Eosinophilie - Faculté de Médecine et de Maïeutique Lyon Sud

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Eosinophilie - Faculté de Médecine et de Maïeutique Lyon Sud
Hyperéosinophilie - Orientation diagnostique (Item 311)
Devant une éosinophilie, argumentez les principales hypothèses diagnostiques et
justifiez les examens complémentaires
Professeur Pascal Sève – Mai 2010
1-Définition, généralités
Nombre absolu de PNE sanguins > 500/mm3 confirmé par des NFP répétés.
Souvent négligé
Peut-être le premier signe de maladies graves : néoplasie, hémopathies, vascularite
Nécessite une démarche étiologique complète et systématique, souvent complexe en
raison de la grande diversité des étiologies et des manifestations cliniques
Si enquête < devant une HEo persistante, on doit évoquer le diagnostic de :
syndrome hyperéosinophilique primitif (SHP)
prise en charge spécialisé
2-Etiologies
*Evoquer en premier lieu :
Allergie : hyperéosinophilie<1500/mm3
Iatrogénie : B-lactamines, sulfamides, anti-épileptiques, allopurinol, AINS, ralénate de
strontium…
Causes infectieuses : helminthes++
Parasitoses autochtones : distomatose, toxocarose, trichinose, ascaridiose, anisakiase,
(taenia, hydatidose, hypodermose...)
Parasitoses exotiques : filarioses, bilharzioses, anguillulose, ankylostomiase...
Ne pas oublier : VIH, VHB, VHC, (HTLV1)
*Evoquer dans un second temps : maladies d’organe
✗ Maladies dermatologiques : Médicaments, Parasites (Gale, myase, filariose,
bilharziose, anguillulose, ankylostomiase), Allergie (Dermatite atopique, urticaire),
Pemphigoïde bulleuse, Mastocytose, Lymphomes cutanés épidermotropes,
Syndrome de Gleich…
✗ Maladies pulmonaires : asthme (Churg et Strauss, Aspergillose BronchoPulmonaire
Allergique, Triade de Widal, Asthme à PNE « bronchique »), poumons à éosinophiles
(Pneumopathie d’Hypersensibilité, Parasitoses, Pneumopathie chronique à Eosino,
Churg et Strauss)
✗ Maladies digestives :
✗ Manifestations digestives : Parasites (Ankylostomiase, anguillulose,
ascaridiose, bilharziose, echinococcose, fasciolose, trichinellose, toxocarose),
Allergie, Cancers, Vascularites, Maladie de Crohn, maladie de Whipple,
Gastroentérite à éosinophiles, SHP
✗ Manifestations hépatiques : Parasitoses (Fasciolose, ascaridiase, hydatidose,
anguillulose, ankylostomiase, bilharziose), Cholangite sclérosante
✗ Maladies systémiques : Vascularites (Angéite de Churg et Strauss…), Polyarthrite
rhumatoïde, connectivites, Embols de cholestérol, Fasciite de Schulman
✗ Hémopathies et néoplasies : maladie de Hodgkin, LNH-T cutanés, mastocytoses,
lymphomes, leucémies, tumeurs métastatiques
✗ Déficits immunitaires
*Evoquer dans un troisième temps : SHP
Définition : hyperéosinophilie>1500/mm3, >6 mois, Manifestations viscérales,
Absence de cause
Atteinte cardiaque+++ : valvulopathie, myocardite, thromboses (A rechercher)
Atteinte neurologique centrale, pulmonaire, cutanée, digestive
Plusieurs maladies :
SHP myéloïde : Transcrit de fusion FIP1L1-PDGFRa (efficacité Glivec)
SHP lymphoïde : Phénotype lymphocytaire T aberrant (production IL5)
SHP indéterminée
3-Circonstantes de découvertes
1-Fortuite (bilan de santé, médecine du travail)
2-Symptomes
Urticaire, rhinite, asthme, éruption, douleurs abdominales, confusion….
3-Connaître :
Formes graves de toxidermie : DRESS
Risque d’insuffisance rénale aiguë et hépatite fulminante
Urgences parasitaires
Phase d’invasion parasitaire
Toxocarose, trichinose
Myocardite, encéphalite ou vascularite cérébrale
Anguillulose maligne
Syndrome de lyse parasitaire
Filaires (loase)
Insuffisance rénale aiguë, état de choc, encéphalopathie
4-Démarche diagnostique
Interrogatoire minutieux
Antécédents personnels et familiaux : atopie, cancers…
Mode et hygiène de vie : toxiques, allergènes en milieu professionnel,
habitudes alimentaires, contact avec des animaux
Contexte ethno-géographique : notion de séjour en zone d’endémie parasitaire
Notions de prises médicamenteuses : antériorité / apparition HEo
Histoire de l’hyperéosinophilie : circonstances de survenue, niveau,
ancienneté, évolution, signes associés
Examen clinique : complet
Etat général : fièvre, amaigrissement
Signes cutanés : urticaire, erythrodermie, oedèmes, lésions élémentaires,
ulcérations muqueuses
Manifestations viscérales :
Signes d’appel : (hépato)digestif, pulmonaire, cutanées
Organes hématopoiétiques
Retentissement : neuro, cœur (QS)
Examens paracliniques de première intention : examens orientés
Hémogramme avec frottis sanguin (blastes, myélémie, cellules de Sézary)
Ionogramme sanguin, créatinine
Bilan hépatique
Sérologies VIH, VHC
Examen parasitologique des selles (3 jours)
Sérologie toxocarose + autres sérologies orientés par la clinique et les voyages
Examens paracliniques de deuxième intention : (après traitement antiparasitaire
d’épreuve)
Sérologies HTLV1
Facteurs antinucléaires (connectivites)
Anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (granulomatose de
Wegener, syndrome de Churg et Strauss)
Electrophorèse des protéines sanguines (lymphomes)
IgE totales
Vitamine B12 (↑LMC et certains SHP)
RxP, échographie abdo-pelvien ou scanner thoraco-abdo-pelvien (atteinte
pulmonaire, adénopathies profondes, néoplasie)
Echographie cardiaque et ECG (retentissement)
Examens paracliniques de troisième intention : centre spécialisé
Tryptase sérique (↑mastocytose et certains SHP)
Myélogramme et caryotype (leucémies chroniques et certains SHP)
Phénotype lymphocytaire et recherche d’une clonalité T circulante
(lymphomes, SHE lymphoïdes)
Transcrit de fusion FIP1L1-PDGFRA (SHP)
Biopsie d’organes suivant la symptomatologie :
digestive, cutanée, neuromusculaire, lavage bronchio-alvéolaire
Prouver l’infiltrat à PNE, cellules tumorales, prélèvements
parasitologiques (anisakis, recherche de bilharzies), recherche de
vascularite
Pour en savoir plus :
• Kahn JE. Eosinophilie. Rev Prat. 2009;59:983-9.
• E. Pilly. Conduite à tenir devant une hyperéosinophilie. 2010:140-5.
• Réussir l’ECN. Médecine Interne. Collège national des enseignants de Médecine
Interne. Ellipses 2008