Papillomavirus humain (HPV) : comment ai
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Papillomavirus humain (HPV) : comment ai
Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 199–204 Revue générale Papillomavirus humain (HPV) : comment ai-je attrapé ça ? How did I contract human Papillomavirus (HPV)? N. Gavillon *, H. Vervaet, E. Derniaux, P. Terrosi, O. Graesslin, C. Quereux Service de gynécologie-obstétrique, institut Alix-de-Champagne, CHU de Reims, 45, rue Cognacq-Jay, 51092 Reims cedex, France I N F O A R T I C L E R É S U M É Historique de l’article : Reçu le 10 juin 2009 Accepté le 11 janvier 2010 Disponible sur Internet le 26 février 2010 Les Papillomavirus humains (HPV) font partie d’une grande famille de virus ubiquitaires. Plus de 120 génotypes sont connus à l’heure actuelle, responsables de pathologies de gravité variable, allant de la verrue aux néoplasies. Les HPV sont classés en fonction de leur tropisme ; ceux infestant les muqueuses génitales sont responsables de l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente dans le monde et 75 % des femmes auront été au contact de l’HPV au cours de leur vie. HPV est habituellement transmis par un contact direct peau à peau, le plus souvent pendant un rapport sexuel avec pénétration. D’autres formes de contact intimes, sans pénétration, peuvent être à l’origine d’une transmission HPV, même si elles semblent moins fréquentes. La présence d’HPV chez des vierges (moins de 2 % des cas) et chez de jeunes enfants fait suspecter d’autres voies de transmission que celle liée aux relations sexuelles. Ainsi, l’HPV peut être transmis de la mère à l’enfant lors de l’accouchement, la voie vaginale semblant favoriser cette transmission par rapport à la césarienne sans que celle-ci ne protège totalement du risque de contamination. La transmission verticale in utéro, régulièrement évoquée, reste un sujet de controverse. Enfin, des travaux ont montré la présence d’HPV sur des habits ou sur des surfaces de contact sans qu’un lien direct avec une transmission soit clairement établi. Une connaissance plus approfondie des modes de transmission de l’infection par HPV, pourrait permettre une prévention plus efficace. ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Papillomavirus humain Prévalence Transmission Néoplasie intraépithéliale cervicale Tumeur du col de l’utérus Condylomes acuminés A B S T R A C T Keywords: Human Papillomavirus Prevalence Transmission Cervical intraepithelial neoplasia Uterine cervical neoplasms Condylomata acuminata More than 120 genotypes have been identified among the Papillomavirus (HPV) family. These viruses are ubiquitary with skin or mucous membrane tropism and cause various pathologies from wart to neoplasia. HPV family is classified according to their tropism. Genital HPV infection is considered as the most frequent sexually transmitted disease in the world. Seventy-five percent of women will be in contact with HPV at least one time in their life. HPV is usually transmitted through direct skin-to-skin contact, more often during penetrative genital contact. Other types of genital contact in the absence of penetration can lead to HPV infection, but those routes of transmission are much less common than sexual intercourse. However, virgins (< 2 % of cases) and young children can present HPV infection, suggesting other routes of transmission than sexual intercourse. HPV infection could occur during delivery; vaginal deliveries appear to promote this transmission in comparison with cesarean section. But cesarean section do not completely protect against contamination risk. In utero, vertical transmission has been suggested by different studies but with lack of evidence. HPV infection can be detected on inanimate objects, such as clothing or environmental surfaces. However, transmission is not known to occur by this route. More detailed knowledges of the transmission route of HPV infection will enable to get prevention more effective. ß 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (N. Gavillon). 1297-9589/$ – see front matter ß 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.gyobfe.2010.01.003 Que la révélation en ait été faite à l’occasion de la découverte d’une dysplasie cervicale de bas ou de haut grade ou encore sur un dépistage primaire associé ou non au frottis, voire encore après 200 N. Gavillon et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 199–204 découverte de verrues génitales, toutes les femmes se (vous) posent à un moment donné la même question : « mais comment ai-je attrapé ça ? ». La transmission du Papillomavirus humain (HPV) est principalement sexuelle [1,2]. Hommes et femmes sont les deux principaux maillons de la chaı̂ne de transmission de ce virus. Ils peuvent être à la fois porteurs asymptomatiques, transmetteurs et aussi victimes d’une infection par HPV [3]. C’est la voie majeure. Aux âges de plus grande activité sexuelle, la prévalence d’infection par HPV infraclinique peu atteindre plus de 40 % de la population féminine [4]. La transmission sexuelle apparaı̂t favorisée par un nombre élevé de partenaires sexuels, par la précocité des rapports et les antécédents d’autres infections sexuellement transmissible (IST) [5]. Il existe néanmoins d’autres moyens de transmission sans rapports directs avec les relations sexuelles qui peuvent aboutir à une infection par HPV. Ces voies de transmission sont certes mineures mais leur connaissance semble primordiale à l’heure de la prévention par la vaccination. La durée d’incubation est d’environ trois mois mais peut aller jusque dix ans, rendant difficile l’identification de la période d’exposition [10]. L’infection cutanéomuqueuse à HPV entraı̂nera en fonction du type viral et de la localisation, soit une disparition spontanée, soit une persistance asymptomatique, soit des lésions bénignes (condylomes, verrues), soit des lésions malignes ou potentiellement malignes (cancer, dysplasie). L’infection à HPV régresse dans plus de 90 % des cas avec 75 % des lésions ayant disparu à un an [8,13,14]. En revanche, au bout de 18 mois, la probabilité que l’infection persistante disparaisse n’est plus que de 41 % [8]. Ce temps de clairance est plus long pour les patientes porteuses d’HPV oncogènes et pour celles âgées de plus de 50 ans [8]. À noter que la clairance de l’HPV précède souvent l’élimination de la lésion [14]. La persistance d’une infection à HPV oncogène favorise l’apparition de dysplasie, puis de cancer invasif dans un délai variable selon le génotype du virus. 2. Épidémiologie et contage de l’infection à HPV 3. Modes de transmission de l’HPV 2.1. Épidémiologie Les infections à HPV sont le plus souvent transmises lors de contacts intimes peau à peau. Les rapports sexuels avec pénétration vaginale et anale sont propices à cette dissémination. D’autres modes de transmission sont décrits mais représentent des voies mineures de contamination (Tableau 1). L’infection à HPV est la première IST dans le monde. Soixantequinze pour cent des femmes auront été en contact avec le virus au cours de leur vie sexuelle [2,6]. La prévalence de l’infection à HPV évolue inversement à l’âge de la patiente. Le taux est maximal chez les jeunes filles de moins de 20 ans ayant une activité sexuelle (42–70 %) et diminue progressivement pour atteindre une moyenne de 7,5 % chez les patientes de plus de 50 ans [6–10]. Cependant, la prévalence de l’infection varie selon les différentes régions du globe avec un taux maximal en Afrique (26 %) tandis que l’Asie semble plus préservée (8 %) [11]. Les HPV à haut risque sont plus répandus (66,7 %) que les HPV à faible risque de cancérisation (27,7 %) quelle que soit la région du monde. De façon générale, l’HPV 16 est le plus répandu avec une prévalence de 26,3 % [11] sur la population mondiale. 2.2. Histoire naturelle de l’infection à HPV L’infection cervicale par HPV est fréquente, on estime que 10 % des femmes ont une détection d’HPV positive avec frottis cervicovaginal normal à un moment donné [12]. La transmission de l’HPV, principalement par voie sexuelle, est favorisée par la multiplicité des partenaires sexuels, la précocité des rapports. Il s’agit d’une infection à contagiosité élevée puisque 60 à 66 % des partenaires sexuels de personnes infectées par le virus développent des lésions cellulaires HPV induites [10]. 3.1. Transmission sexuelle d’HPV De nombreuses études ont montré que les rapports sexuels sont le premier mode de transmission génitale d’HPV, en particulier à travers des travaux sur la propagation des condylomes acuminés entre partenaires sexuels [15]. Des travaux plus récents, basés sur la concordance des phénotypes viraux entre partenaires sexuels ont permis de confirmer ce mode de transmission [16–21]. Une moindre réceptivité ou une clairance accrue à l’HPV au niveau des tissus péniens est suspectée du fait d’une discordance plus fréquente dans le statut femme HPV+ et homme HPV que dans le cas inverse [17]. Plus la charge virale HPV est importante chez l’un des partenaires, plus le risque que l’autre partenaire ait un statut HPV identique positif est élevé [21]. Plusieurs facteurs de risque augmentant l’incidence de l’infection HPV ont été identifiés. Il est apparu que la prévalence de l’infection à HPV chez la femme augmentait avec le nombre de partenaires sexuels qu’elle avait pu avoir durant sa vie. Ce phénomène apparaı̂t aussi chez l’homme mais à un degré moindre [22]. Le risque d’infection à HPV augmente aussi lorsqu’une femme a un nouveau partenaire et que Tableau 1 Modes de transmission de l’infection à Papillomavirus humain. Voies de transmission possibles Transmissibilité théorique Impact réel sur la contamination par HPV Transmission sexuelle Rapports avec pénétration vaginale ou anale Pénétration génito-anale masculine Pénétration génito-anale feminine Rapports sans pénétration Pénétration orogénitale +++ +++ +++ +++ ++ ++ +++ +++ ++ + + + Transmission non sexuelle Transmission par vêtements et surfaces de contact (matériel médical, mains) Transmission maternofœtale Transmission maternofœtale verticale anténatale Transmission perpartum Transmission post-partum Transmission lait maternel Transmission sanguine + + + + ++ + + + N. Gavillon et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 199–204 Tableau 2 Facteurs de risques de la présence d’un Papillomavirus humain chez des patientes âgées de 18 à 25 ans sexuellement actives selon Manhart et al. [5]. Caractéristiques des patientes Risque relatif (RR) Intervalle de confiance (IC 95 %) Célibataire Fumeuse non sevrée Cannabis Drogue (cocaı̈ne, héroı̈ne) Première relation sexuelle < 16 ans Nombre de partenaires sexuels antérieurs différents 1 2 >3 Nouveau partenaire sexuel récent (< 1 an) 1,69 1,17 1,22 1,24 1,2 1,87–2,09 1–1,37 1,05–1,41 1,03–1,5 1,02–1,41 1 1,56 2,20 1,68 1,12–2,18 1,69–2,87 1,22–2,29 les rapports sexuels sont récents [22]. Les facteurs de risques de l’infection par HPV chez des patientes âgées de 18 à 25 ans sexuellement actives sont rapportés dans le Tableau 2 [5]. L’une des caractéristiques fondamentales de l’infection à HPV expliquant sa forte proportion dans le monde entier est une forte contagiosité. Winer et al., dans une étude de 244 étudiantes vierges de tous contacts vaginaux ou ayant eu un premier contact vaginal dans les trois mois, ont observé que l’incidence cumulée des primoinfections à HPV était de 28,5 % (IC 95 % : 20,6 % – 38,6 %) à un an, progressant jusqu’à 50 % à trois ans. Ce risque était corrélé à l’expérience sexuelle du partenaire masculin ; le risque relatif (RR) était de 2,75 pour les partenaires de 22 à 42 ans augmentait à 8,46 si ce partenaire avait eu lui-même plus de trois autres dans les mois précédents. Les rapports anogénitaux sont associés à une augmentation de la détection d’HPV dans le canal anal chez les hommes homosexuels ou bisexuels [23], ce qui est aussi observé chez les femmes mais à un moindre degré [24] sans doute du fait d’une contamination non exclusive du canal anal par pénétration anale mais aussi par propagation possible du vagin vers le canal anal, à l’essuyage en particulier. La faible prévalence de l’infection à HPV chez les patientes vierges (2 %) conforte le rôle majeur des rapports sexuels dans la transmission mais laisse supposer aussi que d’autres voies de contagion sont possibles, soit par des jeux érotiques sans pénétration, soit par d’autres événements sans rapports avec la sexualité. Les jeux érotiques sans pénétration peuvent aussi entraı̂ner une transmission de l’infection, mais dans une moindre mesure. Il est difficile de démontrer un mode de transmission indépendant des attouchements par rapport à la pénétration, ces événements étant intiment liés, l’auto-inoculation (translocation) étant possible. Plusieurs études ont essayé d’évaluer l’impact des différentes pratiques sexuelles sur la transmission d’HPV. Les résultats de ces études sont intéressants mais souvent divergents et entachés de nombreux biais. Il existe une prévalence HPV de 19 % chez les lesbiennes [25], ce qui rend compte de la nécessité de ne pas les exclure du dépistage. Winer et al. [26], dans une étude prospective longitudinale sur 603 étudiantes, ont retrouvé : une augmentation de la prévalence d’HPV chez les vierges ayant eu des rapports orogénitaux ou digitogénitaux par rapport à celles qui n’en ont pas eu ; qu’il n’y a pas d’association statistique de transmission lors de rapports par fellation. D’autres auteurs ne retrouvent pas non plus d’augmentation de la prévalence d’HPV par fellation (sauf chez patientes ayant une sérologie VIH positive) [27]. 201 Même si la transmission orale ou digitale de l’HPV est clairement décrite, le risque de transmission orogénitale ou digitogénitale apparaı̂t minime et en tout cas difficile à établir par des travaux scientifiques. De façon plus générale, la connaissance des comportements sexuels des populations est fondamentale pour appréhender la dynamique de transmission. Des comportements sexuels plus permissifs favoriseraient la propagation d’HPV. Les rapports sexuels à un âge précoce augmenteraient le risque d’infection sans que la raison soit clairement établie (immaturité du col et de la filière vaginale augmentant la réceptivité au virus ? partenaires plus âgés ?). Des rapports longs, répétés, ainsi qu’une sexualité de groupe favorisent l’infection. La circoncision jouerait un rôle protecteur et diminuerait la prévalence de l’infection [28,29]. L’utilisation des préservatifs est une réelle déception pour la lutte contre la propagation de l’infection à HPV ; il serait moins efficace contre l’HPV que contre les autres IST [30,31]. Dans une méta-analyse, Manhart et Koutsky [32] n’ont pas mis en évidence de réduction du risque de devenir HPV+, en revanche, cela semble diminuer le risque de condylomes et de néoplasie intraépithéliale cervicale (CIN). L’utilisation de préservatifs n’entraı̂ne qu’une prévention très partielle car il n’est qu’inconstamment utilisé et que la pénétration pénienne n’est pas indispensable pour transmettre le virus, l’HPV étant présent sur la peau non recouverte par les préservatifs (périnée, testicules. . .). Il protégerait tout de même, avec une relation entre la fréquence d’utilisation et le faible taux de transmission : les patientes utilisant des préservatifs dans plus de la moitié des rapports ont une diminution de 50 % du risque de transmission comparé à celles dont le partenaire les utilise dans moins de 5 % des rapports [33]. Il semble que l’utilisation des préservatifs augmenterait la clairance de l’infection et de ses conséquences. Hogewoning et al. [34] ont étudié l’influence de l’utilisation des préservatifs sur la persistance d’HPV et sur la régression des dysplasies. Cent quarantehuit patientes avec CIN ont été incluses en deux bras randomisés, l’un avec préservatifs, l’autre sans pendant deux ans. Le taux cumulé de régression des lésions dysplasiques pendant ces deux ans était pour le bras préservatif de 53 % tandis que pour le bras sans préservatif, il n’était que de 35 % (p = 0,03). La disparition de l’HPV était observé dans 23 % pour le groupe préservatif contre 4 % dans l’autre (p = 0,02). Faut-il dès lors conseiller l’usage des préservatifs chez des patientes traitées pour CIN ? Ce n’est pas démontré d’autant que le préservatif engendre des perturbations de la sexualité du couple et renforce inutilement la notion d’IST sans répondre à la question de savoir jusqu’à quand faudra-t-il les utiliser ? Le plus judicieux serait sûrement de leur conseiller d’arrêter de fumer quand on sait le rôle du tabac sur la persistance virale. 3.1.1. Existe-t-il une différence de taux de transmission entre partenaire en fonction du type d’HPV ? Il existe peu d’étude dans la littérature sur la transmissibilité des lésions cliniquement visibles. Avant la découverte de l’agent causal HPV, une étude avait observé que 60 % des partenaires sexuels de patientes infectés avait développé des condylomes [35]. Le taux de transmissibilité de l’HPV 16 a été étudié à plusieurs reprises avec des résultats très variables de 40 % en moyenne, allant de 5 à 100 % de taux de transmission. Ces résultats sont à interpréter avec prudence car les méthodes de prélèvements et de détections ont progressé ces dernières années. Avec les dernières techniques de prélèvements des auteurs ont retrouvé sur les registres finnois un taux de 60 % rejoignant l’étude sur les condylomes acuminés [36]. Il semblerait donc que le taux de transmission est élevé quel que soit le type d’HPV. 202 N. Gavillon et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 199–204 3.2. Transmission non sexuelle d’HPV Lors de la grossesse, on distingue trois voies de transmission maternofœtale possibles : 3.2.1. Transmission par vêtements et surfaces de contact Une voie de transmission par contact de surface infectée ou de sous-vêtements a été évoquée. La présence d HPV sur les sous-vêtements de patientes avec lésions HPV induites est authentifiée sur une étude [37] où sur 74 patientes, 17 % présentait de l’HPV sur les sous-vêtements avec un taux de récidive plus important chez les patientes ayant de l’HPV sur les sous-vêtements par rapport à celle qui n’en avait pas (61 % versus 29 %). Le même auteur [38] a étudié la résistance de l’HPV sur les surfaces inertes malgré un traitement antiseptique. Il persistait 1,6 % HPV+ sur des pinces à biopsie après traitement à la chlorhexidine et 4,5 % HPV+ sur des pointes de sonde de cryothérapie malgré un bain dans une solution d’alcool à 908 pendant une heure. HPV 16 résiste à la dessiccation et à différents produits ; ainsi, la conservation du pouvoir infectant de L’HPV est de 100, 50 et 30 % après déshydratation dans une étuve respectivement pendant un, trois et sept jours [39]. HPV semble résistant à l’EDTA et à la chaleur (étuve à 56 8C pendant une heure) mais pas au passage dans un autoclave ou au traitement à l’alcool concentré. L’importance du nettoyage est soulignée par la présence d’HPV dans deux cabinets médicaux différents, un centre de loisir et un centre de fitness n’ayant pas la même gestion de nettoyage. Le premier cabinet avait un entretien insuffisant alors que l’autre cabinet et les autres environnements étudiés avaient une politique d’hygiène rigoureuse. Dans le premier cabinet, de l’HPV a été retrouvé sur de nombreuses surfaces alors que très peu dans les autres [40]. Il apparaı̂t une possible transmission par contact avec surface infectée ou autres fomites (objets contaminés susceptibles de propager une infection d’un individu à un autre). Ces éléments soulignent l’importance de règles d’hygiène strictes surtout dans des centres à haute prévalence d’HPV notamment pour les colposcopes et le matériel pour la pathologie cervicale (intérêt de l’usage unique) et de l’usage de gants. 3.2.2. Transmission maternofœtale Bien que la voie sexuelle soit le mode de transmission de loin le plus fréquent pour cette infection, d’autres voies de contamination ont été évoquées mais leur existence est toujours controversée. Cependant, la transmission de la mère à l’enfant lors du passage dans la filière génitale infectée reste une voie de transmission accessoire actuellement démontrée grâce au développement des nouvelles techniques moléculaires. Déjà en 1956, la transmission de condylomes de la mère vers l’enfant au cours de l’accouchement est suspectée après la constatation de cas de papillomatose laryngée juvénile présents chez les enfants quelques mois après la naissance en sachant que l’HPV 6 et 11 étaient les agents pathogènes responsables [41]. En 1980, il est mis en évidence une relation étroite entre la présence de condylome acuminés chez la mère et le développement d’une papillomatose juvénile chez l’enfant [42]. L’incidence de l’infection HPV est très discutée selon les auteurs, mais n’est pas diminuée, voire peut-être augmentée pendant la grossesse. L’effet stimulant de la progestérone sur la réplication virale, la présence de récepteurs à œstrogènes dans cellules infectées et une immunosuppression relative pourraient expliquer cette possible recrudescence [43]. transmission fœtale au cours même de la grossesse (transmission verticale anténatale) ; néonatale (transmission verticale périnatale) ; horizontale (post-natale). 3.2.2.1. Transmission maternofœtale verticale anténatale. Le passage transplacentaire ou transmembranaire d’HPV a été suspecté après le résultat de différentes études montrant la présence d’HPV au niveau de caduques et de syncytiotrophoblaste lors d’avortements spontanées précoces ou dans liquide amniotique après amniocentèse [43]. Ces travaux sont anciens et des travaux plus récents montrent des résultats discordants : la présence d’HPV dans le liquide amniotique lors de la césarienne programmée reste négative alors que le portage intravaginal d’HPV était de 36,6 % dans une étude [44]. À l’inverse, une transmission transplacentaire de 12,2 % est retrouvée par des prélèvements multisites (chez la mère : génitaux, sang périphérique ; chez le nouveau-né : sang de cordon, régions axillaires et inguinales, aspiration nasopharyngée et placenta) [45]. Ces résultats discordants ne permettent pas de considérer cette voie de transmission comme établie. D’autres travaux sont nécessaires afin de conclure. 3.2.2.2. Transmission per- et post-partum de HPV. Les nouvelles techniques ont permis une identification plus rapide des virus HPV et donc de développer les recherches concernant l’épidémiologie et leur mode de transmission. Sedlacek et al. [46] ont été les premiers à montrer la présence d’HPV dans les sécrétions nasopharyngées des enfants nés par voie vaginale de mère porteuse d’HPV dans la filière génitale. Depuis, la revue de la littérature à ce sujet est plutôt contradictoire. Plusieurs études récentes ont étudié le taux de transmission d’HPV mèreenfant et la concordance des génotypes maternels et fœtaux. Le RR de transmission maternofœtal lorsque la mère est détectée HPV+ lors de l’accouchement serait de 7,3 %. Ce taux pourrait être considérablement augmenté dans le cas des HPV oncogènes 16 et 18 pour atteindre 39,7 % [47]. Ce taux de transmission serait plus élevé lors des accouchements voie basse que lors des césariennes et ce quel que soit le type d’HPV [45]. Le taux de concordance des génotypes HPV varierait entre 70 et 91 % [45,48–50]. On explique les discordances par des infections multiples à HPV avec un HPV présent dans le vagin pouvant être différent de celui présent dans la cavité utérine ou par une contamination de l’œuf par le sperme infecté lors de la fécondation. Cependant, toutes ces hypothèses restent à confirmer. L’enjeu de cette transmission est l’infection du nouveau-né et le développement d’une papillomatose laryngée juvénile dans les premières années de vie. Cette affection est liée aux HPV non oncogènes 6 et 11, provenant de lésions condylomateuses maternelles. La prise en charge de cette pathologie du nouveauné est particulièrement difficile et délabrante. La présence de lésions condylomateuses maternelles est estimée à 1 % lors de l’accouchement [43]. Il existe une relative diminution d’infection néonatale par HPV lorsque les patientes présentent des lésions condylomateuses et qu’elles accouchent par césarienne [51]. C’est pour cela que certains auteurs ont proposé une césarienne prophylactique en cas de lésions clinique chez la future mère. D’autres travaux ont étudié l’incidence de la transmission de cette pathologie juvénile et l’ont estimé à 5,6/ 100 000 accouchements. Une étude prospective danoise sur sept ans avec 44 000 nouveau-nés n’ont montré aucun cas de papillomatose laryngée juvénile. De plus, 50 % des enfants atteints sont nées de mères asymptomatiques. Ces éléments incitent à ne N. Gavillon et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 199–204 pas proposer de césariennes prophylactiques, d’autant que l’enfant est soumis aux HPV d’origine maternelle ou non en période périnatale (mains, objets, seins contaminés) bien que le risque d’infection reste peu probable. Plusieurs études évaluant la concordance entre les HPV retrouvés à différents sites maternels et du nouveau-né durant les premiers jours de vie ont montré que le nouveau-né présentait d’autres types HPV que ceux retrouvé chez la mère. On estime que l’enfant est contaminé dés la naissance par des HPV à 70 % maternels et à 30 % environnementaux. Des transmissions de l’HPV par ingurgitation de sang maternel, de liquide amniotique, de sécrétions vaginales, au décours de manœuvres d’extraction instrumentales ou par le biais d’abrasion cutanées sont décrites. Ces voies de transmission restent controversées principalement celui de l’ingestion de sang maternel car aucune phase virémique dans le cycle HPV n’a été démontrée à ce jour. Au vu de ces résultats, il apparaı̂t probable qu’une césarienne ne protège en rien de l’infection à HPV puisqu’elle supprime simplement le risque de contamination liée au passage de l’enfant dans la filière génitale infectée [47]. 3.2.2.3. Conséquences de la transmission maternofœtale. Le risque pour un enfant né de mère porteuse de condylome, d’avoir une papillomatose laryngée est estimée de 1/80 à 1/1500, le risque de transmission est donc relativement faible [51] avec des facteurs de risques mal identifiés. Une charge virale augmentée, des infections à HPV 16 et 18 [47], des prédispositions génétiques, des condylomatoses vulvovaginales massives semblent favoriser cette transmission. La détection d’un virus dans les sécrétions nasopharyngées d’un nouveau-né ne traduit pas obligatoirement l’infection de cet enfant. En effet, il pourrait s’agir simplement d’une contamination des sécrétions par l’HPV maternel sans pour autant que l’enfant soit lui-même infecté. Cette distinction est difficile à mettre en évidence car l’infection à HPV est principalement asymptomatique et elle n’est mise en évidence que par la présence du virus sur les prélèvements. Plusieurs auteurs ont donc tenté d’évaluer le temps nécessaire à la clairance de virus HPV. Encore une fois, les résultats sont variables selon les études. En revanche, on constate que la clairance est beaucoup moins rapide lorsque la mère était HPV+ lors de l’accouchement : pour certains auteurs, les prélèvements à deux ans retrouvent une positivité pour l’HPV dans 2,8 % des cas [52] tandis que d’autres retrouvent une positivité à 69 % chez les enfants nés de mères positives [50]. Cependant, le risque de la transmission maternofœtale de l’infection HPV n’est pas la persistance de cette infection asymptomatique et son risque de dysplasie génitale ultérieur lié à des HPV oncogènes mais bien le développement précoce d’une papillomatose laryngée juvénile rare mais potentiellement grave avec un traitement difficile et un risque d’asphyxie, due à des HPV à bas risque oncogène. 3.2.3. Transmission sanguine et lait maternel L’infection par HPV est une infection locale des épithéliums cutanéomuqueux siégeant au niveau des cellules basales sans passage sanguin. Il n’y a a priori ni virémie ni transmission sanguine, même si on retrouve dans une publication un possible passage d’HPV dans le sang transportés par des monocytes [53]. Il n’existe qu’un article dans la littérature récente ayant fait état de présence d’HPV au niveau du lait maternel sur un échantillon de 233 laits maternels différents extraits dans les trois premiers jours du post-partum avec 4 % d’ADN-HPV 16 sans corrélation avec la 203 présence orocervicale d’HPV 16. Le récapitulatif des différentes voies de transmission est représenté dans le Tableau 1. 4. En pratique, que répondre aux patientes ? Les connaissances des modes de transmission de l’infection à HPV est une donnée essentielle pour lutter contre la propagation de celle-ci et minimiser ses conséquences. Mais les moyens de lutte contre l’infection à HPV sont limités pour plusieurs raisons : la haute contagiosité de l’infection, l’incidence élevée de l’infection après les premiers rapports, l’absence de méthodes barrières totalement efficaces sont d’autant d’obstacles qui rendent impossible l’absence de transmission. Dans notre pratique clinique quotidienne, nous sommes confrontés aux inévitables questions concernant ces infections génitales. Il est primordial d’avoir un discours simple, mesuré et prudent. Cette réserve est d’autant plus importante qu’en ce qui concerne l’infection à HPV, comme nous l’avons vu précédemment, plusieurs modes de transmission sont envisageables. Le « toujours » ou le « jamais » ne s’applique pas à la problématique de l’HPV. La réponse aux deux questions essentielles suivantes est la base permettant de fournir aux patientes un discours pragmatique. 4.1. S’agit-il d’une infection sexuellement transmissible ? Oui : de nombreuses études épidémiologiques confirment que le comportement sexuel de la femme et de son ou ses partenaires sont les facteurs de risques les plus importants d’infection génitale à HPV [29]. Mais entre 18 et 25 ans, 75 % des femmes sont porteuses d’HPV. Avec une telle fréquence, ce n’est pas une véritable IST mais un marqueur de l’activité sexuelle. Les principaux déterminants de l’infection génitale à HPV sont le nombre de partenaires sexuels et le changement récent de partenaire [54]. Enfin la prévalence de l’infection à HPV est trois fois supérieure chez les femmes consultant pour une IST ou chez les prostituées que dans la population générale [55]. 4.2. S’agit-il toujours d’une infection sexuellement transmissible ? Non : la transmission verticale et périnatale semble bien exister pour les HPV non oncogènes et la transmission horizontale par des objets souillés, l’auto ou hétéro-inoculation sont des modes de transmission rares mais surement possibles. La présence de virus HPV chez les vierges (2 %) montre que ces voies certes mineures existent et sont à prendre en compte dans notre discours. 5. Conclusion La transmission est essentiellement sexuelle mais le dernier contact peut être très lointain, ce qui ne manque pas de perturber quelques patientes n’ayant pas eu la moindre relation sexuelle depuis de très nombreuses années du fait d’un veuvage ou d’une séparation. La transmission néonatale est possible mais est-ce l’explication de certains cas de pathologie HPV ? Il n’y a pas de réponse actuelle. Pensons à la paix des ménages (mains et objets contaminés existent. . .) mais la langue de bois n’a pas que du bon. N’oublions pas que l’objectif final est de prévenir et de traiter les conséquences des infections à HPV. L’éradication de transmission de l’HPV qui semble actuellement impossible n’est pas notre seul moyen de lutte contre l’apparition des dysplasies cervicales, la vaccination [56] et la généralisation du dépistage sont d’autres armes de premier plan. 6. Conflit d’intérêt Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt. 204 N. Gavillon et al. / Gynécologie Obstétrique & Fertilité 38 (2010) 199–204 Références [1] Boulanger JC, Sevestre H, Bauville E, Ghighi C, Harlicot JP, Gondry J. Epidémiologie de l’infection à HPV. Gynecol Obstet Fertil 2004;32:218–23. [2] Munoz N, Bosch FX, de Sanjose S, Herrero R, Castellsague X, Shah KV, et al. Epidemiologic classification of human Papillomavirus types associated with cervical cancer. N Engl J Med 2003;348:518–27. [3] Castellsague X. Natural history and epidemiology of HPV infection and cervical cancer. Gynecol Oncol 2008;110:S4–7. [4] Woodman CB, Collins S, Winter H, Bailey A, Ellis J, Prior P, et al. 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