Kagame et la mort de Habyarimana: les British s`y mettent (NKB)

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Kagame et la mort de Habyarimana: les British s`y mettent (NKB)
Kagame et la mort de Habyarimana: les British s’y mettent (NKB)
Vingt ans après les faits, la BBC se met sur la piste du responsable de l’attentat qui a coûté la vie au
président Juvénal Habyarimana, à son homologue burundais Cyprien Ntaryamira, leurs suites
respectives et les français de l’équipage de l’avion de marque Falcon.
Directement après l’attentat, les Hutus décrits comme extrémistes ont accusé sans enquête, les
rebelles du Front patriotique mais comme ils ont directement entamé une campagne d’extermination
systématique des Tutsis et des Hutus modérés et associés on ne les a pas cru. Le raisonnement était
qu’ils avaient éliminé leur chef qui n’était pas assez extrémiste à leur goût – il avait accepté d’intégrer
les Tutsis du FPR dans son gouvernement
pour permettre le génocide.
La BBC service domestique a diffusé un document-enquête le 1er octobre dans lequel elle a donné la
parole à quelques transfuges du FPR dont le plus important d’entre eux à savoir le lieutenant général
Kayumba Nyamwasa. D’après celui-ci, les radicaux hutus avaient effectivement préparé l’élimination
des Tutsis du Rwanda mais de son côté le général-major Paul Kagame avait son propre plan qui
comprenait l’assassinat de Habyarimana et donc nécessairement l’accélération du génocide
programmé par l’autre camp. L’image que Kayumba a utilé, c’est celle d’une allumette en saison
sèche. Si vous la craquez, il faut s’attendre à ce que l’herbe s’enflamme.
Kayumba ne dit pas qu’il a pris part aux réunions de préparation de l’attentat mais il explique à Jane
Corbin, la journaliste de la BBC, que sa position (chef des renseignements militaires) lui permettait de
savoir ce qui se tramait, et que Kagame sait qu’il sait ce qui s’est passé.
En 2000, le quotidien canadien National Post avait aussi relayé la thèse de la responsabilité du
nouvau régime rwandais dans l’assassinat de Habyarimana. Une vague de défections de cadres du
FPR avait apporté de l’eau au moulin de la piste du FPR.
En 2004-2005, c’était au tour d’Abdoul Ruzibiza (Venuste Ruzibiza de son vrai nom devenu ensuite
Joshua Ruzibiza) d’alimenter le dossier à charge contre le pouvoir du FPR.
Il est le témoin-clé du juge d’instruction français Jean-Louis Bruguière.
Dans la foulée le Camerounais Charles Onana et le Rwandais Déo Mushayidi publieront
« Les secrets du génocide rwandais, les mystère d’un président».
Fin 2006, le super-juge anti-terroriste français Bruguière émet des mandats d’arrêt internationaux
contre les présumés responsables de l’attentat en question. Le président Kagame est épargné par ces
documents parce qu’il est chef de l’Etat en exercice depuis 2000. Celui-ci rompra toutes les relations
avec la France pour protester contre les inculpations de ces proches collaborateurs. A l’époque la
France n’est pas crédible dans ce dossier parce qu’elle était l’alliée fidèle du régime Habyarimana et
qu’elle est suspectée de vouloir se disculper de sa présumée implication dans la tragédie rwandaise.
Ces mandats seront sacrifiés sur l’autel de la réconciliation franco-rwandaise pilotée par le ministre
français Bernard Kouchner. Une nouvelle enquête française sera initiée.
Le dernier rebondissement de cette affaire, nous vient du monde anglo-saxon indulgent jusqu’ici pour
le régime de Kigali. Les transfuges du FPR sont exilés pour la plupart en Afrique du Sud et aux ÉtatsUnis et ce n’est pas du menu fretin comme auparavant.
Ils sont pris au sérieux quand ils disent connaître les secrets de l’homme fort de Kigali.
Et les tentatives d’assassinats sur Kayumba Nyamwasa et l’assassinat de Patrick Karegeya ne font
que renforcer la très forte impression qu’on veut absolument les faire taire parce qu’ils sont
extrêmement dangereux – judiciairement parlant – pour Kagame et son entourage de fidèles
présumés impliqués dans l’attentat du 6 avril 1994 vers 20h30.
Si les Français – et les Belges – en savent beaucoup sur ce qui s’est réellement au Rwanda il y a 20
ans, les alliés anglo-saxons du régime de Kigali ne sont certainement pas parmi les plus ignorants et
avec le recul de 20 ans, il est peut être temps de déclassifier le Dossier Rwanda … d’où peut-être cet
intérêt actuel en anglophonie pour un Kagame non idéalisé par des légendes héroïques et des
miracles économiques.
Au Rwanda, on dira qu’on veut lui faire payer son indépendance politique et sa réussite économique
parce que les Bazungus veulent nous maintenirau niveau de leurs bottes.
Quoi qu’il en soit plus de vérité sur notre histoire ne sera pas nuisible à l’ensemble des Rwandais et à
nos voisins dans les grands lacs. Et même au reste de l’humanité.
NKB 03/10/2014

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