Meilleur accès des femmes à la terre agricole au Burundi
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Meilleur accès des femmes à la terre agricole au Burundi
Meilleur accès des femmes à la terre agricole au Burundi Le Burundi dispose d’une législation favorable à la pleine participation des femmes à la vie économique, sociale et politique du pays. Cette législation s’appuie sur des conventions internationales et des lois passées par le gouvernement. De lacunes pèsent cependant sur la régulation des ressources naturelles et la gestion des terres familiales du fait de l’absence d’un code foncier national. En l’absence de textes nationaux, ce sont les règles coutumières locales basées sur un régime patriarcal qui régissent l’accès et l’hérédité des terres aux femmes. Or ce régime ne reconnait pas la femme comme une héritière, mais uniquement comme usufruitière. Ces normes sociales sont si ancrées dans la population locale la majorité des femmes dans les communautés rurales (les ‘collines’) croient que la possession des biens matériels comme la terre est pour les hommes. Les quelques concessions prévues par la norme sociale, par example «igeseke» ou la parcelle allouée aux filles de la famille, sont de plus bafoués en vu de la pression démographique qui limite la quantité de terre disponible. Un projet de loi sur la succession et deux sur les possessions foncières sont en étude de la part du gouvernement qui tente de palier au vide juridique. Le Programme transitoire de reconstruction post-conflit C’est dans ce contexte de vulnérabilité et de fausse conscience de la part des femmes que s’inscrit l’action de l’autonomisation des femmes du Programme transitoire de reconstruction post-conflit (PTRPC). Le PTRPC a pour but de restaurer les moyens d’existence en milieu rural, à reconstituer le capital social, y compris le rétablissement de la dignité rurale, et à rétablir la sécurité alimentaire des populations pauvres et vulnérables. Le Fonds belge pour la sécurité alimentaire (FBSA) a rejoint le programme en 2009 pour appuyer les efforts du Fonds international de développement agricole (FIDA) dans la province du Bujumbura Rural en rajoutant une composante santé et nutrition, en libérant des fonds pour les infrastructures et les formations. Plus spécifiquement cet appui socio-sanitaire vise à améliorer: i) l’état sanitaire et nutritionnel des populations et, en particulier, l’état de la mère et de l’enfant et des autres groupes vulnérables; ii) le niveau de sécurité alimentaire et des revenus des ménages vulnérables; et iii) l’amélioration durable de l’approvisionnement en eau potable et des conditions d’assainissement. Une composante femmes et foncier, au sein du PTRPC n’existe pas de façon explicite, mais des actions sont menées dans le cadre de la composante transversale «gouvernance locale» et particulièrement dans sa sous-composante «appui légal» à travers des cliniques juridiques au niveau de la province, gérées par des femmes juristes. Elles permettent de conclure que le programme aborde une dynamique femmes et foncier qui se base sur la diffusion de la loi pour amener les femmes à exercer leurs droits y compris leurs droits fonciers, face aux pratiques inégalitaires caractérisées par une discrimination entretenue à l’endroit des femmes dans les rapports familiaux. Pratiques et expériences du PTRPC Dans l’ensemble, les affaires foncières représentent entre 80% à 90% des cas de plaintes auprès des structures locales et des instances judiciaires. Les cliniques juridiques avec l’appui des associations féminines et des juges arrivent à faire avancer l’exercice de la jurisprudence sur la base des cas déjà exécutés. La connaissance de la loi vient utilisée comme un instrument d’autonomisation des femmes rurales. Cet appui aux femmes comporte plusieurs axes: médiation, jugement et appui judiciaire sous la forme de financement des frais d’avocat. D’une manière générale la tendance est que confronté aux conflits fonciers en rapport avec les successions, le juge burundais se base plus sur l’équité que sur la coutume (même si, la coutume prime en absence de texte de loi). Une des contraintes principales rencontrées dans la mise en œuvre de la composante est la non-exécution des décisions rendues suite aux médiations ou jugements. Dans plusieurs cas, surtout fonciers, plus de 50% des femmes n’entrent pas dans la jouissance de leurs droits, faute de l’exécution du jugement. Recommandations visant à améliorer l’accès des femmes à la terre Fonds belge pour la sécurité alimentaire Contacter: Alessandra Pani Via Paolo di Dono 44, 00142 Rome, Italie Tél.: +39 06 54 59 22 Courrier: [email protected] www.ifad.org/bffs Les recommandations ci-après ont été formulées : • Les efforts d’information et de formation relatifs aux textes et opportunités offertes doivent se porter sur tous les acteurs et parties prenantes qui interviennent dans le foncier; • Les liens étroits entre le droit successoral, matrimonial et foncier, doivent être mis en évidence; • Le travail des femmes leaders ciblées pour gérer les plaintes des femmes, bien que très efficace, est disproportionné par rapport à leur rôle. Elles ne bénéficient pas d’indemnisations qui recouvrent leurs frais financiers ou leur travail. Une meilleure répartition des rôles entre les leaders communautaires et la clinique juridique serait judicieuse et soulagerait davantage les femmes leaders en leur confiant un rôle relais entre les femmes dont les cas n’ont pas trouvé de solutions locales et la clinique; • Toutes les actions menées doivent être dans orientées vers la réduction de la dichotomie état/coutume. Les efforts doivent être portés sur l’information de la population sur les textes nationaux qui visent à l’autonomisation des femmes; • L’information doit amener à une bonne connaissance des projets de loi pour que ceux-ci fassent l’objet de débats informés et soient acceptés par la population dès son adoption; • Aucune pression ne doit être portée sur les femmes qui en toute connaissance de cause décideront de ne pas exercer leurs droits. Chaque femme est un cas spécifique et saura exercer ses droits de la manière la plus adéquate; • Un appui aux instances judiciaires, notamment pour les déplacements, devrait réduire le nombre de jugements non exécutés. En attendant un texte sur la mise en place d’huissiers privés, ceci permettra à de nombreuses femmes qui attendent l’exécution de jugements en leur faveur de rentrer dans leurs droits; • Il est urgent de mener des réflexions sur les associations de femmes qui louent la terre pour y travailler pour les appuyer dans le cadre d’un accès plus sécurisé et plus durable (crédit foncier, subventions, AGR porteuses, terres des marais, actions de facilitation auprès des autorités communales, etc.); et, • Appuyer les associations féminines à travers le financement des actions de lobbying, d’animation et de sensibilisation des femmes rurales pour une meilleure compréhension du contenu de la future loi sur les successions, les régimes matrimoniaux et les libéralités. • Le Programme conjoint FIDA/FBSA Le Fonds belge pour la sécurité alimentaire (FBSA) a été créé en 1983 à l’initiative du Parlement belge, en réponse aux sécheresses et aux famines qui ont provoqué plus de un million de morts en Afrique de l’Est. Le FBSA octroie des dons destinés à financer des projets de développement rural accordant la priorité à la sécurité alimentaire et à la nutrition dans certains des pays les plus pauvres d’Afrique, aidant ainsi les populations vivant dans l’extrême pauvreté à devenir plus fortes et plus productives et à réduire le risque de famine. Fonds international de développement agricole Via Paolo di Dono 44, 00142 Rome, Italy Tél.: +39 06 54591 Courrier: [email protected] www.ifad.org www.ruralpovertyportal.org Le Fonds international de développement agricole (FIDA), organisme spécialisé des Nations Unies créé en 1977 en tant qu’institution financière internationale, est l’un des principaux aboutissements de la Conférence mondiale de l’alimentation de 1974. Il se consacre à l’éradication de la pauvreté et de la faim dans les zones rurales des pays en développement. À travers l’octroi de prêts à faible taux d’intérêt et de dons, il élabore et finance des programmes et projets visant à permettre aux populations rurales pauvres de se libérer de la pauvreté. Le Programme conjoint FIDA/FBSA a été établi en 1983 à la recherche d’un objectif commun: aider les populations pauvres des zones rurales à se libérer de la pauvreté. Depuis lors, le FBSA et le FIDA ont conçu et financé 58 projets dans 17 pays d’Afrique, pour un montant total de plus de 200 millions d’USD.