Michèle Lesbre - Bibliothèque de Maisons

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Michèle Lesbre - Bibliothèque de Maisons
Juin 2015
Michèle LESBRE
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Tous les titres en gras peuvent être
empruntés à la bibliothèque municipale
Bibliothèque Municipale
de Maisons-Laffitte
01.34.93.12.91
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Née en 1939 à Tours, Michèle Lesbre a grandi à Poitiers,
auprès de sa mère, son père étant mobilisé en Syrie. Elle
ne le voit pour la première fois qu’à l’âge de trois ans et
demi. Avant d’être éditée, Michèle Lesbre a fait du théâtre
dans des troupes régionales et a été institutrice dans la
campagne auvergnate, à Clermont-Ferrand puis à Paris.
Ses lectures ont été guidées par ses grands-parents maternels. Elle est venue à l’écriture très jeune et a publié tout
d’abord des romans noirs.
« Ecrire, c’est aller vers la lumière ».
Michèle Lesbre aime citer cette phrase de Paul Nizan. Son
écriture est limpide et dépouillée et le charme de ses romans tient à l’infinie sensibilité de son regard.
Elle commence en écrivant des notes durant des mois puis
débute son roman sans faire de plan. Elle sait où mener
son histoire et connaît la fin, mais, pour le reste, chemine à
vue.
L’écriture est pour elle une tentative de comprendre ce qui
échappe à la conscience, de savoir comment se construit
une vie et ce qui peut la faire basculer. En cela, sa rencontre avec Victor Dojlida, fils d’ouvrier polonais entré
dans la résistance à seize ans, a été déterminante. Elle aime
suivre ses personnages et les mener vers la lumière.
Le temps et les événements historiques qui le jalonnent, la
musique, sont aussi des thèmes prégnants dans son œuvre.
Nina par hasard
Une mère et sa fille. La première travaille dans l’une des
dernières usines textiles de Roubaix, la seconde est apprentie coiffeuse. Les hommes ne comptent pas dans cet
univers féminin. Ils sont à l’origine de chagrins d’amour
pour Susy et, pour Nina, des pères impossibles.
Avec son premier salaire, Nina souhaite offrir à sa mère
un séjour au bord de la mer mais cette échappée se heurte
à bien des obstacles. Heureusement, Arnold, un ami de la
jeune fille, l’emmène au théâtre et lui fait découvrir
Tchékhov et sa « Nina » de La Mouette. Des moments où
Nina se prend à rêver d’un ailleurs possible.
C’est avec ce roman publié en 2001 que Michèle Lesbre
quitte le roman noir et débute une série de fictions intimes.
Un Lac immense et blanc
La narratrice de ce beau récit parcourt Paris et aime s’arrêter au Café Lunaire le matin avant de rejoindre son lieu de
travail. Là, un client italien évoque la ville de Ferrare, et,
pour elle, ce sont des souvenirs de jeunesse qui ressurgissent. La neige du paysage hivernal qu’elle traverse, notamment dans les allées du jardin des plantes, lui évoque
aussi l’Aubrac et un groupe d’amis jeunes et fougueux,
qui rêvaient de révolution. Se mêlent à ses souvenirs, ses
réflexions sur ses lectures de Bassani notamment, les
films italiens qui lui sont chers, ainsi que les rencontres de
sa vie.
Beau texte sur le souvenir et belle ode à l’hiver et aux
paysages blancs.
Sur le sable
rêveries de son héroïne.
La romancière nous convie à la rencontre d’une lectrice
de Modiano. En effet, la narratrice était veilleuse de nuit
dans un hôtel parisien et occupait ce temps vide à relire
tous les romans de Patrick Modiano.
Au moment où commence le roman, la jeune femme a
quitté Paris et son amant et se trouve au bord de la mer.
Elle y rencontre un homme qui regarde une villa en feu.
Il lui explique que cet incendie est un aboutissement. Il
est venu d’Italie enterrer sa mère. Tous deux vont évoquer le passé, l’un parlant, l’autre écoutant en suivant
son propre cheminement de pensées. Moment fait de
distance et d’intimité.
Roman d’atmosphère où les lieux évoqués marquent
des moments de vie et d’où émanent une belle mélancolie et une émotion étrange.
Boléro
La Petite trotteuse
Anne, la narratrice, visite des maisons en sachant
qu’elle ne les achètera pas. Elle s’accorde avec les
agences pour avoir les clés et passer du temps seule
dans les demeures, et « écouter le silence des murs ».
Elle est en quête de quelque chose dont elle n’a pas
vraiment conscience. Elle tient blottie dans sa poche la
montre arrêtée de son père, retrouvée au hasard d’un déménagement. Elle tente ainsi de raviver l’image diffuse
de cet homme si mal connu.
Les souvenirs affluent au fil des visites, souvenirs d’enfance, de vacances en famille mais aussi souvenirs de
guerre… Michèle Lesbre nous touche par sa grande
sensibilité et par ses propres souvenirs qu’elle mêle aux
« La musique et l’écriture vont bien ensemble » confie
Michèle Lesbre.
En commençant un livre, la romancière cherche le
« la », cette petite musique qui va guider ses phrases.
Alors qu’Emma se prépare à passer un entretien d’embauche, elle reçoit une lettre de Fred, un ami de lycée.
Ils se retrouvaient, en compagnie de Paul, dans la maison de Gisèle durant les étés de leur adolescence. Des
étés remplis de bonheur, à découvrir des films, à parcourir la campagne brûlante, à écouter le Boléro de Ravel.
Ils formaient un trio inséparable, à l’instar des héros de
Jules et Jim, film admiré par les amis.
Ce courrier ravive les souvenirs et trouble Emma qui
cherche en vain la tenue adéquate pour ce futur entretien. Elle se souvient de l’arrivée d’une jeune fille
rousse dans le cœur de Paul, venant troubler l’équilibre
de leur amitié, puis de la brutale séparation.
Beau récit poétique dans lequel musique et cinéma ont
une place d’honneur.
Écoute la pluie
La narratrice croise le regard d’un vieux monsieur qui
s’approche d’elle, lui sourit, juste avant de se jeter
sous le métro. Après ce drame, elle erre toute la nuit
dans Paris, sous l’orage, et ne se rend pas à un rendezvous amoureux, sans prévenir l’homme qui l’attendait
au bord de la mer. Elle pense que l’homme du métro
lui a confié quelque chose par ce regard. Elle cherche à
lui redonner un peu de vie, à retisser un peu de son histoire. Elle vit cet événement comme un révélateur :
peut-être son histoire d’amour est-elle en train de finir,
son compagnon comprendra-t-il son émotion ? Il ne lui
reste plus que cette phrase à partager : « Écoute la
pluie ».
Le Canapé rouge
Une femme d’une cinquantaine d’années prénommée
Anne se lance dans un long voyage en transsibérien
vers le lac Baïkal, là où s’est rendu son ancien amant,
dont elle n’a plus de nouvelles. Dans le train, la narratrice est comme aspirée par le paysage. Elle laisse sa
voisine, Clémence, dans sa solitude. La vieille dame
regrette les séances de lecture qu’Anne lui prodiguait.
Toutes deux vont réaliser, à leur façon, un travail sur
elles-mêmes. La narratrice repense aux années passées
et à une passion perdue ; sur son canapé rouge, Clémence apprivoise sa solitude et se sent toujours prête
au bonheur. Les temps doucement se rassemblent. Les
deux femmes réalisent aussi l’importance de leur lien.
Ne plus courir après un passé inchangé, accepter le
temps qui passe, « c’était peut-être ça vieillir ». Le regard de l’écrivain sur ses personnages est d’une grande
douceur.
Ce texte est une belle méditation sur les engagements
de l’existence.
Chemins
Recherche de ses racines, recherche des lieux de vie,
source de souvenirs, Michèle Lesbre poursuit sa quête
et entraîne le lecteur sur son chemin.
La narratrice de ce très beau roman remarque un
homme lisant sous un réverbère. Elle note qu’il lit
Scènes de la vie de bohème d’Henry Murger. Ce livre
fut très important pour son père dans sa jeunesse. Elle
profite de l’offre d’hébergement d’amis et part avec ce
livre en poche.
Elle avance sur les traces de ce père, un « amour manqué », un homme qui est mort seul à l’âge de cinquante
ans. Au fil du livre et des cheminements de la narratrice, de ses rencontres, elle dévoile un peu de cette
histoire familiale.
Elle rejoint la maison de ses grands-parents, Léon et
Mathilde, au bord de la Loire, la « petite patrie » de
son enfance. Entre temps, elle a rencontré un homme
sur le bord d’un canal, a partagé un dîner, puis a fait
une étape avec un couple en péniche.
Le souvenir de ses parents qui n’arrivaient pas à s’aimer est toujours là, sous chaque mot. L’écriture de
Chemins est tout en finesse et transparence.
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