Discours pour la dénonciation des zoos humains

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Discours pour la dénonciation des zoos humains
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour le dévoilement d’une
plaque commémorative relative à la reconnaissance et la
dénonciation des zoos humains qui se sont tenus lors de
l'exposition coloniale de 1931.
Aujourd’hui deux plaques ont déjà été dévoilées
La première au jardin d’acclimatation :
Durant l'exposition coloniale, une centaine de Kanaks de
Nouvelle Calédonie avaient été envoyés à Paris pour présenter
la culture de leur pays, qui était fort méconnue, à l'époque
Mais les chefs Kanaks, hommes et femmes de la Grande Terre et
des Iles qui composaient cette expédition culturelle, furent
trompés sur le but du voyage par un homme d'affaire peu
scrupuleux, et les Kanaks furent montrés et humiliés par leurs
compatriotes de métropole comme des animaux sauvages au
Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne.
La
deuxième,
arrondissement :
avenue
pour
Mathurin
Moreau
commémorer
la
dans
le
19e
contre-exposition
organise aux buttes Chaumont à l’initiative du PCF pour
dénoncer le colonialisme.
Et pour finir nous voila réunis, ici, à la Porte Dorée ou s’est
tenue l’exposition coloniale de 1931.
Cette exposition a été visitée par plus de 33 millions de
visiteurs, un chiffre impressionnant, vu l’époque et les moyens
de transports existants. Pour vous donner un ordre d’idée, pour
comparaison, le plus gros événement mondial, de ces dernières
décennies, a attiré 2 millions de personnes à Londres pour les
Jeux Olympiques.
Cet événement international s’est déroulé dans le Bois de
Vincennes. En effet, les organisateurs avaient décidé, des 1928,
d’implanter l’exposition à l’est de Paris, autour du Bois de
Vincennes, entre la Porte Dorée et la Porte de Reuilly, prenant
comme point central le lac Daumesnil. Apres 1000 jours de
travaux, l’exposition ouvre ses portes sur 110 hectares.
Pour Lyautey, le commissaire général de l’exposition, cet
événement ne devait pas être « une exhibition foraine » mais
plutôt « une grande leçon d’action réalisatrice, un foyer
d’enseignement
supérieur,
une
sorte
d’office
du
travail
colonial ».
L’exposition devait provoquer chez les visiteurs l’illusion d’un
voyage dans le monde colonial, elle leur promettait « un tour du
monde en quatre jours ». C’est autour du lac de Daumesnil que
les visiteurs étaient invités au voyage planétaire. Sans effort,
ils devaient pouvoir glisser d’une colonie à l’autre.
Confortés par le succès d’affluence, et ce malgré un temps
maussade, les officiels estimèrent que le public devait être
« séduit et instruit ». Désormais, les Français ne pourraient
oublier qu’ils avaient un Empire, et seraient plus confiants dans
la grandeur de la France et les colonies ne seraient plus jamais
cette terre inconnue.
Dans les milieux gouvernementaux, on affirmait que le but avait
été
atteint :
l’esprit
colonial
avait
pénétré
les
masses
populaires.
Le 12e reste profondément marqué par l’exposition universelle,
dans sa physionomie, avec le prolongement de l’avenue
Daumesnil, dans son architecture, avec le palais de la Porte
Dorée, future Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, à la
Mairie du 12e arrondissement avec l’aménagement d’un Salon
de la France de l’outre-mer, dans sa toponymie avec les rues du
Congo, du Niger ou encore du Sahel.
C’est l'occasion de s'interroger en profondeur sur le fait qu'il a
été possible d'exposer à Paris des hommes et des femmes sous
le regard de plusieurs centaines de milliers de personnes.
Aujourd'hui la France se doit de reconnaître la faute commise à
l'égard des populations originaires de ses propres colonies.
C’est pourquoi la Ville de Paris a ouvert depuis 2001 un grand
chantier en faveur de la reconnaissance du fait colonial et de
ses exactions, accompagné d'un travail de mémoire.
En 2006, pour le 75e anniversaire de l’exposition universelle
afin de continuer ce devoir de mémoire et de redécouvrir ce
passé qui nous concerne tous, la Mairie du 12e en étroite
collaboration avec Pascal Blanchard, l’historien spécialiste de
l’histoire coloniale qui a organisé également un parcours de
mémoire dans le Bois de Vincennes
En effet, nous avons jugé indispensable de retrouver les traces
de cette exposition sur le site où elle s’est déroulée en 1931,
pour permettre à tous les publics, notamment les enseignants
avec leurs élèves de redécouvrir les différents aspects et
impacts de l’exposition coloniale.
Ce dévoilement de plaque s’inscrit dans cette dynamique et
dans notre volonté commune de ne pas occulter les périodes
sombres de notre histoire, et lorsque c’est nécessaire de
reconnaître les torts et les fautes commises au nom d’un idéal,
le colonialisme, bien loin des valeurs de liberté, d’égalité et de
fraternité portes par la Révolution française et qui firent de la
France la patrie des droits de l’homme.
Je vous remercie.

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