La coopération Sud-Sud agricole en Afrique : une nouvelle

La coopération Sud-Sud agricole en Afrique : une
nouvelle approche partenariale
Conférence de Haut-Niveau sur la Coopération Sud-Sud
Marrakech, le dimanche 14 décembre 2014
Allocution de Monsieur Aziz AKHANNOUCH,
Ministre de l’Agriculture et de la Pêche Maritime
Monsieur le Directeur Général de la FAO,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président de l’Office Chérifien des Phosphates,
Monsieur le Président du Crédit Agricole du Maroc,
Mesdames et Messieurs les Présidents, Directeurs et Représentants des
Institutions Nationales et Internationales,
Messieurs le Experts,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de la tenue de cette conférence de HautNiveau sur le thème « La coopération Sud-Sud Agricole en Afrique : une
nouvelle approche partenariale ». Je voudrais particulièrement remercier
Monsieur le Directeur Général de la FAO, José Graziano Da Silva, avec qui nous
nous avions évoqué l’importance de la Coopération Sud-Sud lors de notre
rencontre en juin dernier à Rome. Je suis très heureux aujourd’hui de
concrétiser ce souhait ensemble.
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Mes remerciements vont également à l’endroit de l’assistance nombreuse qui
nous a honorés de sa présence et à qui je souhaite la bienvenue et un agréable
séjour dans le Royaume.
En ce qui concerne nos domaines communs de l’agriculture et de l’alimentation
dans nos pays respectifs, nous sommes persuadés que cette Conférence est
toute indiquée pour identifier des pistes innovantes et concrètes d’action et de
solutions pour le développement de l’agriculture, du monde rural et pour
l’assouvissement de notre sécurité alimentaire.
Comme l’a rappelé Sa Majesté Mohamed VI, Que Dieu l’Assiste, lors du forum
maroco-ivoirien tenu à Abidjan en janvier dernier, L’Afrique est un grand
continent, par ses forces vives, ses ressources et ses potentialités. C’est
pourquoi, l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique.
Depuis que le continent à commencer à s’affranchir de son passé pour se
tourner résolument vers son avenir, il a moins besoin d’assistance, et requiert
davantage de partenariats mutuellement bénéfiques.
Pour ce faire, et c’est l’objet de notre présence à tous ici aujourd’hui, nous
pensons que l’Afrique doit s’appuyer plus fortement sur les vertus de la
Coopération Sud-Sud, notamment dans le domaine agricole.
Celle-ci doit se traduire par un élargissement significatif des domaines de
coopération agricoles et des intérêts croisés avec la majorité des pays africains
frères. Elle doit se distinguer par l’échange d’expériences, le partage
d’expertise et le transfert de compétences et ce, par le biais de partenariats
mutuellement bénéfiques.
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C’est tout le sens de la stratégie africaine du Royaume, qui, sous la conduite
Eclairée du Souverain Mohamed VI, assume pleinement sa vocation africaine,
celle qui a toujours été la sienne, tout au long de son histoire.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Nul ne saurait contester qu’au cours de la dernière décennie, notre continent
a fait des progrès fulgurants en matière de croissance économique.
Ainsi,

La croissance africaine trouve dorénavant, en partie, son origine dans la
consommation domestique et ne dépend plus, uniquement, de
l’exportation des ressources naturelles ;

L’amélioration du climat des affaires, ou « Doing Business », est notable et
les retours sur investissements en Afrique sont parmi les plus élevés au
monde ;

Les échanges commerciaux de l’Afrique ont augmenté de 200% depuis l’an
2 000 ;

Le taux de pauvreté diminue à un rythme soutenu ;

Le commerce régional entre pays africains est en plein essor.
A ce titre, il me plaît de rappeler que l’Afrique est aujourd’hui destinataire de
plus de la moitié des flux d’investissements extérieurs du Maroc, alors qu’ils
ne s’élevaient qu’à 17% à peine dix ans plus tôt.
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Néanmoins, il demeure unanimement reconnu que beaucoup reste à faire, et
notamment dans nos sphères de responsabilités communes : l’agriculture, le
développement rural et la sécurité alimentaire.
En effet,

Nous ne pouvons accepter qu’une personne sur trois en Afrique souffre de
la faim ;

Nous ne pouvons cautionner que plus de deux cent millions de personnes
soient exposées à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition ;

Nous ne saurions tolérer que la seule région du monde qui, durant les
dernières années, a connu une régression en matière d’offre alimentaire
par habitant soit l’Afrique ;

Nous ne pouvons rester immobiles face à la menace réelle et répétitive de
crises alimentaires pour de larges parties du continent ;
Nous ne savons que trop bien que la bataille contre la pauvreté et l’insécurité
alimentaire doit être gagnée en Afrique. Et gagner cette bataille nécessite que
l'on accorde une attention particulière au renforcement de la Coopération
Sud-Sud pour le développement de nos agricultures.
Excellences, Mesdames et Messieurs
Aujourd’hui, et comme par le passé, le Royaume du Maroc reste engagé, sous
le leadership précurseur de Sa Majesté Mohamed VI, Que Dieu l’Assiste, à
partager avec les pays africains frères son expérience et savoir-faire dans le
renforcement d’une Coopération Sud-Sud agricole ambitieuse visant à asseoir
durablement notre sécurité alimentaire. A ce titre :
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
Nous avons souscrit sans réserve au Programme Spécial Sécurité
Alimentaire (PSSA) orchestré par la FAO et dépêché à ce titre auprès de
tous les pays africains qui nous avaient sollicités, près d’une centaine
d’experts sur des problématiques aussi diverses que la maîtrise d’eau
d’irrigation ou la diversification des sources de revenus en milieu rural par
le développement de l’élevage.

Sur les deux dernières années, nous avons lancé des projets de
coopération agricole avec des pays africains frères qui voudraient
bénéficier du retour d’expérience du Plan Maroc Vert. Je citerai à cet égard
l’exemple de:
o La coopération maroco-malienne pour le développement de la
filière bovine. Elle est constituée de trois axes: (1) la formation de
techniciens inséminateurs au Maroc, (2) la création de 5 circuits
d’insémination artificielle autour des groupements d’éleveurs et (3)
l’appui aux organisations professionnelles pour la gestion du
programme d’insémination professionnelle

Plus récemment, lors des 7èmes Assises de l’Agriculture tenues à Meknès
en Avril dernier, j’ai eu l’honneur et le plaisir de concrétiser la création
d’un Fonds Fiduciaire qui sert aujourd’hui de levier financier à la
Coopération Sud-Sud tripartite Maroc, FAO, Pays bénéficiaire. Dans ce
cadre, le Gouvernement marocain a déjà contribué à concurrence d’un
million de dollars ainsi que le Groupe Crédit Agricole du Maroc à hauteur
de 500 mille dollars. Ces fonds sont destinés à aider les pays africains qui
en feront la demande en vue d’accroître durablement leur productivité
agricole, d’améliorer leur sécurité alimentaire, de renforcer leur résilience
aux menaces, et d’améliorer la gestion des ressources naturelles.
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
Enfin, j’aimerai rappeler aujourd’hui l’appel de Sa Majesté Le Roi, lors des
48èmes assemblées annuelles du Groupe de la Banque Africaine de
Développement, pour la mise en place d’un marché agricole africain
commun, outil novateur et intégrateur pour adresser la nécessité
impérieuse de la sécurité alimentaire de l’ensemble des populations du
continent.
Bien entendu, le Maroc ne s’arrêtera pas là et nous ne ménagerons aucun
effort pour saisir les opportunités offertes par la perspective d’une
Coopération Sud-Sud renforcée. Ceci permettra d’une part une dynamisation
des économies africaines partenaires en redonnant toute son importance au
secteur agricole, et d’autre part d’affiner les approches et les orientations
stratégiques retenues en faveur du développement de la Coopération Sud-Sud
avec l’Afrique.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Cet engagement fort du Royaume pour la coopération Sud-Sud dans les
domaines agricole et alimentaire en Afrique prend sa source dans l’expérience
accumulée autour de l’initiative nationale du Plan Maroc Vert lancée en 2008
sous la Conduite Eclairée de Sa Majesté le Roi Mohamed VI.
C’est une nouvelle révolution verte qui a mis l’investissement au cœur de sa
stratégie, et qui repose sur deux piliers :

Le premier pilier porte sur la modernisation de notre agriculture à travers
une dynamisation de pôles de haute valeur ajoutée et de haute
productivité aussi bien dans les productions agricoles que dans les
industries agroalimentaires
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
Le second pilier vise un développement solidaire de l’agriculture familiale
en vue de son intégration à terme dans le système économique. Pour y
arriver, nous avons notamment adopté une approche novatrice : la
reconversion d’1 million d’Ha de cultures extensives vers des filières de
production à plus forte valeur ajoutée, comme l’arboriculture fruitière, et
valorisant les atouts des territoires, couplée à une professionnalisation des
petits exploitants par leur organisation en entreprises agricoles.

Enfin, nous avons encadré ces deux piliers par un bloc de réformes
structurelles et par des programmes ambitieux visant notamment la
préservation de nos ressources naturelles en particulier l’eau.
Ainsi, rompant avec les dichotomies du passé, cette stratégie tend à la fois à
moderniser notre agriculture et à intégrer l’agriculture familiale dans notre
système économique.
Après 6 ans de mise en œuvre, le Plan Maroc Vert a d’ores et déjà changé
l’agriculture marocaine. Des sauts significatifs ont été réalisés dans l’utilisation
par les agriculteurs de tous les facteurs de production (mécanisation, semences
sélectionnées, engrais) et les programmes lancés relatifs au développement de
l’agriculture familiale concernent près de 80% des projets cibles. Notre
production agricole a de ce fait augmenté de 43% entrainant une augmentation
de 14% de la disponibilité alimentaire par habitant. Nous avons en outre pu
équiper plus de 410 000 hectares irrigués en techniques modernes d’économie
d’eau d’irrigation, augmenter la part de nos produits transformés de plus de 8%
et créer en termes d’emplois plus de 115 000 équivalents-temps-plein en
milieu rural.
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Excellences, Mesdames et Messieurs,
L’expérience du Royaume du Maroc n’est pas livrée ici à titre de satisfecit
compte tenu de l’ampleur des défis qui restent à affronter. Elle est là pour
renouveler l’appel à plus de coopération, à plus de solidarité et à plus
d’optimisme.
Le Maroc prône le respect des spécificités de chaque pays, dans son itinéraire
national, et de la volonté qui est la sienne d’édifier son propre modèle de
développement.
J’ai espoir que cette Réunion de Haut Niveau puisse marquer une étape
décisive dans notre engagement commun à réduire la fracture agricole
mondiale, gage de toute sécurité alimentaire, à travers une Coopération SudSud renforcée dans le domaine agricole.
Dès lors, il nous appartient solennellement aujourd’hui de donner corps à
notre volonté commune de formuler des engagements pérennes et clairs à
travers la Déclaration de Marrakech, gage de la solidarité africaine pour la
sécurité alimentaire en Afrique.
Cette déclaration à laquelle vous avez tous apporté votre contribution,
permettra, j’en suis sûr, un nouveau sursaut dans la coopération Sud-Sud entre
pays frères africains.
Je conclurai en exprimant une nouvelle fois à Monsieur le Directeur Général de
la FAO mes vifs remerciements pour son appui afin de faire de cette initiative,
une réalité. Depuis le début de notre collaboration, vous avez toujours laissé
une impression extrêmement positive auprès de tous vos interlocuteurs et
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notamment en ce qui concerne votre détermination à affronter les défis de la
pauvreté et de la faim dans le monde. Je vous en félicite.
Je vous remercie
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