Multiloque Carpe Diem
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Multiloque Carpe Diem
Multiloque Carpe Diem Frank A 2007 I. Rite météo — il fera rose partout . L’Amour est un météore fabuleux qui nous propulse pour notre plus grand bonheur de la métaphysique à la banalité. . Sexe — transa ion éphémère entre l’Être et le Néant Vertige humide de cet improbable entre-deux II. Éros & Éris . Éros, qui n’est qu’Éris pour moi Vous l’érigez au rang de monument Vous l’exigez comme condiment de vos appétits imminents Vous éru ez à sa confiscation Ére ions à sa conquête Déréli ions à sa perte Éle ions de son arbitraire permanent. . Éros m’hérisse D’errance mon essence se dilapide D’étrange mes eaux virent à l’orange Et Éris m’arrose d’iris bienveillants III. Le scorpion rouge Mars écorché, Mars calfeutré, Mars doucereux Mars sur un fil d’avril Est le jaillissement soudain de son dard puissant ; Une tarentule dans une bain de miel. Il convoque l’enfer de sa progéniture Phobos (la peur) et Deimos (la terreur) Il vous paralyse de culpabilité et d’effroi Et il vous dévore de votre haine intérieure. Vous restez à demi-mort, apercevant Charron au loin comme un sac sec sans suc Mars scorpionne déjà vers son prochain gisement de sang noir. IV. L’ange déçu . Personne ne sait vraiment pourquoi il meurt Seul l’animal vit sa vraie nature d’homme — un ange muet ou un diable sourd. Seul l’homme exerce son métier d’animal — Dieu de chair ou machine sanguinaire. . En cheveux, on te voit en oripeaux, un linceul d’angoisse C’est ta chair meurtrie et invisible Ta bile morte Tes angoisses inexistentielles Ta gloire inexistante Car tu n’es rien Je t’ai enfouie dans mon nihilisme infini V Qui peut juger aujourd’hui ; qui peut seulement entendre le bruit désastreux du monde ? VI. La liquidation des activités à l’entrée des grandes villes (olympiques) Hier on remettait l’ouvrage sur le métier Aujourd’hui, les métiers s’en remettent à Dieu Son grand dessein pour les hommes, sa seule œuvre au fond Qu’est-il, au juste ? Une vaste liquidation des a ivités Un exil général sur la planète Mercure Dans les cités sans ciel du dieu sans foi ni peur Équarrisseur, boucher ou juge, le choix est rapide et définitif Vos tripes et vos mains ne sont que des vestiges de l’ignorance apprise d’antan L’homme est le métier di aru de la Création. VII. La vie est un sortilège C’est un chien sortant d’un ascenseur éteint dans la nuit anonyme. VIII. Joshua Noctambule . Jours sombres Tapi dans l’ombre Le muscle tendu Soldat de plomb Sur le tapis rouge du combat incessant Mars paradant rutilant Sous le Soleil qui le flatte de ses faveurs condescendantes Mars plonge Jupiter rougeoyant dans la mer C’est presque fini C’est le commencement de la fin ou plutôt l’achèvement du début. . Nuits claires Sous la lune argentée Apollon n’est pas moins terrible que Mars Mais il est beau Là où Mars n’est que fol et fort Le fantassin lourd, laborieux a fait place à l’archer agile et gracieux Pourtant, ni l’un ni l’autre ne gagnent ni ne perdent tout à fait La Lune sourit et embrase le Soleil. IX. Grâce et force Ils avaient la force Mais hélas ils n’eurent le temps d’avoir aucune grâce Et la force ne dure pas toujours, menaçant de les engloutir Alors me voici en successeur j’ai la force et j’ai d’ores et déjà maintes fois vu la grâce, j’ai même été, en quelque heur exceptionnel, son éphémère détenteur Il me faut maintenant la posséder tout à fait Pour pouvoir la voir naître un jour et lui transmettre ma force émerveillée. X. Rage dedans . Sa bile ruisselle Dans un vaste trou noir Grand Ordinateur du monde Binaire : vie & mort Mon sang noir Pourri par la rage Et les lueurs — autant De faux e oirs — Vient bientôt l’y rejoindre Ce grand rien. . Ça ne suffit plus de nous donner le jour, il faut immédiatement l’obscurcir de noirs desseins, le souiller du rouge trop impuissant de la haine de soi, et reporter sa rage ambitieuse sur les générations futures . Réprimer, réprimez normalisez, équarrissez vous multiplierez les furies, les anomalies, les barbaries, les nihilismes . Je ne pleurerai pas sur les cendres du combat Ce combat, c’est vous qui l’avez provoqué Je m’y suis enrôlé de force Je m’y suis montré sombre et brillant car mon existence n’est rien d’autre Mais non, aujourd’hui, au seuil de votre agonie, Je ne verserai aucune larme. Au contraire je di erse au vent tout sable et toute douleur Il en retombera peut-être des diamants noirs Sur votre sépulture anonyme. XI. Amédée . Le crime d’Aphrodite Hélas tes cuisses coûtent désormais si cher, douce Aphrodite, toi qui les a laissé se recouvrir du foutre rouge de Mars le sanguinaire. Un peu de ta sueur pour tout le sang des hommes Tu as fait de tout guerrier un dominateur dominé, un conquérant conquis Là où le bon sens de l’artisan Héphaïstos aurait pu suffire à te combler et à maîtriser tes caprices qui sont autant de chemins égarés, sur lesquels même Hermès s’est perdu. . Milieux extrêmes Au paradis de la soif, il n’y a pas de modération. Les hommes ont toujours soif n’en ont jamais assez et pensent ainsi être des dieux. En réalité, ils ne sont que des muscles, des nerfs tendus, des fils dérisoires tissés entre le Ciel et l’Enfer Torturés dans des glaciers de feu ou des geysers de glace Condamnés à l’errance, à la déception et à la déréli ion éternelles, ils sont autant de milieux extrêmes. . Définitions Dos au mur, donne-moi quelques définitions. . L C’est une matière qui résiste aux projets de l’e rit. La réalité de nos représentations contradi oires. Face à la hiérarchie des prestiges et des volontés, un corps est là pour dire « regarde comme je suis belle » ou pour affirmer « un homme est un homme, si tu t’en souviens encore ». . L C’est pouvoir, au moment de l’amour i.e. à la mort et à la naissance de tout balayer d’un geste jupitérien tous nos soucis féminins. . L Il y d’abord celle terrible que l’on mène contre soi-même toute la violence que l’on s’impose à soi-même pour avancer, y compris les matins doux et bleus où l’on n’a besoin ni envie de rien. Il y a enfin notre zèle imbécile contre autrui devenu un autre nous-mêmes. Au firmament de nos haines schizophrènes, nous érodons nos volontés et nous érigeons des trophées qui n’existent plus que morts en dehors de nous-mêmes. XII. Le gladiateur hilare Le sang est l’ivresse des dieux fous et ambitieux. Qu’est-ce qu’un dieu fou ? C’est un homme qui court après la sueur et la gloire. Il vainc tant et plus Il triomphe jusqu’à oublier le sens du mot triomphe. Il chasse et tue toujours. Incessamment à l’affût de tout : autant d’opportunités sont autant de gibets de potence de son destin maudit. Il est mort hier ou aujourd’hui Mais, pour l’heure, il rit, il jubile devant son acmé silencieuse devant son trône éphémère à la tête d’un royaume invisible. C’est un rat courant dans une galerie (inter)minable ou un bélier dont les cornes finissent par rentrer dans la tête. Textes rédigés en par Frank A Publiés originellement sur velvetyne pour la nouvelle année Mise en page de l’auteur sous XeTeX avec la police Baskerville Pro de Frantisek S (Storm Type Foundry) ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡ ‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡‡