Lettre à mes parents
Transcription
Lettre à mes parents
LETTRE À MES PARENTS Pourquoi donc, me disais-je Attendre votre départ vers l’au-delà, Rejoindre vos êtres aimés et chéris Pour vous écrire. Le faire maintenant c’est vous confier une missive Que vous saurez emporter Et ne jamais, la laisser s’envoler. Vous donner quelques mots Vous offrir enfin plus que vous m’avez donné. C’est ainsi n’est-ce pas que vous nous avez éduqués. La parabole des talents. Plus tard nous disiez-vous, vous devrez être plus grands que nous. Vous nous avez beaucoup donné Comment pourrons- nous rendre dix fois plus ? L’amour en partage Amour et partage Don de soi, don de tout Messire Dieu premier servi. Jeunes parents vous n’aviez rien Vous partirez et vous ne laisserez aucun bien Vous avez tout donné. Vos enfants vous avez créés, élevés, éduqués Que de couches vous avez changées. Et pourtant, toujours en plus, l’assiette du pauvre était mise. Faut-il avoir tant souffert pour donner autant, Vos vies à vos enfants et la table au mendiant. A votre époque, Quand cela n’était ni permis ni possible, Vos parents ont divorcé. Seuls vous vous êtes retrouvés, chacun de vous Orphelins trop tôt, enfants privés de mamans Enfants privés d’amour. Orphelins de l’amour quotidien, orphelins de la parole choyée, Orphelins de vos corps caressés, orphelins des rires partagés, Enfances en souffrances de parents divorcés, de familles éclatées. C’est trop tôt n’est-ce pas pour être privé de câlins De petits baisers maternels tout au long du jour De la main de son père le soir à son retour Chuchotements des voix des parents Qui apaisent l’enfant s’endormant, au sommeil fragile. A vingt ans, sous cette guerre monstrueuse Vous vous êtes trouvés, vous vous êtes aimés. Au choix de la mort et de la désespérance Vous avez levé le poing de votre courage Vous avez décidé de créer, de laisser un message. Mes souvenirs reviennent : " Tu seras toujours au combat, jamais contre le mal tu ne reculeras, Locomotive tu seras et ton Dieu Tu serviras ! » Ce sont tes paroles maman. « Quand tu vas voir le Président de la république, Tu te mets en costume. Quand tu viens à l’Eglise, Tu te mets donc aussi en costume. " C’est de toi, Papa. Le meilleur pour nous, le meilleur de tout Toujours pendant tant d’années, vous vous êtes engagés. Chaque semaine maman, la ritournelle revenait Linge, repas, ménage, trajets, cris de tous tes enfants. Educations, médecins, corrections et main levée Tu t’es toujours fait respecter, Tu faisais merveilleusement à manger. A Chacun la cuisson de sa viande, chaque soir tu posais la question. La revanche sur ta vie, maman, tu nous l’as offerte. La Cène, Jésus, là au milieu de nous, merci. Toi Papa et la place du père, quel cadeau ! Aimé, écouté, nous t’avons toujours attendu Et ton travail souvent, te tenait très éloigné, longtemps, Laissant maman seule face à la tribu, dans sa tribu. Tu nous as laissé ton amour de la lettre, de l’écrit, l’attention du mot, Le respect de l’autre, le recul face au jugement, La recherche du mieux, l’amour du travail. Education, réflexion, études, exigence envers nous-mêmes, goût de l’effort, Respect de l’autre, partage, foi engagée. Beaux trésors que vous nous avez laissés. Il me faudrait un livre pour tout vous raconter Il me faut un baiser avant de vous laisser partir Vous dire, vous tenir, merci pour l’avenir. Je vous aime, je vous love, je vous tiens dans mes bras, Toujours, et encore demain. Demain, il y a quelqu’un qui vous attend, il me l’a dit mon Dieu Vous serez à l’honneur, bons serviteurs de Dieu sur terre Vous serez élevés, au trône accompagnés. Vos êtres envolés seront vos anges dans les cieux Vous ferez bien la fête, mes larmes vous sécherez Je lèverai les yeux et je vous sourirais. Un matin moi aussi je vous retrouverais. Amen. Claude Davin Ce texte est la propriété du TopChrétien. Autorisation de diffusion autorisée en précisant la source. © 2017 - www.topchretien.com