Relaxation et Sophrologie appliquées au sport de haut niveau

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Relaxation et Sophrologie appliquées au sport de haut niveau
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Relaxation et Sophrologie
appliquées au sport de haut niveau
Sommaire Sophrologie du Sport
CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES
Par Manuel GASTAMBIDE *
La relaxation est un ensemble de méthodes qui modifie le comportement par le
truchement du vécu corporel. Elle repose sur quelques principes qui dominent
différemment selon les écoles.
Le premier de ces principes part d'une constatation fondamentale : il existe un
lien entre tension psychique et musculaire. L'état de contraction musculaire
s'accompagne d'une tension psychologique intérieure et, réciproquement, le
relâchement musculaire induit une détente psychique.
En modifiant l'état de contraction musculaire, on agit donc par rétroaction sur la
tension psychique et sur les troubles et symptômes qui en résultent. L'apprentissage
du contrôle volontaire du tonus musculaire, en permettant le relâchement des
muscles, diminue la stimulation cérébrale supérieure, ce qui procure l'état de bienêtre.
La relaxation est un mécanisme de rétroaction entre la tension musculaire et
l'activité cérébrale corticale consciente. C'est au niveau de la musculature lisse
(viscérale) et striée (volontaire) que se reflètent le mieux les réactions de l'organisme
aux stress comme aux stimulations les plus banales.
Les variations de tension musculaire sont donc un bon indicateur de stress et
d'anxiété. Dans les états de stress induits par des stimuli émotionnels, on observe un
accroissement de la tension musculaire.
La relaxation, en diminuant l'état de tension musculaire, conduit à la maîtrise du
stress et au contrôle de l'anxiété. Ce peut donc être par le biais d'un travail corporel
que l'on s'intéresse au psychisme.
Cet apprentissage améliore du même coup les capacités de concentration,
favorise la mobilisation rapide et optimum de l'énergie par stimulation de la vigilance,
facilite la récupération et atténue la fatigue provoquée par les charges
d'entraînement. Elle s'applique efficacement aux dystonies neurovégétatives, à
l'hyperémotivité et aux affections psychosomatiques, notamment à l'insomnie.
La relaxation progressive - Méthode Jacobson
La relaxation neuromusculaire, théorisée par le médecin américain E. Jacobson,
repose sur le principe de l'influence du contrôle somatique sur la réponse psychique,
le relâchement musculaire aboutissant à la détente mentale.
En 1928, Jacobson constate que les émotions, mais aussi les activités mentales
les plus neutres, s'accompagnent de modifications des tracés myographiques,
révélant la présence d'une impulsion électrique vers les muscles, souvent trop faible
pour mettre en œuvre le mouvement, mais suffisante pour activer le schéma
nerveux. Il expérimente que, au contraire, le profond relâchement musculaire est
incompatible avec l'activation émotionnelle. Si bien que l'apprentissage de la
relaxation musculaire peut être utilisé pour réduire ou prévenir l'activation
émotionnelle suscitée par un événement tel qu'une compétition sportive par exemple.
L'entraînement mental découle directement des conclusions de Jacobson sur la
similitude, au niveau nerveux, entre mouvement pensé et mouvement effectué. Le
schéma nerveux est activé de la même manière, que le geste soit effectué ou
simplement pensé. Dès lors, pourquoi ne pas utiliser la visualisation d'un geste
technique, qui permet au passage de le décomposer, plutôt que de l'effectuer trop
vite ou trop souvent sans prendre le temps de l'effectuer directement correctement.
La sophrologie s'appuie directement sur les conclusions de Jacobson lorsqu'elle
propose d'imaginer le développement d'un geste technique en état sophroliminal
(état alpha ou état de conscience modifiée). Il en est de même, dans une autre
mesure, pour les méthodes Martenot et Feldenkrais, lorsqu'elle préconisent
d'imaginer les sensations du mouvement avant de l'effectuer, développant ainsi le
sens kinesthésique et du même coup, la coordination et la précision du geste,
l'équilibre et la verticalité du corps.
Lanning (1) a montré l'efficacité de la relaxation progressive de Jacobson pour
réduire l'anxiété compétitive et améliorer les performances. L'auteur souligne que
l'efficacité de cette technique dépend de sa proximité par rapport à la compétition.
Mais son apprentissage doit être commencé avant la période de mise sous pression.
Le training autogène - Méthode Schultz.
Si la méthode Jacobson repose sur une prise de conscience localisée de la
contraction et de la décontraction musculaire, le training autogène du médecin
allemand Schultz est au contraire une méthode globale, où la relaxation passe par
un processus de concentration sur l'image mentale du relâchement.
Schultz considère que la relaxation a des effets proches de l'hypnose. C'est en
observant les phases de relâchement traversées par les sujets qui avaient des
capacités d'auto-hypnose spontanée qu'il construit la structure du training autogène.
Le relaxant va reproduire ces phases d'entrée en relaxation par autosuggestion des
états physiologiques qui s'y rapportent. C'est ainsi que le sujet procédant au training
autogène (cycle inférieur) expérimentera dans l'ordre suivant, la décontraction
musculaire (sensation de pesanteur), la décontraction vasculaire (sensation de
chaleur due à la vasodilatation périphérique), la relaxation des appareils cardiaque,
respiratoire et digestif, avant d'accéder au calme psychique et émotionnel.
Dans l'état d'auto-hypnose induit par le training autogène, les effets musculaires
et neurovégétatifs des affects sont réduits, conduisant le sujet à un état de relaxation
favorable à une introspection sereine (cycle supérieur auquel on n'accède qu'après
avoir maîtrisé le précédent).
Sophrologie
C'est aussi l'un des objectifs de la sophrologie que d'utiliser l'état de relaxation
pour effectuer un travail de visualisation, d'introspection ou d'éveil des sensations
kinesthésiques et proprioceptives.
Élaborée par A. Caycédo, la sophrologie fait une synthèse intelligente des
techniques de relaxation antérieures. Elle marie habillement les découvertes
occidentales du début du XXème siècle, aux pratiques orientales séculaires.
Très structurée, la sophrologie est une méthode qui se suffit à elle-même. Mais
il est intéressant de distinguer en elle ses différentes influences, car les méthodes de
relaxation qu'elle fédère sont souvent plus propices à l'autonomie du relaxant que ne
le permet la sophrologie.
Neurophysiologie de la relaxation
L'ensemble de ces méthodes, et d'autres que nous n'expliciterons pas ici
(méditation, yoga nidra, méthode Silva, etc.), ont pour finalité d'amener le sujet à
l'état dit "alpha", et de s'y maintenir sans revenir à l'état de veille (bêta) ni succomber
à l'endormissement (thêta).
L'état alpha est caractérisé par le fait que les ondes cérébrales majoritaires
émises à cet instant sont d'une fréquence comprise entre 7 et 14 Hertz. Les ondes
bêta, correspondant à la veille, sont d'une longueur plus courte tandis que les ondes
thêta sont plus longues (2).
Les état de relaxation ont tous en commun de renforcer le rythme alpha.
L'établissement de cet activité alpha corticale signe l'état de détente
psychosensorielle qui est réduite, voire absente, dans les états anxieux.
C'est lorsque l'accession autonome à cet état est maîtrisée que le travail de
préparation mentale va pouvoir s'effectuer.
* Manuel GASTAMBIDE est Sophrologue du sport, Préparateur mental et psycho-
somatothérapeute, à Lille, France. Il intervient à l'Ecole centrale de Paris, au C.R.E.P.S. de
Wattignies et, ponctuellement, auprès de différentes équipes. Contact email
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©Manuel GASTAMBIDE
Sophrologie du sport - Préparation mentale - Gestion du stress
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Notes :
1) W. Lanning, B. Hisanaga, "Etude de la relation entre la réduction de l'anxiété en compétition et l'amélioration
de la performance sportive", International Journal of Sport Psychologie, 1983, vol. 14, pp. 219-227.
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2) Longueur des ondes cérébrales :
Delta (coma et sommeil profond) : 0,5 à 4 Hz. Thêta (sommeil) : 4 à 7 Hz.
Alpha : 7 à 14 Hz. Bêta (veille) : 14 Hz à 20 Hz.
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