Les informations essentielles de chaque thème

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Communications
Les informations essentielles
de chaque thème
Le soja, un atout pour nos territoires
Situation et avenir
d’une production en pleine évolution
Communications
Les informations essentielles de chaque thème
Le texte de ce document a été rédigé par Françoise Labalette (ingénieur
d’études à l’ONIDOL) et Pierre Jouffret (responsable de la zone Sud au CETIOM)
qui ont eu en charge l’élaboration du programme de ce colloque et la
coordination des différentes interventions.
Il reprend pour chacun des thèmes abordés les informations essentielles
apportées par les intervenants, venant ainsi compléter les présentations orales
réalisées.
La liste comprenant les adresses électroniques de chacun des intervenants
figure à la fin de ce document afin que vous puissiez, si vous le souhaitez, leur
demander des informations complémentaires.
Les diapositives projetées lors des différentes interventions sont incluses dans le
Recueil de Communications qui a été remis à chacun des participants. Elles sont
accessibles en ligne sur le site http://www.cetiom.fr/publications.
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Le soja : une production en pleine évolution
Le soja, leader mondial des sources riches en protéines végétales
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Dans cette première intervention de la journée, Françoise Labalette, ingénieur d’études à l’ONIDOL en charge
du suivi de la filière soja ainsi que de l’animation du GIE des sélectionneurs de soja, présente un panorama de la
production et des marchés soja au niveau mondial.
Le soja tire son succès sans précédent de la richesse exceptionnelle de ses graines en protéines digestibles et
de son bon contenu en matière grasse qui rend économiquement rentable la séparation des deux constituants
en tourteaux d’un côté et huile de l’autre. Ainsi en 40 ans, le tourteau de soja est devenu la première matière
première riche en protéines utilisée en alimentation animale (186 millions (Mn) de tonnes en 2013/2014) et
son huile la 2ème plus consommée (43,6 Mn de tonnes en 2013/2014) après le palme (58,5 Mn de tonnes). Le
soja, après des millénaires de culture dans les pays asiatiques et notamment en Chine, où il reste un ingrédient
important de l’alimentation humaine, est venu bouleverser les équilibres agricoles du continent américain.
D’abord aux Etats-Unis (30,7 Mn d’hectares en 2013), où associé au maïs dans les assolements mais aussi dans
les aliments pour animaux, il a contribué à la construction et la diffusion du fameux modèle d’élevage intensif
maïs/soja. Ensuite en Argentine (20 Mn d’hectares en 2013) au Brésil (29,9 Mn) où le soja connaît depuis la fin
des années 90 une croissance sans précédent à la faveur à la fois d’innovations et d’intensification, d’extension
des fronts agricoles, de substitution à des activités d’élevage et à d’autres cultures et surtout de la forte
augmentation de la demande mondiale en soja. En effet, si l’Union européenne a été longtemps le premier
consommateur mondial de tourteau de soja pour ses élevages (29,5 Mn de tonnes pour un total tous tourteaux
de 52 Mn en 2013), notamment de monogastriques (volailles, porcs) mais aussi laitiers, elle est désormais
supplantée par la Chine (47 Mn de tonnes pour un total tous tourteaux de 67 Mn de tonnes en 2013).
Au-delà de la Chine, c’est toute l’Asie qui constitue le nouveau pôle dominant de consommation sous
l’impulsion d’une démographie vertigineuse et de la hausse du niveau de vie de ses populations. Conséquence
évidente de cette pression de la demande mondiale en protéines mais aussi en matière grasse végétale, les
cours des tourteaux et huile ont en moyenne fortement augmenté durant les 15 dernières années, avec pour
les tourteaux de soja une hausse particulièrement marquée depuis 18 mois. Les courants d’échanges
internationaux se trouvent nécessairement modifiés par ces glissements de zones de consommation vers les
pays en voie de développement, probablement pour longtemps si l’on se fie aux prévisions de besoins en
matières premières riches en protéines de la FAO.
Autre facteur de recomposition de l’offre et de la demande internationale, la diffusion extrêmement rapide de
la technologie GM (génétiquement modifié) au niveau des cultures de soja à l’exception notable de quelques
zones, Union européenne en tête, dans laquelle aucune culture OGM de soja n’est autorisée. Au niveau de la
demande aussi, ce clivage OGM/non OGM est prégnant avec un certain nombre de filières bannissant
l’utilisation de soja OGM que ce soit les produits au soja pour l’alimentation humaine (soyfoods) ou des
produits animaux, souvent issus de filières qualité. Ce créneau du soja non OGM constitue certes une niche à
l’échelle mondiale mais peut être source de valeur ajoutée que peuvent saisir à la fois des pays européens mais
aussi les producteurs brésiliens qui ont démontré leur capacité à s’organiser pour répondre à ces demandes. En
tout état de cause, compte tenu de la croissance continue de la demande mondiale en protéines végétales, il y
a probablement une place pour tous sur la planète soja, y compris pour l’Union européenne qui y gagnerait un
peu d’indépendance alimentaire.
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Organisation nationale interprofessionnelle des graines et fruits oléagineux
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Le soja en France et en Europe : un net regain d’intérêt
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En écho à la première, cette communication donnée par Hubert Hebinger, responsable de la zone Est CETIOM
et membre du département Veille, Prospective et International du CETIOM, zoome sur l’Europe et la France en
illustrant la diversité des situations et stratégies vis-à-vis du développement du soja au travers de l’exemple de
quelques pays. Ce tour d’horizon européen a été préparé en tandem avec Françoise Labalette, chargée d’études
à l’ONIDOL, et, sera complété par le témoignage de Christian Viénot, directeur de Nutrition et Nature.
Le soja en Europe
Bien que très grosse consommatrice de soja (29,5 millions (Mn) de tonnes de tourteaux de soja en 2013),
l’Union européenne affiche une dépendance très élevée au soja importé (13,5 Mn de tonnes de graines
importées et 19,7 Mn de tonnes de tourteaux de soja importés en 2013). Cependant dans l’UE comme dans
l’ensemble de l’Europe, cette culture connait actuellement un regain d’intérêt sensible après avoir connu une
forte baisse des surfaces depuis la fin des années 90 (520 000 hectares en 2013 pour l’UE28). Oléagineux très
minoritaire dans les assolements européens (production de l’UE en 2013 de 1,2 Mn de tonnes), souffrant de
tous les freins liés aux cultures de diversification, le soja présente néanmoins une bonne adaptation aux
conditions pédoclimatiques d’un grand nombre de pays de l’ouest à l’est de l’Europe, depuis la France jusqu’à
l’Ukraine.
Dotée d’un contexte hydrique très favorable à la culture dans la plaine du Pô, l’Italie est incontestablement le
fer de lance de cette production dans l’Union européenne (230 000 hectares en 2013) et demeure tournée vers
son marché intérieur de l’alimentation animale. Caractérisée par une trajectoire différente, l’Autriche a réussi
au contraire à relancer sa culture au cours des dernières années sous l’impulsion d’industriels de l’alimentation
humaine (soyfoods) et du développement de l’agriculture biologique à laquelle le soja est particulièrement
adapté. Dans ce pays, le soja cultivé en sec arrive souvent à tirer son épingle du jeu vis-à-vis du maïs et l’offre
variétale relativement performante dans la gamme précoce (avec une contribution importante des semenciers
français) a contribué à ce redémarrage réussi (41 000 hectares en 2013 à comparer aux 42 000 hectares de la
France).
Au grès des changements de sa politique et de ses structures agricoles, la Roumanie est probablement le pays
européen qui a connu les plus amples fluctuations de surfaces et de conditions de cultures (irrigation plus
performante sous l’ère communiste, cultures OGM ensuite jusqu’en 2006, développement du bio et
concurrence des autres cultures actuellement.). Pour exprimer un potentiel que l’on peut considérer comme
important en soja, la Roumanie devra améliorer le niveau de ses rendements soumis aux aléas climatiques et
l’organisation insuffisante de ses filières de production et de transformation.
Aux portes de l’UE, deux pays retiennent particulièrement l’attention: l’Ukraine et la Serbie, et nous laissent
penser qu’ils pourraient devenir des fournisseurs de l’Union européenne. La Serbie au cœur d’une zone très
fertile aux sols profonds se caractérise par une introduction forte du soja (10% de la surface arable)
obligatoirement non OGM et destiné aussi bien au marché intérieur qu’à l’exportation. Les rendements y sont
élevés (2,7 t/hectare (ha) en moyenne) au contraire de l’Ukraine où ils tournent plutôt autour de 1,5 t/ha en
moyenne.
L’initiative « Soja Danube » qui concerne une quinzaine de pays de l’Italie à l’Ukraine est un signal fort de
l’intérêt des pays situés à l’est de la France pour le développement d’une production importante de soja non
OGM tracé trouvant une valorisation dans le grand marché européen. Portée par l’Autriche et les länder du sud
de l’Allemagne, elle trouve sa justification dans l’existence d’une demande significative des pays de l’ouest et
du nord de l’Europe en soja non OGM tracé et produit localement (non importé de pays tiers), dans la difficulté
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Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre
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accrue à s’approvisionner à coût acceptable en soja non OGM à l’importation et dans la recherche d’une
meilleure indépendance protéique soutenue par des politiques nationale et régionales au sein de l’UE. Cette
initiative qui a pour but d’aboutir à un label « Soja Danube » aisément identifié des consommateurs européens,
a fait l’objet de promotions intenses dans toute l’Europe depuis 1 an et demi. Nul doute qu’elle contribue à
tout le moins à la mobilisation actuelle d’acteurs à la fois économiques et politiques en faveur du soja.
Le contexte soja français
La France avec une production actuelle de l’ordre de 110 000 tonnes de graines de soja, toutes non OGM, est
très loin de produire ses propres besoins. Elle importe, en effet, principalement sous forme de tourteaux,
l’équivalent de l’ordre de 4,8 Mn de tonnes de graines de soja, ce qui représenterait 1,8 millions d’hectares de
production de soja en France. De plus, on estime qu’environ 15% des tourteaux de soja utilisés en alimentation
animale seraient des tourteaux non OGM (pour environ 500 000 tonnes), provenant pour l’immense majorité
d’importations. Pour satisfaire en interne cette consommation actuelle en tourteaux non OGM, il faudrait
disposer d’une production de soja sur environ 240 000 ha en France, bien loin des niveaux de culture actuels.
En effet, les surfaces de soja françaises ont connu depuis 30 ans des fluctuations très fortes liées
principalement aux évolutions réglementaires et aux prix de marché des graines. Ainsi, le maximum de
surfaces, soit 134 000 ha, a été atteint en 1989 alors qu’en 2008 seulement 22 000 ha ont été semés. En 2009,
sous l’effet de prix plus favorables, les surfaces ont à nouveau augmenté pour se stabiliser pendant 4 ans
autour de 40 000 ha. Les intentions de semis de soja pour le printemps 2014 sont en forte hausse. Cette
évolution résulte en premier lieu des bons résultats technico-économiques de cette culture depuis deux ans,
et, parallèlement, des résultats décevants du tournesol et du maïs en 2013. A noter qu’une disponibilité limitée
en semences risque de freiner, cette année, la progression envisagée des surfaces.
Le niveau moyen de rendements de la production française s’établit à 26,8 q /ha au cours des 10 dernières
années avec une progression d’environ 2q /ha tous les 10 ans. Il est d’une bonne régularité, seulement deux
des trente dernières années ayant été marquées par des résultats décevants : 1992 en raison d’une
pluviométrie anormalement élevée en fin de cycle et, 2003, en raison de l’extrême sécheresse estivale.
La production de soja biologique est importante en France puisqu’elle correspond, selon une estimation
concernant la récolte 2012, à environ 20% de la production française. En production biologique, le débouché
est à 70% destiné à l’alimentation humaine contre 30% à l’alimentation animale ; en production
conventionnelle, les proportions sont pratiquement inversées puisque 35% va à l’alimentation humaine et 65 %
à l’alimentation animale.
Si le soja commence à se développer depuis peu dans des bassins nouveaux comme en Poitou Charentes et
dans le Centre, deux bassins «historiques », aux caractéristiques contrastées, se partagent actuellement la
production.
Le bassin Sud-Ouest représente selon les années 50 à 65% de la production totale. Les surfaces sont conduites
très majoritairement avec irrigation, les variétés utilisées appartiennent au groupes tardifs I et II, et un tiers des
surfaces y est conduit en production biologique.
Le bassin Est s’étend de Rhône-Alpes à l’Alsace et représente 35 à 65% de la production totale. Les surfaces
sont conduites très majoritairement sans irrigation, les variétés utilisées s’étalent principalement du groupe 00
au groupe I, et 10% des surfaces sont conduites en production biologique.
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Sélection et recherche en Agrophysiologie
Sélection du soja en France : les défis à relever
L’intervention de Laurent Guerreiro, directeur général de RAGT 2n, dresse un état des lieux de la sélection du
soja en France. Il montre que celle-ci devrait gagner en efficacité en mobilisant les outils modernes offerts en
particulier par les progrès de la génomique et des biotechnologies en général. Le projet AGESOMIP porté par
RAGT et soutenu par la Région Midi-Pyrénées dans le cadre de son plan protéines est un appui fort à cette
évolution.
L’activité de sélection du soja en France est depuis plusieurs années menée essentiellement par deux
sélectionneurs français RAGT et EURALIS Semences qui malgré les baisses de surfaces ont toujours maintenu
une activité significative sur cette espèce. Ces entreprises ont aussi uni une partie de leurs moyens au sein du
GIE des sélectionneurs de soja auquel le CETIOM et l’ONIDOL ont toujours apporté un appui et ont ainsi
travaillé sur les sujets suivants dans un intérêt commun : optimisation de l’efficacité des croisements, création
de matériel de départ, maintien de collections, travaux exploratoires pour la recherche de marqueurs et
l’intérêt des semis très précoces.
Les programmes de sélection menés par ces deux entreprises semencières ont permis la mise au point de
variétés permettant de répondre au double marché de l’alimentation humaine et animale en travaillant à la
fois sur la productivité et la teneur en protéines. Parallèlement, un caractère comme la tolérance à la verse a
été grandement amélioré. Depuis ces dernières années, les progrès et les inscriptions ont porté
particulièrement sur les variétés précoces et très précoces.
Les défis qui attendent la sélection sont bien sûr avant tout la création de variétés à productivité élevée pour
les milieux variés dans lesquels ils seront cultivés. Les principaux autres critères pris en compte par les
sélectionneurs sont : la précocité, la résistance à la verse, la résistance aux maladies (sclérotinia en particulier),
la teneur en protéines...
Les schémas de sélection classique du soja qui consistent à effectuer de nombreux croisements et à
sélectionner sur leur phénotype les descendants les plus intéressants puis à les tester dans des essais
multilocaux vont, de plus en plus, bénéficier de l’apport de la sélection génomique, c’est-à-dire l’utilisation de
l’information des gènes, en complément d’observations phénotypiques.
Rendue possible par les immenses progrès des biotechnologiques de ces dernières années, cette nouvelle
approche de la sélection offre des perspectives motivantes tant pour les sélectionneurs que pour les
producteurs. Les schémas de sélection sont plus courts et moins coûteux, la sélection est efficace même en
année atypique et il est possible d’anticiper les croisements à forts potentiels. Pour les producteurs, c’est un
renouvellement plus fort des variétés avec des variétés plus adaptées à leurs besoins.
Pour relever l’ensemble de ces défis, la RAGT a largement renforcé son programme d’amélioration génétique
du soja en y injectant de nouvelles sources de variabilité, en mobilisant de nouvelles compétences notamment
en recherche et en cherchant à utiliser les outils modernes de la sélection. Le projet AGESOMIP d’amélioration
génétique du soja en Midi-Pyrénées (2013-2018) qui est soutenu par la Région Midi-Pyrénées et vise à mettre
au point les méthodes les plus appropriées pour ce type de sélection rentre totalement dans cette dynamique.
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L’Agrophysiologie au service de la Sélection et de l’Agronomie
L’exposé réalisé par Pierre Maury, enseignant chercheur à l’ENSAT, membre de l’UMR INP-ENSAT/INRA
AGIR et pilote du projet régional de recherche SojaMip illustre le renouveau de l’agrophysiologie du
soja au sein d’un groupe multipartenarial sur le pôle toulousain.
Le pôle toulousain a connu une importante activité de recherche en agrophysiologie du soja dans les années
1980-1990 : les bases de la physiologie de la plante et de son adaptation aux conditions françaises ont ainsi été
élaborées à cette époque suite à de nombreux travaux tels la fixation symbiotique ou la tolérance aux basses
températures à des stades jeunes.
Cette activité a ensuite décliné jusqu’à ce qu’une volonté commune de la profession agricole, des équipes de
recherche de l’INRA et des établissements d’enseignement supérieurs décident, début 2013, d’unir leurs
compétences pour créer un groupe multipartenarial de recherche concertée en agrophysiologie du soja. On y
trouve les partenaires suivants : UMR INP-ENSAT/INRA AGIR, RAGT, EURALIS-Semences, CETIOM, ONIDOL, et
INP-EIPurpan.
L’objectif global des travaux de ce groupe consiste à concevoir une culture de soja permettant d’atteindre les
objectifs suivants : limiter les besoins en eau du soja, améliorer son potentiel de rendement et prendre en
compte la qualité des graines (teneur en protéines mais aussi autres composés tels les facteurs antitrypsiques).
Des études exploratoires testant des semis très précoces (mi-mars) ont été menées de 2010 à 2012 dans le sud
de la France par le CETIOM et les semenciers RAGT et EURALIS Semences dans le cadre du GIE des
sélectionneurs de soja. Elles ont montré que les semis très précoces permettaient dans certaines situations de
réduire les quantités d’eau apportée tout en préservant le rendement et la qualité. Mais, des interactions dates
de semis X variétés X années ont rendu difficile l’interprétation des résultats et montré toute la nécessité de
comprendre les bases physiologiques de ces interactions.
C’est avec cet objectif qu’a été déposé par le nouveau groupe d’Agrophysiologie, le projet SojaMip, « Quelles
stratégies agronomiques et de sélection pour concevoir un soja économe en eau et de qualité correspondant
aux enjeux de Midi-Pyrénées ? », labellisé par le pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation et soutenu par
la Région Midi-Pyrénées.
Ce projet vise à identifier des variétés et des conduites adaptées au semis très précoce. Il nécessite l’utilisation
de méthodes complémentaires : expérimentations multifactorielles au champ (variété, conduite, sol et climat),
analyse et modélisation écophysiologiques pour mieux comprendre les processus physiologiques mis en œuvre
(tel l’impact de la photopériode sur le développement du soja, plante de jours courts) et modélisation
agronomique. Des méthodes de phénotypage pour l’analyse de la variabilité génétique sont également
développées, en particulier dans le domaine de la qualité des graines (teneur en facteurs antitrypsiques).
Les travaux menés de 2010 à 2012 dans le cadre du GIE des sélectionneurs soja ont déjà permis de créer une
première base de données qu’il est nécessaire d’enrichir par de nouveaux résultats avec la prise en compte
précise de variables (phénologie, suivi de la croissance et de la fixation symbiotique…) essentielles à la
compréhension des processus et à la modélisation. Pour cela, des expérimentations très complètes ont été
mises en place en 2013 et seront reconduites en 2014 sur les sites du CETIOM et des stations d’expérimentation
de RAGT et d’EURALIS Semences. Les premiers résultats de ces travaux sont en cours d’élaboration et une
ème
première présentation est prévue en août 2014 dans le cadre du XXIII colloque de la Société Européenne
d’Agronomie à Debrecen en Hongrie.
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Cultiver la double performance en produisant du soja
Les deux composantes de la production au champ du soja sont au cœur des exposés suivants. Elie Parachini,
ingénieur au CETIOM, explique les atouts environnementaux de cette légumineuse, et Vincent Lecomte,
ingénieur régional CETIOM en Midi-Pyrénées dresse les perspectives économiques et agronomiques de cette
culture. Leurs présentations, réalisées en collaboration étroite avec Pierre Jouffret, responsable zone sud
CETIOM, s’appuient largement sur les premiers résultats obtenus dans le cadre du projet SojaLoc.
Le projet SojaLoc
Le projet SojaLoc a pour objectif de contribuer à renforcer l’autonomie protéique des élevages de MidiPyrénées à partir du soja produit localement. Conçu par le CETIOM et l’ONIDOL, suite à la demande de la
Région Midi-Pyrénées, et soutenu par cette dernière dans le cadre de son plan protéines 2012-2014, il associe
de nombreux acteurs de la filière soja : CETIOM, ONIDOL, AIRFAF Sud-ouest, IFIP, Chambre régionale
d’agriculture Midi-Pyrénées, LEGTA de Figeac et LPA de Moissac, RAGT, EURALIS Semences, EIPurpan et UMR
INP/ENSAT/INRA AGIR.
Le projet comporte 5 types d’action dont les premiers résultats sont présentés lors de ce colloque :
l’agrogénétique dans laquelle s’insère le projet SojaMip (exposé de P. Maury), la production au champ (exposés
de E. Parachini et V. Lecomte), les débouchés en production porcine (exposé de AL. Gasser), l’étude de
l’opportunité d’une unité de transformation de soja produit localement pour l’élevage local (exposés de A.
Quinsac et F. Labalette), l’animation et la valorisation (colloque national du 4 mars).
Les atouts environnementaux de cette légumineuse
Le soja possède des atouts très intéressants pour améliorer les performances environnementales des systèmes
de culture dans lesquels il peut s’insérer.
Cette plante ne nécessite aucun apport d’azote en raison de la symbiose entre ses racines et la bactérie
Bradyrhizobium japonicum apportée par inoculation. De plus, la quantité d’azote à apporter sur un maïs qui
suit un soja peut être réduite de 30 à 50 kg/ha par rapport à un maïs de maïs. Ces deux caractéristiques
contribuent à la réduction des apports d’azote dans la rotation : ainsi, l’insertion d’un soja, une année sur trois
dans une monoculture de maïs, permet de réduire les apports moyens annuels de 40% soit une économie
annuelle de 80 kg d’azote par hectare. Dans une rotation en sec de type blé-tournesol, l’insertion d’un soja
tous les 4 ans permet de diminuer de 13% les apports annuels en azote soit 15 kg d’azote par hectare. Ces
réductions d’apport d’azote minéral permettent de baisser les émissions des gaz à effets de serre (GES).
L’étude SojaLoc menée en 2012 par le CETIOM et l’ONIDOL sur un échantillon de cinq exploitations du SudOuest, comprenant des taux de présence variable de soja dans leur assolement a montré que 10% de soja en
plus dans l’assolement permettait de réduire les émissions de GES de 8%.
Le soja ne nécessite que très peu de traitements contre les maladies et les ravageurs : les attaques de limaces
justifiant un traitement sont peu fréquentes et moins de 1% des parcelles sont traitées contre les ravageurs
aériens (acariens, punaises vertes, pyrales du haricot). Contre le sclérotinia, la lutte intégrée combinant
rotations, tolérance variétale, peuplement et irrigation adaptés, et, application éventuelle d’un produit de
biocontrôle permet une maîtrise efficace de la maladie. Le contrôle des adventices dans cette culture peu
couvrante s’est amélioré depuis l’arrivée d’un nouvel herbicide de post-levée en 2010. Le soja est aussi bien
adapté au désherbage mécanique : en agriculture conventionnelle, c’est une technique en développement et
14% des surfaces de soja y ont déjà recours, en association avec le désherbage chimique. En agriculture
biologique, la combinaison du faux-semis, et de passages répétés de herse-étrille et de bineuses permet, sauf
en cas de printemps très humide type 2013, de maîtriser correctement l’enherbement.
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Enfin, le soja se caractérise par une très bonne valorisation de l’eau : le pilotage raisonné de l’irrigation du soja
permet d’augmenter le rendement de 8 à 10 q/ha pour 100 mm d’eau apportée et de régulariser la teneur en
protéines. Pour obtenir un rendement élevé en situation irriguée, le soja nécessite 30 à 50 mm d’eau en moins
qu’un maïs. De plus, il fait preuve d’une souplesse qui permet de diminuer les apports à certaines époques,
voire de réaliser l’impasse sur un tour d’eau sans trop pénaliser le rendement, ce qui est important au niveau
de l’exploitation et du territoire.
Des perspectives économiques favorables
Le niveau de prix du soja et du maïs ainsi que le ratio du prix soja/maïs sont déterminants pour la compétitivité
du soja dans les rotations. Un ratio de prix soja/maïs de 2 favorise le maïs dans un contexte général de prix des
graines élevé alors que le soja est plus compétitif dans un contexte de prix bas. Si le ratio de prix soja/maïs est
supérieur à 2,5 alors le soja est favorisé quel que soit le contexte général de prix des graines.
Ces mécanismes expliquent clairement pourquoi les surfaces en France ont diminué fortement durant la
période 2005-2008 où le ratio moyen de prix était inférieur à 2 et pourquoi elles ont tendance à remonter
depuis mais avec des à-coups (ratio moyen proche de 2,5 mais prix très volatils).
La compétitivité du soja dans les rotations dépend aussi du contexte de l’exploitation et en particulier de la
disponibilité en eau pour l’irrigation : en milieu peu contraint en eau permettant une irrigation soutenue et des
rendements en maïs élevés - de l’ordre de 130 q/ha - le soja sera désavantagé alors qu’en milieu plus contraint
en eau avec des rendements maïs de 90-100 q/ha, le soja sera plus performant. Les comparaisons de marges
montrent clairement que la mesure agro-environnementale MAET IRRIG 04 a été particulièrement utile au
maintien de la production de soja dans les situations où l’irrigation est peu contrainte.
Les simulations montrent par ailleurs que, dans le contexte de prix d’intrants actuel, introduire du soja dans un
système simple comme une monoculture de maïs permet de lisser, dans la durée, le revenu des producteurs.
A moyen terme, dans une hypothèse de hausse tendancielle du prix des intrants liés à l’énergie, le soja qui ne
nécessite ni engrais azoté, ni séchage devrait voir sa compétitivité s’améliorer par rapport aux cultures
nécessitant des niveaux d’intrants élevés.
Des caractéristiques agronomiques positives
L’itinéraire technique du soja est globalement bien maitrisé et ses rendements sont assez réguliers, très liés à
son niveau d’alimentation en eau. Le soja n’a pas besoin de matériel spécifique pour les opérations de semis et
de récolte, nécessite peu d’intrants et un nombre réduit d’interventions au champ pour sa protection (deux
traitements herbicides en moyenne et très peu d’interventions contre ravageurs ou maladies).
La culture peut se conduire soit en irrigué, soit en sec dans des situations où l’alimentation en eau estivale
n’est pas trop restrictive ou dans des milieux particuliers (terres de marais, zones inondables) où il est difficile
d’implanter une culture d’hiver. L’inscription récente de variétés précoces et très précoces performantes tant
en productivité qu’en teneur en protéines permet d’envisager la culture sur une partie de plus en plus étendue
du territoire français pour des débouchés variés : alimentation animale ou humaine.
Grâce à une large gamme de précocité variétale, à sa bonne adaptation au travail du sol simplifié et à une
souplesse de la conduite de l’irrigation, le soja s’intègre dans des systèmes de production variés : travail du sol
classique ou simplifié, irrigation plus ou moins limitante, double culture. Bien adapté au désherbage
mécanique, peu sujet aux maladies et aux attaques de ravageurs et ne nécessitant pas d’apport d’azote, le soja
convient parfaitement aussi au mode de production biologique.
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Enfin, le soja constitue un excellent précédent : la structure du sol est améliorée pour la culture suivante, grâce
à la qualité du système racinaire du soja et à une récolte précoce sur un sol généralement sec, donc peu
sensible aux tassements
Ainsi, la culture du soja possède à l’évidence de nombreux atouts agronomiques lui permettant de s’insérer
dans les assolements des exploitations de grandes cultures. Ce sont d’ailleurs essentiellement des problèmes
de compétitivité économique qui ont entrainé la diminution de ses surfaces depuis les années 2000. Mais, si le
contexte économique apparait actuellement plus favorable au soja et entraine une remontée des surfaces, il
est évident que des efforts doivent être réalisés pour améliorer ses performances d’autant, bien sûr, que celles
de cultures majeures, telles le maïs, progressent rapidement.
Les efforts de la sélection et la relance de l’agrophysiologie mentionnés précédemment sont les premiers
leviers pour améliorer la productivité du soja : ils devraient permettre de créer de nouvelles variétés et de
mettre au point des itinéraires techniques adaptés aux différentes conditions pédoclimatiques françaises : le
test de ces nouvelles variétés dans différents contextes régionaux et d’itinéraires techniques innovants
combinant : variété, structure du peuplement, date de semis dans des situations plus ou moins contraintes en
eau est, bien sûr, un des enjeux de demain.
L’inoculation grâce à une très bonne qualité des inoculums fournis par les fabricants n’apparait pas à ce jour
comme un frein important au développement de la culture. Néanmoins, il serait aussi probablement judicieux
d’évaluer l’efficacité de nouvelles souches de Bradyrhizobium japonicum (la seule souche utilisée, la G49,
l’étant depuis plus de 30 ans), ainsi que de tester les nouveaux process, tels que la préinoculation des graines
qui permet de simplifier l’opération de semis et est actuellement développée à l’étranger.
D’autres innovations liées au machinisme agricole seront aussi à tester et développer en collaboration avec les
producteurs utilisateurs : coupes flexibles pour la récolte afin de diminuer les pertes de gousses basses à la
récolte, nouveaux outils de travail du sol (strip-till par exemple) ou de semis pour l’implantation en culture
classique ou en double culture, matériel de désherbage mécanique en agriculture biologique…
Optimiser et innover au niveau de son exploitation
Jean-Claude Chibarie et Stéphane Pavan, producteurs du Sud-Ouest passionnés de la culture du soja,
témoignent à l’aide de deux exemples, la double culture et l’utilisation de la coupe flexible, comment ils
intègrent, adaptent et finalement optimisent l’innovation au sein de leurs exploitations agricoles.
Jean-Claude Chibarie, producteur de soja en Haute-Garonne, est un adepte de la double culture, qu’il a
introduite depuis longtemps sur son exploitation et qui correspond à environ 30% de ses surfaces totales de
soja. Il récolte de l’orge vers le 20 juin puis sème immédiatement avec des méthodes simplifiées un soja
précoce qui sera récolté mi-octobre et permettra ainsi l’implantation d’une culture d’hiver ou de printemps.
L’intérêt est double : une amélioration de revenu économique grâce à la production de trois cultures en deux
ans et une couverture estivale des sols limitant ainsi l’érosion des sols en cas d’orages estivaux. Il améliore
chaque année, par des tests de nouveau matériel ou des réglages différents, sa technique de semis simplifié
afin d’avoir la levée plus précoce possible, gage d’un rendement satisfaisant et d’une récolte effectuée dans de
bonnes conditions. Et, l’utilisation récente de la ventilation séchante utilisant la chaleur générée par les
panneaux voltaïques installés sur le toit de ses hangars lui permet aussi de gagner quelques jours à
l’implantation du soja : en effet, l’orge peut être récoltée précocement, légèrement humide et ventilée
aussitôt.
9/17
3
Stéphane Pavan est président de la CUMA de l’Escut dans le Gers qui innove régulièrement en matière de
récolte. Cette opération est, en effet délicate car les gousses basses sont très proches du sol et donc difficiles à
récolter avec une barre de coupe classique rigide, particulièrement dans les parcelles au relief accidenté où des
pertes de plusieurs quintaux peuvent être enregistrées. La CUMA, très concernée par ce problème a investi
récemment dans une coupe moderne flexible qui permet de ramasser jusqu’à cinq centimètres du sol, et ce,
quel que soit le relief. Importée des Etats-Unis, la coupe de la CUMA de l’Escut était, il y a deux ans, le seul
exemplaire présent en France. Elle a été présentée au Salon Innovagri Sud-ouest 2013, vue par des centaines
de visiteurs et est maintenant disponible sur le marché, résultat positif d’une initiative d’un groupe
d’agriculteurs innovants qui devrait bénéficier à tous dans les années à venir !
Actualités politique et réglementaire
Nouvelle réglementation : des leviers pour la culture de soja
L’intervention de Nathalie Gosselet, responsable des études économiques et environnementales à la
FOP 4, décrit les opportunités qui s’ouvrent ou pourraient s’ouvrir à la culture du soja dans le cadre de
l’évolution de la réglementation liée à la nouvelle PAC (Politique agricole commune).
Les grandes lignes de la nouvelle PAC sont actuellement connues et, si globalement, les exploitations agricoles
de grandes cultures vont connaitre une baisse des soutiens accordés, un certain nombre d’opportunités
apparaissent pour la culture des plantes riches en protéines, telles le soja. Ces opportunités se trouvent soit
dans le premier pilier de la PAC au niveau du verdissement et des aides couplées, soit dans le second pilier de
la PAC au niveau des MAE.
Dans le cadre du verdissement, la mesure encourageant la diversification des cultures (nécessité de 3 cultures
dans les assolements pour les exploitations de plus de 30 ha) devrait conduire à un développement des
surfaces de soja dans des situations de monoculture de maïs où le soja peut parfaitement s’intégrer. De plus,
les surfaces couvertes avec des plantes fixatrices d’azote telles le soja pourront rentrer dans les 5% de terres
arables en SIE (surface d’intérêt écologique) mais avec des conditions de conduite qui ne sont pas encore
précisées.
La reconnaissance du soja comme production éligible aux aides couplées vient d’être actée aux niveaux
européen et français. Cette mesure, fortement revendiquée par la FOP au cours des derniers mois, rend ainsi
possible un appui direct à cette culture dans le cadre des 2% d’aides couplées pour les cultures riches en
protéines…mais les modalités d’application de ces aides sont encore en discussion.
Au niveau du second pilier, il est prévu que les MAET IRRIG O4 et IRRIG 05 (engagement sur 5 ans) soient
reconduites en 2014 au moins sur les régions Midi-Pyrénées, Aquitaine, Alsace et Rhône-Alpes, avec des
modalités qui restent à préciser. La MAET IRRIG 04 avait été utilisée en Midi-Pyrénées en 2012 et 2013 et avait
porté sur un total d’environ 6 400 ha engagés : l’aide était de 81 euros par ha engagé avec comme principales
exigences la mise en place de 20% de soja tous les ans et l’absence de succession soja-soja dans les rotations.
D’autres MAE pouvant favoriser l’introduction des légumineuses dans la rotation sont aussi à l’étude.
Au total, si la nouvelle PAC est globalement défavorable aux exploitations de grandes cultures, il n’en apparaît
pas moins des opportunités possibles, mais avec encore de nombreuses incertitudes, pour le soja au niveau du
premier et du second pilier de la PAC.
3
Coopérative d’utilisation de matériel agricole
4
Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux
10/17
Les débouchés pour l’alimentation animale à l’échelle territoriale
L’utilisation de la graine crue en alimentation porcine
Cette session commence logiquement par s’intéresser au produit le plus brut, la graine crue. Anne-Laure
5
Gasser, chargée de l’animation du secteur porcin à l’AIRFAF sud-ouest rend compte des essais réalisés pour
évaluer la faisabilité d’introduire des graines de soja crues dans l’alimentation des porcs en vue d’améliorer
l’autonomie protéique des élevages du sud de la France. Ces travaux sont le fruit de collaborations avec les
lycées agricoles de Moissac (production de graines de soja) et de Figeac (tests sur truies et porcelets) ainsi
6
qu’avec l’IFIP (essais en station sur porcs charcutiers) et ont reçu le soutien de l’ONIDOL et du Conseil régional
de Midi-Pyrénées. La communication a été conçue à deux mains, par Anne-Laure Gasser et Eric Royer, ingénieur
d’étude à l’IFIP, spécialisé en nutrition porcine.
Ces travaux trouvent tout leur sens si l’on se réfère au taux élevé d’élevages porcins en France et plus encore
en Midi-Pyrénées (plus de 50%) pratiquant la fabrication d’aliments à la ferme et au recours quasisystématique au tourteau de soja importé dans les formules mises en œuvre à la ferme. L’objectif poursuivi est
donc de substituer au maximum le tourteau de soja importé par des graines de soja crues. La principale
barrière à cette utilisation provient de la présence dans la graine de soja de facteurs antitrypsiques (FAT) qui
sont responsables d’une forte diminution de la digestibilité des protéines chez les monogastriques (porcs,
volailles) et que seul un traitement thermique adapté permet de désactiver.
Partant de là, la recherche des conditions d’introduction de la graine crue, donc non traitée, et de ses
éventuelles limites est primordiale et doit être abordée à toutes les phases de la vie d’un porc charcutier depuis
la gestation par la truie jusqu’à son abattage. L’arrivée récente de variétés de soja commerciales à teneur
abaissée en FAT obtenues par un semencier italien (25 000 UTI/g de graine contre environ 50 000 UTI/mg chez
les variétés habituelles) a renforcé l’intérêt de cette démarche. Les tests menés sur truies ont montré qu’une
formule autonome en protéines (sans tourteaux de soja importés) comportant 5% de graines de soja classique
n’entraînait aucune dégradation des performances. De même sur truies allaitantes, les graines crues peuvent
être introduites à 8% sans dommage sans pour autant permettre une sortie totale du tourteau de soja dans les
formules. Chez le porcelet, les 10 essais conduits par l’AIRFAF entre 1999 et 2013 ont permis de conclure que
l’introduction de graines de soja crue dans la ration n’est possible que lorsque le porcelet a atteint un poids de
14kg. Ces essais suggèrent aussi que la teneur en facteurs anti-trypsiques ne doit pas dépasser 3000 UTI/g
d’aliments pour ne pas risquer de dégrader les performances ce qui revient, dans le meilleur des cas avec les
variétés actuelles, à limiter à 5 % la proportion de graines de soja crue dans l’aliment. Les premiers résultats
des expérimentations en cours sur la phase suivante de l’engraissement (porc charcutier) confirment cette
« dose maximale d’antitrypsiques » à respecter dans l’aliment et la suite de l’étude permettra de préciser les
éventuels effets sur de nombreux paramètres zootechniques.
Outre les connaissances acquises utiles à l’éleveur et au formulateur, ces travaux livrent plus clairement les
limites à l’utilisation de la graine crue pour chaque phase d’élevage et ouvrent des options en termes de
complément d’apport protéiques aux autres sources disponibles localement qu’il conviendra de valider à
l’échelle de l’exploitation agricole. Bien évidemment, l’obtention de variétés à très faible contenu en FAT, dont
on ne sait pas aujourd’hui si elle est possible par voie classique de sélection, faute d’une vision claire de la
variabilité existante sur ce critère, ouvriraient des perspectives encore plus alléchantes.
5
Association Inter-régionale des fabricants d’aliments à la ferme
6
Institut français du porc
11/17
Des outils de transformation adaptés aux bassins régionaux de transformation
Avec cette intervention, Alain Quinsac, ingénieur d’études au Service de transformation et valorisation des
graines du CETIOM, passe en revue les différents traitements appliqués à la graine de soja à la fois pour se
débarrasser des FAT et pour extraire les matières grasses, avant de faire un focus sur les process adaptés aux
tailles des bassins de production du soja en France.
Les procédés appliqués au soja visent à désactiver les facteurs antitrypsiques présents dans la graine et
comprennent pour cela une phase à haute température (100 à plus de 130°C selon les conditions d’humidité).
Le plus répandu consiste à extraire par solvant un maximum de matière grasse de la graine et c’est au cours de
la phase de désolvantation du tourteau à moins de 2% de matière grasse ainsi obtenu que les FAT sont détruits.
Ce procédé n’est plus utilisé pour les graines produites en France depuis 2003 car il nécessite de grandes
installations donc de gros volumes de graines à l’entrée. Les graines de soja françaises destinées à
l’alimentation animales sont ainsi traitées dans de petites unités d’extrusion ou de toastage qui permettent de
désactiver suffisamment les FAT par action thermique ou thermo-mécanique. Dans ce cas, la conservation par
la graine de toute sa matière grasse peut constituer un frein en formulation (la teneur en matières grasses de
l’aliment étant plus ou moins limitée selon l’espèce animale) et cette matière grasse n’est pas valorisée en
équivalence au prix de l’huile de soja, rendant plus fragile le modèle économique basé sur ce type de process.
Cependant la meilleure disponibilité des nutriments permise par l’extrusion et l’adaptation de ce procédé à de
petits volumes font de l’extrusion un traitement compatible avec des démarches de filière qualité tracées.
Pour pallier aux limites économiques et nutritionnelles de la valorisation des produits extrudés ou toastés, les
procédés de déshuilage partiel de la graine de soja comprenant une phase de traitement thermique par cuisson
ou extrusion et une phase d’extraction de l’huile par pression constituent une bonne option. Ils présentent de
surcroît l’intérêt de pouvoir être conduits dans des unités de petite à moyenne capacité (2000 à 50 000
tonnes/an) en adéquation avec les tailles de bassin de production du soja en France. Ils ne nécessitent pas de
solvant et permettent de répondre aisément à des exigences de traçabilité.
Les travaux conduits récemment en France par le CETIOM, le CREOL en collaboration avec un équipementier et
avec le soutien de l’ONIDOL ont permis de compléter les références acquises sur le procédé extrusion-pression
(EP) et d’améliorer les conditions opérationnelles du procédé de cuisson-pression. Un très bon niveau de
déshuilage peut ainsi être obtenu avec ces procédés (moins de 6% de matière grasse résiduelle dans le
tourteau).
Les caractéristiques nutritionnelles des tourteaux gras délivrés sont proches du tourteau de référence 48 et les
performances observées sur poulets labels en 2007 d’un tourteau gras EP le confirment. Les coûts de
trituration ont été évalués pour une unité de 20 000 t/an et pour les deux procédés à environ 35€/t de graine.
La rentabilité a été approchée au travers des marges brutes et nettes de trituration, montrant que si l’équilibre
économique peut être atteint dans des conditions de bon fonctionnement de l’usine, le coût de
l’approvisionnement en graines en entrée et les niveaux de valorisation des tourteaux en sortie sont
évidemment déterminants.
Ce type d’unité de trituration de petite à moyenne capacité serait donc tout à fait approprié pour structurer
des filières « de la graine à l’animal » au cœur de bassins de production français. Il faudrait pour cela parvenir à
un bon contrôle du process, établir et fiabiliser les débouchés, organiser les approvisionnements en graines, et
réussir à mettre en place une démarche de filière d’où la contractualisation ne peut être absente.
12/17
Le potentiel d’incorporation du soja local par les fabricants d’aliments du bétail
En parfaite ligne avec l’intervention précédente, Patricia Le Cadre, ingénieur spécialiste des matières premières
7
pour l’alimentation animale au bureau d’études CEREOPA , nous livre les résultats d’une étude commanditée
par l’ONIDOL et visant à comprendre dans quelles conditions un tourteau de soja gras produit localement serait
incorporé par les fabricants d’aliments en France. Ces travaux, basés sur de la simulation et sur une
connaissance fine des marchés par le CEREOPA, ont été conduits par le tandem Patricia Le Cadre et Frédéric
Pressenda.
La commande faite au CEREOPA par l’ONIDOL constitue une brique supplémentaire à l’évaluation de la
faisabilité technico-économique de filières complètes « de la graine à l’animal » basées sur du soja cultivé en
France et transformé en tourteaux gras dans des unités de petite à moyenne capacité ancrés dans les bassins
de production. Le secteur visé est celui de la fabrication d’aliments composés qui pèse 22 Mn de tonnes en
France et concerne majoritairement les monogastriques, principaux consommateurs du tourteau de soja. Dans
le modèle « Prospective aliment », qui permet d’optimiser les formules d’aliments au niveau régional, une
nouvelle matière première « virtuelle » a été introduite : du tourteau gras de soja. L’hypothèse a été faite que
ce tourteau gras de soja était délivré par deux usines d’environ 30 000 t de graines/an (24 000 t de tourteau
gras/an), l’une implantée en Rhône-Alpes dans l’Ain et l’autre dans le Sud-Ouest dans le Gers au cœur des
grandes régions de culture du soja. Un effort particulier a été fait en amont des simulations pour affiner la
demande en soja non OGM dans ces deux grandes régions au travers des formulations ad hoc tenant compte
des cahiers des charges des filières qualité présentes sur ce territoire. De même, les produits au soja non OGM,
notamment les extrudés mais aussi les tourteaux d’importation GM-free, ont été recensés avec soin. Les
simulations nous indiquent que dans un contexte de prix de matières premières 2012/2013 (énergie chère avec
ratio soja/blé faible, prime non OGM aux alentours de 60 €/t de tourteau), le prix d’intérêt du tourteau de soja
gras serait 9% plus élevé que celui du tourteau non OGM d’importation et ce, pour un volume disponible de
50 000 tonnes de tourteau gras. Si la quantité de tourteau gras local augmentait, ce prix baisserait
logiquement.
L’analyse des zones de consommation de ce tourteau amène réflexion. En effet une partie des tourteaux
produits dans le Sud-Est et plus encore dans le Sud-Ouest est captée rapidement par des régions limitrophes où
ils trouvent preneurs à meilleur prix que dans la région de production. Dans le cas d’une augmentation de
disponibilité en tourteaux gras au-delà des volumes produits par les deux usines simulées au départ, c’est la
région Pays de la Loire qui en bénéficie le plus. Ces tendances peuvent être considérées à la fois comme des
opportunités permettant un meilleur équilibre économique d’un outil implanté en région mais peuvent aussi
contrarier les velléités de construction de filières complétement intégrées à l’échelle d’une région et conduire
à imaginer des schémas de valorisation sortant de la seule épure des prix. Si on examine quelles formules et
donc quelles espèces consommeraient ce tourteau de soja gras local, on découvre sans surprise que les
volailles engloutissent la majorité du disponible loin devant les porcins et qu’il s’agit surtout de filières exigeant
du non OGM dans leur cahier des charges. Ainsi dans le Sud-Ouest, le canard croissance et finition et dans une
moindre mesure le porcelet constitueraient la partie locale du débouché dans le cas d’une usine de 30 000 t de
graines/an, le poulet label dégageant certes un volume important mais à un prix un peu inférieur (+5% audessus du tourteau de soja GM-free d’importation). Dans le Sud-Est, ce sont les poulets qui seraient les
consommateurs locaux de la production de tourteau de soja gras local, la pondeuse représentant elle aussi un
volume important mais à un prix d’intérêt inférieur (+5% au-dessus du tourteau de soja GM-free
d’importation).
7
Centre d'Etude et de Recherche sur l'Economie et l'Organisation des Productions Animales
13/17
Les résultats de cette étude semblent conforter l’intérêt de se doter d’outils capables de produire du tourteau
gras de soja à partir de graines produites en France. Ils permettent aussi de souligner que l’équilibre
économique de ces outils pourrait passer par une gamme de valorisations, essentiellement en volailles, à
optimiser pour chaque usine et qui pourrait intégrer des niches comme le bio (pour une part mineure des
volumes) ou des débouchés dans les régions relativement proches et demandeuses (comme Pays de la Loire).
Une attention devra être portée enfin à l’anticipation de scénarios de prix différents de celui que nous avons
connu récemment et au fait que la hausse de volumes disponibles au-delà de 150 000 tonnes de tourteau gras
fera mécaniquement rapprocher le prix du tourteau local de celui d’importation GM-free.
Des atouts territoriaux pour répondre aux besoins en soja des filières animales de qualité:
exemple de la région Midi-Pyrénées
Après avoir parcouru sous un angle technique et/ou économique les conditions de valorisation du soja Français
en alimentation animale, Françoise Labalette, ingénieur d’études à l’ONIDOL, donne un éclairage rapide centré
sur la région de Midi-Pyrénées des atouts que pourrait mobiliser ce territoire pour construire une ou des filières
complètes de valorisation « de la graine de soja à l’animal ». Une large part est faite aux analyses exprimées
par les acteurs rencontrés au cours de la mise en œuvre d’un des volets du projet SojaLoc soutenu par la région
Midi-Pyrénées.
Avec pourtant seulement 15 000 ha en 2013, Midi-Pyrénées reste la première région productrice de soja et ne
doit pas douter de son potentiel à multiplier rapidement par 3 ou 4 ses surfaces si l’on garde en mémoire les
60 000 hectares plusieurs fois atteints au cours des 25 dernières années. Si l’on excepte le bel exemple
d’approvisionnement en graines locales contractualisées construit sous l’impulsion du fabricant de soyfoods
Nutrition et Nature, la majorité des graines produites en Midi-Pyrénées et le Sud-Ouest en général est
« exportée » hors territoire à la fois pour l’alimentation humaine et animale. A l’autre bout de la filière, les
besoins en soja non OGM sont estimés par les acteurs mêmes des filières animales sous signe de qualité à
environ 35 000 tonnes, essentiellement sous forme de tourteaux auxquels doivent être rajoutées les quantités
consommées par les productions « plus standards » mais sous cahier des charge non OGM. Les débouchés sont
là, correspondant à 15 à 20 000 hectares de soja supplémentaires, la capacité de production en graines existe,
mais il manque clairement une capacité de transformation à même de relier ces deux maillons en passant de la
graine au tourteau. Interrogés sur l’intérêt de voir la région Midi-Pyrénées se doter d’un ou plusieurs outils de
trituration de moyenne capacité, les acteurs de la collecte comme des filières animales se caractérisent par des
positionnements variés allant de l’attentisme voire de la méfiance à des démarches proactives qui peuvent
sans doute évoluer au fil des réflexions et des actions concrètes mises en œuvre. Ces premières approches
suggèrent des hypothèses de structuration impliquant pour l’une d’elle, l’investissement dans une unité de
trituration en région Midi-Pyrénées permettant de répondre à tout ou partie des besoins des filières volailles et
canards du Gers (autour de 11 000 t/an) et des ruminants , ovins et bovins du nord de Midi-Pyrénées (Aveyron
et Tarn) pour environ 15 000 t/an.
Midi-Pyrénées apparaît donc comme un candidat idéal à la mise en place de filières «du végétal à l’animal »
grâce à son potentiel de culture du soja, à l’existence de productions animales solidement ancrées dans les
territoires et à des acteurs impliqués et intéressés à tous les maillons de la filière. Reste à identifier les bonnes
conditions d’émergence de ces filières, à faire reconnaître par les consommateurs finaux leur originalité et leur
fort attachement local et à réunir un groupe d’acteurs régionaux autour de projets d’investissements
industriels à même de délivrer des produits du soja correspondant aux besoins de la production animale. Enfin,
rien ne se fera sans un engagement minimal de chacun des maillons vis-à-vis de l’autre en minimisant la prise
de risque de tous ; là se trouve sans doute le défi le plus délicat à relever.
14/17
Développer en partenariat les projets de la filière soja sur nos territoires
8
La communication de Luc Ozanne de la direction des engagements de SOFIPROTEOL , vise à faire connaître de
tous les possibilités offertes par son établissement pour accompagner des projets de développement du soja sur
nos territoires.
Le soja est un des axes forts à développer pour améliorer le niveau d’approvisionnement en protéines
végétales françaises des marchés de l’alimentation animale. La prise en compte des deux débouchés
importants et complémentaires en soja que sont l’alimentation humaine et l’alimentation animale aboutit à
des objectifs ambitieux de développement de la culture du soja en France, autour de 200 à 250 000 hectares.
Pour cela, les activités de R&D sont appelés à se renforcer, notamment dans les domaines de la création
variétale et des procédés de transformation, et, des besoins en termes d’investissement émergent que ce soit
en termes d’équipement de collecte ou d’outil industriels de traitement de la graine (trituration, extrusion..).
Sofiprotéol est ainsi à l’écoute de toute demande d’accompagnement financier des projets innovants autour du
soja et peut soutenir les besoins d’investissement des entreprises de la filière soja en mobilisant du capital
développement.
Table ronde
Introduite par le Vice-Président de la région Midi-Pyrénées, Vincent Labarthe, et animée par un journaliste
toulousain Vincent Ala de l’Agence Web Reporter, la table ronde nous permet d’entrer dans le vif des débats
entre participants à cette journée et opérateurs économiques engagés dans la filière soja pour l’alimentation
animale.
Ainsi ont participé les représentants suivants de diverses organisations aux positions et stratégies diverses visà-vis du soja :
Nicolas
José
Francis
Guy
Franck
Lecat
de Muynck
Hurthes
Pascalie
Clavier
Agribio Union
Alliasud
SA 4R
Terres du Sud
Vivadour
Directeur
Directeur technique
Eleveur, administrateur SA 4R
Responsable d’usine de trituration
Directeur général
Françoise Labalette (ONIDOL) et Pierre Jouffret (CETIOM)
8
Société financière des protéagineux et des oléagineux
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Liste des Intervenants
 Le Soja : une production en pleine évolution
-
Le soja, leader mondial des sources riches en protéines
végétales Françoise Labalette - ONIDOL
Le soja en France et en Europe : un net regain d’intérêt
Hubert Hébinger – CETIOM
Chritian Viénot – Nutrition et Nature
[email protected]
[email protected]
[email protected]
 Sélection et recherche en agrophysiologie
-
Sélection du soja en France : les défis à relever Laurent Guerreiro – RAGT 2n
[email protected]
-
L’agrophysiologie au service de la sélection et de l’agronomie
Pierre Maury – UMR INP-ENSAT/INRA AGIR
[email protected]
 Cultiver la double performance en produisant du soja
-
Les atouts environnementaux de cette légumineuse
Elie Parachini – CETIOM
[email protected]
-
Des perspectives économiques et agronomiques favorables
Vincent Lecomte – CETIOM
[email protected]
-
Optimiser et innover au niveau de son exploitation Témoignage de deux producteurs du Sud-Ouest
Jean-Claude Chibarie et Stéphane Pavan
[email protected]
[email protected]
 Actualités politique et réglementaire
-
Nouvelle réglementation: des leviers pour la culture du
soja ?
Nathalie Gosselet – FOP
[email protected]
 Les débouchés pour l’alimentation animale à l’échelle territoriale
- L’Utilisation de la graine crue en alimentation porcine [email protected]
Anne-Laure Gasser – AIRFAF Sud-Ouest
- Des outils de transformation adaptés aux bassins de
[email protected]
production régionaux - Alain Quinsac – CETIOM
- Le potentiel d’incorporation du soja local par les
fabricants d’aliments du bétail - Patricia Le Cadre –
[email protected]
CEREOPA
- Des atouts territoriaux pour répondre aux besoins en
soja des filières animales de qualité : exemple de la
[email protected]
région Midi-Pyrénées Françoise Labalette – ONIDOL
- Développer en partenariat les projets de la filière soja
[email protected]
sur nos territoires - Luc Ozanne - SOFIPROTEOL
 Animation technique de la journée de colloque
[email protected]
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