Interventions de fronde mi-urétrales à effraction minimale visant à

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Interventions de fronde mi-urétrales à effraction minimale visant à
MISE À JOUR TECHNIQUE DE LA SOGC
MISE À JOUR TECHNIQUE DE LA SOGC
N° 213, août 2008
Interventions de fronde mi-urétrales à
effraction minimale visant à contrer
l’incontinence urinaire à l’effort
La présente mise à jour technique a été rédigée par le
sous-comité sur l’urogynécologie et approuvée par le comité
exécutif de la Société des obstétriciens et gynécologues du
Canada.
AUTEURS PRINCIPAUX
Jane A. Schulz, MD, Edmonton (Alb.)
Michelle C. Chan, Edmonton (Alb.)
Scott A. Farrell, MD, Halifax (N.-É.)
SOUS-COMITÉ SUR L’UROGYNÉCOLOGIE
William Easton, MD, Scarborough (Ont.)
Annette Epp, MD, Saskatoon (Sask.)
Scott A. Farrell (président), MD, Halifax (N.-É.)
Lise Girouard, inf. aut., Winnipeg (Man.)
Chander Gupta, MD, Winnipeg (Man.)
Marie-Andrée Harvey, MD, Kingston (Ont.)
Annick Larochelle, MD, St. Lambert (Québec)
Danny Lovatsis MD, Toronto (Ont.)
Barry McMillan, MD, London (Ont.)
Magali Robert, MD, Calgary (Alb.)
Sue Ross, PhD, Calgary (Alb.)
Joyce Schachter, MD, Ottawa (Ont.)
Jane A. Schulz, MD, Edmonton (Alb.)
David Wilkie, MD, Vancouver (C.-B.)
Tous les membres du comité nous ont fait parvenir une
déclaration de divulgation.
Résumé
Objectif : Offrir une mise à jour sur les traitements chirurgicaux à
effraction minimale actuellement utilisés pour contrer
l’incontinence urinaire à l’effort chez les femmes : intervention par
bandelette vaginale sans tension (TVT), intervention par
bandelette transobturatrice (TOT) et autres interventions de fronde
mi-urétrales.
Mots clés : Urinary incontinence TVT, TOT, midurethral sling
Options : La discussion se limite à la prise en charge chirurgicale à
effraction minimale de l’incontinence urinaire à l’effort chez les
femmes.
Résultats : Des recherches menées dans PubMed et Cochrane
Library, afin d’en tirer les articles publiés en anglais avant la fin de
février 2008, ont permis d’identifier la littérature la plus pertinente.
Les recommandations ont été formulées en fonction des lignes
directrices élaborées par le Groupe d’étude canadien sur les soins
de santé préventifs.
Valeurs : La présente mise à jour constitue le consensus obtenu par
le sous-comité sur l’urogynécologie de la Société des obstétriciens
et gynécologues du Canada.
Avantages, désavantages et coûts : Les services de counseling
portant sur la prise en charge chirurgicale de l’incontinence
urinaire devraient tenir compte de tous les avantages,
désavantages et coûts des options chirurgicales.
Recommandations
1. L’intervention par bandelette vaginale sans tension peut être
offerte à titre de solution de rechange dont l’efficacité est
équivalente à celle de l’intervention de Burch, en ce qui a trait à la
prise en charge chirurgicale de l’incontinence urinaire à
l’effort. (I-A)
2. L’intervention par bandelette transobturatrice peut être offerte à
titre de solution de rechange à l’intervention par bandelette
vaginale sans tension qui élimine les risques de lésions aux
organes intra-abdominaux. Elle devrait être offerte aux patientes
en prenant bien soin de leur indiquer que son efficacité et son
innocuité à long terme, par comparaison avec l’intervention par
bandelette vaginale sans tension, restent à déterminer. (II-B)
3. Les interventions de fronde mi-urétrales effectuées au moyen
d’une seule incision sous-urétrale ne devraient être utilisées que
dans le cadre d’un essai clinique, et ce, jusqu’à ce que leur
efficacité et leur innocuité soient prouvées. (III-C)
4. Malgré la simplicité sous-entendue des trousses chirurgicales
préemballées destinées aux interventions mi-urétrales, l’obtention
de la formation appropriée est recommandée avant l’exécution de
l’une ou l’autre de ces interventions chirurgicales. (III-C)
Validation : La présente mise à jour technique a été approuvée par
le sous-comité sur l’urogynécologie, le comité exécutif et le
Conseil de la Société des obstétriciens et gynécologues du
Canada.
J Obstet Gynaecol Can, vol. 30, n° 8, 2008, p. 734–740
Ce document fait état des percées récentes et des progrès cliniques et scientifiques à la date de sa publication et peut faire l’objet de
modifications. Il ne faut pas interpréter l’information qui y figure comme l’imposition d’un mode de traitement exclusif à suivre. Un
établissement hospitalier est libre de dicter des modifications à apporter à ces opinions. En l’occurrence, il faut qu’il y ait
documentation à l’appui de cet établissement. Aucune partie de ce document ne peut être reproduite sans une permission écrite de
la SOGC.
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l AUGUST JOGC AOÛT 2008
Interventions de fronde mi-urétrales à effraction minimale visant à contrer l’incontinence urinaire à l’effort
• Les complications associées aux incisions suspubiennes
INTRODUCTION
lus de 200 interventions chirurgicales visant à contrer
l’incontinence urinaire à l’effort ont été signalées dans la
littérature médicale1. L’arrivée sur le marché de la trousse
chirurgicale TVT a mis en branle une tendance, au sein de la
pratique, vers l’adoption d’interventions encore moins
effractives. Auparavant, l’intervention de Burch était offerte
(à titre d’intervention primaire faisant figure d’étalon-or)
aux patientes connaissant une incontinence urinaire à
l’effort. Par comparaison avec les interventions
ambulatoires à effraction minimale, l’intervention de Burch
compte deux inconvénients manifestes : une incision
abdominale et un séjour à l’hôpital. La réparation
laparoscopique de Burch a permis l’obtention de taux
subjectifs de guérison élevés; toutefois, les taux objectifs de
guérison qui lui sont associés varient. La réussite de la
réparation laparoscopique de Burch dépend en grande
partie de l’expérience et de la technique chirurgicale du
chirurgien2. En raison du temps de salle d’opération
moindre qu’elles nécessitent et de leur simplicité accrue, les
interventions de fronde mi-urétrales ont supplanté les interventions laparoscopiques de Burch à titre d’intervention à
effraction minimale privilégiée.
P
Il a été démontré que l’intervention par TVT conçue par
Ulmsten et coll. au début des années 1990 (une fronde
mi-urétrale) compte une efficacité à long terme équivalente
à celle de l’intervention de Burch3–5. Des études ont
démontré que l’intervention par TVT constitue une intervention sûre et efficace pour la prise en charge de
l’incontinence urinaire à l’effort chez la femme.
L’approche « transobturatrice » quant aux frondes
mi-urétrales a été élaborée en 20016 et propose les avantages
suivants :
• Elle permet d’éviter la région rétropubienne, ce qui
atténue le risque de perforation intestinale et de lésion
vasculaire.
• Elle nécessite un temps de salle d’opération moindre.
• On estime qu’elle imite le système de soutien naturel du
plancher pelvien mieux que l’intervention par TVT6.
En 2006, un dispositif chirurgical ne nécessitant qu’une
incision sous-urétrale a été lancé sur le marché7. Ses
prétendus avantages par comparaison avec les interventions
mi-urétrales existantes étaient les suivants :
ABRÉVIATIONS
TOT
Bandelette transobturatrice
TVT
Bandelette vaginale sans tension
et inguinales seront éliminées.
• Le recours à la cystoscopie ne sera pas nécessaire.
• Le temps de salle d’opération sera plus court que pour
d’autres techniques de fronde mi-urétrales.
Nous ne disposons pas de données suffisantes pour
comparer les avantages de la voie transobturatrice « de
l’extérieur vers l’intérieur » à ceux de la voie « de l’intérieur
vers l’extérieur », puisque des études à long terme offrant
des résultats significatifs n’ont toujours pas été publiées. Les
interventions par TVT et par TOT sont toutes deux à
effraction minimale; elles ont toutes deux recours à des
instruments spécialisés; et elles permettent toutes deux de
minimiser la morbidité, et de réduire tant les coûts que le
délai de récupération.
INTERVENTION PAR TVT
L’intervention par TVT est une intervention à effraction
minimale faisant appel à une bandelette mi-urétrale qui est
passée sous l’espace prévésical et qui a été conçue pour
remplacer les ligaments pubo-urétraux déficients sur le plan
fonctionnel8,9. La trousse de TVT comprend deux aiguilles
d’acier inoxydable courbées, fixées à une bandelette de
prolène tressée et protégée par un revêtement de plastique,
une poignée détachable conçue pour faciliter le passage
prévésical des aiguilles et un guide dont la fonction est de
rigidifier le cathéter de Foley. Parmi les variantes, on trouve
les aiguilles conçues pour être passées des incisions
suspubiennes jusque dans l’incision vaginale, endroit où la
bandelette est récupérée et passée au-delà de l’espace de
retzius. Trois courtes incisions sont effectuées : deux
au-dessus du pubis et une dans la paroi antérieure du vagin,
à mi-urètre. À partir du point d’entrée vaginal, les aiguilles
sont passées au-delà de l’espace prévésical jusqu’à ce
qu’elles sortent par les incisions suspubiennes. Après le passage de chacune des aiguilles, on vérifie l’intégrité vésicale
au moyen d’une cystoscopie. La bandelette est ensuite
réglée jusqu’à l’obtention de la tension appropriée.
L’excédent de bandelette est alors sectionné et les incisions
sont suturées. L’intervention par TVT était, à l’origine,
pratiquée sous anesthésie locale (la patiente se trouvant en
position gynécologique) afin de permettre la tenue
peropératoire d’un test de la toux. La littérature récente a
démontré que le type d’anesthésie et le recours à un test de
la toux n’affectait ni la fonction mictionnelle postopératoire
ni la réussite de la chirurgie10,11.
Issues de l’intervention par TVT
La littérature compte maintenant un nombre significatif
d’articles attestant du succès de l’intervention par TVT dans
la prise en charge de l’incontinence urinaire à l’effort.
AUGUST JOGC AOÛT 2008 l
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MISE À JOUR TECHNIQUE DE LA SOGC
Tableau 1 Issues à long terme de l’intervention par TVT
Durée du
suivi (ans)
Issues du traitement
(subjectives / objectives)
% de guérisons
N
Groupe de
patientes
Rezapour et coll.
13
34
IUE récurrente
4
82
Rezapour et coll.
14
80
IU mixte
4
85
Rezapour et coll.15
49
Insuffisance
sphinctérienne
intrinsèque
4
74
Deffieux et coll.16
51
IUE
6,9
80
80
IUE
7
81,3
40
IUE véritable
2
95
Auteur
Nilsson et coll.
12
Moran et coll.17
Tableau 2 Complications associées à l’intervention par TVT
N
Perforations
vésicales
(%)
Difficulté
mictionnelle
postop. (%)
Impériosité
postop. (%)
Lésions
vasculaires
(%)
Érosion
urétrale (%)
Huang et
coll.20
106
2
11
10
–
–
–
Azam et coll.21
67
19
–
–
Neuman22
75
8
5
Karram et
coll.23
350
4,9
4,9
Auteur
–
Un certain nombre d’essais observationnels prospectifs ont
été menés dans le but d’évaluer l’efficacité de l’intervention
par TVT (Tableau 1)12–17. Les résultats de cette intervention, dans la prise en charge de l’incontinence à l’effort
primaire et de l’incontinence mixte, se comparent à ceux qui
ont été publiés, aussi bien pour la colposuspension de
Burch9 que pour la bandelette pubo-vaginale18. Chez les
patientes présentant une incontinence récurrente, les
résultats sont semblables13 à ceux que permet une intervention primaire; comme c’est le cas pour les autres interventions chirurgicales, cette technique donne des résultats
insatisfaisants pour les patientes qui présentent une
jonction urétro-vésicale fixe15,19. Une étude prospective,
comparant l’intervention par TVT à la technique ouverte de
Burch, a constaté, après deux ans de suivi, que l’efficacité
des deux interventions était presque la même (TVT : 81 %;
Burch : 80 %)3. Holmgren a mené une étude à long terme,
publiée en 2005, qui en arrivait à la conclusion que les taux
de guérison initiaux de l’intervention par TVT étaient bons
dans le cas de l’incontinence mixte, mais qu’ils ne
persistaient pas au-delà de quatre ans4.
736
l AUGUST JOGC AOÛT 2008
Érosion
Infection
vaginale (%) postop. (%)
–
Lésions
nerveuses
(%)
–
–
–
–
–
–
4 (perop.)
–
–
2,7
–
0,9
(hémorragie
importante)
0,9
10,9
0,9
1,7
Complications de l’intervention par TVT
Un nombre croissant d’exposés de cas de complications
(dont des lésions à l’intestin, aux vaisseaux principaux et à la
vessie, ainsi que des perforations urétrales) ont donné lieu à
des préoccupations au sujet de l’innocuité des bandelettes
mi-urétrales rétropubiennes.
Parmi les complications associées aux bandelettes
rétropubiennes, on trouve l’hémorragie, l’hématome,
l’érosion de la bandelette tressée dans l’urètre ou le vagin, la
perforation vésicale, les symptômes d’impériosité de novo, la
dysfonction mictionnelle et l’infection (Tableau 2)20–23.
Parmi les exposés de cas plus rares, on trouve l’érosion
intestinale différée, les lésions intestinales, l’occlusion
intestinale, le diverticule de l’urètre, les calculs vésicaux,
l’abcès para-urétral, la fasciite nécrosante, les fistules, les
érosions urétrales et les lésions nerveuses24–29. Cependant,
Ammendrup et coll. ont noté que les taux de complication
associés à l’intervention par TVT étaient faibles et que
celle-ci ne donnait lieu qu’à très peu de complications
graves30. Azam et coll. ont noté qu’il s’avérait vital de disposer
d’une
excellente
connaissance
pratique
tridimensionnelle de la région rétropubienne pour assurer
l’exécution en toute sécurité d’une intervention par TVT21.
Interventions de fronde mi-urétrales à effraction minimale visant à contrer l’incontinence urinaire à l’effort
D’autres études prospectives à long terme évaluant les
issues de l’intervention par TVT s’avèrent toujours
requises.
INTERVENTION PAR TOT
L’intervention par TOT est effectuée sous anesthésie
générale ou régionale, la patiente se trouvant en position
gynécologique dorsale (cuisses fléchies selon un angle de
120°)31. Trois incisions sont effectuées : deux courtes incisions inguinales (latérales par rapport à la branche pubienne
inférieure) et une incision vaginale (dans la région
mi-urétrale). Dans le cas de l’intervention par TOT, les
aiguilles sont insérées dans l’incision inguinale, pour ensuite
être passées dans l’incision mi-urétrale. Dans le cas de
l’intervention par TVT-O, les aiguilles sont passées de
l’incision vaginale jusque dans l’incision au niveau de la
cuisse. Une fois en place, la bandelette est réglée jusqu’à
l’obtention de la tension appropriée. Le revêtement de
plastique est ensuite retiré. L’excédent de bandelette est
alors sectionné et les incisions sont suturées.
L’intervention par TOT a été élaborée en vue d’éliminer la
nécessité de procéder à une cystoscopie peropératoire.
Toutefois, des lésions vésicales peropératoires ont été
signalées et l’exécution systématique d’une cystoscopie est
recommandée32.
Issues de l’intervention par TOT
Des études à long terme n’ont toujours pas été menées
quant à l’efficacité et aux issues de l’intervention par TOT.
Giberti et coll. ont mené une étude de suivi de deux ans
auprès de femmes présentant une incontinence urinaire à
l’effort prise en charge au moyen d’une intervention par
TOT; ils ont constaté un taux de guérison objective de
80 %33. Cindolo et coll. ont constaté un taux de guérison
objective de 92 %34; Roumeguere et coll. ont constaté un
taux de guérison de 80 %35; et Waltregny et coll. ont
constaté un taux de guérison de 88 %36 (Tableau 3).
Complications associées à l’intervention par TOT
La douleur inguinale postopératoire est signalée à une
fréquence plus élevée que la plupart des autres complications et se résorbe habituellement dans les deux mois qui
suivent37. Bien que les approches transobturatrices évitent
la région rétropubienne, elles engendrent un risque accru de
lésions à l’affluent du vaisseau obturateur et au vagin38,39.
Juma et Brito ont constaté des taux moindres
d’incontinence par impériosité persistante (21/130 [16 %])
et d’incontinence par impériosité de novo (1/130 [2 %])40.
L’intervention par TOT engendre un risque d’érosion
vaginale plus élevé que celui qu’engendre l’intervention par
TVT. Des abcès inguinaux ont été signalés à la suite
d’interventions par TOT41 et sont plus courants lorsque
Tableau 3 Taux de guérison associés à l’intervention
par TOT
Auteur
N
Groupe de
patientes
Issues du
Durée du traitement (% de
suivi
guérisons)
Giberti
et coll.33
108
Incontinence
urinaire à
l’effort
attribuable à
l’hypermobilité
urétrale
2 ans
80
Cindolo
et coll.34
80
Incontinence
urinaire à
l’effort
accompagnée
d’une
hypermobilité
urétrale
4 mois
92
Roumeguere
et coll.35
120
Stress
urodynamique
1 an
80
Waltregny
et coll.36
91
3 ans
88
certains types de bandelette sont utilisés42. Reportez-vous
au Tableau 4 pour un résumé des complications.
RÉSUMÉ DES ISSUES ET DES RÉSULTATS
COMPARATIFS EN CE QUI CONCERNE LES
INTERVENTIONS PAR TVT ET PAR TOT
Aucune étude à long terme n’a été publiée sur les issues
chirurgicales de l’approche transobturatrice. Silva, dans une
étude publiée en 2007, a analysé quatre essais comparatifs
randomisés comparant les interventions par TVT et par
TOT; il n’a constaté aucune différence significative en
matière de complications et de réussite44. Un essai
comparatif randomisé récent, lequel comparait les interventions par TVT et par TOT s’accompagnant d’un suivi de
12 mois, a indiqué que l’intervention par TOT est aussi sûre
et efficace que l’intervention par TVT pour la prise en
charge des femmes qui présentent une incontinence
urinaire à l’effort45. Les taux de guérison objective étaient de
71,4 %, pour l’intervention par TVT, et de 77,3 %, pour
l’intervention par TOT. Le Tableau 5 indique les issues
comparatives en ce qui concerne les interventions par TVT
et par TOT, tandis que le Tableau 6 en indique les
complications.
AUTRES TROUSSES DE BANDELETTES MI-URÉTRALES
TVT SECUR (Gynecare) est une nouvelle bandelette
mi-urétrale courte dotée d’un mécanisme de fixation
novateur. Il s’agit d’une modification de l’intervention par
TVT et par TVT-O, les extrémités de la bandelette étant
initialement maintenues en place par effet de friction entre
AUGUST JOGC AOÛT 2008 l
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MISE À JOUR TECHNIQUE DE LA SOGC
Tableau 4 Complications associées à l’intervention par TOT
N
Impériosité
postop. (%)
Dyspareunie
(%)
Érosion
vaginale (%)
Rejet de
bandelette (%)
Douleur haut
de cuisse (%)
Rétention
(%)
Dysfonction
mictionnelle
Postop. (%)
108
14,8
7,3
6,4
3,8
–
–
–
231
–
–
–
–
5
–
–
–
Auteur
Giberti et coll.
33
Meschia43
44
91
–
–
–
–
Delorme6
32
6,25
–
–
–
Dobson et coll.41
52
–
–
9,6
–
Waltregny et coll.
Tableau 5 Taux de guérison (TVT par comparaison avec
TOT)
N
Auteur
Guérison
Guérison
Groupe de Durée du
patientes suivi (mois) objective (%) subjective (%)
Poranea
et coll.43
148
IUE
12
TVT 71
TOT 77
TVT 90
TOT 91
Falkert
et coll.46
105
IUE
12
TVT 90
TOT 96
TVT 48
TOT 74
Laurikainen 267
et coll.36
IUE
2
TVT 98
TOT 95
–
6
TVT 84
TOT 72
TVT 77
TOT 79
Schierlitz
et coll.47
162 IUE et ISI
Tableau 6 Complications (TVT par comparaison avec
TOT)
Complication
TVT (%)
TOT (%)
Hémorragie
3,75
8,5
Cathétérisme urétral postop.
8,75
3,7
Auto-cathétérisme
intermittent
2,5
1,2
Relâchement de bandelette
3,7
2,4
Perforation vaginale
0
4,8
Lésion vésicale
5
2
le tissu et un tampon de PDS/Vicryl. Cette bandelette peut
être positionnée en « U » (comme la TVT) ou en « hamac »
(comme la TOT). Les résultats initiaux semblent indiquer
une courbe d’apprentissage abrupte et des taux de réussite
inférieurs à ceux de l’intervention par TVT
traditionnelle7,48.
À ce jour, aucune donnée n’a été publiée sur Miniarc (AMS),
soit une autre nouvelle bandelette mi-urétrale courte.
DISCUSSION
Depuis leur arrivée en scène, les interventions mi-urétrales à
effraction minimale utilisées pour la prise en charge de
l’incontinence à l’effort ont fait l’objet d’une commercialisation agressive auprès des chirurgiens et, dans bien des cas,
738
l AUGUST JOGC AOÛT 2008
26
4
–
3,13
15,63
–
–
ont supplanté l’étalon-or : l’intervention de Burch. Bien que
les résultats soutiennent maintenant le fait de remplacer
l’intervention de Burch par l’intervention par TVT, ils
n’offrent que très peu de soutien aux autres interventions
mi-urétrales. L’intervention par TOT a été lancée comme
étant une intervention soi-disant plus sûre dont l’efficacité
était équivalente à celle de l’intervention par TVT. Au
moment de se pencher sur la raison d’être du lancement de
l’intervention par TOT, il est important de se rappeler que
les complications rétropubiennes graves attribuables à
l’intervention par TVT sont rares. Bien que le recours à
l’intervention par TOT ait éliminé les risques rétropubiens
graves, il a donné lieu à l’apparition d’un nouvel ensemble
de complications. Les taux des complications plus mineures
associées aux deux interventions semblent être similaires.
Ainsi, l’efficacité de l’intervention devrait guider le choix et
le counseling des patientes. L’intervention par TVT a été
soumise au processus de mise à l’essai le plus rigoureux; elle
doit donc être considérée comme étant supérieure aux
autres interventions mi-urétrales jusqu’à ce que d’autres
données scientifiques parviennent à démontrer
l’équivalence d’une autre intervention. L’intervention par
TOT a obtenu de bons résultats à court terme. Les autres
interventions mi-urétrales ne sont pas, à l’heure actuelle,
soutenues par des données fiables.
Recommandations
Les recommandations ont été formulées en fonction des
lignes directrices élaborées par le Groupe d’étude canadien
surles soins de santé préventifs.49
1. L’intervention par bandelette vaginale sans tension peut
être offerte à titre de solution de rechange dont
l’efficacité est équivalente à celle de l’intervention de
Burch, en ce qui a trait à la prise en charge chirurgicale de
l’incontinence urinaire à l’effort. (I-A)
2. L’intervention par bandelette transobturatrice peut être
offerte à titre de solution de rechange à l’intervention par
bandelette vaginale sans tension qui élimine les risques
de lésions aux organes intra-abdominaux. Elle devrait
être offerte aux patientes en prenant bien soin de leur
Interventions de fronde mi-urétrales à effraction minimale visant à contrer l’incontinence urinaire à l’effort
indiquer que son efficacité et son innocuité à long terme,
par comparaison avec l’intervention par bandelette
vaginale sans tension, restent à déterminer. (II-B)
3. Les interventions de fronde mi-urétrales effectuées au
moyen d’une seule incision sous-urétrale ne devraient
être utilisées que dans le cadre d’un essai clinique, et ce,
jusqu’à ce que leur efficacité et leur innocuité soient
prouvées. (III-C)
4. Malgré la simplicité sous-entendue des trousses
chirurgicales préemballées destinées aux interventions
mi-urétrales, l’obtention de la formation appropriée est
recommandée avant l’exécution de l’une ou l’autre de ces
interventions chirurgicales. (III-C)
RÉFÉRENCES
1. Farrell SC, sous-comité sur l’urogynécologie de la Société des obstétriciens
et gynécologues du Canada. « Intervention par TVT (Tension-free vaginal tape).
Mise à jour technique de la SOGC n° 132, août 2003 », J Obstet Gynaecol Can,
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Obstet Gynecol, vol. 19, n° 4, 2007, p. 314–8.
3. Ward KL, Hilton P; UK and Ireland TVT trial group. « A prospective
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follow-up », Am J Obstet Gynecol, vol. 190, 2004, p. 324–31.
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19. Clemons JL, LaSala CA. « The tension-free vaginal tape in women with a
non-hypermobile urethra and low maximal urethral closure pressure », Int
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