Un combat au quotidien (format PDF taille : 30.6 ko )

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Un combat au quotidien (format PDF taille : 30.6 ko )
Colloque du CERAH au Salon Autonomic à Paris,
Porte de Versailles, le 12 juin 2014.
M. Dominique TRABUCCO,
Responsable de la mission handicap de la ville de METZ.
Mon combat au quotidien est à l’image d’un boxeur sur le ring, qui combat son adverse et donne
coup après coup pour avancer vers la victoire.
Mon témoignage s’appuie sur les difficultés qui existent pour un simple voyage d’affaire ou comme
par exemple, venir ici au salon Autonomic, de mon domicile à Metz vers Paris.
Pour cela il a fallu que je réserve mon voyage longtemps à l’avance auprès de la SNCF. En effet, il
n’existe qu’une seule place handicapée dans le TGV, elle se trouve toujours en 1ère classe, ce qui
oblige l’entourage, si vous voyagez en famille ou avec des collègues de travail, à prendre également
un billet de 1ère classe ou alors le groupe est séparé, moi en 1ère, le reste en 2ème classe, ce qui ne
favorise pas la convivialité, vous en conviendrez !
De plus, la SNCF demande que la personne handicapée se présente au chef de gare au moins ½ heure
avant le départ du train. Pour un départ de la gare de Metz à 6h30, je dois être présent avant 6h00
pour confirmer que je serai bien du voyage, ensuite j’attends sur le quai.
Mais avant cela il me faut me préparer et une aide à domicile est nécessaire sauf qu’il est très rare
que cette aide puisse intervenir à 4 ou 5 heures du matin.
Je fais une parenthèse ici car je voudrais souligner la situation antagoniste car on voit bien la
difficulté qu’il y a à concilier le droit des travailleurs et notamment des auxiliaires de vie et
l’autonomie des personnes handicapées. Dans ce cas de figure, je suis obligé de voyager non pas en
fonction de mes obligations mais en fonction de la disponibilité des auxiliaires de vie.
En conséquence mon voyage doit se dérouler la veille du colloque ou de la réunion, ce qui nous
amène naturellement à la réservation d’une chambre d’hôtel.
Les difficultés continuent puisque je dois réserver une chambre avec du matériel médical tels qu’un
lit médicalisé et un lève personne. Peu d’hôtel accepte ces contraintes, et m’éconduise gentiment ou
avec de fausses excuses. Heureusement il existe quelques bonnes adresses sur Paris. Cela dit, encore
faut-il que la livraison de ces aides techniques soient conformes à ma demande, pour tenir compte
de ma morphologie et de mon handicap, ce qui, il faut le reconnaître, est souvent aléatoire.
Mais avant cela, il faut également prévoir le transport de la gare à l’hôtel, car cela ne s’improvise pas,
il faut parfois anticiper d’au moins une semaine, si je veux être sûr d’avoir un transport adapté. Et je
ne vous raconte pas les ennuis que cela peut être lorsque le train a du retard ou que le chauffeur du
véhicule adapté vous oublie. Notez que ces transports en véhicule adapté dépendent la plupart du
temps des communes ou communauté de communes et qu’ils sont réservés aux ressortissants de ces
communes, ce qui n’aide pas le voyageur handicapé dans ses déplacements.
Lors d’une réunion à Montpellier cet hiver, le voyage a tourné au cauchemar lorsque mon fauteuil
électrique s’est cassé en pleine rue, en fin d’après midi et où je suis resté plusieurs heures, la nuit et
sous la pluie, à attendre un dépannage qui malheureusement n’est jamais venu. Un fauteuil
électrique de secours aurait été le bienvenu mais il a été impossible à trouver malgré les nombreux
contacts dont je dispose. Le derniers recours a été de revenir à mon domicile, couché dans une
ambulance.
On voit bien que l’accessibilité évolue cela est indéniable mais il y a certaines limites, je peux voyager
en train à condition d’être organisé et avoir du temps devant moi, je peux bénéficier d’une auxiliaire
de vie si ses horaires de travail ne sont pas en dehors de la plage 6h – 20h, je peux loger à l’hôtel si
l’infrastructure s’y prête, et que le matériel médical peut y être installé, et je peux me déplacer si des
transports en véhicule adapté existe et sont accessibles à toutes les personnes handicapées. Au
moindre grain de sable, il n’y a malheureusement pas beaucoup d’issue de secours.
Tout ceci représente un combat au quotidien, qu’il faut sans cesse répéter, qui exige de l’ordre, de la
méthode, et des financements non négligeables et l’image du boxeur que j’évoquais en préambule
est assez bonne sauf que pour moi, le combat est inégal car monter sur le ring, cela m’est impossible.