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LA BATAILLE DE L’ATLANTIQUE : MATÉRIEL POUR LES ÉDUCATEURS 2 La bataille de l’Atlantique Steven Schwinghamer Assistance à la recherche : Patrick Stewart and Jennifer Tinkham La bataille de l’Atlantique a été la plus longue confrontation de la Seconde Guerre mondiale, et le Canada a eu un rôle clé dans la victoire des Alliés. Ce sont des Canadiens qui ont construit et équipé des navires de guerre et des navires marchands qui allaient rendre possible l'effort de guerre en Europe. Assemblage d’un convoi dans le bassin de Bedford, 1942. (Crédit : CNA-AP-112993) Les réalisations des Canadiens et des Canadiennes dans le cadre de cette lutte cruciale pour la survie de nos Alliés en Europe durant la Seconde Guerre mondiale constituent une partie importante de notre histoire nationale. La Société du Quai 21 a mis sur pied cette unité pédagogique avec le soutien d’Anciens Combattants Canada. Notes sur les normes appliquées dans cette trousse pédagogique : Cette trousse pédagogique rend possible l'utilisation des signets électroniques et des hyperliens pour aider les élèves et les enseignants à naviguer dans le document. (Pour une utilisation facile, Adobe Acrobat Reader 6.0 ou plus est recommandé.) Les points principaux du sommaire sont en bleu foncé. Le texte additionnel est dans une police différente et il est noir. 3 Table des matières Curriculum ................................................................................ 5 i. Lier cette unité à l’histoire canadienne ...................................... 5 ii. Contenus de cette unité ........................................................ 5 iii. Liens avec le programme scolaire .......................................... 5 1. Histoire générale ..................................................................... 7 1.1 La bataille de l’Atlantique ..................................................... 7 1.2 L’Atlantique-Nord ............................................................... 7 Questions portant sur la Section 1 : Histoire générale .......................... 8 2. Information sur les convois .......................................................... 8 2.1 Définition de convoi ............................................................ 8 2.2 Usage du convoi ................................................................ 8 2.3 L’adoption du convoi au Canada ............................................ 9 2.4 L’effort de guerre du Canada et la bataille de l’Atlantique ........... 10 Questions portant sur la Section 2 : Information sur le système de convoi . 10 3. Les convois de la Première Guerre mondiale ................................... 11 3.1 Signification historique ...................................................... 11 Questions portant sur la Section 3: Les convois de la Première Guerre mondiale .............................................................................. 12 4. Les convois de la Seconde Guerre mondiale : Partie I ........................ 12 4.1 Contexte menant à la Seconde Guerre mondiale ....................... 12 Questions portant sur la Section 4 : Les convois de la Seconde Guerre mondiale : Partie I .................................................................... 1 5. Les convois de la Seconde Guerre mondiale : Partie II........................ 15 5.1 La structure d’un convoi ..................................................... 15 5.2 Les itinéraires et les types de convois.................................... 16 5.3 Le personnel impliqué dans le système de convois ................... 17 5.4 Le Port d’Halifax, durant la Seconde Guerre mondiale ............... 18 Questions portant sur la Section 5 : Les convois de la Seconde Guerre mondiale : Partie II ................................................................... 18 6. La lutte contre les convois ......................................................... 18 6.1 Les U-Boots contre les convois ............................................ 18 6.2 Les attaques de sous-marins contre les convois ...................... 19 Questions portant sur la Section 6 : La lutte contre les convois .............. 20 7. Les débuts - 1939 .................................................................. 21 7.1 Le déclenchement de la Guerre ............................................ 21 Questions portant sur la Section 7 : Les débuts................................. 22 8. La bataille de l’Atlantique - 1939 .................................................. 22 8.1 Choc initial pour les Alliés ................................................... 22 8.2 Impact de la menace sous-marine nouvelle ............................. 24 Questions portant sur la Section 8 : La bataille de l’Atlantique -1939 ........ 25 9. Les pertes sur terre et en mer : 1940-1941 ..................................... 25 9.1 Changements à la nature de la guerre .................................... 25 9.2 Les « beaux jours » des sous-mariniers allemands ................... 26 9.3 La fin des « beaux jours » : La riposte des Alliés et l’entrée en 4 guerre des États-Unis ............................................................. 27 Questions portant sur la Section 9 : Les pertes sur terre et sur mer : 19401941 ................................................................................... 29 10. Transitions : 1942 ................................................................. 29 10.1 Roulement de tambour : Des sous-marins dans les eaux canadiennes ......................................................................... 29 10.2 Les sous-marins dans les eaux américaines et les Caraïbes ...... 30 10.3 La menace en haute mer ................................................... 31 Questions portant sur la Section 10 : Transitions -1942 ....................... 32 11. La perte de l’Atlantique : hiver 1942 – 1943 ................................... 32 11.1 L’impasse d’hiver ............................................................ 32 11.2 Le spectre de la défaite : mars 1943 ...................................... 1 Questions portant sur la Section 11 : La perte de l’Atlantique : hiver 19421943 ................................................................................... 35 12. Renversement de situation : avril et mai 1943 ................................ 35 12.1 Renverser l’issue de la bataille ........................................... 35 12.2 Critiques dans la victoire ................................................... 36 Questions portant sur la Section 12 : Renversement de situation : avril et mai 1943 .............................................................................. 37 13. À la défense de la route de l’Atlantique Nord : 1944 ......................... 38 13.1 Responsabilités accrues ................................................... 38 13.2 Le nouveau rôle de la MRC en contexte ................................ 39 13.3 La libération de la France .................................................. 39 Questions portant sur la Section 13 : Défense de la route de l’Atlantique Nord : 1944 ........................................................................... 40 14. La fin de la guerre : 1945 ........................................................ 41 14.1 Fin de la guerre maritime ................................................... 41 Questions portant sur la Section 14 : La fin de la guerre : 1945 .............. 42 Éléments d’étude complémentaires ................................................. 43 Témoignages personnels ............................................................. 43 Récits de vétérans ................................................................. 43 Textes complémentaires .............................................................. 47 La route de Mourmansk........................................................... 47 Les sous-marins durant la Seconde Guerre mondiale ..................... 48 Sonar, radar et HF / DF ............................................................ 49 La puissance aérienne et la bataille de l’Atlantique ........................ 50 Le renseignement dans la bataille de l’Atlantique .......................... 51 Exemples d’activités en classe à utiliser avec cette section ........................ 52 Interdépendance ...................................................................... 52 Chronologie, continuité et changement ......................................... 52 Activités générales en classe ...................................................... 53 Ressources ................................................................................ 54 Sites Web ............................................................................... 54 Vidéo : ................................................................................... 54 Sources / Lectures recommandées aux fins de recherche : ................ 54 Lexique ..................................................................................... 56 5 Introduction Curriculum i. Lier cette unité à l’histoire canadienne Les Canadiens et Canadiennes ont contribué dans la plus longue déterminante du dernier siècle. de cette guerre Le rôle que le Canada a joué dans le système de convoi et lors de la bataille de l’Atlantique a changé alors que la guerre progressait. La Marine canadienne est passée d'une petite force côtière à une flotte de navires de guerre chargée d’escorter des convois dans tout l'Atlantique. Des marins canadiens ont mené des navires marchands vers de nombreux pays afin d’acheminer des fournitures essentielles sur les différentes scènes de la guerre, et ce, à travers le monde entier. Pendant et après Seconde Guerre mondiale, on comprend pourquoi le Canada a joué un rôle important parmi les nations à travers ses réussites et ses échecs en mer. Le Canada s’est donné une nouvelle stature auprès de la communauté internationale après la Seconde Guerre mondiale : c'est le résultat d'un effort de guerre qui a vu de nombreux défis et tragédies sur le chemin de la victoire. La bataille de l’Atlantique a été un élément clé de cet effort de guerre, et elle illustre les sacrifices et les réalisations des Canadiens et Canadiennes au cours de la Seconde Guerre mondiale. ii. Contenus de cette unité Cette unité propose : Une histoire générale des convois Le rôle du Canada dans l’escorte des convois durant la Seconde Guerre mondiale Des souvenirs d'anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale Des guides en soutien au matériel Des questions pertinentes à chaque unité et une liste des activités pour une utilisation éducative Un glossaire Une chronologie de la Seconde Guerre mondiale iii. Liens avec le programme scolaire Liens avec le programme d’études sociales du Canada atlantique (Atlantic Canada Social Studies Curriculum Connections) La Fondation d'éducation des provinces atlantiques cite un certain nombre d'apprentissages essentiels de graduation à atteindre avant la diplomation de 12ième année. Cette unité d'enseignement contribue aux apprentissages essentiels de graduation en ce qui concerne la citoyenneté et la communication. 6 Le programme d'études sociales définit six volets conceptuels. Cette unité se penche sur deux d’entre-eux : « Interdépendance » et « Temps, continuité et changement ». Cette unité aidera les enseignants et les étudiants à franchir des étapes clés de résultats scolaires dans ces volets conceptuels. Interdépendance : (9ième année) Expliquer la complexité provenant de la nature interdépendante des relations entre les individus, les nations, les organisations humaines et les systèmes naturels; Présenter des exemples d’analyse des réactions des communautés aux interactions entre les individus, les groupes et les sociétés; Analyser et expliquer les interrelations entre les organisations sélectionnées. (12ième année) Évaluer et proposer des solutions possibles aux problèmes résultant d'interactions entre les individus, les groupes et les sociétés; Mesurer l'efficacité des interactions des systèmes et de certains organismes, de même qu’à l’intérieur de ceux-ci. Temps, continuité et changement : (9ième année) Identifier et utiliser les concepts associés au temps, à la continuité et au changement; Appliquer une méthodologie historique afin d’interpréter et de comprendre le temps, la continuité et le changement; Analyser et expliquer les effets de la causalité et du changement au fil du temps; Analyser et évaluer les développements historiques et contemporains afin de prendre des décisions éclairées et créatives sur certaines questions. (12ième année) Appliquer les concepts associés au temps, à la continuité et au changement; Appliquer une méthodologie historique afin d’interpréter et de comprendre le temps, la continuité et le changement; Analyser et comparer les événements du passé jusqu'au présent afin de prendre des décisions éclairées et créatives sur certaines questions. L'unité rejoint également une variété d'autres objectifs pédagogiques. Par exemple, l'unité aidera les enseignants à obtenir des résultats probants au cours d’histoire par rapport à la mondialisation, la souveraineté, la gouvernance et l'étude indépendante. 7 1. Histoire générale 1.1 La bataille de l’Atlantique Machiniste mesurant une pièce d'une arme navale. (ONF. Photothèque / NAC. WRM 471) La bataille de l’Atlantique a été un combat pour le contrôle de l'Atlantique Nord au cours de la Seconde Guerre mondiale. L'effort de guerre des Alliés en Europe était basé en Grande-Bretagne, une nation insulaire. Même en temps de paix, la Grande-Bretagne devait importer de nombreux produits de première nécessité. Ces cargaisons devaient toutes transiter par mer. Le maintien de l'effort de guerre en Grande-Bretagne nécessitait que les Alliés déplacent armées, fournitures et armes à travers tout l'océan Atlantique. Si les Allemands réussissaient à bloquer suffisamment l'appui d'outre-mer à la Grande-Bretagne, l'effort de guerre britannique pourrait s'effondrer. Ce combat pour les corridors océaniques a été la plus longue bataille ininterrompue de la seconde guerre mondiale. Dans cette bataille, les Alliés ont subi des pertes de plus de 100 000 marins et ont perdu 2 500 navires marchands. Les Allemands ont perdu plus de 700 sous-marins et 30 000 membres de leur personnel marin. Le maintien des corridors océaniques à travers l'Atlantique a été crucial pour les Alliés. Gagner la bataille des convois a permis la victoire en Europe. 1.2 L’Atlantique Nord L'Atlantique Nord est une des plus grandes étendues d'eau de la planète. S'étendant sur quelque cinq mille kilomètres d'est en ouest et partant de l'Équateur jusqu'au cercle Arctique, l'Atlantique Nord compose la moitié des 80 millions de kilomètres carrés de l'océan Atlantique. Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays belligérants ont frôlé l'océan Atlantique Nord. Pendant la guerre, un bon nombre de villes de l'Atlantique Nord ont émergé comme ports majeurs pour l'effort de guerre des Alliés : New York, aux ÉtatsUnis, Halifax et Sydney au Canada et Argentia et Saint-Jean à Terre-Neuve. De l'autre côté de l'Atlantique, les convois et escortes accostaient fréquemment à Londonderry, Liverpool et Greenock. L’Allemagne a quant à elle obtenu un accès direct à l'océan Atlantique en 1940 lorsqu’elle a conquis des pays d’Europe de l'Ouest et de Scandinavie. Les navires des Alliés ont beaucoup souffert des attaques ennemies pendant la bataille de l’Atlantique. Ils ont également souffert des conditions de l'océan lui-même. L'Atlantique Nord est extrêmement froid et légendaire pour ses tempêtes. Les eaux 8 froides ont tué à elles seules beaucoup de marins ayant survécu au naufrage de leur navire. Les convois navigant au nord devaient affronter le froid, la haute mer et les icebergs dérivant vers le sud dans l'océan Atlantique par le détroit de Davis (au large du Groenland) et le détroit du Danemark (entre le Groenland et l'Islande). L'Atlantique Nord était un endroit menaçant pour servir son pays pendant la Seconde Guerre mondiale. C'était un champ de bataille de plusieurs façons : les équipages des deux côtés devaient se battre non seulement entre eux, mais aussi contre les dangers de la météo et les limites de leur propre navire. Questions portant sur la Section 1 : Histoire générale 1) Que fut la bataille de l’Atlantique ? 2) Pourquoi le contrôle de l'Atlantique Nord était-il important au cours de la Seconde Guerre mondiale ? 2. Information sur les convois 2.1 Définition de convoi Un convoi est un groupe de navires marchands navigant ensemble. Ce groupe pouvait être équipé et organisé pour se défendre ou devait être escorté par des navires de guerre. Le concept de convoi est une vieille idée. Qu’il ait été conçu en pensant à «la loi du plus grand nombre » ou au « berger et ses moutons », le concept des convois maritimes a été utilisé pendant des siècles pour empêcher les navires d’être saisis ou coulés. Durant la Seconde Guerre mondiale, un nombre relativement restreint de navires de guerre pouvaient protéger un grand groupe de navires non armés ou légèrement armés contre les attaques, s’ils voyageaient en convoi. 2.2 Usage du convoi Les convois navals étaient nécessaires pour contrer la menace d'attaque de sousmarins allemands ou de surface envers les navires marchands. Les navires marchands transportaient des approvisionnements essentiels pendant la guerre, tout comme en temps de paix. Les navires transportaient des cargos de toute sorte de marchandises et produits, ainsi que du matériel de guerre et de l’équipement. Il y avait aussi des navires de transport de troupes. Les convois étaient en mesure de protéger ces précieux navires. Même une escorte modeste pouvait dissuader des ennemis plus faibles de risquer une attaque contre le convoi et pouvaient présenter une défense efficace contre un nombre limité d'ennemis. Cependant, afin de rassembler et d'escorter un grand nombre de navires marchands à 9 travers l'océan, les autorités (l'Amirauté britannique ou l'état-major du Service naval canadien, par exemple) devaient retarder les navires dans un port. Habituellement, le convoi choisissait de ne pas emprunter le trajet le plus direct ou efficace. En fait, le convoi zigzaguait souvent et effectuait des modifications substantielles de trajectoire en mer. Cela signifiait qu’en adoptant le concept de convoi, on réduisait le nombre de traversées possibles et, par conséquent, la quantité de marchandises qu'il pouvait livrer. Le retard et la réduction engendrés constituaient le compromis pour la sécurité supplémentaire garantie par une escorte armée. Chargement de marchandises. (Nicholas Morant / ONF. Photothèque et CNA. WRM 398) Les exemples les plus célèbres de l'utilisation des convois sont tirés de l'expérience de la Grande-Bretagne pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales. En tant que nation insulaire, la Grande-Bretagne s'est appuyée sur le transport maritime pour subvenir à ses besoins en temps de paix comme en temps de guerre. Lorsque l'Allemagne a conquis la plus grande partie du continent de l'Europe, la Grande-Bretagne s’en est trouvée isolée et son approvisionnement menacé. Cela ne faisait pas que compromettre la capacité de la Grande-Bretagne à faire la guerre, mais étant coupée du monde par la mer, cela pourrait faire mourir de faim toute la nation. Le convoi a été utilisé en réponse à cette menace. Durant la Première Guerre mondiale, les Britanniques et leurs Alliés ont pris trois ans à adopter l'utilisation des convois. Au cours des deux dernières années de la Première Guerre mondiale, l’expérience des Alliés face à l'efficacité des sous-marins allemands (appelés U-boote) et la nécessité de contrôle des expéditions a rapidement conduit à l’introduction des convois dès le début de la Seconde Guerre mondiale. 2.3 L’adoption du convoi au Canada Le convoi a été adopté parce que la méthode avait fonctionné pendant la Première Guerre mondiale, et parce que celle-ci a permis aux planificateurs d'utiliser seulement quelques navires de guerre pour protéger de nombreux navires marchands. Même un petit groupe d'escortes, environ quatre ou cinq navires de guerre, représentait une menace suffisante pour dissuader une attaque. Il y avait des solutions de rechange, soit les patrouilles et l’armement des navires marchands. Chacune de ces solutions a été utilisée avec un certain succès pendant la guerre, mais aucune ne s'est avérée aussi fiable et efficace que le système de convoi. L'autre avantage du convoi est qu'il prêtait à la coopération et à la coordination entre les services navals qui partageaient l'utilisation des routes maritimes. 10 La Marine canadienne a opéré de concert avec la Royal Navy et la Marine américaine dans l'Atlantique Nord. Au cours de l'année 1938, quand il est apparu possible que la guerre éclate, un amiral britannique qui avait lui-même organisé des convois pendant la Première Guerre mondiale a été envoyé à l'étranger afin de préparer les ports jugés cruciaux pour le commerce britannique à la conversion en mode convoi. Cette décision aura donné des dividendes : le 26 août 1939, avant même le déclenchement de la guerre, les Britanniques ont pu commencer à convertir leur importante flotte de navires marchands à naviguer en convois organisés. Une planification minutieuse des convois a permis de tirer le maximum d’un nombre limité d’escortes et de protéger le plus de navires possible. Le Canada a accepté l'utilisation de convoi pour un certain nombre de raisons. L’une de ces raisons se trouverait dans la composition de la marine elle-même. La Marine canadienne d'entre-deux-guerres était extrêmement faible et elle était fondée sur des ententes avec la Royal Navy afin de remplir tout besoin allant au-delà des niveaux les plus fondamentaux de formation et d'éducation. La Marine était conçue et naviguait comme une force côtière et elle comptait sur la force de la Royal Navy pour l’appuyer au besoin. Le convoi répondait à la nécessité de protéger les navires et leurs cargaisons et ce système a permis au Canada de participer, malgré sa petite marine, dès le début de la Seconde Guerre mondiale. 2.4 L’effort de guerre du Canada et la bataille de l’Atlantique La bataille de l’Atlantique fut la plus longue de la Seconde Guerre mondiale. Le Canada a été un partenaire clé de sa victoire. Le système de convoi constituait une grande partie de l'effort de guerre du Canada : les Canadiens ont construit et équipé une flotte de navires marchands et ont ensuite protégé celle-ci en mer contre la menace d'attaques de sous-marins ou de surface. En plus d'apporter une contribution militaire et logistique importante en soi, le travail du Canada au sein du système de convoi a rendu possibles d’autres rôles : les convois ont transporté presque tous les militaires canadiens, de l’équipement et du matériel du Canada vers les Alliés outre-mer et a ramené du personnel au Canada pour de la formation. Questions portant sur la Section 2 : Information sur le système de convoi Lancement du Fort Esperance, en 1943. (ONF. Photothèque et CNA. WRM 3795) 1) Qu’est-ce qu’un convoi ? 2) Pourquoi les convois ont-ils été utilisés durant la Seconde Guerre mondiale ? 3) Comment la bataille de l’Atlantique est-elle liée à d'autres éléments de l'effort de guerre du Canada ? 11 3. Les convois de la Première Guerre mondiale 3.1 Signification historique D’une certaine façon, la bataille de l’Atlantique avait été annoncée lors des batailles navales finales de la Première Guerre mondiale, lorsque l'offensive sous-marine allemande avait menacé la « ligne de vie » océanique transportant approvisionnements et matériaux vers la Grande-Bretagne. La plupart des autorités navales pensaient que les sous-marins étaient régis par les conventions de guerre. Ces règles exigeaient qu’on monte à bord des navires marchands et qu’on les fouille, et que l'équipage soit protégé, avant qu’un navire hostile puisse faire couler un navire marchand sans escorte. Un sous-marin n'était manifestement pas en position de se lancer à l’abordage d’un autre vaisseau, encore moins de préserver son équipage et, par conséquent, on a cru qu’il ne serait pas une arme viable. Toutefois, lorsque les Allemands ont observé les restrictions des conventions de guerre au cours de la Première Guerre mondiale, leurs U-Boots ont coulé plus de 1 300 navires marchands contre une perte de quatre sous-marins. Au début de 1917, les Allemands ont commencé leur offensive sous-marine sans restrictions. Leurs sous-marins ont coulé deux millions de tonnes de cargaison dans les premiers mois de cette année. Au dixième jour de mai 1917, l'Amirauté était maintenant convaincue d'adopter le système de convois et les pertes sont alors tombées à un dixième de leur niveau antérieur presqu’immédiatement. L’adoption du système de convois en 1917 a nécessité une expansion massive de la Marine royale du Canada, d'une petite douzaine de navires à plus d'une centaine, en quelques mois seulement. Cette expérience a constitué un précurseur à la croissance explosive que la Marine aurait à subir au cours de la Seconde Guerre mondiale. L'expérience de l'utilisation de convois et de les combattre du côté des Allemands, faisait partie de la carrière des plus vieux membres des services professionnels navals. Les convois et les U-Boots de guerre étaient familiers, mais l'expérience avait provoqué des impressions manifestement différentes sur les diverses autorités. De nombreux amiraux et autorités navales parmi les Alliés estimaient que la menace sous-marine avait été efficacement réglée par la technologie au cours de la Première guerre mondiale; l'avènement du premier sonar semblait avoir sonné le glas des sousmarins, tout comme l'avènement des forces d'escorte aérienne. La confiance dans cette technologie a conduit certaines autorités navales à croire que le blocus de la marine hostile, la mise en place de patrouilles anti-sous-marines et l’utilisation de tactiques agressives d'escorte de convois allaient s'avérer plus efficaces que le système de convois standard. Les U-Boots étaient assez lents lorsque submergés. Par conséquent, une patrouille rapide ou une escorte agressive capable de détecter avec fiabilité le sousmarin plus lent et de larguer une grenade sous-marine ont été considérées comme étant l’arme de riposte parfaite. Bien que la Royal Navy et la Marine canadienne aient immédiatement adopté l’utilisation des convois dès le début de la Seconde Guerre mondiale, la Marine des États-Unis ne l’a pas fait, en partie à cause de ce raisonnement. 12 Même au sein des groupes d'escortes de convois, certains officiers préféraient une escorte étroite tandis que d'autres favorisaient la patrouille. De leur côté, les Allemands estimaient que le U-Boot avait été validé comme une arme puissante de guerre et qu’elle pourrait, si utilisée à la hauteur de ses capacités, offrir à la marine allemande un avantage contre leurs opposants dans l'Atlantique Nord. Pendant la guerre, leur confiance a été au moins en partie confirmée : les attaques à la grenade sous-marine et le sonar ont tous les deux montré de sérieuses limites lorsqu’utilisés contre les sous-marins. Questions portant sur la Section 3: Les convois de la Première Guerre mondiale 1) Quelles règles de guerre ont déterminé des limites à la guerre sous-marine ? 2) Quel effet l'utilisation de convois a-t-il eu durant la Première Guerre mondiale ? 3) Quelles conclusions les nations ont-elles tiré de leur expérience des convois de guerre durant la Première Guerre mondiale ? 4. Les convois de la Seconde Guerre mondiale : Partie I 4.1 Contexte menant à la Seconde Guerre mondiale Veuillez consulter la chronologie ci-jointe et le guide de ressources. Le rôle éventuel du Canada dans la bataille de l’Atlantique n’aurait pas pu être deviné en se basant sur l'état de ses flottes de navires de guerre et de navires marchands du début des hostilités. Au milieu de l’année 1939, la Marine royale canadienne avait 10 navires modernes : six destroyers et quatre navires plus petits. La MRC n'avait aucun grand navire de guerre à ce moment-là. Par contre, la marine allemande avait quatre cuirassés, trois cuirassés de poche, huit croiseurs, vingt-deux destroyers, vingt-six croiseurs marchands armés et une soixantaine de sous-marins. Ce déséquilibre de force explique bien la nature du mandat de la MRC : l’entrainement et l’équipement. La Marine Royale canadienne a été chargée de travailler uniquement dans les eaux canadiennes. Elle était structurée et formée en tant que force côtière et reposait totalement sur la Royal Navy pour la formation, la technologie et la pensée opérationnelle. Elle a aussi été dégagée de tout soutien aérien. Dans des domaines cruciaux, comme le radar et le sonar (ASDIC), le Canada accusait un retard dans le déploiement et l’entrainement. La marine marchande canadienne était un peu mieux pourvue, étant capable de rassembler environ quatre-cents navires marchands seulement. De ce nombre, seulement 10% étaient conçus pour une utilisation sur l'Atlantique Nord. Le Canada n'était pas non plus en mesure de pallier à ce manque à gagner : après des années de dépression, les grands chantiers navals étaient mal équipés pour faire face à l'explosion soudaine de la demande en navires marchands et de guerre. 13 4.2 La composition d’un convoi Les convois étaient composés de deux groupes de navires : les escortes et navires convoyés. Un officier de marine, habituellement sur un destroyer ou le plus grand navire de guerre, commandait l'escorte et un marin marchand senior commandait les navires marchands. Les escortes : Les escortes étaient habituellement des destroyers et des corvettes. La corvette était le pilier de la Marine Royale canadienne au cours de la Seconde Guerre mondiale. La corvette était un très petit navire basé sur le design d’un baleinier. Il ne pouvait pas Frégates en construction, Montréal, 1943. (Ronny transporter d’armes imposantes ou un grand Jaques / ONF. Photothèque / NAC. WRM 5244) équipage. Cependant, les corvettes étaient peu coûteuses et faciles à manœuvrer. Équipée d’un sonar, d’un radar de base, de grenades sous-marines et d’un canon de pont, la corvette pouvait au moins repousser un sous-marin. Les destroyers étaient beaucoup plus gros et rapides que les corvettes. Ils transportaient plus d'armes et un équipage plus important. Ils étaient de « véritables navires de guerre », conçus et construits pour les opérations navales. Mais ils demeuraient de petits bateaux convenant le mieux à la lutte anti-sous-marine. Les destroyers ne pouvaient faire face aux canons plus gros et aux coques blindées des croiseurs et des cuirassés. Les frégates sont entrées en service plus tard dans la guerre et leur taille se situait entre celles des corvettes et des destroyers. Elles étaient assez grandes pour naviguer sur l'océan, transporter une charge plus lourde d'armes que les corvettes et offraient de meilleures conditions à l'équipage. Le Canada s’est lancé dans une production de masse de frégates et de corvettes pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus tard dans la guerre, une classe spécialisée de petits porte-avions, qu’on appelait porte-avions « escorte », est entrée en service. Ceux-ci ne transportaient qu’une poignée d'aéronefs, habituellement une douzaine ou moins, et étaient souvent le résultat d’une conversion de vaisseaux cargos. Cette escorte de transporteurs a donné lieu à des scènes particulièrement étranges, comme de minuscules monomoteurs biplans survolant la surface de l'océan en plein milieu de l'Atlantique. L’avion, qui pouvait aussi bien être un biplan difforme qu’un avion de chasse de haut calibre, avait peu de protection contre les éléments, et le minuscule pont d'envol rendait les opérations dans l'Atlantique Nord au minimum difficiles. 14 Les navires convoyés : Plusieurs types de navires ont été escortés en convoi : Les navires de troupes étaient généralement des paquebots modifiés. Leur intérieur était entièrement dépouillé : cales et espaces de stockage étaient équipés de couchettes en bois ou de hamacs placés en rangées. Ces conversions rendaient possible le transport d’un nombre extraordinaire de militaires. Les plus grands navires de troupes pouvaient régulièrement transporter dix mille militaires ou plus à la fois. Les navires de fret étaient la raison d’être de l'effort de convoi. Les navires marchands transportaient tout l’approvisionnement essentiel : de la nourriture, du liège, du sucre, de l’huile et bien plus. Tout navire qui Travailleurs installant un canon antiaérien sur un navire, 1944. (Ronny pouvait se joindre au voyage en convoi et transporter Jaques / ONF. Photothèque et NAC. des marchandises nécessaires a été réquisitionné au WRM 4547) début de la guerre. Cela a entraîné une flotte très variée. Certains de ces navires cargo étaient des bateaux à vapeur parmi les plus vieux et les plus délabrés que l’on puisse imaginer. Ils étaient à peine capables d’atteindre la vitesse indispensable à une navigation sécuritaire sur l'Atlantique. Ces vieux navires laissaient souvent s’échapper de grands nuages de fumée dans le ciel, ce qui pouvait diriger un U-Boot directement vers le convoi. Cependant, les cargos fabriqués en série prirent rapidement leur place. Ces nouveaux navires étaient plus rapides et plus fiables. Les pétroliers, bien que plus petits que les superpétroliers en usage aujourd'hui, étaient fondamentalement similaires : de véritables barils de carburant flottants. Une blague sombre circulant dans la marine marchande disait : «Dans tout navire, sauf un pétrolier, vous dormiez dans vos vêtements et avec votre gilet de sauvetage.» Parce que si un pétrolier était touché, sa cargaison volatile exploserait probablement ou brûlerait, ne laissant à l'équipage aucun temps de s'échapper. En plus de ces navires de base, il y avait beaucoup de variations ou de fonctions assumées par les navires à l’intérieur du convoi. Certains navires étaient équipés pour le sauvetage, transportant des radeaux supplémentaires, des gilets, beaucoup de cordes et de filets pour aider les marins dont le navire avait été coulé à monter à bord. D'autres étaient équipés d'armement de défense : la plupart avaient des canons antiaériens, mais certains avaient de plus lourds canons et des artilleurs qui seraient en mesure de repousser un U-boot en surface. Les modifications les plus extrêmes effectuées en vue d’armer les navires marchands comprenaient deux modèles pour le transport des aéronefs. Le premier était le « MAC ship », un porte-avions à coque de navire marchand de base sur laquelle ont fixait une plate-forme. Cela permettait des décollages et des atterrissages plutôt standards, mais ces navires n'avaient généralement pas d’ascenseur ou d’aire d’entreposage sous le pont. Le deuxième modèle était le « CAM ship », un navire marchand auquel on avait ajouté un rail de catapulte permettant d’y monter un avion de chasse. Ce système utilisait une assistance par roquette de lancement, mais n'offrait aucun moyen fiable d’atterrissage : le pilote devait amerrir dans l'Atlantique Nord et ensuite espérer être récupéré. 15 Les convois utilisaient les escortes à des fins de défense et de dissuasion, mais certains des navires marchands étaient eux aussi équipés de canons. Des armes antiaériennes, habituellement des mitrailleuses, étaient montées sur presque tous les navires. De nombreux navires avaient également de plus gros canons et un équipage d’une poignée de militaires de la marine ou de l'artillerie. Juste assez pour repousser une tentative de raid d’un petit vaisseau ou pour forcer un sousmarin à replonger. Cette combinaison de mesures de défense pouvait même faire d’un convoi légèrement escorté une menace réelle. Questions portant sur la Section 4 : Les convois de la Seconde Guerre mondiale : Partie I Radeau de sauvetage sur un cargo. (Colin Gravenor / ONF. Photothèque et NAC. WRM 3453) 1) Quel était l'état de la marine marchande canadienne au début de la Seconde Guerre mondiale ? 2) Décrivez deux types de navires d'escorte et deux types de navires marchands. 5. Les convois de la Seconde Guerre mondiale : Partie II 5.1 La structure d’un convoi Un convoi typique était agencé en dix colonnes de quatre navires chacune, pour un total de quarante navires, formant un large front, mais un court flanc. Les convois naviguaient habituellement à un rythme lent (environ sept nœuds) ou rapide (environ neuf nœuds). À ces vitesses, la traversée de l'océan prenait habituellement dix jours ou plus. Les destinations et la nature du cargo des navires déterminaient leur position dans le convoi : les navires qui étaient destinés au Nord formaient les colonnes du Nord du convoi, tandis que les navires qui devaient filer vers la Méditerranée se plaçaient dans les colonnes du Sud. Les escortes opéraient à l’avant, sur les flancs et derrière, lorsque cela était possible. Cela permettait aux escortes de rompre les rangs et de revenir dans le convoi sans perturber la formation et qu'au moins une escorte pouvait répondre rapidement à la plupart des menaces. Par contre, une des tactiques privilégiées par les meilleurs commandants de U-Boots était de faire surface ou de manœuvrer à l'intérieur même de la formation. Une escorte tentant une attaque contre un U-Boot à l'intérieur de du convoi risquait alors une collision avec les navires marchands. 16 Habituellement, le commandant de l'escorte se plaçait en avant, alors que le commodore de convoi était dans une des colonnes centrales de la première ligne. Cet arrangement rendait possible une commande par signaux visuels, ce qui était important. L'armée allemande était particulièrement habile à intercepter et retracer les transmissions radio, de sorte que les convois en réduisaient l'utilisation. 5.2 Les itinéraires et les types de convois Pendant la guerre, les convois étaient déterminés selon la vitesse et l’itinéraire. Voici quelques-uns des itinéraires de convois surtout associés au Canada ou à des navires ou équipages canadiens : HX – Convois qui se formaient à Halifax (jusqu’à la fin de 1942) ou au large de New York (à partir de la fin de 1942 jusqu'à la fin de la guerre) pour des voyages en direction de la Grande-Bretagne. Il s'agissait de convois habituellement « rapides » qui maintenaient une vitesse d'environ neuf nœuds. ON – Convois rapides formés en Grande-Bretagne en direction de l’Amérique du Nord naviguant sur un itinéraire nordique. ONS – Convois lents formés en Grande-Bretagne en direction de l’Amérique du Nord naviguant sur un itinéraire nordique. Le bassin de Bedford, en 1941. (Canada MDN / NAC. PA-128093) SC – Convois lents habituellement rassemblés à Sydney, en Nouvelle-Écosse, pour une expédition vers le Royaume-Uni. Ceux-ci ont été progressivement réduits au fil de la guerre alors que des navires marchands plus rapides entraient en service. Tous ces convois entreprenaient leur traversée de l'Atlantique en empruntant généralement une trajectoire en coude vers le Nord afin de bénéficier d’une protection aérienne le plus longtemps possible de la part de Terre-Neuve et de l'Islande. Au début de la guerre, alors que les convois n'étaient pas escortés du début à la fin du voyage, ceux-ci ont été planifiés de façon à ce que les convois rapides et lents traversent les zones sans escorte, ensemble ou rapprochés les uns des autres. Après 1943, les escortes canadiennes ont pris la responsabilité de la grande majorité du trafic transatlantique dans l'Atlantique Nord. 17 5.3 Le personnel impliqué dans le système de convois Les marins qui travaillaient sur les convois étaient aussi variés que leurs navires. Le système de convois réunissait des officiers et des hommes provenant de plusieurs marines différentes qui fournissaient des membres des forces régulières et de réserve. Cela signifiait qu’au sein même de l'escorte navale, il y avait des différences au niveau de la disposition, de l’entrainement, du matériel et bien plus encore. Certains officiers étaient des marins de carrière tandis que plusieurs membres de l'équipage étaient des civils qui avaient rejoint la marine pendant la guerre et avaient peu d'expérience de vie de marin. Ce document se rapporte sans cesse à la Marine Royale du Canada et à partir de cette désignation, il n'est pas évident que le service naval canadien englobe trois corps très différents de personnel. La différence est importante car elle a influencé les attitudes, la culture et la performance des éléments de la MRC. MRC – Le personnel de la Marine Royale du Canada était fort expérimenté à bord des navires de guerre, bien que la Marine d'avant-guerre devait entretenir des liens étroits avec la Royal Navy afin de maintenir la formation au-dessus d’un niveau de base en raison de l'absence de navires et de son focus sur la protection côtière. RMRC – De nombreux marins marchands et marins ont choisi de se joindre à la Réserve de la Marine Royale du Canada (RMRC) avant la guerre. Bien qu'ils ne prenaient part à l’entrainement militaire qu’une ou deux fois par an, leur vaste expérience de la mer a fait qu’aussitôt que les hostilités ont éclaté, les réservistes ont été appelés au service militaire. RVMRC – La Réserve des Volontaires de la Marine Royale du Canada était composée de personnel s’étant enrôlé seulement pour le service en temps de guerre. La plupart n'avait aucune expérience de la mer, et encore moins une connaissance de la Marine ellemême. La combinaison de ces recrues et des navires tout neufs a résulté en un sérieux besoin d'apprentissage de la Marine canadienne dans son ensemble, surtout durant les premières années de la guerre. Marine marchande – Les différences entre les Marines étaient bien minimes à comparer avec la diversité des marins marchands et de leurs navires. Des vaisseaux dotés de membres d’équipage provenant de partout dans le monde, et étant de tout âge, composaient la Marine marchande. Les marins canadiens montaient à bord de navires marchands immatriculés ailleurs dans le monde et battant pavillon. Même si elle ne faisait pas partie de la force militaire elle-même, elle a subi un des plus hauts taux de pertes de la Seconde Guerre mondiale. Le capitaine Baker, Marine marchande. (Colin Gravenor / ONF. Photothèque et CNA. WRM 3455) 18 5.4 Le Port d’Halifax, durant la Seconde Guerre mondiale Le port d'Halifax a constitué un excellent lieu de rassemblement des convois pour les Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale. Halifax était déjà dotée d’installations navales prêtes à accommoder les escortes de convois : des bases et casernes pour le personnel en transit, des chantiers navals pour les réparations et des installations, au Quai 21, permettant de déplacer des milliers de membres du personnel militaires du train aux navires de passagers qui devaient les transporter outre-mer. Le port lui-même était aménagé pour la défense : des filets et des capteurs étaient en place à l’entrée du port entre l’Île McNab et les péninsules environnantes afin d'empêcher les sous-marins allemands de s’y faufiler. Au-delà de ce canal protégé du secteur riverain de la ville se trouvait le grand et profond bassin de Bedford : un endroit idéal de rassemblement des navires avant leur départ en formation de convois. Les eaux du port étaient également libres de glace à longueur d'année. Questions portant sur la Section 5 : Les convois de la Seconde Guerre mondiale : Partie II 1) Comment le convoi typique était-il structuré ? 2) Nommez et décrivez deux groupes de personnel canadien ayant servi lors de la bataille de l’Atlantique. 6. La lutte contre les convois Voir aussi : Les sous-marins de la Seconde Guerre mondiale. 6.1 Les U-Boots contre les convois Bien que les équipages de sous-marins aient coulé des navires de toutes les façons possibles, il existait quelques façons de faire fondamentales et privilégiées par les UBoots se lançant à l'attaque d'un convoi. Les commandants de U-Boots préféraient généralement se mettre en position d’attente, en avant du convoi si possible. Un U-Boot pouvait prendre la position appropriée de plusieurs façons. Les agences d'espionnage et de renseignement allemandes ont brisé les codes de convoi des Alliés à maintes reprises pendant toute la guerre. En utilisant les informations tirées des messages décodés, les Allemands pouvaient placer leurs sous-marins directement sur la trajectoire d'un convoi. La deuxième façon utilisée par les services de renseignement pour aider à localiser un convoi était moins spectaculaire, mais tout aussi fiable : la radiogoniométrie ou la détermination de la direction et de la position à partir des ondes radioélectriques. Les Allemands étaient en mesure de repérer les transmissions radio du convoi en mer pour en déterminer la position. 19 Une autre façon pour le U-Boot de se positionner était de naviguer en surface et bien au large du convoi après en avoir déterminé la trajectoire approximative. Cela permettait de profiter du fait que le U-Boot pouvait naviguer en surface presque deux fois plus vite qu’un convoi. En formant une boucle hors de vue et bien en avant du convoi, le commandant du U-Boot pouvait à la fois préparer son attaque et recharger les batteries du sous-marin avant sa submersion et le lancement de ses torpilles. Les U-Boots se servaient également des itinéraires connus à proximité des principaux ports comme lieux logiques pour préparer leur embuscade. Les convois et expéditions indépendantes devaient inévitablement entrer dans l’un ou l’autre des ports. Les eaux avoisinantes de ces ports offraient par conséquent plusieurs cibles au sous-marin. Cependant, ces eaux étaient également les zones les mieux protégées par les Alliés à l'aide de navires de surface et d’avions capables de les nettoyer de toute menace. La mise en attente à l’avant d’un convoi n'était pas une méthode réservée au sousmarin solitaire. En fait, les Allemands préféraient utiliser leurs sous-marins selon les « tactiques de la Meute » (Rudeltaktik), comme leur commandant, l'amiral Karl Dönitz les appelait. De leur côté, les Alliés avaient surnommé ces groupes de sous-marins « les meutes de loups ». La « meute de loups » était un groupe de sous-marins stationnés à intervalles sur une rangée à la croisée d’une trajectoire possible de convoi ou d’une route maritime. Les UBoots s'espaçaient l’un de l’autre en fonction de la visibilité. Si le ciel était clair et la mer calme, les sous-marins pouvaient se placer à une distance de vingt kilomètres ou plus. Pendant la nuit ou par mauvais temps, les meutes de loups couvraient une zone plus petite. Les commandants des sous-marins communiquaient par l'entremise de leur quartier général. Quand une cible était repérée, le QG pouvait coordonner les U-Boots afin qu’ils frappent en groupe. Cela pouvait surprendre l'escorte et causer la confusion au sein du convoi, surtout la nuit. 6.2 Les attaques de sous-marins contre les convois La méthode d’approche d’un convoi par un sous-marin variait selon le cas. Des facteurs tels que la force de l'escorte, la puissance de feu défensive des navires marchands et la présence d’un appui aérien constituaient des considérations cruciales pour les commandants de U-Boots. Les U-Boots attaquaient fréquemment pendant la nuit. Si un U-Boot croisait une expédition sans escorte ou un vaisseau naviguant en solitaire, l'équipage pouvait décider d’utiliser ses canons de pont afin de couler le navire et ainsi conserver leurs torpilles pour les occasions où l’attaque furtive était plus importante. Les U-Boots de l'Atlantique ont utilisé des canons de pont jusqu'en 1943. Ces armes avaient généralement un calibre de 88 mm ou de 105 mm. Celles-ci étaient assez puissantes pour couler des petites embarcations ou achever un bateau déjà endommagé. Aussi, le U-Boot était généralement équipé de plus petits canons ou de mitrailleuses permettant une défense antiaérienne dans le cas où il se faisait prendre en surface. Cependant, la plupart des navires marchands étaient équipés d’une artillerie semblable. L'équipe de tir du navire marchand (souvent des tireurs de l’artillerie ou de la marine) avait la tâche un peu plus ardue : toucher la petite silhouette d'un U-Boot, mais souvent, elle parvenait à repousser la menace. 20 S'il y avait des escortes, le U-Boot pouvait vivre un moment beaucoup plus difficile. Les escortes opéraient selon les ordres du commandant d'escorte, lequel pouvait préférer qu’elles demeurent rapprochées du convoi, ou qu’elles s’en détachent afin de poursuivre la bataille de façon agressive. Les deux approches avaient des avantages et des inconvénients. Les escortes qui restaient proches du convoi gardaient une distance minimale entre les navires de guerre afin que leurs capteurs, tels que le sonar (ASDIC) et le radar, aient un chevauchement optimal. Puisque les torpilles des premiers U-Boots étaient de très courte portée, le commandant d'un U-Boot tentait souvent de se faufiler entre les escortes en marge du convoi avant de tirer ses torpilles. Si les escortes étaient plus rapprochées les unes des autres et du convoi, il devenait très difficile pour un sousmarin de se glisser au-delà des navires de guerre dans une position d'attaque sans être détecté. Les escortes qui s’aventuraient plus loin risquaient qu’un équipage de sous-marin expérimenté, ou chanceux, glisse parmi elles. Certains « Champions » de U-Boots préféraient attaquer un convoi au sein même de la formation. Cependant, si un U-Boot se faisait attaquer ou était chassé suffisamment loin du convoi, le sous-marin pouvait perdre le convoi complètement ou être incapable de le rattraper sans risquer de se faire prendre par l'escorte. Questions portant sur la Section 6 : La lutte contre les convois 1) Comment les sous-marins localisaient-ils les convois ? 2) Choisissez et décrivez deux méthodes d’attaque de sous-marin contre un convoi. 21 Chronologie 7. Les débuts - 1939 7.1 Le déclenchement de la Guerre La Deuxième Guerre mondiale impliquait des conflits dans le monde entier; chaque région avait son propre contexte historique justifiant les confrontations. Les hostilités avaient en réalité débuté bien avant septembre 1939, date de l’invasion de la Pologne et de la déclaration de guerre en Europe. Le Japon avait envahi la Mandchourie (une région du nord de la Chine, riche en ressources naturelles) à l’automne 1931, en utilisant comme prétexte un acte de sabotage. L’Italie avait envahi l’Éthiopie à la fin de 1934. La guerre civile avait fait rage en Espagne de 1936 à avril 1939. La raison immédiate de la déclaration de guerre était assez simple : plusieurs nations puissantes et leurs alliés avaient convenu de se porter à la défense de la Pologne contre l’Allemagne, qui avait commencé à envahir ou à saisir des territoires autour de ses frontières depuis plus d’un an avant de s’en prendre à la Pologne. Les Allemands ont simulé un raid polonais en territoire allemand à l’aide de cadavres de prisonniers et s’en sont servi comme prétexte pour attaquer la Pologne en « représailles » le 1er septembre 1939. La Grande-Bretagne et la France ont déclaré la guerre le 3 septembre Le premier ministre King et les membres de 1939. Cependant, il n’y eut pas de guerre son Cabinet en train d’enregistrer un message public après la déclaration de terrestre après la chute de la Pologne. Les guerre. (ONF. Photothèque / NAC. Allemands ont occupé leur nouveau territoire C-016770) mais il n’y eût pas de contre-attaque. Les neuf premiers mois de la guerre sont parfois surnommés « la fausse guerre » en raison de l’absence de grandes batailles terrestres en Europe. Cependant, une guerre se livrait en mer dès les premiers jours des hostilités. Le Canada a déclaré la guerre le 10 septembre 1939, soit une semaine complète après l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne et de la France et neuf jours après l’invasion de la Pologne. 7.2 Conceptions de la guerre et de la guerre en mer De façon générale, les Canadiens et les Canadiennes s’attendaient à ce que la guerre fut courte et que l’engagement exigé du Canada soit limité. 22 Le Parlement avait adopté une loi en mars 1939 afin d’empêcher l’utilisation de conscrits pour le service militaire outremer. Cette loi a aidé le gouvernement à éviter la question politiquement volatile de la conscription lorsqu’il a demandé à la Chambre des communes d’adopter une déclaration de guerre. Cet engagement politiquement limité reflétait les difficultés économiques des années 1930, tout comme l’enrôlement. Plusieurs volontaires se sont présentés parce que les forces armées offraient un emploi stable, un moyen de garantir un revenu et la subsistance. Le Canada subissait la dépression économique depuis près d’une décennie au moment où la guerre a éclaté. La pensée d’avoir un emploi et un revenu stables, peu importe les risques encourus, était un appât de choix. La guerre en mer, avant le début des hostilités, était encore perçue comme un exercice pour les flottes et leurs gros canons, pour les cuirassés et les destroyers lourdement blindés et munis de tourelles puissantes. On croyait que la plus sérieuse menace maritime que posait l’Allemagne dans l’Atlantique Nord venait de sa flotte de surface, composée de bâtiments rapides et bien armés qui attaquaient les convois et les navires marchands. Même les hautes instances de la Marine Royale canadienne avaient tendance à négliger la menace sous-marine. Par exemple, le commandant de la Marine écrivait en 1937 : « Si les lois internationales sont respectées, les attaques sous-marines ne seront pas sérieuses. Si une guerre sans restriction devait être restaurée, les méthodes de lutte aux sous-marins sont si avancées qu’en utilisant un système de convois et de forces aériennes, les pertes de sous-marins seraient très lourdes et forceraient l’ennemi à abandonner cette forme d’attaque. » Questions portant sur la Section 7 : Les débuts 1) Quel incident a déclenché les déclarations de guerre en 1939 ? 2) À quel type de guerre les Canadiens et les Canadiennes s’attendaient-ils ? 8. La bataille de l’Atlantique - 1939 8.1 Choc initial pour les Alliés Les débuts de la guerre ont démontré que la menace maritime ne viendrait pas des grosses batteries de la flotte de surface allemande. Le tout premier jour de la déclaration de guerre de la Grande-Bretagne et de la France, le 3 septembre 1939, un sous-marin allemand coula le paquebot Athenia, faisant 112 morts. Aucun avertissement ni aucune aide n’avaient été donnés. Les Alliés ont cru Le paquebot Athenia de la Cunard (Société du Quai 21) 23 que l’Allemagne avait déclaré la guerre sous-marine sans restriction dès le premier jour de la guerre. Le torpillage du paquebot était en partie attribuable à une mauvaise identification par le capitaine du sous-marin, jeune et inexpérimenté. Toutes les parties en guerre, y compris l’Allemagne (qui a décrit le torpillage comme un complot britannique destiné à entraîner les États-Unis dans le conflit) dénoncèrent sans équivoque l’attaque de l’Athenia. La nature horrifiante de cette tragédie a cristallisé les arguments moraux faisant du sous-marin une arme de guerre lâche et barbare. Cette révulsion et cet outrage étaient amplifiés par le fait que plusieurs victimes étaient des Américains, alors neutres. Sonar, radar et HF / DF Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, les Alliés ont raffiné plusieurs systèmes de détection sous-marine. Au début de la guerre, les navires d’escorte étaient souvent forcés de combattre un ennemi invisible; cependant, alors que la guerre progressait, les Alliés utilisèrent le sonar, le radar et l’orientation par haute fréquence (HF/DF) afin de localiser les U-boat et poursuivre l’attaque jusqu’à ce que le sous-marin soit détruit. (Lire la suite) L’infamie soudaine des sous-marins agit comme catalyseur de changement dans la perception de la menace navale chez les Alliés, mais c’était encore là une question d’opinion publique. Très peu de temps après le torpillage de l’Athenia, un sous-marin allemand fit la preuve du danger que posait pour la flotte de surface traditionnelle un sous-marin opéré avec adresse. Le 17 septembre 1939, un U-boat coulait le porte-avion HMS Courageous. Le porte-avion coula en 30 minutes après avoir été torpillé et emporta près de la moitié de son équipage de mille deux cents hommes. Cette lourde perte fut suivie pendant un mois par la perte d’un autre important bâtiment aux mains d’un U-Boat : le Royal Oak. Peu après minuit le 14 octobre 1939, un sous-marin solitaire se faufila dans une brèche large d’à peine 15 mètres (50 pieds) dans les défenses du port de Scapa Flow (en Écosse) et torpilla le Royal Oak. Quand la première torpille frappa la cible, la première de quatre torpilles à le faire, le capitaine du navire négligea l’incident en pensant qu’il s’agissait d’une explosion dans le compartiment à peinture et l’équipage retourna au lit. Gunter Prien, commandant du sous-marin, lança trois nouvelles torpilles qui firent toutes mouche. Le Royal Oak chavira et entraîna plus de 800 hommes d’équipage dans la mort. Les premières pertes en mer, fortement publicisées, étaient compensées par les succès de la flotte alliée contre la flotte de surface allemande. Les bâtiments de surface allemands étaient plus faciles à bloquer, dépister et attaquer que les sousmarins; les Alliés purent barrer la route aux navires allemands les plus dangereux et les empêcher de gagner l’Atlantique. Néanmoins, certains y sont parvenus et ont causé des dommages considérables à la navigation maritime dans l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud. Parmi ces bâtiments, on compte l’Amiral Graf Spee, un « cuirassé de poche », ce qui signifie qu’il était passablement plus petit qu’un cuirassé ordinaire, mais qu’il était équipé de plusieurs batteries lourdes. Le gros calibre des batteries signifiait que le Graf Spee avait une portée et une force de frappe supérieure à tout autre navire de son 24 tonnage, tout en possédant la vitesse qui lui permettait d’échapper aux navires plus imposants. La conception du « cuirassé de poche » semblait idéale pour en faire une menace pour les convois de marine marchande et c’est ce que le Graf Spee fit durant les premiers mois de la guerre. On lui attribue huit naufrages en trois mois. Le Graf Spee fut coincé par l‘escadron britannique d’Amérique du Sud (trois croiseurs) et finalement forcé d’accoster dans un port neutre en raison des dommages qu’il avait subis. Après avoir tenté pendant trois jours de le réparer, l’équipage fut forcé de saborder le navire. La perte du Graf Spee démontrait qu’il était possible de faire face et de défaire les bâtiments de surface allemands avec de petits détachements de navires de surface, même si leur puissance de feu était inférieure. Ces attaques ont forcé les Alliés à repenser leur évaluation de la puissance navale allemande. Leur attention s’est déplacée du panache des grands destroyers vers l’utilité sinistre de la guerre sous-marine. 8.2 Impact de la menace sous-marine nouvelle Au début de la guerre, pour faire face aux attaques de sous-marins, les Alliés ont déployé leurs forces navales en escortes dans les « eaux territoriales ». Ces escortes devaient protéger les convois lors de la traversée des premières centaines de milles autour des ports aux deux bouts de la traversée de l’Atlantique. La zone non protégée du milieu de l’Atlantique était surnommée « le trou noir ». Ce type d’escorte, sur une courte distance, avait été adopté pour plusieurs raisons. Le premier facteur était la géographie. La portée de sous-marins allemands à partir de leurs bases était limitée, sauf s’ils pouvaient se réapprovisionner en mer, une tâche toujours difficile et potentiellement dangereuse dès que la météo n’était pas entièrement favorable. Les sous-marins avaient aussi la tâche plus difficile d’intercepter des convois en pleine mer, au milieu de l’Atlantique. Ces convois, peu importe où ils passaient en mer, devaient arriver et partir de quelques rares points fixes. Le système d’escorte avait été conçu afin de protéger les convois à ces points plus vulnérables de la traversée. La deuxième raison pour laquelle les escortes sur une courte distance avaient été choisies était plus terre-à-terre : il n’y avait pas suffisamment de navires de guerre. Les escortes sur une courte distance non seulement protégeaient un convoi pendant une journée ou deux, mais elles devenaient ensuite disponibles pour une autre mission. Escorter un convoi sur toute la traversée de l’Atlantique retiendrait les navires pendant presque deux semaines complètes auprès d’un seul convoi. Les Alliés n’avaient tout simplement pas assez de navires ni de marins pour offrir une escorte complète au début de la guerre. Ce système d’escorte a fait en sorte que les pertes aux mains des sous-marins représentaient moins de la moitié de celles observées à la fin de la Première guerre mondiale. Il semblait donc que la menace des U-boat pouvait être contenue. La réponse en termes de guerre anti-sous-marins qui a touché le plus profondément la 25 Marine Royale canadienne ne faisait pas partie de ce système d’escortes. Les Britanniques avaient étudié la possibilité de convertir un navire baleinier en petit navire d’escorte appelé « corvette ». La conception était de petit tonnage, le blindage faible et n’avait jamais fait ses preuves en mer. Cependant, six mois après le début de la guerre, des corvettes étaient construites au Canada afin d’augmenter le nombre de navires d’escorte de la marine. En octobre 1939, juste après le torpillage du Royal Oak, la Marine Royale canadienne cherchait désespérément des ressources. Parmi les nombreuses possibilités de guerre anti-sous-marine, la marine a consulté un « divinateur de sous-marins » qui localisait les sous-marins allemands le long des côtes canadiennes à l’aide d’un fil à plomb, de cartes côtières et de pouvoirs surnaturels. Questions portant sur la Section 8 : La bataille de l’Atlantique -1939 1) Expliquez la principale menace à la navigation alliée pendant les premières années de la bataille de l’Atlantique. 2) Décrivez la réponse alliée à la menace navale allemande. 9. Les pertes sur terre et en mer : 1940-1941 9.1 Changements à la nature de la guerre Au printemps 1940, l’Allemagne attaque plusieurs pays situés à l’ouest : le Danemark, la Norvège, la Hollande, la Belgique, le Luxembourg et la France. Cet assaut fut d’une efficacité frappante. L’armée allemande utilisa une approche de guerre terrestre qui fut surnommée blitzkrieg. Essentiellement, le mot blitzkrieg (qui signifie « guerre éclair ») décrit l’action simultanée, rapide et puissante de plusieurs types de forces militaires. Les Allemands combinaient l’aviation, les blindés, l’infanterie et l’artillerie afin d’écraser l’opposition militaire sur le continent. La guerre terrestre présentait un tel spectacle déroutant de la puissance allemande que, bientôt, beaucoup de personnes se mirent à craindre une invasion de la Grande-Bretagne. Les conséquences de la chute de l’Europe continentale sur la guerre ont été immédiates et sérieuses : les sous-marins allemands, leurs navires de surface et leurs avions avaient maintenant un accès beaucoup plus facile à l’Atlantique Nord. Des appareils Hudson de la RAF revenant d’une patrouille sur l’Atlantique, 1941. (ONF. Photothèque / ANC. PA- 144597) Les sous-marins allemands devaient auparavant traverser 1 500 milles pour atteindre leurs cibles sur les routes maritimes des convois destinés à la Grande-Bretagne. Maintenant, avec de nouvelles bases en France et en Norvège, ils avaient moins de 500 milles à parcourir, ce qui signifiait qu’ils disposaient de plus de temps et de ressources pour l’attaque. La puissance aérienne allemande, les batteries guidées par 26 radar et les torpilleurs fermèrent efficacement les ports anglais de la Manche à la plus grande part du trafic; ces ports étaient les meilleures installations de Grande-Bretagne. Même un convoi naval bien protégé était en grand danger dans les eaux de la Manche. Parmi les changements fulgurants de 1940, on retrouve une victoire des Alliés : la victoire dans les airs remportée lors de la bataille de Grande-Bretagne. Cette bataille qui culmina avec le renversement de la puissance de la Luftwaffe allemande par la Royal Air Force, eut aussi des conséquences sur la bataille que livraient les convois : la RAF et ses alliés contrôlaient toujours l’espace aérien vital au-dessus des routes des convois vers la Grande-Bretagne. 9.2 Les « beaux jours » des sousmariniers allemands Ces changements signifiaient que les convois devaient être restreints à un ensemble beaucoup plus étroit de routes maritimes à protéger adéquatement ce qui, en retour, offrait aux U-boat une concentration de cibles beaucoup plus dense. Pour le commandement des sousmarins allemands, plus de temps en poste et plus de liberté de manœuvre, ainsi que la production accrue de sous-marins, signifiait que l’Amiral Dönitz pouvait mettre à profit ses tactiques de meutes de sousmarins, ou « meutes de loups » comme les surnommaient les Alliés (consulter la section sur la guerre aux convois). Le coulage du Bismarck La menace navale de surface allemande fut anéantie en 1941, mais le coût fut élevé pour les Alliés. Le cuirassé allemand Bismarck est entré en service en 1940. C’était un bâtiment énorme, bien armé et à la cuirasse épaisse, un des meilleurs navires de guerre au monde. En mai 1941, après presqu’un an d’entrainement et de mise à l’essai en mer Baltique, le Bismarck et un navire plus petit, le croiseur lourd Prinz Eugen, quittèrent la Baltique. Les deux bâtiments allemands furent interceptés à l’ouest de l’Islande par le cuirassé Prince of Wales et le croiseur Hood de la marine britannique. Cette rencontre fut désastreuse pour les Britanniques : le Hood explosa et coula et le Prince of Wales fut si lourdement endommagé qu’il dut se retirer. Peu après cette bataille, le Prinz Eugen fut assigné ailleurs et le Bismarck reçut l’ordre de rentrer en France pour y être réparé. La position du Bismarck fut révélée par le décodage Ultra et les Britanniques envoyèrent des forces l’affronter. Harcelé par des avions et des navires de surface, le Bismarck brisa son gouvernail. Le navire en difficulté fut attaqué par les navires de surface et coulé. Cette combinaison de changements a entraîné la période la plus noire en termes de pertes de navires de toute la guerre. La protection des convois souffrait de deux importantes Après la perte d’un navire si important, les lacunes à l’époque : le manque de Allemands furent méfiants de toute action couverture aérienne et la nature de navale en surface. L’attention d’Hitler et celle protection à courte distance offerte de toute la puissance navale allemande passa par la plupart des groupes des bâtiments de surface aux sous-marins. d’escortes. Ces carences, combinées au plus grand nombre de sous-marins et à l’accès accru à l’Atlantique pour les avions et les U-boat allemands, provoqua ce qui reçut le surnom macabre de « beaux jours », en 1940-1941. 27 Entre la mi-1940 et la mi-1941, trois millions de tonnes de cargaison furent coulées par les sous-marins. Trois ou quatre bâtiments étaient coulés pour chaque nouveau navire entrant en service. Cette statistique contraste fortement avec les pertes et la construction de sous-marins allemands à l’époque : pour chaque U-boat coulé, huit nouveaux sous-marins entraient en service. Avec un pareil taux d’attrition, les Alliés semblaient courir le risque de perdre la bataille de l’Atlantique. Les Britanniques durent placer des commandes auprès des chantiers navals américains et canadiens afin de compenser leurs pertes. 9.3 La fin des « beaux jours » : La riposte des Alliés et l’entrée en guerre des États-Unis Les renseignements et la bataille de l’Atlantique : Ultra Il devint possible d’éviter les U-boat grâce à l’orientation par hautes fréquences (HF-DF), qui indiquait l’origine des signaux radio dans l’océan à l’aide d’équipement à haute sensibilité et par le service des renseignements. La plus importante contribution du service de renseignements au cours de la guerre est survenue en 1941 : les Alliés ont entrepris de lire régulièrement les messages codés de l’état-major allemand. Ces messages étaient codés par une machine, la machine Enigma, qui utilisait une clé afin de coder le message. (Lire la suite) Les Alliés ont réagi à ces pertes catastrophiques de plusieurs façons : ils ont commencé à escorter les convois sur toute la traversée de l’Atlantique, amélioré l’entrainement de la Marine canadienne et réorganisé les convois en collaboration avec la Marine américaine. Le système d’escorte intégrale fut rendu possible grâce à une entente avec les États-Unis. À la fin décembre 1940, les États-Unis ont négocié un prêt-bail avec la Grande-Bretagne et ses alliés comprenant l’utilisation de plusieurs bases par 50 destroyers. Bien que la conception de ces destroyers remontait à la Première Guerre mondiale, ceux-ci étaient adéquats pour escorter les convois et permettaient de couvrir une période cruciale pour la Marine canadienne, dont les pertes augmentaient et les chantiers navals n’avaient pas mis beaucoup de nouveaux navires en service. Le Canada reçut sept de ces destroyers. Les États-Unis n’étaient pas officiellement en guerre, mais leur neutralité faiblissait comme le démontre le prêt-bail. À peine cinq mois plus tard, un destroyer américain fit sauter un sous-marin allemand à l’aide de grenades sous-marines. En septembre et octobre 1941, des sous-marins allemands attaquèrent trois destroyers américains. L’un d’eux fut coulé, un autre endommagé et le troisième s’en tira sans dommage. La Marine américaine avait engagé ses navires afin de défendre la marine marchande neutre en septembre, bien avant l’attaque japonaise sur Pearl Harbour du 7 décembre 1941, date généralement retenue pour l’entrée en guerre des États-Unis. En septembre 1941, les Alliés avaient apporté un autre changement dans l’organisation de leurs convois : ils avaient séparé les convois rapides des convois lents. Auparavant, 28 les convois s’assemblaient au large de Terre-Neuve afin de traverser l’Atlantique. Cette mesure limitait En juin 1941, l’Allemagne a attaqué l’Union grandement les navires plus rapides. Par soviétique. Les forces allemandes avançaient exemple, un groupe de navires rapidement et les Soviétiques avaient un urgent besoin d’aide. Les Alliés ont commencé à tenter marchands rapides pouvait effectuer de les ravitailler en septembre 1941. Il n’existait quatre traversées pendant qu’un convoi pas de route sécuritaire, par contre les plus lent en effectuait à peine trois. La Allemands dominaient la mer Baltique; la flotte jonction des convois (à vitesse réduite) italienne rendait les routes du sud trop coûtait aux Alliés une capacité de dangereuses et les routes terrestres par l’Iran étaient trop lentes et ne pouvaient transporter transport importante. La vitesse était suffisamment de ravitaillement. Après également un élément essentiel de la délibérations, la route de l’Arctique, par le port défense des convois, car les convois de Mourmansk, fut choisie. Cette route était rapides pouvaient éviter les U-boat ou caractérisée par les pires conditions météorologiques imaginables et se trouvait à s’en éloigner en cas d’attaque. Ce portée des forces allemandes postées en changement marque le début des Norvège. Ce fut une des routes de convois les ententes entre les États-Unis, la Grandeplus dangereuses de toute la guerre. Bretagne et le Canada sur l’organisation (Lire la suite) et l’escorte des convois. Bien que les ententes originales fussent étranges et difficiles à implanter, le système de commandement américain dans l’ouest et Britannique dans l’est s’est vite résolu. Même si les États-Unis n’étaient pas en guerre pendant l’automne 1941, les Américains désiraient seulement escorter les convois de marine marchande neutre. Ils ont consenti à étendre leur protection sur tout convoi qui contenait ne serait-ce qu’un seul bâtiment neutre. La route de Mourmansk La Marine Royale canadienne apporta également un changement important en septembre 1941 : elle commença à envoyer les équipages des corvettes en entrainement auprès des Britanniques en Écosse. La Royal Navy comptait un nombre plus important de marins d’expérience disponible pour l’entrainement des nouveaux équipages, contrairement à la Marine canadienne, qui devait débarquer son personnel nécessaire des navires afin de créer un corps d’instructeurs. Juste au moment où les normes d’entrainement s’amélioraient, la Marine Royale canadienne a combattu une série de dures batailles avec les convois dans son nouveau rôle d’escorte des convois lents en partance de Sydney, en Nouvelle-Écosse. Ces batailles ont été livrées au nord des corridors habituels des convois. Alors que les sous-marins se déplaçaient vers ces nouvelles régions d’opérations plus près de l’Islande, ils ont commencé à opérer à un rythme accéléré dans la Méditerranée et dans l’Atlantique Sud. Les dures batailles de l’automne 1941 ont remis en question les ententes d’escorte à venir chez les planificateurs alliés et ont signalé un virage dans l’importance de l’offensive sous-marine allemande. Ce fut le début de la contre-attaque allemande contre les défenses navales mises en place par les Alliés. 29 Questions portant sur la Section 9 : Les pertes sur terre et sur mer : 1940-1941 1) Quel effet a eu l’occupation de la France par les Allemands sur la guerre livrée en mer ? 2) De quelle façon les Alliés ont-ils répondu aux changements des hostilités en 1940 et 1941 ? 10. Transitions : 1942 10.1 Roulement de tambour : Des sous-marins dans les eaux canadiennes En 1941, l’amiral Dönitz a dressé les plans d’une offensive majeure contre les ports nord-américains : l’opération « roulement de tambour ». Bien que ses commandants, dont Hitler, aient réduit le nombre de sous-marins attribués à cette offensive, l’opération « roulement de tambour » alla de l’avant. Après les âpres batailles des convois de la fin 1941, les routes vulnérables des côtes étaient surement invitantes pour les équipages des U-Boat. À la fin 1941, le tonnage moyen coulé par mois dans tous les théâtres de combat était de 135 000 tonnes; en janvier et février de 1942, il s’est coulé 800 000 tonnes. Sur les 17 U-boat affectés 14 opéraient initialement en eaux canadiennes. La Marine allemande concentrait ses sous-marins sur les convois et les vaisseaux solitaires opérant entre les ports de l’Amérique du Nord, en croyant que ceux-ci seraient moins bien protégés (ce qui était vrai au départ) que les convois traversant l’Atlantique. Le HMCS Magog, coulé dans le golfe du SaintLaurent en 1944. (MDN / ANC. PA-137797) L’offensive des U-boat s’est enfoncée plus loin en territoire canadien, dans le golfe du Saint-Laurent pendant l’été 1942. L’idée était au départ simplement attribuable à la chance : un U-boat qui avait été endommagé après une confrontation avec les escortes d’un convoi a choisi le golfe comme endroit tranquille où s’attaquer au trafic côtier. Le sous-marin endommagé a réussi à couler deux navires avant de s’enfuir. Les attaques de sous-marins dans les eaux du golfe n’étaient pas une surprise pour les planificateurs de la marine canadienne. Bien que peu de ressources aient été disponibles, un système d’escortes et de patrouilles aériennes a repoussé le premier sous-marin à tenter de remonter le golfe. Cependant le rapport du sous-marin a encouragé les Allemands à le suivre et tout au long de l’automne 1942, une douzaine de U-boat ont patrouillé les eaux du golfe du Saint-Laurent et les côtes de Terre-Neuve. 30 Les patrouilles agressives, autant aériennes qu’en surface, ont fini par débarrasser les eaux canadiennes des sous-marins ennemis et le gel hivernal a offert aux sous-marins allemands le prétexte pour quitter le Saint-Laurent. La menace n’était pas entièrement disparue : en 1943 et 1944, des sous-marins allemands sont revenus dans le golfe du Saint-Laurent. Bien qu’ils n’aient causé aucun dommage en 1943, en 1944 les sous-marins coulèrent deux vaisseaux de guerre. En tout, la bataille du golfe du Saint-Laurent a coûté au Canada vingt-trois bâtiments. 10.2 Les sous-marins dans les eaux américaines et les Caraïbes « La côte n’était pas sous couvre-feu et les villes étaient d’immenses points lumineux… Les feux des phares et des bouées éclairaient au loin, peut-être un peu moins fort que d’habitude. La navigation suivait les mêmes routes qu’en temps de paix et avec les feux normaux. Bien que cinq semaines se soient écoulées depuis la déclaration de guerre, très peu de mesures anti-sousmarines avaient été prises. On disait bien qu’il y avait des patrouilles pour dépister les sous-marins, mais elles manquaient toutes d’expérience. Les destroyers non accompagnés, par exemple, naviguaient le long des routes maritimes avec une telle régularité que les U-boat ont rapidement deviné leur horaire... » - Journal de guerre de l’amiral Karl Dönitz (tiré de In Great Waters, par Spencer Dunmore) Au cours des premiers mois de 1942, plus de 200 navires furent coulés à moins de dix milles de la côte américaine. À peine quelques jours après les premières attaques de 1942, un système de convois fut mis en place et malgré qu’il reposait sur à peine un ou deux navires d’escorte par convoi, il repoussait les attaques. Cependant, la guerre sous-marine persistait le long de la côte. Une illustration de la liberté d’action dont disposait la flotte de sous-marins allemands dans ces eaux est qu’en juin 1942, des saboteurs allemands ont accosté en Floride, mais ils ont été capturés avant de pouvoir causer de dommages. Les sousmarins allemands menaçaient aussi le trafic maritime en provenance de l’Amérique du Sud : plusieurs navires citernes naviguaient sans escorte vers les eaux nordaméricaines. Les navires citernes étaient des cibles de choix pour les sous-marins en raison de leur cargaison. En coupant un approvisionnement de carburant aux Alliés, on immobilisait une partie de la machinerie militaire, des avions et des chars. La cargaison était aussi inflammable ou explosive : un navire citerne était susceptible de couler s’il était touché. L’évolution des escortes côtières et la proximité des forces aériennes ont rapidement obtenu les mêmes résultats en eaux américaines qu’au Canada : les défenses ont commencé à faire reculer ou à détruire les sous-marins. 31 Les États-Unis devaient également assumer de nouvelles responsabilités dans le Pacifique et plusieurs de leurs navires qui avaient contribué au succès des convois dans l’Atlantique étaient maintenant déplacés vers cette nouvelle zone de guerre. Néanmoins, les groupes d’escortes canadiens de l’Atlantique Ouest sont demeurés sous le commandement de la Marine américaine tel que le voulaient les ententes politiques. Cette situation fut résolue en février 1942 alors que les escortes furent réorganisées. En vertu de cette nouvelle organisation, le rayon d’escortes autour d’Halifax a été accru à sept cent milles. Les navires britanniques, canadiens et américains basés à Terre-Neuve assumaient la protection des convois de Terre-Neuve à 300 milles au large de l’Irlande. La nouvelle organisation était fondée sur une nouvelle route plus directe pour les convois, car une route plus courte signifiait que moins de groupes d’escortes étaient nécessaires sur l’Atlantique Nord et que les navires d’escortes pouvaient être affectés à d’autres endroits. C’était important car la guerre sous-marine livrée par les Allemands menaçait d’autres zones. À ces fins, la décision de diviser la zone de responsabilité a profité immensément à la Marine Royale canadienne, alors que la Royal Navy fournissait les navires et le personnel expérimenté afin d’augmenter les effectifs du groupe d’escorte basé à Halifax. Cependant, une conséquence de cette décision était que la capacité de la Marine Royale canadienne d’opérer en plein océan : plusieurs destroyers canadiens plus anciens possédant le rayon d'action pour servir d’escorte dans le nord n’avaient pas l’endurance pour traverser l’océan. La force des destroyers canadiens en haute mer a donc chuté de 11 à huit bâtiments; le groupe des corvettes a conservé les mêmes effectifs de 50. Les escortes côtières et l’arrivée des patrouilles aériennes efficaces ont repoussé les attaques des U-Boat loin des côtes, vers la haute mer. 10.3 La menace en haute mer Les Allemands avaient en main une paire d’atouts importants pour la bataille en haute mer qui reprit à la seconde moitié de 1942 : ils avaient amélioré la durée pendant laquelle leurs sous-marins pouvaient demeurer en poste, ce qui signifiait que davantage de sous-marins pouvaient opérer dans l’Atlantique simultanément et ils déchiffraient régulièrement les codes des Alliés au sujet des convois. Les Allemands avaient substantiellement raccourci la durée de l’entretien des U-boat et comptaient sur des sous-marins de ravitaillement (équipés pour livrer du carburant, des rations et des armes aux autres sous-marins) en service à la mi-1942. Ces deux changements signifiaient que Dönitz pouvait compter sur une centaine de sous-marins supplémentaires pour ses opérations dans l’Atlantique. Ce nombre était aussi augmenté par le retrait partiel des sous-marins de la Méditerranée. Ce plus grand nombre de sous-marins pouvait être concentré contre les convois alliés, qui passaient par des routes plus directes et comptaient sur des escortes moins nombreuses, en raison des besoins d’organiser des convois dans d’autres endroits. De plus, plusieurs détails précis sur la disposition des convois étaient connus des Allemands grâce au succès de leurs efforts de déchiffrage. Pendant l’automne et l’hiver 32 1942, les Allemands ont doublé leur taux de succès dans le dépistage et l’attaque des convois alliés : 30 % des convois subissaient des pertes aux mains des sous-mariniers. En février 1943, les Allemands ont percé un code allié servant à communiquer des renseignements au sujet des sous-marins; les Allemands lisaient chaque jour ce que les Alliés s’attendaient à ce que les sous-marins fassent et pouvaient ainsi tromper et surprendre les escortes. Au milieu de ces nouvelles avancées allemandes, les Alliés subirent de graves pertes : ils cessèrent d’être en mesure de déchiffrer les codes navals allemands se rapportant aux batailles de convois. Les décrypteurs de codes qui avaient été si utiles pour diriger les convois à l’écart du danger en 1941 ne seraient plus en mesure de répéter cet exploit jusqu’en 1944. Un autre changement s’était produit en Allemagne laissant présager une reprise des attaques de convois dans l’Atlantique central : l’Amiral Dönitz avait été placé à la tête de toute la flotte allemande. Ce sous-marinier d’expérience ne perdit pas de temps pour s’assurer d’un appui politique permettant de replacer le gros des efforts de la flotte allemande vers l’Atlantique Nord pour s’attaquer aux convois approvisionnant l’Angleterre. Questions portant sur la Section 10 : Transitions -1942 1) De quels avantages les Allemands jouissaient-ils dans l’Atlantique en 1942 ? 2) Comment les Allemands exploitèrent-ils ces avantages ? 3) De quel avantage jouissait les Alliés en 1941, qu’ils perdirent en 1942 ? 11. La perte de l’Atlantique : hiver 1942 – 1943 11.1 L’impasse d’hiver La bataille de l’Atlantique pesa lourd dans la balance au cours de l’hiver 1942-1943. D’importantes flottilles de sous-marins allemands poursuivaient les convois alliés. En raison d’améliorations technologiques et tactiques de part et d’autre, ces combats furent plus décisifs et destructifs que tous les autres de la campagne. En novembre 1942, plusieurs batailles de convois eurent lieu. Deux de celles-ci illustrent bien la position précaire des Alliés dans Le Lady Nelson couvert de glace. (Collection Allan Tanner, Société du Quai 21) 33 l’Atlantique Nord. La première bataille impliquait un convoi lent naviguant de Sydney, en Nouvelle-Écosse, vers la Grande-Bretagne. Ce convoi fut poursuivi pendant presque toute sa traversée par plus d’une douzaine de U-Boots. Profitant de conditions météorologiques et de mers favorables, les sous-marins allemands coulèrent 15 des 42 navires et eurent raison de la mince escorte navale canadienne sous-équipée. Les pertes les plus lourdes se produisirent pendant que le convoi traversait « un ciel vide » ce qui veut dire hors de portée pour la couverture des avions de patrouille maritime. La seconde bataille mettait en cause un convoi rapide naviguant d’Halifax vers la Grande-Bretagne. Plus de 20 sous-marins allemands pourchassaient ce convoi. Des mers agitées et une escorte défensive serrée (sous le commandement d’un officier britannique) gênait les U-Boots : ce convoi s’en tira avec seulement deux pertes même après que presque chaque navire ait affronté un combat singulier. La chance, la température ou des décisions tactiques momentanées pouvaient faire la différence pour les navires marchands entre un grand nombre de torpilles atteignant la cible et une traversée réussie. Ces féroces combats se poursuivirent. Certaines des batailles des convois les plus considérables et les plus coûteuses de la guerre eurent lieu en janvier et février 1943. Durant les trois premières semaines de mars 1943, près de 100 navires et d’un demi-million de tonnes de chargement furent coulés. La météo Entre décembre 1942 et mars 1943, on connut seulement dix jours exempts de violentes bourrasques où que ce soit sur la principale route transatlantique. Douze navires marchands furent mis au rancart ou coulés par le mauvais temps et 40 autres furent gravement endommagés. Un convoi perdit même son commodore, le capitaine de navires marchands le plus expérimenté du groupe, quand son navire se démembra et coula au cours d’une tempête. Il n’y eut pas de survivants. Les groupes d’escorteurs alliés, tant canadiens que britanniques et américains, étaient battus sur l’Atlantique Nord. Les groupes d’escorteurs étaient trop petits pour faire face à la menace des grandes flottes de U-Boots actives sur leur chemin et l’avantage allemand en matière de renseignement aggravait encore cette disparité. En sus de la menace militaire, l’un des facteurs décisifs ayant amené les alliés à décider de renouveler et de renforcer le système de convois était tout simplement le facteur météorologique; l’hiver de 1942-1943 fut terrible. Pour les navires escortant les convois, des mers déchaînées rendaient l’utilisation de sonars et de radars à peu près inefficaces et les avions ne pouvaient venir les appuyer en vol. Cependant, la température hivernale ne faisait pas que contrecarrer la technologie : les tempêtes et le déchaînement des flots écartaient de bons navires d’escorte et des navires marchands des convois, les immobilisant au port pour des réparations. Pour la Grande-Bretagne, le résultat était le même, que ce soit une tempête ou une torpille qui empêche un navire de traverser l’océan. 34 11.2 Le spectre de la défaite : mars 1943 En mars, les sous-marins interceptaient presque tous les convois naviguant sur l’Atlantique Nord et un bon 20% des navires furent coulés. La bataille des convois : HX 229 À la mi-mars 1943, deux convois quittèrent l’Amérique du Nord sur la route du nord à destination du Royaume-Uni. Ces convois, l’un rapide : HX 229 et l’autre, en convoi lent, SC 122, traversèrent le ciel vide, une distance de cent milles les séparant. Contre ces convois, étaient rangées 43 U-Boots disposés en plusieurs groupes de patrouilles dans la zone aérienne non protégée. Ces sous-marins coulèrent 22 navires de ces deux convois représentant près de cent cinquante mille tonnes de fret. Bien que les pertes en navires ne fussent pas aussi élevées qu’elles ne l’avaient été durant les « beaux jours », les Alliés souffraient d’une coordination déficiente et la présence massive de sous-marins menaçait de détruire leurs navires d’escorte. Le système de commandement et de contrôle des convois et des escorteurs des Alliés sur l’Atlantique Nord était complexe. Contrairement à l’action des sous-marins allemands, qui étaient dirigée à partir d’un seul commandement central par un amiral jouissant de beaucoup d’expérience directe dans la guerre des convois, les Alliés partageaient les responsabilités entre les nations et les services. En mars 1943, les Anglais, les Canadiens et les Américains se rencontrèrent pour tenter de régler le problème. La conférence sur les convois de l’Atlantique, en mars 1943, retira à la Marine royale canadienne les responsabilités d’être au service des partenaires majeurs de commandement, la Royal Navy et la marine des États-Unis. La Marine royale canadienne ne disposait pas d’une flotte assez équilibrée pour assumer les mêmes responsabilités stratégiques que l’une ou l’autre des deux autres marines, mais le Canada parvint, néanmoins, à conserver le commandement et le contrôle sur une partie de l’Atlantique Nord-Ouest. L’excellence du Canada dans l’organisation d’affrètement de convois et sa force dans le travail de renseignement, notamment dans l’établissement de directions par radio, furent les principaux aspects de la décision commune de promouvoir le Canada en vue d’exercer un rôle de contrôle sur l’Atlantique. À cette conférence, le principal engagement de la MRC visait les opérations dans l’Atlantique Nord. Cela signifiait qu’il serait en mesure de compter sur une flotte connue et efficace de navires pour jouer le rôle d’escorteurs dans l’Atlantique Nord. Seulement une fois ces conditions remplies, la MRC pourrait détacher des navires pour travailler sur d’autres fronts, tels que les eaux territoriales britanniques ou la Méditerranée. Les États-Unis offrirent leur appui aux opérations canadiennes en acceptant de fournir leurs meilleurs avions à longue portée aux FARC à Terre-Neuve et au Labrador. Les survivants du NCSM Clayquot, coulé en 1944. (DND / NAC. PA-134342) Cela devait contribuer à annuler l’absence de couverture aérienne dans l’Atlantique central. Pour étoffer ses forces de surface, la MRC reçut six destroyers plus anciens de la Royal Navy et la marine des États-Unis lui 35 renvoya sept corvettes canadiennes qui avaient été affectées aux Caraïbes. Cela permettait à la MRC d’assembler un groupe de soutien de navires de guerre, des navires voués à combattre les sous-marins plutôt que d’escorter des convois. Les graves pertes subies appelaient à un changement et les Alliés espéraient que les résultats de la conférence sur les convois de l’Atlantique les aideraient à équilibrer leurs pertes dans la bataille de l’Atlantique. Questions portant sur la Section 11 : La perte de l’Atlantique : hiver 1942-1943 1) Quelle était la situation des Alliés sur l’Atlantique Nord durant l’hiver de 19421943 ? 2) Quels changements les Alliés apportèrent-ils à leurs opérations navales en mars 1943 ? 12. Renversement de situation : avril et mai 1943 12.1 Renverser l’issue de la bataille En avril et mai 1943, la situation des Alliés se retourna. Après avoir été acculés dans les câbles, ils devinrent les vainqueurs de la bataille de l’Atlantique central. La force aérienne et la bataille de l’Atlantique Tant les Alliés que les forces de l’Axe utilisaient l’aviation pour appuyer leurs marines sur l’Atlantique Nord. Ces avions de patrouille maritime balayaient rapidement de larges portions d’océan et pouvaient être utilisés pour repérer l’emplacement des navires ennemis, pour détourner les navires ennemis ou les attaquer. (Lire la suite) Trois facteurs principaux expliquent la transition soudaine et décisive d’une position de victime d’attaques sousmarines à une position dominante dans les corridors maritimes. Le premier était l’efficacité du renseignement. Une fois de plus, les Alliés étaient parvenus à casser le code des U-Boots allemands et parvenaient à orienter les convois à l’abri du danger. Le second était la puissance aérienne en recourant à des porte-avions et à des patrouilles d’avions à long rayon d’action. Les convois pouvaient compter sur une protection aérienne disponible partout où ils se trouvaient et ce, par tous les temps, sauf les plus extrêmes. Les porte-avions équipés en navires marchands et les porte-avions escorteurs permettaient d’utiliser des chasseurs pour écarter les U-Boots. Les avions à long rayon d’action, tels que le Liberator, pouvaient chasser des U-Boots en recourant à un équipement de détection sophistiqué et les atteindre avec des grenades sous-marines et des bombes. Le troisième était la présence de groupes de soutien, des groupes de navires affectés à la chasse aux sous-marins. 36 Le Liberator un B-24 transportant le premier ministre W.L. Mackenzie King vers l’Angleterre. (Smith / DND / NAC / PA-132639) La Marine royale du Canada ne jouait pas un rôle majeur dans l’attaque des U-Boots découlant de ces circonstances. Le seul groupe de soutien canadien qui ait pris part à cet effort initial contre les U-Boots fut victime d’une nouvelle technologie allemande, les torpilles acoustiques. Ces dernières étaient guidées vers leurs cibles par les émissions sonores. La majorité des convois canadiens, durant ces mois-là, étaient écartés des plus importants groupes de sous-marins, laissant le soin aux groupes d’appui de surface et aux forces aériennes d’ouvrir le combat avec ceux-ci. Près de cinquante U-Boots furent coulés en mai et peu de navires perdus. Parmi les U-Boots coulés, se trouvaient les sous-marins d’approvisionnement baptisés les « vaches à lait » qui transportaient du carburant, des armes et des aliments vers les sous-marins en mer permettant aux équipages de garder leurs navires sur place beaucoup plus longtemps qu’avant. Cela était crucial pour maintenir l’offensive à l’encontre des navires alliés. Les Alliés repérèrent la position de ces sous-marins d’approvisionnement par le biais d’ultra-renseignements et coulèrent dix d’entre eux au milieu de 1943. La conséquence de ces pertes, aussi lourdes qu’inutiles, parmi les U-Boots fut sans équivoque : le 24 mai 1943, l’Amiral Dönitz retira les sous-marins allemands de l’Atlantique Nord. La marine allemande, malgré les nouvelles technologies remarquablement développées pour ses sous-marins ne se releva jamais de cette défaite. En novembre 1943, Dönitz abandonna presqu’entièrement la tactique des groupes compacts des U-Boots, optant pour la discrétion des U-Boots maraudant en solitaires. Le caractère de la guerre sous-marine en fut profondément altéré. 12.2 Critiques dans la victoire À la suite de la bataille des convois lancée au printemps, la marine canadienne fut l’objet d’un examen impitoyable de la part de la Royal Navy. Le pourcentage de navires coulés dans les convois protégés par la MRC était très élevé tandis que leurs résultats contre les U-Boots étaient largement sous la moyenne. Les statistiques (un U-Boot coulé contre 112 navires perdus) se situaient aux antipodes de la moyenne mondiale d’un sous-marin détruit pour 10 navires perdus. Deux aspects de la situation de la marine canadienne étaient particulièrement préoccupants : l’entraînement et l’équipement. Chaîne de production des appareils Canso à Montréal. (NAC. PA-110843) 37 Bien que certains dirigeants des forces navales alliées aient loué les efforts de la MRC, ils ajoutaient généralement que ces efforts étaient gaspillés en raison de ses faiblesses. La marine canadienne avait connu une expansion massive pendant la guerre, ce qui avait eu pour effet de séparer fréquemment les équipages canadiens tandis que des membres expérimentés étaient « débauchés » au profit d’assignations d’entraînement ou pour appuyer de nouveaux équipages. L’état de l’équipement de la marine était également déficient. Dans le cadre du processus visant à garder en mer le plus grand nombre possible de navires escorteurs, les rénovations exigeant beaucoup de temps (notamment les améliorations technologiques telles que de nouveaux dispositifs radar et sonar) n’étaient tout simplement pas effectuées. L’ironie de la situation de la Marine Royale du Canada en 1943 critiquée par ses principaux partenaires sur l’Atlantique, c’est que l’état de fatigue et de délabrement de la MRC découlait des demandes provenant de ces mêmes partenaires. Des demandes d’appui en Méditerranée, dans les eaux territoriales britanniques et dans l’encadrement de convois sur la côte Est des États-Unis retiraient à la MRC toute capacité de planifier ses propres opérations, fussent à court terme. L’institution navale canadienne, durant la guerre, évoluait de crise en crise jusqu’à la conférence sur les convois de l’Atlantique, en mars 1943, lors de laquelle le rôle de la MRC avait été clarifié et circonscrit. Les États-Unis et l’Angleterre n’étaient pas les seuls critiques actifs de la MRC durant cette période. Les autorités canadiennes, tant militaires que politiques, exigeaient des explications de la marine quant à l’état de ses navires, privés qu’ils étaient de tout équipement moderne. En 1943, la population canadienne semblait déconnectée de la guerre. Par conséquent, les politiciens canadiens avaient intérêt à faire de la bataille de l’Atlantique un segment hautement visible de l’effort de guerre. Les deux seules circonstances largement connues d’une forte participation canadienne aux activités militaires furent tragiques : Dieppe et Hong Kong. Les politiciens cherchaient quelque chose qui puisse rallier un appui public. La population pourrait s’identifier à des victoires de la marine en mer, et donc, les questions de la performance de la marine et de ses équipements avaient une forte résonnance en politique intérieure. Néanmoins, en raison de la pression exercée sur les chantiers navals et le personnel durant la guerre, ces questions ne purent être rapidement résolues. En dépit de la critique de 1943, la Marine royale du Canada termina la bataille de l’Atlantique à titre de partenaire coiffé de responsabilités correspondant à sa contribution. Questions portant sur la Section 12 : Renversement de situation : avril et mai 1943 1) Quels sont les trois facteurs qui ont rapidement fait tourner l’avantage de la bataille de l’Atlantique au profit des Alliés ? 2) Quels ont été les résultats des succès soudains des Alliés ? 3) Quels aspects de la Marine canadienne ont fait l’objet de critiques en 1943 ? 38 13. À la défense de la route de l’Atlantique Nord : 1944 13.1 Responsabilités accrues La Marine royale du Canada assuma la responsabilité complète des activités d’escorte sur l’Atlantique central et fut chargée de la grande majorité des tâches d’escorte sur la route principale transatlantique. Soixante frégates et corvettes canadiennes escortaient les convois sur la route maritime centrale entre St-Jean, Terre-Neuve, et la Grande-Bretagne. Quarante-cinq Le NCSM Uganda transfère des approvisionnements en mer. (Gerald Milne Moses / DND / NAC. PA – 136056) autres navires protégeaient la route de mi-océan du large de Terre-Neuve à Halifax, et d’autres navires escorteurs encore accompagnaient les navires se déplaçant sur la côte Est des États-Unis et du Canada. Les convois protégés par le Canada différaient profondément de ceux des années antérieures. Les navires marchands de construction récente étaient beaucoup plus rapides que leurs prédécesseurs. Le tribut payé à l’obsolescence laissait peu de place à des convois lents visant à accommoder des navires marchands incapables de conserver une bonne vitesse en mer. En mars 1944, les convois lents, autrefois la seule et exigeante responsabilité de la MRC, avaient disparu. L’autre changement majeur découlait de la science, mais il ne touchait ni à un nouveau radar ni à un nouveau sonar. Tous ces senseurs avaient évolué radicalement au cours des années 1942-1943, alors qu’apparaissaient de nouveaux équipements de plus en plus sensibles. Mais à cette époque, le changement résultant de la recherche concernait la structure des convois. Après une analyse exhaustive des batailles impliquant les convois, les Anglais en étaient venus à la conclusion que les convois les plus considérables étaient plus sécuritaires que les plus petits. La raison en était simple : un convoi de cent navires, gardé par 10 navires escorteurs offrait à son périmètre moins d’espace à protéger que deux convois de cinquante navires, chacun doté de cinq escorteurs. L’espacement des navires escorteurs au périmètre était très important parce que les torpilles ont une portée relativement faible. Les U-Boots devaient tenter de se faufiler entre les navires escorteurs pour atteindre les navires marchands du convoi. Si les navires escorteurs étaient plus proches les uns des autres, la tâche devenait beaucoup plus malaisée. Vers la fin de la guerre, certains convois comportaient plus de cent-cinquante navires, en raison de cette théorie. Un dernier changement fut de permettre à certains navires d’oublier les convois. Bien que des navires militaires rapides (capables d’atteindre deux fois la vitesse des U-Boots aient navigué en solitaires durant toute la guerre, en 1943, les traversées en solo de navires rapides devinrent plus courantes. 39 13.2 Le nouveau rôle de la MRC en contexte Ces nouvelles responsabilités de la MRC entrèrent en vigueur dans le contexte de l’accroissement du potentiel militaire en vue d’une invasion de l’Europe par les Alliés. Plusieurs navires escorteurs durent être réaffectés afin de protéger les navires de débarquement et les plus gros navires de surface plutôt que les convois. Un grand nombre de ces navires étaient anglais. La Royal Navy avait couvert le centre de l’océan alors que le Canada avait la tâche d’escorter les convois, ce qui libérait des navires britanniques pour protéger le débarquement. Passé le milieu de 1943, les Allemands laissèrent leurs sous-marins naviguer librement dans les eaux proches de l’Angleterre en partie parce que L’équipage du NCSM Chilliwack à côté les Allemands s’attendaient à ce que les Alliés du U-Boot allemand U-744 arraisonné. préparent bientôt des débarquements quelque (William Hamilton / DND / NAC. PA – 140824) part en Europe ou dans les pays scandinaves. Ainsi, les U-Boots pouvaient à la fois pratiquer la chasse et fournir des renseignements à propos des navires affectés à la préparation de débarquements. Cette attaque redirigée prenait aussi tout son sens dans le cadre de la poursuite de l’effort allemand en vue de couper les lignes d’approvisionnement transatlantiques. Étant donné que les convois se dirigeaient vers des ports spécifiques de Grande-Bretagne, les sous-marins pouvaient tenter de s’immobiliser et d’attendre tout près des ports de façon plus efficace qu’ils n’auraient pu le faire au milieu de l’océan. À cet endroit, les convois disposaient d’espace de centaines de milles pour manœuvrer. En revanche, l’aviation et des groupes de navires de guerre anti-sousmarins harcelaient constamment les sous-marins stationnés à proximité de l’Angleterre. Les pertes de U-Boots étaient considérables. 13.3 La libération de la France En juin 1944, l’assaut amphibie attendu depuis longtemps par les allemands fut lancé. Soldats canadiens débarquant en France, le 6 juin 1944. (Gilbert Milne / DND / NAC. PA-116533) La Marine Royale du Canada y consacra plus de cent navires et environ dix mille hommes, mais ces chiffres bien qu’énormes ne représentent qu’une toute petite fraction de l’ensemble des forces alliées. Ces forces débarquèrent sur les plages de Normandie, en France. Grâce aux vaillants combats en 40 bordure de plage et à plusieurs opérations destinées à confondre ou immobiliser les unités allemandes dans toute l’Europe, le débarquement réussit. En 1940, la chute de la France aux mains des Allemands avait eu de graves conséquences sur la guerre maritime. Les Allemands s’emparaient ainsi de bandes d’atterrissage et de bases navales beaucoup plus rapprochées des routes de convois alliés et ils avaient utilisé ces nouvelles positions de manière terriblement efficace. La période suivant immédiatement la défaite de la France était appelée les « beaux jours » par les sous-mariniers allemands en raison du rythme élevé des destructions de navires. Les débarquements de 1944 renversèrent ces avantages puisque les Allemands perdirent l’usage de leurs bases de U-Boots en France. Ainsi, la portée opérationnelle des sous-marins allemands dans l’Atlantique se trouvait fortement réduite. Il devenait impossible de réparer rapidement les sous-marins endommagés, forçant ces derniers à se concentrer en Mer du Nord, le seul corridor d’entrée et de sortie de leurs bases. De la sorte, les Alliés purent cibler davantage leurs opérations anti-sous-marines. Les bases en Allemagne étaient toujours actives et des sous-marins parvinrent à en sortir jusqu’à la fin de la guerre. Cependant, les bombardiers alliés bombardaient ces bases. La plus grande partie du travail des Allemands sur ces bases était endommagée ou détruite par les bombardements. Ainsi, l’effort sous-marin des Allemands se trouvait désamorcé avant même que les navires puissent prendre la mer. Alors que les bases allemandes tombaient aux mains des Alliés ou étaient détruites par des bombardements aériens, la MRC put établir une nouvelle base d’entraînement. En août 1944, la MRC créa une nouvelle base d’entraînement aux Bermudes afin de préparer de nouveaux navires et de nouveaux équipages pour de nouvelles tâches en mer. La Marine royale du Canada avait grand besoin de nouvelles installations d’entraînement. En décembre 1944, la MRC comptait 95 000 membres actifs soit environ 35 fois sa taille d’avant guerre. Questions portant sur la Section 13 : Défense de la route de l’Atlantique Nord : 1944 1) Quelles nouvelles responsabilités la MRC assuma-t-elle en 1944 ? 2) Comment les convois avaient-ils évolués durant la guerre ? 3) Quel effet eut la libération de la France sur la guerre maritime ? 41 14. La fin de la guerre : 1945 14.1 Fin de la guerre maritime Les sous-marins allemands poursuivirent le combat après leur déroute au milieu de 1943, mais alors, ils menèrent une guerre plus défensive qu’offensive. Leurs premiers objectifs étaient alors de contenir et d’interférer avec les forces alliées plutôt que de s’assurer un contrôle total des routes d’approvisionnement maritimes. Les U-Boots menaient cette mission avec succès puisque les Alliés devaient consacrer des ressources énormes sur la mer et dans l’air afin de protéger leurs navires même si la menace des U-Boots avait faibli. Les sous-marins continuaient à tenter de couler des navires et la mer, jusqu’aux tous derniers jours de la guerre, resta périlleuse. Le dernier navire de la MRC perdu en mer fut torpillé juste à l’extérieur du port d’Halifax en mars 1945. Les nouvelles technologies allemandes pour les sous-marins, y compris des moteurs électriques plus efficaces, des détecteurs radar et de meilleures torpilles furent mises en œuvre très tardivement pendant la guerre. Il s’agissait de mesures efficaces de lutte contre l’équipement de guerre anti-sousmarine des Alliés, laquelle remportait un vif succès en partie à cause de la nécessité pour les sous-marins de se déplacer souvent en surface, ou près de la surface. Cependant, la guerre se termina quelques semaines seulement après la mise en service de la nouvelle gamme de sous-marins beaucoup plus Les sous-marins durant la Seconde Guerre mondiale Le sous-marin utilisé durant la Seconde Guerre mondiale différait profondément des sousmarins modernes. Il ne pouvait fonctionner sous l’eau durant de longues périodes et, une fois immergé, ne se déplaçait que lentement. C’est que les sous-marins étaient propulsés par des moteurs au diesel et qu’ils utilisaient des accumulateurs électriques pour se déplacer sous l’eau. La charge des accumulateurs, en toutes circonstances, ne pouvait durer plus d’une journée. Mais, avancer à la vitesse maximale (qui était de moins de 10 nœuds sous l’eau) pouvait épuiser les batteries très rapidement. Très tôt durant la guerre, les équipages des UBoots préféraient engager le combat avec leur cible avec leurs armes de pont autant que possible, agissant comme de petits attaquants de surface. Les torpilles étaient réservées pour être utilisées lors d’attaques furtives. (Lire la suite) Un U-Boot arraisonné dans le port de St-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador. (Albert F. Tigerstedt / DND / NAC. PA-133131) 42 puissants. La guerre terrestre portait ombrage et éclipsa même finalement en totalité les efforts de l’Allemagne en vue de reprendre l’avantage dans la bataille de l’Atlantique. Alors que des armées alliées massives déferlaient sur l’Allemagne de deux côtés, même la technologie navale la plus remarquablement développée par les Allemands ne pouvait avoir l’effet voulu sur le résultat final. L’Allemagne rendit les armes le 7 mai 1945. Le 8 mai fut déclaré le jour « V-E » pour Victoire en Europe. Questions portant sur la Section 14 : La fin de la guerre : 1945 1) Comment la guerre navale changea-t-elle après 1943 ? 2) Quels effets eurent ces changements sur l’effort de guerre des Alliés et des Allemands ? 43 Éléments d’étude complémentaires Témoignages personnels Les témoignages personnels sont le produit de la mémoire et comme tels, ils peuvent comporter certaines imprécisions. Récits de vétérans G. Mathison, vétéran de la Seconde Guerre mondiale - Navire inconnu, 1941 Je suis un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale. J’ai servi dans l’unité radio « B » du 2e Corps canadien. Je ne parviens pas à me rappeler avoir traversé le hangar et grimpé sur la planche d’embarquement au Quai 21. Mais je me souviens du navire sur lequel nous nous embarquions. C’était le Queen of the Pacific. Je n’en suis pas sûr, mais je pense qu’on nous avait dit que c’était un transporteur de bétail, ou peut-être était-ce nous qui l’avions ainsi baptisé. Je venais du centre de la Saskatchewan et, me semble-t-il, plusieurs de mes camarades provenaient de l’Ouest canadien. Nous dormions dans des hamacs suspendus dans nos quartiers, sous les ponts et sous le niveau de l’eau. Les hamacs étaient si rapprochés les uns des autres que si un homme remuait, il faisait osciller toute la rangée de hamacs. Nous étions, je crois, en novembre 1941 et nous faisions partie du convoi numéro 15. Il y avait neuf navires de troupes et le neuvième de la colonne transportait des infirmières. Lors de notre première journée en mer, juste après que la côte canadienne ait disparu à l’horizon, un signal d’alarme se déclencha. Nous fûmes étonnés de voir les corvettes (ou quelques navires que ce fussent) piquer au milieu du convoi. Nous fûmes grandement soulagés lorsqu’on nous apprîmes de la bouche des marins, que c’était un exercice militaire qui se reproduirait chaque matin. Un point ne manquait pas, toutefois, de nous inquiéter, c’est qu’on nous apprit que nos escorteurs nous accompagneraient seulement jusqu’au sud de l’Islande, après quoi, nous ferions le reste de la traversée sans escorte. (Les Américains n’étaient pas encore présents, c’était avant le 7 décembre). De toute façon, lorsque nous quittâmes l’Islande (sans l’avoir même aperçue) nous fîmes route sans escorte (avec les huit autres navires de troupes) dans l’Atlantique Nord. Le temps était sombre et humide, mais non tempétueux. Néanmoins, la houle nous rendait, nous les laboureurs terriens, très inconfortables. Nous passions le plus de temps possible sur le pont même si nous ne pouvions y fumer car la cabine qui nous servait de quartier était pratiquement invivable. Je ne sais plus à quelle date c’était, mais un jour, nous fûmes surpris de constater que les machines étaient à l’arrêt. Leur ronronnement n’aurait pu passer inaperçu même sous la ligne de flottaison. Un des obligeants marins (je suis certain que notre consternation les amusait) nous dit alors que le dernier navire de la colonne connaissait des avaries de moteur et qu’il était arrêté quelque part sous l’horizon, derrière nous. « Nous ne pouvons plus bouger » nous dirent les marins, jusqu’à ce que le dernier navire rattrape le groupe. Un convoi ne peut avancer plus rapidement que le plus lent de ses navires. Debout au bastingage avec un camarade, « je me demande, lui dis-je, quelle est la terre la plus proche. Est-ce Terre-Neuve ou notre port de destination en Europe quelle qu’elle soit ? » « Je ne le sais pas, répondit mon camarade, mais j’ai l’impression que le chemin le plus court vers la terre ferme c’est peut-être de naviguer plein sud ». 44 Nous étions en mer depuis douze jours lorsqu’un matin nous vîmes un sombre nuage à l’horizon. « Qu’est ce que c’est ? » demandai-je. « Ça doit être la terre ». Avant que je n’aie reçu réponse, un marin éclaira ma lanterne. « C’est l’Irlande » dit-il « ouvre bien les yeux ». Il n’avait pas encore fini de parler qu’une escadrille de Spitfire apparût dans le ciel, se dirigeant vers nous. « Ils viennent nous escorter », me dit le marin. Nous avons navigué en mer d’Irlande et nous pouvions voir la terre des deux côtés (à bâbord et à tribord) et, à mesure que changeait le paysage, nous constatâmes que nous tournions en rond dans la mer d’Irlande, en attendant on ne savait trop quoi. Nous sommes demeurés sur l’eau vendredi toute la nuit, puis, le samedi matin, nous avons pénétré dans le port de Liverpool. Nous devions y entrer le vendredi soir à 20 heures, mais, à cette heure là, l’ennemi bombardait Liverpool. Nous avons donc accosté à huit heures, le samedi matin. Cliff Richards, vétéran de la Seconde Guerre mondiale – Ariguani, 1941-1943 L’Ariguani était l’un des navires escorteurs d’un convoi au sein duquel je revenais à la maison à partir d’Halifax, en juin 1943. Il avait envoyé son avion lorsque « Jerry » était apparu, mais fut incapable de prendre contact et j’appris par la suite que son avion s’était arrangé pour atterrir en Irlande. L’autre possibilité était d’effectuer un amerrissage d’urgence en espérant être recueilli. Après la guerre, le navire reprit sa navigation régulière en Jamaïque jusqu’à sa mise au rancart. Ma première visite à Halifax fut très courte. Je servais comme cadet à bord du S.S. Gorjistan. Nous revenions d’Australie et Noël 1941 nous trouva à deux jours d’Halifax. Le capitaine suggéra de reporter notre réveillon de Noël jusqu’à notre arrivée à Halifax où nous serions tous en congé et détendus. Mais il advint que nous arrivâmes à Halifax en même temps qu’un convoi en partait à destination du Royaume-Uni. On nous remit nos documents en nous disant de nous joindre à ce convoi. Donc, nous n’avons pas pu avoir un repas de Noël au port à ce moment là. Ma deuxième visite, en juin 1943, se produisit après un mois tumultueux à Saint John, N.B. Nous avions chargé sous forme de fret, 5 000 tonnes d’équipements lorsqu’un incendie se déclara dans la chambre des chaudières. Les autorités intervinrent très rapidement pour éteindre l’incendie, mais cela signifiait tout de même qu’il fallait rester là un mois pour effectuer les réparations avant que nous puissions faire route vers Halifax pour nous joindre à un convoi en direction de notre pays après un an et demi d’absence. Un incident très touchant se produisit dans ce convoi. C’était un convoi de 100 navires se dirigeant vers le nord et naviguant entre les icebergs et un certain moment, on demanda que tous les navires mettent leur drapeau en berne. Il semble qu’un électricien à bord d’un petit navire norvégien était mort et que son corps devait être immergé dans les flots. Le petit navire, accompagné d’un navire escorteur, se déplaça vers l’avant du convoi pour la cérémonie d’inhumation entre les icebergs, parmi cent drapeaux en berne. C’était à la fois très triste, mais tout de même approprié. J’ai servi tout mon stage de cadet à bord d’un seul navire. Nous avons été très chanceux de traverser toute la guerre sans avaries graves et le navire fut finalement mis au rancart durant les années soixante. 45 Jacob Julien Olson – Aviation royale du Canada Moi, Jacob Julien Olson, suis né à High River, en Alberta, le 11 juillet 1921. Cependant, j’ai grandi jusqu’à l’âge adulte sur une ferme près de Carstairs, au nord de Calgary. Après avoir goûté à la dépression et aux pénuries des années trente, j’étais déterminé à ne pas embrasser la carrière de fermier. Au printemps de 1941, alors que j’étais pensionnaire dans la ville pour y compléter ma 12e année, des officiers de l’ARC et de la RAF visitèrent l’école et soulignèrent le manque de personnel spécialisé en radio pour l’effort de guerre. Cet été-là, je m’informai au bureau de recrutement à propos de cette possibilité et je fus rapidement engagé. Il s’agissait de Radar, une initiative hautement secrète en électronique de l’Armée de l’air. Pour le grand public, nous étions inscrits comme des spécialistes de radiogoniométrie (RG). Après un entraînement de base au dépôt Manning, à Edmonton, environ 90 d’entre nous montèrent à bord d’un train pour se rendre à Montréal où l’on nous enseignerait les bases du génie électrique à l’université McGill. Je me rappelle que ce premier voyage en train était très instructif, en particulier les fréquents arrêts pour l’approvisionnement en charbon et en eau afin d’alimenter la chaudière à vapeur. Les voyageurs les plus aguerris faisaient un saut hors du train pour prendre une bière dans un hôtel local près de la station de chemin de fer. Quoiqu’il en soit, nous arrivâmes tous à l’université McGill le 23 janvier 1942. L’ARC avait réquisitionné les résidences pour hommes sur le campus et nous fumes introduits à la formation dès que des salles de cours devenaient disponibles. Ainsi, nous en vînmes à utiliser la plupart des installations de l’université. La formation était intensive et tous les étudiants étaient sérieux, déterminés à réussir leurs examens pour éviter d’être redirigés vers d’autres métiers. Cependant, les samedis, on nous demandait d’effectuer une marche en rang vers le sommet du Mont-Royal et d’en revenir avant de recevoir une passe qui nous permettait de sortir du campus jusqu’au dimanche soir. Le 16 mai, à la fin de cette formation, chacun obtint quelques jours de congé pour visiter les siens. Certains retournèrent par la suite à Clinton, en Ontario, où l’ARC avait établi son école de radar. La formation se divisait en deux catégories, l’une pour l’exploitation des équipements au sol et l’autre, pour l’utilisation en vol. Là aussi, la formation était intensive et comprenait des examens périodiques visant à reconnaître les techniciens radar qualifiés. À l’obtention de notre diplôme, on nous accorda un autre bref congé et nous fûmes envoyés à Halifax pour le service outre-mer. C’est là que je connus pour la première fois le Quai 21 lors de l’embarquement à bord du navire transporteur de troupes, Awatea, un ancien paquebot néozélandais de 16 000 tonnes. Notre grand convoi se mit en route le 20 août. Dès la première nuit, des sous-marins attaquèrent le convoi. Nous fûmes soudainement éveillés par de fortes secousses et beaucoup de bruit au moment où toutes les lumières s’éteignirent. Ne trouvant aucun éclairage de secours fonctionnel (apparemment, jamais activé depuis la construction du navire), nous eûmes beaucoup de difficulté à nous habiller et à remonter trois ponts dans le noir. Une fois parvenus sur le pont supérieur, nous ne vîmes aucun navire sur l’océan brillamment éclairé par la lune. Les convois ne s’arrêtaient pas pour un navire en détresse. Les canaux de sauvetage furent abaissés sur les flancs du navire, mais l’ordre d’évacuation ne vint pas. Néanmoins, on ordonna à tous de ne pas allumer de cigarettes ou de ne rien échapper sur le pont au cas où un sous-marin soit à l’écoute. Par bonheur, la proue du navire était toujours hors de l’eau même si l’avant du navire avait été déchiré sous la ligne de flottaison. À l’aube, les moteurs furent remis en marche pour retourner à Halifax. Des cris de joie accueillirent cet après-midi là le premier destroyer arrivé pour nous escorter vers Halifax. Tard durant la journée du 24 août, nous étions de retour au Quai 21, notre deuxième visite. Nous fûmes informés qu’un navire escorteur américain s’était porté devant le nôtre pour attaquer un sous-marin. Il semble qu’il ait été frappé par une torpille et qu’il ait coulé. Notre navire avait frappé le navire américain. 46 Nous fumes confinés au camp jusqu’à ce qu’un nouveau convoi soit formé et nous quittâmes le Quai 21 (notre troisième visite) le 29 septembre à bord du paquebot de grandes lignes Athlone Castle, un navire de 29 000 tonnes. Cette fois, nous ne naviguâmes pas dans le « coin cercueil » du convoi, mais plutôt au centre de celui-ci et nous atteignîmes Liverpool indemnes pour y débarquer le 8 octobre. De là, un train militaire nous amena jusqu’à Bournemouth sur la côte sud, à une station de la RAF. Moi-même et deux autres techniciens radar furent affectés au système 23OTU à Pershore, près de Worcester (centre d’entraînement opérationnel d’escadrons formant du personnel aérien pour les bombardiers) où nous arrivâmes le 14 novembre. Nous étions affectés au service de maintien des équipements radar aériens permettant à l’équipage des avions de dépister leurs cibles la nuit ainsi que de trouver leur aéroport d’attache, ce qui empêchait la perte d’avions et permettait à la RAF d’attaquer des cibles allemandes. C’est à cette station que je rencontrai ma future épouse, Lilian Rose, qui servait son pays au sein de la Royal Air Force. Ce n’est que lors d’une réception de Noël en 1943 que je trouvai le courage de lui proposer une sortie pour aller voir un film à Worcester. Nous nous entendions très bien, mais nous fûmes vite séparés lorsque, le 28 février 1944, je fus affecté à un centre de recherche à Malvern pour y apprendre les secrets d’un nouveau radar de dépistage de cible (OBOE). 47 Textes complémentaires La route de Mourmansk En juin 1941, l’Allemagne attaqua l’Union soviétique. Les forces allemandes progressaient rapidement et les Soviétiques avaient grand besoin d’aide. Les Alliés commencèrent à essayer d’acheminer de l’approvisionnement en septembre 1941. Cependant, il n’y avait pas de route sécuritaire. Les Allemands contrôlaient la Baltique; les flottes italiennes rendaient les routes du sud trop dangereuses; les voies d’accès terrestre traversant l’Iran étaient trop lentes et ne permettaient pas d’acheminer suffisamment d’approvisionnements. Après quelques délibérations, la route de l’Arctique vers le port de Mourmansk fut retenue. Cette route était affligée des pires conditions météorologiques imaginables et elle se trouvait à la portée des forces allemandes en Norvège. C’était l’une des routes les plus dangereuses de toute la guerre pour les convois. Durant l’hiver, des glaciers dérivaient vers le sud sur la route de Mourmansk, encombrant les corridors nordiques et forçant les navires alliés à naviguer périlleusement proches des territoires sous domination allemande. En plus de devoir affronter les risques des glaciers et du froid extrême, les convois alliés étaient constamment menacés d’attaques allemandes aériennes ou navales. Les convois ne pouvaient facilement cacher leur présence : la route de Mourmansk était étroite, et durant l’été, elle était presque continuellement éclairée par le soleil. Si un convoi s’aventurait trop au nord, il devait faire face à des icebergs; s’il naviguait au sud, il se rapprochait davantage des bases allemandes. En raison de ces risques énormes, les convois se dirigeant vers l’Union soviétique étaient souvent lourdement escortés, par exemple par une flotte de type PQ17 comptant 19 navires de guerre pour 35 navires marchands. Plus tard durant la guerre, des unités navales soviétiques participèrent également à des missions d’escorte. Durant l’hiver 1941-1942, l’invasion allemande de l’Union soviétique devint une guerre à finir, et le corridor d’approvisionnement vers Mourmansk prit encore plus d’importance. En 1942, les Allemands accrurent leur présence en Norvège, y déployant sous-marins et destroyers, torpilleurs, chasseurs et bombardiers aériens ainsi que quelques uns de leurs meilleurs navires de surface. L’étroit corridor pour les convois alliés vers Mourmansk devait faire face à la plus forte concentration de puissance navale jamais déployée par les Allemands. Les séries de convois PQ-QP, comme on désignait les convois sur la route de Mourmansk plus tôt dans la guerre, subirent de terribles pertes en navires de tous types. Il arriva même qu’un convoi soit abandonné par ses navires escorteurs et qu’on lui ordonne de se disperser de crainte de voir les plus gros navires de guerre allemands stationnés en Norvège engager le combat. L’aviation allemande donnait la chasse aux navires éparpillés et le convoi fut pratiquement détruit. Un autre convoi revenant par la route de Mourmansk se heurta à un champ de mines alliées et six navires périrent sous le feu des Alliés. La route des convois de Mourmansk fut vraisemblablement la plus dangereuse de toute la guerre. (retour à l’encadré) 48 Les sous-marins durant la Seconde Guerre mondiale Le sous-marin utilisé durant la Seconde Guerre mondiale différait profondément des sous-marins modernes. Il ne pouvait fonctionner sous l’eau durant de longues périodes et, une fois immergé, ne se déplaçait que lentement. C’est que les sous-marins étaient propulsés par des moteurs au diesel et qu’ils utilisaient des accumulateurs électriques pour se déplacer sous l’eau. La charge des piles, en toutes circonstances, ne pouvait durer plus d’une journée. Mais, avancer à la vitesse maximale (qui était de moins de 10 nœuds sous l’eau) pouvait épuiser les batteries très rapidement. Très tôt durant la guerre, les équipages des U-Boots préféraient engager le combat avec leur cible avec leurs armes de pont autant que possible, agissant comme de petits attaquants de surface. Les torpilles étaient réservées pour être utilisées lors d’attaques furtives. À mesure que progressait la guerre, plusieurs révolutions se produisirent dans la technologie des sous-marins. L’une d’entre elles fût le schnorkel, en fait un simple snorkel, ou buse d’aération, permettait aux U-Boots de recharger leurs accumulateurs tout en flottant entre deux eaux, près de la surface. Il s’agissait d’un changement majeur car un sous-marin entièrement sorti de l’eau pouvait plus facilement être détecté par les radars ou même être vu à l’œil nu, tandis qu’un sous-marin immergé ne laissant à la surface qu’une buse d’aération était presque invisible. La furtivité accrue des sous-marins allemands força les Alliés à maintenir de fortes armadas de navires escorteurs jusqu’à la fin de la guerre. Le snorkel était important, mais on n’y voyait qu’un jalon dans le développement de sous-marins propulsés par un autre carburant et pouvant demeurer immergé durant des périodes beaucoup plus longues. Même s’ils n’atteignirent jamais ce but, les Allemands construisirent néanmoins une centaine de sous-marins beaucoup plus efficaces, se mouvant sous l’eau grâce à l’énergie électrique. Leur vitesse maximale pouvait atteindre 17 nœuds, presque le double de la vitesse des sous-marins précédents. Cependant, ils n’entrèrent en service qu’en février 1945 et ne furent opérationnels et envoyés en mission qu’à la fin d’avril, trop tard pour appuyer les armées allemandes, pressées vers la retraite longtemps avant. La buse d’aération, avait été créée comme parade à la nouvelle menace touchant les sousmarins en surface, tout comme une autre innovation technologique : le détecteur de radars. Les U-Boots étaient équipés de dispositifs les alertant de la présence de radars aériens ou sur navires, ce qui leur permettait d’échapper à la détection. Au départ, ces détecteurs ne fonctionnaient que sur les radars alliés les plus anciens, ce qui signifiait que les radars récents, plus précis d’ailleurs, permettaient toujours de surprendre des sous-marins. Une autre avancée technologique importante touchait l’armement des sous-marins. Les anciennes torpilles devaient être lancées à courte distance (de préférence, moins d’un kilomètre) pour avoir des chances d’atteindre leur but. Ce n’étaient pas des torpilles à système de guidage : elles parcouraient un trajet prédéterminé et devaient donc être dirigées avec une grande précision. Elles manquaient leur cible dans environ 50 % des cas. À mesure que la guerre avançait, les Allemands travaillèrent à améliorer ces armes peu fiables en y introduisant des dispositifs de guidage ou de direction. Ces torpilles dirigeables mettaient le cap sur les sources de bruit et, lors de leur introduction, à l’automne de 1943, elles devinrent des armes dévastatrices. Une flotte de navires de guerre canadiens fur au nombre des premières victimes des torpilles acoustiques. Cependant, les Alliés finirent par pouvoir tromper ces torpilles en lançant des bruiteurs à distance, de sorte que les torpilles acoustiques ne constituèrent plus qu’une menace occasionnelle durant le reste de la guerre. Toute une gamme de nouveaux systèmes, en évolution constante, permit de contrer la menace des sous-marins. L’un de ces systèmes était constitué de filets à torpilles, utilisés pour la protection des navires et des ports. Parmi les autres perfectionnements, on trouvait aussi les radars à ondes courtes, les sonars, des grenades de fonds plus efficaces et des équipements de détection magnétique d’anomalies. (retour vers la Guerre des convois) (retour à l’encadré) 49 Sonar, radar et HF / DF Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, les Alliés perfectionnèrent plusieurs systèmes de détection des sous-marins. Au début de la guerre, les navires escorteurs en étaient parfois réduits à combattre un ennemi invisible. Cependant, à mesure que progressait la guerre, les instruments permettant de chasser les sous-marins s’améliorèrent radicalement. Vers la fin de la guerre, les Alliés utilisaient des sonars, des radars et des systèmes de radiogoniométrie haute fréquence (HF/DF) pour détecter les U-Boots et les pourchasser sans relâche jusqu’à leur destruction. Le sonar est un système de détection sous-marine recourant aux ondes sonores pour localiser un objet. Il peut être utilisé soit en mode actif (en envoyant des ondes sonores et en mesurant les retours d’ondes pour relever la position de l’objet) ou en mode passif (comme un microphone très sensible). Le son se diffuse très bien sous l’eau et par conséquent, le son émis par un sousmarin ou l’écho d’une émission d’ondes du sonar pouvaient être utilisés efficacement pour détecter un sous-marin jusqu’à une distance d’environ deux kilomètres. Certains sonars passifs développés plus tard durant la guerre permettaient de détecter le bruit d’un sous-marin jusqu’à cinq kilomètres, dans des conditions maritimes idéales. L’état de la mer était très important car une tempête en surface créait beaucoup de bruit de fond dans l’eau, tout en ballottant le navire porteur de sonar. Durant la guerre, les sonars étaient baptisés ASDIC (Allied Submarine Detection Investigation Committee), signifiant commission commune franco-britannique de lutte anti-sous-marine inventeure des premiers sonars. Le radar est un dispositif de détection qui émet de l’énergie qui rebondira sur les objets qu’elle frappe. Comme pour un sonar, en mesurant le temps de retour et en identifiant la direction de leur source, le radar pouvait servir à localiser des objets. Cependant, le radar était impuissant à détecter des cibles sous-marines. Il n’était efficace qu’à la surface de l’océan. Et là aussi, les conditions maritimes étaient importantes. Si la mer était déchaînée, les échos provenant d’un sous-marin détecté pouvaient se perdre dans le fouillis d’échos des vagues. Pendant la durée de la guerre, les Alliés perfectionnèrent les radars pour les déployer dans des avions (ce qui était jugé infaisable par les Allemands) et leur donner une meilleure résolution. Vers la fin de la guerre, certains des radars installés sur les navires les plus évolués créés par les Alliés pouvaient détecter le périscope d’un sous-marin à une distance pouvant atteindre neuf kilomètres, sous conditions idéales. Les radiogoniomètres de détection à haute fréquence (HF/DF ou « huff-duff ») interceptaient les transmissions radio des sous-marins allemands et identifiaient la direction du lieu d’origine de la transmission. Un unique relevé de position pouvait servir de guide général, mais, si plus d’un navire escorteur de convoi établissait ses propres relevés, les navires escorteurs pouvaient déterminer par recoupements la position exacte d’un sous-marin. Les HF/DF étaient utilisés tant à bord de navires qu’à partir de stations côtières. En certaines occasions, la combinaison de relevés de stations fixes et de senseurs locaux en mer fournissait aux Alliés des informations très précises quant à la position de sous-marins. Une fois les navires escorteurs en possession de ces positions, la chasse au U-Boot pouvait commencer. (retour à la barre de menu) 50 La puissance aérienne et la bataille de l’Atlantique Tant les Alliés que les forces de l’Axe recouraient à l’aviation afin d’appuyer leurs marines sur l’Atlantique Nord. Ces patrouilleurs aériens balayaient rapidement de vastes étendues d’océan et pouvaient être utilisés pour détecter les navires ennemis, repousser ou attaquer ceux-ci. Tôt durant la guerre, l’appui aérien était limité à une portée de quelques centaines de milles à l’écart des principales bases aériennes. Par conséquent, les U-Boots patrouillant le centre de l’océan n’avaient pas à restreindre leurs activités en raison des dangers émanant de patrouilles aériennes et les convois eux-mêmes risquaient moins d’être espionnés par l’aviation allemande. Cependant, l’évolution de la technologie aérienne prit de part et d’autre des orientations distinctes. Des deux côtés, on préparait des avions d’appui maritime de plus grande portée pour remplacer les avions utilisés au début de la guerre, mais les Allemands souffraient de plusieurs failles. De leur côté, en septembre 1941, les Anglais commencèrent à utiliser un nouvel avion, le Liberator, de conception américaine. Bien qu’à plusieurs points de vue, ce fût un avion dépourvu d’élégance, il possédait un long rayon d’action et pouvait embarquer un important chargement d’armes. Le Liberator resta néanmoins en service durant toute une année mais il fut affecté à des escadrilles bombardant l’Allemagne. Cette décision était controversée : certains estimaient que le Liberator était d’une grande utilité pour appuyer les convois sur l’Atlantique tandis que d’autres jugeaient qu’il amenait de meilleurs résultats en bombardant les chantiers navals et les autres installations allemandes qui construisaient et assuraient la maintenance de la flotte de UBoots. Accroître la portée de la protection aérienne et doter les avions de radars, ce que les Allemands avaient cru impossible en raison de la forte consommation d’électricité et de la taille des premiers radars, força les U-Boots à agir avec précaution dans toutes les zones d’opération et découragea l’utilisation de navires de surface et d’autres sous-marins pour des missions de ravitaillement. Les systèmes radar étaient en mesure de détecter un U-Boot ayant entièrement fait surface. Comme les U-Boots devaient régulièrement faire surface, les radars aériens constituaient un grand danger pour les sous-marins allemands. Cependant, les premiers radars produisaient trop d’échos erronés et, étant donné que les U-Boots préféraient opérer la nuit à la surface, les premiers radars n’étaient pas assez précis pour garantir l’interception des sousmarins. Un outil prosaïque, le projecteur Leigh, un projecteur de poursuite très brillant monté sur les avions, permit de franchir un grand pas vers l’avant dans l’interception des sous-marins à la surface la nuit. Un équipage aérien ayant obtenu un contact radar sporadique la nuit pouvait utiliser le projecteur pour fouiller efficacement l’océan. L’équipage pouvait alors mitrailler ou bombarder le U-Boot ou lancer contre celui-ci des grenades de fond. Le projecteur n’était utilisé que durant la dernière minute ou les trente secondes de l’approche afin de conserver pour l’avion l’effet de surprise. Une autre technologie commença à être utilisée durant la guerre : le détecteur d’anomalie magnétique, ou MAD. Le MAD était utilisé à bord des avions et il pouvait même détecter un UBoot immergé sur la base des distorsions magnétiques créées par la coque métallique du sousmarin. Ces innovations atteignirent leur but : dans le cours de l’année 1942, le rythme de destruction de sous-marins tripla, plus de la moitié de ces destructions étant causées par l’aviation alliée. Le service déterminant la protection aérienne en mer, le Britain’s Coastal Command, comptait cinq escadrons canadiens au plus fort de la guerre des U-Boots en 1943. (retour à la barre de menu) 51 Le renseignement dans la bataille de l’Atlantique Il était possible de demeurer à l’écart des U-Boots grâce à la radiogoniométrie à haute fréquence qui détectait l’origine de signaux radio dans l’océan par le biais d’équipements très sensibles ainsi que grâce au renseignement. La plus importante percée de toute la guerre en matière de renseignement se produisit en 1941 : les Alliés commencèrent à déchiffrer régulièrement des messages codés allemands hautement secrets. Ces messages étaient codés par une machine, la machine Enigma, qui utilisait un code pour brouiller les messages. Le même code pouvait être utilisé sur une machine identique pour déchiffrer les messages. La mécanique de la machine Enigma était si complexe qu’il avait été très difficile pour les Alliés de casser le code. Les messages déchiffrés étaient appelés « Ultra » et constituaient une source si précieuse que les Alliés se donnaient beaucoup de mal pour cacher le fait qu’ils pouvaient lire les messages allemands. Pendant un raid de commando en février 1941, les Alliés s’emparèrent d’une machine Enigma à bord d’un chalutier allemand au nord de la Norvège de même que du code en vigueur et de plusieurs pièces de machine. Cela permit aux déchiffreurs alliés d’avoir l’occasion de réviser leur travail antérieur et de lire couramment les messages. Casser les codes d’Enigma conduisit à l’invention et à la première utilisation d’ordinateurs. En juin 1941, cette percée du renseignement porta fruits dans la guerre des convois lors de la défense réussie du convoi HX133. Ce convoi et deux autres (OB335 et 336) avaient été détournés et les navires escorteurs guidés de façon à engager le combat avec les U-Boots sur la base de décryptages Ultra. Afin de protéger la source de ces renseignements, on prétendit qu’il s’agissait du résultat d’un travail de recherche de trajet. Les Alliés furent victorieux de la bataille de convois qui s’ensuivit bien que la performance des navires escorteurs canadiens lors de cette défense fut critiquée par les vis-à-vis anglais. Le manque de transmission des signaux, de livres de codes mis à jour, et d’autres éléments de base nécessaires diminuaient la capacité des corvettes canadiennes et de leur équipage de poursuivre l’attaque des sous-marins. Deux UBoots furent néanmoins coulés dont l’un commandé par un as des U-Boots et un troisième endommagé. Cette bataille eut lieu à un moment charnière de la bataille de l’Atlantique. Après juin 1941, les pertes subies par les Alliés aux mains de sous-marins se raréfièrent. Les Alliés en rendirent responsables les activités d’escorte du départ à l’arrivée et le renseignement. Les Allemands en blâmèrent une mauvaise visibilité et le déroutage de sous-marins de l’Atlantique vers d’autres opérations. Les Allemands croyaient toutefois que les sous-marins représentaient leur meilleure arme pour la guerre maritime. De nouvelles bases en Europe occidentale permirent aux Allemands de déplacer leurs attaques vers des routes moins bien défendues, vers d’autres trajets de convois, les grands ports du Nord et de l’Amérique du Sud et la Méditerranée. (retour à la barre de menu Ultra) (retour à la barre de menu Bismarck) 52 Exemples d’activités en classe à utiliser avec cette section Interdépendance • Identifiez la destruction d’un navire durant les deux premiers mois de la guerre (septembre ou octobre 1939). Comparez les réactions du public et des gouvernements dans au moins deux pays. • Discutez la question de l’utilisation de convois plutôt que la libre navigation des navires au large des côtes du Canada et des États-Unis. Analysez les avantages de la coopération et les questions de souveraineté et de neutralité. • Préparez une courte présentation à propos des effets de l’effort de guerre sur la vie des Canadiens et Canadiennes ordinaires. Choisissez des thèmes : la décision d’entrer en guerre, les droits des femmes, la main-d’œuvre, la conscription, le rationnement ou le développement industriel. • Examinez les relations entre la Marine Royale du Canada, la Royal Navy et la marine des États-Unis. Jusqu’à quel point ces organisations travaillaient-elles de concert durant la guerre ? Proposez deux changements qui auraient pu améliorer ces relations et les rendre plus efficaces durant la guerre. Chronologie, continuité et changement • Trouvez deux histoires de Canadiens ayant servi à bord de navires escorteurs durant la Seconde Guerre mondiale. Comparez ces témoignages avec les critiques dirigées contre la MRC en 1943. Analysez les motivations et les biais des histoires que vous consultez. • Identifiez le rôle joué par un individu pendant la bataille de l’Atlantique et préparez une courte présentation biographique. Vous pouvez utiliser un exemple mettant en scène du personnel de l’une ou l’autre des parties du conflit. • Préparez une courte présentation au sujet des dangers que couraient les navires marchands durant la Seconde Guerre mondiale. Expliquez comment et pourquoi certains des risques inhérents à la navigation sur l’Atlantique Nord ont changé pendant la guerre. Vous pourriez utiliser des thèmes tels que : la menace sous-marine, le danger émanant des navires de surface ou encore le danger provenant de l’aviation allemande. • Examinez l’utilisation des convois au cours de la Première et de la Seconde Guerre mondiales. Les expériences se ressemblaient-elles ? En quoi différaient-elles ? • Examinez la situation des marines marchande et militaire du Canada. Comment ces flottes ont-elles changé depuis la Seconde Guerre mondiale ? Quels facteurs ont entraîné ces changements ? Comment ces changements affectent-ils le Canada et ses relations internationales ? 53 Activités générales en classe • Demandez à des groupes de créer de courts tableaux chronologiques basés sur différentes catégories d’événements survenus durant la Seconde Guerre mondiale puis combinez ces tableaux chronologiques. Par exemple, désignez trois groupes et donnez à chacun l’un des thèmes suivants : la politique au Canada, la guerre maritime et les batailles en Europe. Chaque groupe devra identifier un certain nombre d’événements pertinents pour leur thème et créer un simple tableau d’une page contenant les dates et noms des événements. Certains professeurs préféreront peut-être demander une courte description des événements ou des motifs ayant amené le groupe à choisir ces événements dans la cadre de leur tableau chronologique. Exemples de thèmes : les batailles d’Afrique / d’Asie / de l’Atlantique / d’Europe ou du Pacifique, conférences et traités, politiques en Angleterre / au Canada / en France / en Allemagne et aux États-Unis, technologies aérienne / maritime / terrestre. • Divisez la classe en groupes et attribuez à chaque groupe la personnalité d’un des pays belligérants de la Seconde Guerre mondiale en bordure de l’Atlantique (par exemple, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, le Canada, la Norvège ou les États-Unis). Chaque groupe devrait préparer un court énoncé décrivant les raisons pour lesquelles l’Atlantique est important pour leur nation et la façon dont ils entendent mener le combat en mer. Afin de provoquer une perception du changement au fil des ans, demandez aux groupes de considérer le même pays en 1939 et en 1943. o Vous pourriez aussi demander à chaque groupe d’identifier deux grandes villes portuaires de leur pays. Demandez aux groupes de préparer une carte indiquant l’emplacement des ports ainsi qu’une introduction à la cité portuaire et un bref aperçu du rôle joué par ces ports durant la bataille de l’Atlantique. • Complétez l’exercice visant à assembler un convoi, soit avec toute la classe ou en groupes. Utilisez un petit groupe de navires, par exemple une vingtaine de navires marchands et quatre ou cinq navires escorteurs. Dessinez un diagramme de la disposition finale. Tenez compte des éléments suivants : o o o o o Cargo marchand : sa valeur, le danger à l’égard des autres navires, l’utilisation durant la traversée ou sa destination; Défense contre les attaques de sous-marins, de navires de surface ou d’avions; Communications; « Poste de maintien » : chargé du maintien de la formation du convoi dans une mer difficile et tout au long des changements de cap; Tâches reliées au convoi telles que la vigie, les opérations de sauvetage ou le transport d’équipements tels que des systèmes HF/DF. 54 Ressources Sites Web http://www.veterans.gc.ca/souvenir/ - Site des Anciens combattants du Canada http://www.junobeach.org/main_french.html - Site officiel du Centre Juno Beach http://www.museedelaguerre.ca/mcg/accueil - Site officiel du Musée canadien de la guerre http://www.bbc.co.uk/history/war/wwtwo/ - Site de la BBC http://www.liverpoolmuseums.org.uk/maritime/ - Merseyside Maritime Museum http://www.virtualmuseum.ca/Exhibitions/Militaris/f_index.html - Musée virtuel Canada Vidéo : Courts métrages de l’Office national du film War at Sea. Part I : les U-Boots dans le Saint-Laurent (47 min) War at Sea. Part II: The Black Pit (48 min, 4 sec) La marine canadienne (29 min, 25 sec) Une histoire de la marine canadienne depuis 1900. Les cargos sous le feu ennemi (26 min) Un hommage aux hommes de la marine marchande. Pour plus d’information, communiquer avec l’Office national du film du Canada. Sources / Lectures recommandées aux fins de recherche : La bataille de l’Atlantique et le rôle du Canada ont fait l’objet d’un vaste éventail de publications scientifiques. Quatre textes sont particulièrement intéressants en guise d’introduction : Douglas, Sarty and Whitby. No Higher Purpose. St. Catherine’s, Ontario: Vanwell, 2002. Lamb, James. The Corvette Navy. Toronto, Ontario: MacMillan. Milner, Marc. North Atlantic Run: The Royal Canadian Navy and the Battle for the Convoys. Toronto: University of Toronto Press, 1985. Parker, Mike. Running the Gauntlet. Halifax, Nova Scotia: Nimbus Publishing, 1994. 55 Outre ceux-ci, on trouve aussi plusieurs autres documents très utiles : Bennett, Ralph. Behind the Battle: Intelligence in the war with Germany, 1939-1945. London: Pimlico, 1999. Creswell, John. Sea Warfare, 1939-1945. Los Angeles: University of California Press, 1967. Dunmore, Spencer. In Great Waters: The Epic Story of the Battle of the Atlantic, 19391945. Toronto: McClelland and Stewart, 1999. Hadley, Michael. U-Boats against Canada: German Submarines in Canadian Waters. Montreal: McGill-Queen’s University Press, 1985. Macintyre, Donald. The Battle of the Atlantic. London: B.T. Batsford Ltd., 1961. Middlebrook, M. Convoy. NY: William Morrow and Company, Inc., 1977. Schull, Joseph. The Far Distant Ships: An Official Account of Canadian Naval Operations in the Second World War. Ottawa: Edward Cloutier, King’s Printer, 1950. Von der Porten, Edward. The German Navy in World War II. New York: Thomas Y. Cromwell, 1969. Zimmerman, David. The Great Naval Battle of Ottawa. Toronto: University of Toronto Press, 1989. (retour à la section de documentation historique) 56 Lexique ASDIC Première version des sonars placés sur les navires de guerre vers la fin de la Première Guerre mondiale et durant toute la Seconde Guerre mondiale. ASDIC est l’anagramme anglaise de Anti-Submarine Detection Investigation Committee (commission commune franco-britannique de lutte anti-sous-marine), qui était le nom du groupe ayant implanté les premiers systèmes de détection sous-marine basés sur des ondes sonores. Blitzkrieg Littéralement : « guerre éclair ». Ce terme s’applique à l’utilisation simultanée de plusieurs types différents d’unités militaires afin de mener une attaque puissante et rapide. Lors de leurs attaques, les Allemands combinaient avions, chars d’assaut, fantassins et artillerie. Blocus En mer, un blocus empêche les autres navires d’entrer ou de sortir d’un périmètre donné, comme un port ou une rade. Conscription La réquisition obligatoire de personnes pour le service militaire. Les conscrits n’étaient pas des volontaires : ils avaient ordre de servir dans l’armée. La conscription entraîna, au Canada, d’importantes controverses. Convoi Un convoi est un rassemblement de navires marchands naviguant de concert, équipés et préparés pour l’auto-défense. Il peut inclure des navires de guerre escorteurs. Corridor maritime Route fréquemment utilisée par les navires en mer. Corvette Un petit navire de guerre conçu sur le modèle d’un baleinier. Les corvettes ne pouvaient porter d’armement important ou loger un grand équipage. Winston Churchill les décrivait comme « bon marché et vilaines », bon marché à construire et vilaines pour l’ennemi. Les corvettes jaugeaient habituellement moins de 1 000 tonnes. Croiseur Navire de guerre de taille moyenne, possédant une solide cuirasse et des armes légères. La plupart des croiseurs jaugeaient de dix à vingt mille tonnes et arboraient des canons de huit pouces. Cuirassé Un grand navire de guerre cuirassé dont les armes principales sont de gros canons d’un même calibre. Habituellement, les cuirassés jaugeaient plus de 25 000 tonnes et comportaient principalement des canons dont l’âme avait un diamètre de plus de douze pouces. Destroyer Petit navire de guerre muni d’armement léger et d’une petite cuirasse. Les destroyers étaient des navires de lutte anti-sous-marine très efficaces car ils étaient rapides, maniables et disposaient habituellement d’un meilleur équipement de détection que les corvettes. Les destroyers jaugeaient habituellement de deux à trois mille tonnes. 57 Enrôlement Action de joindre une division de l’armée, habituellement volontairement. Escorte (rapprochée et mobile) Navires de guerre qui protégeaient les autres navires ou convois. Les navires escorteurs étaient habituellement organisés en groupes, par exemple : un ou deux destroyers et quatre corvettes travaillant toujours de concert sur les routes de convois. Cette pratique permettait au groupe d’apprendre à travailler plus efficacement en équipe de navires dotés d’équipements et d’armes variés. Les navires d’escorte rapprochée désignent les groupes d’escorteurs agissant à quelques milliers de verges de leur convoi. Les escortes rapprochées n’autorisaient pas que les navires marchands et leurs navires de guerre escorteurs soient séparés par de grandes distances, ce qui aurait risqué d’ouvrir des brèches dans l’écran de protection du convoi. Les navires d’escorte mobile chassaient plus agressivement les U-Boots, tentant d’endommager ou de détruire les sous-marins allemands. Cela privait parfois le convoi de sa protection, mais un sous-marin détourné ou endommagé loin du convoi avait peu de chances de revenir menacer le convoi. Frégate Navire de guerre légèrement plus petit qu’un destroyer. Équipée d’armes légères, la frégate était conçue comme un navire anti-sous-marin conservant certains des avantages de la corvette, notamment son cercle de retournement restreint. Les frégates jaugeaient habituellement entre mille et deux mille tonnes. Grenades de fond Charges explosives qui éclataient à une profondeur prédéterminée. Cette arme simple revêtait plusieurs formes durant la guerre, y compris les grenades de fond lancées mécaniquement, les grenades jetées de la poupe d’un navire de guerre ou des grenades lancées en groupe de trois ou plus. Jauge Poids ou volume d’eau déplacé par un navire, mesure du poids ou du chargement d’un navire. Meute de loups Groupe de sous-marins, plus spécifiquement de sous-marins allemands. Habituellement, la meute de loups se déployait de façon à chevaucher, si possible, une route de convoi. Les commandants communiquaient par radio avec leurs quartiers généraux et les uns avec les autres afin de coordonner leurs attaques. Navire de guerre Navire conçu et construit pour utilisation militaire. Habituellement, le terme navire de guerre décrit des navires destinés au combat plutôt que des navires de soutien ou de très petits bateaux. Navire MAC Porte-avions transformés en navire marchand. Ces porte-avions ne possédaient pas d’ascenseur ni de hangar comme les porte-avions escorteurs. Leurs avions étaient habituellement fixés sur le pont derrière un brise-vent. Sous leur pont d’envol, les navires MAC demeuraient des cargos conventionnels. 58 Navire marchand Navires qui transportaient du fret ou de l’équipement de guerre. Il y en avait une grande variété, allant des pétroliers et céréaliers jusqu’aux navires chargés de minerai ou de liège. Certains étaient armés de canons de pont et d’armes anti-aériennes. Navire marchand à catapulte Ce type de navire comportait un seul chasseur monté sur rails pour décollage à l’aide de fusées. Lorsque le navire ou son convoi était menacé, le chasseur pouvait être lancé. Cependant, il était impossible de récupérer l’avion et donc, le pilote devait souvent procéder à un amerrissage d’urgence dans l’eau glacée. Étant donné que le chasseur se trouvait exposé sur le rail de lancement, la maintenance de cet équipement à travers les embruns et la glace sur l’océan était difficile et dangereux. Pétrolier Pétrolier : navire conçu et construit pour transporter du pétrole ou des produits pétroliers. Porte-avion Un navire destiné à offrir des installations pour des avions en mer. Il comporte normalement un vaste pont d’atterrissage plat pour l’atterrissage et le décollage d’avions ainsi que des catapultes pour lancer l’appareil au décollage, des filets de retenue pour aider à l’atterrissage et des ascenseurs pour diriger les avions vers leur hangar situé sous la piste ou vers le pont. Porte-avions escorteur Porte-avions léger, ayant habituellement le tiers de la taille d’un porte-avions principal ou porte-escadron. Les porte-avions escorteurs transportaient habituellement une vingtaine d’avions. Les porte-avions escorteurs jaugeaient habituellement moins de dix mille tonnes. Saborder Action de couler délibérément un navire, habituellement en endommageant volontairement la coque de l’intérieur. Cette fin ignominieuse pour un navire lui était soit infligée par un ennemi après la capture du navire ou décidée par un commandant en dernier ressort pour éviter la capture. Sonar SOund NAvigation Ranging. Le sonar émet des ondes sonores sous l’eau, puis mesure la durée et l’origine des échos sonores. Cela permet aux sonars de localiser des objets sous l’eau. L’émission de sons est décrite comme une « utilisation active » du sonar. L’onde sonore émise est appelée une impulsion. La plupart des sonars peuvent aussi être utilisés comme équipements « passifs ». Leurs microphones ultra-sensibles leur permettent de percevoir des sons, par exemple celui d’une hélice de sous-marin, à une très grande distance. Sous-marin Navire pouvant naviguer sous l’eau. Tramp à vapeur Navires sans agenda régulier, pouvant être affrétés à demande pour transporter du fret. Le terme signifie souvent que le navire est vieux ou vétuste. 59 Transport de troupes Navires construits ou transformés en vue de transporter du personnel militaire. Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs navires de passagers furent réquisitionnés et convertis en transports de troupes. Ces navires étaient habituellement dotés d’accommodations très spartiates, par exemple : de longues rangées de couchettes ou de hamacs. U-Boot Sous-marin allemand, venant de l’allemand « Unterseeboot », navire sous-marin. 60 Chronologie de la Seconde Guerre mondiale Prélude 11 novembre 1918 L’Armistice met fin aux combats de la Première Guerre mondiale. 28 juin 1919 Le traité de Versailles met fin à la Première Guerre mondiale. Les deux parties considèrent que ce traité est punitif. 30 janvier 1933 Hitler devient Chancelier de l’Allemagne. 12 mars 1938 L’Allemagne attaque l’Autriche. 1er octobre 1938 L’Allemagne attaque la Tchécoslovaquie. 23 août 1939 Pacte Molotov-Ribbentrop (traité de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS). La Seconde Guerre mondiale 1er septembre 1939 L’Allemagne attaque la Pologne. 3 septembre 1939 L’Angleterre et la France déclarent la guerre. Un U-Boot allemand coule l’Athenia et commence la bataille de l’Atlantique. 10 septembre 1939 17 septembre 1939 14 octobre 1939 17 décembre 1939 9 avril 1940 10 mai 1940 Le Canada déclare la guerre. L’URSS attaque la Pologne. Un U-Boot coule le Royal Oak, navire de guerre britannique dans un port « sécuritaire ». Le navire de combat « de poche » allemand Graf Spee est sabordé en Amérique du Sud après avoir perdu la bataille contre les forces navales de surface britanniques. L’Allemagne attaque le Danemark et la Norvège. L’Allemagne attaque la Hollande, la Belgique et le Luxembourg. L’Allemagne attaque la France. 12 mai 1940 Les forces britanniques fuient le continent à Dunkerke. 4 juin 1940 61 62 22 juin 1940 La France signe une armistice avec les puissances de l’Axe. 10 juillet 1940 La bataille d’Angleterre commence. 15 août 1940 Apogée de la bataille d’Angleterre. 14 novembre 1940 Bombardement de Coventry. 11 mars 1941 La Loi sur le prêt-bail est adoptée aux É.U. 24 mai 1941 Le croiseur de combat britannique Hood est coulé par le navire allemand Bismarck. 27 mai 1941 Le Bismarck est coulé. 22 juin 1941 L’Allemagne attaque l’URSS, brisant son pacte de nonagression. 12 juillet 1941 L’Angleterre signe un traité visant à soutenir l’URSS. 8 septembre 1941 Début du siège de Leningrad. 8 novembre 1941 L’Allemagne attaque la Crimée. 5 décembre 1941 Les soviétiques stoppent l’avance allemande vers Moscou. 7 décembre 1941 Pearl Harbour est bombardé. 11 décembre 1941 L’Allemagne et l’Italie déclarent la guerre aux États-Unis. 1 janvier 1942 Déclaration de l’ONU signée par 26 pays à Washington, D.C. 6 mai 1942 Les forces américaines aux Philippines se rendent. 12 août 1942 Les Alliés se réunissent à Moscou pour discuter du Deuxième front. 19 août 1942 Le raid des Alliés sur Dieppe échoue. 27 novembre 1942 La flotte française est sabordée dans la rade de Toulon. 30 janvier 1943 L’Amiral Karl Donitz prend la tête de la marine allemande. 22 juin 1943 Les U-Boots allemands se retirent de l’Atlantique. C’est une grande victoire pour les Alliés dans la bataille de l’Atlantique. 63 9 juillet 1943 Les Alliés envahissent la Sicile. 3 septembre 1943 Les Alliés envahissent l’Italie. 8 septembre 1943 L’Italie capitule. 13 octobre 1943 L’Italie déclare la guerre à l’Allemagne. 28 novembre 1943 Roosevelt, Churchill et Staline se rencontrent en Iran pour planifier le deuxième front en Europe. 27 janvier 1944 Les Soviétiques brisent le siège de Leningrad et défont les Allemands. 30 mars 1944 Les Alliés bombardent Nuremberg. 6 juin 1944 Jour-J : la Normandie est envahie par les forces alliées. 25 août 1944 Paris est libéré. 28 novembre 1944 Le pont d’Anvers, en Belgique, est rouvert. 16 décembre 1944 La bataille des Ardennes (les Allemands contre-attaquent dans les Ardennes) 16 janvier 1945 La contre-attaque allemande est défaite. 4 février 1945 Les leaders Alliés se rencontrent à la conférence d’Yalta. 23 avril 1945 Les forces soviétiques entrent dans Berlin. 30 avril 1945 Hitler se suicide. 7 mai 1945 L’Allemagne capitule. 8 mai 1945 Jour de la Victoire en Europe (Jour VE). 16 juillet 1945 Premier essai de la bombe atomique. 6 / 9 août 1945 Des bombes atomiques sont lancées par les É.U. sur Hiroshima et Nagasaki. 14 août 1945 Le Japon capitule. (retour vers la section d’informations historiques)