Michel Boyer - Pierre Léna Deux nouveaux membres d`honneur
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Michel Boyer - Pierre Léna Deux nouveaux membres d`honneur
BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS 653 Michel Boyer - Pierre Léna Deux nouveaux membres d’honneur L’Union des Physiciens est fière d’accueillir deux nouveaux membres d’honneur, Michel BOYER et Pierre LÉNA. Leur dévouement au service de l’enseignement, de la recherche et de la culture scientifique les a conduits depuis de nombreuses années à s’impliquer avec détermination dans les olympiades respectivement de chimie et de physique. Qu’ils soient ici très chaleureusement remerciés. Josette MAUREL Présidente de l’Union des Physiciens ♦♦♦ Michel BOYER Le Professeur Michel BOYER a accepté de faire l’honneur à l’Union des Physiciens d’en devenir « membre d’honneur ». Je me réjouis de cette rencontre heureuse et fructueuse entre le Professeur Michel Boyer et l’Union des Physiciens, rencontre qui a bien sûr son origine dans les olympiades de la chimie. Michel BOYER a choisi très tôt le service de l’Éducation nationale en intégrant l’École Normale d’Instituteurs de Paris en 1957 ; ce premier élan vers l’enseignement s’est transformé quelques années plus tard grâce à l’admission à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Ses études universitaires en chimie l’amènent à un diplôme d’études supérieures d’électrochimie sous la direction du Professeur EPELBOIN. Il est un des premiers à réussir la nouvelle agrégation de sciences physiques option chimie. Le doctorat d’état nécessitait à ce moment-là cinq ou six années de recherche : c’est pour une contribution à l’étude des isopolytungstates en solutions aqueuses et de leurs dérivés de réduction que Michel BOYER obtient les félicitations du jury, présidé par le Professeur SOUCHAY. En 1985, Michel BOYER est nommé Professeur à l’université Paris VI et devient en 1990 directeur du laboratoire d’enseignement de chimie inorganique deuxième cycle. On trouve là-encore la marque de l’intérêt de Michel BOYER pour l’enseignement. En 1996, Michel BOYER est élu à la direction du département de premier cycle de l’université Pierre et Marie Curie. À côté des activités de recherche, s’engager énergiquement dans l’enseignement est un risque tout à l’honneur des universitaires qui le prennent. Les fonctions confiées à Michel BOYER traduisent bien cette capacité reconnue à animer des équipes d’enseignants et de personnels techniques. Pendant huit années, Michel BOYER a œuvré au sein de la Cité des sciences et de Vol. 96 - Avril 2002 Union des Physiciens 654 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS l’industrie de La Villette pour développer de nouveaux moyens de communication au service de la chimie pour créer des expositions scientifiques et technologiques destinées au grand public ; on se souvient en particulier de l’exposition « L’Eau-Vision Moléculaire ». Michel BOYER a également piloté l’implantation aux États-Unis d’une exposition itinérante « Molecules and Society » qui a été inaugurée au New York Hall of Sciences en 1989 à l’invitation de l’American Chemical Society. Michel BOYER a été délégué de l’académie de Paris aux olympiades nationales de la chimie de 1990 à 1994 et président des olympiades depuis 1994. Cette activité a pour but de motiver les élèves pour les carrières de la chimie ; elle a également permis de créer des espaces de rencontre entre enseignants du secondaire, du supérieur et des industriels autour de thèmes liés à la recherche et l’industrie chimique. L’action de Michel BOYER s’est inscrite dans la continuité de celle de Gérard MONTEL et de Robert PANICO. Il a toujours cherché à maintenir un savant équilibre entre les différentes composantes des olympiades tout en impulsant les évolutions opportunes de cette grande fête de la chimie. L’Union des Physiciens a tenu à marquer son attachement à cette activité en honorant Michel BOYER, et à travers lui, tous ceux qui y consacrent leur temps et leur énergie. André GILLES Vice-président de l’Union des Physiciens Pierre LÉNA Pierre LÉNA, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Paris, agrégé de sciences physiques en 1960 puis docteur ès sciences en 1969, est astrophysicien, professeur à l’université Paris VII. Directeur du laboratoire d’astronomie infrarouge à l’Observatoire de Paris de 1972 à 1984, il dirige actuellement l’École doctorale d’astronomie et astrophysique d’Ile-de-France depuis 1996. Ses actions menées en faveur de l’enseignement l’ont conduit à la présidence de l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP) de 1991 à 1997. Il a été élu membre de l’Académie des sciences le 15 avril 1991. Ses qualités sont reconnues au-delà de notre pays puisqu’il a été représentant scientifique de la France au Conseil de l’ESO (European southern observatory) de 1986 à 1993. Il est membre de l’Academia Europaea (Londres) et membre de l’Académie pontificale des sciences depuis 2001. Enfin c’est le ministre Hubert CURIEN qui l’a fait chevalier de la légion d’honneur. Ses travaux de recherche ont contribué, de manière déterminante, au développement de l’astronomie infrarouge. Ils ont touché des domaines très divers, de l’étude du Soleil (il fut le responsable des clichés de l’éclipse de Soleil pris depuis le Concorde 001 en 1973) à celle des régions de poussières de la Galaxie. Il a joué aussi un rôle important dans le développement des techniques d’optique adaptative permettant de réduire, voire de supprimer, les effets néfastes de la turbulence atmosphérique. Enfin, par son travail en interférométrie, il a largement participé et participe toujours à la conception et à la mise Deux nouveaux membres d’honneur BUP no 843 BULLETIN DE L’UNION DES PHYSICIENS 655 en œuvre du Très Grand Télescope européen (VLT) situé au Chili, unique au monde pour la qualité de sa résolution angulaire. À côté de ces grandes compétences scientifiques, il est reconnu pour savoir détecter les futurs chercheurs, stimuler la créativité chez tous ceux qui travaillent avec lui et pour former des équipes de recherche solides et durables. Ses lourdes activités ne l’ont pas empêché de s’investir largement dans le domaine de l’enseignement et de l’éducation scientifique du « grand public ». C’est lui qui a coordonné l’édition française des « Berkeley » de physique. Les livres d’optique ou d’astronomie qu’il a écrits pour les étudiants (et les professeurs !), seul ou comme responsable de collection, sont originaux par leur présentation synthétique, ménageant plusieurs entrées, fondamentale, historique, expérimentale et technique. Il a fait partie des premiers responsables du recyclage des professeurs organisé dans les années 70 sur Paris où il savait à merveille s’adapter au public peu averti qui découvrait souvent l’astrophysique. Lors de la naissance des IUFM, il a été le premier à déplorer l’insuffisance, pour ne pas dire l’absence, de formation scientifique des futurs professeurs d’école et, déjà à cette époque, il faisait part dans son entourage de l’expérience de CHICAGO qui a été reprise par Georges CHARPAK (voir journées de l’UdP à Limoges en 1994) et qui a donné naissance à l’opération « Main à la pâte » où Pierre LÉNA s’est beaucoup investi. Il travaille en ce moment encore à la confection d’une collection pour l’enseignement primaire. Enfin il n’a pas hésité à répondre à la demande « grand public » en dispensant des conférences de niveau très adapté. Il a également conçu, avec Michel SERRE, une série télévisée très riche, « Tours du monde, tours du ciel », qu’il a lui-même présentée. Président de la Société française de physique (SFP) en 1989-1990, il a mené plusieurs actions tendant au renouveau de la société savante dans différents domaines. En particulier, il a tenu à développer les liens de la SFP avec l’UdP. C’est dans cette mouvance que sont nées les olympiades de physique dont il a été l’un des premiers défenseurs. Grâce à ses démarches auprès des hauts responsables de différentes sociétés, l’opération a obtenu de son premier financement. C’est aussi vers lui que les responsables se sont tournés en vue d’une nouvelle recherche de partenaires pour 2003. Il a bien sûr été président du jury lors du premier concours au Palais de la Découverte et chacun avait pu admirer la manière dont il avait mené le dialogue avec chaque groupe. Tous ceux qui le côtoient mentionnent sa très grande modestie, sa grande culture et son investissement sans faille, son dévouement à la cause publique et à l’enseignement scientifique en particulier. C’est donc avec joie, teintée de respect, que j’ai appris qu’il nous faisait l’honneur d’accepter que son nom soit inscrit sur notre première page du BUP. Jacqueline TINNÈS Présidente d’honneur de l’Union des Physiciens Vol. 96 - Avril 2002 Union des Physiciens