La perte de poids est un élément pronostic important de mortalité.
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La perte de poids est un élément pronostic important de mortalité.
La perte de poids est un élément pronostic important de mortalité. Beaucoup de personnes âgées perdent spontanément du poids en vieillissant et cette perte est considérée comme un indicateur d’une détérioration de la santé et d’une augmentation du risque de mortalité. Dans une telle perspective, le début et la rapidité de cette perte de poids pourraient être considérés comme des indicateurs de l’âge prévisible de décès, ceci en corrélation avec l’âge chronologique. De même, différents états pathologiques sont susceptibles d’interférer avec la perte de poids et donc avec l’âge de décès. Les premières pertes de poids peuvent déjà être observées 15 à 20 ans avant la mort, ce qui confirmerait que la perte de poids, associée à une augmentation du métabolisme, serait indépendante de l’existence de maladies chroniques. Peu de recherches avaient jusqu’à présent tenté Groupes d’âge Décès par cancer de préciser la durée, la sévérité et l’évolution de la perte de poids durant la période précédant la fin de vie. Le but de cette étude était d’analyser ces paramètres chez des personnes décédant de causes variées et à des âges différents. La population examinée était constituée de 800 hommes recrutés à partir de 1958 et participant à la Baltimore Longitudinal Study of Aging. Les individus âgés de moins de cinquante ans ont été examinés tous les 4 ans, ceux âgés de 50 à 79 ans tous les 2 ans et ceux de 80 ans et plus chaque année. Les paramètres pris en compte étaient le poids (de 8 à 19 mesures en fonction de l’âge du début des mesures), l’état de santé général évalué à l’aide de questionnaires adressés aux participants et les causes de décès (cancer, accident cardiovasculaire ou autre…) mentionnées sur l’acte de décès. 60 à 69 ans 28,1% Décès par maladies cardiovasculaires 57,3% Autres causes de décès 14,6% 70 à 79 ans 24,9% 48,7% 26,4% 80 à 89 ans 21,4% 47,5% 31,1% 90 ans et plus 8,1% 50,7% 41,2% Causes de décès par groupe d’âge au sein de la cohorte Les maladies cardiovasculaires étaient responsables du plus grand nombre de décès, les autres causes augmentant progressivement avec l’âge. Différents modèles statistiques (linéaires et quadratiques) ont été utilisés pour analyser les corrélations entre l’évolution pondérale et la longévité potentielle. La perte moyenne, quelle que soit la cause de décès était estimée à 0,39 kg par an. De façon générale, et en dépit d’une grande variabilité individuelle, une plus longue période de perte de poids était associée à une plus grande longévité. Ainsi, pour les personnes qui mouraient entre 60 et 69 ans, la perte de poids était limitée aux cinq dernières années de vie. Pour celles qui mouraient à 90 ans et plus, la perte apparaissait au moins 10 ans avant le décès. Une analyse plus détaillée de l’évolution du poids a permis de définir 3 périodes : une stabilité ou un gain de poids au départ, suivi d’une perte légère et enfin d’une perte accélérée avant le décès. Dans le cas de cancers et quel que soit l’âge, la perte pondérale s’accélérait au cours des 3 dernières années avant le décès. Pour les mala- dies cardiovasculaires la perte pondérale s’accentuait 5 ans avant le décès chez les personnes de 60 à 69 ans et 9 à 10 ans avant le décès chez les personnes de 80 ans ou plus. Pour les autres causes de décès, la perte de poids se produisait au moins 6 ans avant le décès. Les résultats de cette étude ont été obtenus sur une population masculine dont la longévité moyenne était de 82 ans et dont les individus avaient a priori un meilleur état de santé général que celui de la population générale. Une étude similaire mériterait d’être appliquée à une population féminine, à titre de comparaison. On notera qu’une perte de poids peut relever de multiples causes convergentes, pathologiques ou non, comme la simple intention de maigrir par exemple. Ces résultats suggèrent néanmoins qu’une perte de poids survient beaucoup plus tôt qu’il n’est généralement admis chez les personnes âgées et que l’évolution de ce paramètre pourrait constituer un indicateur utile de leur état de santé. Philippe van den Bosch de Aguilar, Université Catholique de Louvain, Louvain la Neuve Alley DE, Metter EJ, Griswold ME, Harris TB, Simonsick EM, Longo DL, Ferrucci L. Changes in weight at the end of life : characterizing weight loss by time to death in a cohort study of older men. Am J Epidemiol. 2010;172:558-565. ©2011 Successful Aging SA Af 641-2011