Madame de Sade - Le Trident - Scène nationale de Cherbourg

Transcription

Madame de Sade - Le Trident - Scène nationale de Cherbourg
© Anne Gayan
Madame de Sade
de Yukio Mishima
Théâtre de la Butte
les 10 et 11 mars I 19h45 I Théâtre
Mercredi 10 mars I 19h45 . Jeudi 11 mars I 19h45
Une sélection d’ouvrages de la librairie Ryst sera en vente, sur place.
Ouverture de billetterie 14 novembre
Tarif B
Saison 2009.2010
Autour de Madame de Sade
Riches heures
[Rencontre]
Au-delà de l’éthique
Mercredi 10 mai à l’issue de la représentation
Saison 2009.2010
© Anne Gayan
Madame
de Sade
Compagnie Sirènes
De Yukio Mishima. Adaptation française de André Pieyre de Mandiargues. Editions Gallimard
Mise en scène Jacques Vincey
Avec Hélène Alexandridis, Alain Catillaz, Marilú Marini, Isabelle Mazin, Myrto Procopiou, Julia
Vidit.Travail vocal et assistanat à la mise en scène Emmanuelle Zoll. Scénographie Sallahdyn
Khatir. Lumière Marie-Christine Soma. Musique, son Frédéric Minière, Alexandre Meyer. Costumes
Claire Risterucci. Maquillage, perruques Cécile Kretschmar. Contribution artistique Paillette.
Carcassiers Alicia Maistre et Sioux. Régie générale Serge Richard.
Production compagnie Sirènes---Paris coproduction Centre Dramatique National Thionville---Lorraine,
Comédie de Picardie, Théâtre Vidy---Lausanne, Théâtre de la Ville---Paris, Scène Nationale
d’Aubusson, Théâtre du Beauvaisis. Avec le soutien de la DRAC Ile-de- France---ministère de la
culture et de la communication, du Nouveau Théâtre de Montreuil---Centre dramatique national, du
Théâtre Nanterre-Amandiers, du Studio-Théâtre de Vitry et l’aide à la reprise de La Coursive, Scène
nationale de La Rochelle. Direction de Production Emmanuel Magis. La compagnie Sirènes/Jacques
Vincey est artiste associé à la Scène nationale d’Aubusson.
Durée 2h20 sans entracte
1 Trident
Madame de Sade
« La pièce pourrait être intitulée : ‘ Sade vu à travers le regard des femmes ’ »
Yukio Mishima
« Madame de Sade » est une pièce de femmes.
Six femmes réunies par trois fois en dix-huit ans pour évoquer l’absent, le monstre, le maître :
Donatien Alphonse François, marquis de Sade.
Le « divin marquis » apparaît en filigrane des affrontements passionnés de ces femmes captives
de leurs fantasmes et de leurs éthiques contradictoires.
Il est le spectre effrayant et fascinant qui rôde et les obsède.
Mme de Sade se dévoue corps et âme à son mari emprisonné mais lorsqu’il sera enfin libéré, au
lendemain de la Révolution Française, elle décidera brutalement de ne plus le revoir et de
demander le divorce.
C’est sur cette énigme que repose la pièce.
Autour d’elle, Mme de Montreuil, sa mère, usera de tous les moyens à sa disposition pour maintenir
en prison cet homme que ses valeurs et sa morale réprouvent.
Anne, sa petite sœur, sera la maîtresse de Sade, et sa délatrice.
Mme de Saint-Fond, la courtisane, épuisera ses forces et sa raison dans la débauche.
Mme de Simiane, l’amie d’enfance, préfèrera se réfugier dans la religion.
Charlotte enfin, assistera aux affrontements de « ces dames » avec le recul conféré par son statut
de domestique.
La pièce se déroule entre 1772 et 1790.
L’Histoire est en marche. Des hommes et des femmes se battent contre les valeurs morales,
sociales et politiques d’un monde qui s’écroule.
A l’intérieur du salon de Mme de Montreuil des femmes se débattent avec l’ombre d’un homme qui
repousse toujours plus loin les bornes de la liberté individuelle et franchit allègrement les
frontières de ce qui est humainement concevable.
Face aux abîmes qui s’ouvrent devant elles, chacune se défend comme elle peut en fonction de
sa situation, de ses moyens et de ce qu’elle croit être « la » vérité.
C’est dans sa chair meurtrie et son âme bafouée que Mme de Sade trouve la force d’une dévotion
déraisonnable : si mon mari est un monstre de vice, il faudra que je devienne pour lui un monstre
de fidélité.
C’est sur la fragilité de ces femmes que se bâtit leurs convictions inaltérables.
Confrontés à leurs limites, les personnages accèdent au statut de figures.
J’ai usé de chocs de concepts pour donner forme au drame et j’ai fait parader les sentiments en
habits de raison. Mishima parle de la précision mathématique avec laquelle il fait évoluer les
caractères autour de Mme de Sade. Cette précision exalte la violence des enjeux et des situations.
Ces femmes incarnent des idées qui s’affrontent : elles sont prosaïques et sublimes, triviales et
lyriques. Loin de s’annuler, ces registres de jeu s’additionnent et donnent une profondeur aux
personnages.
Dans sa forme, la pièce est à la croisée du théâtre japonais traditionnel et du théâtre français du
XVIIIe.
Les protagonistes du drame semblent animés par des forces qui les dépassent, comme des
marionnettes, des figurines de porcelaine qui évolueraient sur un échiquier à la manière de
l’évolution et de la révolution des planètes. Néanmoins leur rapport à la parole et la perversité de
leurs relations n’est pas sans rappeler le théâtre de Marivaux ou Les Liaisons dangereuses de
Laclos : ces femmes parlent pour exister, pour combler le vide qui les menace.
Sade « vu à travers le regard de Mishima » échappe à toute appréhension univoque ou
anecdotique de ce personnage qui hante notre imaginaire collectif.
Sade vu à travers le regard des femmes nous confronte à notre propre vertige et à la liberté
insolente de cet homme qui affirmait : « Ce n’est pas ma façon de penser qui a fait mon malheur,
c’est celle des autres ».
2 Trident
Notes complémentaires
Ces femmes sont « plus grandes que nature ».
Comme des insectes autour d’une lampe, elles tournoient, virevoltent fiévreusement autour d’une
flamme invisible : l’absence physique du marquis de Sade exalte sa présence virtuelle.
Il est un « fantôme vivant » qui les oblige à se hisser jusqu’à un monde intermédiaire qui est celui
des esprits, des rêves, des fantasmes...
Ces femmes doivent sublimer leur humanité pour affronter l’inconcevable.
Le langage est leur arme absolue.
Elles prennent la parole comme des guerriers prendraient une place forte.
Elles se constituent des forteresses de convictions pour résister à une réalité dévastatrice.
Leurs personnages sont des tribunes d’où le verbe fuse pour tenter de donner sens au chaos qui
les menace.
Chacune se réfugie dans son « théâtre », avec ses illusions, ses codes et ses rituels.
Leurs costumes sont des « machines de guerre » : corsets et crinolines sont les carapaces
précieuses dans lesquelles elles se juchent pour affronter l’adversité.
Comme des bernard-l’hermite, elles investissent des coquillages fabuleux qui les protègent et leur
donnent forme et consistance.
Sur le plateau nu, leurs déplacements obéissent à une stratégie savante, à des règles du jeu
précises mais connues d’elles seules. Elles sont les pièces maîtresses d’un échiquier imaginaire.
Au cœur de l’arène, elles sont des créatures chimériques, des centaures qui se défient bravement.
Hors-jeu, elles redeviennent femmes ; donc fragiles, vulnérables, pitoyables parfois.
Assises sur des pliants en bord de scène, les actrices assistent au spectacle, attendent leur tour
pour investir à nouveau leur personnage et pénétrer dans le « sanctuaire ».
Le simulacre est révélé.
Le salon de Mme de Montreuil est le théâtre où se joue leur destin.
Le spectateur assiste à la métamorphose de ces femmes ordinaires en créatures extraordinaires,
et réciproquement.
Il est le témoin privilégié de ces mutations spectaculaires.
Il est voyeur et complice d’un jeu dangereux qui « s’invente » sous ses yeux.
Jacques Vincey, février 2007.
3 Trident
Compagnie Sirènes
direction artistique Jacques Vincey (comédien, metteur en scène)
Comme comédien, il a joué au théâtre sous la direction de Patrice Chéreau (Les Paravents),
Bernard Sobel (La Charrue et les Etoiles, Hécube), Robert Cantarella (Baal, Le Voyage, Le Siège de
Numance, Le mariage, l’affaire et la mort, Algérie 54-62), Luc Bondy (L'Heure où nous ne savions
rien...), André Engel (Leonce et Lena, Le Jugement dernier), Gabriel Garran, Laurent Pelly, Hubert
Colas... Au cinéma et à la télévision, il a tourné notamment avec Arthur Joffe, Peter Kassowitz,
Alain Tasma, Luc Beraud, Nicole Garcia, Christine Citti, Alain Chabat, François Dupeyron...
1995
fondation de la Compagnie Sirènes
1997-98
Opéra Cheval de Jean-Charles Depaule (création), mise en scène Jacques Vincey
Création au Festival Turbulences–Strasbourg puis reprise au Théâtre de l'Echangeur–Bagnolet en
1998.
Erotologie classique, mise en scène Jacques Vincey
création Festival Trafics–Nantes
2001
Les Danseurs de la pluie de K. Mainwaring (création), mise en scène Muriel Mayette et Jacques
Vincey
création au Théâtre du Vieux Colombier–Comédie Française
Gloria de Jean-Marie Piemme (création)
création Ménagerie de Verre–Paris puis reprise au Festival Frictions–Dijon, Festival d’Avignon In,
Festival de Pierrefonds, La Mousson d’Eté
2001-2004
Saint Elvis de Serge Valletti (création), mise en scène Thierry Trémouroux et Jacques Vincey
création à Rio de Janeiro dans le cadre de Tintas Frescas–AFAA et du festival Rio Cena
Contemporanea et en tournée brésilienne
reprise en France en 2004 à BSN–Annecy, au Théâtre de l’Union–Centre dramatique national du
Limousin et au Cargo/Festivalletti–Grenoble.
2004-05 – 2005-06
Le Belvédère d’Ödön von Horvath, mise en scène Jacques Vincey
création au CDDB-Théâtre de Lorient puis tournée à DSN–Dieppe Scène nationale, TDB–CDN de
Dijon, L’Hexagone, Scène nationale de Meylan, Théâtre des 2 Rives–Rouen, CDN de Thionville (26
dates).
reprise saison 2005-06 au Théâtre de Gennevilliers puis tournée à la Maison des Arts de ThononEvian, L’Espace Pluriel de Pau, l’ACB, Scène nationale de Bar-le-Duc, Théâtre Antoine-Vitez–Aix-en
Provence (25 dates).
Jours de France de Frédéric Vossier, mise en scène Jacques Vincey
Festival Corps de Texte – Théâtre des 2 Rives – Rouen
2006-07
Mademoiselle Julie de Strindberg, mise en scène Jacques Vincey
Création au théâtre Vidy-Lausanne puis tournée Théâtre de Suresnes Jean Vilar, L’Hexagone, Scène
nationale de Meylan, Maison des Arts–Thonon, La Coupole–Saint-Louis, Le Festin–CDN Montlucon,
Théâtre La Passerelle Scène nationale de GAP, Dieppe Scène nationale, Théâtre de l’Onde, Vélizy.
Reprise saison 2007-08 Théâtre Jean-Lurçat, Scène nationale Aubusson, Le Toboggan Decines, Le
Carreau, Scène nationale Forbach, ACB, Scène nationale Bar-Le-Duc, Théâtre de Beauvais, Atelier
du Rhin CDR de Colmar, BSN Bonlieu Scène Nationale Annecy, Le Fanal-Scène nationale ST
Nazaire, La Coupole- Scène nationale Combs-La-Ville.
4 Trident
2007-08 - 2008-09
Madame de Sade de Yukio Mishima, mise en scène Jacques Vincey
Création au Centre dramatique de Thionville-Lorraine en avril 08 puis tournée à la Comédie de
Picardie et au Théâtre Vidy-Lausanne. Reprise saison 08-09 à la Scène nationale d’Aubusson puis
aux Abbesses (Theatre de la Ville-Paris) et en tournée à la Comédie de Reims, La Coursive, Scène
nationale de La Rochelle, au Théâtre du Beauvaisis, à la scène nationale de Bar-le-Duc, à
L’Hexagone, Scène nationale de Meylan, à Dieppe Scène nationale, au Gallia Théâtre de Saintes,
La Coupole–St-Louis, Le Théâtre des 4 Saisons de Gradignan.
2009-10
Reprise de Madame de SADE en tournée d’octobre 09 à avril 2010 à La Coursive, Scène nationale
de La Rochelle, au TnBA–Bordeaux, TNT-Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, au TNSThéâtre national de Strasbourg, au TNP-Théâtre national populaire de Villeurbanne, à la Scène
nationale Evreux-Louviers, …(80 dates en tournée)
Mi-mars 2010 : création au Studio-Théâtre de la Comédie Française d’une adaptation du Banquet
de Platon
Jacques Vincey est également le collaborateur artistique de Muriel Mayette pour la création de
Chat en poche de Feydeau à la Comédie-Française (Théâtre du Vieux Colombier) en 1999 et
l’assistant d’André Engel pour Leonce et Lena de Büchner et pour Le Jugement dernier de Horváth
présentés au Théâtre de l’Odéon en 2001 et 2003.
Il poursuit une activité de formation dans les lycées ou les écoles professionnelles. Il a
notamment monté L’éveil du printemps de Wedekind et La Place Royale de Corneille avec les
élèves de l’Ecole des Teintureries à Lausanne en 2005 et 2007 et Le Campiello de Goldoni avec
les élèves du Conservatoire Régional de Grenoble en 2006.
5 Trident
Yukio Mishima
Né à Tokyo en 1925, Kimitake Hiroaka est plongé dès son enfance dans la littérature et le théâtre
kabuki dont sa grand-mère paternelle, issue d’une famille de samouraï, lui transmet la passion.
Vers l’âge de douze ans, l’enfant découvre les classiques japonais et des auteurs occidentaux tels
que Wilde, Rilke, puis Radiguet. Il commence alors à rédiger des récits qu’il porte jusqu’à sa mort
à sa mère, avec laquelle il entretient des liens passionnés. Effectuant sa scolarité au Collège des
Pairs, son talent littéraire est très vite remarqué. Invité à publier en feuilleton sa première oeuvre
importante, La forêt tout en fleurs, dans la revue Art et Culture, Kimitake choisit pour l’occasion le
pseudonyme Yukio Mishima, et fréquente le milieu de l’ École romantique japonaise. Puis Kimitake
entreprend alors des études à la faculté des sciences juridiques de l’Université Impériale,
provisoirement interrompues par la guerre.
Après la reddition de 1945, Mishima délaisse l’Ecole romantique japonaise au profit du groupe de
la revue Littérature Moderne. Pourtant, le jeune homme fasciné par la mort est mal à l’aise dans le
Japon d’après-guerre au sein duquel il se sent «anachronique» de par ses goûts littéraires et sa
façon d’écrire. En 1946, il rencontre l’écrivain Yasumi Kawabata qui encourage la publication de
ses manuscrits. Après un bref passage au ministère des finances, Mishima décide de se consacrer
exclusivement à sa carrière d’écrivain : Confession d’un masque, paru à l’automne 1948, le révèle
au public.
Auteur prolifique, Mishima enchaîne nouvelles et romans parmi lesquels on peut citer Amours
interdites (1951), paru l’année de son premier voyage en Occident, Le tumulte des flots (1954), Le
pavillon d’or (1956) ou Après le banquet (1960). Parallèlement, l’écrivain se consacre à la
rédaction de ce qu’il appelle ses «divertissements», récits populaires qui lui assurent un confort
matériel. La musique (1964), roman dans lequel apparaît son aversion pour la psychanalyse, est
l’un d’entre eux. Loin de se limiter au genre romanesque, Mishima poursuit également dans la voie
théâtrale. Il produit, essentiellement pour la compagnie Bungaku-za, une pièce par an, parmi
lesquelles figurent ses Cinq nôs modernes.
Mishima atteint le faîte de sa popularité à la fin des années cinquante. Le court récit Patriotisme,
ainsi que la pièce Un jour trop tard, reflètent l’idéalisme, l’attachement aux valeurs traditionnelles
du Japon et le désir de mort de leur auteur. Après s’être entraîné secrètement durant un mois en
1967 dans les forces militaires d’auto-défense, Mishima crée l’année suivante son armée privée, La
société du bouclier.
Malgré tout, l’auteur du Pavillon d’or poursuit son œuvre littéraire : outre plusieurs essais tel que
Mes errances littéraires (1963) et Le soleil et l’acier (1968), il débute en 1965 l’oeuvre la plus
importante à ses yeux, un cycle de quatre romans intitulé La mer de la fertilité (Neige de
printemps, Chevaux échappés, Le temple de l’aube, L’ange en décomposition), qu’il achèvera juste
avant sa mort en 1970. Les dernières années de sa vie sont également marquées par la rédaction
de plusieurs pièces de théâtre, dont Madame de Sade (1965), Mon ami Hitler (1968), La terrasse
du roi lépreux et Le lézard noir (1969).
Mishima se donne la mort de façon spectaculaire au quartier général des forces japonaises en
novembre 1970 au cours d’un seppuku (suicide rituel). Reconnu à la fois en Orient et en Occident, il
est incontestablement le plus grand auteur du Japon de l’après-guerre, et l’un des rares écrivains à
avoir décrit la société japonaise dans son ensemble.
6 Trident
Les extraits de presse
Le Nouvel Observateur, le 23 octobre 2008
Les dames de Sade
Elles ne parlent que de lui, mais on ne le voit jamais : le marquis est en prison. Ecouter Madame
de Sade, diamant noir signé Yukio Mishima (traduit par André Pieyre de Mandiargues), est un régal
rare qu’offre la mise en scène de Jacques Vincey. Les yeux, les oreilles sont captivés par ce lac
faussement lisse où bouillonnent sexe et désir, pouvoir et Révolution tandis que tourbillonnent les
jupes de six femmes, costumées avec une splendeur factice de poupées cassées. Parmi elles Anne
Sée, épatante libertine de Saint-Fond, Hélène Alexandridis, gracile Renée, et Marilu Marini, terrible
et sulfureuse Montreuil.
L’Humanité, le 20 octobre 2008, Marina Da Silva
Madame de Sade en majesté
Libertinage. L’épouse du marquis en son salon. Conversations sur le vif. Flamboyance d’une époque
dont les idées nous poursuivent encore.
La rumeur a couru sur cette Madame de Sade, de Yukio Mishima (qui s’est suicidé en 1970), mise
en scène par Jacques Vincey dans une proposition tout à fait exceptionnelle. Elle l’est assurément,
alliant avec bonheur un grand texte philosophique et poétique, des interprètes de haute voltige et
une mise en espace du plateau rigoureusement et lumineusement maîtrisée.
Le cycle de la pièce se déroule sur dix-huit ans (entre 1772 et 1790) et en trois actes dans le
même lieu, un salon configuré comme un échiquier où sont positionnées six femmes réunies
autour de la figure de Donatien Alphonse François, marquis de Sade, absent et obsédant. Si l’on y
bascule avec elles des carcans de la monarchie aux bouleversements de la Révolution française
de 1789, on y est aussi dans d’autres espaces géographiques et temporalités. Les étonnants
costumes à crinolines et à roulettes de Claire Risterucci font plus que revêtir les personnages : ils
leur fixent un cadre de liberté ou d’assignation de mouvement, ritualisant ou rompant leur place et
déplacements. Les coiffures extravagantes auréolent les visages des comédiennes dans une
oscillation entre le théâtre nô, le théâtre français du XVIIIe et un théâtre baroque contemporain.
Chacune des actrices est une allégorie.
Renée de Sade, éperdument amoureuse de son mari emprisonné jusqu’au lendemain de la
Révolution. Dans une fidélité qui pourrait confiner à la soumission mais qui se révèle ailleurs, et en
particulier dans la relation avec sa mère, Mme de Montreuil, gardienne des valeurs et de la
morale, libre et frondeuse. Anne, la petite sœur, maîtresse de Sade, dénuée de tout principe ; Mme
de Saint-Fond, une courtisane éclairée (« Je crois que le peuple est lassé de la morale et qu’il
voudrait jouir de l’immoralité qui jusqu’ici était une prérogative de la noblesse ») ; Mme de
Simiane, amie d’enfance, qui a épousé la vertu et la religion. Enfin Charlotte, la domestique,
interprétée par un acteur, Alain Catillaz, comme un point de rupture. Les personnages évoluent
comme dans une partition et incarnent des enjeux et des situations, des idées. Ils les donnent à
entendre, les soumettent à leur intelligence et à la nôtre.
Libération, le 17 octobre 2008, René Solis
Mishima mate Sade
Soit six archétypes féminins, « Madame de Sade, explique Mishima, incarne la fidélité conjugale ;
sa mère, Mme de Montreuil, l’ordre social et la moralité ; Mme de Simiane, la religion ; Mme de
Saint-Fond, l’appétit charnel ; Anne, sœur de Mme de Sade, la candeur féminine et le manque de
principes ; la servante, Charlotte, les façons populaires. » L’écrivain Japonais écrivit Madame de
Sade cinq ans avant son suicide. Fasciné, disait-il, par « l’énigme de la fidélité ». Pourquoi Renée,
marquise de Sade a-t-elle aussi longtemps soutenu son mari ? Et pour quelle raison l’a-t-elle
abandonné au moment où il retrouvait la liberté ?
Automates. Pour répondre - ou pas - à la question, il imagine moins une pièce historique qu’une
partie d’échecs qui se développe sur le mode de l’affrontement et de l’élimination. Forces et
faiblesses des personnages sont connues d’avance, aucune ne sort de sa logique. Il n’y a pas de
suspense psychologique, mais un jeu de tensions qui pousse chacune jusqu’au bout de son rôle. La
pièce de Mishima est de ce point de vue parfaitement sadienne : elle ne laisse d’échappatoire à
personne.
7 Trident
Au théâtre des Abbesses, le metteur en scène, Jacques Vincey, met à nu la mécanique de cette
machine de guerre. Dans leurs robes-cages munies de roulettes, les actrices à perruques ont des
airs d’automates, de danseuses tournant au fond d’une bouteille. Le décor rappelle un échiquier
dont la servante (Alain Catillaz, seul homme de la distribution) dévoile peu à peu les cases.
Orgie de Noël. Le spectacle n’échappe pas toujours à un certain maniérisme ---un poil trop
d’outrance dans les gloussements de l’une, ou les déplacements d’une autre. Mais ce sont péchés
véniels. Pour interpréter cette galerie de femmes fortes, Jacques Vincey a su s’entourer d’actrices
de caractère. En gardienne de la morale et mère abusive, Marilu Marini (Madame de Montreuil)
étincelle d’ironie, hystérique d’autant plus inquiétante qu’elle se contrôle. Face à elle, Hélène
Alexandridis (la marquise de Sade) est un bloc de conviction calme. Aucune ne cède, surtout pas
à l’acte II, lorsque la mère veut entraîner la fille au fond du scabreux, en lui rappelant un soir de
Noël et d’orgie au château de la Coste. Avare d’indications de jeu, Mishima, à cet instant, en
fournit deux ou trois : Madame de Montreuil « tire la langue […]. Elle s’approche davantage. Renée
recule encore. Elle saisit la nuque de Renée qui se défend des deux mains, puis elle la lâche
brusquement ». Les deux comédiennes ne s’y trompent pas, qui jouent cela presque comme une
scène de viol, avec une intensité physique à couper le souffle.
Piétinée à mort. Les autres ne font pas de la figuration : Isabelle de Mazin (la baronne de
Simiane) en bigote moins ridicule que les apparences, Anne Sée (la comtesse de Saint-Fond,
héroïne de Sade en visite) en débauchée chevaline ; et Myrto Procopiou (Anne, sœur de la
marquise) à qui, poitrine nue, revient le récit de la fin terrible de Madame de Saint-Fond, devenue
prostituée de rue à Marseille, et piétinée à mort durant l’une des premières émeutes de la
Révolution.
Martyre du peuple, la voilà rebaptisée « la catin glorieuse » et son corps meurtri porté en
triomphe : « Dans la lumière du matin, le cadavre de la comtesse de Saint-Fond, comme un
poulet égorgé, est devenu tricolore : bleu par les meurtrissures, blanc par la peau, rouge par le
sang ». Sade trouve avec Mishima son maître en poésie.
Le Monde, le 13 octobre 2008, Fabienne Darge
« Madame de Sade » ou le Divin Marquis au regard des femmes
La Révolution est dans le gynécée. En 1965, cinq ans avant son seppuku, « suicide rituel par
éventration », Yukio Mishima, l'auteur des Amours interdites, écrit pour la scène Madame de Sade.
Depuis sa création en France, en 1986, par Sophie Loucachevsky, la pièce ne cesse de fasciner. En
voici aujourd'hui, à Paris, puis en tournée un peu partout en France, une nouvelle production signée
par un metteur en scène jusque-là peu connu, mais qui devrait faire son chemin : Jacques Vincey.
Cet ancien comédien, que l'on a pu voir dans les spectacles de Patrice Chéreau, Bernard Sobel,
Luc Bondy ou André Engel, y fait montre d'une intelligence d'approche et d'une finesse formelle
remarquables. Et parvient ainsi à déployer tous les niveaux de ce grand texte, que l'on connaît, en
français, par l'adaptation qu'en a écrite André Pieyre de Mandiargues dans le style brillant du
XVIIIe siècle.
Dans Madame de Sade, la théâtralité, le jeu des masques chers à Mishima sont noués à une
puissante réflexion sur la liberté et le désir, le bonheur et la quête d'absolu, la beauté et
l'abjection. La scène est à Paris, en trois temps : l'automne 1772, l'été 1778 et le printemps 1790,
qui correspondent à des périodes d'emprisonnement du marquis de Sade.
Elle réunit six femmes dans un salon, qui toutes ont un lien avec l'auteur de La Philosophie dans
le boudoir. Chacune d'elles joue à la perfection le rôle qu'elle s'est attribué dans la vie. « Mme de
Sade (l'épouse), écrit Mishima, incarne la fidélité conjugale ; sa mère, Mme de Montreuil, l'ordre
social et la moralité ; Mme de Simiane, la religion ; Mme de Saint-Fond, l'appétit charnel ; Anne,
sœur de Mme de Sade, la candeur féminine et le manque de principes ; la servante, Charlotte, les
façons populaires. »
La jouissance du verbe
Jacques Vincey les déploie, ces femmes, sur un plateau à l'épure raffinée. Aucun meuble, aucune
reconstitution historique, mais un échiquier au sol et un jeu d'écrans de gaze. Un espace
entièrement dévolu à la parole, dessiné par les sublimes lumières de Marie-Christine Soma :
Madame de Sade est, d'abord et avant tout, dans la jouissance du verbe.
Ces femmes toutes occupées par cet homme absent qui ouvre devant elles des gouffres tournent,
comme en un ballet de planètes, autour du noyau central qu'est Renée de Sade, l'épouse à la
fidélité fanatique.
Le metteur en scène joue avec la théâtralité, le rituel, avec une grande subtilité. La forme, ici, a
toute son importance : elle est en soi un point de vue sur une société de simulacre où les rôles
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sociaux et sexuels sont fixés avec une rigueur implacable. Cet « ordre » dont Sade n'a de cesse
de saper les fondements.
Un quintette magnifique
Les costumes sont ainsi des pièces maîtresses de la mise en scène. Les jupes crinolines inventées
par Claire Risterucci sont à la fois des cages, des carapaces et des machines de guerre. Elles
habillent un magnifique quintette d'actrices : Hélène Alexandridis (Mme de Sade), Marilu Marini
(Mme de Montreuil), Isabelle Mazin (Mme de Simiane), Myrto Procopiou (Anne) et Anne Sée (Mme
de Saint-Fond).
Un quintette, oui, car la dernière femme, Charlotte, la bonne, est jouée par un homme, Alain
Catillaz. Jacques Vincey prend ainsi le contre-pied du parti qu'avaient adopté Sophie Loucachevsky
en 1986 et Alfredo Arias en 2004, qui faisaient jouer tous les personnages par des hommes.
Revenir à cette dimension première et concrète de la pièce était une bonne idée. Car Madame de
Sade est d'abord une affaire de femmes, une histoire de regard : celui que porte le sexe faible sur
un homme, Sade, qui décide de renvoyer à la société du sexe fort un miroir particulièrement cruel.
Jacques Vincey ouvre ainsi le sens de la pièce de manière lumineuse.
Comme toujours chez Mishima, Madame de Sade débouche sur des questionnements insondables,
indissolublement intimes et politiques. Quel est le désir de Renée de Sade, cette femme qui, avec
son mari maudit, a « appris que le bonheur brille au fond même de l'enfer, comme la poussière
d'or dans la boue » ?
Les Echos, le 13 octobre 2008, Gilles Costaz
L’art d’être moderne
Qu’est-ce qu’un théâtre absolument moderne ? La question mérite d’être posée quand on voit la
vague rétro qui s’empare d’un secteur majoritairement tenté par la prudence et le recours aux
valeurs passées.
[…] Sade, le débauché
Le modernisme, ne serait-ce pas plutôt l’héritage du marquis de Sade ? Ce n’est pas par hasard
que l’illustre Japonais Yukio Mishima s’est passionné pour le « divin marquis » et a écrit une pièce
qui se passe entièrement dans le Paris du XVIIIe siècle, Madame de Sade. On n’y voit jamais le
débauché (il est toujours en prison ou en fuite, le rideau tombe juste au moment où il revient,
libéré par la Révolution), mais on ne parle que de lui. Cinq femmes s’inquiètent à son sujet,
l’approuvent ou le condamnent : il y a là son épouse, sa belle-mère et des jeunes femmes de son
entourage. C’est d’une prose somptueusement glacée (qu’a traduite André Pieyre de Mandiargues)
à laquelle la mise en scène de Jacques Vincey donne une vie fantomatique et querelleuse. Marilù
Marini, Hélène Alexandridis, Isabelle Mazin, Anne Sée et Myrto Procopiou disputent un féroce
combat d’insectes tout à fait fascinant. La modernité n’en est pas l’érotisme, relégué aux paroles,
mais la façon dont Mishima détruit les certitudes spirituelles et sociales.
L’Express, le 9 octobre 2008, Laurence Liban
Sale quart d’heure pour le divin marquis
La scène est une arène, un salon, un espace mental. Bordée de paravents comme autant de
protections contre le monstre tour à tour combattu ou défendu, elle sera le lieu d’un affrontement
sans merci, quoique fort policé, entre cinq femmes dotées du plus haut langage. Cinq regards
portés sur la personne du marquis de Sade, époux, gendre, amant, connaissance immonde ou
désirable, selon que l’on prie Dieu ou Diable. En cette année 1772 où a lieu la première joute,
l’homme est poursuivi pour empoisonnement. Il sera embastillé en 1778, puis libéré en 1790.
Souvent interprété par des hommes, le texte de Yukio Mishima est ici mis en scène par Jacques
Vincey avec des femmes. Pas n’importe lesquelles : des femmes comme des figurines de
collection dont on perçoit les jambes sous le grillage d’osier supportant la robe de soie,
surmontées de hautes perruques laissant voir le crâne de poupée. Des jouets de chair et d’os,
porte-parole de l’auteur. Superbement joué, en particulier par Hélène Alexandridis et Marilu Marini,
ce texte d’une folle intelligence a peut-être trouvé là son incarnation la plus accomplie, entre
vertige et fascination.
9 Trident
Les Inrockuptibles, le 7 octobre 2008, Patrick Sourd
Madame de Sade
Objet de fascination, ce portrait du Divin Marquis tracé par Mishima prend avec Jacques Vincey
la forme intrigante d’un drôle de jeu de dames.
Engoncées jusqu’à la taille dans d’étranges corsets métalliques qui les enserrent de leurs corolles
translucides, ces femmes, tel un bouquet de fleurs du mal, arborent au faîte de leur interminable
perruque des jaillissements de plumes colorées comme autant de pistils empoisonnés. Troublantes
et terriblement sensuelles, elles ont la raideur stylisée des pièces d’un cruel jeu de société, sont
stratégiquement positionnées sur une scène recouverte d’un très minimal plateau quadrillé. Dans
la belle mise en scène de Jacques Vincey, elles sont les reines hiératiques qu’une invisible
présence manipule, celles qui ont aimé, haï, protégé ou fait emprisonner le Divin Marquis, telles
que nous les représente en 1965 Yukio Mishima à travers Madame de Sade, sa pièce culte écrite
cinq ans avant son suicide, sauvage performance se conformant aux principes rituels du seppuku.
Qu’elles soient… sa mère, sa jeune sœur, une amie d’enfance, une courtisane ou une servante, elles
forment l’entourage intime de l’écrivain maudit et, précise Jacques Vincey, un gynécée d’intérêts
contradictoires où, « face aux abîmes qui s’ouvrent devant elles, chacune se défend comme elle
peut en fonction de sa situation, de ses moyens et de ce quelle croit être « la » vérité. C’est dans
sa chair meurtrie et son âme bafouée que madame de Sade trouve la force d’une dévotion
déraisonnable : « Si mon mari est un monstre de vice, il faudra que je devienne pour lui un
monstre de fidélité ». C’est sur la fragilité de ces femmes que se bâtissent leurs convictions
inaltérables. Confrontés à leurs limites, les personnages accèdent au statut de figures. »
Avec Hélène Alexandridis, Marilu Marini, Isabelle Mazin, Myrto Procopiou et Anne Sée, Jacques
Vincey réunit les talents d’une distribution idéale, sans oublier d’y ajouter une touche d’humour
avec le choix d’un homme, Alain Catillaz, pour interpréter Charlotte, la bonne. Et à travers le dessin
par ces mains féminines de ce portrait du marquis de Sade se révèlent alors les coulisses d’une
sphère de l’intime tout autant déterminante que celle du social quant à son rôle liberticide.
Webthea.com, le 14 mai 2008, Dominique Darzacq
Madame de Sade de Yukio Mishima
Reflets de Sade dans l’œil des femmes
Voilà des décennies que le théâtre de Vidy, à Lausanne, est la rampe de lancement de spectacles
de haut vol aux destinées glorieuses. C’est là encore que Jacques Vincey et son équipe nous ont
mitonné un Madame de Sade dont l’intelligence et la subtilité de la forme, la flamboyante
alchimie de la distribution inciteraient volontiers à abuser de superlatifs flatteurs. La pièce qui,
nous dit l’auteur, pourrait s’intituler « Sade vu à travers le regard des femmes » a pour point de
départ une énigme : « Comment la marquise de Sade, qui avait montré tant de fidélité à son mari
pendant ses longs emprisonnements, a pu l’abandonner au moment où il retrouvait la liberté ».
Pour tenter d’y répondre, il fait « parader les sentiments en habits de raison », use du choc des
concepts, écrit une pièce d’affrontement tout en contrepoint de voix féminines où se dessine un
Sade que l’absence rend plus fascinant et dont le portrait ne se réduit pas au seul « sadisme ».
Un goût d’absolu
Avant ses frasques, ce que retient Mishima, et Jacques Vincey le rend perceptible, c’est une liberté
d’esprit qui fait craquer les jointures du vieux Monde, un goût d’absolu où le rejoindrait, dans la
version fidèle, sa femme Renée de Sade (Hélène Alexandridis). « Donatien n’est pas un coquin ;
c’est une sorte de seuil entre moi-même et l’impossible, ou peut-être entre Dieu et moi » expliquet-elle à sa mère, Mme de Montreuil (Marilù Marini), femme égoïste, soucieuse des apparences,
attachée à l’ordre social et à la moralité, qui met tout en œuvre pour maintenir en prison « le
cheval fou qui est entré dans sa famille ». Dans son salon se croisent, Anne (Myrto Procopiou)
sœur cadette de Renée, sans principe, qui fuit à Venise avec Sade avant de le dénoncer, la
comtesse de Saint-Fond (Anne Sée) libertine à l’humour ravageur, le double féminin du divin
marquis « qui a fait belle moisson de tout ce qui croît à Cythère », la baronne de Simiane
(Isabelle Mazin), amie d’enfance de Donatien, que ses dévotions à Dieu consolent de n’avoir point
épousé le marquis. Au fil de leurs rencontres, elles disputent autour d’une ombre sous l’œil distant
de Charlotte, la domestique jouée par un comédien (Alain Catillaz) qui fait également office de
servant de scène et de musicien.
10 Trident
Un esthétisme raffiné
Lorsqu’en 1986 à Chaillot, Sophie Loucachewski fait jouer la pièce par des comédiens, elle se
réfère à l’art de l’Onnagata. C’est plutôt en regardant du côté du Bunraku, qui expose à la fois l’art
et le travail, que Jacques Vincey organise, chorégraphie devrait-on dire, une mise en scène à
l’esthétisme raffiné qui jette des ponts vers le théâtre français du XVIIIe siècle, par les coiffures
(Cécile Kretschmar) et les costumes à vastes crinolines et à roulettes (Claire Resterucci) conçus
nous dit-il « comme des machines de guerres ». Les comédiennes, dont au début de la pièce,
nous suivons les évolutions à travers la transparence d’un rideau de tulle, investissent leur
personnage en même temps que leur costume dont elles usent selon les moments comme refuge
de leurs peurs, carcan de leurs convictions, tribune d’où la parole livre bataille. Les mots claquent
comme le fouet de Mme de Saint-Fond, coupent comme les lames d’un sabre. Ils sont les armes
avec lesquelles ferraillent les figures souveraines d’un jeu d’échec dont un gong ponctue les
coups, mais dont on ne sait, en fin de compte, qui est mat. Il n’est pas toujours nécessaire de
résoudre les énigmes.
11 Trident
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