Droits de regards - Amnesty International

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Droits de regards - Amnesty International
Droits de regards
Réf : SF 12 EDH 08 - Document externe - avril 2012
Livret d’accompagnement
de « Droits de regards »
1961-2011 : Amnesty International et les photographes
Photo poche Société, Actes Sud - 2011.
Pistes pédagogiques
Édito
Singuliers, ces regards portés sur les droits, pluriels
aussi car déclinés en trois supports : le recueil de photos,
« Droits de regards », qui en comporte 59, est repris en
partie dans une exposition qui a lieu « physiquement »,
mais qui sera aussi visible sur internet.
Cette richesse de propositions a suscité ce livret
d’accompagnement qui souhaite donner différentes
perspectives à quiconque veut utiliser les ou des photos
du livre.
Chaque photo est accompagnée d’une légende et d’un
rappel historique, d’une part, mais aussi de pistes pour
la lecture de la photo en elle-même. Des itinéraires
thématiques sont également proposés.
Vous pouvez donc découvrir les photos en direct, sur
internet ou sur papier, dans un ordre aléatoire, selon
un des itinéraires. Des rapprochements sont suggérés.
Le livret aborde toutes les photos, mais toutes ne sont
pas présentées dans les deux expositions.
A vous de choisir…
La commission
éducation aux droits humains
Sommaire
Photo couverture
•Amnesty International
et les photographes
p 3
•Au fil des photos
p 6
•Itinéraires
p39
Mandela, 1994
Afrique du Sud, 1994.
© Ian Berry / Magnum Photos.
2 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Amnesty International et
les photographes
Depuis plus de 50 ans,
Amnesty International témoigne de la violence du monde
Ses rapports, fruits d’enquêtes menées sur les terrains les plus variés,
identifient, dénoncent et nomment les violations des droits humains commises
chaque jour dans le monde.
La force de ces écrits a entraîné des prises de conscience et des mobilisations
de citoyens du monde entier. Des chefs d’États, des gouvernements, des
décideurs se trouvent ainsi mis régulièrement face à leurs responsabilités.
La mise en valeur de ces photos
Une association, Que l’esprit vive, s’attache à montrer que l’art peut faire
prendre conscience des problèmes de société. Dans sa galerie, Fait et Cause,
elle se consacre à la photo à caractère social. C’est dans ce cadre que sera
présentée l’exposition « physique » des photos de « Droits de regards »,
illustrant les combats contre les violations des droits humains.
L’exposition virtuelle sera présentée sur le site www.sophot.com dont le
but est de promouvoir la photo sociale. L’ensemble forme un lien entre les
photographes, les institutions, le public, les associations.
Promouvoir la photo comme incitation à la prise de conscience, à l’action,
c’est le but de ces trois supports qui vous proposent des sélections différentes
de photos.
Attention : l’exposition, quelle que soit sa forme, ne présente qu’un choix
de photos, seul le livre contient les 59 photos présentées dans le livret.
Le lien étroit qui depuis ses débuts lie
Amnesty International aux photographes
La sélection de « Droits de regards » le rappelle et constitue un constat
flagrant de la barbarie des dernières décennies : de l’exécution sommaire
d’un prisonnier à la fuite éperdue d’une petite fille dont le village vient d’être
bombardé au napalm, des crimes génocidaires aux massacres d’opposants,
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 3
de la détresse des réfugiés et des immigrés à celle des femmes battues, des
enfants en esclavage ou prostitués aux femmes et hommes jetés à la rue par
les lois de l’économie…
Mais que l’on ne s’y trompe pas, il s’agit ici moins de recenser les horreurs de
ce monde que de souligner le rôle joué par la photographie dans le combat
pour les droits humains.
Par leur caractère emblématique, certaines de ces photographies ont
durablement contribué à modifier la perception des événements dont elles
témoignent. D’autres représentent des personnes dont toute la vie a été
consacrée au combat pour les droits humains et qui en sont devenues des
figures emblématiques, comme Martin Luther King ou Nelson Mandela.
Beaucoup enfin sont des témoignages de victoires : comme par exemple,
celles de femmes qui votent, se forment, l’emportent sur les assassins de
leurs enfants…
Des photos, à quoi bon ?
Dans cette histoire contradictoire des droits humains - qui est sans doute la
grande épopée de notre temps - la photographie joue un rôle essentiel. Elle
montre et elle témoigne dans le moment même, des événements. Et, au-delà,
elle garde vive notre mémoire individuelle et collective.
Elle constitue également un appui déterminant dans le travail des organisations
et des mouvements qui se donnent – comme Amnesty International – la
mission d’identifier, de nommer, de dénoncer les violations des droits humains.
Le rôle des éducateurs est fondamental
Ils peuvent sensibiliser les publics des jeunes aux droits humains, modifier les
comportements et transformer les mentalités. Voici pourquoi sont présentées
ici des photos portant sur les événements qui ont jalonné 50 ans de l’histoire
des droits humains et qui recoupent les prises de position et les combats
depuis la création d’Amnesty International en 1961.
Ce travail s’est concrétisé dans la publication d’un livre (publié aux Éditions
Actes Sud) et l’organisation d’une exposition qui sera présentée du 11 avril au
2 juin à la Galerie Fait & Cause (58 rue Quincampoix, Paris 4ème).
Beaucoup des plus grands noms de la photographie actuelle sont réunis dans
ce projet et l’envergure du « panorama » constitué par l’ensemble de leurs
images peut être facilement adaptée aux élèves en fonction des besoins des
enseignants. Il existe d’ailleurs des outils pédagogiques appropriés que nous
mettons à votre disposition.
4 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Le livret vous aide à un travail avec des jeunes
en milieu scolaire ou parascolaire :
•Légendes des photos précisant le contexte et les circonstances.
•Découverte des photos en elles-mêmes : construction, lignes, dénotation
(sens global), connotation (échos éveillés en chacun)…
•Itinéraires thématiques par exemple autour des grands noms de la lutte
pour les droits humains, des femmes, des enfants, des migrants…
Les points à prendre en compte
pour une lecture de l’image
Les couleurs ou le noir et blanc
Pour les photos, cela ne dépend pas seulement de l’époque, mais aussi d’un
choix du photographe. La photo de presse est souvent en NB, des photos
publicitaires de produits de luxe aussi (parfums). Les couleurs permettent de
jouer sur les codes (couleurs froides, chaudes, complémentaires…).
L’itinéraire du regard
Une image, une photo, se découvre, surtout quand elle est grande. Le regard
est porté vers des points précis, différents selon l’image, puis vers d’autres,
peut opter pour un mouvement circulaire ou en zigzag…
Les lignes de l’image
Elles sont en général symboliques. La pyramide, très usitée, donne une idée
positive, au contraire du carré qui suggère souvent un enfermement. Des
lignes peuvent barrer l’image et rappeler la prison, une spirale peut apparaître
et évoquer une ascension… etc.
Et encore
Les contrastes (surtout dans le NB), les détails incongrus, les oppositions /
convergences avec le texte d’accompagnement (éventuellement), les valeurs
accordées aux différents plans, la possibilité d’une histoire avant et après la
photo, ou au contraire une image donnée telle quelle.
Enfin
L’activité du spectateur est importante, mais elle est liée à celle du photographe
avant lui et elle s’en émancipe. Chaque spectateur a son histoire, sa culture et
son interprétation de l’image. La dénotation permet de se mettre d’accord sur
une explication a minima, mais la connotation est ensuite la plus intéressante.
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Au fil des photos
Pour chaque photo nous vous proposons une légende (texte en écriture
italique) qui en précise le contexte, puis une aide à la lecture de l’image brute.
Photo 1 : Gandhi, 1948
Gandhi, New Dehli, 1948.
Toute sa vie, Gandhi a combattu de manière non violente toutes les
formes d’oppression et de discrimination principalement dues au
colonisateur britannique.
© Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos.
La difficulté vient de la différence d’âge, de mémoire et de
culture entre les jeunes et ceux qui leur montrent les photos.
Les notions qu’on veut apporter sur le plan historique le
seront APRES la découverte de la photo, donc de façon plus
active et efficace.
On peut questionner les jeunes sur le vêtement, l’âge et
l’origine du personnage, le cadrage décalé, les gestes
et surtout le regard. Des hypothèses peuvent être alors
conduites sur l’intérêt de cette photo et ensuite on donnera les infos.
Photo 2 : Le Dalaï Lama, 1959
Le dalaï-lama et les réfugiés tibétains fuient en Inde, 1959.
© Marilyn Silverstone / Magnum Photos.
Même difficulté que dans la première photo, mais le dalaïlama est plus facilement identifié par les jeunes. Des points à
souligner :
•La construction pyramidale implique la prééminence du personnage sur les
autres, mais sans notion de domination (sourire, guirlandes, attitude des gens).
•Étude des regards, ce qui implique de penser à celui du photographe
et au nôtre. D’où a été prise la photo ? D’un point qui domine les gens,
presque au niveau du dalaï-lama. Empêche aussi l’idée de domination.
•La situation : les indices temporels (le train) et spatiaux (Asie) demandent
des explications qui seront données à ce moment.
6 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 3 : ANC, 1961
Soweto, Johannesburg, Afrique du Sud, 1961.
Dans le township de Soweto (symbole de la discrimination raciale instituée
par la doctrine de l’apartheid), la police matraque des manifestants de l’ANC
(African National Congress) qui dénoncent cette politique privant la majorité
noire de la plupart des droits fondamentaux.
© Ian Berry / Magnum Photos.
La photo instantanée nous raconte une histoire :
une manifestation ou une révolte, un policier noir va
matraquer un autre Noir, mais le policier porte une
tenue de colon blanc.
On aperçoit des mouvements de fuite, la douleur du
manifestant, des barbelés.
Cette photo appelle un récit, des interrogations, et ensuite des explications.
Photo 4 : Berlin, 1963
(en rapport avec la photo 29)
Deux frères se retrouvent à l’occasion des fêtes de Noël, Berlin, 1963.
© Ian Berry / Magnum Photos.
Cette photo évoque a priori un film comique, des
années 50 ou 60, avec le sourire, l’allégresse, le pas
de danse, une manifestation surjouée de la joie.
Mais le décor, qu’on regarde ensuite, pose question
et on sent que ce n’est sans doute pas une comédie.
La tragédie affleure, déjà là à l’époque de la photo,
mais encore légère par rapport à la suite. Là aussi viendront explications et
narration de la suite, jusqu’à la chute du mur.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 7
Photo 5 : Algérie, 1962.
Alger, 1er juillet 1962.
Veille du référendum sur l’indépendance de l’Algérie qui a pour la première
fois permis aux femmes de prendre part au scrutin.
© Marc Riboud / Magnum Photos.
La dénotation : des femmes voilées, vont voter dans une
langue qui n’est pas la leur, pour un référendum.
La connotation : cette photo repose sur des paradoxes. Les
femmes sont voilées, mais ont le droit de vote ; elles sont
algériennes, la question est en français ; le référendum est
un choix, mais la réponse est imposée au mur avec une
flèche impérative.
Les regards des femmes, peu visibles, semblent
interrogateurs ou soucieux, la présence du photographe y est pour quelque
chose, mais la situation aussi. Au total, on sent une présence écrasante de la
France qui offre un choix qu’elle voudrait guider.
Photo 6 : Martin Luther King, 1964.
Baltimore, États-Unis, 31 octobre 1964.
Martin Luther King, de retour aux États-Unis après avoir reçu le prix Nobel
de la paix. Il a joué un rôle prépondérant dans les mouvements pour les
droits civiques et les droits fondamentaux, dénonçant la ségrégation dont la
population noire était la cible.
© Leonard Freed / Magnum Photos.
Comparer avec la photo 2 (Dalaï Lama - voir page 6) :
le personnage semble jouir de la même ferveur, mais
dans la joie.
La composition de la photo est très différente : elle est
saturée et semble enserrer Martin Luther King dans la
foule, il est au milieu d’elle, à son niveau.
Gros plan sur les mains nouées, très symboliques.
Les seuls blancs sont deux policiers. Symbolique aussi.
8 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 7 : Pacifisme, 1967.
Washington, 21 octobre 1967.
Marche pour la paix au Viêtnam devant le Pentagone. Cette image -devenue
emblématique de l’opposition pacifiste à la guerre du Viêtnam- symbolise les
nouvelles formes de contestation qui ont marqué la fin du XXe siècle..
© Marc Riboud / Magnum Photos.
Cette photo très célèbre est
parfaitement symbolique. On peut
expliquer le contexte, mais c’est
surtout le message qu’elle porte qui
est remarquable. La composition
joue sur des oppositions : une jeune
femme / des soldats, une fleur / des
fusils et des baïonnettes, un sourire
/ des masques impassibles, la
liberté d’action / l’attente des ordres,
la volonté de paix / la menace.
La tension (les armes sont pointées sur la jeune femme) est en partie annulée
par la part importante que prend la jeune femme dans la photo pourtant
séparée en deux parties égales (elle semble plus grande que les soldats). La
fleur est placée à peu près au « nombre d’or » d’une composition, ce qui nous
donne cette impression d’équilibre et de sérénité malgré la situation.
Photo 8 : Viêtnam, 1968.
(à voir avec la suivante/public averti)
Au cours de la guerre du Viêtnam, exécution sommaire en pleine rue d’un officier
viêt-cong par le chef de la police sud-vietnamienne. Cette photo, offrant un visage
moins honorable de ce conflit dans lequel leur armée était engagée, a contribué à
retourner l’opinion des Américains.
© Eddie Adams/AP/SIPA.
C’est également une photo très célèbre. Son impact est
comparable à celui que subit le prisonnier en attendant
la mort. La composition est parlante : un décor urbain en
guerre (chars), pas de « civils », un point de fuite barré par
un char et surtout un jeu de regards et des expressions
qui résument les horreurs de la guerre, civile surtout. Le
soldat de gauche exprime la hâte (et la satisfaction) d’en finir, le tireur est calme
et froid, le victime ferme les yeux sur son destin et nous regardons, intensément,
l’horrible qui va se produire, ce que nous ne voulons pas voir. Se pose aussi la
question du photographe : regarder, témoigner, agir, cautionner… ?
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 9
Photo 9 : Viêtnam, 1968 (en lien avec la photo 8 voir p 9)
Marines maltraitant un civil vietnamien capturé pendant l’offensive du Têt, Hu
© Don McCullin / Contact Press Images. (public averti)
C’est une situation proche, même sans exécution ici. Dans la
photo 8, les protagonistes sont du même pays, mais dans des
camps opposés. Ici, des soldats alliés s’en prennent à un civil.
La photo 8 était ouverte, celle-ci est fermée, saturée, le cercle
des trois soldats domine et écrase le civil humilié, attaché, un
chiffon sur le visage.
Une construction en triangle, mais au lieu d’exprimer l’élan
(quand le sommet du triangle est vers le haut), elle impose la
défaite, le malheur. Le regard des trois marines est braqué sur le prisonnier, mais
celui du photographe et le nôtre aussi.
Et nous voilà dans le cercle des tortionnaires…
Photo 10 : Prague, 1968.
L’entrée des chars soviétiques dans Prague porte un coup d‘arrêt définitif
aux espoirs soulevés par le « Printemps de Prague » qui avait vu éclore la
théorie d’un « socialisme à visage humain » censé introduire un certain
nombre de libertés et de réformes.
© Josef Koudelka / Magnum Photos.
Sans les références historiques, la photo parle d’ellemême et décrit les malheurs de la guerre moderne et
surtout de ce que l’on sent comme une invasion ou la
répression d’une révolte.
C’est le décor urbain qui marque, quotidien (autobus,
maisons), en principe hors des champs de bataille…
Mais le XXème siècle nous a appris les guerres urbaines.
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Commission éducation aux droits humains
Photo 11 : Irlande, 1968-69
East End, Londres, 1968
Un sans-abri irlandais agonisant en pleine rue. La prospérité engendrée par
la croissance économique des Trente glorieuses ne met pas un terme aux
phénomènes de pauvreté.
L’indifférence des opinions ou des autorités contribue gravement à la
marginalisation des oubliés de la croissance.
© Don McCullin / Contact Press Images.
La référence à l’Irlande apporte des précisions sur le contexte, mais cette
photo dépasse le cadre historique. C’est la pauvreté extrême, la négation des
droits élémentaires : pas de toit, même en carton.
Il est sans doute mort, dans le plus grand dénuement.
Son corps sera peut-être transporté sur la charrette
à bras que l’on voit derrière, scène évoquant les
épidémies, les guerres de jadis.
Ce corps abandonné interroge le spectateur sur
les laissés pour compte de notre société, sujet
particulièrement crucial aujourd’hui.
Photo 12 : Mexico, 1968
Athlètes américains manifestant contre la discrimination raciale aux ÉtatsUnis, Jeux olympiques, Mexico, 1968
© Raymond Depardon / Magnum Photos.
Pour des jeunes, la photo est claire : un podium de JO (les marches, les trois
personnes, les gens curieusement vêtus au second plan, mais c’est l’attitude des
trois lauréats qui interroge.
Celui de gauche est figé dans une attitude prévisible, les
deux autres sont surprenants : le premier lève un bras,
l’autre croise les deux. La commentaire nous apprend que
l’on joue alors l’hymne américain, mais cela demande un
commentaire historique et sociologique pour faire saisir
les enjeux de la situation.
Dans la photo, ce sont les regards et les attitudes des trois athlètes qui révèlent un
malaise.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 11
Photo 13 : Viêt-Nam, 1972
Village de Trang Bang, Sud-Viêtnam, 8 juin 1972.
Cette photographie de cette petite fille, Kim Phuc, fuyant les
bombardements au napalm, a eu un énorme retentissement dans le monde
entier. Elle a nourri les condamnations déjà vives de la guerre du Viêtnam et
contribué au retrait des troupes américaines.
© Nick Ut / Ap / Sipa.
Cette photo célébrissime est parfois mal interprétée, on y voit Hiroshima par
exemple, mais cela n’a finalement pas tellement d’importance. C’est dire sa
force de suggestion : tout joue sur des contrastes qui nous heurtent.
Une fillette nue au milieu de la photo, seule parmi des enfants et soldats
habillés. Des enfants / des adultes soldats. Des adultes protecteurs ou
menaçants ? Un ciel noir de nuages, une route, une fuite…
Tout est dit sur la guerre moderne : les victimes sont des civils, la fuite et
l’exode s’imposent, les soldats ont un rôle ambivalent, l’enfance n’est plus
à l’abri. Les cris des enfants et leurs pleurs sont violents à nos yeux, à nos
oreilles, même muets, et à nos consciences, peut-être.
Le commentaire insiste sur la figure emblématique qu’est devenue la petite
fille, mais aussi sur les interrogations qui ont amené l’agence à décider de
publier ou non la photo de cette enfant nue, comme si c’était plus grave que
l’attaque elle-même.
12 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 14 : Atacama, 1999
Route panaméricaine, désert d’Atacama, Chili, juin 1999.
Ce désert a servi de lieu de relégation et d’exécution pendant la dictature du
général Pinochet (1973-2006) marquée par d’innombrables violations des
droits humains (plus de 3 000 morts ou disparus, plus de 35 000 personnes
torturées).
© Patrick Zachmann / Magnum photos.
Une route, du sable, des cailloux, c’est tout. La route
rappelle le tracé d’une rivière, mais justement, il n’y
a pas d’eau, rien dans ce désert. Le partage en 1/3
– 2/3 de la photo met au premier plan les cailloux et
l’absence totale de végétation, de vie.
L’arrière-plan est tout aussi désolé, mais garde une trace de vie : la route
; or, elle-même n’est que minérale. On aurait pu avoir une belle photo de
dune, on ne voit que la désolation. Elle est liée à un lieu, mais là encore, la
photo symbolise les déserts, leur avancée, leur menace mais aussi celle des
hommes, leur violence (les exécutions)..
Photo 15 : Cambodge, 1995
Chambre de torture, Tuol Seng (S-21), Cambodge, 1995.
Entre 1975 et 1979, ce lycée de Phnom Penh est transformé par les Khmers
rouges en centre de détention et de torture. Sur ses 16 000 à 20 000
détenus aucun ne s’est échappé et seuls sept survivants ont été retrouvés
à la libération du camp. En 2007, Duch (ancien dirigeant du camp) a été
inculpé pour crimes contre l’humanité.
© Bernard Faucon / Agence VU’.
Nous sommes dans un montage, puisqu’il s’agit de la
photo d’un musée et non de la cellule elle-même. La
photo au mur donne une construction en abîme et ajoute
la présence de grilles, rappel de la destination du lieu
(prison, torture).
Le décor est nu, austère, menaçant avec la boîte au
premier plan dont on imagine la destination (torture). Le lit, banal et pitoyable,
est aussi menaçant (les chaînes) et en même temps nous arrache un sourire
avec sa décoration de fer forgé destinée à d’autres usages, faire joli, en un
temps où cela avait un sens.
La nudité laisse libre cours à notre imagination. Hélas.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 13
Photo 16 : Argentine 1999
Buenos Aires, juillet 1999.
Depuis 1977, chaque jeudi, les “mères de la place de mai” se rassemblent
devant le palais gouvernemental pour réclamer vérité et justice sur leurs
proches disparus. On estime à plus de 30 000 le nombre de disparus lors
de la dictature Videla (1976-1983).
© Patrick Zachmann / Magnum Photos.
À première vue, une photo de manifestation parmi
d’autres, mais ici ce ne sont que des femmes, assez
âgées, un foulard blanc sur la tête, qui brandissent
des pancartes avec photo et une banderole faite de
petites photos. Elles suscitent une interrogation : qui
sont-elles et que font-elles ?
La narration d’après la photo dit des femmes, des mères, l’absence d’hommes
(découragés, morts, disparus ?), des photos de disparus, morts ? Une jeune
femme au premier plan, écho lointain des manifestantes. Ce n’est pas
la violence qui émerge, ni la résignation, mais la présence, la ténacité : la
banderole, par le nombre de petites photos, indique un combat qui concerne
une multitude. Le regard de la première femme est symbolique : fixe, dur
comme son visage, résolu.
Photo 17 : Floride, 1980
(à rapprocher de la 30)
Réfugiés cubains, Floride, 1980.
L’arrivée de Fidel Castro au pouvoir à la Havane en 1959 a entraîné différentes
vagues d’émigration. Fondés sur des considérations économiques ou
politiques, ces exils se sont souvent déroulés dans des conditions effroyables.
© Owen Franken.
Sans connaître la situation, on est frappé par le
nombre de lits, la régularité de leur alignement, la
quasi-absence de mouvement des personnes. Ces
rangées pourraient n’avoir pas de fin, comme les
tentatives d’exode ou de fuite ?
Les personnes, des hommes apparemment, ne
sont pas caractérisées, ce sont des « migrants », comme si la situation leur
faisait perdre leur spécificité. La ressemblance des lits et literies évoque la vie
militaire. Les exilés de Cuba connaissent d’abord l’uniformisation. On pense
à d’autres camps, moins carrés, moins propres, mais avec la même perte
d’identité.
14 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 18 : Pologne, 1980
Gdańsk, Pologne, 1980.
Lech Walesa s’adresse à la foule pour annoncer l’accord du gouvernement
ouvrant la voie à la constitution de syndicats indépendants. Cet accord
couronne de succès la mobilisation de grévistes dans un pays alors
totalement verrouillé. C’est aussi un de ces premiers bouleversements qui
conduiront à l’effondrement du bloc soviétique.
© Peter Marlow / Magnum Photos.
C’est une construction pyramidale à droite, mettant
en scène le côté charismatique de l’orateur (il faudra
expliquer qui est Walesa), construction renforcée par
la marée humaine à gauche, en contrebas.
Le regard va de Walesa à la foule qui se presse,
s’interroge sur les deux hommes à droite (ils veulent
soutenir Walesa, le toucher ?), identifie la barrière florale qui délimite la tribune.
On reconnaît la disposition habituelle des pays du bloc de l’Est, mais ce qui
l’emporte, c’est la spontanéité, le côté improvisé, l’attitude de Walesa, à la fois
assuré, souriant, et peu en équilibre. C’est son sourire qui reste, finalement.
À rapprocher d’autres photos de liesse (ML King, le Dalaï Lama…).
Page 19 : Moscou 1981
Moscou, 1981.
© Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos.
La dureté du milieu urbain est esquissée, à l’aide des
formes massives et sombres des hommes, des ombres,
des murs et du sol.
Le photographe a saisi le moment où le couteau entre en
contact (jusqu’où ?) avec le corps qui tressaute, ce qui
est d’une extrême violence qui n’apparaît pas au premier
regard. Nous sommes alors attirés par le visage de l’agressé, puis par celui de
l’agresseur et enfin nous tentons de voir ceux des passants. Peur et surprise pour
le premier, froideur pour le deuxième, rien pour les autres. On peut parler de la
xénophobie qui suscite des attentats « au faciès » en Russie. Nous devons alors
reconstituer un sens à cette scène, une causalité.
Ceci nous amène aussi à nous interroger sur le rôle du témoin et du photographe
en particulier.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 15
Photo 20 : Salvador, 1982
(public averti)
El Mozote, Salvador, 1982.
De 1980 à 1992, ce pays est le théâtre d’une guerre civile entre l’extrême droite
(ARENA) et guérilleros marxistes. On estime à plus de 100 000 le nombre de
victimes (majoritairement civiles) de ce conflit marqué par plusieurs massacres,
comme celui du village d’El Mozote en décembre 1981 dans lequel plus de 1 000
personnes ont trouvé la mort en une journée.
© Susan Meiselas / Magnum Photos.
Cette photo difficilement soutenable frappe par sa crudité, mais
aussi par le contraste qu’elle offre entre la mort, le charnier, le
massacre et la nature en second plan. Quel enjeu a déterminé
ce massacre ? La mort fut violente, l’abandon des corps rapide,
peut-être un peu enfouis. Ils sont désarticulés, comme la mort
les a saisis. On pense à Villon et à la Ballade des pendus, fort
peu au Dormeur du val de Rimbaud. Ces morts n’ont rien de
paisible, la nature autour d’eux est abîmée aussi, la guerre apparaît dans sa cruauté,
son absence de sens et c’est aussi le mépris des « règles » de la guerre qui éclate.
Photo 21 : Inde, 2004
(public averti)
Hôpital de Bhopal, Inde, 2004.
Le docteur Sathpattry présente des foetus de victimes
du gaz libéré lors de l’explosion d’une usine chimique
survenue à Bhopal le 3 décembre 1984. Cette
explosion a fait plus de 4000 morts et plus de 360 000
victimes à des degrés divers. Elle reste à ce jour la plus
grave catastrophe industrielle. Plus de 25 ans après les faits, les multinationales
impliquées tardent à s’acquitter de leurs responsabilités.
© Raghu Rai / Magnum Photos.
La première idée qui vient, c’est celle des cabinets de curiosités, des collections
morbides du XIXème siècle. Les boîtes /bocaux contenant les fœtus sont de
taille croissante et dégagent un espace mettant en scène la personne qui parle
sûrement d’eux. Le décor de bureau devrait banaliser ces corps tordus, difformes,
et au contraire nous avons la certitude que quelque chose de banal, d’ordinaire,
a produit ces atrocités. La scène pourrait évoquer des médecins nazis et leurs
expériences sur les bébés, mais on a l’impression que cet homme, au contraire,
se bat contre ce qui a tué ces fœtus. Il s’appuie sur leur présence pour nous
persuader, par le geste, la voix, mais aussi l’émotion qui nous paralyse à la vue
de ces trois fœtus. Et la première idée revient, celle de ces romans du XIXème où
l’homme, ivre de science, joue les apprentis sorciers.
16 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 22 : Éthiopie, 1984
Éthiopie, 1984.
Arrivée massive au camp de réfugiés Bati : des personnes venues des zones
environnantes ont entendu dire que l’on y distribuait de la nourriture.
© Sebastião Salgado / Amazonas images.
La foule se dirige vers le coin inférieur gauche de la
photo, venant des trois autres côtés. Cette dynamique
rend perceptibles le mouvement, la hâte de ces gens
de tous âges, habillés traditionnellement ou non.
Les taches plus claires guident notre regard : vers la
famille au premier plan à G, puis chez les suivants, se
perd au loin vers les tentes /maisons claires, revient vers l’homme à chemise
blanche, le seul arrêté, un bâton à la main : qui est-il, que fait-il ? Le regard
repart vers la foule plus indistincte, l’arrière-plan, isole des visages, des voiles,
des attitudes. Et nous retenons cette urgence qui anime la foule. Peur, faim,
exode, tout est ouvert.
Photo 23 : Biélorussie, 1997
(public averti)
Minsk, Biélorussie, 1997
L’explosion d’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl (avril
1986) a eu des conséquences innombrables sur plusieurs générations et bien
au-delà des frontières de l’Ukraine. On estime à plusieurs millions le nombre
de personnes touchées, à divers degrés, par l’irradiation. L’asile de Novinski
accueille des enfants qui en portent les stigmates. Malformés de naissance ; ils
sont incapables de marcher.
© Paul Fusco / Magnum Photos.
Huit enfants sont au sol, tordus, un seul est presque
assis, un seul autre semble occupé à un jeu. Tous
présentent de graves difformités. Notre regard balaie
la scène, le malaise est trop grand, il tourne autour des
corps pour s’arrêter sur celui qui est assis. Que voit-il,
les yeux à demi fermés ? Cinq des autres enfants regardent le photographe,
signe d’une distraction sans doute rare. Le dernier regarde ailleurs. Ceux qui
sont couchés symbolisent tous les hommes que la catastrophe a terrassés,
les enfants qu’elle a engendrés. Au point symbolisant le nombre d’or, l’enfant
assis semble crier une forme de révolte. Mais il est tourné vers la gauche, vers
le passé, il n’a pas d’avenir. Là encore se pose le problème de notre regard et
vide celui du photographe. Mais il faut témoigner.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 17
Photo 24 : Iran, 1986
Téhéran, Iran, 1986
Femmes voilées pratiquant le tir dans les environs de la ville.
© Jean Gaumy / Magnum Photos.
Cette photo joue d’un contraste fort : femmes /
armes, femmes voilées et tradition / modernité des
armes, femmes voilées / femmes émancipées ( ?)
par la guerre, ombres des femmes, elles-mêmes
ombres / soleil… La modernité (femmes s’entraînant
pour la guerre) et la tradition (voiles) se heurtent,
car on ne voit pas quelle évolution pourrait émerger de cette situation. La
construction de la photo permet un gros plan sur une des femmes, grandie
par la perspective, individualisée, alors que celles de droite ne se distinguent,
surtout à la fin de la rangée, que par le nombre d’armes. Les trois de droite,
dont la contreplongée réduit aussi la taille, sont spectatrices, en attente. Les
contrastes de tons frappent aussi, le noir envahit la photo et la barre en son
centre. Cette dramatisation peut être dénouée quand on pense à des scènes
de films (les Sept mercenaires par exemple) hors de ce contexte.
Photo 25 : Guatemala, 2003
Guatemala, 2003. Doña Julia avec ses enfants et sa petite fille.
Elle a perdu sa mère et trois de ses soeurs, brûlées vives lors du massacre de
Vipulay. Un des 626 massacres liés au conflit armé qui a ravagé le Guatemala
entre 1960 et 1996. On estime à plus de 250 000 le nombre de morts ou
disparus, dont 80 % de Mayas.
© Miquel Dewever Plana / Agence VU’.
Une photo frontale : les femmes et fillettes (4)
assises, l’homme (un jeune garçon) debout, dans
un environnement quotidien. C’est bien le code de
la photo familiale un peu ancienne, de ces photos où
l’on se soucie de montrer qui était là, avant tout. La
fumée coupe le groupe, isolant le garçon ; les femmes sont proches aussi par
le vêtement, mais tous les cinq fixent intensément le photographe, et nous
avec. Nous cherchons dans le décor, leurs attitudes, ce qui justifie la photo et
pensons un moment à une photo un peu ethnographique. La légende nous
montre que c’est une photo de survivants : ils ont échappé à un massacre
et voilà qui explique leur attitude, leur gravité. Nous revenons à la fonction
première des photos de famille.
18 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 26 : Soudan, 1988
Kosti, Soudan, 23 octobre 1988.
Réfugiés du Sud-Soudan. Parmi eux, des enfants sous-alimentés et donc
trop faibles doivent être portés pour parcourir les 300 mètres qui les
séparent du centre alimentaire
© John Vink / Magnum Photos.
Une route, deux personnages en portant deux autres
marchent, de dos, vers un avenir incertain.
La photo est prise au moment où la seconde personne
passe près du photographe, ce qui donne un effet
particulier.
Seule, la silhouette de droite serait acceptable, la
maigreur de l’enfant moins proche, le pas sûr de sa mère porterait à l’espoir.
Mais la seconde silhouette montre de très près la maigreur de l’enfant, sous
un angle qui nous oblige à « mettre le nez dessus » littéralement. Pas moyen
de se cacher.
Et si deux femmes si semblables portent un même fardeau, combien sontelles derrière la seconde ?
Quelle urgence les pousse sur cette route stérile ? La légende nous le rappelle :
la nourriture. Mais ensuite ?
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 19
Photo 27 : Tian ‘anmen 1989
(en lien avec la photo 28 voir p 21)
Place Tian’anmen, Pékin, 26 mai 1989.
Au printemps 1889, plus de 100 000 étudiants se rassemblent sur cette place
centrale de Pékin pour réclamer l’introduction de réformes dans un système
communiste très centralisé. Cette occupation pacifique durera près d’un mois
avant d’être violemment réprimée par l’armée dans la nuit du 3 au 4 juin 1989.
© Stuart Franklin / Magnum Photos.
Cette image en appelle d’autres, comme le tableau de Delacroix, La Liberté
guidant le peuple, construit de façon proche.
La construction pyramidale, avec le jeune homme au sommet du triangle, son
ami qui le soutient et ferme un côté du triangle, la base avec la population
sur la place. Ce triangle est très souvent utilisé pour symboliser l’espoir, l’élan
Si l’on ne connaît pas la suite, on peut en rester à cette image positive, mais
même en l’ignorant, on a des indices. Le ciel en arrière-plan est noir d’un
orage que signalent aussi les parapluies et vêtements comme celui du 2ème
homme. C’est un orage réel, qui se doublera peu après d’un orage avec la
répression qui va s’abattre.
Les abris de toile que l’on distingue, les drapeaux, tout ce qui montre un
mouvement peut-être spontané, en tout cas bon enfant, tout cela sera facile à
détruire quand les orages viendront.
20 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 28 : Pékin, 1989
(en lien avec la photo 27 voir p 20)
Place Tian’anmen, Pékin, 4 juin 1989.
« The Tank man » arrêtant une colonne de tanks T59, © Stuart Franklin /
Magnum Photos.
Même époque que la photo 27, une de celles qui ont
fait le tour du monde, cristallisant un moment d’espoir.
Les tanks, arrêtés par un seul homme, désarmé. Le
commentaire donne le détail du contexte et des suites
jusqu’à nos jours.
Ce qu’on retient de cette photo, c’est l’instant suspendu : les tanks s’arrêtent,
l’un après l’autre, le dernier va les imiter. Par ailleurs, la largeur de la route, les
lignes et les flèches signalent une plus grande possibilité d’intervention, une
nuée de tanks et d’autobus transportant les soldats pourrait arriver.
Tout est en attente, tout est possible, un instant…
Photo 29 : Berlin, 1989
(en rapport avec la photo 4 voir p 7)
11 novembre 1989. Photo
La chute du Mur de Berlin (érigé en 1961) symbolise la fin de la Guerre
froide et de l’opposition des blocs.
© Raymond Depardon / Magnum Photos.
Si on ignore la situation, la photo en elle-même suggère des hypothèses. Que
fait là ce jeune homme, pourquoi ce cri ? Il est pris en contre-plongée, le mur
semble monter en raison du point
de vue, le cri monte également.
On suppose que l’escalade n’a pas
été simple (il porte des gants), pas
d’arrière-plan, le jeune homme est
seul, mais d’autres l’ont précédé
(les tags).
Quand la situation est élucidée, ce
cri peut être interprété : douleur
du passé, victoire au présent, défi
à l’avenir ?
Le jeune homme peut symboliser la jeunesse de la RDA, frustrée (et son
costume montre un attrait pour l’Ouest).
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 21
Photo 30 : Grèce, 1990
(à rapprocher de la photo 17 voir p 14)
Station balnéaire et port de Prévéza, Grèce, 1990.
La Grèce est une porte d’entrée de l’Europe pour de nombreux migrants. Parmi
eux se trouvent des demandeurs d’asile en quête de protection. La Grèce est
régulièrement montrée du doigt pour les conditions faites aux demandeurs
d’asile, qui les privent d’une série de droits essentiels.
© Nikos Economopoulos / Magnum Photos.
La photo est organisée de manière à suggérer le nombre
en ne montrant vraiment qu’une personne : les matelas
attendent d’autres réfugiés. Partant de l’homme au premier
plan, le regard remonte vers les autres matelas, arrive au
personnage du fond (témoin, passant, réfugié ?). On ne
voit aucun visage, le premier homme est réduit à ses sacs
et sa position (ses richesses, son épuisement), le second
à une vague silhouette. Anonymat, précarité, angoisse,
incertitude, tout est suggéré par cette construction. Le seul
élément de décor, les feuilles mortes, interroge sur le lieu : ces gens dorment
donc dehors ? Quel accueil reçoivent-ils ? Si l’on compare avec la photo 17,
le contraste est grand entre l’organisation quasi militaire d’un côté et cet
abandon. Mais c’est le même anonymat, au fond.
Photo 31 : Grèce, 1991
Grèce, 1991.
Réfugié albanais arrivant en Grèce, frontière gréco-albanaise, .
© Nikos Economopoulos / Magnum Photos.
Un visage en gros plan donne des détails, celui-ci empêche au contraire de
reconnaître la personne. On suppose qu’il s’agit d’un très jeune homme, il
est réduit à ses yeux, levés vers le haut, regardant quelque chose que nous
ignorons.
De même, nous ignorons qui se tient à ses côtés (ami,
policier ?), ce que sont les lumières au fond (ville,
reflets, mer ?) et quelle est la situation. Les sourcils
du jeune homme donnent une tonalité inquiète et
interrogative à la photo. Et notre regard revient sur
l’élément intrigant : le col roulé remonté, contre le
froid, pour l’anonymat ?
À nous de dire ce que la photo nous suggère.
22 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 32 : Mexique, 1992
Oaxaca, Mexique, 1992
Un père et sa fille cherchent à entrer aux États-Unis pour trouver du travail.
© David Alan Harvey / Magnum Photos
La dénotation de cette photo est sommaire. Un
homme et un enfant / adolescent sont sur le bord
d’une rue où passent des voitures. Nous sommes
quelque part en Amérique latine, dans un lieu assez
pauvre.
La connotation nous suggère d’autres points : la rue
peut indiquer une attente, une fuite. Le regard de l’homme est douloureux
et il guette quelque chose, l’enfant ne regarde rien, comme vidé de toute
énergie. La couverture qui l’entoure semble les désigner comme errants,
vivant dans la rue. Les voitures sont en mauvais état et indiquent aussi une
certaine pauvreté.
Le regard se heurte aux deux pylônes / piquets qui encadrent les deux
visages. Ils signalent l’enfermement, la prison, pas forcément physique. Ceci
plus l’impression d’abandon colorent cette photo d’une profonde tristesse.
Photo 33 : Thaïlande, 1993
Pattaya, Thaïlande, 1993.
Une jeune prostituée avec son client (il paie 12 dollars) dans un hôtel. La
Thaïlande est devenue un des hauts lieux du tourisme sexuel en Asie, impliquant
de très jeunes femmes ou hommes. La prostitution enfantine se développe en
raison de l’insuffisance des lois, de la pauvreté et de l’aliénation des femmes.
© Patrick Zachmann / Magnum Photos.
Le cadrage et le flou semblent indiquer une photo « volée ».
La mise au point a été faite sur le visage de la jeune fille.
Son regard est fixé sur l’homme, le regard du photographe
domine la scène (en plongée) et le nôtre vient chercher
les yeux de la jeune fille. Dans ce circuit, quelqu’un n’a ni
regard, ni visage, c’est l’homme, flou, presque nu, réduit à
une silhouette menaçante (en raison de la plongée et de la
nudité).
La scène parle d’elle-même, nous revenons sur le regard dans lequel nous
pouvons alors lire la peur, celle que nous sentons devant cette situation. La
banalité et la simplicité du décor nous indiquent que quelque chose de banal
se produit régulièrement là. Banal ? Justement, non.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 23
Photo 34 : Bosnie, 1993
Bosnie, 1993.
© Gilles Peress / Magnum Photos.
Notre regard part du trou dans la vitre pour balayer
le décor derrière, d’abord les tours, puis la ville, les
montagnes au fond, avant de revenir sur la vitre.
Ces tours penchées par la prise de vue montrent
une ville en construction (la tour de gauche est
inachevée), transformant son urbanisme (les maisons
plus anciennes sont très différentes), et à ces soubresauts s’ajoute celui qui
a causé le bris de vitre. Le trou indique une balle, la violence, une guerre, la
prise de vue oblique suggère le déséquilibre, comme dans l’architecture.
On s’interroge alors sur l’endroit d’où est prise la photo : une autre tour
probablement ; et l’on visualise le décor, un monde ancien terrassé par ces
constructions disproportionnées, mais aussi par la violence.
Photo 35 : Rwanda,1994
Zaïre, 1994
Près de la frontière rwandaise, Goma.
© Gilles Peress / Magnum Photos
Ce qui frappe, c’est la saturation, pas d’espace libre,
mais aussi le camaïeu de gris, les armes entremêlées.
C’est une image qui s’impose, qui veut frapper, qui ne
laisse pas place à la réflexion dans un premier temps.
Un conflit, violent (le nombre), primitif (corps à
corps, objets détournés de leur destination première,
agricole essentiellement), terminé ou en passe de l’être (les armes ont été
collectées). Le nombre implique aussi le nombre potentiel de victimes. La
masse sombre, les gris, l’absence d’espace, quelque chose d’étouffant, de
primitif : c’est de l’âme humaine et de sa partie sombre qu’il s’agit.
C’est une photo ancrée dans un contexte, mais qui révèle un aspect de notre
humanité.
24 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 36 : USA, 1994
Llano, Californie, États-Unis,1994.
Le problème des sans domicile est largement occulté aux États-Unis où l’on
estime pourtant que plus de 3,5 millions de personnes n’ont pas de logement. Les
répercussions sur les enfants (exclusion des systèmes de santé, d’éducation…) sont
très préoccupantes dans un pays pourtant prospère. Voici Crissy, Dean and Linda
Damm.
Le visage de Crissy parut si pathétique à Mary Ellen Mark lorsqu’elle arriva un matin
et la trouva dans le lit de son beau-père qu’elle lui demanda ensuite s’il abusait
d’elle. La fillette nia. Mais elle finit par reconnaître, quelques mois plus tard, qu’il la
violait. Linda partit alors avec ses enfants.
© Mary Ellen Mark.
Au centre de la photo, le regard d’une fillette, seule
éveillée quand les adultes (ses parents ?) dorment. On
imaginerait plutôt le contraire. Le père (en réalité le beaupère) semble à la fois protecteur (ses bras enserrent la
fillette) et menaçant (le spectre de l’inceste rôde), la
mère ( ?) inexistante.
Le regard se détache de celui de l’enfant pour voir le décor : tout signale la
pauvreté, la vétusté, la négligence (la barquette à terre), mais aussi la drogue
(sur la commode). Deux objets attirent l’œil : le Pepsi et la Vierge en plastique,
couchée. Un raccourci d’un mode de vie ?
L’œil revient sur la fillette et sur le bras de l’homme, fort, emprisonnant l’enfant.
Et les yeux grands ouverts de la fillette qui regarde ailleurs nous dérangent. Que
voit-elle qui la tient éveillée ?
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 25
Photo 37 : Mandela, 1994
Afrique du Sud, 1994.
Des partisans de Nelson Mandela grimpent sur un poteau pour le voir arriver
dans son township natal. Libéré en 1990 après avoir passé 27 années en
prison pour ses prises de position contre l’Apartheid, il devient en 1994
le premier président noir de l’Afrique du Sud et mène une politique de
réconciliation nationale. Retiré de la vie politique, il reste très impliqué dans
toute une série de combats.
© Ian Berry / Magnum Photos.
Mandela et la ferveur qu’il suscite, le tout dans une photo qui ne le représente
qu’en photo… de photo.
La prise de vue accentue la taille de la photo (un immense visage) par rapport
aux spectateurs, des adolescents. Le visage est empreint de sérénité, le regard
vers l’avenir, un sourire, c’est une icône. Pour le voir, les adolescents ont dû
monter haut, ils dominent la scène et attendent, regardent. L’équilibre de la
photo est assuré par l’enfant en train de grimper et celui de gauche, ils font
contrepoids (virtuel) aux autres et au panneau.
Notre regard, attiré par celui de Mandela, découvre aussi les failles, les
déchirures, le papier qui se décolle. Une icône, mais fragile, menacée.
26 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 38 : Tchétchénie, 1996
(en lien avec la photo 39)
Tchétchénie, juillet 1996.
Fatima, 18 ans, a été enlevée et vendue 1 000 dollars en vue d’un mariage forcé.
Cette pratique demeure répandue dans le Caucase du Nord et témoigne des
discriminations dont les femmes sont encore l’objet dans de très nombreux pays.
© Stanley Greene / Noor Images.
La Tchétchénie nous offre d’habitude d’autres images, violentes. Si on ne
lit pas la légende, celle-ci ne nous touche pas
particulièrement. L’éclairage par la droite met en
lumière le visage de la mariée et de sa mère ( ?), mais
laisse seulement deviner deux silhouettes féminines.
On devine un mariage traditionnel (broderies,
foulards, diadème), peut-être musulman.
La légende introduit un contexte de violence invisible au premier abord, et
du coup on remarque le cadrage serré, étouffant, la lumière que ne regarde
pas la mariée. Au centre de la photo, le sourire épanoui ne « parle » pas de
violence.
Photo 39 : Grozny, 1996 (en lien avec la photo 38)
Groznyï, Tchétchénie, juillet 1996.
Ce mur couvert d’éclats d’obus témoigne de la violence de la première guerre
de Tchétchénie. Cette guerre qui opposait les séparatistes tchétchènes à l’armée
russe a fait plus de 100 000 morts et a été marquée par de très nombreuses et
graves violations des droits humains.
© Thomas Dworzak / Magnum Photos.
Cette photo n’a pas besoin de légende pour visualiser
la violence, les impacts de tirs en sont le signe patent.
Les deux femmes sont au contraire dans une vie
quotidienne, sans inquiétude apparente, les robes
et chaussures indiquent une fête possible. On est
frappé de voir qu’elles se protègent du soleil avec leur main, alors qu’elles ne
regardent pas les impacts, plus traumatisants pour nous. Elles sont dans la
violence routinière, quotidienne, elles vaquent à leurs occupations.
La photo est déséquilibrée, les pieds des femmes sont coupés, le mur est
oblique : c’est la prise de vue qui accentue l’écart entre la guerre latente et la
vie quotidienne.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 27
Photo 40 : Rafah 1996
Rafah, Gaza, 1996.
Passé successivement du contrôle égyptien au contrôle israélien avant d’être
placé sous autorité palestinienne, le camp de réfugiés palestiniens de Rafah
(sud de la bande de Gaza) est tristement caractéristique des bouleversements
dont les populations peuvent être l’objet dans cette zone du Proche-Orient.
© Nikos Economopoulos / Magnum Photos.
Le regard va droit au billet de banque et au grand sourire
de l’enfant, avant de se perdre dans la perspective de
la ruelle et son point de fuite. L’impression première est
contradictoire : misère et délabrement à l’arrière-plan,
joie au premier plan. On peut bâtir une explication de
cette image. L’enfant a travaillé ou mendié et a reçu ce billet en récompense. Il
est dans un camp de réfugiés, la misère règne.
Le sourire éclatant de l’enfant est ébréché (dent cassée), son tricot est sale
(il a travaillé dur ? pas d’eau pour se laver ?), la ruelle est jonchée de détritus.
Nous sommes à la fois dans le quotidien qui s’organise comme il peut, malgré
la pauvreté et la précarité, et dans un événement extraordinaire, en filigrane,
qui a abouti à ce billet. À nous de réfléchir.
Photo 41 : Haïti, 2000
Haïti, 2000.
Après avoir quitté l’île de la Tortue, ces réfugiés haïtiens tentent de rejoindre les États-Unis
dans des embarcations de fortune, beaucoup trouvent la mort lors de ces traversées
© Christopher Anderson / Magnum Photos.
Cette photo pose la question de sa prise : qui, quand,
comment ? Le danger semble imminent sur le bateau,
visible par les rondins (il va couler, dit le commentaire),
les regards affolés, les bouches crispées, le flou, le
désordre… montrent que quelque chose d’inattendu se
produit. Le photographe est-il un témoin extérieur ? Peu
probable. Un témoin « embarqué » ? Plus sûrement. Pour montrer, dénoncer…
On cherche alors des explications dans la photo : ces hommes sont sans doute
à fond de cale, avec le témoin, ils ont peur, il fait chaud (celui du milieu est
nu), mais l’un est couvert (pour se sauver ?). C’est encore les regards qui nous
guident : l’un nous regarde, hagard, son voisin regarde vers l’extérieur du cadre,
les deux autres ont les yeux cachés. Au centre de la photo, le flou sur la nudité
attire l’œil aussi, symbole de ce qui bascule, de la fragilité.
28 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 42 : Tchétchénie, 2000
Tchétchénie, février 2000.
Femme Russe, épouse d’un Tchétchène, Samashky.
© Thomas Dworzak / Magnum Photos.
Les couleurs sont ternes, sauf au centre (vêtements
de la femme) et nous regardons d’abord ce visage,
puis ce qu’elle regarde : l’ombre menaçante de l’arme
assombrit la photo.
Énorme, par l’effet du premier plan, l’arme semble
menacer la femme, mais on sent que c’est une autre
angoisse qui saisit celle-ci. L’arme symbolise la guerre, la violence, qui envahit
le quotidien (tout l’arrière-plan témoigne de ce quotidien pauvre et en danger).
Le chat, à l’abri sous la table, est une image de ce quotidien.
L’expression de la femme, arrêtée dans son geste, montre l’impuissance
devant la situation.
Photo 43 : USA, 2000
Huntsville, Texas, États-Unis, 2000.
La famille d’un condamné à mort se tient devant le pénitencier de Walls
Unit durant son exécution. Sur les 192 États membres des Nations unies,
58 appliquent encore la peine de mort. Aux États-Unis, le Texas est l’État
qui exécute le plus de condamnés : près de 40 % des exécutions y sont
appliquées, principalement par injection létale.
© Jérôme Brézillon / Tendance Floue.
Cette photo ne peut se comprendre sans sa légende. Si on
ne l’a pas, on voit une scène un peu étrange, trois personnes
enlacées, l’homme soutenant deux femmes, lui-même
accroché à un panneau ; une pochette et des objets à terre
témoignent d’une agitation qui a précédé ce moment. Le
décor ne donne guère d’indications, mais le mur à gauche,
avec un système de protection, est un indice. La photo
baigne par ailleurs dans le banal et le calme. Avec la légende, la perspective
change et nous comprenons l’agitation qui a précédé le recueillement, nous
supposons alors que ces gens prient ou / et se soutiennent mutuellement
pendant qu’un de leurs proches meurt.
C’est alors l’exclusion qui est montrée : la famille de la personne exécutée
mise à l’écart, sa douleur non considérée par rapport à celle de la victime.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 29
Photo 44 : New York, 2001
New York, 11 septembre 2001.
Après l’effondrement des tours du Wall Trade Center.
© Gilles Peress / Magnum Photos.
La photo est en couleur, mais les dégâts ont finalement
suggéré une couleur assez proche de la sépia, tonalité
des photos anciennes. Ceci suggère d’emblée une
nostalgie, un monde révolu.
C’est de cela qu’il s’agit, le 11 septembre a obligé
le monde à un nouveau regard sur lui-même. La
perspective est orientée vers la gauche (dimension du passé dans nos codes
occidentaux), la rue qui y mène est encombrée de débris. La lumière éclaire un
bel immeuble endommagé, son architecture triomphale (grand portique) est à
la fois accentuée (lumière) et niée (dégâts). De même, au fond, les poutrelles
tordues, les décombres, la fumée, tout évoque la guerre, un bombardement.
Mais aussi un raz-de-marée ou un séisme, comme nous le savons depuis la
catastrophe de Fukushima. Cette photo montre la réalité des dégâts, mais
aussi la symbolique : un monde s’effondre, un autre va naître. Un séisme
moral aussi bien que matériel a eu lieu.
Photo 45 : Indonésie, 2001
Malacca Straits, Indonésie, 2001.
Jeune pêcheur sur une plate-forme à 10 miles de la côte. Ces
jeunes travailleurs sont quasi réduits en esclavage (peu payés,
retenus des mois en mer…). L’emploi des enfants a beau être
interdit par le droit international, on estime que près de 350
millions d’enfants travaillent à des degrés divers, mais toujours
au détriment de leurs intérêts et droits spécifiques (dont l’éducation).
© Francesco Zizola / Noor Images.
Curieuse construction de cette photo : prise en plongée, l’objectif au-dessus
du garçon, en biais (le ponton), décentrée (les petits poissons sont au centre),
attitude peu naturelle du garçon et surtout la forme demi-circulaire qu’il dessine
avec son corps et les poissons. Le cercle pour les êtres vivants ou non, les formes
droites pour le décor. Ce pourrait être une photo heureuse : malgré sa pauvreté
apparente, un jeune garçon est content de sa pêche et se repose. La légende
détruit cette hypothèse : certes il est fatigué de sa pêche, mais il est prisonnier,
esclave et son corps tordu peut exprimer la souffrance. Les poissons, au centre,
nous rappellent que pour ses « patrons », il est moins important qu’eux.
30 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 46 : Inde, sans date
Children Observation Home n°2, New Delhi.
Dans cette prison gérée par l’État, le confinement est très sévère. Moment de la
toilette et de lavage du linge. Un gardien fait la ronde au-dessus des prisonniers,
de jour comme de nuit, et tape sur les barreaux pour accroître la tension auditive.
© Lizzie Sadin.
Construction classique, avec point de fuite et lignes de
fuite symétriques. Un détail change l’impression : le point
de fuite est situé au tiers inférieur de la photo, l’avenir qu’il
suggère est minoré d’autant. Les lignes sont multipliées par
la grille du haut et son ombre sur la gauche. Au total, cette
construction est une prison, autant que le lieu représenté.
Deux des personnes sont symboliques : l’un en bas, dans
la prison, accroupi, lavant du linge ; l’autre, « dehors », en
uniforme, marchant d’un pas ferme. Les autres sont réduits à des silhouettes
au loin, aux vêtements pendus aux grilles. Ces vêtements et la lessive évoquent
la vie quotidienne, mais toute la photo évoque un univers carcéral angoissant
et le spectateur est dans la prison, sous la grille. Le fait que ce soit une prison
pour enfants n’est pas perceptible. En revanche, on découvre l’absence de toit
(arbres visibles au-delà des grilles), l’installation sanitaire sommaire, la vétusté.
Photo 47 : Inde, 2002
Village de Chir, Rajasthan, Inde, 2002.
École du soir animée par le Collège aux pieds
nus. L’éducation est un élément fondamental du
développement d’un enfant et d’un pays. Elle reste
pourtant mal assurée dans de nombreux pays.
© Marie Paule Nègre.
La couleur correspond au message optimiste de cette photo, la scolarisation
des enfants et des filles en particulier, dans un pays où les conditions ne
semblent pas favorables : pas d’équipement à part les ardoises et le tableau,
espace réduit et peu engageant. Le sourire des enfants traduit leur fierté,
malgré la main visible à gauche, que regardent avec une certaine tension trois
enfants et l’isolement de l’enfant à droite.
Nous sommes en Inde, pays contrasté, et la légende nous explique le cadre
de cette école « du soir ». La fierté des enfants se comprend mieux : ils sont
sans doute exclus de l’école classique et c’est là leur seconde chance.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 31
Photo 48 : Irak, 2003
Prison d’Abou Ghraib, Bagdad, Irak, 2003. photo 1
Image obtenue par Associated Press montrant Lynndie England tenant un
détenu attaché en laisse.
Cette image choc a permis de révéler au monde les tortures et humiliations
utilisées par l’armée américaine au cours de son intervention en Irak.
©AP/SIPA.
La photo a fait le tour du monde, elle a été posée, dans une inconscience
et une arrogance perceptibles. Sa construction est très structurée (de façon
volontaire ou non) : au point de fuite, la tête de la femme ; son corps, celui
de l’homme et la laisse dessinent un triangle rectangle qui met en relief la
supériorité ressentie par Lynndie et l’humiliation de l’homme, nu, dont le corps
est coupé par le cadre. Le décor accentue le malaise : les portes des cellules
sont ouvertes, mais on se demande sur quelles horreurs, le linge pend, des
papiers jonchent le sol, on se demande quel ordre règne ici.
La réponse est dans le jeu de regards : celui, hautain, de la soldate vers le
prisonnier, accentué par la raideur de son allure. Celui, désespéré, souffrant,
du prisonnier qui doit être obligé de regarder l’objectif. La question du
photographe est encore un élément du malaise : c’est un complice, un soldat
aussi et nous n’éprouvons pas d’empathie avec lui, c’est le rejet qui domine.
Quand les circonstances de la photo sont éclairées, on pense à toutes les
formes d’oppression évoquées ici : du vainqueur au vaincu, de la femme
occidentale à l’homme oriental, du militaire au prisonnier, du bourreau à la
victime. Et peu importe que la victime ait pu peut-être agir en bourreau.
32 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 49 : Angola, 2002
Bié, Angola, 2002.
Victime de mine antipersonnel. On estime que depuis 1965, plus de 100 000
personnes ont été victimes de ce type de mines dans le monde. La Convention
d’Ottawa (1999) sur l’interdiction des mines a permis de faire reculer le
nombre de victimes. Toutefois de gros producteurs de mines (États-Unis,
Russie, Chine…) ne l’ont toujours pas signée.
© Jane Evelyn Atwood / Agence VU’.
Cette photo terrible repose sur un contraste saisissant
entre le décor et le « sujet » : raffinement, recherche
de l’harmonie et de l’équilibre dans le balcon, solidité
de la base, le tout s’oppose à la jeune fille du premier
plan. Son visage tendu est situé au « point d’or » de l’image, symbole en
théorie d’un équilibre de la composition, harmonie en total désaccord avec la
réalité : la jeune fille rampe sur des moignons de cuisses sans doute, on voit
mal qu’elle a aussi perdu un bras. Toute l’harmonie de la photo éclate devant
cette horreur et la guerre qui l’a provoquée. Le noir et blanc la dramatise
sobrement.
Photo 50 : Caracas, 2005
Barrio El Valle, Caracas, 2005.
Ce bidonville est représentatif des pays et des villes
qui se développent à deux vitesses. Souvent en périphérie, les bidonvilles
concentrent les populations les plus pauvres, exclues des principaux services
de santé, d’éducation… et de la croissance. Leur nombre ne cesse de croître
et on estime qu’en 2050, ils compteront un tiers de la population mondiale.
©Jonas Bendiksen / Magnum Photos.
Le format inhabituel de la photo (paysager) et la couleur tranchent sur les
autres. La tonalité aussi, sans drame apparent. Lignes courbes, lumières
douces, petites maisons, le tout semble banal. Tout au plus remarque-t-on
des immeubles hauts et modernes sur les hauteurs à droite et à gauche, une
antenne relais. On se demande alors pourquoi cette photo figure ici, c’est la
légende qui le dit : c’est un bidonville. Or, il ne ressemble guère aux images
classiques des bidonvilles, mais nous voyons alors le désordre des maisons,
l’éclairage public restreint…
Cette photo nous raconte la pauvreté qui suscite les bidonvilles, mais aussi
l’organisation, la volonté de vivre normalement qui en émanent.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 33
Photo 51 : Cuba, 2006
Pison de Guantánamo, Cuba, juin 2006.
Le centre de détention de Guantánamo est symptomatique des dérives liées à la
« guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis depuis les attentats de
septembre 2001. Les « ennemis combattants » y sont
maintenus au mépris des règles les plus élémentaires
du droit international. Deux jours après son élection,
Barack Obama a signé un décret de fermeture, non
appliqué en raison du blocage du Sénat.
©Pellegrin / Magnum Photos.
Notre regard va vers le mirador et explore les lignes qui en partent : grillages,
barbelés, rouleaux de barbelés sur les grillages, portails successifs, la photo
est saturée de signes de l’enfermement, de la barrière. Pas d’humain, mais
tout est fait contre eux, contre leur sortie/ leur entrée, les photos sont interdites,
ce qui explique peut-être l’aspect oblique de l’image. Voulu ou non, cet effet
accentue la menace véhiculée par la photo : le regard glisse vers le bas, le
déséquilibre évoque celui de la situation de Guantanamo.
Photo 52 : Darfour, 2007
Darfour, 2007.
La guerre civile, commencée en 2003, a fait suite à plusieurs années de tensions
ethniques qu’a connues cette région à l’Est du Soudan. Le conflit a fait près de
300 000 morts et entraîné le déplacement de 2,7 millions de
personnes. Le procureur de la CPI (Cour Pénale Internationale)
a lancé plusieurs mandats d’arrêt internationaux pour crime de
génocide, crime de guerre et crime contre l’humanité.
© Jan Grarup / Noor Images.
La légende parle du Darfour (un Africain est visible au
second plan), mais la photo est plus universelle : la femme
pourrait être africaine, asiatique, elle incarne la misère et
la douleur. C’est une grand-mère, sans doute. Son visage est au centre de
la photo, en clair-obscur, ne laissant voir que les rides dues à l’âge et à la
douleur, les deux mains sont en évidence et protègent l’enfant, dont le bras
nu exprime toute la fragilité.
La photo est centrée sur cette attitude resserrée d’une vieille femme protégeant
celui qui symbolise l’avenir, l’espoir, mais aussi la précarité. Le linge blanc qui
coiffe la femme éclaire cette scène dramatique, les silhouettes au second plan
apparaissent menaçantes.
34 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 53 : France, sans date
L’esclavage en France.
L’esclavage est strictement prohibé par le droit international. Pourtant, des
formes nouvelles et nombreuses d’asservissement se sont développées que
l’on appelle « esclavage moderne ». On estime qu’il y aurait entre 200 et 250
millions d’esclaves dans le monde et les pays développés ne sont pas épargnés.
Il s’agit alors souvent de travaux domestiques et d’une forme d’asservissement
déguisé.
La patronne avait donné une liste de mots : «oui, merci, bonjour et au revoir.»
C’était les seuls qu’Aïna, 18 ans avait le droit de prononcer. Sa journée
commençait à 6 heures, elle mangeait dans une assiette «à part» les restes du
repas de la famille et dormait sur le carrelage de la salle de bain.
Aïna avait quitté Tananarive sur la promesse d’un travail, de l’argent pour
envoyer à sa famille et la possibilité de poursuivre des études.
C’est une voisine qui a remarqué cette «jeune fille maigre qui ne parlait pas».
Elle a appelé le CCEM (Comité Contre l’Esclavage Moderne). Ses employeurs ont
été condamnés à six mois de prison avec sursis, et 4 500 euros d’amende.
©Raphaël Dallaporta
Sans légende, la photo intrigue dans le contexte des autres.
On pense au proverbe « l’arbre cache la forêt », même si
c’est d’une maison qu’il s’agit ici.
Un arbre, donc, qui cache une maison, le tout derrière une
haie. Les couleurs et le décor sont anonymes, l’ordre se
devine dans la haie bien taillée, l’aisance dans la taille du
jardin et la distance des autres maisons, mais sans rien de
démesuré.
Nous en déduisons que des gens aisés habitent là. C’est la légende qui
donne sens à la photo, l’esclavage derrière cette maison banale et proprette.
L’isolement relatif devient alors signe d’exclusion pour la jeune femme qui a
travaillé ici, elle n’était pas dans un monde solidaire et connu.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 35
Photo 54 : Chine, 2005
Guangdong, Chine, 2005
La plupart des ouvriers de cette usine textile viennent des provinces rurales et ne
retournent dans leurs familles qu’une à deux fois par an. Ils sont en général très
mal payés et exclus de l’accès à plusieurs de leurs
droits (santé, syndicats…). Cette main-d’oeuvre
malléable et corvéable incarne l’envers du miracle
de la croissance chinoise.
© Kadir Van Lohuizen / Noor Images.
La contre-plongée agrandit le bâtiment qui déborde du cadre sur les côtés et
semble donc très grand, mais surtout uniformément répétitif. Les lignes droites,
dures, les alternances de rectangles sombres et d’aplats clairs, les carrés de
volets métalliques et les câbles, tout cela évoque la répétition, la monotonie,
une forme d’enfermement. Les vêtements pendus dans les loggias attirent
le regard qui les balaie et y trouve une nouvelle forme d’uniformité malgré la
diversité suggérée. La seule fantaisie réside dans les vêtements isolés, pendus
à l’extérieur et qui rompent la régularité de l’ensemble. Mais ils suggèrent
l’entassement et l’étroitesse des logements, obligeant à s’étendre à l’extérieur.
C’est finalement une évocation de la Chine surpeuplée que nous décryptons.
Photo 55 : Indonésie, 2007
Jakarta, Indonésie, 2007.
Alors que sa maison a été emportée par les
inondations qui ont dévasté la ville en février 2007,
cet homme a trouvé refuge sous un pont autoroutier.
© Jonas Bendiksen / Magnum Photos.
La légende évoque une inondation, mais cet homme
abrité sous un pont peut symboliser toutes les victimes de catastrophes
naturelles ou sociales. La photo est construite sur une opposition entre
les couleurs et le camaïeu de gris. Ce dernier montre un décor fissuré, en
décrépitude, fournissant un abri très précaire.
La couleur est concentrée sur l’homme et son abri, mais aussi sur les phares
des voitures qui défilent au-dessus : autre opposition entre une vie qui continue
et une misère extrême. Les cartons suggèrent d’autres occupants, mais seul
l’homme est éclairé, de l’intérieur de son abri. Le regard du spectateur va
d’abord à cet abri, balaie le sac et les cartons, remonte vers le haut et la droite,
vers cet avenir qui semble oublier l’homme et ses semblables.
36 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Photo 56 : RDC, 2009
République Démocratique du Congo, 2009.
Joseph, 14 ans, enfant soldat démobilisé au centre Don Bosco à Goma, NordKivu. Les enfants soldats ont représenté jusqu’à 40 % des combattants des
conflits successifs qu’a connus la RDC ces dernières années. Les programmes
de démobilisation et de réinsertion restent insuffisants pour effacer les stigmates
d’années passées au combat. D’autres pays : Sri Lanka, Mexique, Colombie...
sont touchés par ce phénomène.
© Cédric Gerbehaye/ Agence VU’.
Photo qui raconte une histoire si on connaît la légende (un
enfant-soldat démobilisé). Sans elle, c’est une photo posée,
qui dégage une réelle beauté : le cadre est serré, en plan
américain, l’adolescent est au centre, son visage dans le tiers
du haut. Selon l’accrochage, il nous regarde dans les yeux
ou de haut, il affronte le réel sans dureté ni mièvrerie. Son attitude va dans ce
sens : bras croisés, torse nu, les muscles mis en valeur, le bord blanc de son
pantalon fait ressortir les tons grisés de sa peau, sa coiffe sombre renforce son
regard. Seule l’épaule penchant un peu indique un déséquilibre possible. En
revanche, le décor délivre un message de fermeture, de barrière, de rigueur et
suggère la dureté de la vie passée de l’adolescent. Et de son avenir ?
Photo 57 : Égypte, 2008
Ezbet al-Haggana, Le Caire, décembre 2008.
Le Caire est une mégalopole de prés de 28 millions d’habitants. Les problèmes
d’infrastructures liés à sa croissance sont exponentiels et
les autorités tardent à adopter les politiques adéquates.
On estime que près de 40 % de ses habitants vivent dans
des zones informelles ou des bidonvilles. Ils y sont en
général privés des services de base (éducation, soin…).
© Philippe Brault / Agence VU’.
En couleurs, cette photo raconte une histoire. Notre regard se pose sur le
visage de la fillette, au centre de la photo, interroge la trace sur le mur, balaie
le décor sordide avant de remonter vers la main à droite et l’ombre de la
personne hors cadre. Un parent sans doute. Le visage de l’enfant concentre
la lumière, le pull multicolore illumine la scène et transcende un peu ce qu’on
y voit. C’est la pauvreté : l’enfant a un toit, mais rien de plus. Que veut la
personne qui se tient en retrait ? Le photographe nous montre, c’est tout, à
nous de faire des déductions, des hypothèses : lui met en lumière la misère.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 37
Photo 58 : Turquie, 2006
Le long du pipeline BTC, Ilica, Turquie, 2006.
Chargé d’acheminer le précieux gaz de l’Azerbaïdjan
à la Turquie (et donc l’Europe), cet oléoduc « ignore »
l’existence d’une des plus grandes communautés de
déplacés du monde, victimes de conflits non ou mal
résolus.
© Grégoire Eloy.
C’est également une photo qui nécessite une légende. Sans elle, nous voyons
une scène un peu insolite, mais sans plus : des enfants jouent sur un terrain
qui semble mouillé. La construction est triangulaire : la base est le terrain de
jeux, la pointe se perd dans le virage en haut. Ceci donne un équilibre à la
photo, illuminée par les zones blanches qui s’opposent aux silhouettes noires.
Mais on s’étonne des vêtements et en regardant de plus près, on comprend
que ce n’est pas de l’eau. Quoi donc ?
Le texte nous parle de pipeline et de ravages dus à l’or noir. Cette vie quotidienne
que nous apercevions est donc perturbée par la pollution et les enfants jouent
dangereusement. La construction là encore révèle une perturbation sous un
apparent équilibre.
Photo 59 : France, 1996-98
Toulouse.
Suite à une dispute cette femme a été battue par
son mari sous le regard de ses enfants. Le SAMU
est appelé en urgence par la police. La voisine est
venue s’occuper de ses quatre enfants pendant son hospitalisation. La violence
domestique continue de faire de nombreuses victimes et les autorités tardent à
adopter des mesures à même de les protéger de manière durable.
© Lizzie Sadin.
Sans légende, cette photo donnerait lieu à des interprétations diverses :
illustration de la détresse, de l’alcoolisme, de la dépression… La légende dit :
violences conjugales. L’absence du mari est essentielle pour la photo qui illustre
le tête à tête entre la mère, défaite, blessée au coude, désespérée et vaincue,
et l’enfant dont on ne voit pas non plus le visage. On ne peut que supposer ce
qu’il ressent : peur, amour, haine, impuissance… Cette confrontation muette,
les visages cachés, le décor peu visible, l’enfant qui semble regarder les mains
de sa mère que nous regardons aussi et qui, serrées, expriment la douleur, tout
ceci montre l’impuissance des victimes, la nôtre aussi peut-être.
38 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Itinéraires
Ces itinéraires regroupent des photos ayant des points communs, par leur
thème (réfugiés, pauvreté, etc) ou les personnes représentées (non-violence,
célébrités).
Proposition d’itinéraires
•Itinéraire 1 : les célébrités de la lutte pour les Droits humains (DH) 4 ph
•Itinéraire 2 : ils ont fait le choix de l’action dans la non-violence 8 ph
•Itinéraire 3 : les catastrophes industrielles
3 ph
•Itinéraire 4 : les génocides et les massacres
9 ph
•Itinéraire 5 : la guerre et les barbaries humaines
6 ph
•Itinéraire 6 : les centres de détention, zones de non-droit
4 ph
•Itinéraire 7 : la pauvreté, l’exclusion
6 ph
•Itinéraire 8 : les conflits et certaines de leurs conséquences humaines absurdes et tragiques
5 ph
•Itinéraire 9 : les plus jeunes : partout, ils subissent
8 ph
•Itinéraire10 : les femmes victimes de leur condition de femme
8 ph
•Itinéraire11 : les discriminations raciales
6 ph
•Itinéraire12 : les manifestations de foules
protestations ou célébrations
6 ph
•Itinéraire13 : émigrés, réfugiés, tous tentent de survivre
•Itinéraire14 : la peine de mort
10 ph
1 ph
•Itinéraire15 : les dictateurs ou gouvernements dictatoriaux à l’origine de situations dramatiques pour la population
6 ph
•Itinéraire16 : les guerres qui, par leur durée, ont transformé la vie des populations
12 ph
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 39
Exemple de démarche
•Choix d’une thématique : les enfants et les violations de leurs droits (8
photos).
•Étude des photos en elles-mêmes : en fonction du média choisi (mais le
livre reste la référence puisqu’il les contient toutes).
•Analyse des violations des droits : retour à la CIDE (Convention
internationale relative aux droits de l’enfant) qui les garantit en théorie.
•Recherche de solutions : réflexion sur le rôle de la photo pour changer les
consciences et faire agir.
•Création par les jeunes : photos prises par eux.
Itinéraire 1 : les célébrités de la lutte pour les DH
Ph 1, 1948. Gandhi, Inde : Il lutte pour l’indépendance de l’Inde qui aboutira
en 1947. Il consacre sa vie à lutter contre les discriminations, les inégalités de
communautés, pour les femmes.
Ph 2, 1959. Le dalaï-lama, Tibet : autorité spirituelle et temporelle du Tibet, il
défend l’indépendance de son pays face à l’état chinois.
Ph 6, 1964. Martin Luther King, USA : son combat porte sur l’ensemble des
droits humains et chacune de ses actions défendait une violation spécifique des
droits humains.
Ph 37, 1994. Nelson Mandela, Afrique du Sud . Son combat : contre la politique
de ségrégation d’apartheid de son pays, pour la réconciliation nationale, pour
la lutte contre les inégalités, contre la pauvreté et contre le sida.
Itinéraire 2 : ils ont fait le choix de l’action dans la non-violence
Ph 1, 1948. Gandhi : il met en place la « méthode de désobéissance civile
non-violente » ; la grève de la faim, les rencontres avec les communautés, les
discours sont ses leviers.
Ph 2, 1959. Le dalaï-lama, Tibet : Autorité spirituelle et temporelle du Tibet, il
défend l’indépendance de son pays face aux Chinois, par des manifestations,
toutes violemment réprimées.
Ph 6, 1964. Martin Luther King : ses outils : les boycotts et les rassemblements
pour de grandes marches pacifiques.
Ph 37, 1994. Nelson Mandela, Afrique du Sud : malgré une période d’action
armée, il commence puis poursuit sa lutte non-violente. Son action se poursuit
en prison (grève de la faim…).
Ph 28, 1989. The tank man : Pékin. Un homme seul, un rebelle inconnu,
sans arme, fait face à la colonne de tanks venus dégager la place Tian’anmen
des manifestants qui l’occupaient.
40 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Ph 7, 1967. La jeune fille à la marguerite et les baïonnettes, Marche pacifique
contre la guerre du Vietnam devant le Pentagone.
Ph 27. 1989, Manifestation à Pékin : devant le Grand Palais du Peuple,
sit-in pacifique et grève de la faim illimitée des étudiants qui réclament la
démocratie et le multipartisme.
Ph 18. 1980, Pologne, malgré le régime communiste, une grève de deux
semaines aux chantiers navals de Gdansk aboutit à un accord et ouvre la voie
aux syndicats indépendants.
Itinéraire 3 : les catastrophes industrielles
Ph 21. 2004, En Inde, la catastrophe de Bhopal : 4000 morts, plus de 360 000
victimes. Malgré les alertes, une usine de pesticides laisse s’échapper un gaz mortel.
Ph 23. 1997, Des enfants de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl : la
responsabilité humaine est là aussi entière dans l’accident et dans la gestion
catastrophique de ses conséquences planétaires.
Ph 58. 2006, Les ravages de l’or noir : l’oléoduc qui traverse l’Azerbaïdjan, la
Géorgie et la Turquie. Violations des droits humains : traitements inhumains
et dégradants, non respect du droit à la santé, à l’eau, à l’alimentation,
déplacements forcés.
Itinéraire 4 : les génocides et les massacres
Ph 14. 1999, Chili, disparitions des opposants à Pinochet : Plus de 3000
disparus, plus de 35 000 personnes torturées.
Ph 13. 1972, Fuite d’une petite fille atteinte par les bombes au napalm,
pendant la guerre du Viêtnam.
Ph 15. 1995, Une chambre de torture : Cambodge, Génocide par les Khmers
rouges : massacres par milliers, tortures sadiques de toutes les catégories de
la population.
Ph 20. 1982, Salvator, le massacre d’El Mozote : La guerre civile fait plus
de 100 000 morts et plusieurs massacres marquent la population. Celui d’El
Mozote a fait 1000 morts en moins d’une journée. Tenu secret et nié par le
Salvador et les USA, il a été découvert grâce à de rares survivants qui ont tenu
à témoigner.
Ph 25. 2003, Guatemala, le massacre des Mayas : un peuple, jugé
déstabilisateur en raison de ses différences (langue, religion, coutumes), sera
victime d’un génocide : 625 massacres, 250 000 morts.
Ph 34. 1993, La guerre de Bosnie : les Serbes visent une purification ethnique.
Déportations massives, massacres, tortures, viols, pillages…
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 41
Ph 35, 1994. Le génocide rwandais : entre 800 000 et un million de personnes
sont massacrées sauvagement dans l’indifférence internationale.
Ph 52, 2007. La guerre civile au Darfour : plus de 300 000 morts, 2,7 millions
de personnes déplacées.
Ph 39, 1996. La première guerre de Tchétchénie. Elle fit près de 100 000
morts.
Itinéraire 5 : la guerre et les barbaries humaines
Ph3, 1961. L’apartheid
Ph 8, 1968. Exécution sommaire pendant la guerre du Viêtnam
Ph 9, 1968. Maltraitance d’un civil pendant la guerre du Viêtnam
Ph 13, Fuite d’une petite fille atteinte par les bombes au napalm, Viêtnam
Ph 48, 2003. Irak, à la prison d’Abou Ghraib, Lynndie England, soldat
américain, tient un détenu, nu, en laisse.
Ph 49, 2002. Angola, victime de mine antipersonnel
Itinéraire 6 : les centres de détention, zones de non-droit
Ph 51, 2006. Cuba, la prison américaine de Guantanamo.
Ph 48, 2003. Irak, à la prison d’Abou Ghraib, Lynndie England, soldat
américain, tient un détenu, nu, en laisse.
Ph 15, 1995. Cambodge, le lycée de Tuol Sleng transformé en centre de
torture.
Ph 46, Neh Delhi : Children Observatoire Home n°2 : saleté, promiscuité,
violence, mauvaise alimentation, détentions sans inculpation ni jugement.
Itinéraire 7 : la pauvreté,intégrée ou marginale, l’exclusion
Ph 50, 2005. Les barrios de Caracas, les bidonvilles. Le nombre de personnes
vivant dans les bidonvilles croît dans le monde au rythme de 30 à 50 millions
de personnes par an.
Ph 57, 2008. Un bidonville du Caire : Ezbet al-Haggana, au pied du Sinaï,
a, alors, une population d’un million d’habitants, totalement ignorée des
autorités ; insalubrité, insécurité y règnent.
Ph 11, 1968-1969. La pauvreté disqualifiante. Sans-abri irlandais à Londres :
cette nouvelle pauvreté, fruit de la montée de la précarité. En Europe, le
nombre de SDF se chiffre par centaines de milliers.
Ph 55, 2007. Les inondations à Jakarta, Indonésie : un refuge sous un pont
autoroutier.
42 Droits de regards
Commission éducation aux droits humains
Ph 36, 1994. Les exclus aux États-Unis : on estime en 2011 à 3,5 millions le
nombre de personnes sans abri dont 1,4 million d’enfants.
Ph 19, 1981. L’insécurité à Moscou : dans toutes les grandes villes,
occidentales en particulier, la pauvreté, les difficultés économiques, le
chômage, les conditions de logement, les déséquilibres trop visibles dans nos
sociétés de consommation, parfois des forces de l’ordre corrompues, sont à la
source de réactions d’agressivité, de violences et de dérives de toutes sortes.
Itinéraire 8 : les conflits et certaines de leurs conséquences
humaines absurdes et tragiques
Ph 4, 1963. La construction du mur de Berlin : deux frères se retrouvent à
l’occasion de Noël
Ph 29, 1989. Chute du mur de Berlin : Jeune homme enjambant le Mur.
Ph 16, 1999. « Mères de la place de Mai » à Buenos Aires. Défilé hebdomadaire
des mères des jeunes disparus du régime de Videla.
Ph 42, 2000. Femme russe, épouse d’un Tchétchène, pendant la seconde
guerre de Tchétchénie, qui ne peut pas faire de choix.
Ph 44, 2001. L’attentat du 11 septembre 2001 : 2995 morts victimes du
terrorisme politique.
Itinéraire 9 : les plus jeunes : partout, ils subissent
Ph 13, 1972. Fuite d’une petite fille atteinte par les bombes au napalm, la
guerre du Viêtnam.
Ph 56, 2009. Les enfants soldats au Congo : plusieurs centaines de milliers
dans le monde en 2011. Utilisés aussi comme espions, porteurs, esclaves
sexuels, ils représentaient jusqu’à 40% de certains groupes armés (dont
quelquefois 40% de filles).
Ph 46, Children Observatoire Home n°2 à Neh Delhi : saleté, promiscuité,
violence, mauvaise alimentation. Détentions sans inculpation ni jugement.
Ph 45, 2001. Indonésie, l’esclavage des enfants.
Ph 57, 2008. Les bidonvilles du Caire : les enfants sont les plus atteints par
la pauvreté.
Ph 33, 1993. Tourisme sexuel en Thaïlande : la pauvreté, le statut inférieur
des filles fait que la prostitution enfantine est en forte augmentation.
Ph 36, 1994. Les exclus aux États-Unis : on estime en 2011 à 3,5 millions
le nombre de personnes sans abri dont 1,4 million d’enfants qui, dans ces
conditions de promiscuité, sont la proie de tous les abus.
Commission éducation aux droits humains
Droits de regards - 43
Ph 47, 2002. Le droit à l’éducation : l’un des États les plus pauvres de l’Inde
a ouvert son « Collège aux pieds nus ».
Itinéraire 10 : les femmes, victimes de leur condition de femme
Ph 59, 1996,1998. Violences conjugales à Toulouse : toutes sortes de
violences, de privations et de contraintes très souvent cachées, tues et niées
par les victimes elles-mêmes.
Ph 5, 1962. Référendum sur l’indépendance de l’Algérie : les femmes sans
visage ne seront qu’une somme de bulletins contrôlés.
Ph 24, 1986. Iran, femmes armées pour la guerre contre l’Irak : victimes de
leur condition de femmes, elles sont aussi soumises aux abus sexuels.
Ph 53, France, esclavage domestique : sous menaces de sévices corporels ou
psychologiques, un très grand nombre de jeunes femmes étrangères sont asservies.
Ph 54, 2005. La discrimination dont les femmes sont globalement victimes
en Chine : Les jeunes travailleuses de l’industrie textile ; leurs conditions de
travail, leur parcours, qui sont-elles ?
Ph 38, 1996. Le rapt des fiancées au Caucase : Fatima, 18 ans, est une
fiancée enlevée. Elle a été vendue 1 000 dollars.
Ph 16, 1999. « Mères de la place de Mai » à Buenos Aires. Défilé hebdomadaire
des mères des jeunes disparus du régime de Videla.
Ph 47, 2002. Le droit à l’éducation : l’un des États les plus pauvres de l’Inde
a ouvert son « Collège aux pieds nus ». Le soir, un cours est spécialement
adapté aux femmes.
Itinéraire 11 : les discriminations raciales
Ph 12, 1968. Manifestations pendant les jeux olympiques de Mexico.
Ph 37, 1994. Nelson Mandela, Afrique du Sud : malgré une période d’action
armée, il commence puis poursuit sa lutte non-violente. Son action se poursuit
en prison (grève de la faim,…).
Ph 3, 1961. L’apartheid en Afrique du Sud : les noirs, constituant 70%
de la population étaient privés du droit de vote, soumis à une ségrégation
résidentielle. Les relations sexuelles interraciales étaient interdites.
Ph 6, 1964. Martin Luther King, USA : son combat qui vise à faire garantir
les mêmes droits civiques à tous les citoyens américains, a commencé par le
boycott des bus de Montgomery, après la condamnation d’une femme noire
ayant refusé de donner sa place dans un bus à un homme blanc.
Ph 34, 1993. La guerre de Bosnie : les Serbes visent une purification ethnique.
Déportations massives, massacres, tortures, viols, pillages…
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Ph 25, 2003. 36 ans de tueries au Guatemala, dont 10 ans de « politique de
la terre brûlée » contre le peuple des Mayas : jugé déstabilisateur en raison
de ses différences (langue, religion, coutumes), il sera victime d’un génocide :
625 massacres, 250 000 morts.
Itinéraire 12 : les manifestations de foules, protestations ou
célébrations
Ph 10, 1968. Le Printemps de Prague : en Tchécoslovaquie, les mouvements
de contestation contre les abus du régime ont pris corps et leur pression
fait peur : les troupes russes investissent Prague. La population offre une
résistance passive mais comptera près de 90 tués et plusieurs centaines de
blessés.
Ph 16, 1999. « Mères de la place de Mai » à Buenos Aires. Défilé hebdomadaire
des mères des jeunes disparus du régime de Videla.
Ph 7, 1967. La jeune fille à la marguerite et les baïonnettes, marche pacifique
contre la guerre du Vietnam devant le Pentagone.
Ph 27, 1989. Manifestation à Pékin : devant le Grand Palais du Peuple,
sit-in pacifique et grève de la faim illimitée des étudiants qui réclament la
démocratie et le multipartisme.
Ph 18, 1980. Pologne, malgré le régime communiste, une grève de deux
semaines aux chantiers navals de Gdansk aboutit à un accord et ouvre la voie
aux syndicats indépendants.
Ph 6, 1964. Martin Luther King. Ses outils : les boycotts et les rassemblements
pour de grandes marches pacifiques.
Itinéraire 13 : Émigrés, réfugiés, tous tentent de survivre
Ph 26,1988. Réfugiés du Sud-Soudan : sur une population de l’ordre de 9
millions d’habitants, on estime que les deux guerres (pendant 40 ans) ont fait
plus de 2 millions de morts et que 4 millions ont été déplacées. Ces exodes se
sont faits dans les pires conditions (guerres, famine, sécheresse)
Ph 22, 1984. Éthiopie, camp de réfugiés au Sahel : la fuite des grandes
sécheresses et des conditions inhumaines de survie, malgré les interventions
humanitaires. (famine, émigration environnementale)
Ph 52, 2007. La guerre civile au Darfour : plus de 300 000 morts, 2,7 millions
de personnes déplacées (guerre, sécheresse, famine).
Ph 31, 1991. L’exode albanais : réfugié albanais arrivant en Grèce. Entre
1990 et 1991, le nombre d’Albanais fuyant la pauvreté est estimé à environ
200 000.
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Droits de regards - 45
Ph 41, 2000. Haïtiens clandestins vers les côtes américaines : Haïti, pays ruiné,
exsangue, où les trois quarts des habitants vivent sous le seuil de pauvreté ;
c’est la population la plus pauvre, peu instruite, souvent analphabète, qui tente
d’émigrer vers les États-Unis sur des barques surchargées et sans sécurité et
qui est exploitée par les passeurs (migration économique).
Ph 17, 1980. Réfugiés cubains en Floride : le gouvernement de Castro
commence par des expulsions des Cubains dont il ne veut plus, vers les
États-Unis. Par la suite, à cause des difficultés économiques, d’autres exodes
suivront, là encore, sur des embarcations de fortune, pour un destin incertain
(exode économique).
Ph 32, 1992. L’immigration mexicaine aux États Unis : au Mexique, un père
et sa fille cherchent à entrer illégalement aux États-Unis, leur situation les
conduit vers des risques qu’ils ne peuvent mesurer : les passeurs arnaqueurs,
les eaux du Rio Bravo, le désert de l’Arizona. S’ils arrivent, ils devront se
cacher et seront la proie des exploiteurs.
Ph 30, 1990. Immigrés clandestins en Grèce : la Grèce viole nombre des
droits des demandeurs d’asile, les textes internationaux et les règlements de
l’Union européenne concernant les conditions faites aux migrants.
Ph 40, 1996. Camp de réfugiés palestiniens à Rafah, Gaza (guerre ).
Ph 4, 1963. La construction du mur de Berlin : 2,5 à 3 millions d’Allemands
fuient la RDA.
Itinéraire 14 : La peine de mort
Ph 43, 2000. La peine capitale aux États Unis : le frère de M. Kitchen et sa
famille durant son exécution, devant le pénitencier de Walls Unit, au Texas.
Itinéraire 15 : les dictateurs ou gouvernements dictatoriaux à
l’origine de situations dramatiques pour la population de leur pays
Ph 14, 1999. Chili, disparitions des opposants à Pinochet : plus de 3000
disparus, plus de 35 000 personnes torturées.
Ph 15, 1995. Une chambre de torture : Cambodge, Pol Pot, génocide par
les Khmers rouges. Massacres par milliers, tortures sadiques de toutes les
catégories de la population.
Ph 16, 1999. « Mères de la place de Mai » à Buenos Aires. Défilé hebdomadaire
des mères des jeunes disparus du régime de Videla.
Ph 17, 1980. Réfugiés cubains en Floride : le gouvernement de Castro commence
par des expulsions des cubains dont il ne veut plus, vers les États-Unis. Par la suite,
à cause des difficultés économiques, d’autres exodes suivront, là encore, sur des
embarcations de fortune, pour un destin incertain (exode économique).
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Commission éducation aux droits humains
Ph 27, 1989. Manifestation à Pékin : devant le Grand Palais du Peuple,
sit-in pacifique et grève de la faim illimitée des étudiants qui réclament la
démocratie et le multipartisme.
Ph 31, 1991. L’exode albanais fuyant le communisme : réfugié albanais
arrivant en Grèce. Entre 1990 et 1991, le nombre d’Albanais fuyant la pauvreté
est estimé à 200 000 personnes.
Itinéraire 16 : les guerres qui, par leur durée, ont transformé la vie
des populations
Ph 26,1988. Réfugiés du Sud-Soudan : après 40 ans de guerres civiles, sur
une population de l’ordre de 9 millions d’habitants, on estime que les deux
guerres ont fait plus de 2 millions de morts et que 4 millions ont été déplacées.
Ces exodes se sont faits dans les pires conditions (guerres, famine, sécheresse).
Ph 24, 1986. Iran contre Irak.
Ph 2, 1959. Le Tibet défend l’indépendance de son pays face aux Chinois
depuis près d’un siècle.
Ph 8, 1968 ; Ph 9, 1968 ; Ph 13, 1972. La guerre du Viêtnam, 8 ans pour
s’opposer aux Français, puis 16 ans contre les États-Unis.
Ph 15, 1995. Au Cambodge, pendant 30 ans: massacres par milliers, tortures
sadiques de toutes les catégories de la population par les Khmers rouges.
Ph 20, 1982. Salvador : 12 ans d’une guerre civile qui fait plus de 100 000
morts et plusieurs massacres marquent la population. Tenu secret et nié par le
Salvador et les USA, ce massacre a été découvert grâce à de rares survivants
qui ont tenu à témoigner.
Ph 42, 2000. 12 ans de guerre de Tchétchénie.
Ph 25, 2003. 36 ans de tueries au Guatemala, dont 10 ans de « politique de
la terre brûlée » contre le peuple des Mayas : jugé déstabilisateur en raison
de ses différences (langue, religion, coutumes), il sera victime d’un génocide :
625 massacres, 250 000 morts.
Ph 35, 1994. La guerre civile rwandaise : pendant 35 ans entre 800 000 et
un million de personnes sont massacrées sauvagement dans l’indifférence
internationale.
Ph 40, 1996. Camp de réfugiés palestiniens à Rafah, Gaza.
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Droits de regards - 47
Contacts
Odile de Courcy
Service de soutien à l’action - Éducation aux droits humains
Tél : 01 53 38 65 14 (sauf mercredi)
[email protected]
Commission éducation aux droits humains
[email protected]
Amnesty International
76, boulevard de la Villette - 75940 Paris cedex 19
http://www.amnesty.fr/
Contact local :

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