Discours de M. Gérard COLLOMB Sénateur

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Discours de M. Gérard COLLOMB Sénateur
Discours de M. Gérard COLLOMB
Sénateur-Maire de Lyon
Président du Grand Lyon
Clôture de la soirée IDEXLYON
14 décembre 2015
Cci de Lyon
Discours : J. Guémas
Conseiller : T. Breyton
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Mesdames et messieurs,
C’est une joie pour moi d’être ici ce soir pour clôturer cet événement organisé à
l’occasion du dépôt de la candidature de l’Université de Lyon aux Initiatives
d’Excellence.
En mai dernier, c’est à l’Hôtel de la Métropole que nous avions lancé cette
candidature.
Depuis, le projet IDEXLYON s’est construit dans nos universités, dans nos
établissements d’enseignement supérieur.
Et aujourd’hui, nous nous retrouvons donc à la Chambre de Commerce et
d’Industrie, dans la maison des entrepreneurs.
Collectivités, monde académique, monde économique : c’est tout un territoire, toute
une aire urbaine, qui est rassemblée derrière ce dossier.
Je veux donc commencer par saluer tous ceux qui sont présents ce soir.
Je veux remercier Madame la Rectrice, qui, si elle est évidemment soumise à un
devoir de neutralité, a accompagné avec force ce projet.
Remercier Khaled BOUABDALLAH, le fédérateur, qui a su, à la tête de la COMUE,
dépasser les particularismes des différents établissements pour porter une ambition
collective.
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Saluer Jean-François PINTON, le mobilisateur, qui a su mettre en mouvement les
énergies pour écrire une belle candidature.
Rendre hommage à Alain MERIEUX bien sûr, qui a joué un rôle déterminant à la
tête de la Fondation pour l’Université de Lyon, et qui continuera demain à agir
comme Président du Comité d’Orientation Stratégique commun à cette Fondation et
à l’Université de Lyon.
Je veux souhaiter la bienvenue à Bernard BIGOT, qui succède à Alain MERIEUX.
Nous sommes heureux, cher Bernard, que vous soyez de retour à Lyon plus de 30
ans après l’implantation de l’ENS dans notre cité. C’est une fierté pour nous que
votre nom soit désormais associé à notre site universitaire.
Remercier Emmanuel IMBERTON et à travers lui l’ensemble des entreprises qui
soutiennent cette démarche.
Remercier enfin tous les acteurs de la société civile, qui, chacun dans leurs
domaines, contribuent à faire de notre ville une cité où l’innovation se met au service
de l’homme.
Mesdames et Messieurs,
Pourquoi un soutien si large à cette candidature ?
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Parce que nous avons bien conscience les uns et les autres que de la capacité de
l’Université de Lyon à défricher des champs nouveaux, à faire émerger ces
innovations de rupture qui ont fait le succès de la Sillicon Valley, de la Côte Est des
États-Unis, dépend l’avenir de notre territoire.
Nous ne partons pas, évidemment, de rien.
Avec 130 000 étudiants, l’Université de Lyon constitue en effet aujourd’hui la
seconde université française.
Sa force, c’est d’être une Université généraliste, pluridisciplinaire, qui est en mesure
d’aborder toutes les thématiques à 360 degrés.
Sa force, c’est aussi, dans un certain nombre de domaines, d’être capable de jouer
les tous premiers rôles en France et même en Europe.
Cela a été rappelé durant les tables rondes : cette excellence a été reconnue dans la
première phase du Programme Investissements d’Avenir.
Notre site universitaire a ainsi remporté 12 LABEX (laboratoires d’excellence), 6
EQUIPEX (équipements d’excellence), 3 instituts Carnot, 2 IDEFI (Initiatives
d’Excellence en Formation d’Excellence), une SATT (Société d’Accélération de
Transferts Technologiques)… il est peu de territoires qui aient obtenu de tels
résultats !
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Pourtant, à la différence de huit autres candidatures, nous n’avons pas été
sélectionnés aux Initiatives d’Excellence.
Pas du fait, bien sûr, de la qualité de notre système d’enseignement supérieur et de
recherche : je viens de souligner qu’elle avait été saluée dans tous les autres appels
à projet.
Non, ce qui était en cause, c’était le manque de lisibilité de l’ensemble de notre
dispositif, le manque de priorisation des projets.
Ce qui était en cause surtout, c’était l’absence de gouvernance clairement définie.
Eh bien, Mesdames et Messieurs, près de quatre ans plus tard, sous l’impulsion
de Khaled BOUABDALLAH et Jean-François PINTON, nous avons, j’en suis
convaincu, beaucoup progressé.
Nous avons progressé dans les faits, avec la création de la COMUE en juillet 2014,
avec la mise en œuvre du Programme d’Avenir Lyon Saint-Etienne.
Mais nous avons progressé aussi dans la vision que nous avons pour notre
Université, nous avons progressé s’agissant de notre candidature en tant que telle.
1) Celle-ci prévoit d’abord l’organisation de l’Université de Lyon en huit collèges
académiques qui dépasseront les frontières traditionnelles entre établissements.
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C’est là l’amorce d’une recomposition de notre paysage universitaire, qui, hier très
fragmenté, sera ainsi rendu plus lisible pour l’observateur étranger
2) Sont définis ensuite trois grandes thématiques qui croisent, cher Khaled, cher
Jean-François, les secteurs d’excellence passés et futurs de l’économie lyonnaise :
biosciences et société, sciences et ingénierie et humanités et urbanités
A) Sur la thématique « Biosciences et société », on sait quelle est l’histoire notre
ville.
C’est à Lyon que fut inventée la médecine expérimentale.
C’est à Lyon que fut créée la vaccination de masse.
Il existe donc une tradition forte, par laquelle chercheurs et industriels travaillent
ensemble pour le progrès médical.
Aujourd’hui, notre défi est de continuer à écrire cette histoire.
Il s’agit bien sûr de s’appuyer sur les possibilités liés offertes par les biotechnologies,
la connaissance du génome, le numérique, pour inventer les traitements de demain.
Il s’agit aussi de s’inscrire, grâce à l’apport des sciences humaines, dans une vision
plus large en prenant en compte les grands défis de ce siècle que sont la
personnalisation de la médecine et l’émergence de nouvelles pathologies.
B) Concernant la thématique « Sciences et Ingénierie », on connaît aussi les atouts
historiques qui sont les nôtres.
Saint-Etienne comme Lyon ont en effet été marqués par des générations d’ingénieurs
qui, passés par Centrale Lyon, CPE Lyon, l’INSA, ont mis leurs connaissances
scientifiques au service du développement de l’économie et de l’industrie.
Aujourd’hui, la rencontre des progrès scientifiques d’une part, et des défis nouveaux
qui se posent à nos sociétés d’autre part, ouvre le champ des possibles.
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Une structure comme l’Institut des Systèmes Complexes développe ainsi des
solutions de modélisation qui trouvent des applications concrètes dans tous les
domaines : biologie, planification urbaine, mais aussi processus industriels.
Quant à l’excellence lyonnaise en matière de chimie, on voit qu’elle est aujourd’hui
au cœur de l’invention de ces matériaux éco-conçus, de ces nouvelles énergies, qui
permettront de mettre en œuvre dans les faits l’accord approuvé samedi dernier à la
COP21.
C) La troisième thématique enfin, « Humanités et Urbanités », entre à la fois en écho
avec la tradition de notre cité, et avec les défis qui se posent à elle pour l’avenir.
La tradition : chacun sait que Lyon est marquée par une forte identité humaniste, et
c’est d’ailleurs dans le prolongement de celle-ci que nous avons ouvert il y a tout
juste un an ce Musée des confluences dédié à l’histoire de l’humanité.
L’avenir : notre défi est aujourd’hui est de penser l’évolution de notre ville à l’aune de
cette tradition.
Il nous faut penser l’aménagement urbain pour qu’il soit en phase avec les défis de
soutenabilité, de vivabilité qui se posent à l’homme. Et je veux saluer le laboratoire
Intelligence des Mondes Urbains, qui nous accompagne depuis plusieurs années pour
relever ce challenge.
Il faut aussi, avec l’IDEX, être capable demain de penser la société numérique, pour
faire en sorte que les technologies que nous développons soient mises au service de
l’homme, pour faire en sorte, pour reprendre la formule de la sociologue américaine
Saskia SASSEN, « d’humaniser les technologies ».
3) Mesdames et Messieurs,
En phase avec les grands défis de notre siècle, notre Université doit aussi être
tournée vers le monde et c’est la troisième ligne directrice du dossier IDEXLYON.
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Vous faites ainsi de l’attractivité du site pour les étudiants et pour les chercheurs un
objectif majeur.
Pour l’atteindre, l’accueil d’événements d’envergure comme Todai FORUM, comme la
conférence WWW, devra se multiplier.
Mais, parce qu’ils dynamisent une équipe, parce qu’ils participent de la renommée
d’un site universitaire, le défi majeur est sans doute d’accueillir toujours plus de
chercheurs étrangers.
De ce point de vue, la montée en charge du programme ULYS est à n’en pas douter
une des grandes promesses de l’IDEX.
Pour rayonner davantage, il faudra aussi capitaliser sur les succès de l’Alliance
Internationale de l’Université de Lyon.
Nous avons ainsi noué avec l’Université Jiaotong de Shangaï, avec l’Université de
Tokyo, avec l’Université de Sao Paulo, mais aussi avec des Universités de
Sherbrooke, d’Ottawa au Canada, de beaux partenariats.
Eh bien l’IDEX doit nous permettre de les transformer en véritables alliances autour
de nos thématiques cibles, sur le modèle, par exemple, du programme d’accélération
de start up BIG BOOSTER, que nous avons créé avec l’écosystème d’innovation de la
ville de Boston.
4) Enfin, pour ce qui est du déterminant de la gouvernance, que le rapport Aghion
avait identifié dès 2010 comme un des principaux éléments explicatifs de la réussite
des universités anglo-saxonnes, cette candidature apporte de vraies réponses.
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Il y aura ainsi – su je puis m’exprimer ainsi – un « vrai patron », le directeur de
l’IDEX, qui déterminera les priorités, le plan d’actions, la stratégie, le calendrier.
Un Conseil de Surveillance resserré, composé des principaux chefs d’établissement,
sera chargé de se prononcer sur cette politique et de suivre sa mise en œuvre de
cette politique.
Enfin un Comité d’Orientation Scientifique, cher Alain MERIEUX, sera chargé
d’effectuer des propositions pour nourrir le projet.
Mesdames et Messieurs,
J’en suis convaincu : toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour obtenir la
labellisation à l’IDEX et surtout – c’est le plus important – pour mettre en œuvre ce
projet.
Un mois, presque jour pour jour après que la France, ses valeurs, ont été attaquées
par le terrorisme, vous permettrez toutefois de conclure sur une question plus large,
en évoquant rôle de l’Université dans la construction de notre identité collective.
Je le ferai en citant le romancier Romain GARY, qui écrivait :
« L’Europe a toujours eu les meilleures et les plus belles Universités du monde. C’est
là que sont nées nos plus belles idées, celles qui ont inspiré nos plus grandes
œuvres : les notions de liberté, de dignité humaine, de fraternité ».
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Eh bien, Mesdames et Messieurs, c’est aussi pour cela que nous nous battons ce
soir.
Pour prolonger, dans notre Cité, cette longue et belle tradition humaniste.
Bonne soirée à tous.
Je vous remercie
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