L`ironie comme arme littéraire

Transcription

L`ironie comme arme littéraire
Travailler en séquences
Proposition de séquence
L’ironie comme arme littéraire
Séquence proposée à partir de textes tirés du chapitre 2, Les mouvements littéraires au XVIIIe s., du
chapitre 6, Convaincre, persuader et délibérer, et du chapitre 7, Les réécritures.
L’ironie était la méthode de Socrate visant à déjouer la prétention de ses interlocuteurs pour faire surgir leur ignorance.
Étymologie : vient du grec « Eironeia » : interrogation. C’est l’action d’interroger en feignant l’ignorance (qui renvoie à l’ironie socratique).
Il s’agit donc de s’interroger, à travers un ensemble de textes variés sur les
formes et fonctions argumentatives de l’ironie dans la littérature. L’ironie,
comme fait d’énonciation, consiste en une distance entre l’énonciateur et son
propre énoncé. Elle implique une lecture active et critique du lecteur qui se
doit de saisir ce décalage entre ce qui est dit et ce qui est pensé pour pouvoir
accéder au sens réel du texte. Forme exigeante, l’ironie implique une distance,
même de la part du lecteur. Son utilisation dans différentes formes d’argumentation nous invite donc à réfléchir sur les vertus du recours à un tel procédé… mais aussi peut-être à envisager ses limites ou, du moins, ses dangers.
« L’ironie construit un lecteur particulièrement actif, qu’elle transforme
en producteur de l’œuvre, en restaurateur d’implicite, de non-dit, d’allusion,
d’ellipse, et qu’elle sollicite dans l’intégralité de ses capacités herméneutiques,
ou culturelles de reconnaissance de référents. » (Philippe Hamon, L’Ironie
littéraire, essai sur les formes de l’écriture oblique, Hachette, 1996)
Objet d’étude
• L’argumentation : convaincre, persuader, délibérer
Perspective dominante
• Étude de l’argumentation et de ses effets sur le destinataire
Perspectives complémentaires
complémentaires
• Histoire littéraire et culturelle
• Étude des genres et des registres
Objectifs
• Comprendre le fonctionnement du registre ironique et savoir identifier
ses procédés
• Analyser de quelle manière ironie et polémique se mêlent pour construire
la force d’une argumentation
• Réfléchir aux dangers d’un fait énonciatif complexe
Lectures cursives
On peut choisir une œuvre intégrale parmi les contes voltairiens dont l’arme favorite
est bien l’ironie ou encore proposer le texte de Swift, Modeste Proposition qui, sous
la forme d’un texte intégral court, permet, à la fois, de prendre conscience des procédés de l’ironie mas aussi de ses possibles excès.
TRAVAILLER EN SÉQUENCE 1
Déroulement de la séQ uence
Séance 1 L’ironie comme arme privilégiée des philosophes : le cas de
Voltaire
Voltaire, De l’horrible danger de la lecture, 1765 ! page 104 du manuel
◗ Objectif : Analyser la relation complexe qui s’instaure entre auteur et lecteur à travers
le fonctionnement d’un texte « double » qui joue entre explicite et implicite
Document complémentaire : Jean Starobinski, Le Remède dans le mal : critique et légitimation de l’artifice à l’âge des Lumières, Gallimard, 1989. Il peut être intéressant
d’étudier avec les élèves un extrait du chapitre intitulé « Le fusil à deux coups de
Voltaire » (p. 123-163) qui explique, selon la formule de l’auteur, « le grincement » de
l’ironie voltairienne.
Séance 2 L’ironie comme arme privilégiée des philosophes : l’exemple
de Montesquieu
Montesquieu, « De l’esclavage des nègres », De l’esprit des lois, 1748 ! page 102 du
manuel
◗ Objectif : Analyser la manière dont l’ironie joue, avant tout, d’une posture énonciative qui constitue un véritable jeu de rôles.
Séance 3 L’ironie du fabuliste : « La raison du plus fort est toujours
la meilleure »
La Fontaine, « Le Loup et l’Agneau », Fables, 1668 ! page 361 du manuel
◗ Objectif : Analyser la fable de La Fontaine comme une dénonciation ironique des
faux débats dans lesquels la parole la plus intelligente achoppe sur la réalité des rapports de force.
Séance 4 « De l’horrible danger de l’ironie »
Swift, Modeste Proposition, 1729 ! page 110 du manuel
◗ Objectif : Définir les dangers d’une ironie développée à outrance et s’interroger sur
ses limites.
Séance 5
lecteur
Une mise en scène ironique des rapports entre auteur et
Diderot, Jacques le Fataliste, 1796 ! page 108 du manuel
◗ Objectif : Analyser la manière dont cet incipit, en se jouant ironiquement des attentes
du lecteur, pose la question de l’acte d’écriture mais aussi de l’acte de lecture.
Séance 6 L’ironie comme « intertexte » : la parodie littéraire
(Séance envisageable avec une 1re littéraire dans le cadre d’un travail sur les réécritures)
Étude comparative des textes de Corneille et Boileau, Le Cid et Le Chapelain décoiffé,
! page 390 du manuel
◗ Objectif : Analyser le jeu de transgressions qu’opère un texte parodiant par rapport
à un texte parodié.
TRAVAILLER EN SÉQUENCE 2