Revue belge de numismatique et de sigillographie

Transcription

Revue belge de numismatique et de sigillographie
REVUE
DE hk
NUMISMATIQUE
BELGE,
PUBLIEE SOUS LES AUSPICES OE LA SOCIETE NUMISMATIQUE
PAR MM.
R.
CHALON,
2» SÉRIE.
L.
DE COSTER ET CH.
—
TOME
1
PIOT.
V.
gX^-Çi.
BRUXELLES,
LIBR.\IRIE
POLYTECHNIQUE D'AUG, DECQ,
9,
RUE DE LA MADELEINE.
1855
,
—
163
—
NOTICE
SUR
DEUX MONNAIES' MÉROVINGIENNES D'aRGENT INÉDITES
DE TROTES.
l\. VI, N<" O ET i.
Certaine auteurs dû catalogues, qui ont rendu d'ailleurs
de grands Services
plaints
a
la
science
numismatique
amèrement des publications
isolées
sont
se
,
de monnaies
inédites, en faisant entrevoir les prétendues difficultés
cette fureur
de pièces nouvelles engendrerait pour
vrages d'ensemble
mériques, et lé
(').
irial
Heureusement ces
est
crairiles
les
que
ou-
sont chi-
purement imaginaire. La plupart
de ces publications ont lieu en France
et à l'étranger,
dans
des Revues périodiques, justement estimées et très-répandues. Si
même
il
en
est qui
vont s'égarer, tout en y étant
très-bien placées, dans des Bulletins locaux, ou qui s'im-
priment séparément, ces Revues
grand empressement
et le plus
les relèvent
grand soin
•
àfec lé plus
de sorte qu'elles
forment des recueils complets auxquels on peut puiser
sûrement.
(1)
Forr.ÈnES cl CoNnnoiisE, Description complète
naios de la dcuJ'tème face royale de FrimcCj p. ^9.
et
raisannée des
mon-
—
n lu'sitons
iNoiis
naître isolément,
—
164
pour noire compte, à
j)as,
mais
faire
con-
plus tôt possible, les nouveautés
le
que nous rencontrons, avec
la
conviction d'être plus utile
que de toute autre manière.
ainsi
Nos études
monétaires
se concentrent sur les
compris dans
Tancienne circonscription
Sens, archevêché. Château-Landon
Troyes
vaux.
(*),
nous ont déjà fourni
La dernière de
produits des ateliers
('),
de
Sens, Tonnerre,
le sujet
et
de précédents tra-
nous apporte aujourd'hui
ces villes
encore un contingent recommandable.
Siège d'un important évêché, l'une des places principales
de
province romaine dont l'antique
la
capitale,
Troyes,
la
l'époque où le
ment
nom
dont
le
nom
la
la
Champagne,
A
a le plus varié.
des peuples devint presque générale-
celui des villes
qui en étaient le centre, Troyes
(')
de Augustobona se changer contre
vit sa vieille appellation
la
elle-même de
capitale
est aussi l'une des villes
de Sens fut
cité
circonlocution composée du
mol
civitas et
du nom
latin
des Troyens. C'est celui-ci qui, par de nombreuses et successives modifications, a
n'est
formé
le
nom
actuel de Troyes.
Il
pas sans intérêt de suivre avec Hadrien de Valois ces
dans
différentes variations
les
auteurs,
Tricassas, Tri-
casas, Tricasis, Tricasœ, Tricassina, Tricassis, Tricassmn,
Tricassnmi, Trecassmm, Trecasium, enfin
tion régulière Treca.
Sur
les
la
dénomina-
monnaies on trouve Trecas,
Tricas, Tricis, Trecassi, Trecasi, Trecens.
C'est
(')
pour nous l'occasion de rappeler
Revue numismatique de
(»;/6., 18J54, p. 180 et pi.
{') iT« siècle.
Dlois, 18îi3, p. il9.
X.
le principe,
8|b-
-
165
—
straction iaite de toutes autres raisons, (ju'une ville qui a
retenu
le
nom dun
peuple en a été indubitablement
la
capi-
tale.
Nous ne
résistons pas
de ce principe pour
naître dans
cider
au
plaisir
de Sens
la ville
Agendicum
qu'Agendicum
la capitale
est
de
Sens
conséquence
tirer la
et
de dire que recon-
des Sénonais, c'est dé-
fournir à cette cause son
et
plus fort argument.
Mais revenons à Troyes
en
connus.
produits
cet atelier
;
Pépin,
Chauve, Carloman, Charles
ont
fait
le
monétaire
Charles
Gros, Charles
le
espérer que les lacunes de
un jour ou
Simple y
l'autre
et
les
soit
en
comtes de Champagntî
pendant longtemps à d'importantes
fabrications
d'espèces,
épiscopales ou baronales, tantôt
voisins. Ils ont,
à
comblées.
se livrèrent ensuite et
intéressantes
(«), et il est
série carlovingienne seront
la
Les évéques de Troyes
merce,
le
forger des espèces. Leurs monnaies nombreuses
sont dans les collections pour en témoigner
el
est riche
Charlemagne,
effet,
pour ceux de
soit
la
communes
pour
les
purement
tantôt
avec
besoins
les
pays
du com-
politique, conclu des accords
monétaires qui n'ont pas encore été bien étudiés ou dont
les
preuves ne se trouvent encore que dans
eux-mêmes
(')
produits
les plus reculés,
l'époque
(').
nous remontons aux temps
Si
les
CoNBROUSE
,
Liste des munnaierics carlovingknnes ,
Calulogue Rousseau, n"' 224, 245, 443,
4()7,
524, 52y.
—
v» Troyes.
—
Manuel Bar-
thélémy, pp. il et suiv.
(^)
MM.
JUerry.
DUBY, MORKRI, DUCHAIAIS, BARTHÉLÉMY, FlLLON, PoEI-d'AtANT,
-- 166
gauloise ne nous fournit aucun
appliqué à
connaît les
monument
qui puisse être
de Troyes ou au peuple des Troyens.
n'en est pas de
Il
On
la ville
—
même
pour l'époque mérovingienne.
noms de quatre monnayers^ nous ne dirons
pas Troyens, mais qui ont exercé leur art dans
la ville
de
AVDOLENVS, GENVLFVS, GILLIBERTVS, MVMOLIN'VS ()• A ces noms faut ajouter mainTroyes, ce sont
il
tenant celui de
Nous
LEO.
offrons bien aujourd'hui deux nouvelles
monnaies
mérovingiennes appartenant à Troyes , mais nous n'avons
pas
bonheur que
le
toutes les deux.
le
nom du monnayer
Le revers de
celle
soit lisible
que possède
le
sur
cabinet
impérial de France est tellement fruste que, malgré nos
efforts,
aucun
En
"p
nous n'avons pu parvenir à former aucun mot,
sens.
voici la description
>ï<
TRECAS CIVÏ,
:
buste (iiadémé à droite, sans grè-
netts.
R.
^ LEONE MONITARO;
grènetis
une croix
à pied sur u;i
dans
degré
des trois branches supérieures de
annelets. Les extrémités
le
champ
j
en face
la croix
et
et
dans un
au bout
sont placés trois
du degré sont terminées par des
annelets.
Argent. Collection de M. Poncelet, antiquaire à Sens.
Diamètre, 13 millimètres, poids 24 grains forts(1
5 décig.)
(')
pi.
CoNBRousE, Liste alphubélique des monnaieries mérovingiennes,
— BARiuéLEMT, Manuel, p.
few,
gramme
VI, n" 3.
p. 82, pi, i, no» 9, 10.
31.
~
B. Filloh, Lettres à
M.
— Cafaloyue Guillemot, p. 3i.
p. 51.
Dtajasl-iMati-
—
—
167
CroiscUe à branches annelelécSj
!2"
CIVJ,
de face occupant tout
lèle
Légende
l\.
ctiitre est
minées par
;
dans
le
et
dont
les
ilUsible
un annelet
sk
"+",
:
THKIAS
champ.
le
champ une
croix dont
le
branches égales gont ter-
d-çs annelels.
Argent. Cabinet impérial.
Diamètre,
M
millimètres, pi. VI, n° i.
Ces deux monnaies d'argent, qui sont remarquables par
similitude
la
du
septième
siècle.
ment
pour
(')
types, doivent appartenir
faire et des
On demeure
faire
en
remonter à
connnencement du septième
effet
la
siècle,
au
d'accord générale-
(in
du sixième ou au
sinon
la
substitution de
largeni à lor, au moins l'origine de l'emploi simultané de
ces
deux métaux
;
lusage de décorer
pour
laisser le
et
dès
champ
le
commencement du huitième
monnaies d'une
les
libre
aux monogrammes
des horizontales.
On
de ce
tète disparaissait
et
..';ii!.ljo]-;j
i;;
aux légenlui
peut vraisemblablement donner pour l'une des raisons
fait
l'ambition des maires
du
palais dont les efforts,
dans un but d'intérêt personnel, ont dû tendre
cessivement supprimer
ppuvait rappeler
la lèle
les
les droits
diadémée que
les
emblèmes royaux
du
roi fainéant.
à faire sue-
et tout ce
Le buste
qui
royal,
monnayers avaient coutume d'em-
ployer, ont probablement été sacrifiés par ce motif.
C'est avec raison et en s'appuyant sur des faits incontestables (»)
el la
que M. Benjamin Fillon attribue au clergé
mission de pousser à
la
la
tâche
réaction contre l'or en faveur
M. Dugast' Malifeux,
(')
MAI.
{^)
Les pins aiiciciincs monnaies mérovingiennes d'argent émanent des
Fillon, LcUrcs à
ofiicincs cléricaics.
p. DO.
—
commun,
diin métal plus
—
168
pour
facile
transac-
les petites
aux classes inférieures.
tions commerciales, et accessible
A
toutes ces qualités l'argent joignait celle d'être à peu près
le
seul métal
employé par
les
peuples voisins et son adop-
tion dans notre pays rendait possibles
des rapports dont
l'or
empêchait
le
ou plus fréquents
développement. Si par
ce système l'Eglise et ensuite avec elle la famille de Charles
moyen sur d'augmenter
Martel trouvèrent un
une voie ouverte
fluence, c'était aussi
leur
in-
à la civilisation et au
progrès.
numismate de Fontenay-
'i'Nous venons avec l'éminent
Vendée, de nommer
de
vainqueur de Poitiers,
le
sauveur
chrétienté; c'est pendant sa vigoureuse administra-
la
tion
le
que
monétaire mérovingien, soumis depuis un
l'art
une dégénérescence dont
certain temps à
la fainéantise
des
rois était la principale cause, répudia définitivement l'or,
ce métal aristocratique, pour proclamer le règne de l'ar-
gent plus en harmonie avec l'origine de ce grand maire
du
palais, et avec les besoins
puyait.
et
Comme
par ce
conséquence,
moyen
le
du peuple sur lequel
le
coffre et à la
vient jusqu'à l'escarcelle
denier succède au triens
du
bourse du seigneur, par-
serf.
Ce changement complet de métal,
noms
monétaires, l'apparition
monogrammes
ble transition
et
de
et
la
suppression des
l'intronisation
des légendes horizontales, voilà
l'ère
Cette pensée,
des
la vérita-
méi-ovingienne à cette glorieuse ère
carlovingiennc préparée par Charles Martel
par son illustre
s'aj)-
numéraire, jusqu'alors presque exclusi-
vement réservé au
des
il
et
inaugurée
fils.
el
c'est
par
là
que nous terminons,
a été
—
169
—
résumée on ces termes par M. Guérard dans son Foiyptique
iVIrminon
race
fut la
(')
:
«
La monnaie commençante de
monnaie
finissante de la première.
la
seconde
»
Ph. Salmon.
(l)T. l'S
,,.
118.

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