Gérer sa copopriété ou son ASL
Transcription
Gérer sa copopriété ou son ASL
Qui est l'association des responsables de copopriété? L'ARC est une association à but non lucratif (loi de 1901) créée en 1987 et qui est implantée, en 1996, sur plus de 3000 immeubles en copropriété. C'est aujourd'hui l'une des plus importantes associations de copropriétaires. Important : depuis mars 1995 l'arc a créé, avec d'autres associations de copropriétaires, l'UNARC Union Nationale des Associations de Responsables de Copropriété - qui couvre une grande partie de la France et bientôt, espérons-le, TOUTE la France. Ses adhérents sont : - des conseils syndicaux, dans des copropriétés gérées par des professionnels, - des syndics non professionnels, - des copropriétaires à titre individuel confrontés à des problèmes personnels. L'ARC aide donc ses adhérents tout aussi bien à contrôler la gestion des syndics professionnels qu'à gérer eux-même leur immeuble avec, dans les deux cas, un soucis d'améliorer la qualité de la gestion et d'obtenir le maximum d'économies. Cela fait de l'ARC une association unique en son genre, une association qui peut d'autant mieux aider à contrôler les professionnels qu'elle connait la gestion des immeubles de l'intérieur. L'ARC est aussi l'une des seules associations d'usagers à avoir créé un groupement d'achat qui a deux objectifs : - négocier les prix pour avoir des références concrètes et montrer ainsi que les prix obtenus par certains syndics professionnels sont "curieusement" élevés, permettre à ses adhérents qui le souhaitent d'obtenir des prix négociés sur du matériel de qualité ou sur des contrats de services (maintenance, assurance, etc.), ce qui entraine des économies. Bien entendu, à côté de cela, l'ARC aide aussi TOUS ses adhérents à résoudre les problèmes d'ordre juridique, comptable et technique rencontrés dans leur copropriété. Pour plus de renseignements, vous pouvez vous adresser à l'ARC 29, rue Joseph Python 75020 PARIS Tel : 01 40 30 12 82 Fax : 01 40 30 12 63 gérer soi-même sa copropriété ARC Préface Vous habitez une copropriété et vous intéressez activement à la vie et à la gestion de votre copropriété. Vous vous demandez peut-être : - est-il possible de gérer sa copropriété entre «soi», sans professionnel ? cela est-il à la portée d'un copropriétaire «normal» et sans formation particulière ? Ce petit guide voudrait simplement répondre aux quelques questions que vous vous posez sur ce sujet, vous indiquer de quelle façon procéder et comment - si vous le souhaitez - vous faire aider. Sommaire Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Pourquoi gérer soi-même sa copropriété Les différentes formules possibles Les prétendus risques de la gestion directe La mise en place de la gestion directe Les travaux et les fournisseurs Gérer le personnel Les aides au démarrage et l'aide à la gestion 2 7 9 12 18 19 20 1 ARC gérer soi-même sa copropriété 1. Pourquoi gérer soi-même sa copropriété 1. Gérer soi-même, est-ce possible? La première question est, en effet, de savoir qui peut gérer une copropriété ou une Association Syndicale Libre (ensemble de pavillons). La réponse est claire : peut gérer un immeuble ou un ensemble pavillonnaire, soit un professionnel, SOIT N'IMPORTE LEQUEL DES COPROPRIETAIRES OU PROPRIÉTAIRES,. Les règles d'élection, les responsabilités, les droits et obligations vis-à-vis des copropriétaires, sont exactement les mêmes, qu'il s'agisse de professionnels ou de non-professionnels. Ajoutons immédiatement que l'on ne parlera pas de syndic (ou gestionnaire) bénévole, mais de syndic non professionnel. En effet, un copropriétaire syndic peut être rémunéré pour son travail, sans pour autant devenir un professionnel. 2. Quelles sont les différentes situations courantes rencontrées? On peut habiter, soit un logement dans un immeuble, soit un pavillon dans un ensemble. Dès lors, on peut être confronté à diverses situations de gestion. a. La gestion d'immeuble : dans ce cas, c'est obligatoirement le statut de la copropriété qui s'applique. b. La gestion d'ensembles de pavillons : dans ce cas, la gestion des parties communes ou équipements communs (ou services communs) se fait soit dans le cadre du statut de la copropriété, soit dans le cadre d'une Association Syndicale Libre. 2 gérer soi-même sa copropriété ARC Il y a au moins deux situations où la gestion par soi-même (c'est-à-dire sans professionnel) s'impose presque d'elle-même : - le cas des petites copropriétés simples, le cas des ensembles pavillonnaires (de taille normale, c'est-à-dire moins de 80 lots). 3. Quelles sont les raisons qui poussent à la gestion directe? a. Motivation économique Dans les petites unités, la motivation essentielle réside dans la recherche d'économie : pourquoi payer un professionnel pour faire un travail souvent facile ? Par ailleurs, au-delà des dépenses directes liées au syndic (honoraires), la motivation concerne des dépenses indirectes (meilleur contrôle des prix, des fournisseurs, des entreprises en cas de travaux). Cette motivation n'est pas illusoire. Sur un exemple concret, cela a pu donner le résultat suivant : Syndic professionnel Syndic non professionnel Économie 34 000 F 2 100 F 31 900 F 4 300 F 400 F 3 900 F Nettoyage 62 000 F 31 000 F 31 000 F Travaux divers 27 000 F 17 000 F 10 000 F Eau 67 000 F 44 000 F 23 000 F 2 900 F - 2 900 F 2 700 F 2 700 F 0 F 197 000 F 100 100 F 96 900 F Frais de gestion (honoraires et divers) Frais d'assemblée générale Compteurs d'eau Impôts / taxes Total 3 ARC gérer soi-même sa copropriété Comment ces économies ont-elles été possibles ? - réduction sensible des frais de gestion, - embauche d'une femme de ménage au lieu d'une entreprise de nettoyage, - pose de compteurs individuels d'eau et relevé effectif de ces compteurs au moins une fois par an. b. Les problèmes avec son syndic professionnel Ce que les propriétaires reprochent souvent le plus à leur syndic professionnel, c'est son «absence», son temps de réaction très lent, l'abandon de certains aspects de la gestion. Ces copropriétaires perdent beaucoup de temps à «courir après leur syndic» et donc à essayer de lui faire faire son travail. Un jour, ILS en viennent à se dire qu'ils iraient plus vite à faire eux-mêmes le travail. Telle est la deuxième motivation principale. c. Situation sinistrée Aussi paradoxal que cela puisse paraître, plus la situation d'une copropriété est difficile, plus la gestion directe semble adaptée. Voyons cela. Une situation sinistrée est une situation où le niveau des impayés est très élevé, où les copropriétaires sont «démissionnaires», où même les petits travaux d'entretien sont impossibles, où l'eau, l'EDF, finissent par être coupées, etc. Pour un syndic professionnel, ce type de situation est ingérable, étant donné le temps réduit qu'il peut consacrer à un immeuble. Par contre, des copropriétaires occupants, fortement motivés, vont pouvoir engager des actions de recouvrement de charges (en étant en permanence sur le «dos» des débiteurs), retrouver les copropriétaires absents, agir auprès de l'administration, des notaires, d'un éventuel lîquidateur, effectuer eux-mêmes certains petits travaux urgents, négocier avec la compagnie des eaux, l'EDF, etc. Évidemment, on évitera de «reprendre» des situations sinistrées dans les grandes copropriétés, le travail étant, dans ce cas, au-dessus des forces des copropriétaires, aussi dynamiques et motivés soient-ils. 4 gérer soi-même sa copropriété ARC 4. Ne pas minimiser les difficultés Inutile de se voiler la face, la gestion directe est plus ou moins facile selon les cas. Nous avons dégagé sept paramètres . a. L'organisation-type des bâtiments Il y a les copropriétés constituées d'un bâtiment et celles constituées de plusieurs bâtiments. Il est certain que, dans le premier cas, les parties communes étant réduites à leur plus simple expression, la gestion directe sera plus facile. b. Le nombre de logements On peut distinguer les petites copropriétés (jusqu'à 50 logements), les moyennes copropriétés (de 50 à 150 logements) et les grosses copropriétés (de 150 à 300). Au-delà, on parle des «grands ensembles» qui peuvent atteindre 1500, voire 2000 logements. À noter néanmoins, qu'une copropriété de 300 logements pourra embaucher un «directeur» de copropriété et donc, dans certains cas, être plus facile à gérer soi-même qu'un immeuble de 100 logements. c. La qualité de construction Moins bonne sera la qualité initiale des bâtiments, plus difficile en sera la gestion, à la fois pour des raisons techniques, pratiques et financières (l'entretien d'un immeuble de mauvaise qualité est cher et nécessite de multiples interventions, donc du temps). d. L'importance des équipements collectifs et des services Là aussi, rien de très banal : plus complexe sera «l'équipement» d'un immeuble (du chauffage collectif à l'interphone, en passant par les videordures et la cellule photoélectrique du parking), plus complexe en sera la gestion, plus problématique l'autogestion. 5 ARC gérer soi-même sa copropriété e. Le statut d'occupation Ily a deux statuts d'occupation d'un logement: le logement occupé par son propriétaire, le logement occupé par un locataire. Plus il y a de propriétaires-occupants, plus facile sera la gestion directe (c'est une tendance, pas une loi). Plus il y aura de logements loués plus difficile sera la gestion directe (éloignement des propriétaires, indifférence au vécu de la copropriété, difficultés de relation avec les copropriétaires, etc...). f. Les différences sociales et sociologiques Il y a des copropriétés très homogènes socialement (ménages du même milieu social), et sociologîquement (ménages du même âge, de même nationalité), et d'autres, qui sont hétérogènes. Il est certain, même Si on peut le regretter, que l'homogénéité favorise la gestion directe, l'hétérogénéité la complique. g. Le niveau des impayés Dernier problème éventuel : le niveau des impayés. Il est certain que la prise en gestion d'une copropriété où les débiteurs sont trop nombreux sera difficile. Mais, comme nous l'avons déjà évoqué, le taux important des impayés peut aussi, et au contraire, être une raison de se mettre en gestion directe, certains syndics professionnels étant beaucoup moins efficaces pour recouvrer les charges qu'un syndic non professionnel bien conseillé et motivé. 6 gérer soi-même sa copropriété ARC 2. Les différentes formules possibles Toute copropriété qui veut se gérer sans professionnel, a le choix entre deux formules : A. Rester un syndicat de copropriété simple Dans ce cas, il n'y a aucune modification à faire au règlement de copropriété. L'assemblée générale élit un syndic parmi les copropriétaires, syndic qui a les mêmes pouvoirs et les mêmes devoirs qu'un syndic professionnel. L'assemblée élit également un conseil syndical. Le seul changement sera donc qu'au lieu du syndic professionnel, votre copropriété aura un syndic non professionnel. D'ailleurs, le syndic-propriétaire non professionnel peut être rémunéré. Donc, contrairement à ce que certains croient, on peut se gérer sans professionnel, sans pour autant être en «syndicat coopératif». B. Être un syndicat de copropriété COOPÉRATIF Dans ce cas, l'assemblée générale doit décider de transformer le syndicat des copropriétaires en syndicat coopératif et élit un conseil syndical coopératif (pour cette modification, il faut obtenir la double majorité, soit les 2/3 des millièmes représentant la moitié des copropriétaires). Le conseil syndical élit ensuite son président, qui fait office de syndic. Il faut, dans ce cas, modifier le règlement de copropriété. Dans la formule «coopérative», le syndic est moins «seul» et la gestion peut être collective. Cette différence est cependant insensible dans les petites copropriétés. 7 ARC gérer soi-même sa copropriété Seul problème dans cette formule, le «président-syndic» ne peut PAS toucher de rémunération (car il est d'abord conseiller syndical...). Enfin, sachez que si vous êtes dans une copropriété où il y a plusieurs immeubles, vous pouvez créer facilement avec les personnes de votre immeuble ce qu'on appelle un syndicat secondaire qui pourra se gérer de façon autonome et sans syndic professionnel pour tout ce qui concerne directement 1' immeuble. 8 gérer soi-même sa copropriété ARC 3. Les prétendus risques de la gestion directe Certains copropriétaires peuvent être (légitimement) inquiets au sujet de divers aspects de la gestion. Les «angoisses» concernent : - les impayés, la garantie des fonds, la compétence, la tenue d'une comptabilité «normalisée». 1. Les impayés Certains croient que l'arrivée d'un syndic non professionnel va favoriser les «impayés» selon l'idée qu'un non-professionnel est non seulement incapable de récupérer les charges, mais est surtout incapable de «faire peur» aux débiteurs. Il faut s'élever très fort contre cette croyance non seulement il n'y a pas davantage d'impayés en gestion directe, mais la règle constante est qu'il y a beaucoup moins d'impayés. Pourquoi cela ? Pour quatre séries de raisons : a. Le non-professionnel va agir et réagir vite contre l'impayé. Il ne va pas attendre, comme le fait trop souvent le syndic professionnel. Par ailleurs, Si ce non-professionnel utilise correctement les conseils de l'ARC, il va s'apercevoir qu'il dispose d'un certain nombre de moyens simples, efficaces et gratuits pour obtenir le versement des charges (application des intérêts de retard, utilisation de la procédure simplifiée de saisie du tribunal d'Instance, etc.). b. Il va pouvoir, très facilement, faire la part entre le débiteur de bonne foi et celui de mauvaise foi, et agir en conséquence. Or, le syndic professionnel, très souvent, ne sait pas à qui il a affaire. c. Si un problème très spécial arrive, le syndic non professionnel agira rapidement (décès, succession, squatterisation, départ à l'étranger, etc.). d. Autre point alors qu'en gestion professionnelle un certain nombre de copropriétaires justifie de rétentions de charges en raison du laxisme de leur syndic ou de problèmes de gestion, en gestion directe cela n'existe pas et ces «blocages» trouvent très vite des solutions. 9 ARC gérer soi-même sa copropriété 2. Les «garanties» du syndic non professionnel Certains n'hésitent pas à créer de l'inquiétude en indiquant que les syndics non professionnels ne présentent pas de garanties suffisantes puisque la loi ne les oblige ni à avoir une caution bancaire (pour les fonds détenus), ni une assurance de responsabilité civile. À ces problèmes, il y a quatre réponses ; il faut en effet savoir : - que la loi oblige les syndics non professionnels à avoir un vrai compte séparé où sont déposés tous les fonds de la copropriété, - que les associations, comme l'ARC, ont négocié des assurances de responsabilité pour leurs adhérents syndics aussi performantes (et même plus, parce qu'il n'y a pas de franchise) que celles des professionnels, - que si un syndic professionnel peut faire faillite, cela n'est pas le cas d'un syndic non professionnel, - qu'en cas de détournement de fonds (cas qui ne s'est JAMAIS produit à l'ARC...), le syndic répond sur ses BIENS. Comme on le voit, les «garanties» existent en gestion directe et sont aussi efficaces qu'en gestion professionnelle. 3. La compétence «Être syndic est un métier et ce métier ne s'improvise pas», disent les professionnels. C'est vrai, mais cela est surtout vrai : - quand l'immeuble est important et complexe, - quand il y a beaucoup de personnel à gérer. Pour les petits immeubles, la compétence se résume à : - la connaissance de la loi du 10 juillet 1965 et du décret du 17 mars 1967, - la connaissance éventuelle de la convention collective des gardiens et employés d'immeuble, - la connaissance des règles en matière de recouvrement des charges, la connaissance de quelques règles comptables, la connaissance de quelques obligations en matière de sécurité, - la connaissance des règles en matière de contrats. Ces «compétences» s'acquièrent rapidement en lisant les guides de l'ARC. À noter d'ailleurs, sans polémique, qu'un certain nombre de professionnels ne maîtrisent pas ces compétences et connaissances élémentaires... 10 gérer soi-même sa copropriété ARC En ce qui concerne les problèmes plus complexes, il suffira, comme les syndics professionnels le font, de faire appel à des experts (avocat, architecte, thermicien...). 4. La comptabilité La comptabilité est le dernier rempart que l'on dresse devant la gestion directe. Ce rempart est d'autant plus illusoire : - qu'aucune normalisation de la comptabilité en copropriété n'existe aujourd'hui et que chaque professionnel fait aujourd'hui, à peu près, ce qui lui plaît, - que la comptabilité d'une copropriété est une comptabilité très simple et peut même se réduire à une comptabilité de trésorerie. Il suffit : - d'enregistrer les factures, - de noter les dépenses, - de faire les appels de charges auprès des copropriétaires, et de tenir à jour leur compte individuel, - de contrôler les relevés de banque, - d'établir une fois par an, une «situation de trésorerie» faisant apparaître d'un côté ce que la copropriété DOIT et d'un autre côté ce qu'on DOIT à la copropriété et ce qu'elle détient. L'ARC a rédigé un guide simple permettant à chacun de mettre en place une comptabilité manuelle, même sans aucune formation préalable. Par ailleurs, pour les moyennes et grosses copropriétés, la micro-informatique permet, pour un prix modique, de pratiquer une gestion comptable entièrement informatisée, très simple à manier et à maîtriser. Là encore, pour ceux qui le souhaitent, l'ARC a mis au point un logiciel bon marché permettant de tenir simplement sa comptabilité de façon informatisée. Ainsi, tout le monde même non comptable, peut simplement tenir les comptes d'une copropriété. 11 ARC gérer soi-même sa copropriété 4. La mise en place de la gestion directe Avant de se passer d'un professionnel de la gestion, nous conseillons aux copropriétaires de procéder par étapes. Première étape : se doter d'un conseil syndical «actif» qui exercera son rôle d'assistance et de contrôle de la gestion du syndic professionnel pendant au moins un an, de façon à «apprendre le métier». Participer au conseil syndical aux côtés d'un syndic professionnel est un excellent moyen pour vous familiariser avec la gestion de votre immeuble. Quand vous estimerez que le conseil syndical peut gérer seul sa copropriété, alors vous pouvez vous lancer dans l'autogestion et passer à la seconde étape. Deuxième étape : gérer sans syndic professionnel. Avant de vous lancer dans la gestion directe (sans professionnel), il faut bien examiner la situation de votre copropriété et vous poser quelques questions. - Jusqu'à quand court le mandat du syndic professionnel ? Il n'est pas toujours, en effet, facile d'interrompre un mandat en cours. - Y-a-t-il des problèmes financiers dans votre copropriété ? Quel est le niveau des impayés ? D'où viennent-ils ? - Avez-vous une majorité suffisante de copropriétaires qui adhère au projet ? - Existe-t-il une équipe de copropriétaires qui pourra former le conseil syndical et participer au travail de gestion ? - Les problèmes administratifs, comptables, techniques, de contentieux divers, ne sont-ils pas trop compliqués ? Une fois résolues ces questions, voici les étapes à franchir. 12 gérer soi-même sa copropriété ARC 1. Mettre fin au mandat du syndic Comme on l'a dit, il faut tout d'abord connaître la durée de son mandat. Pour cela, reportez-vous au contrat de syndic, s'il existe, ou au procès-verbal de l'assemblée générale qui l'a désigné. Très souvent, le mandat du syndic est d'une année renouvelable, généralement à l'occasion de l'assemblée générale. Dans ce cas, pas de problème, vous profiterez de la prochaine assemblée pour procéder au changement de syndic. Assurez-vous que l'ordre du jour de la convocation indique bien «élection ou renouvellement du syndic». Si ce n'est pas le cas, utilisez la possibilité ouverte à tout copropriétaire d'ajouter une question complémentaire à l'ordre du jour, en adressant une lettre recommandée avec accusé de réception au syndic dans les six jours à compter de la réception de la convocation. Vous pourrez libeller ainsi la question complémentaire : «nonrenouvellement du mandat du syndic, élection d'un nouveau syndic, Monsieur ou Madame UNTEL étant candidat(e) Si le mandat du syndic est de plus d'un an ou s'il a une durée indéterminée (il est alors réputé de trois ans) vous devez donc attendre. Mais Si vous ne voulez pas attendre la prochaine assemblée générale, vous devrez alors interrompre le mandat en cours. Cela n'est possible que si le syndic a commis des fautes professionnelles, sinon celui-ci pourrait réclamer judiciairement à la copropriété des indemnités. Enfin, rappelons que la révocation du syndic et l'élection d'un nouveau syndic se décident à la majorité de l'article 25 de la loi (501 millièmes en première assemblée générale). 2. Faut-il donner le quitus à l'ancien syndic et voter les comptes ? Rappelons-nous qu'il est indispensable de prévoir deux votes : - un vote sur les comptes, - un vote sur le quitus (c'est-à-dire concernant les actes de gestion). Si le syndic n'a pas, lui-même, prévu deux votes, il faudra le faire. En ce qui concerne le quitus, nous vous conseillons de ne jamais le voter, ceci parce que vous ne pouvez pas être sûr que le syndic n'a pas commis 13 ARC gérer soi-même sa copropriété d'erreurs de gestion préjudiciables à la copropriété et qu'il faut vous garder la possibilité d'obtenir réparation (amiable ou judiciaire). À noter que le refus de quitus est légal et n'oblige pas à engager une action judiciaire. Cela en laisse simplement la possibilité. En ce qui concerne les comptes, vous ne les approuverez - que si vous avez pu effectivement les contrôler, que si vous avez eu accès à toutes les pièces demandées, que si vous n'avez pas relevé d'anomalies. La solution la plus satisfaisante, Si vous avez pu contrôler les comptes et repérer des anomalies (dépassement de devis, engagement de dépenses non autorisées, règlement de factures sans contrôle des prix, absence de déclaration de sinistre, erreur sur le calcul des paies, etc.), est de voter les comptes sous réserve du règlement des problèmes rencontrés. 3. L'assemblée générale Celle-ci aura donc comme objectif de changer de syndic. Nous vous conseillons au préalable de réunir, d'une manière informelle tous les copropriétaires. Vous pourrez alors : - vous assurer qu'une majorité de copropriétaires adhère au projet de prendre en charge la gestion de l'immeuble, - pressentir le futur syndic non professionnel (vous par exemple), - constituer une équipe de copropriétaires volontaires qui formera le conseil syndical, - prévoir qui présidera l'assemblée générale. En effet, il est probable que votre projet de gestion directe ne sera guère apprécié de votre syndic professionnel. Les débats seront peut être un peu houleux. La personne qui présidera l'assemblée générale devra avoir l'autorité suffisante pour maîtriser les débats. Le président peut très bien être le président du conseil syndical, mais pas le futur syndic. Il est bon également de prévoir qui sera le secrétaire de séance. En principe, le syndic est de droit secrétaire de l'assemblée, sauf décision contraire de cette assemblée. Dans le cas qui nous préoccupe, mieux vaut que le secrétaire de séance soit un des copropriétaires qui rédigera par la suite le procèsverbal. 14 gérer soi-même sa copropriété ARC Attention : au cours de l'assemblée, si l'ancien syndic décide de quitter la séance, ne le laissez pas partir avec la feuille de présence, et continuez l'assemblée. 4. Le procès-verbal Ce procès-verbal, signé par l'ensemble du bureau de séance, sera adressé en recommandé avec accusé de réception aux copropriétaires absents et opposants ainsi qu'à l'ancien syndic. Bien que cela ne soit pas obligatoire, il est aussi souhaitable de le communiquer à tous les copropriétaires. 5. La passation des pouvoirs La passation des archives et des comptes de la copropriété d'un syndic à un autre, est une étape extrêmement importante. Le cadre législatif Il est développé dans l'article 18-2 de la loi de 1965. . Un syndic a un mois maximum après l'assemblée générale pour remettre à son successeur la totalité des archives de la copropriété (archives administratives ou comptables), et les fonds disponibles. Il dispose de deux mois supplémentaires pour remettre au nouveau syndic le solde des fonds disponibles après apurement des comptes, l'état des comptes des copropriétaires et celui des comptes du syndicat. . Par ailleurs, et cela est capital, le législateur a prévu une possibilité d'action simple contre l'ancien syndic (procédure de référé, c'est-à-dire une procédure d'urgence où l'assistance d'un avocat n'est pas obligatoire). Pourquoi cette disposition est-elle Si importante ? Pour la raison suivante on sait que souvent les syndics jouent sur le fait que les procédures judiciaires sont longues, coûteuses et doivent être décidées en assemblée générale. Dès lors, le fait qu'il existe une procédure simple, peu coûteuse et qui peut être initiée sans l'aide d'un avocat ni l'autorisation de l'assemblée générale, peut jouer comme un effet extrêmement dissuasif, à condition qu'on l'utilise convenablement (voir plus loin). 15 ARC gérer soi-même sa copropriété Ce qui se passe dans la pratique La transmission des archives ne se déroule pas de la même façon si l'ancien syndic a démissionné ou s'il a été «remercié» par les copropriétaires. En cas de démission, la transmission des archives se passe généralement plutôt bien. Dans le deuxième cas, la transmission des archives se passe presque toujours mal : le syndic accepte difficilement la sanction, qu'il estime injuste. Que peut-il se produire ? Il est rare que l'ancien syndic fasse une obstruction complète sur la remise des archives, car la loi de 1965 commence à être bien connue sur ce point. Par contre, il peut traîner les pieds, remettre des archives partielles, ou encore, laisser quelques «bombes à retardement», par exemple en ne payant plus aucun fournisseur et en remettant une comptabilité incompréhensible ou encore une trésorerie exsangue, le plus souvent incontrôlable. Confrontés à cette situation, les copropriétaires qui ont obtenu le départ du syndic doivent se montrer vigilants. Quels documents peut-on exiger du syndic ? Comme on l'a vu, la loi est à la fois précise sur ce point, et floue : le syndic doit remettre les archives et les comptes. Mais, dans la pratique, qu'est-ce que cela peut vouloir dire : - aucune liste d'archives n'existe, - la notion de «comptes» est floue. Le fait que la loi soit floue est gênant mais n'est pas un handicap rédhibitoire. En effet, on partira de l'hypothèse, vérifiée dans la pratique, que c'est au nouveau syndic et aux copropriétaires de fixer la liste la plus précise des archives et comptes qu'ils souhaitent. Cette remarque est importante car elle aboutit à la conclusion suivante : Si une liste précise des documents souhaités est établie, le syndic devra tout fournir et pourra y être contraint automatiquement par voie de justice. Par contre, Si vous n'avez pas fourni de liste, il faudra vous «contenter» de ce que l'ancien syndic vous aura fourni et il sera plus difficile d'obtenir la remise des documents sous astreinte judiciaire. On comprend donc que l'essentiel, dans une remise de dossier, est d'établir une liste de ce que vous voulez. Pour les comptes, là aussi, il faudra être très précis. Il faut, en particulier, demander «le grand livre». Surtout, il faut préciser que vous voulez un historique des comptes de chaque copropriétaire, en précisant exactement la date à partir de laquelle vous souhaitez que l'historique soit établi. Enfin, il faudra veiller à récupérer rapidement les dossiers «procédures» en 16 gérer soi-même sa copropriété ARC cours, ainsi que les dossiers assurance et la totalité des dossiers de mutation. Le syndic révoqué doit, en effet, impérativement, remettre toutes les pièces relatives aux procédures. Il faut particulièrement veiller à ce que le nouveau syndic soit en possession de la «grosse» des jugements, s'il y en a, c'est-à-dire l'«original». Si les démarches amiables n'aboutissent pas ou aboutissent incomplètement, il faudra agir vite : 1. Le nouveau syndic adressera une lettre à l'ancien syndic (recommandée avec accusé de réception) lui demandant la remise de documents suivant la liste établie, 2. mais surtout, le nouveau syndic rappellera à l'ancien qu'il a le pouvoir d'engager, sans avis de l'assemblée générale, un référé, 3. Le nouveau syndic précisera : - que le référé étant une procédure dispensée de l'assistance d'un avocat, l'action ne coûtera pas cher à la copropriété, - que le syndic, étant adhérent de l'ARC (du moins nous vous le souhaitons), se fera aider par l'association pour rédiger l'assignation. 4. Enfin le nouveau syndic indiquera qu'il demandera au tribunal une remise des pièces, sous astreinte, par exemple de 1000 francs par jour de retard. En principe, cela suffit à convaincre l'ancien syndic de respecter plus rigoureusement les dispositions légales. 6. L'ouverture du compte bancaire La loi oblige les syndics non professionnels et coopératifs à ouvrir un compte bancaire au nom du syndicat de copropriété. Vous pouvez prévoir plusieurs signatures (notamment celle du président du conseil syndical par exemple). Pour cela, il suffit d'apporter au banquier un procès-verbal de l'assemblée générale qui vous a nommé syndic, et une copie du règlement de copropriété ; Si votre banquier demande les «statuts» de la copropriété et la déclaration en préfecture, c'est qu'il confond «syndicat de copropriété» et «association loi 1901». Changez de banquier ! 17 ARC gérer soi-même sa copropriété 5. Les travaux et les fournisseurs Une fois réglés les problèmes de comptabilité et les problèmes d'impayés, une autre source d'inquiétude des copropriétaires peut concerner leur capacité à faire faire des travaux ou à signer des contrats. Comment faire, quand on est non professionnel pour résoudre ces problèmes ? En fait, c'est très simple. Il est prudent, dès le départ, de faire faire un «diagnostic» du bâtiment, de façon à connaître les petits, moyens et gros problèmes qu'il conviendra de traiter dans les mois et années à venir. Puis, pour les gros travaux (toiture, ravalement, gros œuvre), le mieux est de vous adresser à un architecte de confiance (conseillé par une association telle l'ARC ou trouvé par vos propres moyens). Celui-ci établira sous votre contrôle un cahier des charges et effectuera un appel d'offres auprès de plusieurs entreprises (y compris, bien sûr, des entreprises que vous lui conseillerez ou indiquerez). En ce qui concerne les travaux moins importants (plomberie, électricité...), il suffira de vous reporter à une liste d'entreprises agréées par une association de copropriétaires (comme l'ARC) déjà testées par d'autres copropriétés et dont les qualifications et références auront été soigneusement contrôlées. Comme vous le voyez, là aussi, les difficultés peuvent être facilement réduites à leur plus simple expression. 18 gérer soi-même sa copropriété ARC 6. Gérer le personnel Quand il y a du personnel dans l'immeuble, les copropriétaires craignent de ne pas pouvoir être à même d'établir les fiches de paie et de faire les déclarations fiscales ou sociales. Ils ont un peu raison car il convient de respecter les dispositions d'une convention collective (celle des gardiens et employés d'immeuble) qui est assez complexe. Certaines copropriétés ont licencié leur personnel en raison de ces difficultés. Elles ont eu tort car, en principe, le personnel d'immeuble revient beaucoup moins cher qu'une entreprise extérieure (pas de TVA ; pas de marge...). C'est pourquoi, pour répondre à ce problème l'ARC a mis en place un «service fiches de paie» qui permet aux copropriétés : - de garder ou d'embaucher leur personnel, même à temps très partiel, de ne commettre aucune erreur tant vis à vis du salarié que vis à vis de la copropriété. Ce service est très bon marché et permet, simplement, de résoudre un des rares vrais problèmes de la gestion d'une copropriété. 19 ARC gérer soi-même sa copropriété 7. Les aides au démarrage et l'aide à la gestion Comme on le voit, la gestion d'une copropriété est simple et les problèmes qu'on pense compliqués sont, en fait, assez simples à résoudre. Cependant, pour ceux qui souhaitent être aidés au moins au départ, l'ARC peut apporter l'aide nécessaire. Aux syndics non professionnels ou aux conseils syndicaux coopératifs, l'ARC peut en effet apporter l'aide et les services suivants : a. une assistance juridique permanente (incluse dans l'adhésion), b. une aide à la mise en place de la comptabilité (manuelle ou informatique, l'ARC ayant mis au point un logiciel comptable), c. le bénéfice d'une assurance responsabilité civile (incluse dans 1' adhésion), d. l'accès au fichier des experts, architectes et entreprises agréées (inclus dans l'adhésion), e. le bénéfice d'un abonnement à un bulletin d'information périodique pour l'instant trimestriel (inclus dans l'adhésion), f. un service «fiches de paie», g. l'accès (facultatif) à un groupement d'achats et de négociation réservé aux seuls adhérents collectifs de l'ARC (inclus dans l'adhésion). Contact : ARC ou UNARC 29, rue Joseph PYTHON 75020 PARIS Métro : Porte de Bagnolet TÉL : 40.30.12.82 FAX : 40.30.12.63 20 Les publications de l'ARC au service des copropriétaires Pour aller plus loin, guide "Comment gérer sa copropriété ou son ASL" édition l'inédite 1995, exposant les thèmes les thèmes suivant : − − − − − − − − − − − − − − − − − − − pourquoi gérer soi-même sa copropriété, les prétendus risques de la gestion directe, quels sont les textes à connaître, le syndicat, l'assemblée générale, le syndic non professionnel : garantie, assurance, droits, responsabilité, le conseil syndical, quel mode de gestion choisir, le cas particulier des ASL, la mise en place de la gestion directe, l'administration courante, l'assemblée générale le règlement de copropriété, la gestion financière, comptable, technique, du personne la sécurité, les relations avec la justice, problèmes particuliers, texte de la loi du 10 juillet 1965, décret du 17 mars 1967, le fichier immobilier. Autres publications : «La copropriété pratique en 300 questions» (5ème édition-avril 1995) «Le manuel du conseil syndical» (mai 1995) «Le traitement des impayés» (1993) «Mettre en place la comptabilité de sa copropriété» (édition 1996) «Faites baisser vos charges» (1992) «Travaux et maintenance en copropriété» (novembre 1995)