THEME 4 Conflits et mobilisation sociale

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THEME 4 Conflits et mobilisation sociale
THEME 4 :
CONFLITS ET MOBILISATION SOCIALE
Remarque : Thème en liaison avec d’autres thèmes : le travail, les inégalités
I – MUTATIONS DU TRAVAIL ET CONFLITS SOCIAUX
Problématique : Etude des conflits sociaux suite aux transformations des processus de
production
A – La construction d’une identité professionnelle
1) Rappel : notion de classe sociale (9 p. 197 ; 10 p. 198 ; 16 p. 202)
Classe sociale : Regroupement d’individus ayant des caractéristiques communes et partageant consciemment des
intérêts identiques (et opposés aux intérêts des autres classe). Cela les amène à entretenir des conflits avec les
autres classes.
Cette analyse a pour fondement les théories de Marx, pour qui la différence entre les classes est essentiellement
économique, mais aussi de Bourdieu, pour qui cette différence porte sur 4 types de « capitaux » (économique,
social, culturel, symbolique). Dès lors, la domination entre classe et non seulement économique mais aussi
culturelle et idéologique.
APPLICATION : « La classe ouvrière existe-t-elle encore ? »
Quelques éléments à apporter au débat :
* Au 19ème siècle, la classe ouvrière correspondait à la quasi-totalité des salariés
* Aujourd’hui, il est plus difficile de cerner les frontières de la classe ouvrière.
- Les salariés (85% des actifs) ne sont pas tous ouvriers
- Les ouvriers ne représentent pas toutes les catégories populaires ; il faut compter également les employés
(employés + ouvriers à peu près 2/3 des actifs)
- Les ouvriers représentent seulement 26% des actifs (ce qui n’est toutefois pas négligeable et indique que les
ouvriers n’ont pas totalement disparu).
* Cependant la baisse numérique du nombre d’ouvriers est réelle (- 30% entre 1960 et 2000)
* A noter : deux transformation essentielles de la population active au cours du 20ème siècle :
- Tertiarisation
- Salarisation
* En plus de la baisse numérique : baisse de la visibilité symbolique de la classe ouvrière :
- réhabilitation de la culture des « entrepreneurs » : l’ouvrier est vu comme un « coût » pour l’entreprise et ses
revendications comme des obstacles à la « modernisation ».
- affaiblissement du marxisme : abandon de la classe ouvrière par certains intellectuels, médias, au profit
d’autres causes (le tiers monde…) ; Effondrement du bloc de l’Est.
- perte de poids des représentants ouvriers (syndicats, parti communiste…)
Quelques éléments de réponse à la question posée :
* La classe ouvrière décrite par Marx au 19ème siècle (groupe social autonome, force de contestation) n’existe
plus
* Pour certains, la classe ouvrière a disparu. Avec la moyennisation de la société, la mobilité sociale semble
désormais un objectif plus important que la lutte des classes.
* Pour d’autres, La classe ouvrière a simplement changé. Comme la société, elle s’est tertiarisée ; elle comprend
aujourd’hui une majorité d’employés modestes du tertaire. De plus, la société reste marquée par des phénomènes
de domination et des conflits sociaux.
1
2) Le mouvement ouvrier et son évolution (15-16 p. 202)
Voir aussi : manuel NATHAN, Doc. 4 p. 209
2
3) Le rôle des organisations syndicales (18 p. 203 ; 20 p. 204 ; TD 2 p. 211)
Historiquement, la réglementation des relations du travail se fait progressivement. La grève et l’association,
d’abord illicites, sont tolérées puis légalisées.
Quelques dates :
- 1884 : reconnaissance des organisations syndicales
- 1919 : 1ère loi sur les conventions collectives
- 1936 : Les conventions collectives sont reconnues comme des règlements professionnels
Institution de délégués du personnel
- 1946 : Droit de grève reconnu dans le préambule de la constitution de la 4ème république (repris dans la 5ème
république)
- 1981 : Reconnaissance de la section syndicale d’entreprise
- 1982 : Lois Auroux : extension du droit syndical dans l’entreprise ; obligation d’une négociation annuelle (au
moins) entre direction et représentants du personnel.
L’institutionnalisation des relations de travail a pour conséquence de favoriser des compromis et tempère les
conflits entre le patronat et les salariés.
Cependant :
- Cette institutionnalisation ne met pas fin aux conflits : multiplication des grèves en Europe pendant les années
soixante (période de plein emploi : les « Trentes glorieuses »). Alors que les conditions de salariés ne cessent de
s’améliorer, le conflit devient le mode de régulation principal.
- Cette institutionnalisation n’empêche pas une baisse de la syndicalisation (27% des salariés en 1953 ; 10% en
1995)
* Quelques explications à la désyndicalisation :
- Mutations économiques et sociales : ralentissement de la croissance économique, chute des emplois industriels,
chômage massif, précarisation des emplois… Progressivement, le rapport de force est de moins en moins
favorable aux salariés
- Professionnalisation des syndicats : la place prise par les représentants syndicaux dans les organismes paritaires
(UNEDIC, caisses de retraites,…) mobilise beaucoup de militants et les détourne des conflits.
- Montée de l’individualisme (préoccupations plus matérialistes, plus immédiates… moindre intérêt pour les
luttes collectives visant l’intérêt général à long terme)
4) Les syndicats restent des acteurs importants de l’action collective (Doc. 18 p. 203)
Ce n’est pas parce que les salariés ne sont pas syndiqués qu’ils ne sont pas mobilisables
Exemples :
- Grèves et manifestations de décembre 1995 (contre la réforme de la sécurité sociale)
- Grèves et manifestations de mars 2006 (contre le Contrat Première Embauche, CPE)
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B – Des conditions de mobilisation multiples
Question : Faut-il (et suffit-il) d’avoir des intérêts en commun pour mener des actions collectives ?
Réponse : la réalité est plus compliquée
1) L’approche utilitariste (calcul individuel des agents rationnels) : le « paradoxe
d’Olson »
Doc. 22 p. 206 :
Q° 1 : Les individus rationnels étant censés faire des choix (coûts/avantages), l’individu rationnel comptera
toujours bénéficier des résultats de la mobilisation des autres et évitera de s’engager dans l’action.
Exemple : ne pas faire grève (pas de journée de salaire retirée) et bénéficier quand même des résultats de la
mobilisation.
Or, si tous les individus font ce calcul rationnel, l’action collective ne peut avoir lieu.
Q° 2 : « passager clandestin » ; « profiteur »
Analogie avec celui qui fraude les transports en commun : il veut voyager / il compte sur les autres pour financer
son voyage.
Q° 3 : Cette vision repose sur une approche microéconomique car elle suppose un individu :
- suffisamment formé
- capable d’apprécier et de comparer sans cesse le coût et les avantages de chacune de ses actions
Ceci correspond aux hypothèses néoclassiques (libérales) de l’individu rationnel sur les marchés.
2) L’action collective indépendante des intérêts individuels
Exemple : adhésion à une association écologiste. La cause de la mobilisation n’est pas la défense d’intérêts
personnels mais la colère de voir se dégrader la nature, l’indignation devant l’inefficacité des pouvoirs publics, la
sympathie avec les autres militants…
Autres exemples : lutte pour les droits de l’homme, contre le racisme,…
Remarque : Les conflits du travail peuvent également avoir comme origine un coup de colère ou une indignation
(maladresse de la direction, sanction injuste,…)
3) L’action collective au sein d’une communauté
L’idée est que toute action collective repose sur l’existence d’une communauté reconnue. Les individus qui
décident d’agir, le font au nom de leur identité.
Exemple : mouvement ouvrier, mouvement étudiant.
Le sentiment d’appartenance à une communauté peut être préexistant au conflit, ou bien se révéler à l’occasion
du conflit.
4) Les facteurs culturels et institutionnels
Doc. 24 p. 207 :
Idée principale : l’action collective ne dépend pas non des raisons mais de la capacité des individus à se
mobiliser.
Q°1 : La notion de « mobilisation des ressources » n’est pas en opposition avec le « paradoxe d’Olson » (cf. 1).
Mobiliser ses ressources suppose un calcul des avantages et des stratégies les plus adaptées à la réussite de
l’entreprise contestataire. Un groupe dont les ressources sont faibles (peu de capital, peu d’organisation, de
réseau, peu d’influence) n’aura pas toujours intérêt à se lancer dans une action (coût trop élevé), alors qu’un
groupe fortement doté en ressources (patronat, pétroliers, tabac…) pourra rapidement décider d’une action
(moindre coût, résultats prévisibles).
Q°3 : Les mouvements seront plus ou moins violents, non pas du fait de leur nature intrinsèque, mais en fonction
de leur plus ou moins forte dotation en ressources. Il n’y aurait pas de mouvement violent par nature mais
seulement des situations ou la violence serait la seule ressource disponible (on peut considérer de ce point de vue
les émeutes de certaines « banlieues » en novembre 2005)
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5) Les incitations sélectives (doc. 23 p. 206)
6) Les logiques de « prise de parole » ou « défection » (doc. 25 p. 206)
Synthèse sur l’action collective :
L’action collective est un vecteur (parmi d’autres) de changement social. Elle fait ressortir des évolutions
sociales (exemple : les changements culturels qui découlent de mai 68). Elle contribue à définir les problèmes
sociaux (exemple : le mouvement anti-CPE pointe la précarité des jeunes). Elle peut contraindre les pouvoirs
publics à affronter ces problèmes par des politiques publiques, des lois (exemples : accords de Grenelle après
mai 68, réforme des lycées après 1997).
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II – LA DIVERSIFICATION DES OBJETS ET DES FORMES DE
L’ACTION COLLECTIVE
Constat : Depuis les 30 dernières années, de « nouveaux mouvements sociaux » (NMS) sont
apparus à propos de causes non liées au monde du travail.
A – Présentation des « nouveaux mouvements sociaux » (Touraine)
1) Des objets variés (Doc. 2 p. 216-217)
Revue rapide de quelques nouveaux objets de lutte :
- environnement
- droit des femmes
- régionalisme
- diversité des orientations sexuelles
- reconnaissance des minorités ethniques ou religieuses
- défense des sans papiers, sans logement…
Remarque : des manifestations comme la « techno-parade » constituent-elles un mouvement social ?
Réponse : non, car elles ne sont pas liées à une protestation, à une cause, ni à un projet de société.
2) Qu’est-ce qui définit les NMS ?
Doc. 4 p. 218
Q° 1 : Caractéristiques communes :
- Date d’apparition (relativement récente)
- Défense et revendication de l’identité des individus
- Dénonciation d’injustices
- Appel à l’opinion publique pour être reconnu, soutenu
- Volonté de transformer la loi.
Q° 2 :
Mouvement des
femmes
Revendications
Reconnaissance
de droits
Egalité
Résultats
Lois
sur
la
contraception et
l’avortement
(1975)
Loi sur la parité
(1999)
Mal logés,
chômeurs,
exclus
Reconnaissance
de droits à des
conditions de vie
décentes
Lutte
contre
l’exclusion
sociale
Logements
sociaux
RMI
CMU
Résultats
plus
aléatoires car la
population
est
mouvante
Etrangers
et
sans papiers
Homosexuels
Reconnaissance
de droits de
résidents
Régularisation
de situation
Citoyenneté
Reconnaissance
de droits
Changements
des mentalités
Lutte contre le
SIDA
Dernière
régulation
massive après les
élections de 1981
Visibilité sociale
accrue
(milieu
professionnel et
politique)
PACS
Politique
de
santé publique
Lois
sur
l’homophobie
Q°3 :
* Injustices culturelles : femmes ; homosexuels. Il s’agit de luttes pour un changement des mentalités ainsi
qu’une reconnaissance de leur identité.
* Injustices matérielles : mal logés, chômeurs, exclus ; étrangers, sans papiers. Il s’agit de revendications face à
une situation sociale jugée injuste.
Remarque : Les deux injustices peuvent se croiser (exemple : femme au chômage, exclue)
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Synthèse sur les NMS :
On repère ces mouvements sociaux à partir d’au moins trois caractéristiques qui leurs sont communes :
* Affirmation d’identité ou de valeurs spécifiques
* Opposition à une situation dominante (jugée comme préjudiciable), ce qui peut s’apparenter à une culture de
classe
* Tentative d’élaboration d’un projet social et politique alternatif
B – Les « nouveaux mouvements sociaux » sont-ils vraiment nouveaux ?
L’hypothèse de nouveauté de ces mouvements suppose qu l’on ait :
- dans le passé, des conflits basés sur des revendications d’ordre économique
- aujourd’hui, des conflits basés sur des revendications d’ordre culturel, politique, mondial
Question : N’existe-t-il pas, aujourd’hui ou dans le passé, des mouvements sociaux mêlant des revendications
d’ordre économique, culturel, éthique, politique, national, international ?...
Exemple historique : tous les conflits, des 19ème et 20ème siècles, portant sur le temps de travail, les congés payés,
les conditions sanitaires, la protection sociale… étaient portés par la revendication d’un « style de vie » mettant
en jeu le rapport global de la société au travail (conflit économique mais aussi socioculturel).
Exemple actuel : La « confédération paysanne » (syndicat d’agriculteurs) porte d’une part la revendication d’une
garantie de niveau de vie pour les paysans, d’autre part, dans sa lutte contre la « mal bouffe », elle se préoccupe
du rapport de la société à l’alimentation, à l’environnement, au commerce (convergence de l’économique et du
socioculturel).
Remarque : La définition des NMS s’applique uniquement à l’Europe (de l’Ouest) et aux Etats-Unis. Elle ne
s’applique pas aux mouvements sociaux et politiques ayant entraîné la chute de certains régimes de l’Est
(exemple : Solidarnosc en Pologne)
Voir aussi : Manuel NATHAN, Doc. 16 p. 216
C – L’ACTION COLLECTIVE AUJOURD’HUI
A partir des années 80, avec le chômage de masse, on note le retour dans l’action collective des revendications
matérialistes.
Ces types de mobilisation se développent surtout dans les années 90
1) L’exemple d’ATTAC
Doc. 15 p. 225
Q°1 : Association pour une Taxation des Transactions financières et pour l’Aide au Citoyen
Créée, en 1998, à l’initiative du journal Le Monde Diplomatique, l’organisation se donne, dès le départ, deux
missions principales :
- Militer pour l’instauration d’une taxe mondiale sur les transactions financières (Association pour une Taxation
des Transactions financières)1, afin de financer des politiques d’aide au développement des PMA.
- Informer les citoyens sur les mécanismes et les enjeux de l’économie mondiale (Aide au Citoyen).
Par rapport aux NMS, ATTAC présente des similitudes assez claires : opposition à une situation dominante (la
mondialisation néo-libérale), projet social et politique alternatif (voir les revendications, sur le site indiqué en
bas de page)
La question de l’identité est plus ambiguë : les militants d’ATTAC ne se mobilisent pas au nom de ce qu’ils sont
mais au nom d’une vision du monde. Toutefois, le texte de Gérard Dupuy fait une référence claire à l’identité des
adhérents : Divorcés du PC ou déçus du PS, soixante-huitards impénitents, jeunes à la recherche de repères, une
1
Extrait de la « Déclaration en faveur du contrôle démocratique des marchés financiers » : L’économie mondiale atteint une ampleur
inégalée au vu des transactions de 1500 milliards de dollars enregistrées chaque jour à l'issue des séances boursières, dont la majeure
partie découle d'opérations purement spéculatives ; http://www.attac.de/ueber-attac/international/francais/
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bonne partie du peuple de gauche, toutes bannières confondues et délaissées, s’est trouvé avec Attac un
plausible substitut de croyance.
Il semble donc que cette vision du monde ne soit pas totalement indépendante de l’identité, de l’histoire et de la
culture des individus. On retrouve ici la question de la socialisation politique : « ce que je pense n’est-il pas
influencé par ce que je suis socialement ?... » (voir programme de 1ère).
Q° 2 : Le terme de « Joker » signifie ici que le mouvement est suffisamment connu pour être cité, mais pas
suffisamment important pour être reconnu officiellement dans les décisions politiques institutionnelles. Les
hommes politiques peuvent s’imprégner plus ou moins des idées du mouvement2 sans pour autant s’en
revendiquer.
D’autre part, l’utilisation d’un tel « Joker » par un décideur politique peut servir à démontrer qu’il est conscient
des problèmes de mondialisation sans s’engager personnellement : « J’entends les revendications du mouvement,
je peux les comprendre, éventuellement m’en faire l’écho, mais je ne les présente pas comme mes idées
(puisque, par ailleurs, je suis parfois contraint de prendre des décisions qui vont dans le sens de cette
mondialisation3) ».
Q°3 : Le terme de « lobby », ou « groupe de pression » (en français) est traditionnellement lié au monde des
affaires. Les acteurs défendent leurs intérêts propres (des intérêts commerciaux) auprès des décideurs politiques.
On parle généralement de lobby du tabac, de l’armement, de l’automobile, du pétrole… (voir aussi, dans
l’encadré gris p. 225, l’exemple des brasseurs de bière).
Un militant d’ATTAC pourrait être blessé par ce terme dans la mesure où, certes, le mouvement peut faire
pression sur les décideurs politiques, mais toujours au nom d’une cause (qui, en général, s’oppose fortement aux
intérêts des lobbies commerciaux).
2) Des mouvements plus ciblés, plus organisés (Doc. 16, 17, 18 p. 227-228)
a) Une tendance à la mise en scène des mouvements sociaux
Il s’agit des « manifestations pour journalistes »
Objectif : au lieu de mobiliser des centaines de milliers de personnes pour défiler dans la rue, mobiliser
directement l’opinion publique, en utilisant le pouvoir des médias audiovisuels. Dès lors, quelques militants
suffisent, et les slogans ne s’adressent pas directement à ceux à qui on s’oppose (hommes politiques, entreprises
multinationales) mais aux journalistes (nécessité d’être vu et bien vu).
Exemples : militants « Greenpeace » attachés à une voix ferrée, accrochés sous un pont ; AC (Agir contre le
Chômage) occupant la Bourse, une banderole proclame : « Nous voulons des emplois fictifs et des logements de
fonction ! », Act Up jetant du faux sang sur la façade du ministère de la santé, attaquant des laboratoires
pharmaceutiques qui ont pourtant les mêmes intérêts objectifs (la diffusion des molécules)…
b) Une « professionnalisation » des mouvements sociaux
Certains mouvements sociaux sont caractéristiques de ce genre de stratégie. Exemple : le DAL (Droit Au
Logement), dont l’action est double :
- un militantisme de fond (à long terme et en dialoguant avec les institutions) pour une politique de logement
plus volontariste.
- des actions plus spectaculaires de « squat » dans des immeubles inoccupés appartenant à des grandes
entreprises ou des administrations.
Dans l’une ou l’autre de ces formes d’action, on peut généralement identifier trois types de militants :
1- Les victimes : Sans logis, aidés par l’association. Une question intéressante se pose ici : l’acceptation plus ou
moins consciente de « l’exposition de soi » (souhaitent-ils vraiment afficher publiquement leur misère ou y sontils « invités » par les décideurs des actions ?...)
2 - Les « militants professionnels » : Dirigeants d’associations (l’Abbé Pierre, le professeur Albert Jacquart,…).
Ils agissent en quelque sorte comme des « entrepreneurs » (ou « experts ») de mouvement social. Ils organisent,
dirigent, mais ne sont pas personnellement touchés par les injustices qu’ils combattent.
2
Le projet de J. Chirac de taxer des billets d’avion au profit de l’aide publique au développement s’inspire de la revendication d’un impôt
sur les transactions financières
3
Exemples : Le parti socialiste parlant de la nécessité d’une taxe des transactions financières pendant la campagne électorale de 1997, puis y
renonçant, une fois arrivé au pouvoir ; au nom de la « rationalité économique »
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Remarque : La « professionnalisation » des actions, par le recours à ce type d’experts n’est pas réservée aux
mouvements sociaux. Elle correspond à un phénomène, plus global, de rationalisation des relations sociales.
3 – Les « personnes-ressources » : Artistes, personnalités médiatiques (Jacques Higelin, Guy Bedos,
Emmanuelle Béart,…). Le but de leur présence étant de populariser le mouvement et sa cause au sein de
l’opinion publique.
Synthèse sur les luttes sociales actuelles :
* Après le recentrage des NMS sur l’identité des individus, il semblerait qu’on assiste à un retour aux
préoccupations d’ordre économique et social : le chômage, la précarité, la pauvreté ont favorisé le retour au
premier plan des questions matérielles. Dans un contexte d’affaiblissement et d’insuffisance des syndicats (faible
syndicalisation, défense des seuls salariés), des collectifs se créent, prennent des initiatives et développent des
formes inédites de luttes.
* D’autre part, l’internationalisation croissante des économies et des sociétés relance des tentatives de
coordination mondiale des revendications et des mouvements (cas d’ATTAC mettant en cause la mondialisation
libérale, mais aussi des luttes de « sans-papier » interrogeant les politiques d’immigrations…)
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