Fusion Suez / Gaz de France : un mauvais projet, une riposte s

Transcription

Fusion Suez / Gaz de France : un mauvais projet, une riposte s
Fusion Suez / Gaz de France : un mauvais
projet, une riposte s’impose.
Le Premier ministre a confirmé hier le projet de fusion de Suez et de Gaz de France.
Par son annonce, le gouvernement remet en cause tous les engagements qu’il avait lui-même mis en
avant, notamment par la voix de Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Économie et des Finances lors du
changement de statut imposé aux entreprises EDF et GDF. C’est un discrédit supplémentaire de la parole
politique d’État.
Gouvernement et directions veulent-ils aujourd’hui prendre tout le monde de vitesse et escamoter ainsi
l’indispensable débat sur le devenir du secteur énergétique français et européen ?
C’est le fond du projet qui est en cause et pas seulement son « accompagnement social ». L’objectif ne
peut être de bâtir un deuxième champion national de l’énergie en faisant absorber Gaz de France par
Suez et en affaiblissant EDF.
La pérennité du groupe Suez est à prendre en compte. Elle ne peut cependant résulter d’un
affaiblissement de la maîtrise publique sur la fourniture, l’approvisionnement et la distribution de gaz et
d’électricité. D’autres voies existent pour pérenniser les activités de Suez et protéger le groupe d’une
éventuelle OPA, tout comme est indispensable la constitution d’un pôle public de l’énergie.
Le choix adopté par le gouvernement est porteur de risques inacceptables. Ériger un concurrent majeur,
à dominante privée face à EDF, risque de déséquilibrer gravement l’entreprise publique EDF. De plus, la
décision gouvernementale permettra à Suez de s’introduire rapidement dans le nucléaire en France, ce
qui serait en rupture avec le principe de contrôle public de cette filière. N’est-ce pas Bouygues qui
sentant l’opportunité déclare son intérêt pour Areva ?
Tout à l’opposé des déclarations gouvernementales cherchant à rassurer sur l’avenir de l’emploi, la Cgt a
les plus grandes inquiétudes. Certaines filiales de Gaz de France et de Suez sont en concurrence d’où
des risques de restructuration. Les services communs EDF-GDF sont à l’évidence menacés d’où
l’inquiétude des 60 000 agents concernés. Le maintien dans le nouveau groupe Suez de la branche
environnement est aux dires de la plupart des experts, hypothétique… Ce sont donc des milliers
d’emplois qui sont menacés à Suez, à GDF et à EDF.
Le contenu du service public, la maîtrise des prix du gaz et de l’électricité, le droit à l’énergie, sont
gravement mis en cause par ce projet qui assure une domination de la logique financière dans ce secteur
stratégique pour le développement économique et la réponse aux besoins sociaux.
Pour la Cgt, l’énergie est un enjeu majeur national et européen. Il est urgent que les responsables et les
élus politiques tant français qu’européens, reprennent la main sur le secteur afin d’assurer
l’indépendance énergétique, la sécurité d’approvisionnement et la réponse aux questions
environnementales. Les pays européens ont tout à perdre à encourager la concurrence et l’ouverture des
marchés de l’énergie, qui génèrent OPA et créations de « champions privés». Les usagers, du particulier
à l’industriel, ont besoin de sécurité et de garantie des prix. Pour la Cgt, les choix annoncés peuvent être
remis en cause. D’autant que le processus de fusion GDF- Suez va prendre 9 mois et doit passer par un
débat parlementaire avant l’été.
Dès maintenant, la Cgt prend ses responsabilités. Elle prône la constitution d’un pôle public de l’énergie
et d’une politique européenne de l’énergie. Elle entend organiser une riposte interprofessionnelle et
confédérale. La mobilisation des salariés de tous les secteurs, dans les différents pays concernés
(France, Belgique, Italie, Espagne…) peut permettre de remettre en cause les choix annoncés.
La Cgt appelle les salariés à se rassembler, à débattre de la situation et à engager la riposte.