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Revue de Presse du Liban et du Moyen-Orient
Médiarama
Mardi 8 octobre 2013
Numéro 438
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Titres des journaux
www.mediaramalb.wordpress.com
L’événement
Libération imminente des otages libanais en Syrie?
As Safir (nationaliste arabe)
Le pape François visitera-t-il
le Liban en 2014?
An Nahar (proche du 14-Mars)
La course des maronites au palais
de Baabda a-t-elle commencé?
Sleiman et Mikati cherchent une
issue pour financer le Tribunal
Al Akhbar (quotidien libanais de gauche)
Les otages d’Aazaz libres dans les
prochaines heures
Al Joumhouria (propriété d'Elias Murr)
Hezbollah: pas de gouvernement
sans le triptyque (Armée-peuple-résistance)
Al Moustaqbal (propriété de Saad Hariri)
Admiration américaine devant
la rapidité avec laquelle Assad
s’est soumis
Al Watan (quotidien syrien non étatique)
L’armée rétablit le calme dans
onze villages d’Alep
L’Orient-Le Jour (proche du 14-Mars)
Roquettes, voitures piégées… les
pro-Morsi basculent dans le
terrorisme
Al Hayat (quotidien à capitaux saoudiens)
Le serviteur des Lieux saints se
tient aux côtés de l’Egypte «contre
le terrorisme, la perdition et la
discorde»
La presse libanaise a fait état, ce mardi, de nouvelles rassurantes concernant
le dossier des otages libanais détenus par des rebelles syriens depuis mai
2012. Les quotidiens As Safir et Al Akhbar évoquent même une prochaine
libération, après des progrès encourageants apparus ces derniers temps.
Citant des sources proches de la présidence de la République, Al Akhbar écrit
que «les dernières touches sont en train d’être mises à l’opération de
libération des otages d’Aazaz, qui ont été transportés dans un lieu sûr à la
frontière syro-turque, sous le contrôle des services de sécurité turcs». Selon
le journal, le seul point d’achoppement dans les négociations porte sur la
libération des otages par étape où tous en même temps. Quoi qu’il en soit,
les mêmes sources s’attendent à ce que les Libanais soient remis en liberté
dans les prochaines heures.
As Safir précise que «les contacts se sont intensifiés ces derniers jours au
sujet des otages libanais en Syrie et des deux pilotes turcs enlevés au Liban»
au mois d’août dernier. Le quotidien indique que le directeur de la Sûreté
générale, le général Abbas Ibrahim, chargé du dossier, a rencontré
l’ambassadeur de Turquie au Liban, Inan Ozyildiz, et des représentants des
familles des otages, avant qu’il ne prenne en urgence l’avion pour Doha,
dimanche.
Des sources officielles citées par le journal parlent «d’éléments positifs qui
se profilent à l’horizon» et indiquent que «la partie libanaise a reçu pour la
première fois des signaux sérieux et encourageants». Elles ont ajouté que la
visite du général Ibrahim à Qatar s’inscrit dans ce cadre, espérant que les
prochains jours verront des développements heureux dans ce dossier.
Selon des sources bien informées, les otages, qui étaient détenus à Aazaz,
près d’Alep, par «la Brigade de la tempête du nord», relevant de l’Armée
syrienne libre (ASL), ont été évacués lorsque «l’Etat islamique en Irak et au
Levant» (EIIL), proche d’Al-Qaïda, a pris la ville après en avoir chassé les
rebelles. Les otages auraient été transférés du côté turc de la frontière via le
point de passage de Bab al-Salam, où ils sont pratiquement sous le contrôle
des services de renseignements turcs.
L’occupation de Aazaz par Al-qaïda pourrait être un prétexte pour clore
rapidement ce dossier qui embarrasse fortement Ankara, soupçonné par les
familles des otages de couvrir les ravisseurs ou, du moins, de ne pas exercer
sur eux assez de pressions pour qu’ils libèrent leurs proches. L’embarras de la
Turquie s’est transformé en véritable casse-tête après l’enlèvement sur la
route de l’aéroport de Beyrouth, en août, des deux pilotes de la Turkish
Airlines.
Onze Libanais qui revenaient d’un pèlerinage en Irak avaient été enlevés le
22 mai 2012 près d’Aazaz. Deux d’entres eux avaient été libérés par leurs
ravisseurs. Ces derniers ont ensuite renié un accord conclu malgré la
libération par les autorités syriennes de plusieurs dizaines de détenues.
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An Nahar
Rosanna Bou Mouncef, journaliste libanaise proche du 14-Mars
Des sources politiques jugent peu probables que le Hezbollah confirme ou démente les
informations qui ont dernièrement circulé sur le début du retrait de ses combattants de
Syrie, à l’instar de ce qu’a fait son secrétaire général, sayyed Hassan Nasrallah, lorsqu’il a
ouvertement annoncé la participation de son parti aux combats dans ce pays.
Mais selon des sources bien informées, le début du retrait n’a pas et n’aura pas lieu, en
raison d’une série de considérations. D’abord, le timing n’est pas propice pour le retrait du
Hezbollah de Syrie, du moins au plan politique, car l’ouverture entre l’Iran et les Etats-Unis
et les bonnes dispositions réciproques empêchent de présenter de concessions gratuites,
comme celle du retrait du Hezbollah de Syrie. Une telle mesure pourrait envoyer des
messages erronés sur la faiblesse de l’Iran ou sur le fait qu’il serait dans une position
difficile. Aussi, est-il prématuré d’introduire la carte du retrait du Hezbollah de Syrie dans les
négociations. Toutefois, le fait de répandre des informations sur le retrait sert à montrer
l’existence de bonnes intentions chez le Hezbollah dans son approche des dossiers internes.
Les mêmes sources ajoutent qu’il est peu probable que le retrait du Hezbollah ait commencé
car les raisons qui ont conduit à la participation du parti aux combats sont toujours de mise,
c’est-à-dire aider le régime syrien, qui était au bord de l’effondrement. Effectivement, la
victoire du Hezbollah dans la bataille de Qoussair a permis de sauver le régime.
A la lumière de ces réalités, il se peut que le Hezbollah procède à un remplacement de ses
troupes en Syrie ou à une réduction de leur nombre. Tout dépend des progrès enregistrés
dans l’entrainement des groupes partisans du régime, entrepris par le Hezbollah.
As Safir
Ghassan Rifi, journaliste libanais proche du 8-Mars
Le vice-président du Parlement, Farid Makari, a appelé au téléphone portable son ancien
allié, le chef du Courant des Marada, le député Sleiman Frangié, après une longue rupture
depuis 2005 (…) La conversation a duré quelques minutes et n’a pas porté sur des questions
politiques. Les deux hommes ont convenu de rétablir le contact et de se rencontrer, dès que
les circonstances le permettront.
Ce geste illustre le mécontentement de Makari vis-à-vis des agissements de certains partis
de son propre camp politique et de nombreux alliés, notamment dans son fief du Koura.
Lors de ses rencontres publiques et privées, Makari insiste sur son attachement à la ligne
politique de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et affirme se tenir en permanence aux
côtés de Saad Hariri. Mais cela ne l’empêche pas de faire preuve d’indépendance et de se
repositionner politiquement au risque de provoquer des divergences avec ses alliés,
notamment les Forces libanaises (FL), et un rapprochement avec ses adversaires, plus
particulièrement le président de la Chambre Nabih Berry. Il est clair que Makari en a assez
des agissements des Forces libanaises à son égard. Les faits indiquent que les relations avec
le chef des FL, Samir Geagea, ont commencé à se diriger vers la rupture (…) après l’élection
partielle du Koura. Lors de cette consultation, Makari a appuyé à fond le candidat des FL,
Fadi Karam. Mais les Forces libanaises se sont comportées comme si la victoire de ce dernier
était le résultat de leur popularité croissante et n’ont accordé aucun crédit au viceprésident de la Chambre. Aussi, les observateurs n’ont-il pas été surpris lorsqu’il a présenté
les candidatures de son fils Nabil, du directeur de son cabinet Nabil Moussa et de son proche
Michel Hélou pour les élections législatives (avant qu’elles ne soient reportées, ndlr). Il
voulait donner l’impression qu’il était prêt à présenter une liste complète pour prouver sa
popularité dans sa région, face aux FL.
Farid Makari estime que la vision politique de ses alliés est très loin des réalités libanaises
et ne sert pas l’intérêt national, voire elles sont susceptibles de mener le Liban vers la
guerre civile. Tout cela l’a poussé à se repositionner sur l’échiquier politique.
As Safir
Le mufti du Liban-Nord, cheikh Malek al-Chaar, rentrera au Liban demain mercredi, sept mois
après avoir quitté le pays pour des raisons de sécurité. Le dignitaire qui se trouve
actuellement à Paris, se rendra immédiatement à Tripoli (Liban-nord) dans un convoi
hautement sécurisé après son arrivée à l'aéroport international de Beyrouth. «J'ai décidé de
rentrer au Liban avant la fête de l'Adha, malgré les menaces», a-t-il affirmé dans un
entretien téléphonique avec As-Safir.
Des sources proches de Dar el-Fatwa ont indiqué au journal que les «menaces contre le mufti
sont toujours réelles», mais cheikh al-Chaar «est conscient que Tripoli a besoin de ses efforts
pour rapprocher les parties en conflit et calmer les tensions».
ILS ONT DIT…
Nabih Berry, président
du Parlement libanais
“Les colonisateurs ont laissé
dans la région un système
confessionnel par le biais de
l’accord de Sykes-Picot, dont
nous continuons à payer le prix
aujourd’hui et qui déforme le
système politique. La démocratie
libanaise reste la plus ancienne et
la mieux ancrée dans la région.
Mohammad Raad, chef du bloc
parlementaire du Hezbollah
“Si la formation du cabinet est
liée à la mise en échec de
l’équation armée-peuplerésistance, alors ils devront
attendre longtemps encore ce
gouvernement. Si cette équation
sortait de la déclaration
ministérielle de n’importe quel
gouvernement à venir, qu’est-ce
qui resterait du Liban et de l’unité
nationale libanaise?
Boutros Harb, député de Batroun
(14-Mars)
“Il n’est pas permis que le
président de la République soit
amené à céder sa prérogative la
plus importante, qui est celle de
donner son accord à la formule
gouvernementale. De même qu’il
n’est pas permis que le Premier
ministre désigné abandonne son
pouvoir de former le cabinet en
collaboration avec le président. Si
cela s’était produit auparavant
dans le cadre de l’accord de
Doha, du fait de l’intervention des
armes non légales dans le jeu
politique, cela ne signifie pas qu’il
nous faut refaire la même chose
aujourd’hui.
Elie Marouni, député de Zahlé
(Kataëb)
“Le 8-Mars veut s'emparer du
pays pour des intérêts personnels
alors que le camp du 14-Mars
oeuvre en faveur des
institutions. Nous refusons le
renflouement d'un gouvernement
corrompu et non productif. Le
cabinet d'expédition des affaires
courantes convient bien au
Hezbollah vu qu'il lui assure ses
propres intérêts.
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Al Joumhouria
Vladimir Poutine loue la
coopération de la Syrie
sur le dossier chimique
Le président russe Vladimir
Poutine a estimé mardi que la
coopération de la Syrie sur les
armes chimiques avait dissipé les
«doutes», et proposé d'élargir la
conférence de paix Genève 2 à
des pays comme l'Indonésie. «Les
doutes sur la réaction adéquate de
la direction syrienne à la décision
prise sur les armes chimiques ne
se sont pas vérifiés», a déclaré M.
Poutine, cité par Ria Novosti en
marge du sommet Asie-Pacifique
à Bali. «La direction syrienne s'est
mise très activement à ce travail et
agit de manière très transparente,
aide les structures
internationales», a ajouté le
président russe. «J'espère que ce
travail va continuer au même
rythme et de la même manière», a
encore déclaré M. Poutine, dont le
pays avait été à l'origine en
septembre de la proposition de
démanteler l'arsenal chimique
syrien, écartant in extremis la
menace de frappes occidentales
après un massacre près de
Damas. M. Poutine a indiqué avoir
évoqué la destruction des armes
chimiques syriennes avec le
secrétaire d'Etat américain John
Kerry en marge du sommet.
«Nous avons parlé de la
destruction des armes chimiques
et de la manière d'organiser le
travail sur ce plan ainsi que sur
d'autres points», a déclaré M.
Poutine. «La priorité aujourd'hui,
ce n'est pas seulement la
destruction des armes chimiques,
mais aussi le retour au processus
de paix entre toutes les parties en
conflit, à Genève», a-t-il déclaré,
selon Itar-Tass. Selon l'agence
Interfax, M. Poutine a enfin estimé
que les divergences avec les
Etats-Unis sur la manière de régler
la crise syrienne n'étaient que de
nature «tactique». «Les Etats-Unis
ne veulent pas qu'Al-Qaïda
viennent au pouvoir en Syrie, non?
Et nous ne le voulons pas non
plus. Nous avons des objectifs
communs», a déclaré le président
russe selon cette agence.
_______
Les milieux présidentiels ont inscrit la rencontre qui a eu lieu lundi entre le chef de l’Etat,
Michel Sleiman, et le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, dans le
cadre des réunions périodiques et routinières qui ont lieu à chaque fois que les circonstances
le dictent. Ces milieux ont indiqué que les relations entre les deux parties sont bonnes et
sont caractérisées par le respect mutuel et il a été convenu d’organiser la rencontre vendredi
dernier, juste après le retour du président Sleiman de New York.
L’entretien a porté sur les différents développements locaux, régionaux et internationaux et
sur les démarches en cours pour former un nouveau gouvernement. «Les positions sont les
mêmes et la situation n’a pas changé. Il n’y a des progrès sur aucun dossier», ont précisé les
milieux proches de la présidence, qui ont indiqué que le chef de l’Etat est déterminé à
maintenir les contacts avec tous les protagonistes libanais.
Le président Sleiman a informé M. Raad des résultats de ses rencontres à New York et des
recommandations de la communauté internationale au Liban afin qu’il applique la politique
de la distanciation à l’égard de la crise syrienne et qu’il évite les répliques de la guerre dans
ce pays, en mettant en œuvre la déclaration de Baabda. Il l’a également mis dans l’ambiance
de la réunion du Groupe d’appui international pour le Liban. Les milieux précités ont indiqué
que le président Sleiman a été sincère avec M. Raad, mettant l’accent sur la nécessité de
mettre un terme à toute forme d’implication en Syrie. «Il a réitéré ses positions sans mettre
des gants devant M. Raad», ont précisé les mêmes sources.
L’Orient-Le Jour
Scarlett Haddad, journaliste libanaise proche du 8-Mars
Alors que la classe politique passe son temps à essayer d’obtenir des indices sur l’étape
future dans la région, une ouverture européenne discrète est en train de se faire en
direction du Hezbollah. Il y a une semaine, le responsable des relations internationales au
sein du Hezbollah, le Dr Ammar Moussaoui, s’est rendu en Italie pour participer à une
conférence sur les relations entre les peuples et les États du bassin méditerranéen, ainsi que
sur l’immigration clandestine et la lutte contre le terrorisme. Certes, le Hezbollah est
régulièrement invité à participer à ce genre de conférences en tant qu’acteur important au
Liban, voire dans la région. Mais le timing de ce rendez-vous lui donne une toute autre
dimension. De plus, c’est désormais au tour du député membre du bloc de la Résistance, Ali
Fayad, d’entamer dès aujourd’hui une visite en France. Il a été invité officiellement pour
participer avec deux de ses collègues, Samir el-Jisr et Ghassan Moukheiber, à un débat à
l’Assemblée nationale française sur l’abolition de la peine de mort. La France milite
activement pour cette abolition au sein de l’Europe mais aussi dans le monde, et les députés
ont été sciemment choisis parce que les partis ou blocs qu’ils représentent ont une opinion
précise sur le sujet. Mais selon une source parlementaire libanaise, ce n’est pas le président
de la Chambre qui a choisi les députés devant participer à ce débat, comme cela se fait
souvent. Les noms ont tout simplement été envoyés par l’ambassade de France au
secrétariat du Parlement. Si le député Ghassan Moukheiber est connu pour son activisme en
faveur des droits de l’homme et contre la peine capitale, et si Samir el-Jisr, en tant
qu’ancien ministre de la Justice et en tant qu’avocat, a aussi une position plutôt favorable à
cette abolition, le Dr Ali Fayad qui représente officiellement le Hezbollah y est hostile, le
parti dont il est membre ayant à plusieurs reprises réclamé la peine capitale pour les espions
libanais travaillant pour le compte d’Israël par exemple.
C’est donc sans doute pour entendre toutes les opinions et tenter de convaincre les
récalcitrants que l’ambassade de France a choisi un éventail varié de députés libanais pour
les inviter en France. Mais en même temps, l’invitation adressée au Dr Fayad ne peut pas
être simplement placée sous cet angle. S’il est vrai que l’Union européenne s’est empressée
d’expliquer, après la mise de l’aile militaire du Hezbollah sur la liste européenne des
organisations terroristes, qu’elle continue de reconnaître la représentativité du Hezbollah en
tant que formation politique, l’invitation du Dr Fayad en France reste une initiative peu
banale, d’autant que la France a été l’un des pays les plus actifs pour convaincre les
membres hésitants de l’Union européenne de placer la branche armée du Hezbollah sur la
liste des organisations terroristes.
Des milieux politiques y voient donc l’indice d’une ouverture française en direction du parti
chiite à un moment où le climat général dans la région semble connaître des changements
intéressants. Il y a eu ainsi le début d’un dialogue américano-iranien, dont on ne sait encore
s’il aboutira à des résultats concrets, mais qui semble être l’ouverture d’une nouvelle étape.
Il y a eu aussi la rencontre entre le président français François Hollande et son homologue
iranien Hassan Rohani, ainsi que l’accord russo-américain sur les armes chimiques de la Syrie
l’éloge de John Kerry, de la coopération du président syrien Bachar el-Assad dans la
concrétisation de cet accord.