L`eau, à boire… et à manger - Crédit Agricole Toulouse 31

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L`eau, à boire… et à manger - Crédit Agricole Toulouse 31
n° 2 / 2012
www.credit-agricole.fr
L’eau, à boire… et
à manger
Le changement climatique modifie le cycle de
l’eau. Le stockage de la ressource et le pilotage de l’irrigation permettent de déjouer les
aléas et de sécuriser la production, au bénéfice des producteurs et des consommateurs.
L
’eau est le premier constituant de l’Homme. C’est
aussi le premier constituant
des aliments que nous ingérons,
bruts ou transformés : l’eau n’est
pas seulement capitale en tant
que boisson, elle l’est également
pour la production de nos denrées alimentaires. La consommation d’eau dans le cadre des activités agricoles mériterait un autre
regard que celui qui consiste trop
souvent à stigmatiser son usage
pour abreuver les troupeaux, irriguer les vergers et, toutes proportions gardées, les céréales.
Optimiser l’irrigation
En France, ce sont les précipitations qui couvrent les besoins
de l’agriculture. L’irrigation ne
concerne que 5 à 6 % de la
surface agricole utile, un chiffre
stable depuis 15 ans. Au niveau
mondial, la part des surfaces
irriguées s’établit à 17 %. Ces
17 % de surfaces irriguées assurent 40 % de la production.
Et si l’on en croit la FAO (Food
and Agriculture Organization),
l’accroissement de la production céréalière attendu dans les
30 prochaines années ne sera
garanti que par un plus large
recours à l’irrigation. La France
dispose, quant à elle, d’importantes réserves et, tous usa-
gers confondus – agriculture,
industrie, particuliers –, nous
ne prélevons que l’équivalent
de 3 % des précipitations. Cependant, les changements climatiques se traduisent par des
changements de cycle de l’eau,
accentuant les décalages entre
les précipitations et les besoins
des cultures. Une distorsion
préjudiciable à l’équilibre et
à la régularité des niveaux de
production agricole. Sécuriser
la production agricole, c’est assurer l’approvisionnement des
industries
agroalimentaires,
garantir l’accès à l’alimentation au plus grand nombre
et au meilleur coût, sécuriser
les revenus des producteurs
et leur donner de la visibilité
sur le moyen et le long terme.
L’irrigation maîtrisée est, par
conséquent, un service rendu à
la société dans son ensemble.
Miser sur l’innovation
En France, au cours des 20 dernières années, un tiers de l’eau
utilisée pour l’irrigation a été
économisée. Ce constat résulte
de plusieurs facteurs, tels que :
l l’amélioration génétique,
l la mise en œuvre de nouvelles
pratiques agronomiques (variétés, dates de semis),
l le développement d’outils d’aide
à la décision permettant d’affiner
les besoins en eau des cultures
et le pilotage de l’irrigation,
l l’innovation dans le domaine
du matériel et des techniques
d’irrigation (canon enrouleur intelligent, goutte à goutte aérien
et enterré),
l la réduction des pertes au sein
des réseaux…
Dans chacun de ces domaines,
des progrès significatifs peuvent
encore être escomptés. S’il est
impossible d’influer sur le climat,
le stockage de l’eau de pluie au
sein de retenues collinaires est
une solution éprouvée de lon-
gue date. Les retenues d’eau ne
génèrent aucune compétition
entre les différentes catégories
d’usagers. De plus, elles servent
également les collectivités, autrement dit l’ensemble des citoyens.
En mars dernier, un projet de
décret était annoncé pour faire
passer du régime de l’autorisation à la déclaration les projets
de retenues de substitution de
moins de 350 000 m3. Cette disposition, qui supprimerait l’étude
d’impact, ainsi que l’enquête
publique, limiterait les risques de
recours, qui bloquent aujourd’hui
de nombreux projets. n
Les techniques d’irrigation en France
Le canon enrouleur est l’équipement plébiscité par les irrigants. Il
couvre environ 55 % du 1,5 million d’hectares irrigués en France. Au
début des années 2000, l’arrosage par canon concernait 70 % des
surfaces irriguées. Le recul s’opère principalement au bénéfice des pivots et rampes frontales, qui couvrent aujourd’hui 35 % des surfaces,
contre 15 à 20 % il y a 10 ans. L’irrigation localisée (goutte à goutte,
micro-jet, micro-asperseurs et mini-asperseurs) se situe aux alentours
de 5 %. La couverture intégrale, en retrait elle aussi, se situerait autour de quelques points, tout comme l’irrigation gravitaire, toujours en
usage dans quelques secteurs. Dernière technique en pointe : le goutte
à goutte enterré, qui renforce l’efficience de l’eau et de la fertilisation.
la lettre
du Crédit Agricole
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EN BREF
L’excédent
agroalimentaire
français en hausse
Il s’est établi à 11,6 milliards
d’euros en 2011, en hausse de
45 % par rapport à 2010, selon
la statistique agricole Agreste.
La performance enregistrée en
2011 met ainsi fin à une tendance
baissière enregistrée depuis le
début des années 2000.
Ce résultat s’explique par le
dynamisme des exportations alors
que, dans le même temps,
les importations sont restées
stables. Près de 40 % de l’excédent
sont le fait des produits agricoles
bruts contre un peu plus de
60 % pour les produits transformés.
La croissance de l’excédent
s’explique pour les deux tiers
par une progression des volumes
exportés, pour la deuxième année
consécutive, et pour un tiers
par l’augmentation des prix des
produits agricoles, céréales en tête.
Vins, animaux, viandes
et produits laitiers ont aussi
alimenté l’excédent.
la lettre
du Crédit Agricole
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Rédaction :
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Secrétaire de rédaction :
Véronique Péron
Assistante de la rédaction :
Céline Minot
Dépôt légal : juin 2012
Calendrier et budget serrés
pour la future PAC
Gouvernants et responsables européens disposent de moins de
deux ans pour définir la nouvelle politique agricole commune.
Elle couvrira la période 2014-2020, soit sept campagnes.
À
moins de deux ans de
son entrée en application, de nombreuses incertitudes pèsent sur la nouvelle
politique agricole commune, à
commencer par le respect du
calendrier. La première question
concerne le budget global alloué à la PAC.
Un retard possible
Dans ses propositions législatives, la Commission européenne
maintient le budget global de
l’agriculture à 435,6 milliards
d’euros (Msd €) pour la période
2014-2020. Le premier pilier,
dédié aux paiements directs et
aux dépenses de marchés, serait
crédité de 317,2 Mds €, contre
101,2 Mds € pour le second pilier, consacré au développement
rural. Le solde de 17,2 Mds €
sert notamment la recherche
et l’innovation, la sécurité alimentaire, ainsi que des fonds
de crise et d’ajustement à la
mondialisation. Néanmoins, ce
budget maintenu dépend de la
négociation globale sur le futur
budget de l’UE et cette négociation budgétaire n’avance pas.
De plus, en vertu du traité de
Lisbonne de décembre 2007,
la réforme de la PAC va inaugurer une nouvelle procédure
la lettre
du Crédit Agricole
institutionnelle, accordant autant de pouvoir au Parlement,
c’est-à-dire aux députés, qu’au
Conseil des ministres et de
gouvernement. S’il est trop tôt
pour l’affirmer, un report d’un
an de l’entrée en application
de la nouvelle PAC n’est pas à
exclure.
En ce qui concerne les paiements directs (pilier 1), le processus de convergence des
aides entre États membres, qui
prendra fin en 2017, se traduit
par une diminution annuelle
de 1,5 % du budget alloué à la
France. Les montants des aides
nationales pour le pilier 2 ne
sont pas encore connus. Une
dose de flexibilité entre les deux
piliers sera laissée à l’appréciation des États membres.
La convergence des aides, entre
les différents États membres
d’une part, et entre agriculteurs
de chaque État d’autre part,
est une volonté affichée par la
Commission dans son projet
de réforme. Un meilleur ciblage
des aides, consistant notamment à les réserver aux agriculteurs actifs, est également
pointé. L’attribution des aides
sera con­ditionnée à de nouvelles
obligations visant à renforcer la
protection de l’environnement et
à promouvoir les modes de production durable.
Consensus difficile
Concernant la gestion des marchés, la Commission projette de
renforcer les outils de gestion de
crise. Dans l’état actuel du projet de réforme, les années des
quotas laitiers et sucriers sont
comptées, ainsi que les droits de
plantations viticoles. L’ensemble
des propositions ne fait évidemment pas consensus au sein des
27 États membres. Le début des
négociations est imminent. n
La PAC a 50 ans
En cette année 2012, la politique agricole commune célèbre ses 50 ans
d’existence. C’est en effet en 1962 que la PAC entre en application. Ses
bases sont posées dès 1957, dans le cadre du traité de Rome qui engendre la création de la Communauté économique européenne (CEE),
réunissant l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et
les Pays-Bas. La PAC évoluera au gré des mutations de l’agriculture, du
périmètre de la CEE puis de l’Union européenne et de la géopolitique
mondiale, avec quelques dates charnières comme 1992 (baisse des prix
garantis) et 2003 (découplage des aides). Souvent décriée, la PAC n’en
demeure pas moins un cas unique de gouvernance commune en Europe, inexistante en matière d’éducation, de santé ou encore de défense.
n° 2 / 2011
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