Recommandations à prendre - club canin carcassonnais

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Recommandations à prendre - club canin carcassonnais
RECOMMANDATION A PRENDRE POUR LA LEISHMANIOSE
EN LANGUEDOC-ROUSSILLON
Par Docteur René-Pierre BUIGUES
Médecin spécialiste qualifié en Santé Publique
Membre du Club Canin Carcassonnais
De la santé publique…
Il existe en Languedoc-Roussillon et dans l’ensemble du bassin méditerranéen
français, une maladie appelée la leishmaniose canine. Dans le sud-est de la France,
le chien peut être le réservoir de leishmaniose, transmise par la femelle d’un
insecte vecteur, le phlébotome. Les parasites injectés par le phlébotome lors de
piqûres sont des leishmanies.
La leishmaniose touche essentiellement les animaux domestiques et sauvages (par
exemple, les renards) et plus rarement l’homme.
En France, la leishmaniose canine pose un problème de santé publique.
…à la santé de nos chiens
Le chien est considéré comme le réservoir domestique principal de la leishmaniose.
Le mode de vie du chien est important parce qu’il intervient en augmentant ou non
les possibilités de contact avec les phlébotomes. Dans l’Hérault, une étude
ancienne (Giraud P. et coll., 1950) a montré que, parmi les chiens leishmaniens, 63
% d’entre eux étaient des chiens de chasse contre 30 % pour les chiens de garde et
7 % pour les chiens de compagnie.
Les chiens de chasse sont davantage touchés du fait de leur nombre et de leur
exposition puisqu’ils parcourent des zones rurales ou boisées contaminées, ils sont
davantage exposés aux piqûres de phlébotomes.
Les chiens de garde, vivant à l’extérieur, sont exposés aux piqûres d’autant plus
qu’ils disposent de niches rudimentaires, gîtes souvent utilisés également par les
phlébotomes. Nous pouvons signaler que les chiens utilisés à la conduite de
troupeaux d’ovins et qui transhument de juillet à septembre sont peu touchés
puisqu’ils évoluent dans les massifs montagnards.
Les chiens de compagnie sont d’autant moins atteints qu’ils sont sédentaires des
villes et d’autant plus atteints qu’ils vivent à la campagne et le soir dehors.
Il est important de préciser qu’à l’occasion des vacances les chiens étrangers à la
zone d’exposition peuvent contracter une leishmaniose dont le diagnostic se fera
lors du retour dans le département d’origine.
Le parasite et le chien
La leishmaniose canine est une maladie grave et souvent fatale. La maladie se
transmet de chien à chien par la piqûre de l’insecte vecteur, le phlébotome. Le
parasite agent de la maladie est un protozoaire appelé leishmanie. Certaines
formes du parasite vivent dans le tube digestif du phlébotome. La période entre les
piqûres infectantes et le début de la maladie (incubation) est de trois à 18 mois. En
général, les lésions surviennent de un à six mois après la fin de la période
d’activité des phlébotomes, avec un maximum au troisième mois. La durée
d’évolution est de trois à neuf mois.
Le parasite vit dans certaines cellules présentes dans le sang, la peau et les
viscères des animaux. Pour la leishmaniose viscérale, le réservoir sauvage du
parasite semble être constitué par les rongeurs et les renards.
 Les vétérinaires suspectent une leishmaniose canine devant une association de
signes comme la fièvre, l’amaigrissement, la fonte des muscles de la face,
l’augmentation de la taille de la rate et des ganglions ainsi que des dépilations
diffuses.
 L’affection débute par un chancre d’inoculation (lésion cutanée particulière au
niveau de la piqûre) siégeant préférentiellement sur la truffe, le chanfrein ou la
face interne des oreilles.
 Le recours à un vétérinaire est nécessaire devant toute suspicion chez le chien :
Tout d’abord, la chute de poils et de petites plaies ouvertes sont surtout situées
autour des yeux et du museau. Puis l’ensemble du corps peut être affecté
notamment la tête et les pattes arrières. Des griffes plus longues et plus
cassantes sont aussi décrites à terme. Le stade plus avancé de la maladie est
marqué par un amaigrissement souvent sans perte d’appétit. Le risque vital
survient lorsque le chien présente une anémie et des troubles rénaux graves.
La recherche du parasite est effectuée au microscope après prélèvement de moelle
osseuse ou biopsie d’un ganglion lymphatique hypertrophié (adénopathie).
Le phlébotome en Languedoc-Roussillon
Le phlébotome est un insecte velu de petite taille d’environ 2,5 à 3 mm de
longueur qui possède une seule paire d’ailes (diptère). Avant de piquer, il
maintient ses ailes en hauteur et sautille. Contrairement au moustique, il vole en
silence. Mais son vol est gêné par grand vent (vitesse de plus de un mètre par
seconde). Cependant, il peut voler sur de longues distances (jusqu’à 2 kilomètres).
Les phlébotomes se trouvent dans les zones rurales ou les parties boisées des villes
comme les parcs et les jardins. De jour, les phlébotomes gîtent dans les endroits
sombres ou humides comme les failles et les crevasses des terriers, des étables,
des clapiers ou des niches. Bien qu’ils piquent surtout à l’extérieur, on les retrouve
fréquemment à l’intérieur des habitations.
Dans la région méditerranéenne, les phlébotomes sont actifs de mai à septembre,
voire octobre et ce dès la tombée de la nuit jusqu’à l’aube. Les nuits douces (pas
moins de 16° C) sont préférées des phlébotomes.
Mâles et femelles se nourrissent de la sève des plantes ou du miellat des pucerons.
Après avoir détecté l’odeur de leur proie (principalement des chiens), les
phlébotomes femelles piquent pour trouver leur repas sanguin. Seule la femelle
pique pour se nourrir de sang afin d’y puiser les éléments nutritifs nécessaires à la
ponte de ses œufs.
Environ une semaine après le repas sanguin, les femelles pondent une centaine
d’œufs dans des sols humides. Les larves terrestres se trouvent surtout dans les
crevasses des murs et des sols.
Le phlébotome femelle peut transmettre le parasite à un autre animal lorsque le
repas sanguin pris initialement contenait des leishmanies.
Les régions et départements les plus concernés
La maladie est présente en Amérique du Sud et dans les pays du bassin
méditerranéen. En France, le pourtour méditerranéen est surtout touché. Mais il
existe aussi quelques foyers de leishmaniose dans les départements proches du
pourtour de la Méditerranée (voir liste des départements).
Le problème de santé publique est lié au mode de propagation de la maladie.
Lorsqu’un phlébotome femelle pique un chien porteur du parasite (sang, peau), cet
insecte vecteur absorbe aussi des leishmanies. Puis dans l’estomac et l’intestin de
l’insecte vecteur, le cycle de vie du parasite se poursuit. Lorsque le phlébotome
femelle pique une autre fois, des leishmanies sont déposées dans la peau du chien
(pointe du museau, oreille).
Liste des départements : selon les cas annuels observés dans les cliniques
vétérinaires



Forte présence de leishmaniose canine : plus de 50 cas par an
2A 2B – départements de la Corse.
06 – Alpes maritimes.
07 – Ardèche.
12 – Aveyron.
13 – Bouches-du-Rhône.
26 – Drôme.
30 – Gard.
34 – Hérault.
48 – Lozère.
66 – Pyrénées Orientales.
83 – Var.
84 – Vaucluse.
Cas fréquents de leishmaniose canine : entre 11 et 50 cas par an
04 – Alpes de Haute-Provence.
05 – Hautes-Alpes.
09 – Ariège.
11 – Aude.
46 – Lot.
81 – Tarn.
82 – Tarn-et-Garonne.
Cas rares de leishmaniose canine (émergente) : de 6 à 10 cas par an
31 – Haute-Garonne.
38 – Isère.
47 – Lot-et-Garonne.
64 – Pyrénées Atlantiques.
Prévention
Il n’existe pas à ce jour de vaccin actuellement disponible contre la leishmaniose
canine.
Le réservoir sauvage est difficilement accessible pour une prévention. Beaucoup
d’animaux seraient des porteurs sains de leishmanies. Quant aux chiens du bassin
méditerranéen, ils constituent un réservoir non négligeable de ce parasite. La
prévention contre la leishmaniose canine repose sur des gestes simples :
 Il est important de mettre à l’abri les chiens au crépuscule de mai à octobre,
ce qui correspond au maximum du risque pour les animaux domestiques puisque
les piqûres ont lieu surtout à la tombée de la nuit.
Le fait d’utiliser des insecticides et des répulsifs renforce ce geste préventif.
 Il est possible d’utiliser des protections insecticides en particulier sur les
zones anatomiques du chien exposées aux phlébotomes comme le chanfrein.
 Il est surtout recommandé d’utiliser un collier imprégné d’un produit comme
la deltaméthrine qui représente une solution efficace de prévention contre la
leishmaniose canine.
En effet, la protection par un collier imprégné prévient les piqûres des
phlébotomes en les éloignant (en général pendant 5 mois). Par ailleurs, ces
colliers ont aussi une action sur les tiques qui peuvent transmettre entre autre
la piroplasmose et la maladie de Lyme. Faciles d’emploi, ils n’ont pas d’odeur
particulière et sont résistants à l’eau.
® Marie-Pierre BUIGUES
Le collier imprégné : pour une prévention de la leishmaniose canine
Evolution de la maladie et climatologie
Parmi les affections transmises, la répartition des cas de leishmaniose canine
pourrait se développer en France. Les changements climatiques actuels peuvent
intervenir dans l’évolution de la répartition de la maladie en France. En effet, le
réchauffement de l’atmosphère intervient et modifie la répartition géographique
des phlébotomes. Par conséquent, l’émergence de la maladie pourrait se faire dans
les années à venir dans des départements autres que ceux proches du pourtour
méditerranéen.
Dans les départements à ce jour touchés, des températures plus élevées et des
nuits plus chaudes augmentent le risque de transmission de la leishmaniose canine
pendant des périodes plus longues.
Outre le réchauffement de la planète, les déséquilibres environnementaux peuvent
influer sur la prolifération des phlébotomes. De même, la résistance accrue des
leishmanies aux médicaments et celle des phlébotomes aux insecticides diminuent
l’impact des programmes d’éradication de la maladie.
En conclusion, il apparaît nécessaire que les propriétaires de chiens soient
régulièrement informés de l’évolution dans le temps de la leishmaniose canine,
importante dans notre région.
L’extension de la maladie dans les prochaines années dépendra des mesures
prises pour assurer la protection de nos chiens mais aussi des changements
bioclimatiques pouvant affecter les départements touchés par la leishmaniose
canine.
Par ailleurs, l’amélioration du dispositif de surveillance des maladies
infectieuses mais aussi des insectes vecteurs permettrait de mieux lutter contre
la leishmaniose canine.
Pour en savoir plus
Sur
le
site
de
la
société
canine
de
Languedoc-Roussillon :
http://www.sclr.fr/thematique/zoonoses.htm rubrique La leishmaniose viscérale
méditerranéenne.
Presse canine : Alain Dupont. Réchauffement de la planète : La leishmaniose
s’étend. Chiens Sans Laisse n° 187 mai-juin 2007, pp. 40-41.