LES CONFLITS ET LA SOLITUDE
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LES CONFLITS ET LA SOLITUDE
LES CONFLITS ET LA SOLITUDE PSY1951 2004-05 1. LES CONFLITS Menu • 1. Conflit: définition et caractéristiques • 2. Conflits et modes d’attribution des causes • 3. Les séquences d’un conflit • 4. Les modes de résolution des conflits 1 Les conflits interpersonnels: définition • Le conflit est une confrontation vive entre deux personnes – Qui implique l’expression explicite de désaccords et ou de désagréments au moyens de mots hostiles ou perçus comme tels (remarques, reproches, désapprobation, critiques….) – qui entraîne un impact émotionnel négatif: frustration, rage, colère, tristesse. • Les conflits sont le plus souvent bilatéraux : quelqu’un exprime son désaccord, l’autre réagit • Le conflit surgit lorsque le comportement d’un des membres de la dyade entre en contradiction avec les objectifs, les attentes ou les désirs de l’autre. Cette opposition engendre des perturbations au niveau des interactions et des émotions Les conflits interpersonnels: définition • Il existe diverses formes de conflits – Conflits inter groupe: guerres nationales ou civiles, conflits sociaux, oppositions politiques, conflits raciaux, confrontations interethniques ou religieuses, • Il s’agit de conflits identitaires où domine la question de « nous-autres » et « vous autres » – Conflits « statutaires »: confrontations entre personnes ayant des statuts de pouvoir asymétriques • Employé et patron • Étudiant et professeur • Policier et citoyen … – Conflits interpersonnels: interpersonnels couple, amitiés, parent/enfant… • Expression des désaccords sont souvent subtils et implicites > explicites • L’intensité du conflit est essentiellement fonction de la lecture subjective des partenaires: intentions, attribution des causes .. 2 Les conflits interpersonnels: manifestations • Les relations interpersonnelles sont un terrain fertile pour les conflits • Le conflit interpersonnel dérange et inquiète – Il est à l’origine d’émotions pénibles: frustration, colère et rage, peurs, sentiment de rejet, de ne plus être aimé, atteinte à l’estime de soi – Il peut devenir explosif: perte de contrôle • Le conflit entraîne une dégradation de la relation et les risques de rupture – Le conflit ne tend pas spontanément vers sa résolution. C’est la force des liens affectifs, la volonté de maintenir la relation ou l’évaluation des risques qui pousse la recherche de solutions. Fréquence, intensité et modes de résolution des conflits • La fréquence des conflits est un faible prédicteur de rupture – Sauf quand les situations de conflits > situations de plaisirs partagés • L’impact émotionnel des conflits est un indicateur plus déterminant que la fréquence: risques de rupture • La recherche démontre clairement que ce sont les modes de résolution des conflits qui sont le meilleur prédicteur de la poursuite ou de la rupture dans les couples 3 Les conflits interpersonnels et le jeu des attributions La recherche insiste sur rôle des facteurs subjectifs dans le démarrage et l’escalade des conflits interpersonnels: plus particulièrement sur le rôle de l’attribution causale • Attributions causales: à quoi j’attribue les causes des événements qui m’arrivent dans la vie – Attributions internes: je suis à l’origine de ce qui arrive – Attributions externe: les événements extérieurs sont la cause – Attributions permanentes ou stables (c’est dans ma tête ou ma personnalité) – Attributions variables (ça dépend des circonstances) Attributions causales et conflits interpersonnels • 1. Les procédures d’attribution sont plus actives durant les conflits • 2. On observe une tendance a attribuer les événements à des causes internes chez l’autre et à des causes externe chez soi • 3. Chacun pense que ses propres motifs sont bons et que ceux des autres sont mauvais • 4. Les désagréments au sujets des faits se transforment en désagréments sur les motifs. • 5. J’ai tendance à expliquer ma conduite par des situations (variables) et à comprendre la réaction de l’autre par des motifs personnels (permanents) 4 Les conflits interpersonnels : séquences • Les conflits se déroulent comme un scénario ou une pièce de théâtre (Shantz, 1989; Collins, 2000) • Comme dans une pièce il y a des acteurs: – protagoniste: initie le conflit – antagoniste: réagit négativement • La pièce se déroule en 4 actes: – Le prologue : thème ou motif – Complication: expression de divergences, oppositions – Confrontation: montée en intensité émotionnelle et atteinte du sommet (insultes, claquage de porte, coups) – Dénouement: réduction de la tension et retour au calme Prologue - thème - motif Complication - saut Confrontation -montée des émotions négatives Dénouement 5 Conflits interpersonnels: séquences Prologue: thème ou motif de la discorde, porte souvent sur des faits, des événements ¾ Protagoniste: remarque, commentaire, tentative de mise au point, retour sur un événement passé 9 Présence de motivations sous-jacentes 9 Recherche de contrôle, jeu de pouvoir: cherche à imposer sa vision des choses ¾ Antagoniste 9 Perçoit l’intervention comme une mise en question , une menace, une agression Conflits interpersonnels: séquences • 2. Complication: montée en intensité des émotions négatives 9 Accentuation des divergences 9 Personnalisation du débat et des reproches 9 La discussion ne porte plus sur les faits mais sur les intentions 9 Amalgames de reproches 9 Retour sur d’anciens conflits …. 6 Conflits interpersonnels: séquences • 3. Montée en intensité 9 Radicalisation des positions 9 Escalade symétrique: le conflit s’amplifie de soimême 9 Sentiments négatifs: humiliation, rage, injustice, colère, sentiment de rejet …. 9 Usage de mots blessants et d’insulte 9 Cris, portes claquées, départ subit.. 9 Menaces, 9 Coups, blessures, Conflits interpersonnels: séquences • 4. Dénouement 9 Atteinte du sommet des émotions, des reproches, des menaces … (on ne veut ou on ne peut pas aller plus loin) 9 Rupture de l’affrontement: pleurs, isolement, retrait d’un des protagonistes 9 Baisse progressive des émotions, retour au calme, 9 Idéalement: tentative de résolution du conflit 7 Les conflits interpersonnels et les sentiments blessés: être frustré, fâché, choqué, en colère .. etc • Tous les conflits ne prennent pas une allure de confrontation vive. • De nombreux conflits donnent lieu à des réactions de repli, de silence ou de bouderie chez un partenaire – Une vignette: Louis et Isabelle et les magazines – Cela illustre la présence de toutes les composantes négatives des conflits • Pensées, sentiments, attributions négatives, comportements …. • Ce type de conflits « latents, larvés » entraîne une érosion de la qualité de la relation et des risques de détérioration à long terme • Facteurs qui influencent les risques de conflits – Susceptibilité d’un partenaire • Histoire personnelle • Modes d’attachement à l’âge adulte Les principaux ingrédients des conflits • 1. Les incompatibilités – Une vignette: Robert et Geneviève et le désir d’intimité – Les risques • Les événements de vie • Accentuation et polarisation des différences • 2. Protection de l’estime de soi – La colère est une réaction contre toute forme d'offense à l’égard de moi, mes valeurs, mon histoire personnelle, ma famille d’origine – Le partenaire est une personne particulièrement significative sur ce plan et la sensibilité est particulièrement vive • 3. Protection contre les formes de rejet et la perte d’amour 8 La gestion des conflits • 1. La présence de conflits interpersonnels est inévitable dans une relation (famille, couple, amitiés) – Ce qui est problématique • intensité et l’impact émotionnel des conflits • aspects destructeurs de certains conflits • expériences négatives > expériences négatives – mémoire sélective: nous retenons + les expériences négatives > expériences positives • 2. Ce qui est crucial: comment les partenaires font face aux conflits, modes de résolution des conflits – C’est la volonté de sortir du conflit qui favorise la résolution – Cette volonté est dictée par la force des liens et/ou la volonté de maintenir ces liens Conflits: modes de résolution adéquats ¾ Désamorcer le conflit au départ • Prendre une distance par rapport à sa propre position (humour) • Prendre conscience et accepter ses sources de vulnérabilité ¾ Clé décisive: communication, discussion et échange • Aborder les choses et les sources de frustration (courage) • Aborder les choses plus rationnellement > émotionnellement • Écouter > mettre en accusation • Tenter de saisir le point de vue de l’autre • Adopter une position de coopération > position d’antagonisme (trouver des compromis) ¾ Revenir sur les conflits antérieurs et les analyser ¾ Pratiquer des approches alternatives à la colère 9 Modes de résolution adéquats des conflits • 1. Modes d’attribution durant et au terme des conflits – Couples heureux: les événements négatifs sont attribués à des dimensions externes, variables et spécifiques – Couples malheureux: les événements négatifs sont attribués à des facteurs internes (à la personne), stables et globaux • 2. Caractère prévisible des réactions émotionnelles – Couples heureux: réactions stables moins sensibles aux événements – Couples malheureux: réactions plus extrêmes (négatives et positives) et plus imprévisibles (volatiles) 2. LA SOLITUDE 10 menu • 1. La solitude: définition et caractéristiques • 2. Les facteurs associés à la solitude • 3. Les facteurs qui causent la solitude • 4 Comment faire face à la solitude Isolement et solitude Problème : de quoi parlons-nous quand on parle de solitude En effet: la solitude peut-être choisie ou imposée on parlera d’isolement dans le premier cas et de solitude dans le second on peut s’isoler volontairement pour réfléchir, créer, penser, prier » Navigateur solitaire » Ermite, moines, religieuses • De nombreuses études expérimentales ont été menées sur l’isolement volontaire: caractère pénible de cette expérience (prisonniers) – Nécessité vitale des contacts sociaux – Importantes différences individuelles à l’isolement • Entre 20 minutes et 8 jours • Moyenne: 2 jours 11 Isolement et solitude • Les différences individuelles face à isolement et sociabilité s’expliquent par des différences de personnalité (Swap & Rubin, 1983) – Introversion / extraversion • Tolérance à l’égard des individus « solitaires » (Parmelee & Werner, 1978) – Dans les institutions: les individus solitaires sont rejetés et considérés comme des marginaux – Isolement est valorisé dans le cas des créateurs: écrivain, peintre ou sportifs Isolement et solitude • Régle: il existe un processus dynamique entre la sociabilité et recherche d’isolement – Altman (1975): les adultes « bien adaptés » sont ceux qui alternent les périodes d’interaction sociales et les périodes de repli et d’isolement – Goossens (2000): les adolescents (15 ans) qui vivent des périodes d’isolement sont plus matures sur le plan de la construction de leur identité 12 Solitude: définition • Il sera question dans cet exposé de la première forme de solitude – Expérience négative – Imposée et non recherchée – S’accompagnant de sentiments pénibles • Définition: – Expérience négative qui s’exprime sur le mode du manque, de la privation, ou de la perte – Qui apparaît lorsque le réseau social d’une personne se révèle déficient de façon importante – S’accompagnant d’émotions pénibles: ennui, tristesse, désespoir, dépréciation de soi Solitude caractéristiques • 1. La solitude traduit un sentiment d’échec dans l’établissement de relations avec d’autres ou l’intégration dans des groupes • 2. La solitude s’accompagne d’émotions négatives: – Regrets sur le passé – Frustration sur le présent – Craintes pour l’avenir • 3. La solitude est toutefois une expérience essentiellement subjective: certains paraissent très entourés mais se sentent seuls; d’autres ont un petit réseau social et relativement peu de contacts et d’interactions mais ils sont comblés 13 Deux formes différentes de solitude (Weiss, 1973) • 1. Solitude émotionnelle: – impossibilité ou difficulté d’entrer en contact avec d’autres – absence de la plupart des formes de relation intime de proximité: amitié, relation amoureuse • Traduit un échec de l’attachement • S’inscrit dans l’histoire personnelle ancienne de la petite enfance • 2. Solitude sociale: absence de liens significatifs avec un groupe (amis, connaissances) – Sentiments d’abandon, de rejet, de marginalité – Provient de causes personnelles (timidité, absence d’habiletés sociales), des circonstances (déménagement, veuvage) ou de l’environnement social (rejet, exclusion) Expérience de la solitude • Enquête menée en Angleterre auprès d’un vaste échantillon de 15 ans et plus (Argyle & Henderson, 1985) – 25% déclarent vivre un sentiment de solitude 1 fois par mois – 8%: 1 fois par semaine – 4%: tous les jours • Confirmation de faits attendus: – Les personnes veuves – Les adultes monoparentaux vivent plus de solitude que les autres personnes 14 Qui vit le plus la solitude: l’âge • Il y a un stéréotype qui veut que la solitude soit le fait des personnes âgées • Faux: – Le groupe de 15 - 25 ans est le plus touché par la solitude • 50% déclarent vivre régulièrement la solitude • 15 déclarent être souvent très seuls – C’est à l’adolescence que l’expérience de la solitude atteint son sommet (fréquence, caractère pénible) Qui vit le plus la solitude: l’âge • L’expérience de la solitude commence tôt. – À la maternelle; certains enfants se sentent seuls (10%) – À 8 ans les enfants peuvent décrire avec précision les émotions reliées à la solitude – L’expérience de solitude atteint un sommet à l’adolescence: • Les ados tolèrent plus mal la solitude • cela va à l’encontre des impératifs de cet âge – Être avec d’autres – Se trouver une place dans le groupe .. 15 Qui vit le plus la solitude: le sexe • Les hommes rapportent plus d’expérience de solitude que les femmes (particulièrement dans le groupe 15 - 25 ans) – Explication: sociabilité supérieure des femmes • Les femmes partagent plus leurs activités avec d’autres femmes • Les femmes parlent plus avec leurs amies de sujets personnels – L’impact émotionnel de la solitude est identique pour les hommes et les femmes Qui vit le plus la solitude: autres facteurs • Le statut conjugal: les personnes mariées se déclarent moins seules que les personnes séparées , veuves ou divorcées (pas les célibataires) • Pas de différences entre ville et campagne • Les adultes dont les parents ont divorcé vivent plus de solitude (pas ceux dont un des parents est décédé) et il semble y avoir un lien entre précocité du divorce parental et sentiment de solitude (Shaver & Rubinstein, 1980) 16 Les causes de la solitude • Facteurs situationnels – Tous les facteurs qui échappent au contrôle de la personne et qui causent la dislocation du réseau social • Déménagement • Fréquenter une école nouvelle • L’immigration • La séparation ou le divorce des parents • La séparation ou le divorce de la personne • Les deuils … Les causes de la solitude • 1. Problèmes personnels au niveau des habiletés sociales - Inadéquations interpersonnelles – Les personnes solitaires • Se confient moins aux autres • Manifestent moins d’intérêt aux autres • Sont plus passives dans les interactions sociales: hésitent à exprimer leur opinion, posent moins de questions personnelles, changent de sujet quand la conversation prend une tournure personnelle • Sont moins expressifs sur le plan non-verbal 17 Les causes de la solitude • Facteurs personnels: système de croyance intériorisé qui fait que les individus solitaires – se considèrent comme peu aimables – se perçoivent comme des personnes sans intérêt (facteurs internes et stables d’attribution des échecs) • Ce système de croyance risque d’enfermer l’individu dans le cercle vicieux de la solitude Les causes de la solitude • L’anxiété sociale (la gène, la timidité) – Fait référence au sentiment d’inconfort en présence des autres – Prendre la parole en public – Inhibitions sociales: malaises vécus dans des situations interpersonnelles – Au centre de ce malaise, il y a des cognitions inadéquates: je ne possède pas les habiletés nécessaires • La dépression (tristesse, perte d’intérêt, dépréciation de soi) entraîne repli sur soi et solitude 18 Faire face à la solitude • Grandes différences individuelles dans la gestion des expériences de solitude – Stratégies actives et constructives • Écouter la musique, lire un livre, prendre une marche, promener son chien • Entreprendre des contacts sociaux: appeler un ami, visiter sa grand-mère – Stratégies passives (potentiellement destructive) • « Prendre un coup », fumer un joint, prendre des tranquillisants • Se coucher, manger de façon excessive Faire face à la solitude (Brehm, 1992) ¾ Si la crainte de l’échec social vous paralyse: faites une analyse coûts/bénéfice ¾ Si vous avez tendance à vous blâmer – Regardez autour de vous, vous n’êtes pas seul (e) – Examinez les causes qui proviennent de l’environnement ¾ Vous êtes seul (e) – Adoptez des stratégies actives, prenez des risques – Analysez vos attitudes envers les autres: peut-être êtes vous trop négatif (ve), trop critique, trop exigeant (e) ¾ Si rien de tout cela ne marche – Entreprenez une « thérapie »: développer des habiletés sociales – Ne croyez pas que l’amour va vous sauver, cultivez plutôt les plaisirs de l’amitié 19