My Fair Lady (mardi 17 décembre)

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My Fair Lady (mardi 17 décembre)
My Fair Lady (mardi 17 décembre)
Extrait du Collège saint Exupéry (Vanves)
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My Fair Lady (mardi 17
décembre)
- Activités pédagogiques - Les sorties. -
Date de mise en ligne : samedi 4 janvier 2014
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My Fair Lady (mardi 17 décembre)
Mardi 17 décembre : les élèves de la classe de 3ème C ont assisté à une représentation de la comédie musicale
My Fair Lady au Théâtre du Châtelet.
Extrait du programme du spectacle La lutte des classes en chantant Entretien avec le metteur en scène Robert
Carsen.
De la pièce de George Bernard Shaw Pygmalion (1912) à la comédie musicale de Lerner et Loewe créée en 1856,
suivie du film de Cukor (1964), toutes les strates du succès de My Fair Lady sont-elles inspirantes ?
Elles apportent toutes quelque chose, y compris le texte d'Ovide dont s'est inspiré Shaw. Chez Ovide, Vénus donne
vie à Galatée, la sculpture créée par Pygmalion et dont il tombe amoureux ; chez Shaw, l'histoire ne s'achève pas
par une romance. L'auteur était hostile à l'idée d'une adaptation et encore plus à un happy end. La comédie musicale
vit quand même le jour six ans après la mort de Shaw et séduisit le public. Son succès extraordinaire (à la création,
2717 représentations sur Broadway et 2281 représentations à Londres) est évidemment lié à la musique délicieuse
de Frederick Loewe, une musique qui suit l'action, la porte, la soulève et à l'extraordinaire qualité des textes des
songs d'Alan Jay Lerner, brillants, légers, drôles et pleins d'esprit, mais aussi pointus, riches de sens. La force de
l'oeuvre, c'est également son côté direct, sincère, et en même temps sa sophistication.
My Fair Lady n'est qu'un conte de fées ?
Au-delà du registre des grandes émotions primaires, il s'agit du regard de George Bernard Shaw sur la société
anglaise de son époque, une société profondément inégalitaire, où l'on juge les êtres en fonction de leur accent.
Shaw pressent que tout cela va être englouti. Il est visionnaire également dans sa perception du droit des femmes,
décrivant notamment avec justesse la manière dont on les considère alors, sans respect, et se fait la champion de
leur émancipation. L'histoire est solidement ancrée dans la société anglaise, dans la dualité entre la classe ouvrière
et son parler cockney et le snobisme des classes supérieures. Shaw s'en amuse pardois, mais il ne traite rien à la
légère, ne perd jamais son sens critique, ni son souci de montrer l'homme tel qu'il est. Ainsi, dans la scène où Alfred
Doolittle, le père d'Eliza, vient voir Henry Higgins pour lui demander de l'argent - en fait lui vendre sa fille - Doolittle
explique tout simplement à Higgins, choqué par sa démarche, que la morale est un luxe que l'on ne peut se payer
que dans la haute société ; lui a besoin d'argent pour pouvoir s'acheter des bières.
L'ancrage historique de l'oeuvre est-il une donnée contraignante ?
C'est une donnée majeure. On ne peut pas passer sous silence, négliger le côté social et politique. La pièce est
censée se passer à la veille de la Première Guerre mondiale, dans une société figée. La seule liberté que l'on a
prise, c'est un ajustement d'époque, un décalage d'une quinzaine d'années, pour situer l'action à la veille de la
Seconde Guerre mondiale, ce qui ne change pas les données. La société anglaise est alors encore plus figée, les
rituels sont les mêmes. Cela permet une plus grande liberté sur le travail des costumes pour les rendre plus fluides,
plus modernes à nos yeux. Cette période, c'est vraiment le dernier moment où l'on peut situer l'action ; ce monde va
disparaître pour toujours dans les années quarante.
Les caractères principaux sont bien définis : Higgins est antipathique, le colonel Pickering plus humain, et Eliza est le
"pauvre moineau" qui ravit tous les coeurs ...
Ce ne sont pas des caractères aussi simples. L'appartenance à une classe sociale ne détermine pas les caractères.
Ce qui intéresse Shaw, c'est la condition humaine dans sa complexité. Higgins est un personnage complexe, c'est un
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monstre d'égoïsme, mais il a l'honnêteté de le reconnaître. Même s'il appartient aux classes supérieures, il est assez
iconoclaste, se moque des conventions, ne respecte pas les rituels vestimentaires, fait la désolation de sa mère
lorsqu'il se montre à Ascot. Il est excentrique à la manière anglaise, ce qui lui donne beaucoup de charme. Le
colonel Pickering est beaucoup plus traditionnel, il représente l'Angleterre de l'Empire, l'Angleterre du "fair play" et du
"good sport", celle qui ne changera pas mais qui disparaîtra bientôt. Il faut dire que s'il est moins original que Higgins,
il est beaucoup pius humain ; il traite Eliza avec respect, tout comme le fait d'ailleurs la mère de Higgins. Quant à
Eliza, c'est un rôle magnifique, un rêve pour une comédienne, avec des registres différents, de la petite marchande
de fleurs à la lady de la haute société, la reine du bal. C'est aussi un rôle qui exige du tempérament. Eliza a de
l'ambition, au sens humain du terme - elle veut faire quelque chose de sa vie et saisit l'occasion de sa rencontre
fortuite avec Higgins à la sortie de Covent Garden, pour façonner son destin. C'est elle qui va le voir pour lui
demander des cours de diction, elle veut progresser socialement et c'est elle qui espère devenir, grâce à la maîtrise
du langage, une vraie marchande de fleurs dans une boutique. Elle se bagarre, refuse de n'être qu'un objet. C'est
Cendrillon dotée d'une vraie personnalité, son histoire rejoint les mythes des contes de fées.
La grande popularité de My Fair Lady laisse-t-elle place à une liberté de mise en scène ?
Cette oeuvre, dont on a dit que c'était la comédie musicale parfaite, n'a pas besoin d'un metteur en scène qui va tout
changer. Mon rôle est de mettre en place une vision cohérente et convaincante en abordant les difficultés scéniques,
les nombreux changements de décors, le passage fréquent d'un univers à l'autre, du langage parlé aux texte chanté,
du monde ouvrier à la haute société et ce, parfois, de façon très rapide. Certaines scènes durent cinq minutes,
d'autres plus de quinze, il faut trouver le rythme juste, rendre les passages fluides et restituer la magie des grands
numéros, des scènes légendaires : le marché de Covent Garden, les courses de chevaux d'Ascot, le bal à
l'ambassade. Tout l'ouvrage se passe à Londres et notre vision de cette grande ville (avant la destruction terrible de
la Seconde Guerre mondiale) ne peut être assez différente de ce qu'on a vu dans d'autres performances. A ce titre,
le travail de l'équipe est fondamental. Une partie de la séduction repose sur les décors élégants et astucieux de Tim
Hatley, sur la beauté et la justesse des costumes conçus par Anthony Powell. C'est très excitant de travailler sur un
immense succès populaire qui n'a jamais été monté dans sa version originale à Paris. La pièce de théâtre de George
Bernard Shaw Pygmalion a été donnée, mais jamais la comédie musicale.
Le travail sur le langage est-il fondamental ?
Il est essentiel. Pygmalion est une pièce sur la langue anglaise, sur la confrontation des façons de parler à une
époque donnée, d'où l'importance du respect du mot. Il faut des comédiens de grande qualité pour aborder aussi
bien les parties parlées et chantées, pour incarner des personnages plus complexes qu'il n'y paraît. Je suis très
heureux de la distribution. Nous avons pu rassembler le meilleur des comédiens de théâtre et des chanteurs lyriques
actuels de Grande-Bretagne, entre autres, Katherine Manley, Alex Jennings, Nicholas Le Prevost, Caroline
Blakiston, Donald Maxwell et Ed Lyon.
Et la fin ? Une romance possible entre Eliza et Higgins ?
La fin nécessite un traitement particulier. Dans notre production, elle sera peut être un tout petit peu différente de ce
que l'on a coutume de monter. Il faut imaginer ce que Shaw - qui était hostile à l'idée d'une romance entre Higgins et
Eliza - avait en tête, et en étant fidèle à son esprit, laisser imaginer ce qu'un possible happy end pourrait vraiment
signifier pour son Pygmalion et sa Galatée ...
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