vue humain, ce sont avant tout des rencontres et des expériences partenariales. Sur le terrain, parmi les villageois ou les leaders d’organisations populaires, on rencontre des gens étonnants. Des gens décevants aussi d’ailleurs… Mais, plus fondamentalement, je crois que ce travail aide avant tout à se forger une vision de plus en plus réaliste des choses, une vision mieux informée. échosud : Et le DES en Économie internationale et Développement dont vous avez été promoteur en 1999-2000 ? Participer à ce cours est un vrai plaisir ! La motivation des étudiants du sud est impressionnante ; leur soif d’apprendre et de connaissances suscite l’envie d’y répondre. Contrairement à la plupart des étudiants de nos pays, pour les étudiants des PED, apprendre est vital. échosud : Projets interuniversitaires ciblés, Cours internationaux, Coopération institutionnelle : Voyez-vous parmi ces alternatives des initiatives plus porteuses que les autres ? Je crois que telle qu’elle est structurée, la CUD a bien diversifié ses objectifs. Surtout, elle a développé des instruments différents pour atteindre des objectifs distincts. Chaque programme a donc sa place et l’un des grands défis de la CUD consiste à définir la façon d’améliorer la qualité de chaque action entreprise. Approfondir une culture de l’évaluation, être très exigeants vis-à-vis de nous-mêmes pour produire de la qualité et avoir une grande capacité critique et autocritique sont des priorités. TRAVAUX DE LA CUD PAR SON ENGAGEMENT DANS LA COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT. échosud : D’autres défis pour la CUD en ces temps de définition d’un nouveau plan quinquennal ? Il est un autre grand défi dont on est par ailleurs bien conscient à la CUD : le recrutement de la relève. Les générations académiques qui sont en place aujourd’hui ne fonctionnent plus comme les anciennes. Notamment, les aspirations à une carrière scientifique sont beaucoup plus marquées de nos jours. Pour « recruter » efficacement des gens de qualité, la préoccupation qualitative de nos actions est primordiale. Nous n’attirerons des gens de qualité pour travailler dans la coopération universitaire au développement que si nous nous efforçons de montrer que la CUD permet de financer des contributions scientifiques de qualité qui sont tout à fait « valorisables » sur le plan de la carrière scientifique. Je pense enfin qu’avant toute chose, il est important qu’un débat de fond sur la manière d’aborder les problèmes de développement et de la coopération au développement s’instaure entre les scientifiques eux-mêmes. Chacun travaille encore un peu dans son coin. Il est vrai qu’échosud rassemble les idées sur le papier mais, selon moi, on manque d’interactions directes sur les questions de fond. A-t-on défini des positions particulières dans certains domaines ? Quelles sont pour nous les priorités en matière de coopération au développement et quels sont les principes de base d’une stratégie d’intervention et de coopération tels que nous les voyons aujourd’hui ? Je crois que pour répondre à ces questions, un travail d’élaboration doit être entrepris et que la CUD peut être un acteur privilégié pour stimuler ce débat et offrir le lieu où il se déroule. (1) Les « Projets en Appui aux politiques de Coopération » (PAP) étaient des projets de recherche (de un à deux ans) sur des questions liées aux politiques de coopération. Ils ont fait place aujourd’hui aux « Groupes de Recherches en Appui aux Politiques de Coopération » (GRAP), lesquels sont des groupes de recherche interuniversitaires, établis pour une durée de quatre ans, qui travaillent sur des questions fondamentales à la conception et à la mise en œuvre de la politique de coopération. Voir échosud(6) (2) Projet interuniversitaire ciblé « Politiques foncières et stratégies paysannes dans le nouveau contexte malien de libéralisation et de décentralisation » (2005-2009 – coordonné par le Prof. Firouzeh Nahavandi, ULB) échosud(10) 5 PROJET INTERUNIVERSITAIRE CIBLÉ Biodiversité et Biotechnologie à Madagascar La biodiversité est un terme qui comprend la diversité des animaux, des plantes, des champignons et des microorganismes vivant au sein d’un écosystème. La connaissance de cette biodiversité est fondamentale car elle permet le développement de stratégies appropriées pour la conservation de la nature, pour proposer des pratiques adaptées dans le domaine de l’agriculture et aussi pour une meilleure gestion et valorisation des ressources naturelles. Dans notre vie quotidienne, ces connaissances peuvent avoir un impact important à la fois au niveau environnemental, économique, social et culturel. Mondher EL JAZIRI Professeur à l’ULB Laboratoire de Biotechnologie Végétale [email protected] 6 échosud(10) Contexte et problématique Objectifs du projet La biodiversité de Madagascar est unique. Madagascar s’est détachée du continent africain il y a plus de 120 millions d’années. Aujourd’hui, l’île abrite des espèces éteintes partout ailleurs et d’autres qui, contraintes de s’adapter à un nouvel habitat, ont acquis de nouvelles caractéristiques parfois assez originales. L’une des plus grandes caractéristiques de Madagascar est la richesse de ses écosystèmes (un des 12 centres de mégadiversité de la planète). La grande île abrite plus de 12 000 espèces de plantes et environ 80 % des végétaux supérieurs sont endémiques. Cependant, les écosystèmes malgaches sont fortement fragilisés par les activités humaines. Ainsi, le rythme de déforestation annuel est estimé à plus de 300 000 ha depuis le début du 20e siècle. Cette déforestation est la plus alarmante du monde tropical car si ce rythme se maintenait, il conduirait inexorablement dans les prochaines décennies à une transformation ou une destruction totale des écosystèmes forestiers de Madagascar. Par conséquent, d’une année à l’autre, des espèces identifiées comme intéressantes pour leurs propriétés pharmacologiques ne sont plus retrouvées dans leurs sites naturels. Il se pose donc le problème de la conservation et de la régénération de certaines espèces qui constituent à la fois la richesse en biodiversité mais qui peuvent également participer au développement économique de Madagascar. Initié en 2001, le projet vise à transférer une technologie adaptée à la conservation d’espèces ciblées pour l’urgence de leur sauvegarde et pour leur importance socio-économique : les plantes médicinales. • L’Institut Malgache de Recherches Appliquées (IMRA) à Madagascar Les plantes médicinales, un capital précieux pour Madagascar • L’Université Catholique de Louvain (UCL) en Belgique • L’Université Libre de Bruxelles (ULB) en Belgique La plus célèbre des plantes de l’île est la pervenche de Madagascar, Catharanthus roseus (Apocynaceae). Les médicaments qui en sont extraits font partie des schémas thérapeutiques standards de plusieurs cancers, dont la leucémie. D’autres espèces médicinales, moins connues, sont utilisées en médecine traditionnelle et font dès lors partie de la vie quotidienne des malagasy. La phytothérapie est en effet institutionnalisée à Madagascar où les médicaments importés sont rares et coûteux. Cette pratique, seul recours pour la population des zones reculées, représente à Madagascar une part non négligeable des soins de santé. Il est bien établi que la teneur en principes actifs de certaines plantes médicinales peut être affectée par la diversité des micro-organismes endophytes qui y sont associés. Le projet a donc deux objectifs spécifiques qui s’inscrivent dans le cadre général de la conservation du patrimoine national de Madagascar : • Transférer une technologie permettant la conservation ex situ des ressources génétiques végétales par le biais de la technique de la culture in vitro. • Isoler, identifier et conserver les micro-organismes endophytes associés à certaines espèces cibles. Partenariat Trois institutions collaborent pour mener à bien le projet de conservation des ressources végétales et micro-organiques à Madagascar : L’IMRA (Prof. Suzanne Ratsimamanga, Dr Christian Rabemanantsoa et Dr Kiban Cheuk) est spécialisé en plantes médicinales. Deux cents plantes en moyenne sont collectées chaque année dans les forêts primaires et les autres biotopes de l’île. Cet institut de recherche scientifique étudie les plantes utilisées dans la pharmacopée traditionnelle dans le but de les valoriser. Les préparations pharmaceutiques repartent ensuite vers la communauté malgache où elles sont vendues à un prix social. Une quarantaine d’extraits sont actuellement commercialisés par l’IMRA. L’unité de Microbiologie de l’UCL (Prof. Anne-Marie Corbisier-Colson et Prof. Jacques Mahillon) offre son expertise dans le domaine de la conservation des micro-organismes endophytes. Le Laboratoire de Biotechnologie Végétale de l’ULB (Prof. Mondher El Jaziri, Dr Billo Diallo) offre son expertise dans le domaine de la conservation ex situ des plantes médicinales et celui de l’analyse phytochimique. Résultats Les réalisations effectives à l’issue de quatre années de partenariat sont de plusieurs ordres : • Un laboratoire opérationnel pour la culture in vitro à Madagascar ; • Une équipe opérationnelle composée de personnel scientifique et technique qui gère le laboratoire au quotidien ; • Des procédés de conservation, par le biais de la culture in vitro, des espèces ciblées, à l’échelle pilote ; • Une collection ex situ de plantes médicinales et des microorganismes associés ; • Un site Internet pour la diffusion des résultats aux communautés scientifiques nationale et internationale ; L’ensemble de ces résultats convergent au regard des éléments prioritaires d’une part de la politique de coopération belge et d’autre part de la politique du gouvernement malgache en terme de protection de la biodiversité et de l’environnement en général à Madagascar. En conclusion Par le transfert de connaissances scientifiques et de techniques de pointe, vitales aux pays non industrialisés, et par la sauvegarde des ressources végétales de l’île, principalement les plantes médicinales, le projet PIC « Biodiversité et Biotechnologie à Madagascar » s’insère bien dans la politique de développement durable de l’île. Au-delà de la conservation d’un patrimoine national, l’impact du projet, à long terme, pourrait permettre le maintien et l’amélioration des systèmes de soins de santé traditionnels. A l’heure actuelle, une infrastructure fonctionnelle est en place à l’IMRA. Une équipe de scientifiques et de techniciens anime le laboratoire. Le personnel a été formé à l’ULB et à l’UCL. Une collection comportant plusieurs espèces végétales sous forme de vitro-plants ainsi qu’une collection de microorganismes endophytes sont disponibles pour le pays et la communauté scientifique internationale. P R O J E T S P I C LES PROJETS INTERUNIVERSITAIRES CIBLÉS (PIC) SONT DES PROJETS DE RECHERCHE STRATÉGIQUE ET DE TRANSFERT DE CONNAISSANCES AU PROFIT DES POPULATIONS DANS LES PAYS DU SUD. LES PROJETS SONT D’UNE DURÉE DE TROIS À CINQ ANS. ACTUELLEMENT, 75 PROJETS SONT EN COURS DANS 25 PAYS DIFFÉRENTS. Biotechnologies et conservation des ressources génétiques Après la collecte sur le terrain, le matériel végétal est analysé et des individus-élites sont sélectionnés. Les techniques de culture in vitro permettent la multiplication et la conservation ex situ de nombreuses espèces cibles. Dans l’optique d’une gestion raisonnée et durable des ressources génétiques végétales, les vitro-plants peuvent être acclimatés et servir à alimenter les plantations en champs. Pour certaines espèces • La présentation des résultats de la recherche lors de congrès internationaux et dans des publications scientifiques (trois en préparation) ; • La réalisation, au sein de ce nouveau laboratoire, de six travaux de DEA sous la supervision des scientifiques formés à l’ULB et à l’UCL (Denis Randriamampionona et Éric Francisco Rakotoniriana) ; • La réalisation d’une thèse de doctorat (défense prévue en mai 2006) ; • Un colloque de clôture est prévu. cibles, des microorganismes endophytes peuvent êtres isolés, identifiés et conservés Remerciements : Je souhaite remercier toutes les personnes qui ont participé à l’élaboration du projet, particulièrement Mme Corinne Heus, alors chercheuse dans mon laboratoire et aussi ceux qui ont contribué significativement à la gestion administrative et logistique, particulièrement M. Jean-Pierre Dupont. échosud(10) 7 R É F O R M E D E B O L O G N E Le « LMD » s’impose en Afrique francophone : Un colloque a fait le point sur la question à Dakar, en juillet 2005 En 1998, la déclaration de la Sorbonne annonçait l’intention des ministres de l’enseignement d’Allemagne, de France, d’Italie et du Royaume-Uni d’« harmoniser l’architecture du système européen d’enseignement supérieur » et conviait les pays qui souhaitaient s’inscrire dans le mouvement à se retrouver à Bologne un an plus tard. Les partenaires du projet soutenu par l’AUF : de droite à gauche, Messieurs Abdel Hanine Belhaj, représentant Monsieur Kouam, Président de l’Université Chouaïb Doukkali de El Jadida, JeanÉmile Charlier, Professeur aux FUCaM, Coordinateur du projet, Jean-Louis Derouet, Professeur à l’Institut National de Recherche Pédagogique à Lyon, Jean Bernatchez, Chargé de Cours à l’École Nationale d’Administration Publique de l’Université du Québec et Abdou Karim Ndoye, Directeur de l’Enseignement et de la Réforme à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar Jean-Émile CHARLIER Professeur aux FUCaM, Groupe de Recherche Sociologie Action Sens (GReSAS), [email protected] 8 échosud(10) L’irrésistible processus de Bologne L’« oubli » de l’Afrique Signée en juin 1999 par 29 pays, la « déclaration de Bologne » a confirmé l’intention affichée à la Sorbonne en effaçant tous les termes susceptibles de fâcher, ce qui a conduit à expurger le texte de toute mention à une «harmonisation» qui aurait pu être interprétée comme l’expression d’un abandon de souveraineté. L’Afrique et une grande partie du monde arabe risquent d’être absents de cet espace mondial de l’enseignement supérieur. Le prestigieux programme Erasmus World a initialement exclu ces régions sous le prétexte que leurs universités n’ont pas atteint un stade de développement qui permettrait d’établir avec elles un rapport de partenariat. S’il les a finalement admises, leur place y reste marginale. La concertation, même si elle prend parfois des chemins tortueux, est constante entre l’Europe, l’Amérique, l’Asie et l’Océanie. Seule l’Afrique est à l’écart, ses représentants n’ont pas davantage été invités en 2003 à Berlin qu’à Bergen en 2005, et rien n’indique qu’ils seront conviés à Londres en 2007. En 2001, le sommet de Prague a pris acte des avancées du processus et a installé un groupe de suivi composé des représentants des états signataires et de la Commission ; les associations représentatives des universités, des écoles supérieures et des étudiants y ont obtenu une voix consultative. Les rapports de préparation de ce sommet ne cachent pas la surprise ravie de leurs rédacteurs devant l’absence d’opposition aux réformes en cours. Les initiateurs du processus de Bologne s’attendaient à une forte résistance des universités, au lieu de quoi, elles se sont précipitées pour s’ajuster à des critères qui réduisaient tant leur autonomie institutionnelle que la liberté académique de leurs professeurs. Les rencontres de Bologne et de Prague avaient été caractérisées par leur ouverture : un processus se lançait, qui devait enclencher une dynamique d’adhésion pour devenir irrésistible. À Berlin, en 2003, il était évident que cet objectif était atteint, l’adhésion simultanée de la Russie et du Saint-Siège en fournissait un symbole éclatant. L’heure était désormais à la clôture : seuls pourraient désormais rejoindre le processus les pays signataires de la Convention culturelle engagés à poursuivre les objectifs de Bologne. Le processus a alors affirmé son ambition, à Prague, il avait absorbé l’éducation tout au long de la vie – c’est-à-dire toutes les initiatives d’enseignement et de formation de la naissance à la mort – , à Berlin, il a décidé d’harmoniser les épreuves menant au doctorat, qui constituaient les derniers bastions des fiertés nationales. Très rapidement, le processus a essaimé sur d’autres continents. Dès le début des années ’90, le programme ErasmusECTS a été repris en Asie-Pacifique où il a inspiré les UCTS (University Mobility in Asia and the Pacific Credit Transfer System), parfaits équivalents des ECTS. Des échanges ont été entretenus avec l’essentiel des autres régions du monde, des observateurs d’Amérique latine ont été invités à participer aux travaux du sommet de Berlin dans la perspective d’ouvrir un espace commun à l’Europe et à l’Amérique latine pour l’enseignement supérieur, la recherche et la formation tout au long de la vie. En l’occurrence, l’attitude des pays européens impliqués en Afrique francophone confine au cynisme. La structure des études supérieures dans les pays africains francophones est restée très proche de celle de l’ancienne puissance coloniale parce que des relations privilégiées se sont maintenues, la circulation de professeurs et d’étudiants entre les deux continents ne s’est ralentie qu’aux pires moments de tension. Des professeurs européens ont continué à aller donner cours en Afrique, l’Europe est restée une destination de prédilection pour les étudiants africains désireux de faire des études de troisième cycle voire de réaliser un doctorat. Le parfait ajustement des systèmes et des critères des universités du Sud et du Nord est la condition de la fluidité de cette circulation, toute modification substantielle de la structure des études supérieures en Europe a donc nécessairement des répercussions profondes sur les institutions africaines. Pour cette raison, il eût été logique de leur assurer le même accès à l’information et la même représentation au comité de pilotage du processus de Bologne qu’à leurs homologues européennes. Tel ne fut pourtant pas le cas, le « LMD », pour Licence-Maîtrise-Doctorat, appellation hexagonale du processus de Bologne, est arrivé en Afrique comme un problème de plus, avec lequel les responsables locaux tentent de composer. Pourtant, le processus de Bologne a potentiellement de nombreux aspects positifs pour l’Afrique. Il fournit l’occasion de relancer le projet, énoncé à Arusha en 1981, d’ouvrir un espace universitaire africain à tous les étudiants du continent. Il donne la possibilité aux universités des pays africains de s’affranchir des liens historiques avec leur ancienne métropole : le jour où les cycles d’études supérieures deviendront universellement compatibles, les étudiants du Les partenaires invités par la Coopération Universitaire au Développement (CUD), Messieurs les Professeurs Célestin Hounkpe, Vice-Recteur chargé des Affaires académiques de l’Université d’Abomey-Calavi, François Housséni Tall, Vice-Président chargé de la Recherche et de la Coopération internationale de l’Université de Ouagadougou, Kaumba Lufunda, Recteur de l’Université de Lubumbashi, Mudogo Virima, Secrétaire Général Académique de l’Université de Kinshasa, Gérard Mudaheranwa, Coordinateur du Service de Pédagogie universitaire de l’Université Nationale du Rwanda et Domitien Nizigiyimana, Directeur académique de l’Université du Burundi Sud pourront choisir librement le pays du Nord dans lequel ils poursuivront leur curriculum et, de façon symétrique, les pays du Nord pourront cesser de préférer les liens avec leurs anciennes colonies. La question se pose donc de la pérennité des connivences entre les pays du Sud et du Nord unis par l’histoire complexe et ambiguë de la colonisation. Un projet de recherche a été introduit auprès de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) pour étudier cette question. Il fédère des partenaires français, marocain, québécois et sénégalais. Une de ses premières étapes était l’organisation d’un colloque à Dakar, du 11 au 15 juillet 2005, dont l’objectif était de faire le point sur la manière dont les universités africaines se préparent au « LMD ». Le colloque de Dakar La Coopération Universitaire au Développement (CUD) a accepté de soutenir l’organisation de ce premier colloque en dégageant les moyens qui ont permis d’y inviter les représentants des recteurs des universités d’Afrique noire avec lesquelles des conventions de coopération institutionnelles sont établies, c’est-à-dire les universités de Abomey-Calavi (Bénin), du Burundi, de Lubumbashi, de Kinshasa, de Ouagadougou et du Rwanda. De nombreuses rencontres ont été organisées depuis 2002 entre les différents organismes concernés (AUF, Conférence des Recteurs des Universités francophones d’Afrique et de l’Océan indien – CRUFAOCI, Conférence des Présidents d’Universités françaises – CPU, Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur – CAMES, Communauté monétaire de l’Afrique centrale – CEMAC), témoignant de l’urgence d’entreprendre les démarches nécessaires pour adapter le système éducatif africain à Bologne. Que l’initiative parte des autorités politiques, comme en Afrique centrale ou des recteurs, comme en Afrique occidentale, le diagnostic et les recommandations sont identiques, il s’agit d’adapter les universités à la nouvelle structure imposée par Bologne. Le séminaire qui s’est tenu à Dakar du 11 au 15 juillet visait à présenter un état du processus aujourd’hui et d’en montrer le caractère évolutif, afin d’ouvrir au maximum le champ des possibles aux partenaires africains. Puisque Bologne constitue désormais un horizon indiscutable, il s’agit d’identifier les mécanismes par lesquels les décisions qui y mènent se prennent pour que le processus puisse être approprié de façon efficace par les pays auquel il s’impose. Les témoignages entendus confirment que si les autorités académiques sont parfaitement conscientes des enjeux du LMD, une très grande partie du personnel, l’essentiel des étudiants et la presque totalité de la population ne savent rien des évolutions en cours et risquent de consumer inutilement leurs forces à y résister, plutôt que de les consacrer à s’efforcer de l’infléchir. Dans de nombreux pays, des opérateurs sont prêts à occuper les segments rentables du marché de la formation supérieure, des étudiants consacrent d’ores et déjà l’essentiel du montant de leur bourse, obtenue pour suivre les cours de l’université publique qu’ils désertent, à payer les frais d’inscription dans une université privée. Le processus de Bologne dévoile des faiblesses structurelles des universités africaines : la part de budget consacrée aux salaires ne laisse aucune marge de manœuvre aux autorités, les campus sont devenus ingérables, les conditions de vie des étudiants entassés à cinq ou six dans des chambres prévues pour une personne sont hallucinantes, les membres du personnel sont forcés de consacrer une part significative de leur temps à trouver des moyens pour survivre. La précarité des conditions de fonctionnement excuse par avance les erreurs, les approximations, les renoncements, elle interdit de stigmatiser les manquements et de valoriser l’excellence. Le passage aux logiques portées par Bologne ne sera réussi que si des moyens matériels significatifs sont libérés et si une révolution culturelle s’opère, qui conduit à accorder plus d’importance à la qualité des résultats obtenus qu’à la conformité des procédures mises en œuvre pour y arriver. El Jadida, mai 2006 Ce premier colloque, dont les actes seront bientôt publiés, se prolongera par un second, organisé par les mêmes partenaires du 23 au 25 mai à l’Université Chouaïb Doukkali à El Jadida. Le Maroc a fait basculer son système d’enseignement supérieur dans le LMD un an plus tôt que les pays européens. Le colloque veut contribuer à faire partager l’analyse des problèmes qui s’y sont posés et la présentation des solutions qui y ont été imaginées. Trois axes de travail ont été privilégiés : Assurance qualité et accréditation ; Mobilité, reconnaissance et diplômes conjoints ; Masters professionnels/Masters recherche et écoles doctorales. La méthode de travail sera la même que celle qui a été mise en œuvre l’an dernier à Dakar : il s’agira de repérer les multiples manières dont les prescriptions de Bologne peuvent être déclinées sans que leur esprit ne soit violé, afin d’accompagner les partenaires africains dans des appropriations qui les aident à mettre les universités au service de besoins locaux. échosud(10) 9 O U V E R T U R E L’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer vous ouvre ses portes Outil au service du développement, l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer œuvre, par le biais de collaborations scientifiques, à la promotion et à la connaissance scientifique des régions d’outre-mer. Danielle SWINNE Secrétaire perpétuelle de l’ARSOM [email protected] Historique C’est sous le nom d’« Institut Royal Colonial Belge » que l’Institution est fondée en 1928 et inaugurée en 1929 par le Ministre Henri Jaspar. Le territoire sur lequel s’exerçaient ses compétences se limitait alors exclusivement au Congo belge. En 1931, l’Institut acquiert une plus grande liberté d’action grâce à la personnalité civile qui suppose une existence autonome, la possession d’un patrimoine ainsi que la possibilité de recevoir des dons et des legs. Rebaptisé « Académie Royale des Sciences Coloniales » en 1954, l’Institut devient en 1959 l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer (ARSOM). Sa mission est altruiste: l’Académie se définit comme étant « au service des pays d’outre-mer ». Des membres aux quatre coins du pays et du monde L’ARSOM est la seule Académie fédérale et bilingue. Elle réunit en son sein des membres titulaires et associés, actifs outre-mer, originaires des quatre coins du pays. L’Académie, qui se veut proche des régions qui constituent l’objet de ses préoccupations, s’est adjoint une catégorie de membres dits correspondants. Ces membres de nationalité belge ou étrangère, résident outre-mer et constituent donc en quelque sorte des références locales qui contribuent au rayonnement international de l’Institution. Leur nombre équivaut à un tiers de la totalité des membres de l’Académie. Multidisciplinarité L’Académie a la particularité d’être multidisciplinaire puisqu’elle regroupe en trois classes des scientifiques belges et étrangers spécialisés en sciences humaines dites « morales et politiques » (Classe 1), en sciences naturelles et médicales (Classe 2) ainsi qu’en sciences appliquées dites « techniques » (Classe 3). C’est ainsi que des anthropologues, historiens, sociologues, linguistes ou encore des zoologistes, botanistes, géographes, médecins ou vétérinaires vont côtoyer ingénieurs civils et agronomes aux cours de séances de travail visant à organiser l’un ou l’autre congrès ou à débattre de l’un ou l’autre projet. Citons à titre d’exemple la Conférence internationale « Africa’s Great Rift : Diversity and Unity » qui, en septembre 2005, en collaboration avec une autre institution fédérale, le Musée Royal de l’Afrique Centrale, abordait des thèmes aussi variés que : « Geodiversity, Biodiversity, Human Epic and Cultural Diversity, Agriculture, From Village to Cyber-Space, Medical Perspectives, Geopolitics of Diversity in the Great Lakes Region ». Un programme d’activités international ouvert au public Clôture de la Conférence internationale « Hubs, Harbours and Deltas in Southeast Asia : Multidisciplinary and Intercultural Perspectives » (Phnom Penh, 6-8 février 2006), en présence des Prof. Jean Marchal et Yola Verhasselt, respectivement Président et Secrétaire perpétuelle honoraire de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer de Belgique, ainsi que du Prof. Moal Prum de l’Académie Royale du Cambodge 10 échosud(10) Si durant plusieurs décennies, les activités de l’ARSOM ont été essentiellement centrées sur l’Afrique, à laquelle elle reste traditionnellement attachée, ses centres d’intérêt se sont diversifiés ces dernières années et l’Académie a acquis un caractère international en nouant des relations avec un large éventail d’organismes scientifiques. Ainsi, des accords de coopération ont été conclus avec l’UNESCO, le « Koninklijk Instituut voor de Tropen » (Pays-Bas), l’« Instituto de Higiene e Medicina Tropical » et l’« Instituto de Investigação Científica Tropical » (Portugal), la « Third World Academy of Sciences » (Italie), la « Chinese Academy of Sciences » (Chine) et l’« Academia Nacional de Ciencias » (Bolivie) avec laquelle l’ARSOM organisa à La Paz (Bolivie), en 2001, un symposium international intitulé « Contribución al Conicimiento del Sistema del Lago Titicaca », suivi, en 2002, d’un second volet titré « Prioridades de Investigación Científica sobre Recursos Naturales Renovables para el Desarrollo Sostenible ». Des ouvrages couronnés L’Académie décerne en effet divers prix scientifiques. Chaque Classe met annuellement au concours deux questions sur les matières dont elle s’occupe. Les auteurs des ouvrages primés portent le nom de « Lauréat de l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer ». Toujours en Amérique latine, l’Académie organise, à la demande du Ministère des Affaires étrangères, deux symposia, l’un à Buenos Aires en 2001, le second à Bruxelles en 2002, tous deux centrés sur la « Belgian-Argentine Scientific and Technological Cooperation ». Plus récemment, en février 2006, se tournant cette fois vers l’Asie, l’ARSOM organise à Phnom Penh (Cambodge), avec la participation de l’Académie Royale du Cambodge, une conférence internationale intitulée « Hubs, Harbours and Deltas in Southeast Asia : Multidisciplinary and Intercultural Perspectives», où l’on traite de « Hubs, Harbours and Deltas and Regional Economic Integration », « Historical, Cultural and Linguistic Issues », « Agricultural and Aquacultural Potential in Delta Areas », « Environment » and « Public Health ». Les « séances de Classe » En parallèle à ces manifestations extraordinaires, ouvertes au public, se tiennent chaque mois des « séances de Classe » réservées aux membres, au cours desquelles des communications sont présentées, soit par des membres, soit par des orateurs invités. Les textes des exposés sont publiés dans le Bulletin des Séances, moyennant approbation de la Classe concernée. Les Commissions Des Commissions, constituées de manière permanente, regroupent certains membres par centre d’intérêt. Citons la Commission de la Biographie belge d’Outre-Mer, chargée de la publication d’un ensemble de recueils de notices biographiques consacrées à des Belges ou des étrangers ayant œuvré outre-mer et ayant contribué au renom de la Belgique, ainsi que le Comité belge Fontes Historiae Africanae chargé de la publication d’ouvrages à caractère historique sur l’Afrique. D’autres commissions telles la Commission Environnement et Développement et la Commission Stratégies et Développement abordent les grandes interrogations du monde contemporain, entre autres, le développement durable, la pauvreté, la désertification, l’urbanisation, les forêts tropicales ou encore la nutrition. Actes et Mémoires : les publications Outre les publications dont il est fait mention ci-dessus, l’Académie publie des Actes et des Mémoires. Les Actes résultent de l’organisation d’activités publiques tels les colloques, congrès et conférences. Quant aux Mémoires, ce sont des monographies parmi lesquelles on retrouve notamment les travaux couronnés dans le cadre d’un concours annuel ou par un des prix de l’Académie. Jean-Daniel Mbega, lauréat du Prix Jean-Jacques et Berthe Symoens de Limnologie tropicale 2005, et Ann Verdoodt, lauréate du Concours annuel 2005 Le prix Lucien Cahen est destiné à récompenser l’auteur d’un mémoire de haute valeur scientifique sur un sujet relevant des sciences géologiques de l’outre-mer, le prix Jean-Jacques et Berthe Symoens est attribué à un travail portant sur la limnologie tropicale et le prix Fernand Suykens va à un ouvrage consacré à l’économie, à la gestion ou à la technique portuaire dans les pays en développement. Le Fonds Floribert Jurion a pour objet de contribuer à la formation des futurs agronomes ou médecins vétérinaires en facilitant un stage dans les pays du Tiers-Monde. Les bourses sont attribuées chaque année sur base de projets. Enfin, d’ici 2007, l’Académie décernera un prix de géographie tropicale Yola Verhasselt sous forme d’une bourse de voyage destinée à financer un séjour outre-mer. Témoignages du passé, références pour l’avenir L’Académie dispose d’un Centre de Documentation. On y trouve des ouvrages et des périodiques concernant les principales régions d’outre-mer. Ses collections, qui sont le fruit de plusieurs dizaines d’années d’échanges avec plus de 150 institutions belges et étrangères, constituent des témoignages du passé, des références pour l’avenir. Le Centre de Documentation de l’ARSOM est accessible au public sur rendezvous : tél. : +32 (0)2 538 02 11 +32 (0)2 538 47 72 [email protected] Pour en savoir plus : www.kaowarsom.be échosud(10) 11 É T U D I A N T S S U R L E T E R R A I N - B O U R S E D E V O Y A G E Le trafic d’organes d’origine humaine au Mexique Le trafic d’organes d’origine humaine constitue une forme de traite des êtres humains. Il constitue une violation grave des droits fondamentaux de l’Homme puisqu’il touche à son intégrité physique. Deux formes de trafic d’organes peuvent être distinguées. D’une part, le trafic d’êtres humains à des fins de prélèvement d’organes et d’autre part, l’achat d’organes à des donneurs dans des pays en voie de développement. É T U D I A N T S L E S U R T E R R A I N LA CUD OFFRE DES BOURSES À DES ÉTUDIANTS INSCRITS DANS LES UNIVERSITÉS FRANCOPHONES DE BELGIQUE : Actuellement, les transplantations d’organes et de tissus d’origine humaine se multiplient. Un besoin énorme en organes est constaté et la demande dépasse largement l’offre. Pour remédier à cette pénurie, les « nantis » s’approvisionnent dans les pays « pauvres », afin de se procurer à prix réduit l’organe dont ils ont besoin et d’assurer ainsi leur transplantation. des organes a été constaté. Des monuments ont été érigés à la mémoire des victimes longtemps ignorées par les responsables politiques. DANS LA CADRE DE TRAVAUX DE FIN D'ÉTUDES EN RELATION AVEC UNE PROBLÉMATIQUE DU DÉVELOPPEMENT, UNE CENTAINE D'ÉTUDIUANTS BÉNÉFICIENT, CHAQUE ANNÉE, D'UNE TELLE BOURSE. NOUS LEUR DONNONS LA PAROLE ICI. De nombreuses organisations criminelles se sont spécialisées dans ce domaine lucratif. Elles ont recours à des pratiques telles que l‘exploitation de personnes vulnérables ou l‘usage de la force et de la menace. Le corps humain est considéré comme un énorme « dépôt de pièces de rechange » ; les organes, la peau, les substances et les tissus humains sont devenus des « marchandises » à très forte valeur ajoutée. Le trafic illégal augmente constamment mais des statistiques exactes sur ce trafic n’existent pas. Dans le cadre de mon séminaire en droit pénal, j’ai traité la situation d’une part au niveau européen, et d’autre part au niveau international. J’ai constaté rapidement que le trafic illégal d’organes concerne avant tout les pays pauvres. Afin de vérifier et de concrétiser mes acquis théoriques, j’ai choisi le Mexique comme cas d’application et j’ai entrepris le voyage grâce à l’obtention d’une bourse de la CUD. J’ai participé aux cours organisés par la Faculté de droit du Tecnológico de Monterrey, dans l’état de Nuevo Léon au Mexique. J’y ai avant tout suivi des cours de droit pénal, de droit de la procédure pénale et de droit public afin de comprendre la structure du pays et ses différentes institutions et instances responsables. Il s’agissait aussi pour moi de cerner les comportements criminalisés et de comprendre la manière dont le système fonctionne pour protéger la société. J’ai ainsi pu constater que si les textes législatifs ne sont pas mal développés, dans la pratique, on ne retrouve guère cette base théorique alors que la corruption règne dans beaucoup de domaines. J’ai largement sillonné le pays et j’ai pu ainsi constater une grande différence entre le nord et le sud du pays. La grande pauvreté du sud Mexique m’a permis de comprendre comment l’extrême précarité peut pousser des femmes et des hommes à poser des actes portant atteinte à leur intégrité physique. Au nord, les gens sont plus riches, notamment en raison de la proximité des États-Unis. Le campus du Tecnológico de Monterrey Aline ÉTIENNE (UCL) [email protected] 12 échosud(10) J’ai été d’autant plus choquée en apprenant, à l’issue d’un séjour dans l’état de Chihuahua, l’histoire atroce de la disparition d’une centaine de femmes, retrouvées assassinées dans le désert. Les autorités du pays ont aujourd’hui pris connaissance des ces massacres pour lesquels l’enlèvement Si, à l’heure actuelle, on a bien pris conscience de la problématique, aucune solution n’est encore envisageable. La dépendance du Mexique vis-à-vis des États-Unis, remarquable dans pratiquement tous les domaines de l’économie, de la vie sociale, etc., empêche de soulever trop de questions. L’insuffisance des systèmes législatif et politique mexicains face au problème du trafic d’organes interpelle la communauté internationale et la pousse à intervenir. Continuer les recherches, poursuivre sévèrement les auteurs et essayer de prévenir un tel trafic est une nécessité. Cela peut paraître utopique mais ne pas agir et laisser faire n’est pas non plus une solution acceptable. N O U V E L L E S & P U B L I C A T I O N S Défense de thèse Dans le cadre du projet PIC intitulé « Développement d’une activité d’enseignement et de recherche en mathématiques appliquées (modélisation mathématique, optimisation et commande de systèmes) au sein de la Faculté des Sciences de l’Université Chouaib Doukkali à El Jadida », Maroc, coordonné par le Prof. Vincent Wertz (UCL) et Elarbi Achhab (Université Chouaïb Doukkali, El Jadida), FEMMES ET DÉVELOPPEMENT : RAPPORT D’ACTIVITÉS 2004 La Commission Femmes et Développement (CFD), commission d’avis auprès du Ministre de la Coopération au développement a publié son rapport d’activités 2004. Le document, de même que de nombreuses autres ressources, sont disponibles au téléchargement à partir des pages Internet de la Commission http://www.dgdc.be/fr/themes/gender/cfd.html Monsieur Ilyasse AKSIKAS, a défendu sa thèse le 7 décembre 2005 à l’UCL. La dissertation originale avait pour titre « Analysis and LQOptimal Control of Infinite-Dimensional Semilinear Systems. Application to a Plug Flow Reactor » Promoteur : Prof. Denis DOCHAIN, UCL, Département des sciences des matériaux et des procédés. Publications LES ESSENTIELS DU GENRE Le Monde selon les Femmes lance une nouvelle collection de documents sur le genre intitulée « Les essentiels du genre ». Une série de carnets illustrés, didactiques et agréables à parcourir ! Les essentiels du genre 01 : Concepts de base Cahier pratique contenant des textes de base pour cerner ce qu’on entend par l’approche genre. Les essentiels du genre 02 : Outils de l’approche genre Cahier pratique contenant des outils pour appliquer l’approche genre. Des outils d’analyse pratiques : le cadre de Harvard (le profil d’activités ou les 3 rôles; l’accès et contrôle des ressources; les facteurs d’influence), les 5 domaines (Sarah Longwe), l’analyse socio-économique selon le genre (ASEG); les indicateurs sexo-spécifiques (PNUD), le Gender Budgeting. Les essentiels du genre 03 : ONG : Stratégies - changement Recherche-action menée parmi les ONG belges pour définir quels positionnements celles-ci ont par rapport à l’approche genre et dresser des pistes pour une meilleure prise en compte du genre dans leur travail. Les essentiels du genre Fiche thématique I : Genre et droits reproductifs et sexuels La perspective de genre permet également de clarifier les impacts sur la santé des hommes et des femmes. En matière de santé, il est important de comprendre les causes des différences et des inégalités entre les hommes et les femmes. Ce sont celles-ci qui, souvent, vont être déterminantes pour la réussite ou non de programmes de santé. En dehors des avantages sanitaires, cela soulève des questions éthiques, telles que l’accès à l’avortement ou la procréation assistée, et remet en question les hiérarchies du système de santé. Les essentiels peuvent être commandés en ligne sur le site web www.mondedefemmes.org ou par téléphone au +32 (0)2 223 05 12 DANS LE CADRE DU PROGRAMME PIC Dans le cadre du projet « Recherche et formation en développement rural », Cambodge, coordonné par le Prof. Philippe Lebailly (FUSAGx) et Chan Nareth (Université royale d’Agriculture, Phnom Penh) : Le monde rural dans la plaine centrale du Cambodge. Analyse comparative à partir de cinq communes J.-Chr. DIEPART et al. Presses agronomiques de Gembloux, 2005. COLLECTION « ESPACE AFRIQUE » Fruit d’une étude conduite depuis plusieurs années par une équipe de chercheurs du Pôle liégeois des Sociétés urbaines en Développement (PôLE-SuD), dirigée par le Prof. Marc Poncelet (ULg), la collection « Espace Afrique » s’enrichit d’un cinquième numéro : Les organisations non gouvernementales en villes africaines. Études de cas à Cotonou (Bénin) et à Lubumbashi (RDC) M. PONCELET, G. Pirotte, E. SINDAYIHEBURA & G. STANGHERLIN. Collection « Espace Afrique », 5. Academia Bruylant, 2006. À la fin du siècle dernier, des changements se produisirent au sein des villes africaines, fournissant un terrain sociologiquement propice à la naissance de nombreuses ONG locales. La libéralisation politique et économique, les politiques de décentralisation ainsi que les nouvelles orientations des politiques de coopération en quête de nouveaux partenaires ont fourni un cadre inédit de redéfinition de l’action collective favorisant la constitution de nouveaux acteurs. Ces ONG ont connu des destins très divers, mais les plus robustes d’entre-elles constituent aujourd’hui la fraction la plus active de ce qu’il est désormais convenu d’appeler Société civile. Celle-ci occupe aujourd’hui une fraction non négligeable des classes moyennes, intervient partout sous diverses formes et est encouragée par les grands partenaires du développement du Nord. Jusqu’ici, peu de recherches ont tenté d’analyser objectivement ces ONG africaines le plus souvent encensées par les uns et disqualifiées a priori par les autres. Ce livre poursuit donc un objectif principal: établir une «photographie» des ONG de deux tissus associatifs africains (Cotonu et Lubumbashi), de leur genèse et de leur mode de fonctionnement en dressant une typologie. Il propose enfin quelques mises en garde et quelques pistes d’analyse de l’action collective et de l’action en matière de développement. échosud(10) 13 COOPÉRATION UNIVERSITAIRE INSTITUTIONNELLE La Maîtrise européenne en Mécanique des Constructions en voie de « vietnamisation » L’European Master in Mechanics of Constructions (Maîtrise européenne en Mécanique des Constructions - EMMC) constitue la suite d’un Projet d’Initiative propre (PIP) dont la pertinence a été reconnue par une mission d’évaluation conjointe AGCD-CUD menée en avril 1998. NGUYEN-DANG HUNG Professeur à l’ULg Institut de Mécanique et Génie civil [email protected] L’objectif initial du programme consite à offrir aux chercheurs, assistants et ingénieurs des entreprises du Vietnam une formation d’envergure internationale, complète et de niveau DEA-DES avec un contrôle qualitatif, à l’entrée comme à la sortie, destiné à garantir à la formation son haut niveau. Le choix de l’Université polytechnique de Ho Chi Minh Ville a été dicté par un long historique de coopération entretenu à travers plusieurs petits projets qui ont démarré dès 1990 et financés par divers organismes nationaux et internationaux (ULg, CGRI, FICU-AUPELF-UREF,…). La formation délocalisée : pourquoi ? La formule de formation internationale sur place a des avantages indéniables. Du point de vue économique, elle est peu coûteuse. Du point de vue social, elle permet d’éviter les méfaits de l’exode de la matière grise vers les pays développés. Enfin, du point de vue pratique, elle rend plus efficace l’intervention de la recherche scientifique universitaire dans les problèmes techniques et économiques concrets des pays en développement. Le programme en actions Les actions annuelles du programme peuvent être résumées de la façon suivante : Le Recteur de l’ULg, Bernard Rentier, et le promoteur, lors de la remise des diplômes aux étudiants de la promotion EMMC-2 14 échosud(10) • Organiser huit missions d’enseignement Nord-Sud dans le cadre du programme de DEA-DES bien défini d’une durée de deux ans dont une réalisée par le responsable principal ; • Attribuer des bourses locales d’encouragement à l’apprentissage du français ; • Attribuer des bourses de doctorat locales aux meilleurs étudiants issus de la formation de DEA-DES ; • Accueillir trois stagiaires vietnamiens, étudiants du programme EMMC, pour une durée de trois mois dans les universités belges afin de les aider à perfectionner leur connaissance du français et, surtout, afin de préparer leur mémoire de DEA-DES ; • Recevoir en Belgique les meilleurs étudiants vietnamiens diplômés des années précédentes (2 par an) dans le cadre d’un stage de six mois en vue de la préparation de leur thèse de doctorat, réalisée selon un régime de co-tutelle CIUF/UPH ; • Renforcer les moyens d’enseignement et de recherche du Centre d’excellence belgo-vietnamien à Ho Chi Minh Ville en finançant des biens d’équipement supplémentaires (matériels et logiciels d’informatique et de modélisation en mécanique, livres scientifiques) et, dans une moindre mesure, des équipements d’essai, particulièrement utiles pour les nouveaux doctorants. Bilan actuel À ce jour, 10 promotions ont terminé leur formation ; une est en train de l’achever. Près de 400 étudiants ont suivi les cours donnés annuellement par les professeurs visiteurs venant de toutes les institutions universitaires francophones de Belgique : UCL, ULB, ULg, FPMs, FUNDP. Plus de 200 ont été ou sont sur le point d’être diplômés par l’Université de Liège. Les anciens étudiants, qui sont par ailleurs organisés en un club(1), occupent actuellement des fonctions importantes dans toutes les universités vietnamiennes, du Nord au Sud du pays (professeurs, assistants, chercheurs, à Ho Chi Minh et Ha Noi), dans les administrations des sciences et techniques et dans les entreprises vietnamiennes. Après 11 ans d’existence, ce programme de coopération est devenu une institution réputée au Vietnam. Plus de 200 articles de la presse vietnamienne et étrangère ont loué le sérieux et la qualité de la formation. Vingt pourcents des diplômés ont décroché par la suite une bourse de doctorat leur permettant de poursuivre leur cursus de par le monde industrialisé. Ces résultats concrets sont visibles. La liste des diplômés, les piles de mémoires de fin d’études rédigés en langue étrangère par les étudiants, les logiciels de calcul de haute performance, les cassettes vidéo des journées de proclamation des résultats d’examen, des journées d’ouverture, les actes des colloques, les images illustrées de la presse seront réunies dans un rapport final édité prochainement. Coupures de la presse vietnamienne mettant à l’honneur le programme EMMC P R O J E T C U I LA COOPÉRATION UNIVERSITAIRE INSTITUTIONNELLE (CUI) A POUR OBJECTIF DE RENFORCER LES L’avenir COMPÉTENCES ACADÉMIQUES PROPRES D’UN NOMBRE LIMITÉ Depuis 2004 le programme s’est lancé sur la voie de la « vietnamisation ». Les partenaires vietnamiens (Université nationale du Vietnam et Université polytechnique de Ho Chi Minh Ville), forts des jeunes recrues formées par l’EMMC, désirent maintenir cette formation avec l’aide de l’Université de Liège. Une convention a été signée qui précise que « Les institutions signataires collaborent aux activités du programme [et] peuvent faire appel à des enseignants d’autres Institutions universitaires [...] qui acceptent de participer au programme » D’INSTITUTIONS UNIVERSITAIRES SITUÉES DANS DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT. LA CUI ENTEND AINSI APPUYER LES PARTENAIRES DU SUD DANS LES DIFFÉRENTES DIMENSIONS QUI CARACTÉRISENT L’UNIVERSITÉ (ACADÉMIQUES, SCIENTIFIQUES ET ADMINISTRATIVES) MAIS Depuis lors, un nouveau projet intitulé « Coopération en matière de formation de Doctorat en Sciences Appliquées ‘en partenariat‘ (avec le financement national du Vietnam) » a vu le jour dans le cadre duquel le Ministère de l’Éducation du Vietnam a confié à l’Université de Liège et ses dix universités européennes partenaires le soin de former en 12 ans 50 nouveaux docteurs en sciences appliquées. Pour en savoir plus : http://vesta.ltas.ulg.ac.be/Webasia/EMMC/index.htm AUSSI DANS LES SERVICES QU’ELLE REND À LA SOCIÉTÉ. (1) Une liste complète est disponible au bureau du EMMC. échosud(10) 15 ÉVÉNEMENT La Commission universitaire pour le Développement (CUD) est une Commission permanente du Con- Le Goûter de Noël des boursiers de la CUD seil interuniversitaire de la Communauté française de Belgique (CIUF). Le CIUF est un organisme d’intérêt public (Décret de la Communauté française de Belgique du 3 avril 1980, remplacé par le Décret du 9 janvier 2003) regroupant l’ensemble des 9 universités et facultés universitaires de la Communauté française de Belgique. Il a pour missions principales de : remettre des avis sur toute matière relative à l’enseignement universitaire ; d’organiser la concertation entre les institutions universitaires ainsi que vis-à-vis des étudiants et des autres institutions d’enseignement supérieur ; de promouvoir les collaborations interuniversitaires et interfacultaires ; d’assurer la représentation des ins titutions de l’enseignement universitaire de la Communauté française au sein de diverses instances nationales ou internationales. Pour en savoir plus : www.ciuf.cfwb.be Échosud Cette publication trimestrielle est gratuite. Si vous souhaitez continuer à recevoir les numéros suivants, il vous suffit de nous écrire auprès de Hassna SAIFI : [email protected] Cette publication est rendue possible grâce au soutien financier du Ministre de la Coopération au Développement du Royaume de Belgique et de la Direction générale de Coopération au Développement du Service public fédéral des Affaires étrangères du Royaume de Belgique. Éditeur responsable : Monique GOYENS Rédaction & mise en page : Benjamin STEWART [email protected] Commission universitaire pour le Développement, 72-74, rue de Namur B-1000 Bruxelles ISSN 1780-1605 Échosud est imprimé sur du papier non chloré. © CUD, 2006 Le vendredi 16 décembre 2005, la CUD a organisé, pour la première fois, un goûter de Noël qui a rassemblé les boursiers, tous programmes confondus, de la CUD. L’initiative visait à permettre aux boursiers, éparpillés à travers les différents sites universitaires, de se retrouver à l’occasion d’une rencontre informelle et de rencontrer les promoteurs, les responsables des boursiers dans les universités, les membres de la CUD et de son secrétariat. Cette rencontre, qui s’est déroulée en l’Espace Senghor à Gembloux, a rassemblé plus de 200 personnes et a donné lieu à de nombreux échanges autour du sapin de Noël, avant la trêve… et le blocus.