Maladies et protection sanitaire

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Maladies et protection sanitaire
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MALADIE
PROTECTION
MAL
ADIE ET
ET PRO
PRO
MALADIE
PROTECTION
TECTION
La peste porcine africaine
INTRODUCTION
SYMPTÔMES
L
Après incubation (temps entre le contact avec le virus et le début de la
maladie) de 5 à 7 jours, le porc présente progressivement :
1. fièvre élevée entre 40,5° et 42°C et qui dure 24 heures ou plus ;
2. inappétence (l’animal mange peu) ;
3. prostration, difficulté de se tenir debout. Les animaux restent couchés toute
la journée et ne se lèvent plus, même pour manger ;
4. l’animal ne mange plus ;
5. respiration pénible (dyspnée) accompagnée quelquefois de toux ;
6. bavement et vomissements avec tendance à mâchonner ;
7. forte constipation ou parfois diarrhée ;
8. avortement (pas systématique mais fréquent), ce qui intrigue souvent
l’éleveur ;
9. apparition de tâches bleu-violettes (cyanose) sur les parties moins velues
(vulve, scrotum) ;
10. parfois œdème des oreilles ; la peau alors très sensible, craque et saigne
sous l’effet traumatique des mouches ;
11. chez certains sujets, on observe parfois des tremblements accompagnés
de cris de détresse au stade final de la maladie ;
a Peste Porcine Africaine est
un véritable fléau pour nos
régions. A elle seule, elle limite
l’intérêt pour ce type d’élevage en
Afrique Centrale tant les risques de
perdre tout son cheptel s’avèrent
élevés.
En l’absence de toute
vaccination ou de traitement efficaces,
le seul moyen de lutte demeure la
prophylaxie sanitaire.
Il s’agit d’éviter que les cochons
d’élevage n’entrent en contact avec
l’extérieur, les cochons sauvages ou
d’autres cochons ; il s’agit aussi de
contrôler étroitement tout ce qui rentre
dans l’exploitation, à part les animaux :
la nourriture, les travailleurs, les sacs
d’aliment et même l’eau de boisson.
L’AGENT PATHOGÈNE
La Peste Porcine Africaine est
une maladie virale, très contagieuse,
très mortelle (jusqu’à 100%)
spécifique aux suidés : porc
domestique de tout âge et toute race ;
sanglier, phacochère, hylochère,
potamochère. Elle ne frappe pas
l’homme. Un virus spécifique,
différent de celui de la Peste Porcine
Classique est la cause de la maladie.
Il n’existe aucun vaccin et aucun
traitement efficace.
l
La haute mortalité, l’absence de
traitement curatif, le fait que la
prophylaxie (traitement préventif) doit
être obligatoirement basée sur
l’abattage des sujets atteints et
contaminés,
permettent
de
comprendre l’importance des pertes
économiques auxquelles il faut
s’attendre. Il en résulte un véritable
problème économique et social ;
l
Les symptômes et lésions que nous
décrivons dans les paragraphes qui
suivent, constituent des faits vécus,
observés dans des porcheries au
Congo et en Afrique Centrale
complétés avec certaines données de
la littérature.
PESTE PORCINE AFRICAINE
V
IC
TI
M
E
V
E
C
TE
U
R
12. insuccès pour tout essai de traitement symptomatique et mortalité élevée
(plus de 90%). Evolution de la maladie : 5 à 7 jours chez les adultes.
LÉSIONS RÉVÉLÉES À L’AUTOPSIE
Les caractéristiques de la Peste Porcine Africaine à l’autopsie sont
suffisamment typiques dans la majorité des cas pour renforcer définitivement
le diagnostic, mais à la condition de rechercher ces lésions sur un nombre
suffisant d’animaux.
En effet, dans la Peste Porcine Africaine, le tableau à l’autopsie varie
d’intensité non seulement d’un foyer à l’autre, mais aussi d’un animal à l’autre
dans un même foyer.
Les lésions hémorragiques (tâches de sang sur les organes) sont fréquentes.
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gastro-entérite hémorragique (estomac et intestin rouges)
92,8%
lymphadénite hémorragique des ganglions : * rénaux
59,4%
* mésentériques
45,8%
* gastro hépatiques
60,1%
vessie hémorragique (adultes seulement)
61,1%
hémorragies** sub-endocardiques (cœur gauche)
56,3%
lésions d’inflammation hémorragique du rectum
52,4%
présence du liquide spumeux (mousse) dans la trachée
50,3%
œdème diffus ou hémorragie diffuse du caecum44,3%
splénomégalie (augmentation du volume de la rate) (adulte)
42,9%
2. Lésions présentes dans 30 à 40% des cas
pétéchies au niveau des reins (surtout porcelets)
38,3%
hémorragies péri-vasculaires (autour des vaisseaux)
36,8%
hémorragies dans la trachée (adultes)
36,4%
cyanose (oreilles, région génitale, face interne des cuisses) (adultes)
36,4%
œdème gélatineux de la paroi de la vésicule biliaire (porcelets)
36,1%
hémorragie du bassinet (rein)
34,0%
œdème interlobulaire des poumons
31,2%
3. Lésions présentes dans 20 à 30% des cas
Dépôt blanc dans la vessie (adultes seulement)
29,3%
Hémorragie du larynx
27,8%
Pétéchies sur les oreilles et le ventre
25,6%
Congestion des reins
25,5%
Foie dégénéré (porcelets)
23,5%
Rate facile à dilacérer
21,0%
La mort brutale d’un porc en bonne santé doit toujours
être considérée comme suspecte (surtout que
généralement, ce sont les adultes qui sont atteints les
premiers).
Il est dès lors très important de faire une autopsie
complète (présence d’un médecin vétérinaire) et si 50%
ou plus des lésions mentionnées aux points 1 et 2 sont
observés, il y a lieu de prendre les mesures prévues pour
la Peste Porcine Africaine.
Les analyses de laboratoire pourront confirmer le
diagnostic.
EPIZOOTIOLOGIE
Les porcs sauvages constituent le premier réservoir
du virus et leur rôle comme porteurs inapparents dans la
contagion est fréquent. Il convient donc d’éviter tout contact
entre porcs sauvages et porcs domestiques.
Les sécrétions et excrétions des animaux malades
de la Peste Porcine Africaine sont infectantes : dès lors, le
porc domestique représente la source principale de virus
pour la contamination à l’intérieur d’un élevage. Ceci
explique le pourcentage élevé d’atteinte de la maladie (taux
de morbidité) et l’importance de détruire les effectifs peu
ou pas contaminés, sachant que le porc peut aussi être
porteur sain (infecté latent) du virus et représenter ainsi
une source insidieuse de contagion.
Une troisième source de virus est constituée par la
tique Ornithodorus moubata qui s’infecte à la suite d’un
repas de sang pris sur un porc atteint; la maladie peut être
inoculée à un porc sain, et le virus peut demeurer vivant et
pathogène dans le corps du parasite pendant une période
de 6 à 12 mois. Les mouches jouent probablement un rôle
mécanique dans la dissémination du virus.
Considérant la grande résistance du virus dans le
milieu extérieur ainsi que dans les viandes provenant des
animaux atteints ou abattus, toute substance contaminée
ou imprégnée d’une manière ou d’une autre par le virus
peut le conserver, le véhiculer et le disséminer pendant des
délais importants (plusieurs mois).
Ainsi, les sous-produits d’abattoir et les restes
alimentaires (eaux grasses) contenant du sang ou de la
viande de porc infecté, qui n’ont pas été stérilisés,
représentent une des importantes sources (indirectes) du
virus pour les porcheries. Les produits porcins non cuits
sont d’ailleurs interdits d’importation dans de nombreux
pays, tant les risques de contamination sont importants.
Par exemple, une épidémie de la Peste Porcine
Africaine s’est déclarée en Belgique en 1985 à cause d’un
produit de charcuterie ramené dans le pays par un touriste
qui l’avait abandonné le long de la route dans un terrain où
se trouvaient des porcs ! Conséquences : 42.000 tonnes de
viandes porcines ne pouvant sortir de la zone infectée
(Réglementation C.E.E.) et coût de plusieurs milliards FB
sans compter la perte de marché et l’impact négatif sur la
réputation de l’élevage porcin belge à cette époque.
LUTTE CONTRE LA MALADIE
En l’absence de tout traitement efficace et de vaccin,
elle est fondée sur la déclaration obligatoire de la maladie,
l’abattage et la destruction de tous les animaux malades,
contaminés ou suspects d’être atteints ainsi que la mise en
place de mesures d’interdiction de circulation et d’un
système de surveillance et de contrôle dans un périmètre
défini, autour du foyer de Peste Porcine Africaine. Ces
mesures font l’objet dans tout pays d’une législation qui
varie dans sa sévérité. L’efficacité des mesures repose
notamment sur l’indemnisation des pertes et abattages
d’animaux chez les éleveurs. Au Congo, nous devons
conjuguer nos efforts sur l’application rigoureuse des
mesures de police sanitaire (prévention, lutte et éradication)
en vue de limiter et de réaliser dans l’avenir l’extinction
totale de cette maladie.
Il est un fait qu’en dehors de toute suspicion, les
mesures défensives consisteront essentiellement à favoriser
l’élevage intensif du porc. En effet, la prévention de la
Peste Porcine Africaine en zone infectée est quasi
impossible tant que les méthodes traditionnelles d’élevage
du porc en liberté ou en troupeaux communaux sont
maintenues: l’idéal est évidemment la stabulation complète
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1. Lésions présentes dans plus de 40% des cas
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en porcherie. A défaut, il est absolument nécessaire de délimiter les zones en
parcours des porcs par des «lupango1» bien serrés, de sorte qu’une double
barrière protège les animaux de tout contact extérieur. Il est évident que ce
dispositif doit être assorti des mesures concernant les porcs de repeuplement,
l’alimentation et le personnel lui-même.
D’autre part, il nous paraît important que ces mesures soient
accompagnées, dans une région indemne, d’une infrastructure vétérinaire capable
d’établir le diagnostic précoce de la maladie et de mettre en place les mesures
prophylactiques ultérieures. Sur le plan pratique, nous considérerons pour le
Congo, la prophylaxie en zones indemnes exposées d’une part, et en zones
infectées d’autre part :
A. Mesures dans les zones endémiques ou indemnes exposées :
1. Interdire strictement l’entrée des porcs vivants et des produits dérivés du
porc en provenance des zones traditionnellement et nouvellement infectées
par la Peste Porcine Africaine ;
2. Mesure de quarantaine obligatoire pour tout porc provenant à coup sûr d’une
zone indemne ;
3. Construction par l’éleveur d’enclos entourés d’une double clôture où les
porcs doivent être constamment enfermés et ne s’en échapperont point ;
4. Sera prohibée l’utilisation pour l’alimentation des porcs, des eaux grasses,
déchets ménagers et d’abattoir sauf après traitement thermique préalable
et adéquat (cuisson à 100°C). Surveiller la provenance des aliments importés,
étrangers ;
5. Proscrire la divagation
des porcs (utiliser l’eau de
pluie, de la Regideso (la
Compagnie Nationale
d’Approvisionnement
en eau potable), ou d’un
puits situé dans la ferme) ;
6. Contrôler tout mouvement de personnes qui
pourraient venir d’autres
fermes porcines : imposer
une douche et revêtement
d’habits d’élevage à vos
travailleurs.
Dès la constatation des
premiers cas cliniques
confirmés, passer aux
mesures qui suivent :
B . Mesures dans
zones infectées :
les
Nous citerons dans l’esprit de
police sanitaire :
1. Mise en quarantaine des
fermes dans un rayon de
15-20 km et abattage des
porcs malades, contaminés (et sains si maladie
confirmée).
2. Interdiction absolue de transporter des porcs, de la viande de porc, de la
litière, du fumier... et interdiction aux personnes de se déplacer.
3. Destruction des cadavres : soit enterrer profondément après les avoir
recouvert de chaux vive ou de
soude caustique à 1%, soit
incinérer.
4. Désinfection rigoureuse des
locaux, ustensiles et moyens de
transport, avec une solution de
soude caustique (1% de NaOH) ;
fumier et terre sont enlevés, mis
en tas et mélangés avec le produit
puis laissés ainsi 30 jours avant de
les répandre.
Certains éleveurs essayent de
commercialiser les carcasses de
cadavres de porc.
Cette pratique bien que lucrative est
néfaste à long terme. En effet, on ne
pourra jamais évaluer d’avance
l’ampleur des dégâts que peuvent
produire les carcasses de viandes
infectés du virus de la Peste Porcine
Africaine au niveau des élevages du
territoire, de la province et voir même
du pays2. Pour éviter ces
tentatives, une prise de
conscience devrait être
effective au niveau de
l’Etat (en indemnisant les
fermiers) et des fermiers
eux-mêmes qui doivent en
évaluer les conséquences.
Concernant la détection
précoce de la maladie, un
test sérologique par la
technique Elisa est
disponible au Laboratoire
Vétérinaire de Kinshasa.
Aussi, les élevages qui le
souhaitent peuvent faire
suivre leurs troupeaux
sérologiquement par le
laboratoire. Le Laboratoire Vétérinaire de
Kinshasa, malgré le
manque de moyens est
disposé à se rendre sur
terrain chaque fois que les
éleveurs font appel à lui.
1Clôture, parcelle
2 Les carcasses ou viandes vendues
peuvent être déplacées par les revendeurs
ou acheteurs sur un rayon de plusieurs
kilomètres infectant ainsi les milieux
« sains »
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AUTOPSIE
Diagnostic différentiel avec la Peste Porcine Africaine : LE ROUGET
Symptômes
La forme septicémique (forme suraiguë) : les
symptômes des formes suraiguës s’observent surtout chez
un ou deux jeunes reproducteurs (affection sporadique) et à
l’occasion d’un événement stressant, le plus souvent la misebas. Ils débutent généralement par une température élevée
(41°C, 41,5°C) avec une atteinte importante de l’état général
(anorexie, abattement intense). La septicémie progresse
parfois très vite et on voit alors une cyanose importante des
régions à peau fine, comme au niveau des oreilles : à ce
titre, elle fait partie des « maladies rouges » (comme les
pestes porcines). Evidemment, la mort survient alors
rapidement.
La forme cutanée (forme aiguë) :avec des souches
moins virulentes ou en l’absence d’un traitement
symptomatique adéquat de la forme suraiguë, on assiste à
l’apparition des lésions cutanées caractéristiques. Ces lésions
siègent sur tout le corps et, surtout au début, sont surélevées.
De ce fait, on les palpe avant de les voir. Ces lésions cutanées
peuvent se nécroser.
En résumé
Le rouget septicémique se manifeste par des mortalités
aiguës chez des jeunes animaux reproducteurs avec des
lésions de type septicémique et des hémorragies souscutanées. Si la maladie évolue un peu plus lentement, on
peut voir de la cyanose, principalement au niveau des
oreilles. Si la maladie évolue encore un peu plus
lentement (de l’ordre de 24h à 48h), on peut alors observer
une forme cutanée avec des lésions quadrangulaires sur
le corps de jeunes animaux reproducteurs.
Dispositif général de lutte
En raison de la dissémination de l’infection dans
les élevages, la seule prophylaxie passe actuellement
par la vaccination. Cependant, l’immunité vaccinale est
de courte durée, ce qui nécessite des injections de rappel.
A côté des vaccins tués, qui nécessitent, lors de la primovaccination, une double vaccination à 3-4 semaines
d’intervalle, il existe des vaccins vivants atténués. Ceuxci, plus immunogènes, présentent malheureusement plus
d’effets secondaires. C’est pour cela qu’ils ne doivent pas
être utilisés chez les truies gestantes. Les cochettes et les
jeunes verrats doivent être systématiquement vaccinés
avant la mise à la reproduction.
Traitement
Les formes aiguës septicémiques et cutanées
répondent généralement à la pénicilline. Par contre, les
associations contenant du triméthoprime et un sulfamidé
sont inefficaces.
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La protection sanitaire
en élevage de porc
I
l faut reconnaître qu’en matière
de protection sanitaire des
élevages, nous n’avons pas réalisé
de progrès notoires ces dernières
années en Afrique Centrale.
Le manque de moyens (ou tout
simplement l’absence) de financement
des services compétents de l’Etat dans
ce domaine explique largement cette
situation. Mais il faut aussi ajouter que
les éleveurs eux-mêmes ne se sentent
pas suffisamment concernés par ce
problème. Et pourtant, il s’agit là de
l’un des aspects essentiels de la
sauvegarde des élevages. Même si le
laboratoire vétérinaire national n’a que
peu de moyens pour se rendre sur le
terrain là où une pathologie suspecte
et en principe contagieuse s’est
déclarée, les responsables du
laboratoire vétérinaire sont disposés à
se rendre sur le terrain à chaque fois
que les éleveurs font appel à eux.
Fort heureusement, à la faveur
de la reprise de la coopération
internationale avec la République
Démocratique du Congo,
un
programme imminent de réhabilitation
des capacités d’intervention du
Laboratoire va démarrer très
prochainement. Et c’est essentiel pour
que les maladies ne puissent se
répandre sans aucun contrôle… Ce qui
occasionne des dégâts parfois
terribles.
L’élevage des porcs est
concerné au tout premier chef par
cette situation parce que la Peste
Porcine Africaine représente une
menace permanente et lorsqu’elle est
entrée dans un élevage, il est trop tard
pour réagir.
LA PROTECTION SANITAIRE
Son rôle : limiter le risque d’introduction
d’un contaminant dans l’élevage.
Son objectif : maîtriser la santé.
Elle doit être associée à des mesures strictes de conduite d’élevage et d’hygiène.
Maîtrise de la santé = protection sanitaire + conduite d’élevage
DES VOIES DE CONTAMINATION MULTIPLES
L’identification des sources de contamination potentielles est primordiale
pour maîtriser le risque sanitaire.
Matériel
Air
Animaux
d’élevage
Réproducteurs
porcins
autres espèces
bovins, volailles
Homme
Nuisibles
rongeurs, oiseaux
insectes
Effluents
Chiens, chats
animaux sauvages
Sortie de porcs
Eau
Véhicules
Aliment
* Les dessins et schémas de cet article ont été établis et vulgarisés par l’ITP, Institut Technique du Porc
LA SURVIE DES AGENTS INFECTIEUX
Les durées de survie des agents infectieux dans l’environnement de
l’élevage mettent en évidence l’importance des mesures de protection
sanitaire.
Agents infectieux
Supports
Conditions
Durée de survie
Aujeszky
Lisier
5°C
15 semaines
Aliment
25°C
7 jours
Matière organique
T° ambiante
quelques jours
Pleuropneumonie
Parvovirose
Bâtiment
T° ambiante
4 mois
Epidermite exsudative
Matériel
T° ambiante
quelques semaines
Fièvre aphteuse
Lisier
Hiver
6 - 7 mois
LE LOCAL ET QUAI D’EMBARQUEMENT
Leurs rôles
- bien préparer les animaux avant le départ à l’abattoir : tri (sans pour autant
perturber les lots d’engraissement), mise à jeun et repos,
- faciliter le travail du chauffeur et de l’éleveur et limiter le « stress » des
animaux lors de l’embarquement,
- éviter que le chauffeur et le véhicule ne pénètrent dans l’élevage.
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et Cultures des Tropiques
Ses équipements
Eclairage extérieur
Interrupteur lumineux
Boîte à lettres
Porte anti-retour
Arrivée d’eau
avec tuyau
3m
Rambarde
Pédiluve
Accès du chauffeur
Barrière réglable
1m
- un container étanche, muni d’un couvercle, sur sol
bétonné, réfrigéré si possible,
- une fosse avec couvercle, une bâche ou une cloche pour
les cadavres de reproducteurs,
- un congélateur pour les porcelets et les délivres,
L’enlèvement des cadavres doit être effectué
régulièrement ainsi qu’un nettoyage-désinfection de l’aire
d’équarrissage.
Alternative : destruction des cadavres à la ferme : à la
chaux vive ou en brûlant les cadavres. Comme nous l’avons
évoqué au chapitre Peste Porcine Africaine, il est essentiel
de ne pas commercialiser les carcasses d’animaux morts.
2m
LA GESTION DES EFFLUENTS
LES POINTS IMPORTANTS
- des zones « éleveurs » et « chauffeur » distinctes,
- des barrières anti-retour, un éclairage, un système
d’arrosage,
- un pédiluve, un robinet dans la zone « chauffeur »,
- des pentes vers l’extérieur (<15%), un large couloir sans
angle, des portes pleines,
- une plate-forme large avec des barrières réglables,
- un nettoyage et une désinfection après chaque utilisation.
L’AIRE D’ÉQUARRISSAGE
Son emplacement
- le plus loin possible des bâtiments,
- le camion d’équarrissage ne croise pas les circuits
«animaux» et «personnel».
- le stockage doit se situer le plus loin possible des
bâtiments d’élevage et des entrées d’air, à l’écart des
vents dominants,
- des fosses à lisier couvertes sont préférables,
- l’enlèvement du lisier se fait par l’extérieur de l’élevage,
- l’épandage de lisier se fait en respectant les sites
d’élevages.
Les pages qui suivent présentent la panoplie des
mesures sanitaires qui sont d’application en Europe (et
telles que recommandées par l’Institut Technique du Porc,
en France). Si tout n’est pas transposable à la lettre, on
doit néanmoins s’en inspirer largement ; nous nous sommes
d’ailleurs permis quelques adaptations pour mieux les coller
à nos réalités africaines. Certes, nous sommes conscients
qu’un tel train de mesures n’est pas applicable partout mais
chacun ferait bien de s’en inspirer pour réagir sur les points
essentiels.
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Porte d’accès au
locale de stockage
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Les risques d’introduction de contaminants et les mesures préventives associées
Risques
Reproduction
Porcelets
Importance
+ +
+ + +
Homme
+++
Matériel
Animaux errants
Nuisible
Air
++
+++
++
+
Eau
++
Aliment
+++
Porcs charcuterie
++
Effluents
Equarrissage
Destruction des animaux morts
Protection
-
quarantaine : situation et conduite
statut sanitaire des fournisseurs
camion, nettoyé – désinfecté
pas de changement de fournisseur
- proscrire leur introduction chez les naisseurs-engraisseurs
- limiter le nombre d’origines
- statut sanitaire des fournisseurs
-
sas d’entrée
douche et tenue spécifique pour l’élevage
désinfection des mains
ordre des visites des élevages
éviter les visites d’étrangers, surtout de personnes
suspectées d’avoir été dans d’autres élevages de porcs
(vétérinaires, inspecteurs sanitaires)
- matériel spécifique à l’élevage
- matériel à usage unique
- double clôture pour éviter tout contact avec les porcs
divagants et les cochons sauvages
- dératisation
- désinfection
- traitement régulier contre les tiques (acaricides)
- distance entre élevages
- sens des vents dominants
- filtration de l’air (élevage de sélection)
- de préférence Regideso, eau de pluie ou puits dans
l’exploitation
- contrôle qualité bactériologique
- chloration
- nettoyage des circuits d’eau
- ne pas prélever l’eau d’un cours d’eau s’il y a d’autres
exploitations en amont
-
techniques de fabrication
qualité des matières premières
propreté du camion
attention aux sacs (emballages) qui viennent d’autres
exploitations
- local et quai d’embarquement
- nettoyage - désinfection des camions
- circuit du camion
+++
-
accès aux fosses à lisier par l’extérieur
épandage : respecter les sites d’élevages
enfouisseurs
lavage du matériel
+++
- brûler les cadavres ou enfuir en recouvrant de chaux vive.
- ne pas vendre les carcasses d’animaux morts.
Troupeaux
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et Cultures des Tropiques
Le principe doit être appliqué par
tous les élevages car c’est en
introduisant un nouvel animal que l’on
introduit le plus souvent les maladies.
Cependant, seuls les élevages d’une
certaine taille peuvent se permettre un
local de quarantaine. En pratique, pour
les petits élevages, nous préconisons
l’achat des animaux dans une ferme
où les maladies sont étroitement
contrôlées.
Les rôles de la quarantaine
- la protection sanitaire par la
surveillance de l’état sanitaire des
animaux introduits,
- l’adaptation au microbisme de
l’élevage,
- la mise en œuvre des plans de
vaccination,
- la préparation à la reproduction. La
quarantaine est un passage obligé
pour les cochettes et verrats.
Le local de quarantaine
La clôture
Ses rôles :
- délimiter les paramètres de
l’élevage,
- empêcher le passage des animaux
errants (porcs, cochons sauvages,
phacochères…);il s’agit donc
d’une double clôture qui empêche
tout contact direct des porcs avec
les animaux de l’extérieur,
- contrôler l’accès des personnes et
des véhicules.
Ses caractéristiques
- en grillage solide, enterré et de 1,5m
de hauteur,
- à environ 5m des bâtiments.
Le sas d’entrée
Il s’agit d’un local situé au niveau de
la clôture,
- avec une partie « externe », en
contact avec l’extérieur et une
partie « interne » donnant accès à
l’élevage.
Ses équipements
- une sonnette,
- idéalement une douche, au
minimum un lavabo,
- du savon et du désinfectant,
- des tenues propres et spécifiques
à l’élevage,
- un sas matériel muni d’un dispositif
de désinfection.
Nettoyage, désinfection et vide
sanitaire
D’une manière générale, chaque
fois que des porcs quittent une loge
d’élevage, il faut procéder au
nettoyage, puis à la désinfection, si
possible au chaulage et enfin à un vide
sanitaire. Le vide sanitaire revient à
laisser la loge sans occupants pendant
quelques jours.
Cette
procédure
est
particulièrement importante dans les
loges de maternité, afin que les
nouveaux-nés qui vont naître là, ne
soient pas en contact immédiat avec
des agents pathogènes laissés par la
truie précédente et sa portée et ceci
même si la truie est nettoyée, et traitée
contre les parasites externes avant
son entrée en loge de maternité.
Guichet
EXTERIEUR ELEVAGE
- indépendant et en périphérie des
bâtiments d’élevage,
distance idéale : 30 à 50m du
premier bâtiment,
- à l’écart des vents dominants,
- avec un accès direct permettant la
livraison des animaux de l’extérieur
de l’élevage,
- avec un toit et des parois isolés.
BUREAU
Sours-vêtement
<extérieur>
Vêtement
d’élevage
Douche
Sours-vêtement
<d’élevage>
SAS matériel
Clôture
INTERIEUR
ELEVAGE
LAVE - BOTTES
Troupeaux
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33
MAL
MALADIE
PROTECTION
SANITAIRE
MALADIE
PROTECTION
SANITAIRE
ADIE ET
ET PRO
TECTION SANIT
AIRE
LA QUARANTAINE
SANIT
AIRE
SANITAIRE
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SANITAIRE
MAL
ADIE
TECTION
MALADIE
PROTECTION
MAL
ADIE ET
ET PRO
PRO
MALADIE
PROTECTION
TECTION
Le nouveau concept de « maladie »
P
our rassurer le lecteur
« spécialisé » qui souhaiterait
trouver ici un mémento
complet des maladies du porc en
Afrique centrale, précisons que le
Centre Agronomique et Vétérinaire
Tropical de Kinshasa (RDC) va
prochainement publier un syllabus
destiné à l’éleveur de porcs et qui
détaillera, outre les maladies, les
différents aspects pratiques liés à cet
élevage.
La maladie la plus redoutable a
fait l’objet d’un article séparé dans ce
numéro, de même que pour la
prophylaxie sanitaire (Peste Porcine
Africaine).
Nous allons vous parler ici des
maladies en général sous d’autres
angles, plus particuliers.
TOUT D’ABORD,
spécifique des animaux est très faible.
De nombreuses maladies sont, au contraire, très dépendantes des
conditions d’environnement comme les diarrhées colibacillaires néonatales. Dans
ce cas, la résistance peut diminuer suite à une diminution de l’ingestion de
colostrum ; dans un autre exemple, l’absence de compartimentation déséquilibre
le pilier « environnement » alors que l’absence de nettoyage-désinfection
augmente la pression d’infection.
En fait, l’association « un microbe-une maladie » doit être nuancée. Cette
association « primaire » n’existe que pour un nombre très limité de maladies.
Dans la majorité des cas, cette association ne tient pas compte des facteurs
d’environnement. En effet, un grand nombre d’infections sont déjà présentes
dans un élevage et ne s’extériorisent que suite à un déséquilibre complexe qui
fait intervenir le micro-organisme, la résistance de l’hôte et l’environnement au
sens large.
Nous évoluons maintenant vers un concept qui prend de plus en plus
d’importance, celui des maladies de production.
Par exemple, les mauvaises performances zootechniques doivent être
considérées comme des maladies de production. Ainsi, l’hypoproductivité, en
terme de porcelets nés totaux, nés vivants ou encore sevrés, est une maladie de
production dont la caractéristique clinique est aisée à constater.
Animaux
AU SUJET DU
CONCEPT DE MALADIE
La maladie est classiquement le
résultat d’une interaction entre la
résistance de l’hôte et l’environnement,
par ses composantes physiques,
chimiques et biologiques.
Les agressions peuvent être
regroupées en agressions mécaniques
(traumas lors de bagarre, lors
d’injection traumatique), agressions
physiques (température), agressions
chimiques (substances toxiques ou
médicatrices) ou agressions
biologiques (bactéries, virus,
parasites).
Notons que certaines caractéristiques physiques des bâtiments
peuvent conduire à une augmentation
des agressions comme la conduite d’un
bâtiment en rotation ou le
regroupement de porcs de différentes
origines.
Certaines maladies sont la
conséquence de l’introduction du
micro-organisme chez l’hôte et les
conditions d’environnement jouent dans
ce cas un rôle mineur, l’exemple le plus
manifeste est celui de la Peste Porcine
Africaine. Dans ce cas, la résistance
Eau
Microbicine
PERFORMANCES
MORTALITE
Logement
Alimentation
Management
Il en est de même pour des performances d’engraissement, que ce soit la
vitesse de croissance, une mauvaise conversion alimentaire ou encore un mauvais
rendement de carcasse à l’abattoir. La conduite d’élevage joue un rôle majeur
dans ce groupe de maladies.
On distingue notamment dans ce groupe les maladies nutritionnelles
qui peuvent être la conséquence d’un déséquilibre nutritionnel (exemple du
rapport calcium-zinc chez le porc à l’engrais) ou d’un déficit primaire ou
secondaire (exemple de la carence en vitamine E et en sélénium qui peut être
primaire ou secondaire). Elles peuvent aussi être la conséquence d’excès et
relèvent alors souvent de la toxicologie.
Il y a également des maladies d’origine génétique ou encore métabolique
ou toxicologique (excès de médicaments, myco-toxines sur les aliments).
Troupeaux
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et Cultures des Tropiques
dans les zones à très fortes concentration de porc (Hollande,
Belgique, Danemark, Bretagne) et malgré un système de
police sanitaire hyper-sophistiqué et qui indemnise l’éleveur
en cas de problème, la situation sanitaire au Congo renvoie
aussi au microbisme, à un autre niveau.
Au Congo, l’absence de l’Etat en soutien à l’éleveur,
l’absence d’indemnisation en cas d’épidémie, la précarité
financière fait que la destruction des cadavres relève de la
seule responsabilité des éleveurs et n’est donc pas
systématique ! Dans certains cas, malheureusement, la
viande est vendue, au rabais.
Certains éleveurs dont l’élevage est frappé par la
Peste Porcine Africaine, refusent d’abattre la totalité de
leurs animaux et croient pouvoir rebâtir l’élevage à partir
des survivants ; ce faisant, ils maintiennent des porteurs
de virus dans leur élevage qui pourront le détruire à nouveau
plus tard et contaminer les élevages voisins.
On comprendra aisément que pour développer
durablement l’élevage porcin dans notre pays, il faudra
bannir de telles pratiques !
Porcelets sevrés / truies / année
Porcelets sevrés / portée
Porcelets sevrés / truies / année
Porcelets nés
vivants / portée
Mortalité
pré-sevrage
Porcelets nés
totaux
Mort-nés
Jours
improductifs
Durée de
lactation
Chacun des paramètres identifiés dans cette figure peut être considéré comme le symptôme d’une maladie de production
Troupeaux
et Cultures des Tropiques
35
35
MAL
MALADIE
PROTECTION
SANITAIRE
MALADIE
PROTECTION
SANITAIRE
ADIE ET
ET PRO
TECTION SANIT
AIRE
L’approche des maladies dites de production requiert,
comme pour les maladies infectieuses, une méthodologie
analogue : étude des causes, des symptômes, mais aussi
de méthodes diagnostiques fiables avant de faire des
recommandations thérapeutiques et prophylactiques
efficaces.
Il y a enfin une définition à la mode qui caractérise
« des nouvelles » maladies, celles des pathologies
émergentes.
Il s’agit de maladies récentes ou autrefois mal
connues voire sous-estimées. L’avancement des
connaissances montre qu’elles sont rarement imputables à
un seul pathogène. De plus en plus souvent aussi,
l’éradication de ces maladies passe aussi par une correction
des conditions d’élevage et une limitation au stress des
animaux.
Pour conclure, la maladie en élevage de porc, surtout
intensif, est une notion de plus en plus complexe.
Chaque éleveur apprend à vivre avec « ses »
microbes, pour éviter soigneusement d’ajouter à ses porcs
les microbes de ses voisins et d’autres éleveurs. Si le
contexte est devenu singulièrement compliqué en Europe

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