L`APPEL de SCHIRMECK du 7 avril 2007 lors de la 2e journée

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L`APPEL de SCHIRMECK du 7 avril 2007 lors de la 2e journée
L’APPEL de SCHIRMECK
du 7 avril 2007
e
lors de la 2 journée « HOMMAGE à nos PÈRES »
Notre appel sera transmis dans son intégralité aux présidents des C.G. des 67, 68, 57 et du C.R. d'Alsace
et de Lorraine, au président de la République, ce dernier nous ayant fait parvenir deux courriers
d'encouragement.
Nous l’adresserons aussi au Premier ministre et au ministre des Anciens Combattants pour des raisons
fort distinctes.
Nous remercions les présidents des C.G. et C.R. Philippe RICHERT, Charles BUTTNER, Adrien
ZELLER et Philippe LEROY, le député Alain FERRY, président du Syndicat mixte du Mémorial et M.
Frédéric BIERRY, maire de Schirmeck, pour le soutien annoncé le 28 novembre dernier par M. Alphonse
TROESTLER pour l’Alsace et M. Pierre KUGLER pour la Moselle, à la mairie de HANDSCHUHEIM,
lors d’une réunion OPMNAM-AMAM sous le haut patronage de M. Daniel HOEFFEL, maire et ancien
ministre, pour l’adoption de notre projet d’un « MUR des NOMS », devenu commun avec l’AMAM,
l’ADEIF et d’autres associations en 2006.
Nous constatons avec satisfaction que la dynamique du « MUR des NOMS », projet moult fois présenté
depuis 1998 des deux côtés du Rhin et en Alsace-Moselle, prévu le long des allées d’accès au Mémorial
et le RECENSEMENT auprès des états civils des mairies des victimes de la Seconde Guerre mondiale
« morts pour la France» - dont le contingent le plus important sera composé par les 40.000 « MalgréNous » incorporés de force dans l’armée allemande, est sur de bons rails.
Deux chargés de mission, Pierre KUGLER pour la Moselle, nommé en avril 2006, et Christophe HEITZ
tout récemment pour l’Alsace, chacun avec un budget spécifique, mais pour un but commun, auront à
cœur, avec leurs assemblées territoriales, de faire avancer ces projets dès cette année.
C’est pour nous, Orphelins des « Malgré-Nous » abandonnés, laissés sans lieu de recueillement, une
grande satisfaction après des années de doutes, que ce lieu de « Mur des Noms » complémentaire au
Mémorial, rassemblant les victimes dont nos pères sous le nom de leurs communes d’appartenance, voit
enfin le jour, nous l’espérons fortement à l’horizon 2009 /2010.
Ainsi pourrons-nous, avec les Veuves, les anciens « Malgré-Nous », leurs camarades, leurs frères, nous
recueillir, espérons-le, comme le souhaite nombre d’entre-nous, avant de rejoindre l’au-delà.
Ce sera aussi le témoignage pour les jeunes générations, nos enfants et petits-enfants…, très assidus avec
leurs professeurs d’Histoire à visiter le Mémorial, de l’existence et du sacrifice d’une génération pas si
lointaine.
Cette réunion fut aussi l’occasion d’un débat sous le haut
patronage du général Jean-Paul BAILLIARD, président de
l’ADEIF du Bas-Rhin, inlassable défenseur comme Marcel
SPISSER, président de l’AMAM et Mme Mireille HINCKER,
du Souvenir français, de la mémoire alsacienne et mosellane en
générale et, plus particulièrement, du destin tragique des
« Malgré –Nous », expression communément admise dès la
Première Guerre mondiale, même si elle ne révèle pas toute
l’étendue du drame des incorporés de force de 42-45 et la
situation très différente entre les deux conflits.
Ci-contre : le général Jean-Paul Bailliard.
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Ce débat porta sur le statut de « Déportés militaires ».
Après guerre, par l’ordonnance du 13 mars 1945 et le décret du 26 novembre 1946 (copies mises à
disposition des participants par Gérard MICHEL, les incorporés de force dans l’armée allemande avaient
obtenu du Gouvernement provisoire, au même titre que les déportés ou internés politiques ou résistants,
le statut des « Déportés militaires », une reconnaissance par la Nation avec les mêmes avantages que les
déportés politiques, comme la Carte du Combattant, les pensions militaires, les pensions d’invalidité ou
de retraite, la mention « morts pour la France », la restitution des corps identifiés, l’indemnisation pour
les pertes des biens liées à la déportation dans l’armée ennemie et les pensions et indemnités dues aux
ascendants ou aux autres ayant cause dont les veuves et orphelins.
Qu’en est-il advenu ? Aujourd’hui, qui se souvient de ce statut dont devaient bénéficiés tous les
incorporés de force alsaciens et mosellans ? Ces déportations criminelles « de personnes civiles
protégées » au titre des conventions internationales, qui ont fait de nous des Orphelins d’un crime de
guerre, devraient sans conteste nous accorder, comme aux orphelins de parents de confession israélite ou
de Déportés, le statut de victimes des crimes des persécutions et de la barbarie nazie qui leurs a permis de
bénéficier des décret du 13 juillet 2000 et du 27 juillet 2004.
Malheureusement, les propos révisionnistes par des membres de ce gouvernement, dont le ministre des
Anciens Combattants et le Premier ministre, niant implicitement le crime de guerre de l'incorporation de
force reproduits dans six de leurs courriers, ont été utilisés a posteriori pour nous exclure nommément de
toutes mesures de réparations au titre de victimes du national-socialisme.
Nous opposer et maintenir, malgré nos plus vives protestations, que « nos pères seraient morts aux
combats, décédés en Prusse orientale, en Pologne , en Russie… lors d’opérations de guerre… dans
le strict cadre d’un conflit entre Etats » est vil et mensonger, salissant leur mémoire, d’où nos dépôts
de plainte auprès de la HALDE, du CONSEIL d'ÉTAT et du Tribunal administratif pour certains d'entrenous, contre les propos révisionnistes, les discriminations, l’abus de pouvoir, la rupture de l’égalité
républicaine à notre endroit par rapport aux orphelins de déportés juifs et de déportés résistants, fusillés
ou massacrés.
Ces positions inacceptables (comme si nos Pères, de petits « Malbrouk s’en va-t’en guerre » aux côtés de
nazis soudain transformés en preux chevaliers teutoniques dans une guerre en dentelles) m’ont conduit à
déchirer et à renvoyer ma carte de Pupille à une Nation pourtant grandement responsable de notre
situation d’Orphelin d’un crime de guerre, titre que notre association revendique dorénavant.
Si nous ne réagissons pas, demain nos pères passeront pour des suppôts du national-socialisme !
Au cours de cette journée furent aussi abordés les soutiens spécifiques apportés aux Orphelins des
« Malgré-Nous »par les candidats à la Présidence, suite à notre courrier commun du 7 janvier.
C’est François Bayrou qui a été le plus convaincant : « vous pouvez être assuré de notre soutien pour que
tous les Orphelins victimes du nazisme, sans exception, obtiennent réparation ».
Mais l’OPMNAM c’est aussi le combat pour la reconnaissance officielle par l'Assemblée Nationale et
le Bundestag de ces déportations et actions criminelles envers les Alsaciens-Mosellans et des
responsabilités et préjudices partagés par un pays qui a fait de nous des Orphelins et l’autre pour
l’abandon de nos pères livrés pieds et mains liés au nazis.
La reconnaissance du crime de guerre de l’incorporation de force lié aux crimes contre l’Humanité
envers les familles prises en otages, déportées en cas d’insoumission ou d’évasion de leurs fils, euxmêmes condamnés aux travaux forcés, voire exécutés (cf. les excellents ouvrages de Frédéric STROH et
Auguste GERHARDS parus récemment), sera un pas vers la vérité, une œuvre pédagogique contre tous
les amalgames, pour une véritable et durable amitié, qui par bonheur existe déjà entre nos deux peuples.
Mais nos politiques à Paris, eux, préfèrent regarder du côté de la Turquie et de l'Arménie…
De Berlin, du Bundestag, suite à plus de 20 courriers depuis 1998, nous attendons une dernière réponse,
sans cesse promise, sans cesse repoussée ( le 7 juin, 7 septembre, 8 décembre 2006, le 28 mars 2007 et
tout dernièrement le 2 avril au nom du président du Bundestag ; une accélération sans doute causée par
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l’intervention de M. Jacques CHIRAC auquel nous avions confié, ce 14 mars, une lettre en direction de
Mme Angela MERKEL, également adressée à 15 personnalités politiques allemandes dont M.
PÖTTERING, président du Parlement européen à Strasbourg). Bien entendu, nous souhaitons un
dialogue, mais serons-nous entendus ?
Pour conclure nous constatons l’engouement manifesté par certaines sections d’incorporés de force ou
d’Orphelins pour l’édification dans leurs communes de leurs propres « MUR des NOMS » ; citons pour
exemple, puisque le projet a été présenté par le « Républicain Lorrain », les « Malgré-Nous » de
Thionville présidé par M. Edmond KUNTZINGER, mais d’autres s’y intéressent aussi.
Nos remerciements s’adressent à Mme Marie BRASSART- GOERG et aux « DNA » qui a gardé un œil
attentif sur notre projet, comme M. Alphonse TROESTLER dès 2002, mais aussi à MM. Bernard
DECK, rédacteur en chef de « L’Ami hebdo », et Nicolas MENGUS, en charge à « L’Ami hebdo » du
site www.malgre-nous.eu, pour leur indéfectible soutien dont nous créditons également notre infatigable
Jean-Jacques MEYSEMBOURG, vice-président de l’AMAM.
Que vive le Mémorial d’Alsace-Moselle qui vient d’enregistrer le 100.000e visiteur avec très bientôt le
« MUR des NOMS » !
Bernard ERNEWEIN
Président de l’OPMNAM
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