Mélanges et alternances de codes
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Mélanges et alternances de codes
Mélanges et alternances de codes Séance 4 LMLGA223 Le bilinguisme des enfants Maria Kihlstedt Définitions Alternance des codes / code-switching Mélange de langues / code-mixing Interférence / transfert Code-switching 1 • Très peu des bilingues séparent complètement leurs langues et les façons dont les langues se mélangent sont complexes et variées. Grosjean (1992) p. 109 : • Monolingual mode = quand les bilingues utilisent une de leurs deux langues avec des personnes monolingues • Bilingual mode = quand les bilingues sont en compagnie d’autres bilingues et où l’option « code-switch » est ouverte. • Parler bilingue (Lüdi 2004) = l’ensemble du répertoire est activé ; on passe spontanément de la langue de base » à une « langue enchâssée» et inversement Code-switching 2 En général entre deux phrases : Come to the table. Bwyd yn barod « Viens à table. Le dîner est prêt » (Baker 2006, p. 110) Mélanges (code-mixing) • l’emploi des éléments (phonologiques, lexicaux ou morphosyntaxiques) des deux langues dans un même énoncé. • concerne aussi le trilinguisme (Quay 2001) et l’acquisition simultanée d’une langue signée et une langue orale (Petitto et al. 2001) Mélanges d’enfants bilingues • Hay soiseaux en el ciel • Mimi what do you préfères, ein botterham (tartine) ? • lait (en français), coche (‘voiture’), go down (‘descendre’) Quelle langue est matrice ? • das no juegan « ça pas jouer » (allemand + espagnol, Redlinger & Park, 1980 :341) • Mum I had my school jumper all day on “Maman, j’avais mon pull d’école toute la journée” (anglais + allemand, Saunders 1982, p. 178) Séparation et interdépendance: rappel 1. L’hypothèse d’un système uniforme « hybride »(Volterra & Taeschner 1978) 2. L’hypothèse d’une séparation complète précoce (Meisel 1994, de Houwer 1990, 2005, Genesee 1989, Genesee et al 1995, Lanza 1997, Petitto et al. 2001) Genesee et al. 1995 Genesee et al. 1996 • Quel est le rôle des habitudes du contexte familial pour une différenciation précoce des deux langues ? • Dispositif de l’étude : jeu avec une personne monolingue inconnue, parlant la langue faible des enfants • Résultats : les enfants (3 sur 4) s’accordent avec la personne inconnue et utilisent la langue faible plus qu’avec leurs parents Critères pour distinguer langue forte / langue faible • LME (longueur moyenne des énoncés) • Types /occurrences (type / token) • Nombre de morphèmes par énoncé • Questionnaire parental En somme, Genesee et al 1995 et 1996: Une compétence sociolinguistique rudimentaire en place déjà vers deux ans Les mélanges observés ne sont ni le résultat d’une confusion ni d’une fusion des deux langues Structure linguistique des mélanges • Est-ce que la différenciation précoce est accompagnée d’une différenciation linguistique ? • Les différences et spécificités structurelles des deux langues – sont-elles présentes dès le début ? • Sinon, quel est le schéma dominant des mélanges au niveau linguistique ? Deux tendances 1. Les deux systèmes se développent de manière autonome, au même rythme et de la même manière que chez les enfants monolingues (de Houwer 1990, Genesee & Paradis 1996) 2. Les deux systèmes se chevauchent et une langue influence l’autre (Döpke 2000, Hulk & Müller 2000) Döpke (2000) – Enfants 2L1 anglais-allemand surgénéralisent le schéma Verbe + Objet (VO) de l’anglais vers l’allemand : Ich möchte dich tragen (S-Aux-O-V) I want to carry you (S-Aux-V-O) donne *Ich möchte tragen dich ‘Je voudrais te porter’ – Poids de l’indice VO dans les deux langues Ich trage dich (S-V-O) vs I carry you (S-V-O) (‘Je te porte’) résulte en une surgénéralisation de l’indice VO en allemand où il n’est pas toujours acceptable Les mécanismes des mélanges des adultes (Poplack 1980) • Respect des règles syntaxiques de chaque langue ex. I hid le bonbon mais non pas I hid le • Contrainte du « morphème libre » ex. surchargen (fr / all) mais pas je mang-ing • « Nonce-borrowing » - le plus récurrent en 2L1 ex. « I went to the centre commercial and I bought a new suit » « Now is time for the goûter » • Genesee (1996) fait valoir que les mêmes mécanismes sont en jeu chez les enfants En somme…. Les mélanges enfantins sont ordonnés et linguistiquement contraints (Köpke 2001, français-allemand, Genesee & Sauve 2000, françaisanglais, Lanza 1997, anglaisnorvégien et d’autres) Problème : La ressemblance typologique des combinaisons des langues étudiées = Les contraintes de Poplack sont alors plus « faciles » à respecter et, du coup, ne nous renseignent pas sur la VRAIE nature des mélanges Certaines combinaisons de langues engendrent-elles plus ou moins de mélanges que d’autres ? Mélanges en anglais / inuktitut (Genesee 2002) • Une langue agglutinante à morphologie riche (inuktitut) et une langue synthétique avec peu de flexions morphologiques (anglais) • La contrainte de « nonce-borrowing » estelle applicable ? • La contrainte de « morphème libre » ? • Ex. movie-mik rumajunga ‘I want a movie’ « Movie » traité comme un mot inuktitut, avec un modificateur du nom, mik = »nonce» - borrowing Comme des adultes en finnois / anglais (Poplack et al. 1987) Mélanges ou alternances de code? • Pas d’opposition fondamentale entre « code-mixing » des enfants et « codeswitching » des adultes • La logique des énoncés mélangés dépasse les différences typologiques • Les enfants peuvent non seulement acquérir deux langues en même temps, mais aussi les gérer et les co-ordonner systématiquement en temps réel Et si les mélanges se poursuivent au-delà de 4 ans ? • Demandes de clarification • Stratégie de formulation d’hypothèses • Traduction (répétition) • Autorisation à poursuivre • Changement de code de la part de l’adulte (voir Lanza 1995 dans AILE 6 pour exemples) Pourquoi mélanger ? • Pour résoudre un problème temporaire d’absence des ressources lexicales mais pas pour des raisons « d’incompétence » • Etre bilingue consiste – à savoir piocher – à faire des approximations optimales – aller vite d’une langue à l’autre sans traduction http://www.dailymotion.com/video/xdd60q_gilbertdalgalian_news