Réalité augmentée

Transcription

Réalité augmentée
Réalité augmentée
(2007 – 2010 )
Victor Blanc
Pour Fanny,
Ventru ou l’Expression
La Tour Eiffel vogue sur une mer de paons
Qui croyant faire la roue, ne montrent que leur cul
Blond à la paresseuse académie des vents
La Culture grabataire, hulule a Beaubourg
Ses sinistres dents de scie saisissent Ventru
Fuyant les murs, l’amour, et les ballets de Cour
Ventru vient à travers les secs chignons de feuilles
Qui pestent comme une écume de boulevard
Ventru court vers les Halles, le granit, les écueils
Et le beuglement des autos noires l’amenuise
Pauvre Ventru qui veut s’esseuler dans un bar
Ah ! Que la bière, le rhum, et la magie l’enduisent
Mais oui car la lune bientôt allait éclore
Des ribambelles de chaleur et d’artifices,
Les cafés crèveront d’accordéons sonores
Et tous les verres tinteront de leur silice…
5
Pour Baudelaire et Burton,
Expression
Délicieuse luisance de l’Expression,
Qu’est-ce que cette crasse brune et coassante
Qui croît, perçante des ronces de la nation ?
Mais quelle est donc cette tige phosphorescente ?
C’est la fleur noire et brillante de l’obsession,
La bagatelle qui pousse dans les tunnels,
Sueur, sang, sperme et le marigot en bouillon
N’est-ce pas l’attente et le désert culturel ?
Ce sont encor’ ces alchimistes chimériques
Qui transfigurent de leur pâleur métallique
Le crucifix fumant de la Mort en smoking ;
Ce sont encore ces dépravés fantastiques
Qui entremêlent de leurs ardeurs chiasmatiques
Le tranchant du lin et le râle de la vie.
6
Laisse-moi ouïr
Le terrible grelot
Des lourds
Des longs sanglots
Laisse-moi humer
La vieille odeur des vieux ouvrages
Ouvragés par la poussière
De mornes étagères
Laisse-moi contempler
Les ternes gyrophares de l’amertume
Qui éclaboussent d’un sang électrique
Cette image jaunissante du passé
Laisse-moi saisir
La fatalité
La gifler
Puis enfin l’étrangler
Laisse-moi aimer
La tendresse d’une embrassade
Celle d’un sourire
Incandescente au souvenir
Imperméable à l’oubli
7
Vents
Vent des villes, Vent des champs,
Théâtre des Grands Temps,
Ruine des graviers éclatants,
Là dans loin,
Tout se sait, se mousse,
Et s’empile,
C’est la vérité qui s’émousse
Et qui file,
Elle ne viendra plus, pas,
Ce sont les feuilles qui l’apeurent
Ou la rosée qui la pleure ;
Et le merle de se désoler :
– Vent des champs, Vent des villes,
Embrasse les lèvres habiles ;
Le « Tout-Briques-Tuiles » réuni dans un vaudeville,
Le vent, la tempête et le grain,
C’est autre chose tout de même,
Que s’en aller mirer
Couler l’eau blême
Et la chaleur mugir dans les marcs de café ;
Il faut assassiner l’âme du souffle vague
Près des effluves de la Seine que l’on drague,
Et du métro qui s’en va à l’Air, nonchalant ;
Et l’asphalte de se lamenter :
– Vent des villes, vent des champs...
8
Impression soleil ronflant
Une constellation de néons délébiles
S’abîment sur le pantalon noir des affaires
Paris tire sa langue de lampions berbères
La nuit chante le romancero de la ville
Par les rues globuleuses des gens nébuleux
Une comète de cheveux blonds entêtés
S’en vont liquéfier les astres sur le pavé
Astéroïde décapotable anguleux
A failli frôler la terre et brûler les feux
Rouges. Le métro là-bas sifflote un air astral
Le funiculaire des étoiles infernales
Fait l’amoureux timide au ciel camaïeu…
9
Théâtre
Que la ruine en mon cœur a franchi le pallier
Mon bras est le débat de la brume affolée
Clap ! Clap ! Clap ! Clap ! Clap
Dormons dans l’édredon du Rideau,
Moustaches de la scène.
10
Urbanisme
La télévision ne voit plus le cœur des pierres
Ni mon amour des cimetières
L’avion étreint l’oiseau à tire-d’aile
Comme il vient dans son pays mouiller l’arc-en-ciel
Derrière le mur ahuri des possesseurs
Nous entendons clocher les heures
Honduras a vu fleurir les treillis
Et mourir les cactus de la démocratie
J’avoue Je suis las de mes songes au creux des dunes
Où je bois un Ebre sans lune
Apollinaire à Colombe fait des envieux
L’urbanisme et l’amour Jungles des cieux
Et je prédis victoire à ceux qui vont sourire
Jamais plus de bonheur de cire.
…
Edit : Tu crois ?
11
La Lune est un fard à paupière
Ma paupière a coulé comme un crime
Bercé par la mer de couvertures
L’œil se perd en chevelures
Sur ton dos comme un son dans la rime
Les couleurs actuelles… volent à l’astre Terre
Ici la lune sur ton corps demi nu
Sourire à ce sombre incarnat des nuits chues
La pluie Debussy nous farde de poussière
Clair de lune clair de lune
Ne me retiens pas !
Clef des lunes clef des lunes
Rappelle donc tes pas !
Laisse ta pommette aspirer tes sourcils
Colombe de mes yeux riant à verdure
Et mes mains caresser la nature
Ou plisser une peau – ta peau – dans la ville
Mime la révolution des hanches
Sous le regard lustré du piano
Qui cloue sur les fenêtres des mots :
ET DEMAIN CONTINUERA DIMANCHE.
12
Qu’y puis-je ?
Qu’y puis-je
Si la valse des balancelles
Semblait à mes oreilles une crécelle,
Quand pleuvaient les hirondelles
Qu’y puis-je ?
Qu’y puis-je
Quand moi au pays des taureaux
S’envolèrent vos larges paquebots,
Sans moi et vers d’autres mots
Qu’y puis-je ?
Qu’y puis-je
Si l’absolu nous a vaincus
L’ambition des ruelles pour la rue,
Un corps qui en rien se mue
Qu’y puis-je ?
Qu’y puis-je
Si une altérité demeure
Si la mansarde sourit et se meurt,
Et ne reste que valeur
Qu’y puis-je ?
Qu’y puis-je
Si la locomotive oublie
De tirer cent autres machineries,
Et boite jusqu’à Paris
Qu’y puis-je ?
13
Qu’y puis-je
S’il se mouche avec dévotion
Et si la beauté c’est l’interdiction,
Il gagne jeu blanc l’union
Qu’y puis-je ?
Qu’y puis-je
Si mélancolie fait école
Ou que l’Amérique pose des colles,
Et ma vision extrapole
Qu’y puis-je ?
Qu’y puis-je
Si je n’ai pas Valparaiso
Si tout à coup les méridiens sont faux,
Si le public crie Rideau
Qu’y puis-je ?
Qu’y puis-je
Si le traineau du Père Noël
Avec son bois verni de violoncelle,
Gisait là terne et pastel
Qu’y puis-je ?
14
Juillet
Par le sang des eaux du Précambrien
Par l’amour des dieux
Par l’amour des diables
Par l’amour des hommes
Par l’étoile du Christ de Vallegrande
Par la Terre et la Liberté
Par la barbe des barbudos
Par le Communiste et l’Honnête Homme
Par la misère et les fruits
Par le monde qui tourne court
Par les ongles effilochés
Par les peurs tissées sur les cabanes d’enfants
Par le boulet qui traîne son forçat
Par le doute et la haine des voluptés
Par la jalousie sautant sur les ondes
Par Aragon Par Picasso
Par la charogne vierge étalée dans les jardins
Par l’impuissance exaltée de la pénombre inquiète
Par l’amour du miroir pour les cendres
Par la pierre qui roulera sans gagner mousse
Par la pureté qui ride la jeunesse
Par les casernes ensablées
Par le courant électrique et les atomes
Par le ciel rouge comme un soûlard
Par l’épopée du Temps qui boit pour s’oublier
Par la vanité des zeppelins
Par Caligula luisant dans Vautrin
Par la dialectique qui joue des ricochets
Par la jonque égarée sur la Loire
Par les paupières qui tombent comme un tombereau
Par l’huile de vidange versée dans la soupe
15
Par le poison des astres et les comètes vertueuses
Par le chemin de fer inexplicable où circule la vérité
Par le tango paresseux des longues patrouilles
Par ta peau cramoisie comme une pâtisserie
Et par le grotesque du langage et des vers,
Pourquoi ?
16
Avions Albinos
Une croix gammée sur les palais de Grenade
Les orties bruissaient dans le Giverny
Mes doigts mes mains n’entendaient pas cette charade
Qui palissait les roses du pays.
Arrêt’ ton char, qu’espérais-tu ?
Tous les vœux et la mer que sifflait la guitare
Titubaient prenaient fugue et s’en allaient
Comme le filet d’eau qui suintait de la mare
Comme le gris qui s’emparait du jais.
Arrêt’ ton char, qu’espérais-tu ?
Je plonge un cœur dans le miroir
Je l’en ressors c’est une croix,
Cheveux de lichen ou de moire
Pour un peu je n’ai pas le choix !
Arrêt’ ton char, qu’espérais-tu ?
Tes dents de minéraux sensibles
Moquaient mes avions albinos,
Elles mentaient et pour une fois c’était risible,
C’était un Évangile jeté dans la fosse…
Arrêt’ ton char, qu’espérais-tu ?
17
J’ai transcrit ton souffle en vers
Le voilà maintenant qui prend l’air
Je veux me souvenir quelque chose
Il ne reste qu’une prose.
Arrêt’ ton char, qu’espérais-tu ?
Les coquelicots mangeaient du pain dur
Le réverbère enluminait le jour
Mes lèvres brûlaient d’une autre gerçure
Et l’appétit gueulait C’est plus ton tour !
Arrêt’ ton char, qu’espérais-tu ?
Étoile un jour Espoir toujours
Mais ce ciel sans nuit m’en prive et m’ennuie
Et tout comme l’oranger qui ne donne fruit
Semblable à la grenade qui rend sourd.
Arrêt’ ton char, qu’espérais-tu ?
Alors ?
18
Juillet Gueule-De-Prose
Juillet est un jour mort de non-lutte.
L’amour s’y consent veuf
et prend les proportions
du roc à l’embolie.
La terre n’a rien à dire ;
et de Manille ou Zanzibar,
rien ne vaut un ami à colorier
ou ta peau à
feuilleter,
comme une
pâte brisée.
19
Ventru dort, et rêve
Ventru dort et ses lèvres déambulent
Son bâton brise les buissons des messes basses,
Sur le muret le Soleil funambule
Avant qu’il ne tombe et tombe des nues
Les corbeaux déjà croassent aux vasistas,
C’est la nuit : la Mort joue les parvenues.
C’est la nuit ! La folie ! L’homme est chien !
Les dingos s’entretuent autour du mirador,
Le Soleil tient la Lune par les reins
C’est bien la peur qui s’éprend des mirettes
Et sont dès à présent les jeteuses de corps
C’est la fin du monde et la rue la fête…
Son bâton brise les buissons des messes basses
Les corbeaux déjà croassent aux vasistas
Les dingos s’entretuent autour du mirador
Et sont dès à présent les jeteuses de corps
20
Une Apostrophe au Pauvre Lelian
Ô poète maudit,
Figé dans une lune de grenat,
Le rossignol ne chante pas pour toi ici-bas,
Tu te fonds en un sombre souci
Lorsque dans la futaie abattue
Tes souliers dépecés te refont cheminer,
Te voila bien triste jardinier
Quand les iris aux têtes fendues,
T’imposent une bêche rompue.
Le cœur du soldat implose ou s’enorgueillit
Lorsque sous sa botte une autre tige fleurie
Tu laboures cette terre nue
Grosse d’amoures éperdues,
En passant la charrue à contre-temps,
Nettoie donc tes pupilles, éternel gisant,
Amoureux se maquillant sous l’encrier têtu,
Une apostrophe à toi le seul
Qui peut rassembler l’air du thym
Derrière les cyprès distendus d’un gauche câlin.
Plus détonnant que le noir du costume sur le blanc du linceul
Ménestrel décharné toujours,
Osseux vagabond troubadour,
Ta gueule trépassée de nacre,
Deux lacs flanqués sous les paupières guettant le sacre
Sont plus récalcitrants qu’un régiment
Emmené par des brigands.
21
Les Mots
Ulysse a sa semblable au son des myosotis.
Dame-moi ta peau pour y écrire les mots
Aux encablures de tes lèvres qui bruissent,
Ah ! que la mer a travesti ses oripeaux…
Fil et chevelure qu’un jour brodait
Et que la nuit bleue dérobait
Pour la tapisserie des sens,
La cécité des sons et le non-sens ;
C’est le monde jeté dans un regard,
La Liberté à l’œil coquard
Les mésanges qui sabrent l’ange
Et la vieille pierre vêtue de fange
L’Eluard aveugle suit la vérité,
Aux parfums des oiseaux vannés
Oubliés là dans le ruisseau des lits
Y boivent nos yeux sans pays
L’esprit est un rocher que la nature érode
La parole y vient luire à l’ombre du sommeil
Et on s’y trompe comme les secrets de code,
Elle ressemble aux fusils trempés de soleil.
22
Léotard
Les mots d’alcool de Léotard. Cet allongé du boulevard au
divan, ce tumulus parfumé, cette poésie de lettres en fumée,
cette voix qui s’échoue sur la beauté des sons et sur le goulot
rond et con comme le crâne d’un sergent.
Des bouteilles et des bruits j’en bois sur le timbre sourd de
Philippe,
mort aux Champs des vers.
Et jamais Ferré ne parut plus sobre que dans ton chant. Un
tango un masque et pour passer le temps, ta vie.
Philippe Léotard
Mort aux Champs des
vers
23
Les orpailleurs de larmes
Tendres et cruels enfants,
Tout comme une solution corrosive
Ouvrent les blessures lueurs de jour,
Mots mordants, rires rognants
Soulevant l’engin calvaire de l’innocence,
Ils tamisent les pupilles
En font pleuvoir un déluge océan.
24
Le poète iconoclaste
Si le ciel se dépêtrait de ce bleu infâme
Je lui saurais gré des nuages
Du gréement de brume et d’orage
La foudre n’est que la prostituée du drame
Ô Barbe de pluie sur le vêtement des dames
Passante, vous portiez J’Adore ?
Eh bien, laine mouillée au corps
C’est mieux qu’une portée de gamins sur les gammes
Et celle-là qui s’empiffre du corps du Christ
Je suis le phlegmon des paroisses
Et le goémon de l’angoisse
Le goéland qui gueule et vous tâche de schiste
Buvez la rumeur des vignes caelicoles
Ce sera sans moi j’en ai peur
J’ai la bêtise loin du cœur
Je ne mettrai pas mes mouflets dans vos écoles
25
Le ciel par le col
Le ciel avait cette pâleur d’étang
Qui criait les nuages ivres
Gris d’alcool envestés l’haleine au vent
Quand ils toussaient l’à quoi bon vivre.
le 16 octobre, Montmartre.
26
L’hêtre et le néant
L’hêtre est au néant ce que la chaîne est au gland.
27
Fragment tortueux
Qui va plus vite que la lumière reste dans l’ombre.
Mais aujourd’hui :
Quel lièvre ?
Et pour quelle tortue ?
28
Ventru, fumée du Métropolitain
Et l’avenir étouffe entre les strapontins
Un autre verre une autre terre
Ventru vient qui dodeline entre les corps fins
Paris galope et s’égoutte loin du travail
Le métro bruit sous la pierre
Quand il vient d’enfiler ses bretelles de rail
La sirène dissone et tonne la chamade
La porte se gifle et se frotte
Et les cœurs sont éteints et les cœurs sont nomades
Une ville s’entasse entre les stries des vitres
Ville que tous les jours menottent
Qu’y faire Ventru n’a plus la gueule du pitre
Ventru, c’est sa vie qui s’inhibe
Ventru, c’est ce métro qui s’imbibe
Ventru, c’est un talus de rouille
Ventru, c’est ce métro qui vadrouille.
29
Pour Nino Schillaci,
À jours à jours d’Autre
Ô société amère muse craquelée
Marelle morte de l’Ether
Liqueur d’alambic et de guerre
Comme une langue écarlate sur un sablé
À jours à jours d’Autre
À d’autres boissons d’habitude
Et à d’autres qui nous renverseront les Sud
Embaumeront ces traders d’allergies
Qui nous font boire des couleuvres et des cris
À jours à jours d’Autre
La poudre a noirci tant des nôtres
L’avenir a coulé pour les bombes
Et Chrysler marche dedans sa tombe
C’est un monde qui surprend l’autre
À d’autres à d’autres jours
Une île c’est un grain de beauté sur la mer
Et d’île il n’y en eut jamais qu’une
Solitude d’une hymne à l’envers
Patrie porte du rêve abricot sans lacune
À d’autres à d’autres jours
30
Cuba Bérézina des libéraux
Ou ventre à terre le gusano
Qui voudrait La Havane à sucre à sang
Cuba est une île cinquante ans
À jours d’autres jours
Il n’est pas de question d’utopie
Ni d’idéal à vérité
Oh je sais bien les vitres sans buée
Mais l’embargo on l’amnésie
À d’autres jours d’Autre
Oui mais je dis l’île m’est phare
À peine une baie des cochons fait cauchemars
À peine peur me prend en gage
Que Cuba sagace comme les Rois les Mages.
31
L’Île
On s’échoue sur la fille comme sur le sable
L’océan dans la botte et les yeux sur les fables
On laisse les étoiles de mer et d’argile,
L’écume à la gorge et la mousson sur le cil,
On souffle et souffle : « J’ai perdu mon île aux yeux noirs !
Mes mains mes mensonges et les tissus du soir !
Mon parfum, mon épice, mes songes et mes bains !
J’ai gagné des algues pour oublier les seins ! »
Mais les embruns sont les galions de l’avenir
Et ces hanches comme des voiles à prédire
On croit rallier un rocher, et c’est l’Amérique
Qui s’offre nue comme une bouée, avec ses criques.
La terre est un trésor qu’on enfouit sous le ciel
Ses longs vallons fleurent bon la vie et le miel
On sent qu’à chaque pas s’éloigne la marée,
Car la boucle est bouclée et mes cheveux frisés.
32
Fruit
Je commettrai plus que le vide
Oui ma dorée des Hespérides
J’échafauderai l’aveu des anges
J’attablerai tous tes louanges
Je commettrai plus que le vide
Oui ma dorée désespérée
Ou j’effanerai ton corps de blé
Il faut s’aimer avant nos rides
33
Le ciel par le cœur
Le ciel était en fleur et des pervenches
S’échappaient nues des baluchons
Allaient cueillir l’horizur sur ses branches.
Ciel et Soleil font collision.
le 10 avril, sur une feuille.
34
Voyage sur la paume de la main
Depuis que la lurette est belle
Les mystères ont bu le sel
Omar n’aurait pas tuer sans faute
C’est que la vérité ne saute
Que lorsque ses grands bonds se rouillent
Aujourd’hui le ciel va sans brouille
Au marché chasser la perle des sous
Les globes de choux cartes sans bijoux
*
La Terre n’est plus ronde elle est carrée
Ses angles font mal
Magellan Magellan où donc est ton nuage
Barbouillé dans la neige ou grisou dans le cou
Je l’ai trouvé C’est la mousse dans le café
Voyager aux vagues de ton cou
Voïager au vague de ton cou
Voir Alger au jaspe de ton clou
Boire léger au grand bleu des fous
Magellan Magellan où donc est ton nuage
Je crois que la pluie a battu pavillon
Mes doigts sous-marins sur tes lèvres d’abîme
Passé Présent Oh les devantures du futur
Vasco tes gammes !
La Terre est trop petite
La Terre est trop petite
Sans poésie,
Voyage, c’est caravelle en carafe.
35
Ventru, boulot, dodo
Ses yeux sont clos comme la courbe d’une agrafe
Un nez dans un café c’est un curieux biscuit
Un hennissement de lumière savonne l’ennui :
La lampe au long cou de girafe
Elle épie Ventru et son nez noyé de nuit
Il reprend son travail et la vie qu’il tricote
Les collègues là-bas sont dans la savane et papotent
Mais le lion rôde et l’on s’enfuit
Sa cravate pend comme l’émail des quenottes
Une pensée ventriloque émeut les crocodiles
Dans leurs yeux où Ventru se sent comme un arbre inutile
Un petit pôle sans calotte
Si voyant dans les tresses de ses mains les gonds
De l’avenir le papier krafte des persiennes
Que diraient donc ces belles ces brunes chiromanciennes :
Voyez la gueule du patron
Ventru rêve de cartomanciennes
De s’évader avec elles sur les ions des antennes :
Ici la photocopieuse des illusions
36
Sans le latin...
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37
Mots croisés
Une grille édentée,
De couleur zébrée,
Couverte d’écritures par-ci par-là.
Neuf lettres dont un B pour commencer
« On me fait tourner » lit-on à côté.
B…
B…
B qui tourne…
L’esprit tourne en rond
Avec la bourrique
Car c’est bien la bourrique qui tourne
À moins que ce ne soit l’esprit que l’on fait tourner en bourrique
Je ne sais plus.
Tout se mélange et s’entremêle
D’ailleurs : l’avez-vous trouvée l’énigme de la sixième colonne ?
« Pas porté sur le mélange »
– Grumeau.
Qui a soufflé ?
Moi ? Ça va, donc.
Non ça ne va pas, je perds la boule !
– Quille, six lettres.
Trop, c’en est trop.
Tout cela me fait bouillir le cerveau
Je m’en vais loin
Me promener quelques temps
La bourrique sur le dos…
Non ! Décidément !
38
Pyramide
Excavation du cadavre
Sirop des marbres
Excitation des cadavres
Sirop des arbres
Excision du cadavre
Sirop d’errance
Cadavres expirés
Sirop d’être aimable
Cadavre de cassis
Sirop sur la table
Cadavres estimés
Sirop des fables
Cadavre exquis
Sirop d’érable.
39
Les loups ne sont pas ceux que l’on croit
Il est demain déjà J’arpente
Les pavés lymphatiques Des
Oraisons nocturnes
Des mots Des mots
Des rêves
Des échos dans la tête
Les histoires de loup s’épuisent
Qu’y puis-je
Le loup le père les pères
La Méduse chauve
Ne siffle plus
C’est paraît-il
Le jour des marchés
Le soleil à la criée
Des formes bradent des formes
Des corps brodent des corps beaux
Qui s’essuient le bec
Sur le ciment crâne des
Désirs creux
Torves.
La mort est passible d’amande
Je dors.
Le monde s’ajourne au réveil.
40
Sous la lune
Vieille pensée sublunaire,
qui tourne, d’avoir trop tourné.
Je la regarde, qui va de pupille en pupille, et qui s’essuie sur mes paupières,
que je n’arrive pas à clore tout à fait.
Vieille pensée sublunaire,
qui tourne, d’avoir trop tourné.
Je n’en sais plus quoi dire, vraiment.
Vieille pensée sublunaire,
qui brûle, d’avoir trop brûlé.
Est-ce que ce sont les diodes qui clignotent dans le ciel de caoutchouc
ou la vieille pensée sublunaire,
qui tourne, d’avoir trop tourné,
que je regarde aller de pupille en pupille,
et qui s’essuie sur des paupières
de mon cru,
que je n’arrive pas à clore tout à fait ?
Je n’en sais plus quoi dire, vraiment.
Vieille pensée sublunaire,
qui tourne, d’avoir trop tourné.
Saurais-je assez me taire pour parler ?
41
Un toit couvre le ciel
Pourquoi le bonheur est-il insulaire
Qu’à cela ne tienne la plume en l’air
Mouille les yeux du train qui s’en ira demain
J’espère de bonheur J’espère de Demain
Mon amour était un arbre brûlé
Et tes cils une forêt calcinée
Mais nous deux maintenant c’est une Carmagnole
L’Amérique, loin, n’en pose pas moins des colles
Viens fermer la vitre de tes grands yeux
Pour que la joie l’amour s’y sentent mieux
Le chagrin ne t’est pas un beau vernis à ongle
Amour s’il te plaît viens mon cœur t’attend qui jongle
Les mots Les Môts Les Möts Ivresse cantabile !
Mais à quoi cela sert-il de parler
Quand des champs les fleurs font sommier
Silence est bel asile.
42
Ventru dîne et regarde la télévision
Les Informations ont fait fortune
Ventru tourne des yeux de fourchettes
C’est je crois une histoire de fête
C’est le Soleil qui montre sa lune
Ventru patauge dans son assiette
Sa femme, sa gosse ont les errements
Sonores du gyrophare au vent
Ventru son âme n’a plus cachette
Le speaker enivre les serments
Ventru s’en fout il boit son potage
L’écuelle d’un goémon sans âge
Alors oui vraiment le diable ment
Voilà comment se mène un ménage
Tout droit de Shakespeare aux Harlequins
– Papa je veux un rouge Carmin
Sus à Ventru ô fillette en cage
Une nuée de paupières qui battent
Ventru sent contre sa tempe un essaim
Comme un mur de papillons écarlates
43
Les jours
Je me fardais d’un ossement d’épaules
Quand à la porte vint toquer la gnôle
Le soir sombrait comme la paille
Et de mon cœur faisait les funérailles
La gnôle parla de son air de cachalot
Je voulais l’inviter à jouer aux dominos
L’alcool sombre fripon des gobelets
Me tenta du chaos des osselets
Le soleil s’en fut sans y croire
Moi j’hésitais comme un œil au beurre noir
Je voulais me sortir du tintouin du fatras
Du coup je la goûtais quand Minuit m’agrippa
Elle me fit mirer les vitres
Elle me fit virer les mitres
Confondre cœur avec valise
Qui met bas toutes les chemises
J’avais la tête vide et sans chanson
Et que fait-on quand on est grand garçon
Il faut s’allonger sur les draps
Jouer de l’accordéon et puis s’en va
Que disent les bouteilles ballottées souvent
La gnôle s’en alla gésir un autre amant
44
La nuit est une silhouette obscurcie
Ou un buvard bleu-gris de fantaisie
La nuit est veule et peu velue
Qui va me susurrer des mots crus
Halte-là mais qui bouge dans l’ombre des choses
Est-ce la nuit qui vient me verser sa narcose
Et faire foudre des coussins
Et faire coudre les fusains
Tricot des lilas en peintures
Qui des songes font les sutures
Demain le ciboulot à l’hôpital
C’est la gnôle qui m’a laissé son châle
Mes yeux tombent comme une quille
Mon sommeil a par trop courru les filles
Et voilà donc la cafétaria des vapeurs
Incroyable machine où l’agrume se meurt
Je ne suis plus qu’un battement de cœur
Dans la poitrine du percolateur
Café Moka Cappuccino
Coule l’amertume du Ristretto
Comme d’habitude un allongé pour s’entendre
Ne fumez pas Jetez-vous là-bas et vos cendres
Quelle pluie feinte sur les corps
Quelle plainte fuit là dehors
Soleil tournesol tournevent
La pluie seule a son mazagran
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Ils vont au Mégarama c’est l’usine
Ils vont boire une vie sans caféine
Que leur importe de sourire
Ils auraient bien trop peur de se salir
Faites baver le crème et thé vert à la menthe
Pauvre peuple qui souffle des choses violentes
Ils roulent dans leur cloche au casino
Pour faire pousser les sous du cuistot
Chocolat ou thé Bergamote
Avec cela ça veut une biscotte
Où donc as-tu mis tes cheveux pauvre panier
Où donc où donc les as-tu mis dans ton café
Je fais des vers dessous mes gants
Je fais la guerre pour du vent
Je voudrais savoir qui vous êtes
Mais comment vous rendre la tête
Carillon carillon c’est qu’il est tard
Sept heures au bleuissement des phares
Déjà vous dénouez vos bretelles
Je m’en vais gris de la couleur du ciel
Vous allez retrouver la clarté de leurs yeux
Je dévêtis ma peau pour devenir envieux
Ci-gît la terre où l’homme n’a plus d’eau
Ci-gît la terre ou la beauté des mots
J’abats mon âge avec mon jeu
Troquer le trognon des ans pour un vœu
Où es-tu je voudrais te chercher sur le lit
Où es-tu quand viendras-tu mon Épiphanie
Je me fardais d’un ossement d’épaules…
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Pour Julien Grach,
Les hommes n’ont n’autre ami que le monde
À toute beauté dans le vague
À tout océan sur les bagues
À tous lieux soleil dans un phare
À tout horizon sur le tard
Pleuvent sur nous les traits de nos derniers blasons
Le mien n’aura changé ni de vent ni de nom
C’est l’Humanité par toi retrouvée Julien
Le vinyle ânonné des lèvres de Minuit
La Cause contre la Pitrerie des Païens
(Il ne faut pas ranger le poing dans son étui)
À toutes les pieuvres du sable
Au chant de notre cœur friable
La réalité qu’elle est belle
Sans son chapeau melon de fiel
Aujourd’hui le ciel a renversé sa bouteille
Les yeux du monde ont l’amertume des groseilles
Les hommes comme un ciel ils vont de rhume en rhume
Ô ma Réalité J’ai perdu vos ficelles
Vous êtes un manuscrit refusé par la brume
(Il faut vous augmenter du sabot de la pelle)
Mais la bêtise est une éponge
Qui s’emplit de nos aigres songes
Demain sera rouge-bonbon
Tiens ! Mais c’est la rue des chansons !
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Tous les jours
Tous les jours où tu seras belle
Je serai là
Tous les jours où ton nez sera jonque sur un Mékong de larmes
Je serai là
Tous les jours où tu seras vieille
Je serai là
Tous les jours où dans tes yeux ce sera la croix et la bannière
Je serai là
Tous les jours où il fera beau
Je serai là
Tous les jours où il faudra cueillir cet abricot de soleil
Je serai là
Tous les jours où il fera nuit
Je serai là
Tous les jours où décrocher la lune c’est grimper aux glaïeuls
Je serai là
Tous les jours où je serai loin
Je serai là
Tous les jours où sans reflet il faut le chercher dessous la mare
Je serai là
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Tous les jours où la peau s’entaille comme un arbre
Je serai là
Tous les jours où je t’aimerai Je t’aimerai
Je serai là sans queue ni tête
À boire entre tes lèvres un soupçon de malice
Au clair de tes cheveux la beauté du réglisse.
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Je demeurai longtemps branlant dans Saint-François-Xavier
On cueillait la pénombre en bouquet
On se penchait et la courbe du dos semblait
Une plante assoiffée
Voulez-vous un Français dans l’échine
– C’est de la belle viande, ô mon boucher
Éjaculez vos niaiseries sans bouger
– C’est bien bon mais bon le ciel a triste mine
Le vent siffle ses fleurs en mon soleil
Duroc a brodé ma peau au côté des marrons
Que je suis vieux déjà mais les rides m’ont fait faux bond
On parle de Thiers mais à quand une plaque commémorative aux abeilles
C’est ce genre d’idées là qui vont tambourinant mes oneilles
Brunes aquarelles qui sont blablas des fous
Révoltez-vous révoltons-nous bon sang c’est fou
– On laisse descendre plutôt que de nous cirer les oreilles
Je ne sais si les pavés ont changé de camp
Ou si ce sont les mêmes gens
Qui les jettent sur eux-mêmes sur nous et sur la foule
C’est drôle comme les quilles se font des boules
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Flics en folie et fragrances
flics Sur l’ardoise
flics Sur les fables
flics Sur les tables
flics Entre les lignes
flics À marelles
flics Roule ta bille
flics En cartable
flics En cravache
flics Dans l’utérus
flics Sur les flaques
flics Sur les feuilles des platanes
flics Sur le bon point des écoles
flics Sur le dessin du désir
flics Sur le feu
flics Sur l’eau
flics Sur les feux rouges et verts
flics En poteaux
flics En coiffures
flics En tarabiscot
flics En tarin
flics flics flics
flics Sur le sablier des songes
flics À Nicomaque
flics Sur bitume n’amasse pas thune
flics Sur cornet à pistons
flics Sur pavés
Pavés sur flics
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flics Sur les châles
flics Sur le Temps
flics sur les rides
flics Sur les dents
flics Sur les chants
flics flics
Fric pour les facs et les lycées pas pour les
flics
Ni pour l’armée
flics Sur flics
flics Sur flops
Jetez leur vos craies !
Feux !
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Pour mes camarades enzébrés derrière les barreaux,
J’accuse
M, Procureur de la République,
l’épingle du mépris.
L’avocat de la partie bourgeoise,
tenant dans son bec un couteau d’une longueur
gauloise,
alchimiste du mensonge.
Heurtebise, ange des farandoles de képis,
ministre des matraques,
oiseau noir, funiculaire du drame.
Ministre du filet,
chasse-roulotte, nous te souhaitons
l’aimable métal qui meurtrit Tarpéia,
traître au vent,
bidoche des ans.
W, truqueur,
pipeur de dé, fraudeur,
calvitie d’argent sale,
menteur.
Accroyable, Ysengrin, loup de son état,
vidéliste, batististe,
sécateur de glotte,
putschiste.
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Ô Muse, conte-moi l’aventure de l’Imbécile
Celui qui pilla France, qui pendant des années régna,
Voyant beaucoup de cris, découvrant beaucoup de rage,
Brûlant beaucoup d’ambition dans ses rallyes, rêvant carrière
Pour fendre la vie et défendre ses amis
Les engraissant tous du gras de l’or, quoi qu’il en eût :
Par leurs propres pantins, ils seront pendus en effet,
Ces requins qui strièrent le soleil du Peuple Bas,
Ces gars de Minuit qui leur donneront le poing
À nous aussi, Fille du Peuple, conte comment le feu prit son droit !
Ça recommence, bactérie présidente,
bacille de la finance,
gesticule, gesticule, ô Tétanos,
Thanatos viendra de la rue.
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Pour Mumia Abu-Jamal,
« Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » (Jean de La Fontaine)
La Chaise
Ce n’est pas la couleur qui fait l’homme
Mais les hommes qui font la couleur.
L’essence de la Justice a brûlé
Oiseaux de pétrole aux lettres incendiées
Chiens de boue chiens de chaîne et de mazout
Mazette
Sacco-Vanzetti c’était déjà de trop
Que la balance est carnaval
Que la plume est lourde quand elle est noire
Mais le rouge est encore chaud dormant dans son poing clos
Il ne fait pas bon s’asseoir
À chaque fois que je vois une chaise
Je pense Je pense que c’est le salon des enfers
Les auvents funéraires
Ça ne peut pas être
Ça ne peut pas être
Je vois la grimace du Mississippi
Oklahoma Alabama Pennsylvanie
Ces noms
Où c’est la vie qu’on abolit
Nouveau monde Nouveau monde
Le sang est toujours neuf Il pleut toujours des enfants
Sur la terre
Les étoiles naissent et meurent
Qui s’en souvient On s’en souvient au balbutiement des bras
Vos lucioles éblouiront le vol des boéings
De ces avions albinos qui font fausse note
On vous fera voler au pinceau de l’arc-en-ciel
Mais qu’est-ce que la mort par rapport à la vie
Il te faut la vie La Vie LA VIE
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Ton cœur il le faut
Pour la pulsation de l’univers
Si tu vois une chaise
Cours encore un peu couche-toi
Sur le papier
Il ne faut pas s’asseoir
Mumia
J’allais devant les vitres vertes de l’ambassade
Pour protester Para protestar To protest
Dans la langue des luttes L’argent
N’a pas d’odeur sauf quand il glisse sur les
Cœurs
Puanteur il pue les mains sales de manucures
Vingt-huit ans tes dreads ont blanchies sûrement
Nous ne les laisserons pas t’asseoir
Je te donne de mon nom
Pour qu’elles blanchissent encore
Loin des sombres parasols de la magistrature
Ces gens-là ont pour seul éclat
Le verbe des fusils Le sinistre jeu des osselets
Il ne faut pas s’asseoir
Mumia.
2010
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Ventru, ou le cocorico du réveil
Que sonne l’hymne du réveil-matin
C’est un monde qui s’allume au briquet
De la paupière et du nez-calumet
Une poignée de songes dans les mains
Ventru se perd dans le buis du duvet
Il a de la cendre sur le cheveu
Des châteaux de sable sur les yeux
Le lit porte un bien drôle de bouquet
Son café a le mystère des cieux
Les doigts de l’eau chaude frôlent sa peau
Les Filandières filent l’écheveau
Des prières sous la douche des vœux
Vient le meuglement des ondes radio
La ville enfile son papier-journal
Ventru revêt son image automnale
Ses os ont le clochement des grelots
Ô longueur de l’escalier matinal
Ventru court dans le pays du banal
Pour devenir l’haleine du Métro.
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Aujourd’hui cède place aux vignes
Au chant bâillon de nos tympans
Piocher avenir au lac des signes
J’y bois le boire au lieu des lignes
Satan s’ébroue sur son trident,
Il eût voulu un paravent
Pour blottir la vie dans son gant
Quand on est jeune on ne veut pas,
Non, passer le Temps à son doigt,
Ou s’enquiquiner à l’épouser,
On aime beaucoup mieux les draps
Montmartre et les palais sans roi,
Jeter l’aurore aux épuisés
Claquer la porte aux policiers
L’amour est un téton tordu
La vérité n’est que de croire
Le prédicat des lèvres mordues
Le désordre des draps déchus
Du soleil au bonjour du soir,
La perturbation des miroirs
Et c’est la danse des mouchoirs !
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Sommaire
Ventru ou l’Expression
Expression
Laisse-moi ouïr
Vents
Impression soleil ronflant
Théâtre
Urbanisme
La lune est un fard à paupière
Qu’y puis-je ?
Juillet
Avions Albinos
Juillet Gueule-De-Prose
Ventru dort, et rêve
Une Apostrophe au Pauvre Lelian
Les Mots
Léotard
Les orpailleurs de larmes
Le poète iconoclaste
Le ciel par le col
L’hêtre et le néant
Fragment tortueux
Ventru, fumée du Métropolitain
5
6
7
8
9
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11
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13
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À jours à jours d’Autre
L’Île
Fruit
Le ciel par le cœur
Voyage sur la paume de la main
Ventru, boulot, dodo
Sans le latin...
Mots croisés
Pyramide
Les loups ne sont pas ceux que l’on croit
Sous la lune
Un toit couvre le ciel
Ventru dine et regarde la télévision
Les jours
Les hommes n’ont d’autre ami que le monde
Tous les jours
Je demeurai longtemps branlant dans Saint-François Xavier
Flics en folie et fragrances
J’accuse
La Chaise
Ventru, ou le cocorico du réveil
Aujourd’hui cède place aux vignes
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