Scolarisation à domicile : la colère des associations

Transcription

Scolarisation à domicile : la colère des associations
EDUCATION
Scolarisation à domicile : la colère des associations
.
Interview -
Un collectif s'indigne de deux
amendements qui limitent, selon lui, la liberté
offerte aux parents de choisir le mode
d'instruction de leurs enfants.
. Une de ses représentantes nous explique
pourquoi.
Propos recueillis par Amélie GAUTIER - le
Crédit Photo : LCI
09/01/2007 - 16h04
LCI.fr : Votre collectif défendant l'instruction à domicile dénonce deux des amendements déposés au projet de loi sur la
protection de l'Enfance dont l'examen débute mardi à l'Assemblée. Quel est le problème ?
Valérie Vincent (1) : Ces deux textes limitent la liberté offerte aux parents de choisir le mode d'instruction de leurs enfants. Or,
la liberté d'instruction est un droit constitutionnel. Le premier amendement oblige les parents à "justifier d'un état de santé et d'un
handicap de leur enfant, d'un déplacement de la famille ou de toute autre raison réelle et sérieuse". Qui va définir ces "raisons
sérieuses" ? Le second empêche que l'instruction soit dispensée "au même domicile à plus de deux familles".
Ces deux amendements, déposés par Georges Fenech (UMP) et Philippe Vuilque, visent les sectes. Il ne faut pas faire
l'amalgame avec l'instruction en famille. Or, là ils créent un amalgame avec ceux qui ont fait le choix de l'instruction en famille.
Cela n'a rien à voir. Il faut par exemple savoir que la plupart des enfants des sectes sont scolarisés. C'est comme si on
supprimait les Assedic parce qu'une partie infirme de la population fraude aux Assedic, c'est complètement injuste et
discriminatoire pour les autres !
LCI.fr : Les députés souhaitent aussi contraindre les familles pratiquant l'instruction à domicile à une inscription à
l'enseignement à distance.
V.V. : Là aussi, c'est complètement discriminatoire ! Comment vont faire ces familles nombreuses qui devront payer des cours
privés à tous leurs enfants ? Prendre des cours par correspondance, c'est faire l'école à la maison, moi, je ne fais pas l'école à
la maison, j'ai des projets pédagogiques pour mes enfants. Il faut savoir que 30 000 enfants sont instruits en dehors de l'école,
dont 20 000 au CNED (pour la scolarité allant du CP à la terminale). Il y en a aussi 7 000 inscrits dans les cours privés et entre 1
500 et 3 000 dans les associations.
LCI.fr : Vous êtes mère de six enfants âgés de 2 à 16 ans. Pourquoi avez-vous décidé de les instruire à la maison ?
V.V. : Pour la souplesse que cela procure. Contrairement à l'école, on peut s'adapter au rythme des enfants. Là, ce sont eux qui
s'approprient leur savoir. Moi, je suis là pour les accompagner, pour leur donner des pistes. On est vraiment à l'écoute de
l'enfant. Il n'y a pas ce système de notation qui va sanctionner l'élève donc on ne se trouve pas dans une situation d'échec, le but
c'est de trouver des solutions, et ça change tout.
Le ministre de la famille contre deux amendements
Philippe Bas s'est déclaré mardi opposé à ces deux amendements les jugeant "trop restrictifs"
quant à la liberté des parents de choisir le mode de scolarisation de leurs enfants. "Lorsque
des parents sont dans des sectes (...), qu'ils gardent leurs gosses à la maison, on ne peut pas
rester sans réaction (...) pour autant, il faut aussi permettre à des parents qui par exemple
habitent à la campagne, ont trois petits gosses jeunes, une maman qui veut bien s'en occuper,
s'ils ont décidé d'apprendre à lire-écrire-compter à leurs enfants, si c'est leur choix de vie, à
condition qu'on puisse vérifier que le travail pédagogique est bien fait, alors cette liberté doit
être préservée", a ainsi déclaré le ministre sur RMC. (D'après agence)
(1) Co-fondatrice de la Laia (Libres d'Apprendre et d'Instruire Autrement) et membre de l'association Led'a (Les enfants
d'abord), représentante du collectif pour la liberté d'instruction.