rapport d`activité commission exercice libéral
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RAPPORT D’ACTIVITÉ COMMISSION EXERCICE LIBÉRAL Membres : Jean-Michel Ballester, Jacques Borgy, Renaud Da, Maryline Viotti La fin de la précédente mandature a vu le vote de la loi 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à l'allégement des démarches administratives. Cette loi est historique pour les professionnels que sont les psychologues : pour la première fois, le législateur définit leur profession/activité, non en négatif (ni ni…), mais de façon positive. Dans son article 29-I, ce texte précise que « Les professions libérales groupent les personnes exerçant à titre habituel, de manière indépendante et sous leur responsabilité, une activité de nature généralement civile ayant pour objet d'assurer, dans l'intérêt du client ou du public, des prestations principalement intellectuelles, techniques ou de soins mises en œuvre au moyen de qualifications professionnelles appropriées et dans le respect de principes éthiques ou d'une déontologie professionnelle, sans préjudice des dispositions législatives applicables aux autres formes de travail indépendant. » Cette définition nous est précieuse, aussi bien en tant que profession que pour notre activité en libéral. Elle a permis à la Commission d’étayer sa réflexion et d’ouvrir des perspectives jusqu’alors inédites… ACTIVITÉ DE LA COMMISSION Trois axes de travail se sont dégagés ces trois dernières années : Réponses aux sollicitations des adhérents et non adhérents Travail au FIF PL Réflexion sur la structuration du HCP et du Code de déontologie LA PERMANENCE ET LA VEILLE Activité principale de la Commission, elle sollicite de façon régulière 3 de ses membres. La législation est dense et complexe et les psychologues peu au fait de la réglementation. De nombreux mails sont donc adressés à la Commission, qui a choisi ce type exclusif de contact. La technicité de beaucoup de réponses et la nécessité de recherches complémentaires rendent ce mode de communication plus adapté. Afin de susciter des adhésions, les réponses sont souvent faites sans égard au statut (adhérent ou non) du demandeur. L’activité de documentation afférente à cette permanence permet également de constituer un fonds précieux et d’assurer une fonction de veille, sans oublier la mise au travail intellectuel qu’elle constitue : pour qui aime la subtilité et l’argutie, elle peut être stimulante voire passionnante ! Plus sérieusement, de nombreuses questions et pistes de réflexion émergent de ce travail, et une représentation des professionnels en exercice libéral se précise, ainsi que les grandes évolutions légales et sociétales. La publication du Guide exercice libéral* illustre la dimension formative, pour les militants, de la permanence auprès des confrères en libéral : les informations qu’il contient sont, pour partie, issues de recherches liées à des questions posées. On peut repérer deux types de sollicitations : Celles qui portent sur des points techniques en lien avec la fiscalité, l’urbanisme, la consommation…, et pour lesquelles des éléments légaux précis sont à fournir. Les plus fréquentes ont été ces 3 dernières années le régime d’auto-entrepreneur, la loi sur l’accessibilité et, succès jamais démenti, la TVA. Le cumul d’activité (traité avec les commissions des Fonctions publiques) reste un point de questionnement pour les confrères. Moins nombreuses mais régulières, les questions sur le partage de locaux avec des professionnels non psychologues (médecins ou paramédicaux le plus souvent), les remplacements/collaborations, le rachat de clientèle, les assurances, les autorisations ou changement d’usage/de destination pour les locaux parisiens… Ces questions peuvent demander de longues et minutieuses recherches pour permettre aux confrères de se lancer ou de poursuivre leur activité sans risque important. Quelques points d’actualité et questions traités dans les échanges : Du côté des textes fiscaux : rien de notable concernant les psychologues, mais on peut signaler des changements importants dans le régime d’auto-entrepreneur ; depuis janvier 2015 (Loi n° 2014-626 du 18 juin 2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises) : Obligation d'ouvrir un compte bancaire dédié à l'activité Baisse des taux de cotisation Paiement de la CFE (Cotisation foncière des entreprises) pour tous les auto-entrepreneurs réalisant du chiffre d'affaires, sauf l'année de création de l'auto entreprise, et de manière forfaitaireSuppression de la dispense de CFP (Contribution à la formation professionnelle) pour les autoentrepreneurs jusque là dispensés et absence de prise en charge des dépenses de formation pour les auto-entrepreneur dont le chiffre d'affaires est égal à 0 sur une durée de 12 mois consécutifs. Baisse des prestations maladie et maternité suite au Décret n° 2015-101 du 2 février 2015 relatif au calcul des prestations en espèces versées aux assurés au régime social des indépendants (modification immédiatement entrée en vigueur pour er la maladie, effective le 1 mai 2016 pour la maternité.) Baisse de l'ARCE (aide à la reprise/création d'entreprise) Le régime d’auto-entrepreneur va-t-il perdurer ? Contrairement à beaucoup d’autres professions, les psychologues se rattachent de plus en plus à ce régime, essentiellement les jeunes professionnels qui, faute de pouvoir s’insérer dans la vie active de façon classique, en devenant salariés ou agents de la Fonction publique comme nombre de leurs ainés, s’installent en libéral. La loi accessibilité (in extenso Loi n° 2015-988 du 5 août 2015 ratifiant l'ordonnance n° 2014-1090 du 26 septembre 2014 relative à la mise en accessibilité des établissements recevant du public, des transports publics, des bâtiments d'habitation et de la voirie pour les personnes handicapées et visant à favoriser l'accès au service civique pour les jeunes en situation de handicap) concerne tous les psychologues exerçant en libéral puisque tout cabinet est considéré comme un ERP (Établissement recevant du public). Tous les libéraux étaient donc censés monter un dossier avant le 27/09/2015, y compris s’il s’agissait pour eux de démontrer qu’ils ne pouvaient mettre leur local aux normes. En cas de retard ou de non-dépôt, une amende de 1 500€ peut être infligée par le préfet… sous réserve que ce dernier décide de traquer les contrevenants. Lesquels contrevenants s’exposent à des poursuites au pénal, en référence au Code de l’urbanisme et de la construction. Mais la loi ne prévoit pas qui, du propriétaire ou du locataire aura, le cas échéant, à prendre en charge les travaux de mise aux normes… La TVA : par principe, toute prestation de service par un professionnel y est assujettie, et ce depuis 1979. L’exonération est donc une exception et elle concerne, pour les psychologues, uniquement les activités de soin (article 261-4-1° du Code général des impôts : « Les soins dispensés aux personnes […] par les psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes titulaires d'un des diplômes requis, à la date de sa délivrance, pour être recruté comme psychologue dans la Fonction publique hospitalière […] »), c’est-à-dire impliquant diagnostic ou traitement, et les activités de formation (article 261-4-4° du Code général des impôts : « les prestations de services et les livraisons de biens […] effectuées dans le cadre : de l'enseignement primaire, secondaire et supérieur […], de l'enseignement universitaire […], de l'enseignement technique ou professionnel […], de la formation professionnelle continue, […] de l'enseignement primaire, secondaire, supérieur ou technique à distance, [des] cours ou leçons relevant de l'enseignement scolaire, universitaire, professionnel, artistique ou sportif, dispensés par des personnes physiques qui sont rémunérées directement par leurs élèves »), les unes et les autres sous condition. L’expertise, la supervision, l’analyse de pratique, etc. sont donc soumises à la TVA sauf si leur activité génère moins de 32 900€ de chiffre d’affaire annuel (Article 293 B I. 2° a Code général des impôts), franchise de taxe requérant bien entendu une demande expresse auprès des services concernés… Les demandes liées à la pratique en libéral et relevant du Code civil, de celui de l’action sociale et des familles, voire du Code pénal. Certaines de ces questions sont traitées directement par le Siège ou renvoyées vers la commission compétente : puis-je faire une attestation à l’attention du juge quand la mère/le père m’amène un enfant dans le cadre d’une procédure de divorce ? On me demande un reçu, que faire ? A qui dois-je remettre le compte-rendu que j’ai réalisé suite à un bilan psychologique d’adulte ? au médecin traitant ? Je suis convoqué par la police/Justice, dois-je y aller ? que dire ? Puis-je recevoir un enfant seul ? Faut-il tenir un dossier psychologique ? Là encore, les réponses ont à être rigoureuses et étayées, car les conséquences peuvent être dramatiques pour le professionnel qui contrevient à la législation. Autant de questions qui, si elles contribuent à faire vendre le Guide exercice libéral, révèlent les lacunes de la formation de psychologue… Dans ces activités d’information et de conseil, déjà mentionné, le Guide réactualisé* rencontre un grand succès. Bientôt, des actualisations seront à faire… l’Annuaire en ligne*, lui, recense environ 150 professionnels sur le site. CONTRIBUTION AU FIF PL Le Fonds interprofessionnel de formation des professions libérales est un fonds d’assurance formation, créé à l’initiative de l’UNAPL (Union nationale des professions libérales) et des organisations professionnelles adhérentes, conformément aux dispositions de la loi du 31 décembre 1991, portant sur la formation continue des travailleurs indépendants et des professionnels libéraux, faisant obligation à tous de s’acquitter de la Contribution à la formation professionnelle (CFP). Le FIF PL est administré par un Conseil de gestion, composé d’un représentant de chaque organisation professionnelle et son exécutif est constitué par un Bureau composé de 8 membres, chargés de suivre la gestion du FIF PL et de mettre en œuvre la politique de formation conformément aux orientations définies par le Conseil de gestion. Une équipe de 47 collaborateurs, sous la responsabilité du directeur, gère plus de 117 000 dossiers par an. Les ressortissants du FIF PL sont les travailleurs indépendants, membres des professions libérales (à l’exception des médecins), qui exercent en entreprise individuelle ou en qualité de gérant majoritaire (TNS). Ils doivent être inscrits à l’URSSAF en tant que travailleur indépendant, ne pas être inscrits au Répertoire des métiers, et être enregistrés sous un code NAF dépendant du FIF PL. Les thèmes de formation sont divers ; les organisations syndicales étudient et arrêtent chaque année des critères (thèmes et montants) de prise en charge spécifiques à leur profession. Ces critères de prise en charge peuvent être consultés sur le site du FIF PL. Tout professionnel libéral qui souhaite bénéficier d’une prise en charge doit compléter préalablement sa demande de prise en charge en ligne (www.fifpl.fr*) ). Siéger au FIF PL représente un travail important pour La section technique traitant les demandes des psychologues regroupe des représentants du SNP, du SPEL (Syndicat des psychologues en exercice libéral) et du PsyG (Groupement syndical des praticiens de la psychologie, psychothérapie, psychanalyse en exercice libéral). Elle étudie les demandes de subventions pour la formation des psychologues. Les critères retenus doivent être en rapport avec la pratique professionnelle à l’exception du développement personnel, spirituel, de la cure analytique ou de la thérapie personnelle, et des grands colloques/congrès/forums. Mais peuvent ainsi être reconnues : journées des écoles de psychanalyse ; supervision en groupe ; formation aux langues étrangères, à la bureautique, à l’organisation du travail… Le SNP contribue également à définir les critères d’éligibilité des formations. Siéger au FIF PL représente donc un travail important pour le référent FIF PL de la Commission. CODE ET HCP La définition des professions libérales, telle qu’édictée par la loi 2012-387, a permis de repenser la question du Code et de l’instance de régulation. En effet, cette loi précise qu’une profession libérale doit fournir des prestations intellectuelles de qualité à une clientèle dans le respect de l’intérêt général et du bien public, et ce dans le cadre d’une véritable profession, organisée à défaut d’être réglementée. L’élaboration d’un socle commun de règles d’éthique impose la garantie du respect de ce code de bonne conduite par un contrôle de la conformité du comportement professionnel. Les exigences fondamentales en sont un exercice personnel fondé sur un niveau élevé de connaissances spécialisées, sur une maîtrise de la technique, de la science ou de l’art et reposant sur une haute qualification professionnelle ; les modalités pratiques d’exercice : le respect de principes éthiques majeurs, notamment la légalité, la dignité, l’indépendance au service de l’impartialité, de la liberté de diagnostic ou de prescription, la responsabilité personnelle, et la protection des confidences par respect d’un secret professionnel absolu. Une profession libérale requiert l’existence d’un dispositif de contrôle sérieux de l’adéquation des pratiques du métier avec les exigences déontologiques et qualitatives. La loi de 85 sur le titre (Loi n°85-772 du 25 juillet 1985 portant diverses dispositions d'ordre social), dans son article 44 concernant les psychologues, imposait déjà « une formation universitaire fondamentale et appliquée de haut niveau ». L’antériorité de cette loi sur celle de 2012 permet de faire reconnaître les psychologues comme profession libérale.L’obligation clairement énoncée de faire respecter une déontologie (« dans le respect de principes éthiques ou d'une déontologie professionnelle ») a permis d’argumenter puis de structurer un projet de Code et de HCP. Tâche de longue haleine qui a été menée avec d’autres instances du Syndicat, des partenaires d’autres organisations et le soutien d’un juriste. Ce travail a été l’occasion, pour les membres de la Commission qui y ont participé, d’une mise en perspective de l’activité quotidienne de réponse aux confrères et d’une vision plus globale et ambitieuse d’organisation de la profession. PERSPECTIVES Quels que soient ceux et celles qui feront vivre cette commission, ils auront du travail. Outre poursuivre les activités en cours, et en premier lieu l’éducation des psychologues pour ce qui concerne la législation et la réglementation, on peut d’ores et déjà leur fournir un solide cahier des charges : ŒUVRER POUR LA PROFESSION : Faire entendre aux psychologues qu’ils constituent une profession et non un métier, et même une profession réglementée puisque son exercice requiert des conditions formelles de qualification. Que cette profession doit s’auto-organiser pour ne pas être organisée par d’autres. Une instance de régulation des psychologues constituées par des psychologues permettrait également de ne pas recourir systématiquement aux sanctions en cas de manquement d’un professionnel : faire de la médiation, proposer des conseils, former, être dans la prévention et l’accompagnement des confrères peut être beaucoup plus fructueux, à terme, que d’imposer des châtiments. D’autant plus que cela serait l’occasion de mieux informer les professionnels sur les aspects légaux de leur pratique, complétant ainsi la formation universitaire, toujours trop légère dans ce domaine. Reprendre le travail en lien avec l’UNAPL (Union nationale des professions libérales), où le SNP n’est plus représenté depuis la mandature 2009-2012. Il s’agit, entre autres et là aussi, de faire valoir les psychologues comme profession libérale. Et pour les professionnels : fiches techniques à rédiger (projet en cours de réalisation), Guide à actualiser, conférences et interventions à programmer… les psychologues ont besoin de mettre le nez dans les textes ! Pour la Commission, Jean-Michel Ballester Le 15 décembre 2015