Les caresses de Dieu - Centre spirituel de la Pomarède

Transcription

Les caresses de Dieu - Centre spirituel de la Pomarède
FAMILLE DU CŒUR DE DIEU
Les caresses de Dieu
Lettre 14/1
25 janvier 2014
Les caresses de Dieu
À l’occasion de son message au
prononcé des paroles bouleversantes,
forts qui pourraient bien renouveler
comportement adapté aux couleurs de
année :
monde le jour de Noël, le pape François a
je dirais même révolutionnaires. Des mots
notre façon d’aimer et nous inspirer un
la tendresse tout au long de cette nouvelle
« En ce monde, en cette humanité aujourd’hui est né le Sauveur, qui est le
Christ Seigneur. Arrêtons-nous devant l’Enfant de Bethléem. Laissons notre
cœur s’émouvoir : n’ayons pas peur de cela. N’ayons pas peur que notre
cœur s’émeuve ! Nous avons besoin que notre cœur s’émeuve. Laissons-le
se réchauffer à la tendresse de Dieu ; nous avons besoin de ses caresses.
Les caresses de Dieu ne font pas de blessures : les caresses de Dieu nous
donnent paix et force. Nous avons besoin de ses caresses. Dieu est grand
en amour… Dieu est paix : demandons-lui qu’il nous aide à la construire
chaque jour, dans notre vie, dans nos familles, dans nos villes et dans nos
nations, dans le monde entier. Laissons-nous toucher par la bonté de
Dieu. » (MESSAGE URBI ET ORBI 25 décembre 2013)
En nous proposant de nous arrêter devant l’enfant de Bethléem qui est le Christ
Seigneur, le pape nous invite d’abord à nous laisser émouvoir par lui, à ne pas avoir
peur de cette émotion qui pourrait nous envahir. En lui, Dieu nous rejoint. Nous
n’avons rien à craindre. Il n’est pas dangereux. Bien au contraire, sa petitesse, sa
faiblesse nous ravit et nous touche. Comme tout enfant, celui-ci éveille en nous le
désir de le caresser. Sa simple présence fait déborder notre cœur de tendresse envers
lui. Dieu prend ce visage d’enfant pour nous attirer à lui et nous ouvrir à la confiance
en lui. Il s’abandonne entre nos mains pour que nous osions l’approcher sans crainte.
Il est si grand en amour, ce Dieu immensément petit !
L’éducation religieuse n’a pas toujours su développer en nous une attitude
d’émerveillement et de confiance en un Dieu qui est amour, fragile comme nous,
mendiant de notre tendresse. Que de fois nous avons de lui l’image d’un Dieu toutpuissant, d’un juge moraliste et sévère qui ne laisse rien passer, à l’affût de nos
bêtises et toujours prêt à nous demander des comptes ! Ou alors –et ce n’est pas
mieux–, nous nous faisons de lui l’image d’un Dieu bonasse dont la miséricorde
assurée nous dispense de tout engagement, de toute exigence, un Dieu évanescent et
tellement transparent qu’on en arrive à l’oublier, à vivre sans lui.
Le pape François affirme ensuite que se laisser émouvoir par ce Dieu si démuni
est un besoin pour l’homme. Pourquoi ? Parce que ce qu’Il produit en nous quand
nous le regardons nous fait du bien, nous réchauffe et nous console. En nous faisant
proches de lui, il nous caresse de son regard et nous apaise. Ces caresses nous
donnent paix et force pour aller de l’avant et prendre notre vie en main.
Enfin, conclut le pape, se laisser caresser par Dieu, c’est nous laisser toucher
par sa bonté. Ses caresses ne blessent pas. Elles rassurent et nous rendent meilleurs,
bons et simples comme Lui. Cet « enfant », caresse de Dieu pour son peuple et le
monde, ne cesse pas de manifester sa bonté en grandissant.
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FAMILLE DU CŒUR DE DIEU
Les caresses de Dieu
Lettre 14/1
Depuis un mois, grâce à la liturgie, son visage a pris les traits de l’homme Jésus.
Désigné par Jean-Baptiste comme l’Agneau de Dieu, le Messie et le Fils de Dieu, il
proclame à son peuple que le temps du salut est arrivé : « Convertissez-vous, car le
Royaume des cieux est tout proche. » Dans la foulée, il nous appelle à le suivre. Il
nous associe à sa vie afin que nous fassions comme lui l’expérience de l’Esprit et
devenions ses témoins. En lui, le Père caresse son peuple et le monde. Il est pour
chacun d’entre nous « la caresse de Dieu ».
« Caresse » de Dieu
Voilà un mot qui surprend tant il est peu usité pour parler de la tendresse de
Dieu à l’égard de l’homme, probablement parce qu’il est trop humain. Il n’est pourtant
pas étranger à la Parole de Dieu. Dans la Bible, ce mot apparaît dans le Cantique des
Cantiques (1,2.4 ; 4,10 et 7,13), dans le cadre de la relation amoureuse entre l’épouse
et l’époux, et dans Isaïe (66,10-14), dans le contexte de la relation entre Dieu et son
peuple malmené. Le prophète invite les habitants de Jérusalem à se réjouir parce que
le Seigneur va enfin leur octroyer une paix véritable en libérant le peuple de ses
ennemis. Ici, les « caresses de Dieu » ont pour but de rassurer et de réconforter
Jérusalem éplorée, apeurée, anéantie. Le Seigneur se comporte comme une mère
envers Israël : « Vous serez allaités, portés sur les hanches et caressés sur les
genoux. Comme celui que sa mère console, moi aussi, je vous consolerai, oui dans
Jérusalem vous serez réconfortés » (Is 66,12-13). On retrouve cette même idée dans
Osée où l’amour de Dieu pour son peuple est comparé à l’amour d’un père et d’une
mère pour son enfant. Ils lui apprennent à marcher et le couvrent de baisers : « J’étais
pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson contre leur joue. » (Os 11,4)
Dans Le Cantique des Cantiques, le mot caresse suggère la présence
amoureuse à l’être aimé, à l’intérieur du couple ; dans Isaïe, ce mot renvoie à la
présence aimante et protectrice des parents, du père et de la mère, envers leurs
enfants. Il n’existe pas d’autres textes applicables à Dieu dans les Ecritures. Ceux-là
suffisent, car ils décrivent toutes les facettes de l’amour de Dieu qui se reflète dans la
tendresse humaine née de l’amour, qu’elle soit conjugale ou parentale. Nous
retrouvons cette « caresse de Dieu » dans l’Evangile lorsque des parents présentent à
Jésus leurs bébés pour qu’il les touche. Il les prends dans ses bras, les embrasse et
les bénit (Mc 10,13-16 ; Lc 18,15-17). C’est exactement ce que fait le pape François sur
la place St Pierre de Rome à chacune de ses audiences publiques.
Isaïe précise que la caresse est plus qu’un geste de tendresse affectueuse visà-vis de ce ceux que l’on chérit. C’est aussi un geste de consolation et de réconfort
pour ceux qui sont humiliés et désespérés. En faisant de ce geste de tendresse une
expression de la miséricorde divine, le prophète en élargit le sens. Il l’enrichit d’une
dimension nouvelle. Les caresses de Dieu deviennent ainsi la manifestation de cet
élan d’amour, de la bonté, qui porte le Seigneur à se faire proche de l’homme pour lui
vouloir du bien, lui faire du bien, et le combler de sa présence. Cette attitude
paternelle de Dieu, l’Evangile l’appelle la miséricorde ou la compassion. Le bonheur
de l’homme comme son malheur intéresse le Père qui se laisse émouvoir et
bouleverser par tout ce qui nous touche. En reliant ainsi les caresses de Dieu à la
consolation qu’elles procurent, le pape est dans la ligne d’Isaïe et de la tradition
spirituelle qui est la sienne, tradition que l’on retrouve dans les Exercices spirituels
de St Ignace pour qui la consolation est « toute augmentation d’espérance, de foi et
de charité, et toute allégresse intérieure qui appelle et attire aux choses célestes et au
bien propre de l’âme, en la reposant et en la pacifiant dans son Créateur et Seigneur »
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(troisième règle concernant la première semaine des Exercices)… « C’est le propre de
Dieu et de ses anges, dans leurs motions, de donner la véritable allégresse et joie
spirituelle, en supprimant toute tristesse que nous inspire l’ennemi » (première règle
concernant la deuxième semaine des Exercices).
Ainsi les caresses de Dieu « donnent la paix et la force. » Elles consolent,
réconfortent, guérissent et apaisent ceux qui en bénéficient. Elles permettent
d’éprouver concrètement et parfois même physiquement la tendresse de Dieu à
travers certaines expériences personnelles comme l’émotion soudaine et inattendue
qui envahit la sensibilité de celui qui découvre l’amour de Dieu pour lui. Cette émotion
profonde se traduit parfois par des larmes de joie ou la sensation d’être étouffé par un
trop plein d’amour. D’autres fois, c’est le ressenti d’une forte chaleur au cœur ou un
sentiment indescriptible d’immense bonheur, une envie de danser, de crier cet amour
source d’allégresse, un désir intense de connaître son Seigneur et de s’abandonner à
lui, etc. Ces caresses sont souvent plus subtiles. Elles se traduisent par un attrait
nouveau pour la Parole de Dieu, une facilité à prier, même dans l’absence du
sentiment de la présence divine. Parfois encore, elles s’expriment dans un amour plus
grand vis-à-vis de l’Eglise, une plus grande générosité et davantage de persévérance
au service des autres, un dynamisme missionnaire renouvelé, etc. Par ses caresses,
le Seigneur se fait proche de nous pour nous encourager, nous soutenir, nous
défendre contre l’ennui et la tiédeur ou pour éloigner de nous l’angoisse et raviver
notre confiance. Toutes ses caresses produisent, avec un surplus d’amour, la paix et
la joie qui sont le signe indubitable de la présence et de l’action de Dieu en nous.
Comment se laisser caresser par Dieu ?
1. Arrêtons-nous devant la personne du Christ
Puisque Jésus est l’expression humaine de la caresse de Dieu, il est nécessaire de
nous arrêter longuement devant son visage de tendresse et de le contempler dans
ses attitudes de miséricorde. Rien de mieux pour cela que de prendre le temps de lire
et de prier la Parole de Dieu. La lecture attentive et régulière de Prions en Eglise ou de
Magnificat peut nous être très profitable.
2. Laissons notre cœur s’émouvoir
Le pape nous invite à ne pas avoir peur de cette émotion. Ne craignons pas que
notre cœur soit bouleversé par ce que nous lisons ou découvrons du visage du Christ
et de sa vie : « Laissons, dit-il, notre cœur se réchauffer à la tendresse de Dieu…
Laissons-nous toucher pas sa bonté ». Il ne s’agit pas ici de sentimentalisme, mais
d’une ouverture de notre cœur à ces motions de l’Esprit qui nous touche au plus
profond de nous-mêmes, en nous faisant ressentir "avec nos tripes" cette tendresse
divine qui nous caresse et nous rejoint, au-delà des mots et des sentiments, au cœur
même de notre existence, là où la Présence aimante de Dieu nous accompagne et
nous entoure. Cette consolation « caresse de Dieu », est un don à accueillir avec
reconnaissance. Elle nous rend plus humains et divins à la fois, plus proches de Dieu
et des frères. Ne craignons pas cette émotion vitale. Le christianisme, ne l’oublions
pas, est une religion du cœur puisqu’il se fonde sur la foi en l’Amour inconditionnel
de Dieu pour l’homme. Sans les caresses de Dieu, l’amour ne peut croître en nous et
autour de nous. Cette tendresse reçue nous est offerte pour qu’elle déborde dans le
monde, à la suite du Christ. Hélas ! Nous nous méfions tellement aujourd’hui de la
tendresse par crainte de sombrer dans le sentimentalisme que nous nous enfermons
dans la froideur de notre logique cérébrale, au risque de paralyser notre capacité
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Les caresses de Dieu
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d’aimer. Le sentimentalisme est un désordre affectif irrationnel. Il n’a rien à voir avec
la tendresse. Loin de s’opposer à la raison, la tendresse lui assure au contraire son
équilibre. Elle l’humanise, la rend plus douce, plus nuancée et plus chaleureuse.
3. Nous avons besoin de ses caresses
« Les caresses de Dieu ne font pas de blessures : les caresses de Dieu nous
donnent paix et force. » Nous vivons dans un monde de violence et de dureté, où la
tendresse est absente, souvent dévoyée. La vraie tendresse est moquée, taxée de
sentimentalisme, de faiblesse ou même de gaminerie quand elle n’est tout simplement
pas interdite. Que l’on songe à toutes les précautions que l’on doit prendre pour ne
pas être accusé de pédophilie ou de déséquilibre affectif lorsqu’on on veut tenir un
enfant sur ses genoux, le prendre par la main ou lui donner un baiser ! Sans la
tendresse, sans les caresses, les hommes et le monde sont en perdition, totalement
désorientés et livrés à la violence. C’est avec la tendresse que l’on forme un cœur
capable d’aimer dans le respect de l’autre, désireux de vouloir son bien. On ne peut
pas vivre sans tendresse, sans caresses. Il serait intéressant à ce sujet de relire la
biographie de Tim Guénard (Plus fort que la haine, coll. J’ai lu). Nous avons tous un
urgent besoin des caresses de Dieu. Laissons-nous attendrir par sa bonté pour éviter
que notre cœur ne s’endurcisse et ne s’égare dans la violence, l’indifférence ou la
dureté mortifère dont beaucoup sont les victimes aujourd’hui. La tendresse est
comme le soleil : elle nous fait vivre. Les caresses en sont les rayons : ils nous
éclairent et nous réchauffent. Laissons-nous caresser par Jésus, tendresse du Père.
Notre cœur deviendra doux et humble comme le sien et nous serons pour celles et
ceux qui nous sont confiés une caresse de Dieu. Nous les aiderons à vivre et à mourir
dignement : « Heureux les doux, ils auront la terre en partage » (Mt 5,5).
4. Tu es « caresse de Dieu »
Expression physique de tendresse, la caresse exprime la beauté et la délicatesse
de l’amour que Dieu a déposé en notre cœur. La tendresse comme les caresses se
manifestent autant par le toucher des mains, le baiser, le regard que par le ton de la
voix. Nous vivons dans un monde blessé et cabossé. Les victimes de l’indifférence et
de la violence sont partout : enfants, adolescents, couples ou célibataires, personnes
âgées. Nul n’est à l’abri de la solitude ni de la dureté des autres. Nous ne pouvons
peut-être pas faire de grandes choses pour eux, mais nous pouvons toujours leur
donner un peu de la tendresse qu’ils réclament et que nous pouvons leur offrir.
Soyons attentifs à tous ces affamés de tendresse et de caresses qui vivent autour de
nous. Nous détenons en notre cœur la vie qui leur manque. Ne les en privons pas. On
ne peut vivre en harmonie les uns avec les autres sans la tendresse, sans les
caresses de Dieu dont les fruits sont la joie et la paix : « Dieu est paix : demandonslui qu’il nous aide à la construire chaque jour, dans notre vie, dans nos familles, dans
nos villes et dans nos nations, dans le monde entier. » Ce qui ne peut se faire sans
tendresse. Aussi, « laissons-nous toucher par la bonté de Dieu. » N’ayons pas peur de
recevoir ses caresses ni de donner à chacun la part de tendresse qui lui revient, la
consolation et les encouragements qu’il est en droit d’attendre de nous. Par Jésus, le
Père nous caresse comme il caresse les hommes à travers notre tendresse.
Ai-je peur des caresses de Dieu ? Est-ce que je lui demande de m’aimer avec
tendresse ? Ai-je peur de la tendresse des autres ? Est-ce que je partage ma
tendresse avec ceux qui me sont proches, avec ceux qui en ont besoin autour de
moi ? Pour qui suis-je –ou ne le suis-je pas– caresse de Dieu ?
P. Henri CALDELARI msc
La Pomarède 15230 Paulhenc (France) - www.la-pomarede.cef.fr - rubrique L’Actualité
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