La douleur présentée aux psychologues par des psychologues
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La douleur présentée aux psychologues par des psychologues
Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2008) 9, 48—49 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com LU POUR VOUS La douleur présentée aux psychologues par des psychologues Pain presented to psychologists by psychologists Florentin Clère Consultation pluridisciplinaire de la douleur, centre hospitalier de Chateauroux, 216, avenue de Verdun, 36000 Chateauroux, France Disponible sur Internet le 28 mars 2008 Le Journal des Psychologues a choisi de consacrer un dossier complet à la thématique douleur dans son numéro d’avril 2007. Cette revue destinée aux psychologues cliniciens se décrit sur comme « différente des parutions scientifiques, non réductible aux revues de vulgarisation mais apportant néanmoins l’essentiel de l’information indispensable à une profession en mouvement » [1]. Le titre qu’elle a choisi pour son dossier, « La douleur : expérience et subjectivités », est en lui-même prometteur. . . Laurence Croix débute le premier article du dossier [2] sur une question : « Y a-t-il des vraies et des fausses douleurs ? ». Peut-on avoir mal sans raison apparente ? L’auteur rappelle dans ses écrits, avec beaucoup de justesse, que la douleur est liée à la notion de sujet plus qu’à celle d’organicité. Elle rappelle également que certaines douleurs mal expliquées scientifiquement ont longtemps été qualifiées de psychogènes avant d’être mieux connues. L’exemple typique est la douleur de membre fantôme après amputation (algohallucinose). En se basant sur les écrits de Freud et de Lacan, l’auteur souhaite faire passer le message que la douleur n’est pas une conversion ou un phénomène psychogène mais reste proprement humaine. « Et tant que nous resterons humains [. . .], nous risquons de ne pouvoir que rarement et que ponctuellement l’éviter ». En tant que professionnelle exerçant dans l’UETD. du CHU de Bicêtre, Elodie Cavro replace dans son article [3] la douleur dans son contexte environnemental. La première partie de ses écrits est consacrée à la douleur aiguë. Elle y fait le constat que ce signal d’alarme modifie le mode de communication du sujet : « le pic douloureux altère ou interrompt instantanément le cours de son discours et fait fracture dans la dynamique interpersonnelle ». D’où l’importance de l’abord relationnel, notamment en période traumatique (urgences) ou postopératoire (chirurgie). La seconde partie tente d’expliquer pourquoi le fait de distinguer la douleur, qui ne serait que physique, de la souffrance, témoin de la douleur psychique, est à l’origine d’échecs dans la Adresse e-mail : fl[email protected] 1624-5687/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.douler.2007.12.010 La douleur présentée aux psychologues par des psychologues prise en charge des patients douloureux chroniques. Trop de dichotomie nuit à la complémentarité des professionnels. Elodie Cavro cherche ainsi à exposer le rôle du psychologue clinicien dans la prise en charge du patient douloureux chronique : « faire du lien interpersonnel la voie d’accès à la souffrance et le véhicule de son apaisement ». Dans le cas contraire, elle considère que le seul avantage des structures d’évaluation et de prise en charge de la douleur ne serait que « d’alléger les salles d’attentes des médecins généralistes ». C’est donc bien de globalité de prise en charge qu’il est alors question. Mais la notion même de globalité, tant revendiquée par les structures ressources de la douleur, ne serait-elle qu’un mythe ? Dans son article, intitulé « Lorsque les médecins de la douleur font de la psychologie. . . », Antoine Bioy [4] met en garde ses collègues psychologues (lecteurs de la revue) sur la communauté médicale et sa fameuse « toute-puissance ». Dénonçant avec beaucoup de lucidité l’ambiguïté des notions de « douleurs psychogènes » et de « douleurs chroniques rebelles », il pointe dans cet article la difficulté pour deux professions différentes de parler le même langage. Le but affiché d’Antoine Bioy est de souligner « ce qui, dans les fondements et surtout l’évolution des structures douleur et leur fonctionnement, venait gêner voire empêcher un travail réellement coordonné du psychologue clinique en exercice dans ce secteur ». Il synthétise sa pensée en une phrase « la psychologie reste mal connue pour les médecins et beaucoup pensent pouvoir être psychologue s’ils en avaient le temps ». Expérience personnelle 49 d’un membre du conseil d’administration de la SFETD. ou généralité ? Alors que les écrits de Vannina Micheli-Rechtman [5] sont plutôt consacrés aux souffrances liées à l’anorexie, le dernier article du dossier [6] fait le point sur les conséquences du vieillissement sur le psychisme de l’individu. Pertes multiples, limitations physiques et intellectuelles, handicaps : la douleur s’inscrit alors dans une histoire de vie parfois bien fragilisante. En fonction des capacités d’adaptation du sujet la douleur peut déprimer (voire évoluer vers la mélancolie), peut être relativisée ou vécue comme une fatalité, peut poser la question du sens de la vie : « à quoi bon dans ces conditions. . . ». C’est bien là, dans cette crise narcissique, que le psychologue clinicien peut apporter son aide. « Vieillir, alors, n’est pas cesser de devenir ». Références [1] http://www.jdpsychologues.fr/accueil.asp?indicrub=JOPR [2] Croix L. Vraie ou fausse douleur ? Le psychique et l’organique en jeu dans la douleur. Le Journal des Psychologues 2007;246:24—9. [3] Cavro E. Douleurs et intersubjectivité. Le Journal des Psychologues 2007;246:30—4. [4] Bioy A. Lorsque les médecins de la douleur font de la psychologie. . .. Le Journal des Psychologues 2007;246:35—9. [5] Micheli-Rechtman V. La douleur d’avoir faim : l’anorexie. Le Journal des Psychologues 2007;246:40—4. [6] Polard J. La difficulté de vieillir. Le Journal des Psychologues 2007;246:45—6.