Bulletin du 18 juillet 2014 - Musée de paléontologie et de l`évolution
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Bulletin du 18 juillet 2014 - Musée de paléontologie et de l`évolution
Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Le Bulletin du MPE Don de la collection de trilobites François Habets L'année 2014 démarre en beauté avec la réception de l'un des dons de fossiles les plus importants depuis la fondation du Musée de paléontologie et de l'évolution : la collection de trilobites de M. François Habets. (suite page suivante) Une plaque de calcaire d’âge ordovicien supérieur, remplie de fossiles de trilobites, provenant de l’Ontario. On y retrouve six espèces de trilobites, les plus grand étant Gabriceraurus dentatus. Parmi les autres trilobites, on reconnaît des Ceraurus, des Raymondites, un Bumastoides, des Flexicalymene et un fragment d’Isotelus. Il y a aussi plusieurs fragments de colonies de bryozoaires, ainsi que de très beaux calices de crinoïdes. ! PAGE 1 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Don de la collection François Habets (suite) François Habets, grand collectionneur de fossiles de la région d'Ottawa, a monté, au fil des ans, une impressionnante collection de trilobites d'âge ordovicien, provenant de l'Ontario et du Québec. Sans contredit, cette collection de trilobites canadiens peut facilement se comparer à celles des grands musées et autres institutions au Canada. Elle compte 167 spécimens, presque tous des trilobites de l’Ordovicien du Québec et de l’Ontario. On y trouve aussi une dizaine d'echinodermes et quelques trilobites du Maroc, qui sont d’ailleurs spectaculaires! François a constitué sa collection en partie par achat et échange, mais surtout par des fouilles personnelles sur le terrain. Quand on voit la qualité, la diversité, et la rareté des spécimens, on comprend que François a une connaissance approfondie des trilobites, et qu'il a bâti cette collection avec le but bien précis de sauvegarder ce patrimoine fossile canadien. Non seulement les spécimens ont presque tous les critères nécessaires de beauté et d'esthétique pour être d'excellentes pièces d'exposition, mais de plus, certains pourraient être de nouvelles mentions ou même des espèces inconnues à la science. Une étude par des spécialistes est à considérer. De plus, certains spécimens proviennent de sites qui ne sont plus accessibles aujourd'hui. Superbe exemplaire de trilobite de l’espèce Isotelus latus. Ordovicien supérieur, Formation de Cobourg, trouvé à Colborne, en Ontario. Photo ci-dessus : Un trilobite rare — Hypodicranotus striatulus. Ordovicien supérieur, Formation de Verulam, trouvé à Colborne, en Ontario. Photo de gauche : Un trilobite appartenant au groupe des odontopleurides — cf. Meadowtownella sp. Par sa taille et ses traits anatomiques, ce trilobite pourrait appartenir à une nouvelle espèce. Ordovicien supérieur, formation de Neuville, région de Québec. ! PAGE 2 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Don de la collection François Habets (suite) François fait partie d'une petite communauté de collectionneurs et de chercheurs ontariens qui, durant les trois dernières décennies, a fait des contributions importantes au développement de la paléontologie dans cette province. Personnellement, je pense être en mesure d'apprécier l'importance de cette collection. Mon expérience de collecte sur le terrain (qui remonte à 1992) et mes consultations auprès des chercheurs et de leurs collections me confirment qu'on est ici en présence d'une collection unique. C'est tout à l'honneur de François d'avoir su la préserver et de l'avoir léguée au Musée de paléontologie et de l'évolution pour le bénéfice de tous. MERCI François pour ce fabuleux don ! M. C. Dans le sens horaire, en commençant en haut à gauche : Cybeloides plana et Flexicalymene sp. (au milieu) Nanillaenus latiaxiatus, Gamebridge, Ontario; Amphilichas ottawaensis, Brechin, Ontario; Erratencrinurus sp. Failleana indeterminata (à droite) et Xylabion sp. (à gauche) Hemiarges paulinus Bufoceraurus bispinosus Au centre de la figure : cf. Boeadaspis sp. Sauf indication contraire, tous ces trilobites proviennent de Belleville (Ontario). ! PAGE 3 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Exposition « Le Québec : une mer de fossiles » à Pointe-du-Buisson, Musée québécois d’archéologie Nous souhaitions montrer à nouveau l’exposition « Montréal, une mer de fossiles » présentée au Centre culturel Georges-Vanier. Nous n’avons pas eu besoin de chercher un nouvel emplacement pour exposer nos fossiles : il s’est présenté de lui-même. Par l’entremise d’un fidèle ami du Musée, M. Pierre Groulx, nous avons été mis en contact avec la nouvelle directrice du Musée québécois d’archéologie de Pointe-du-Buisson (Beauharnois), Madame Caroline Nantel, qui cherchait une manière d’améliorer l’offre muséale de son institution. Ne ratant aucune occasion d’augmenter la visibilité du MPE, nous nous sommes très vite entendus sur une exposition à présenter et sur un lieu pour la présenter. Le Musée de Pointe-du-Buisson possède un édifice servant à l’interprétation qui est sous-utilisé. Une partie peut être utilisée pour des expositions itinérantes. La surface disponible est idéale pour une exposition de la taille de « Montréal : une mer de fossiles ». Nous en sommes donc venus à une entente sans échange d’argent. Nous présenterons une version améliorée de « Montréal : une mer de fossiles » dans le pavillon d’interprétation pendant 2 ½ ans. La salle est mise gracieusement à notre disposition et Pointe-du-Buisson n’aura rien à payer pour l’expo. Vous pouvez dès maintenant visiter la nouvelle exposition qui a été renommée « Le Québec : une mer de fossiles ». L’inauguration a eu lieu le 5 juin 2014 et elle va durer au moins jusqu’à la fin décembre 2015 avec extension probable jusqu’à la fin décembre 2016. Elle est ouverte du mardi au dimanche y compris en hiver, sauf en mars-avril quand l’accès au pavillon est impraticable. Vue d’ensemble des sections sur les fossiles d’Anticosti et sur des traces fossiles. On peut voir la touche « magique » de la graphiste Annick Gaudreault, qui a rehaussé énormément l’apparence de l’exposition. En quoi cette expo est-elle améliorée? La version 2011 a été souvent critiquée pour être trop complexe, les textes trop lourds et la présentation manquant un peu de couleur. Nous avons donc fait appel à des professionnels. Une muséologue (Geneviève Larouche) a réécrit les textes pour les rendre accessibles au grand public et une graphiste (Annick Gaudreault) a recomposé les panneaux et le lettrage, et y a ajouté de la couleur. ! La copie d’Isotelus rex obtenue grâce aux généreux dons de la campagne de financement de l’automne 2013, visant à défrayer son achat. PAGE 4 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Exposition « Le Québec : une mer de fossiles » (suite) D’autre part, nous avons reçu, depuis 2 ans, de nombreux dons de fossiles qui améliorent les présentations. En particulier, la collection Habets, constituée de trilobites ordoviciens du Québec et de l’Ontario (voir l’article précédent), est tellement pertinente que nous lui avons consacré une zone spéciale à l’intérieur de l’expo, où on peut la voir sous des cubes de plexiglas. Quelques jours d’exposition ont suffi à montrer l’enthousiasme des visiteurs. N’hésitez pas à venir et à en parler à vos amis. Pour plus de détail, consultez ce lien: http://www.pointedubuisson.com et plus particulièrement à : http://www.pointedubuisson.com/calendrier-des-activites J.-P. G. Photo de droite: les panneaux d’introduction et au fond, l’entrée menant à l’exposition. Photo ci-dessous: l’espace réservé au don de la collection François Habets. Plusieurs des beaux spécimens de cette collection sont exposés dans des cubes de plexiglas. On peut apercevoir au fond de la salle, la section qui traite de la géologie des Basses-Terres du Saint-Laurent. ! PAGE 5 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Colloque « La paléontologie existe-t-elle encore? » 82e congrès de l’ACFAS L’Acfas, appelée aujourd’hui « Association francophone pour le savoir », est un organisme québécois assez ancien qui en est à son 82e congrès annuel. Nous ne nous y étions jamais associés parce que l’idée ne nous était jamais venue. Or, un des membres du CA (Ha-Loan Phan) est effectivement une employée de l’Acfas. Elle nous a persuadés, je dirais même enjoints, d’organiser un colloque dans le cadre du 82e Congrès, parce que c’était une occasion incontournable de se donner de la visibilité. Cela semblait un challenge, vu la dimension de l’événement, mais Ha-Loan nous a persuadés que ce serait facile, que le Président n’aurait qu’à donner son aval à notre participation et que tout se ferait tout seul. En fait, votre Président a du utiliser à fond les services de Bell et de Sympatico. Il a communiqué avec environ 40 paléontologues et paléoenvironnementalistes(1) pour tenter de les attirer à Montréal les 12 et 13 mai derniers, malgré les frais d’inscription de 300$ pour le grand public et de 80$ pour les étudiants. La réaction a été très encourageante. Environ 29 personnes se sont dites intéressées et parmi celles-ci, 21 se sont effectivement inscrites. Et, devrions-nous nous en surprendre, tous les 21 sont effectivement venus et ont présenté leur communication de 20 minutes. Le 82e Congrès a eu lieu au campus de l’Université Concordia où on nous a assigné une salle de cours avec projecteur et 41 sièges. Le colloque a duré 2 jours et l’auditoire était en moyenne de 15 à 20 personnes. Ceci est plus que la plupart des nombreux autres colloques de ce congrès. (1) Vous pourrez utiliser ce mot lors de votre prochaine partie de « Scrabble » Le Professeur Pierre J.H. Richard fut le premier au colloque à donner sa présentation qui s’intitulait : « Le mont Royal de 13 000 à 9 600 ans avant l’actuel : la mer de Champlain, la toundra, les arbres, la forêt et les castors sur un îlot marin puis sur une île dans le Lac à Lampsilis. » ! PAGE 6 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Colloque « La paléontologie existe-t-elle encore? » 82e congrès de l’ACFAS (suite) Le titre du colloque était « La paléontologie existe-t-elle encore? ». Il visait la communauté géologique en général, où la paléontologie n’est pas aussi largement utilisée qu’autrefois. Moins largement peut-être, mais il existe maintenant une variété de spécialistes pointus qui en font une discipline très diversifiée. La paléontologie a changé de forme. Nous avions donc une assez bonne fourchette de ces spécialistes, incluant des quaternaristes, des gens du Précambrien (j’inclus ici un spécialiste de la planète Mars), un chercheur du Paléozoïque, une paléoanthropologue, des paléobotanistes, des spécialistes des vertébrés et des pionniers de l’usage du CT Scan dans l’examen des fossiles. Nous aurions aimé que Richard Cloutier de l’UQAR se joigne aux autres, mais à la fin, nous avons fait mieux : nous avons présenté une conférence grand public—c’est-à-dire où l’accès est gratuit—et la vedette était, vous l’avez deviné : Richard Cloutier. Comme il se doit, il nous a parlé de l’apparition des tétrapodes, en lien avec l'annonce de la découverte d’un superbe Elpistostege à Miguasha l’an dernier. L’événement a été un succès : il y a eu environ 35 spectateurs. Allons-nous répéter l’expérience ? Ce n’est pas exclu. Le prochain congrès de l’Acfas aura lieu à Rimouski, en mai 2015. En attendant, il va y avoir la Canadian Paleontology Conference au Redpath en septembre, dont le MPE est coJ.-P. G. organisateur. Conférence grand public donnée par le Professeur Richard Cloutier intitulée : « À la quête de nos lointaines origines… il y a 380 millions d’années : la transition poisson-tétrapode » Quelques participants au colloque : de gauche à droite, le Dr. François Therrien, du Royal Tyrrell Museum of Paleontology, Sergio Mayor, secrétaire du MPE et Chuck Billo, membre du MPE. ! PAGE 7 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 L’Université de Montréal se réinvite au MPE Le rapprochement entre le Musée de paléontologie et de l’évolution et le milieu universitaire québécois se poursuit. En effet, le MPE a accueilli pour la deuxième année de suite un groupe de finissants au baccalauréat en géographie de l’Université de Montréal. Les étudiants du cours « GEO3132 : Paléogéographie », donné par notre vice-président Alexandre Guertin-Pasquier, ont visité les locaux du MPE le 27 janvier dernier et ont utilisé nos collections dans le cadre de leurs travaux de session. Ils ont ainsi eu la chance de travailler avec nos bases de données (lesquelles sont disponibles à tous sur demande) et de fournir au musée des données complémentaires sur ses collections. Les analyses des étudiants leur ont permis d’aller au-delà des simples spécimens et leur ont permis de mieux décrire les écosystèmes et les conditions climatiques présentes au moment de leur fossilisation. Le résultat de leur dur labeur? Une bien meilleure connaissance des principes de base en paléontologie, une initiation à la systématique, ainsi que des sites internet présentant des époques géologiques distinctes avec comme point d’appui les spécimens du MPE. Les hyperliens vers quelques-uns de ces sites sont disponibles à la fin du texte. Le cours a également été l’objet de plusieurs conférences, dont celles de notre membre de longue date et professeure de l’UQAM Anne de Vernal, ainsi que de l’étudiante à la maîtrise Lyna Lapointe Elmrabti, également membre du MPE et présentement à l’emploi du musée cet été. Lyna était par ailleurs la correctrice du cours. Liens vers les sites web les plus intéressants produits par les étudiants du cours : Équipe travaillant sur le Silurien : http://jeanseba.wix.com/silurien Équipe travaillant sur l’Ordovicien : http://archamisa.wix.com/paleogeographie A. G.-P Alex Guertin-Pasquier (vu de dos) explique le contenu du cours de paléogéographie à ses étudiants. La visite au Laboratoire de conservation et recherche du MPE fut fort appréciée par les étudiants qui on eu la chance de voir et de manipuler les fossiles de la collection. ! PAGE 8 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Exposition au Cosmodôme Le MPE a été invité à produire une exposition pour le Cosmodôme de Laval. Elle commencerait la plus tôt possible (ce qui veut quand même dire plusieurs mois) et durerait 5 ans. Le Cosmodôme nous paierait un loyer annuel qui couvrirait l’essentiel de nos frais. Un emplacement de taille moyenne, environ 250 à 300 pieds carrés nous serait prêté : il serait situé sur une mezzanine. Malgré sa petite taille, le sujet va être grand : l’histoire de la Vie sur Terre et le la possibilité de Vie passée sur Mars. Nous croyons qu’il est possible de coincer un tel sujet dans un si petit espace. Considérant le nombre de fossiles martiens dans notre collection, la partie martienne ne devrait pas poser problème. La structure de l’exposition est encore à déterminer. Notre attitude a souvent consisté à faire des expositions historiques en suivant la chronologie. Ceci n’est peut-être pas idéal, surtout pour les enfants. D’une part, le côté terrestre est bien documenté sauf au tout début, d’autre part on n’a que peu de données concernant Mars, bien que la topographie des époques très anciennes est probablement mieux préservée que sur la Terre. Dans notre recherche d’une solution, nous avons eu deux chances. D’une part, nous avons obtenu la collaboration du Dr. Richard Léveillé de l’Université McGill, géologue membre de l’équipe de la NASA en charge du robot Curiosity. D’autre part, le Professeur Anne Bruneau, du Département de Biologie de l’Université de Montréal et aussi amie du MPE, a bien voulu nous aider. Elle donne un cours à chaque hiver sur les collections d’histoire naturelle et sur leur mise en valeur. Cet hiver, elle a proposé comme travail de session à une de ses équipes d'étudiants, de concevoir notre exposition, compte tenu des contraintes expliquées ci-dessus. Le 22 avril, Marie-Pier Lavoie, Gaëlle Mazé, Patrick Olivier Meunier, Chloé Serrÿn et Salma Naili ont produit un rapport de 37 pages qui propose un concept. Ce rapport propose une structure non chronologique, qui s'adapterait bien à l’étroitesse des lieux et, ce qui est très important, ils nous ont proposé un parcours pour amuser les enfants. Nous allons analyser cette proposition dans les prochaines semaines . J.-P. G. Nous avons récupéré le reste de la collection Allen Petryk Au mois de juin 2011, nous annoncions fièrement avoir récupéré d’Ottawa la totalité de la collection Petryk. Rappelons que le Dr. Allen Petryk, anciennement au Ministère des Ressources naturelles du Québec, avait échantillonné les sédiments fossilifères de l’Ile d’Anticosti dans les années 1975-85 et que sa collection, après être passée par l’Université Laurentienne de Sudbury, s’était retrouvée à la Commission géologique du Canada (CGC) à Ottawa. Etant donné le manque d’information concernant les sites échantillonnés, le CGC souhaitait s’en défaire. Le MPE ne pouvait manquer cette occasion. Nous avons donc ramené toute la collection à Montréal, ce qui représentait plus d’une tonne de roches. Certains beaux exemplaires sont illustrés dans notre site web sous : Galeries photo>La collection Allen Petryk. Toute la collection? L’entrepôt de la CGC à Ottawa est immense et en revoyant l’ensemble de ses possessions (en vue d’un éventuel déménagement), la conservatrice s’est rendu compte qu’une partie de la collection Petryk était toujours là, cachée dans des sacs en toile sur le dessus des cabinets qui mesurent environ 2,50 m de hauteur. Grâce au fait que nous disposons d’un espace supplémentaire au CPE Pointe-St-Charles, le laboratoire principal est maintenant désengorgé, ce qui nous permet de le réengorger avec du nouveau matériel. Nous sommes donc retournés à la CGC (Mario Cournoyer, Jacques Letendre et moi-même) et, à l’aide de la Grand Caravan de Nathalie Daoust (dont la suspension a travaillé fort) et en deux voyages, nous avons ramené de nouveau plus d’une tonne de roches que nous n’avons même pas encore commencé à investiguer. Je vous rappelle que nos amis à la CGC souhaitent que nous fassions une exposition sur Anticosti, au Québec. Ils tiennent en réserve un grand nombre de beaux spécimens exactement dans ce but—ceci, vous l’aurez compris, en plus de la collection Petryk. Quand l’expo viendra, nous n’aurons que l’embarras du choix en matière de spécimens. Entretemps, nous devons trouver un emplacement pour le Musée… J.-P. G. ! PAGE 9 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Découverte dans la Formation de Neuville : de petits crinoïdes comme passagers sur de grands crinoïdes. James C. Brower1, John Iellam02 et Mario Cournoyer2 Mario Cournoyer, du Musée de paléontologie et de l’évolution, John Iellam0, un ingénieur, et moi-même étudions les faunes de crinoïdes de la Formation de Neuville (Ordovicien supérieur), à Québec et aux alentours, dans la Province de Québec, au Canada. La formation se compose de calcaires fins gris et de shales calcareux interstratifiés qui ont été déposés dans des eaux relativement profondes, la plupart du temps sous la base des vagues de tempête, sur le plateau extérieur. Les assemblages dominés par des brachiopodes sont communs et des suites de traces fossiles de type terrier et de type vannage sont également observées. Cependant, les lits avec échinodermes abondants entièrement articulés, à savoir crinoïdes, cystoïdes, carpoïdes et étoiles de mer, de même que des trilobites, sont les occurrences les plus spectaculaires de cette formation. La plupart de ces fossiles se trouvent à la surface de lits de calcaire recouverts par des mudstones. Ces lits sont interprétés comme des coulées de boue ou des courants de turbidité engendrés par des tempêtes sur les parties peu profondes du plateau continental. Les tempêtes ont mis les sédiments plus fins en suspension dans la colonne d’eau ; ceux-ci se sont alors écoulés vers le bas de la pente du bassin pour enterrer rapidement les organismes à l’endroit où ils vivaient ou à proximité. La Formation de Neuville au Québec est sensiblement équivalente aux diverses unités supérieures du Groupe de Trenton en Ontario et dans l’État de New York, qui présentent des faunes et des environnements de sédimentation similaires. La Formation de Neuville est recouverte par les shales noirs graptolitiques du Shale d’Utica, formés en eau profonde privée d’oxygène. Le premier auteur remercie Kevin Brett, qui lui a fourni des renseignements sur la Formation de Neuville. Les photos ci-jointes (voir page suivante) montrent l’un des exemples les plus distinctifs et, sur le plan écologique, les plus informatifs des crinoïdes du Neuville. La grande couronne (a) avec le long segment de tige appartient au crinoïde disparide Ectenocrinus geniculatus. Deux petits crinoïdes juvéniles du groupe des Camerata, appartenant à une espèce non décrite d’Euptychocrinus, sont également présents, l’un immédiatement à droite (b) et l’autre plus loin à droite de la couronne d’E. geniculatus (c). Les Camerata juvéniles se sont clairement fixés en enroulant leurs tiges autour de celle d’E. geniculatus (d). Ils ont dû se mettre en place alors que le spécimen d’E. geniculatus était vivant et bien dressé au-dessus du fond marin, juste avant sa mort et son enfouissement. Cela est démontré par le fait que les spécimens sont tous complets et que les tiges des Camerata sont non seulement enroulées tout autour de la tige d’E. geniculatus, elles « semblent effectivement nouées ou liées à » cette dernière. Bien que la tige d’E. geniculatus ne soit pas complète, sa longueur préservée semble indiquer que la base de la couronne était située au moins à 120 mm au-dessus du plancher océanique. Le scénario suivant nous apparaît probable. Les Euptychocrinus n. sp. juvéniles ont probablement cimenté leurs crampons embryonnaires sur la tige de leur hôte. Pendant la croissance, la tige des crinoïdes paléozoïques typiques s’allonge en raison de l’ajout de nouvelles plaques et de l’accrétion de calcite sur celles plus âgées. Par conséquent, la relation entre l’hôte E. geniculatus et ses résidents, à savoir les deux petites couronnes d’Euptychocrinus n. sp., doit s’être maintenue pendant une période de temps appréciable. Les petits Camerata ont évidemment grandement bénéficié de ce partenariat, car leur fixation à la tige élevée d’E. geniculatus les aurait soulevé au-dessus du plancher océanique boueux et des organismes qui y vivent. Tous les crinoïdes paléozoïques étaient des suspensivores passifs qui utilisaient leurs podia pour extraire de petits micro-organismes nageant et flottant dans les courants d’eau environnants. Bien que les spécimens d’Euptychocrinus n. sp. et d’E. geniculatus se nourrissaient au même niveau, ils n’étaient probablement pas en compétition pour les mêmes ressources alimentaires. Euptychocrinus n. sp., avec ses ambulacres étroites et ses podia petits et rapprochés, aurait mangé une gamme étroite de très petites particules alimentaires. Ectenocrinus geniculatus devait avoir de plus larges ambulacres et présenter des écarts plus importants entre podia adjacents, lui permettant de capturer une plus grande variété de morceaux de nourriture plus grands. Ainsi, il semble peu probable que les deux petits individus d’Euptychocrinus n. sp. aient nui au spécimen d’E. geniculatus. Cette situation peut ne pas avoir été rare, car nous avons trouvé un autre exemplaire d’E. geniculatus auquel une petite couronne d’Euptychocrinus n. sp. est attachée. Enfin, un individu mature d’Euptychocrinus n. sp. a été trouvé, mais sa tige n’est pas complète. Par conséquent, le mode de vie de cette espèce au stade d’adulte reste inconnu. 1 : Heroy Geology Laboratory, Syracuse University, Syracuse, New York 13244-1070 2 : Musée de paléontologie et de l’évolution, 541, rue de la Congrégation, Montréal, Québec, H3K 2J1 ! PAGE 10 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 (d) (a) (b) (c) (d) (b) (c) La grande couronne (a) avec le long segment de tige appartient au crinoïde disparide Ectenocrinus geniculatus. Deux petits crinoïdes juvéniles du groupe des Camerata, appartenant à une espèce non décrite d’Euptychocrinus, sont également présents, l'un immédiatement à droite (b) et l'autre plus loin à droite de la couronne de E. geniculatus (c). Les Camerata juvéniles se sont clairement fixés en enroulant leurs tiges autour de celle de E. geniculatus (d). ! PAGE 11 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Ajouts à la liste d’articles sur le site web du Musée Jusque tout récemment, la page « publications » du site web ne contenait que des publications en lien avec les activités propres du Musée. Par exemple, nous citions plusieurs articles rapportant nos recherches sur la sablière de Saint-Nicolas. L’échantillonnage avait été fait lors de sorties organisées par le Musée et le travail de conservation et d’identification avait été fait dans notre labo. Nous continuons à travailler sur des publications qui correspondent à ce concept. Nous avons aussi inscrit dans la liste les références à des livrets-guides ou à des résumés de colloques auxquels nous avons contribué. Cependant, depuis quelques années, nous avons eu le plaisir de voir notre membership s’enrichir de scientifiques ayant plusieurs publications à leur actif. Certaines sont dans des domaines très proches des objectifs—de la mission— du Musée. Nous commençons donc à inclure ces publications dans la liste de nos publications. Récemment, nous avons ajouté : • Guertin-Pasquier, A., Fortier, D. & Richard, P.J.H., 2012. Paleoecology and paleoclimatology of the Plio-Pleistocene Bylot Island fossil forest, Nunavut, Canada. Canadian Paleontology Conference 2012, Proceedings No. 10: 35-36. • Hagadorn, J.W., Lacelle, M. & Groulx, P., 2012. Mirabel’s ancient surfers: Insights from Cambrian trace fossils and sedimentology of the Potsdam Group, Québec. Canadian Paleontology Conference 2012, Proceedings No. 10: 37. • Lacelle, M., Hagadorn, J.W. & Groulx, P., 2012. Prolific Potsdam Protichnites: Giant euthycarcinoid trackways from Beauharnois, Québec. Canadian Paleontology Conference 2012, Proceedings No. 10: 43. • Richard, Pierre J.H. et Grondin, P., 2009. Histoire postglaciaire de la végétation, pp. 170-176, dans Chapitre 4, Saucier et al., « Écologie forestière », pp. 165-316, dans Ordre des ingénieurs forestiers du Québec, Manuel de foresterie, 2e édition, Ouvrage collectif, Éditions MultiMondes, Québec, 1510 p. • Richard, Pierre J.H. and Occhietti, S., 2005. 14C chronology for ice retreat and inception of Champlain Sea in the St. Lawrence Lowlands, Canada. Quaternary Research, vol. 63 :353-358. • Occhietti, S. et Richard, Pierre J.H., 2003. Effet réservoir sur les âges 14C de la Mer de Champlain à la transition Pléistocène-Holocène : révision de la chronologie de la déglaciation au Québec méridional. Géographie physique et Quaternaire, vol. 57 (2-3) : 115-138. Nous avons aussi mis en ligne le programme et résumés de notre colloque organisé lord du 82e congrés de l’ACFAS : • Colloque « La paléontologie existe-t-elle encore? » Programme et résumés, Colloque No. 206 - 82e Congrès de l’ACFAS, Université Concordia, Montréal, Québec, Canada. 12 et 13 mai 2014. 30 p. Finalement, un article à été publié au mois d’avril dernier dans le Journal canadien des sciences de la Terre à propos d’un de nos spécimens: un os fossile (métatarse) appartenant à un ours brun (Ursus arctos), trouvé en 2004 dans la sablière de Saint-Nicolas, près de Québec. C’est le premier fossile d’ours découvert dans les sédiments de la Mer de Champlain, et c’est aussi le premier os fossile des sédiments de la Mer de Champlain à avoir été identifié grâce à une analyse d’ADN. On retrouve aussi le résumé d’une présentation orale, donnée par Michel Chartier, lors d’un colloque en 2012. • Harington, C.R., Cournoyer, M.E., Chartier, M.D., Fulton, T.L. & Shapiro, B., 2014. Brown bear (Ursus arctos) (9880 ± 35 BP) from late-glacial Champlain Sea deposits at Saint-Nicolas, Quebec, Canada, and the dispersal history of brown bears. Canadian Journal of Earth Sciences, vol. 51: 527-535. • Chartier, M.D., Cournoyer, M.E., Harington, C.R., Fulton, T.L. & Shapiro, B., 2012. “I bet we’ll find that bear”: A case of perseverance and serendipity in the Champlain Sea. Canadian Paleontology Conference 2012, Proceedings No. 10: 25-26. Bonne lecture! ! J.-P. G PAGE 12 Musée de paléontologie et de l’évolution! 18 JUILLET 2014 Fiche descriptive de spécimen Numéros de spécimen : MPER3.1 Identification : Moulage d’un individu complet Genre et espèce : Isotelus rex Âge : Ordovicien supérieur Localité : Churchill, Manitoba En 1999, une équipe conjointe de paléontologues Manitobains et Ontariens a découvert, dans l’Ordovicien supérieur de la région de Churchill, au Manitoba, un Isotelus de 72 cm de longueur qui était et demeure le plus grand trilobite complet jamais trouvé. Il est devenu l’holotype d’une nouvelle espèce : Isotelus rex. Il a été dégagé et envoyé à Winnipeg, où un moulage a été fait et envoyé au ROM. Nous avons emprunté ce dernier pour l’expo de 2011. Enfin, l’hiver dernier, nous avons commandé notre propre moulage au Musée du Manitoba : il nous a été livré (voir photo) juste à temps pour la nouvelle expo à Pointe-du-Buisson où vous pouvez l’admirer. Le genre Isotelus appartient à l’ordre des Asaphidae. Il est caractérisé par un thorax comptant 8 segments et un pygidium semi-circulaire très semblable au céphalon. On dit donc que c’est une forme « isopyge », c’est à dire que ses extrémités sont similaires. Il n’y a cependant aucun risque de confusion entre l’avant et l’arrière. Les segments du thorax sont légèrement courbés vers l’arrière et les deux yeux sont bien visibles sur le céphalon. Le MPE possède plusieurs Isotelus, appartenant à différentes espèces, dont un Isotelus latus de 25 cm donné par François Habets (voir photo, p. 2). Carte de membre Conseil d’administration Nous tenons à vous informer que, comme à tous les débuts d’année, votre carte de membre doit être renouvelée. Annexé à ce bulletin, vous trouverez une copie du formulaire de renouvellement de la carte de membre. N’oubliez pas que vous pouvez aussi effectuer un don, le Musée étant un organisme de bienfaisance dûment enregistré auprès de l'Agence du revenu du Canada (n° 890282445RR0001) et donc autorisé à délivrer des reçus pour fins d’impôt. Jean-Pierre Guilbault — Président Alexandre Guertin-Pasquier — Vice-président Jacques Lachance — Trésorier Sergio Mayor — Secrétaire Vanessa Jetté — Conseillère Ha-Loan Phan — Conseillère Lionel Zaba — Conseiller Mario Cournoyer —Directeur général et responsable du Laboratoire de conservation et recherche - MPE Rédaction du bulletin Nos coordonnées Jean-Pierre Guilbault (J.-P. G.) Mario Cournoyer (M. C.) Alexandre Guertin-Pasquier (A. G.-P.) Anne Costisella (révision) ! Musée de paléontologie et de l’évolution 541, rue de la Congrégation Montréal, Québec H3K 2J1 Tél. : 514-933-2422 Courriel : [email protected] Site Web : www.mpe-fossiles.org PAGE 13