strotypes sexistes - rapport final

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strotypes sexistes - rapport final
ÉTATS GENERAUX DE L’ACTION ET DE L’ANALYSE FEMINISTES
TABLE LIBERTE
SOUS-TABLE SUR LES STEREOTYPES SEXISTES
RAPPORT FINAL
Déposé au Comité d’orientation des États généraux en mai 2013
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Ont participé à la rédaction du rapport de la sous-table sur les stéréotypes
sexistes :
Asma Ibnouzahir
Ghisline Larose
Sandrine Ricci
Marie-Andrée Vigeant-Provencher
Jeanne Gagnon – avec réserve
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L’OPPRESSION DES FEMMES PAR LES STEREOTYPES SEXISTES
Les stéréotypes sexuels sont des croyances socialement partagées qui permettent de
catégoriser les personnes en fonction de leur sexe en leur attribuant des traits
caractéristiques, sans égard à leur individualité. Ces généralisations enferment les
femmes et les hommes dans des représentations, des rôles, des relations et un ordre
établis.
Les stéréotypes sexistes sont des généralisations réductrices et péjoratives qui
véhiculent une conception négative des femmes et contribuent à produire des effets
discriminatoires, donc à perpétuer les inégalités entre les sexes. En effet, ils nous
renvoient à une vision patriarcale tenant pour acquis que ce qui est « féminin » est
moindre que ce qui est « masculin », ce qui entrave le plein exercice de leurs droits par
les femmes.
1. Le diktat de la mode, souvent créé par des hommes pour plaire aux hommes, arrive à
convaincre un grand nombre de filles et de femmes que leur capacité à s’y soumettre
est reliée indéniablement à leur valeur et à leur statut dans la société. Les monopoles
richissimes des industries cosmétiques, vestimentaires, esthétiques et publicitaires ont
des lobbys très puissants, grâce au pouvoir de l’argent, majoritairement détenu par des
hommes. Ces industries imposent aux filles et aux femmes une tyrannie de la mode, de
la séduction, qui les pousse à une surconsommation qui est très rentable.
2. L’image des femmes est manipulée par des monopoles industriels au moyen, entre
autres, de publicités sexistes et de certaines revues destinées aux filles et aux femmes;
ces dernières peuvent en arriver à nourrir l’obsession d’un corps parfait. Des
adolescentes, parfois des fillettes, non seulement se préoccupent de leur apparence,
mais se comparent à des modèles inatteignables, souvent non naturels; elles se croient
laides, ce qui les amène à manquer de confiance en elles, en particulier dans leurs
relations avec les garçons. Certaines tentent de modifier leur corps, parfois au
détriment de leur santé.
3. Les normes sociales relatives à l’image corporelle peuvent avoir pour conséquences,
par exemple, un accroissement des interventions de chirurgie plastique et la persistance
de mutilations génitales, dont le but est de rendre le corps des femmes conforme à des
standards dictés par des institutions patriarcales. Les normes sociales relatives aux rôles
des femmes empêchent souvent celles-ci de s’accomplir à leur plein potentiel, entre
autres d’un point de vue intellectuel, et constituent donc un obstacle à l’égalité entre les
femmes et les hommes. Des études ont démontré que l’adhésion des filles et des
garçons aux stéréotypes sexuels était un facteur important de décrochage scolaire.
4. À cause de la prolifération des sites Internet pornographiques, souvent gratuits, la
consommation de pornographie, volontaire ou involontaire, fait désormais partie
intégrante de la vie quotidienne d’une majorité de personnes, même de très jeunes, qui
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y ont recours pour s’informer en matière de sexualité. Ces images définissent des
standards de performance et d’objectification des femmes, centrés sur le plaisir
masculin. Cette banalisation contribue à accroître la pression sur les jeunes à s’adonner
à des pratiques sexuelles qu’elles et ils ne désirent pas.
L’industrie du sexe est partout : sur des affiches publicitaires, dans des revues pour
jeunes filles et femmes, à la télévision, dont certaines émissions font la promotion de la
marchandisation, par exemple, des émissions de téléréalité à propos de formation de
couples; des « hôtesses » dans des émissions de variétés; des concours de beauté non
seulement pour des femmes adultes, mais même pour des fillettes.
5. Le partage souvent inéquitable des tâches familiales affecte le vivre-ensemble. Une
vision traditionnelle des rôles sociaux amène certaines femmes à ployer sous le fardeau
de la double tâche ou à être désignées comme seules aidantes naturelles auprès des
membres de la famille requérant des soins spéciaux.
6. On constate la difficulté des institutions et des pouvoirs sociaux à amener les femmes
québécoises à développer un sens critique suffisant pour se défendre contre les
stéréotypes sexistes, malgré les efforts des mouvements féministes.
7. Les lectures patriarcales des textes religieux et les pratiques intégristes, toutes
religions confondues, perpétuent des stéréotypes sexistes tenaces.
LE POINT SUIVANT N’A PAS OBTENU L’ASSENTIMENT DE TOUTES LES MEMBRES DE LA
TABLE :
Les stéréotypes sexistes prennent une dimension particulière lorsqu’ils concernent les
femmes racisées, c’est-à-dire auxquelles la société assigne une identité ethnique ou
religieuse porteuse de clivages et de discrimination. Les médias, la publicité au premier
chef, mettent particulièrement en scène des femmes noires animalisées et
hypersexualisées, mais différentes représentations empreintes de préjugés reposant sur
des fantasmes patriarcaux racistes et colonialistes posent également problème et
doivent être dénoncées comme telles. Ces représentations sociales associent trop
souvent les femmes autochtones à la figure de squaw aux mœurs légères, les femmes
arabo-musulmanes à la danseuse du ventre ou à la femme voilée, objets de convoitise,
les femmes latina à des bombes sexuelles et les femmes asiatiques à la geisha, soumise
et silencieuse.
PISTES DE SOLUTION
1. Octroyer aux organismes féministes les moyens nécessaires à la poursuite de leur
travail, dont un aspect consiste à influencer les différents paliers de gouvernement à
promouvoir la réglementation de la publicité et du contenu sexiste et sexuel des
médias.
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2. Instaurer un programme d’éducation à l’égalité femmes-hommes au primaire et au
secondaire. Ce programme exige la formation de tout le personnel éducatif quant aux
stéréotypes sexuels et sexistes ; il implique notamment la contribution de psychologues
et de sexologues.
Ce programme amènerait les jeunes à réfléchir à des comportements, à analyser des
situations, des revues, des jeux vidéo, des émissions télévisuelles, des films, de la
musique pour arriver à développer un esprit critique sur ce qui est présenté, afin de
refuser certains contenus et être en mesure de faire des choix non sexistes et
égalitaires.
3. Mener des campagnes de sensibilisation auprès de la population afin qu’elle soit
mieux informée et fasse des choix de consommation qui ne soient pas guidés par des
stéréotypes sexistes. Outiller les parents pour qu’ils soient en mesure d’assurer une
éducation égalitaire dès la petite enfance, par exemple, en ce qui concerne les jeux et
jouets.
4. Faire connaître les organismes existants auxquels on peut s’adresser s’il y a des
plaintes à formuler à propos d’affiches, d’émissions télé, de publicités sexistes.
http://www.coalition-cncps.org/
http://www.adstandards.com/fr/
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