L`ARMEMENT DANS LE MONDE LE MONDE DE L - AA

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L`ARMEMENT DANS LE MONDE LE MONDE DE L - AA
L’ARMEMENT DANS LE MONDE
LE MONDE DE L’ARMEMENT
Y a t’il un marché de modernisation des armements d’origine soviétique ?
1.
Introduction
De nombreux pays pour des raisons, soit politiques - alignement ou alliance avec le bloc « socialiste » -, soit économiques - les matériels soviétiques étant renommés moins coûteux à l’achat que les équivalents occidentaux - avaient choisi de s’équiper en matériel de combat originaire
du bloc oriental. Lors de la chute de l’Union Soviétique ces pays ont été
démunis de leur source de rechanges.
La Guerre du Golfe a simultanément démontré que les armements
d’origine soviétique ne faisaient pas le poids face à leurs équivalents
occidentaux, en premier lieu dans les domaines électronique, « C3I » et en
fiabilité opérationnelle.
Les sociétés techniques européennes et américaines, qui faisaient alors
face à une diminution drastique de leurs commandes en provenance du
marché national, ont voulu s’approprier un nouveau marché à priori prometteur correspondant à l’incorporation sur des porteurs orientaux de
systèmes d’arme occidentaux. Ceci a concerné aussi bien des avions de
combat (Mig 21, Mig 29) des hélicoptères (Mi 24) des navires, et des
chars de combat, entres autres. Les pays concernés se situent en Europe
orientale, au Moyen Orient et en Asie.
Nous ne pouvons pas, faute de place examiner tous les cas de figure.
Nous avons choisi d’illustrer cette problématique par l’étude d’un cas, les
tentatives de modernisation du char T72, avec tout ce que cela comporte
d'aspects techniques, industriels, économiques, politiques.
2.
Les pays dotés des chars T72 et de leurs dérivés
La liste des pays équipés du char T72 ou de ses dérivés chinois, yougoslaves, pakistanais, polonais est impressionnante Au risque de laisser au lecteur une impression de visite du musée des Blindés, nous vous présentons
ci dessous (par grande zones géographiques) une liste de Pays, souvent
exotiques, équipés de chars T72 ou de ses dérivés .
•
Les PECOs et les pays neutres européens
La Bulgarie possède 340 T72. Dans le cadre d’une adhésion future à
l’OTAN, il existe bien projet de modernisation limitée à bas coût de 30
chars, mais aucun financement ne paraît disponible.
La Croatie possède sur son territoire l’usine de Duro Dakovic qui du
temps de la Yougoslavie ‘titiste’ produisait des T72 sous licence et des
dérivés M84. Un certain nombre on été modernisés sur le plan de la
conduite de tir par la société slovène Fotona ‘ Système EFCS –3.
La Finlande avait en 1998 lancé un appel d’offre destiné à un programme
de modernisation de son parc de 160 T72. Cependant, un achat de
Léopard 2 a été décidé en 2001, et corrélativement les T72 seront ferraillés.
La Hongrie voudrait bien moderniser ses 220 T72, mais pour des raisons
économiques le programme est reporté de quelques années. Il y a fort à
parier que d’ici là, des livraison à prix d’ami de Léopard 2 A4 par
l’Allemagne Fédérale auront raison de ce projet.
La Pologne possède un parc impressionnant de 700 T72 et 200 PT91,
version modernisée du T72, à partir d’équipements PCO et Elop.
En parallèle a été développé le PT 91 M pour le marché export, en premier pour la Malaisie. Avec une arme OTAN de 120 mm le PT91 M
pourra assurer la survie de l’industrie de défense polonaise, face à la livraison de 140 Léopard 2A4 allemand.
Des 540 T72 dont la République Tchèque avait hérité lors de la dissolution de la Tchécoslovaquie, l’Armée tchèque voulait moderniser 350
exemplaires avec la Conduite de Tir par TURMS de Galileo. Des problèmes économiques, des difficultés techniques, 2 à 3 ans de retard réduiront
au final à ne Moderniser que 30 exemplaires.
Bien que disposant d’un parc de 30 T72, la Roumanie n’envisage pas de
les moderniser, toutes les actions & ressources sont concentrées sur la reconstruction de 150 TR85, une version locale du T55. Le Projet TR125,
un T72 indigène est arrêté.
Peu d’informations sont disponibles vis à vis de l’état des 230 M84 de la
Serbie.
En Slovaquie, qui possède 270 T72, la modernisation des T72 sous définition Moderna bien que figée en 1997, reste non financée.
En Slovénie, après l’achèvement du programme de modernisation des 55
T55 par Fotona & ELBIT , il y a une possibilité de modernisation du parc
complet de 55 M84
•
Les pays arabes
L’Algérie possède au moins 500 chars T72. De nombreuses Conduites
de tir de modernisation dont Galileo (Italie), LIW (Afrique du Sud),
Sabca (Belgique), les Russes et les Ukrainiens, etc. ont été évaluées et
testées. Aucune information récente sur le programme de modernisation
de ces véhicules n’est disponible.
Le Koweït fait difficilement face au problème d’obtention des pièces de
rechanges conditionnant une éventuelle modernisation de ses 150 M84
(T72 yougoslave)
La Libye est un pays sortant de la liste des ‘Etats Voyous’, et de ce fait
très courtisé. Aucune décision n’a été prise sur les 140 T72 en service,
mais il faut noter une position forte des Slovaques, qui avaient construit
un centre de maintenance il y a 15 ans.
Le Maroc est un acquéreur récent du T72. Il s‘agit de 180 T72 de seconde main d’origine BELARUS, payés par les EAU (?),
En Syrie nous avons identifié 1400 T72. La modernisation de 100 (?)
T72 de la Garde Républicaine a été confiée à Galileo en 1998, grâce à
l’entregent des organismes tchèques. Cependant le contrat a été interrompu, pour des raisons techniques et politiques.
L’Irak est un pays « voyou » dont la connaissance de l’ordre de bataille
est peu précise. Il devrait rester 200 à 300 T72 en état de combattre ?
•
L’Asie
La Chine Populaire n’a pas de T72 dans son ordre de bataille. Son industriel national Norinco produits les chars T85 II et T90 II (similaires au
T72) pour l’exportation, au Pakistan et en Birmanie
L’Inde possède au moins 1700 T72. Le programme de reconstruction
d’une partie de ces T72, (vision de nuit, conduite de tir), bien que projeté
depuis près de 10 ans, reste non validé. Compte tenu de la difficulté d
mise au point du char indigène Arjun, l’Inde vient de conclure un contrat
avec la Russie pour l’achat et/ou la licence de 310 T90.
Le Pakistan, frère ennemi de l’Inde s’est doté de 320 T80 UD – origine Ukraine-, 200 T 85II –origine Chine -, et commence la production du
char Khalid. Aucune information crédible à ce jour sur sa politique
d‘armement n’est disponible.
Nous avons pu noter une forte présence chinoise dans l’Arsenal de Taxila
(T 85 II), Le Khalid est dérivé du T 90 II chinois
L’Iran a en premier lieu bénéficié de la livraison de quelques dizaines de
T72M1 par la Pologne au début des années 90. A présent ce pays produit
(par la société VEIG) sous licence russe du T72 S, dont quelques centaines seraient en service. Ne pas confondre avec la production du T72 Z
qui est un T59 chinois amélioré (arme & optique)
La Malaisie est un cas particulier, grâce à la relance du processus
d’acquisition d’un premier lot de 48 PT 91 M neufs de la société Bumar
(Pologne)
3.
Les chars T72 étaient en général très appréciés des Forces Blindées, leurs
équipages mettant en évidence de nombreux avantages d’emploi. Cet avis
favorable a été acquis en raison de l’intelligence de la conception
d’origine de ce char, dont une silhouette très basse, c’est à dire difficile à
détecter donc à atteindre, une mobilité acceptable, et une cadence de tir
élevée grâce à son chargement automatique.
4.
Les Faiblesses intrinsèques au T72
En dépit de ses éléments favorables, en cas de prise à partie par des armes
antichar modernes, ou par des chars de nouvelle génération, le char T72
révèle des faiblesses et sa capacité de survie dans un affrontement s’en
trouve affaiblie.
Les faiblesses principales peuvent être rappelées ci dessous :
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La conduite de tir, l’optronique et la stabilisation de l’arme principale ne permettent pas au tireur d’effectuer un tir en marche, ou à
l’arrêt, sur cible, fixe ou mobile, avec une probabilité de tir acceptable.
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Les capacités de vision nocturne pour l’équipage sont obsolètes.
•
Le poste chef de char est sous équipé en regard de ce qui demandé
par le Commandement. Ce chef de char n’a pas de possibilité réelle
d’observation sous blindage, puis de transfert rapide et précis d’une
cible au tireur, et finalement d’effectuer lui-même un tir précis en
condition d’urgence.
•
Le char ne dispose pas du moindre moyen moderne de navigation.
5.
Décembre 2002
Les attraits du T 72
Applications des nouvelles technologies
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L’ARMEMENT DANS LE MONDE
LE MONDE DE L’ARMEMENT
Y a t’il un marché de modernisation des armements d’origine soviétique ?
Durant la guerre Froide, les Industries d’armement ont mis au point des
équipements de nouvelles technologies devant compenser l’infériorité numérique et technique. Ces technologies qui ont été appliquées sur les
chars Léopard 2, Abrams, Challenger 2 et surtout le char Leclerc comprennent :
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Des stabilisations électriques de tourelles, qui permettent une
stabilisation efficace de l’arme et la gestion d’une fenêtre de tir
aussi petite que possible ;
Des viseurs équipés de caméras thermiques, ayant une portée de
reconnaissance de cible cohérente avec la distance d’efficacité du
canon de 120 ou 125 mm ;
Une nouvelle architecture du poste de chef de char lui donnant la
possibilité de prendre la priorité sur le tireur dans le pointage du canon ;
Une nouvelle architecture du poste tireur, lui donnant la capacité de
tir de jour comme de nuit, en marche comme à l’arrêt, sur cible fixe
ou mobile.
Un calculateur de tir digital élaborant les paramètres de tir à partir
des calculs balistiques à l’aide d’une vaste collection de capteurs et
de senseurs ;
Un système de gestion des fonctions tactiques allant des plus simples, telles que la présentation des positions ami / ennemi, et gestion
des communications, jusqu’à un véritable BMS (Système de
Gestion du Champ de Bataille), qui est un authentique multiplicateur de Forces.
6.
Problématique relative à l’amélioration du système de feu
Lors de sa conception, la tourelle du char T72 bénéficiait d’un équilibre et
d’une homogénéité de ses sous-systèmes. En particulier, il est à noter que
la portée de reconnaissance des optiques du tireur, de l’ordre de 1200 mètres, était cohérente avec le niveau de stabilisation de l’arme assurée par
le pointage électro-hydraulique.
Bien que des systèmes de modernisation de T72 soient sur le marché
certains de puis bientôt 10 ans, aucun contrat n’est à ce jour en vigueur .
Alors que des travaux de même ampleur ont été sélectionnés pour la mise
au standard OTAN des avions de combat (Mig 21, Mig 29) des hélicoptères (Mi 24), aucun contrat important relatif au T72 n’est aujourd’hui en
vigueur. Il est possible d’avancer les raisons suivantes à cet échec :
•
Sur le marché ‘européen’, concurrence des offres de livraisons
de Léopard 2 à très bas prix apparent par l’Allemagne ;
•
Sur le marché ‘arabe’, problématique des pays pouvant être
solvables et demandeurs, mais considérés comme semivoyous, et pour lesquels les autorisations d’exportation sont
aléatoires ;
•
Sur le marché ‘asiatique’, difficulté culturelle des décideurs de
certains pays à prendre des décisions ;
•
Les offres de modernisation de T72 excédent parfois le prix
d’acquisition des T72 neufs ;
•
Les offres techniques sont souvent déséquilibrées au profit de
l’optronique, mais elles ne conservent pas l’homogénéité
d’origine du système d’arme ;
•
Mauvais état de flottes de chars, parfois très importantes, mais
non entretenues par manque du maintien en condition
minimal.
8.
Conclusion
Compte tenu de l’age moyen de ces chars, aujourd’hui de l’ordre de 15
ans le marché de modernisation des T72 risque de disparaître de lui même
d’ici 5 ans. Cela signifierait donc que ce marché apparemment très
attractif se serait révélé aussi inaccessible que les mirages du désert.
Modernisation slovaque « Moderna »
De très nombreux industriels ont proposé aux Forces Armées équipées de
chars T72 d’intégrer sur ces chars les équipements optroniques déjà développés pour les chars ou autres véhicules tels que les chasseurs de char.
Cette première approche, la plus simple, répond au besoin immédiat de
vision nocturne et à la précision des calculateurs digitaux pour le tir, en
laissant en suspend la maîtrise du tube canon.
Les ordres de pointages sur but futur sont plus précis grâce à l’utilisation
des technologies nouvelles, en particulier celles ci améliorent la qualité de
la visée et la précision du calcul balistique (ensemble calculateur de
conduite de tir et senseurs associés). Mais ils ne constituent que deux
maillons de la chaîne. Le troisième maillon, souvent laissé pour compte,
est celui du système de stabilisation du tube qui donne la position souhaitée de la ligne de tir. Celle-ci reste pilotée par la gyro-stabilisation électrohydraulique d’origine qui provoque dans la chaîne de la « Fonction Feu »
une rupture qualitative qui nuit à la précision globale du tir.
Modernisation Tiger (Denel - Afrique du Sud)
Modernisation ATE (Afrique du Sud)
Une faible probabilité d’atteinte au premier coup résulte immanquablement d'une architecture non homogène de la « Fonction Feu »
C’est ce que l’on peut observer dans de très nombreux cas où des viseurs
et une conduite de tir de bonne qualité voisinent avec une stabilisation déficiente. Celle ci est incapable d’assurer les précisions nécessaires au tir
en marche. Le résultat est que dans ces conditions le char modernisé est
moins efficace que le char d’origine pour le tir en déplacement, fonction
indispensable dans les conditions modernes de combat. Pour être efficace, cette modernisation doit absolument préserver l’homogénéité qui a
prévalu lors de la conception du T 72.
Ceci signifie que, pour une fonction donnée, il est nécessaire de moderniser de manière homogène l’ensemble des sous-systèmes composant cette
fonction. Il est en effet inutile de mettre en œuvre, au sein d’une même
fonction opérationnelle, un sous-système sophistiqué, si ce dernier est
couplé à un équipement dont les performances limitées « masqueraient »,
partiellement ou en totalité, l’amélioration apportée par ce nouveau soussystème.
7.
Le marché de modernisation des chars T 72, mythe ou réalité ?
Décembre 2002
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