écho des Flora - SUD Santé Sociaux 37

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écho des Flora - SUD Santé Sociaux 37
L’écho
Numéro 9
octobre 2013
des FLORA
Supplément féministe de l’Echo des fourmis
Flora TRISTAN y Moscoso, 1803/1844
Fille « naturelle » d’un noble péruvien mort quand elle avait 4 ans, elle fut élevée par
sa mère, ruinée. Ouvrière, mariée à un homme violent, elle le quitte enceinte de son
3ème enfant. Femme seule refusant l’autorité d’un mari en l’absence de procédure
de divorce, «batarde» non reconnue par la famille de son père, autodidacte, laïque et
républicaine, elle milita pour le droit au divorce, pour l’égalité femmes/hommes, pour
l’abolition de la peine de mort mais aussi et surtout pour la lutte sociale. Elle fit publier
« l’union ouvrière » brochure à destination des ouvriers et ouvrières qui disait entre
autres : L’honneur des prolétaires, serait de promouvoir l’égalité des droits entre les
hommes et les fem- mes, de mettre un terme à l’exploitation qui fait de la femme «le prolétaire du prolétaire ». Elle entreprit un tour de France pour diffuser cette brochure et enquêter sur la réalité ouvrière selon les
villes (conditions de travail, salaires, emplois, sexe..). Son engagement a eu une dimension internationaliste
avant Marx : elle avait de nombreux contacts avec les socialistes allemands, russes et anglais.
RETRAITES, les femmes toujours pénalisées
L
e gouvernement a dévoilé son projet de réforme
des retraites. Dans une situation où il y a près de
5 millions de chômeurs et chômeuses, où la moitié
des salarié-es ne sont plus dans l’emploi au moment
de faire valoir leur droit à la retraite, où l’espérance
de vie en bonne santé stagne, voire commence à
régresser, les projets du gouvernement sont inacceptables. Pour les femmes, les discriminations au
travail (salaires plus bas et carrières plus courtes,
discontinues) sont amplifiées à la retraite.
Le gouvernement annonce une réforme censée réduire les injustices. Voyons, voyons :
D’abord, Hollande ne revient sur aucune des mesures prises par la droite qui ont conduit à une baisse
importante du niveau des pensions : âge légal à 62
ans, allongement de durée des cotisations, décote, calcul sur les 25 meilleures années dans le privé.
Les femmes ont été les plus touchées et leurs pensions de droit direct sont inférieures de 42% à celle
des hommes (28% avec les dispositifs familiaux:
majoration pour enfants, pension de réversion…).
La décote sera maintenue : les femmes subissent en
moyenne une décote plus importante
que les hommes, avec 12 trimestres
pour les premières contre 9 pour les
seconds.
60 ans,c’est déjà trop !
PAS QUESTION
DE BOSSER
UN JOUR
DE PLUS !
Le calcul sur les 25 meilleures années (au lieu des
10) est conservé : il a fait baisser fortement les pensions du privé et particulièrement celles des femmes
aux carrières plus courtes.
Pire, il enfonce le clou avec l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans (!) en 2035. Aujourd’hui
seulement 60% des femmes ont validé une carrière
complète contre 77% des hommes. Cette mesure
augmentera fortement les inégalités de pension femmes-hommes et la pauvreté de nombre de retraitées. Ayant des carrières plus courtes et plus discontinues, les femmes devront travailler plus longtemps encore pour bénéficier d’une retraite à taux
plein……..
SUD SANTÉ SOCIAUX INDRE ET LOIRE
18 rue de l’Oiselet, La Camusière 37550 St Avertin
permanence le lundi de 9h à17h tel 02 47 71 00 65 Tous les jours :Portable : 06 15 08 62 22
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…Et les aménagements censés réduire ces Ces mesures, déjà insuffisantes pour combler les
inégalités ?
inégalités actuelles de
pension, seront très loin
de compenser les conséquences du nouvel allongement du nombre d’annuités annoncé par le
gouvernement qui va encore une fois accroître les
inégalités entre les femmes et les hommes !
Chiffre révélateur: dans
l’écart de pension entre
les sexes, la France occupe le 6ème rang sur
les 29 pays européens.
Sur les petits temps partiels : la baisse du quota
d’heures nécessaires pour valider un trimestre
(passage de 200 à 150 heures SMIC de cotisation) et
le report des cotisations non utilisées pour valider un
trimestre sur l’année suivante vont dans le bon sens
mais ne concernera que 4,4% des femmes (INSEE).
Il n’en reste pas moins que 85% des emplois à temps
partiels sont occupés par des femmes (salaires partiels = retraites partielles). Nous revendiquons une
surcotisation à la charge des employeurs permettant
de diminuer le nombre global d'emplois à temps partiels.
Prise en compte du congé maternité : Cette mesure
ne concerne que le dispositif de retraite anticipée à
60 ans pour carrière longue et permet de « valider »
tous les trimestres liées à la maternité.
Pour sortir de cette situation d’inégalités, il
vaudrait mieux agir sur une réelle égalité salariale et professionnelle qui augmenterait directement la retraite des femmes, plutôt que sur
des aménagements « familiaux » qui maintiennent, de fait, les femmes dans leur situation.
Sur les majorations de pension pour 3 enfants (10%) :
Calculées en %, celles-ci favorisent les hauts salaires. Ce qui fait que 70 % de ces majorations sont de
ce fait attribués aux pères, alors que les mères supportent encore l’essentiel des tâches liées aux enfants.
Par ailleurs, leur fiscalisation dès 2014 réduira les
revenus des retraité-es.
Le projet plane de remplacer en 2020 cette majoration par une somme forfaitaire éventuellement dès le
1er enfant. Si cela va dans le bon sens, cela dépendra alors du niveau de cet éventuel forfait.
Après les manifestations et grèves du 10 septembre, SUD Solidaires appelle à continuer
unitairement la lutte contre les contreréformes Fillon/Hollande
Femmes et violences conjugales, triste constat …….
E
Le rapport de la Délégation Aux Victimes du ministère
de l’Intérieur publié le 8 juin 2013 montre qu’en 2012,
148 femmes et 26 hommes sont décédé-es au sein
de leur couple ou avec leur ex-conjoint-e. C’est 28
personnes de plus que l’année précédente. A ces 174
personnes s’ajoutent 23 homicides commis dans le
cadre de relations régulières, passagères ou non
« officielles ».
(alcool, stupéfiants, médicaments psychotropes)
susceptibles
d'altérer
le
discernement
de l'agresseur ou de la victime au moment des faits.
Selon les forces de l’ordre en 2011, ont été dénombrées 53 868 violences non mortelles sur les femmes
au sein du couple et 8 538 sur des hommes.
Dans 77% des cas, les agresseurs ont utilisé une
arme blanche ou à feu, les autres décès résultant de
strangulation ou de coups. Dans près de 50% des
cas, a été constatée la présence de substances
Un chiffre n'est jamais pris en compte: celui des femmes qui se suicident suite aux violences subies. Et
lorsqu’une femme tue son conjoint c’est bien souvent
pour se défendre ou défendre ses enfants…..
n France, en 2008 : 1 femme meurt tous les 3
jours de violences conjugales. En 2012 : 1 femme meurt tous les 2,5 jours.
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L
es violences faites aux femmes touchent tous les
milieux sociaux et tous les âges. Toute femme
peut un jour être victime de violence conjugale. Il
n’existe pas de profil type ni pour les victimes, ni pour
les agresseurs.
Ces violences privent les femmes de leur autonomie
et sont une violation de leurs libertés. On peut les
expliquer. Elles résultent de notre système social
patriarcal, des rôles « traditionnels » accordés aux
hommes et aux femmes, dans lesquels on retrouve
les stéréotypes sexistes, la soumission de la femme
et l’homme « tout puissant ».
Les violences conjugales se déroulent dans la sphère
de l’intimité du privé, ce qui accroit d’autant plus le
sentiment d’impunité de l’auteur. Elles sont physiques
mais aussi verbales, sexuelles, économiques et surtout psychologiques. Car les sarcasmes, l’humiliation,
les menaces, la peur, la dépendance financière renferment la victime dans la soumission, la dévalorisation et la culpabilité. Elle devient ainsi privée de tout
discernement, la
laissant accepter
l’inacceptable.
C’est cette violence
« des mots » qu’il
ne faut pas oublier
de combattre car
elle conduit à la
destruction morale
de la femme. Si la
violence psychique n’aboutit pas
toujours à la violence physique,
elle précède bien souvent les coups et engendre une
emprise, un conditionnement psychologique.
M
ais il est possible de s’en sortir, les violences
conjugales ne doivent pas rester un tabou. Il est
important d’être sensibilisé pour pouvoir repérer ces
femmes en grandes difficultés. Chacun, chacune se
doit d’être à leur écoute et de les orienter. Il existe
des associations qui accompagnent les femmes dans
leur démarche pour sortir d’une situation de violence,
les hébergent avec leurs enfants si nécessaire, les
conseillent sur le plan juridique, tant en matière de
plainte que de séparation.
Sur le plan pénal, le fait que les délits ou crimes (en
fonction du type de violence considéré) soient commis par un conjoint, pacsé, concubin actuel ou passé
de la femme est une circonstance aggravante.
Voici une liste de contacts utiles
SOLIDARITE FEMMES 39 19 appel gratuit et permanence téléphonique tous les jours,
http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr, http://www.solidaritefemmes.org/
MFPF (Mouvement Français pour le Planning Familial): 02 47 20 97 43
CIDFF 37 (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles): 02 47 27 54 00
Aide juridictionnelle du Tribunal de grande instance: 02 47 60 27 10
Hébergement d’urgence: 115
Commissariat central, bureau d’aide aux victimes: 02 47 33 80 69
SOS Viols femmes informations: 0800 05 95 95
GAMS (Groupe femmes pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles et autres pratiques affectant la santé
des femmes et des enfants): 01 43 48 10 87 ou 06 74 16 77 38
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Les FEMEN, la contestation féministe seins nus et
tête enguirlandée ne fait pas l’unanimité.
Q
la pudeur ». Déguisées en
nonnes, elles interviennent
dans une manifestation catholique contre le projet de loi prévoyant le mariage pour
tous. « Fuck religion, in gay we trust. »
ui sont-elles?
Les FEMEN constituent un groupe contestataire
féministe, d’abord d’origine ukrainienne, fondée en
2008 par 3 femmes dont l’une est actuellement la présidente officielle.
Lorsqu’elles s’indignent de la condition des femmes
dans leur pays, elles sont encore adolescentes. Elles
lancent le mouvement pour répondre à un besoin :
faire valoir les valeurs démocratiques en matière de
droits de leurs concitoyennes mises à mal dans leur
pays. Elles donnent un nom à leur mouvement: FEMEN, qui signifie en latin « cuisse ». Aucun rapport
avec les seins (quoique cela aurait pu tomber plus
mal) mais ça « sonnait bien ».
O
ù vont-elles?
Parti d’Ukraine, le mouvement prend rapidement
de l’ampleur : Tunisie, Belgique, Russie, Pologne,
France et même la Suisse. En 2010, FEMEN envisage
de devenir un parti politique. Cependant, les critiques
et la controverse enflent et, du coup, il est bien possible qu’elles n’aillent pas très loin.
En effet, utiliser la nudité comme moyen d’actions ne
fait pas l’unanimité. Certain-es militan-es contre la
prostitution les accusent de nuire à l’image des femmes et de conforter certains clichés sexistes. On les
met en garde du risque « de devenir des objets ». On
leur fait remarquer que la plupart des militantes FEMEN sont jeunes et belles. Cacheraient-elles les
« moins bien loties » et les plus âgées de leurs militantes? Elles sont accusées de ne pas s’adresser aux
femmes et d’avoir des propos virilisants, d’être confuses dans le message qu’elles délivrent, de s’éparpiller
dans une multitude de combats qui les discréditent,
d’avoir des propos orduriers qui reposent sur la misandrie (aversion pour le sexe masculin) et qui véhiculent
la haine et l’intolérance.
Q
ue dénoncent-elles?
En règle générale, elles luttent contre le patriarcat
sous 3 de ses formes : dictature, religion et industrie
du sexe. Mais elles militent aussi pour d’autres causes
plus ou moins liées au féminisme : en faveur de la démocratie, contre la corruption, la pauvreté, les violences conjugales, le sexisme, le racisme, l’homophobie….
C
omment font-elles?
Elles sont connues pour manifester seins nus et
tête ceinte d’une couronne de fleurs, coiffe traditionnelle ukrainienne. Elles pensent que manifester seins
nus, c’est un moyen de donner une autre signification
à la nudité, casser son symbole érotique et d’exploitation sexuelle. Elles revendiquent une forme radicale du
féminisme qu’elles nomment «le sextrémisme», agressif et provocateur, certes, mais non violent.
N
éanmoins:
FEMEN est incontestablement un mouvement
porté par des femmes courageuses. Malgré les menaces de mort, les insultes, les coups, les déboires avec
la justice, elles ne faiblissent pas dans leurs actions.
Elles ne se laissent pas intimider, ni par le pouvoir de
ceux qu’elles attaquent, ni par l’ampleur de la tâche, ni
par le rejet de certaines femmes. Elles sont sincères
dans leurs discours, sont véritablement engagées.
Certaines consacrent leur vie à ce combat.
De fait, leurs actions ne laissent pas indifférent. En
2008, elles se déguisent en prostituées pour dénoncer
l’ampleur du phénomène prostitutionnel dans leur
pays. « l’Ukraine n’est pas le bordel du monde. » En
2011, elles manifestent devant l’ambassade d’Arabie
saoudite, dénudées et portant le niqab, afin de dénoncer l’interdiction de conduire pour les femmes du pays.
« cars for womens, camels for mens ». En tenue de
soubrette, elles mènent une action devant le domicile
de Dominique Strauss-Khan. En 2012, elles se rendent au Louvre et attachent une pancarte au cou de la
Vénus de Milo « violez moi je suis immorale », en soutien à une jeune tunisienne victime d’un viol 15 jours
auparavant par des policiers et accusée « d’atteinte à
Il est certain que ce qui choque avant tout et ce qu’on
ne leur pardonne pas, c’est de donner une image de
femme guerrière et offensive, brisant ainsi l’image de
la femme douce, maternelle, réservée, inoffensive et
soumise. Femme qu’on peut, dans de nombreux pays,
exploiter, humilier et violenter en toute impunité.
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